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Ce détail ou ce plus est: «et les fruits des deux Jardins seront à leur portée».

Or, dans le cas des personnages des Jardins inférieurs, ce privilège d'avoir à la portée de la main les fruits du Paradis, lorsqu'ils sont assis et accoudés sur leurs lits ou coussins, n'existe pas.

La question qui se pose alors est pourquoi le fruit revient encore pour constituer un privilège pour les personnages des deux Jardins supérieurs? Et pourquoi le récit a-t-il entouré de silence cet élément (le fruit) pour ce qui concerne les personnages des deux Jardins inférieurs? La réponse à ces deux questions requiert un examen approfondi d'une série de procédés artistiques auxquels a recouru le récit et que nous abordons tout de suite.

* * *

Nous avons remarqué que les croyants promis aux deux Jardins supérieurs jouissent de privilèges dont sont privés ceux de la catégorie inférieure, en ce qui concerne l'accoudement sur les lits du Paradis. En outre nous avons vu apparaître un nouveau privilège accordé aux premiers, à savoir la proximité des fruits qui leur sont destinés et qui se trouvent à la portée de leurs mains lorsqu'ils sont tranquillement et paisiblement accoudés sur leurs lits ou coussins.

Certes, il est possible que les personnages de la seconde catégorie jouissent du même privilège d'avoir à la portée de la main les fruits qui leurs sont destinés, surtout si l'on suppose que le récit ayant noté ce privilège chez les personnages de la première catégorie, fait l'économie de la mentionner à nouveau, lors de la description du milieu des personnages de la seconde catégorie, laissant au lecteur le soin de déduire une telle possibilité. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que les récits coraniques recourent toujours à l'économie d'expression et évitent la répétition chaque fois que le lecteur est susceptible de deviner lui-même ce que le récit omet de répéter ou mentionner.

Cependant et malgré la plausibilité de cette hypothèse, nous pressentons que ce privilège demeure le domaine réservé des personnages de la première catégorie, sachant surtout que le récit s'applique à mettre en avant une distinction entre deux degrés de la piété, ce qui rend absurde l'idée que le récit, tout en cherchant à attirer l'attention des lecteurs sur un privilège qu'il attache à la première catégorie de pieux, en omettant de la mentionner dans la description du milieu des personnages de la seconde catégorie, procède en sorte que ces lecteurs déduisent eux-mêmes que ces derniers jouissent eux aussi de ce privilège.

Une telle déduction aurait été possible dans le cas contraire où l'élément supprimé, l'est dans la description des personnages de la première catégorie et non dans celle des personnages de la seconde catégorie, étant donné que par définition les premiers, la catégorie des privilégiés jouissent de plus de privilèges que la seconde catégorie et qu'ils ne devraient pas par conséquent être privés de privilèges accordés à cette dernière.

Et c'est ce que nous avons vu effectivement dans la description, faite par le récit, des lits de la première catégorie, dont les endroits ou les aspects extérieurs (forme et couleur) n'ont pas été décrits ou mentionnés, alors que, concernant la seconde catégorie, au contraire, l'accent a été mis sur la peinture des aspects extérieurs: «Ils seront accoudés sur des coussins verts et sur de beaux tapis».[87]

Dans un tel cas le récit a omis la description extérieure (la couleur verte et la beauté des lits), laissant au lecteur le soin de le déduire, pour une raison simple: si la seconde catégorie jouit de la belle couleur des lits, la première catégorie doit a fortiori en jouir.

En bref le privilège accordé par le Ciel aux héros des deux Jardins supérieurs, le privilège d'avoir les fruits à leur portée, représente sans aucun doute un élément qui sert à départager les deux catégories de pieux.

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Là, une question de la première importance, relative à la technique romanesque, ne manque pas d'être soulevée: le récit coranique se caractérise par sa précision totale, sa sélectivité et sa concision dans la narration des événements et dans la description. Lorsqu'il présente un élément romanesque, il ne le fait pas une seconde fois, comme on l'a vu à propos des fruits.

Ainsi, le récit a parlé d'abord de l'élément (plante ou arbre) et établi à travers lui une comparaison entre la différence de degré chez les croyants, puis il a abordé l'élément (eau) et fait à travers lui une comparaison dans le même sens, ensuite il a présenté l'élément (fruits) pour montrer à travers lui la différence de traitement réservé aux différentes catégories de croyants. Et puisque la distinction entre les différentes catégories de croyants à travers les éléments "fruits" a été faite une première fois dans les versets 52: «où il y aura deux espèces de tous fruits», et 68: «ces deux Jardins contiennent des fruits, des dattiers, des grenadiers», pourquoi le récit n'a-t-il pas inséré ici même l'autre privilège attaché aux fruits, à savoir: «et les fruits des deux Jardins seront à leur portée» (verset 54), qu'il évoquera lorsqu'il décrira l'élément (lit), lequel constitue pourtant un élément indépendant auquel le récit a réservé une place à part?

La réponse à cette question fait ressortir clairement la valeur artistique du récit coranique, et redouble notre intérêt et notre admiration pour cet art grandiose.

Lorsque le récit décrit les lits et les coussins réservés aux croyants respectifs des Jardins supérieurs et des Jardins inférieurs, il vise à faire la distinction entre les privilèges accordés aux premiers et aux seconds, à travers le haut degré de luxe ou de bien-être attaché aux privilèges des personnages des deux Jardins supérieurs. Et puisque ce luxe a atteint un si haut degré pour ceux-ci que même les revers de leurs lits sont de brocart avec tout ce que cela implique de douceur, velouté, et d'absence de toute rudesse, cela signifie que le Ciel veut leur assurer une ambiance de repos total et leur éviter tout effort ou mouvement corporel qui perturberait ce repos absolu et constituerait un élément discordant avec cette ambiance de douceur et de tranquillité totale.

Aussi a-t-il ajouté au confort et au luxe de leurs lits ou coussins, la possibilité de cueillir de leurs mains ou même de leurs bouches les fruits suspendus juste au-dessus de leurs têtes, et de les manger, tout en restant allongés, étendus ou accoudés sur leurs lits, sans se donner la peine de se lever pour les chercher, ou sans être dérangés dans leur quiétude par d'éventuels serviteurs qui viendraient les leur apporter. N'est-ce-pas le plus haut degré absolu de luxe et de bien-être?

* * *

Les Houris, c'est le cinquième et dernier des éléments communs de l'environnement des deux couples de Jardins paradisiaques.

Concernant cet élément, le privilège ou le détail distinctif dont jouissent les personnages des deux Jardins supérieurs est évident et saute aux yeux, dès qu'on fait une lecture comparative de la description faite à cet égard dans les deux couples de Jardins.

A propos des deux Jardins supérieurs, il est dit:

«Là, ils rencontreront celles (les Houris) dont les regards sont chastes et que ni homme ni djinn n'a jamais touchées avant eux».[88]

«Elles seront semblables au rubis et au corail»[89]

Et des deux de Jardins inférieurs:

«Il y aura là des vierges bonnes et belles»[90]

«Des Houris qui vivent retirées sous leurs tentes».[91]

«Que ni homme ni djinn, n'a jamais touchées avant eux».[92]

Ce privilège attaché aux Houris des deux Jardins supérieurs est, comme on ne manque pas de le remarquer, que ces Houris «seront semblables au rubis et au corail»[93], détail dont sont dépouillées les Houris des deux Jardins inférieurs.

Mais en dehors de ce privilège ou de ce détail distinctif (propre aux personnages des deux Jardins supérieurs) qui ne fait que confirmer les autres privilèges attachés aux quatre autres éléments que nous avons examinés, ce qui nous intéresse ici relativement à l'élément Houris, c'est l'aspect moral de celles-ci, que le récit met en évidence, et l'opportunité pour nous, les lecteurs, de tirer la leçon de cet aspect moral dans notre vie terrestre.

En effet lorsqu'on relit la partie du récit relative à cet élément, on se rend compte que trois traits caractérisent la morale ou les moeurs des Houris: un trait apparaît lors de la description relative aux deux Jardins supérieurs et deux dans le contexte des deux Jardins inférieurs.

Le premier trait c'est: «celles dont les regards sont chastes»[94] et les deux autres traits: «des vierges bonnes et belles»[95] et «des Houris qui vivent retirées sous leurs tentes».[96]

Ces trois traits ou qualités chez les Houris, à savoir «les regards chastes», «bonnes», «retirées sous leurs tentes» sont de toute évidence des qualités morales dont nous devons nous armer à notre tour, lorsque nous traitons de la conduite humaine sur la terre et sa conséquence sur la récompense décernée dans l'Au-delà, comme le suggère le récit en établissant d'une façon artistique la corrélation entre notre comportement sur la terre et ce que nous aurons dans la vie future, et ce afin de mieux nous servir de notre vie présente dont la seule raison d'être est l'adoration d'Allah ou la Lieutenance d'Allah sur la Terre, et son incidence sur la vie éternelle dont la raison d'être est également l'adoration.

Le récit des Quatre Jardins qui met l'accent sur l'aspect moral des Houris en les décrivant comme étant «aux regards chastes», «bonnes» et «retirées sous leurs tentes», nous conduit à attirer l'attention sur le fait que ce qui différencie l'environnement de la vie future de celui de la vie terrestre, c'est que dans la première (la vie future) l'élément "conflit" disparaît de la structure humaine, dans ce sens que la satisfaction des besoins vitaux ou psychologiques n'est plus précédée d'un conflit entre le bien et le mal, le désir et la raison, mais s'opère suivant une propension unilatérale qui tend à satisfaire les deux sortes des besoins d'une manière purement rationnelle et purement orientée vers le bien.

Dans l'environnement du Paradis, les relations sociales par exemple sont marquées par une entente totale et non précédée de processus de report ou de refoulement du sentiment de haine, de fierté ou de domination, comme cela existe dans la vie terrestre chez les personnes très pieuses qui refoulent ou écartent leurs tendances à la haine, à l'orgueil ou à la domination pour laisser la place à leurs propensions à l'amour, à l'humilité et à l'ascétisme.

Le processus de refoulement auquel recourent les gens pieux dans la vie terrestre disparaît dans la vie future où la propension au mal n'existe pas, et l'inexistence de cette propension fait disparaître avec elle la raison d'être du processus de refoulement.

Ceci vaut également pour la satisfaction des besoins vitaux tels que le manger, le sexe, etc... Là aussi la satisfaction de ces besoins se fait en l'absence de toute tendance au mal.

Mais on pourrait objecter que si telle est la vérité (absence de tendance au mal au Paradis) pourquoi le récit coranique met-il l'accent sur «leurs regards chastes», «leur bonté», «leur retrait sous les tentes», qui devraient constituer les caractères normaux et communs de tous les habitants du Paradis, où ne prévalent que les tendances au bien et où disparaissent toutes les propensions au mal?

En fait si le récit introduit ces détails, c'est certes pour décrire une réalité de l'environnement paradisiaque d'une part, mais c'est surtout - et c'est là qu'apparaît la valeur du rôle de l'art dans la transmission de messages - pour attirer notre attention sur notre conduite terrestre dans ce domaine, et sur la façon dont doit se comporter la femme vis-à-vis de l'homme.

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La première qualité que le récit a soulignée lorsqu'il a abordé le cinquième élément de l'environnement des deux Jardins supérieurs était: «les Houris dont les regards sont chastes».

De même la première qualité mentionnée dans la description des Houris des deux Jardins inférieurs était «bonnes», suivie de «retirées sous leurs tentes», avant d'énumérer les autres traits relatifs à l'aspect vital de la personnalité.

Or, il ne fait pas de doute, du point de vue purement artistique, que le fait d'introduire en premier lieu une qualité avant les autres qualités, signifie que le récit cherche à mettre en évidence ladite qualité -en raison de son importance- plus que sur toute autre.

Et lorsque le récit débute la description des deux Jardins supérieurs et des deux Jardins inférieurs par l'introduction de qualités telles que «aux regards chastes», «bonnes», «retirées sous leurs tentes», il veut attirer notre attention sur la nécessité de nous doter de ces même qualités dans notre vie terrestre.

Ces vérités nous pouvons les appréhender lorsque nous examinons de plus près les qualités ou les traits moraux précités. Par exemple, «aux regards chastes» signifie que ces femmes limitent leurs regards à leurs maris seulement. Et «retirées sous leurs tentes», signifie qu'elles se renferment chez elles, évitant ainsi de s'exposer aux regards des hommes.

Or, ce sont ces mêmes traits sur lesquels la Législation islamique insiste pour ce qui concerne les femmes dans la vie terrestre, puisque le Noble Coran et les Traditions d'Ahl-ul-Bayt (Le Prophète et sa Famille) commandent à la femme d'éviter de voir un non-mahram[97] et d'être vue par lui, et de parler avec lui sauf dans le cas d'un besoin absolu ou de force majeure, et de limiter (réserver) ses rencontres, ses regards et paroles, à son mari.

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L'appréhension de ces vérités se cristallise plus concrètement lorsque nous découvrons la nature de la structure humaine dans la vie future, et nous nous rappelons ce que nous avons déjà signalé, à savoir que l'élément "mal" et "le conflit" intérieur qui lui est concomitant disparaissent dans la vie de l'Au-delà.

Si l'accent est mis sur le "voile" ou la "discrétion physique" de la femme, sur "sa vie retirée dans la maison", sur "la limitation de son regard à son mari" même dans la vie future où la tendance au mal et le processus conflictuel entre le bien et le mal sont totalement absents, que dire alors de la vie terrestre où l'être humain est en permanence attiré par sa tendance au mal avec tous les conflits intérieurs qui s'ensuivent?

Redisons-le une fois de plus: le récit vise, par un procédé romanesque indirect, à attirer notre attention sur la nécessité pour la femme de corriger son attitude dans la vie terrestre, de limiter ses regards à son mari, et ses mouvements au cadre qui lui est déterminé. Peut-être le testament que la Maîtresse des femmes des mondes, Fatimah al-Zahrâ' (p) a laissé à la femme et voulant que celle-ci ne voie personne et ne soit vue par personne de non-mahram demeure un critère très clair de sa bonne conduite.

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Conclusion: nous avons pu, à travers l'étude de ce récit déterminer les différents procédés artistiques réjouissants qu'il a suivis pour nous faire connaître les vérités relatives à l'environnement des quatre Jardins, et découvrir la nature de la structure architecturale ou de l'ossature artistique générale à travers lequel il nous a permis de percevoir les points distinctifs entre les deux Jardins supérieurs et les deux Jardins inférieurs.

Cependant nous nous devons de rappeler au lecteur, une fois de plus, les messages ou les significations idéologiques du récit, étant donné que la valeur artistique n'a d'autre raison d'être que l'approfondissement et l'éclaircissement des messages moraux ou idéologiques que le récit porte et véhicule.

Ne faut-il pas tirer la leçon de tels récits coraniques futuristes qui nous dessinent les différents aspects des deux couples de Jardins et les points distinctifs qui les départagent, pour façonner nos comportements, dans la vie terrestre selon le modèle qu'ils nous présentent, étant donné que la corrélation entre la vie terrestre et la vie future est tellement indissociable que notre futur reste totalement tributaire de nos actes de piété pour l'accomplissement desquels nous avons été créés? Autrement nous risquerions de manquer d'exploiter, comme il se doit, chaque instant de notre existence éphémère et pourtant si précieuse, en vue de la construction de notre demeure éternelle.    

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Sourate (56): L'Echéant (Al-Wâqi'ah)

I- Le Récit des Premiers Arrivés

II- Le Récit des Gens de la Droite

A- La Sourate

Au Nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux

 

1 Lorsque celle qui est inéluctable surviendra, 2 nul ne traitera sa venue de mensonge. 3 Elle abaissera et elle exaltera! 4 Lorsque la terre sera violemment secouée, 5 lorsque les montagnes seront mises en marche 6 et qu'elles seront une poussière disséminée, 7 vous formerez trois groupes: 8 Les compagnons de la droite! - Quels sont donc les compagnons de la droite? - 9 Les compagnons de la gauche! - Quels sont donc les compagnons de la gauche? - 10 Et les premiers arrivés qui seront bien les premiers, 11 voilà ceux qui seront les plus proches de Dieu, 12 dans les Jardins du délice: 13 il y en aura une multitude parmi les premiers 14 et un petit nombre parmi les derniers arrivés; 15 placés côte à côte sur des lits de repos, 16 ils seront accoudés, se faisant vis-à-vis. 17 Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux 18 portant des cratères, des aiguières et des coupes remplies d'un breuvage limpide 19 dont ils ne seront ni excédés, ni enivrés; 20 les fruits de leur choix 21 et la chair des oiseaux qu'ils désireront. 22 Il y aura là des Houris aux grands yeux, 23 semblables à des perles cachées, 24 en récompense de leurs oeuvres. 25 Ils n'entendront là ni parole futile, ni incitation au péché, 26 mais une seule parole: «Paix! ... Paix! ...» 27 Les compagnons de la droite! - Quels sont donc les compagnons de la droite! - 28 Ils se tiendront au milieu de jujubiers sans épines 29 et d'acacias bien alignés. 30 Ils jouiront de spacieux ombrages, 31 d'une eau courante, 32 de fruits abondants 33 non cueillis à l'avance, ni interdits. 34 Ils se reposeront sur des lits élevés. 35 C'est Nous, en vérité, qui avons créé les Houris d'une façon parfaite.

36 Nous les avons faites vierges, 37 aimantes et d'égale jeunesse 38 pour les compagnons de la droite. 39 Il y aura une multitude d'élus parmi les premiers arrivés 40 et une multitude parmi les derniers. 41 Les compagnons de la gauche! - Quels sont donc les compagnons de la gauche! - 42 Ils seront exposés à un souffle brûlant, dans une eau bouillante, 43 sous une ombre de fumée chaude, 44 ni fraîche, ni bienfaisante. 45 Ils vivaient auparavant dans le luxe; 46 ils persistaient dans le grand péché; 47 ils disaient: «Lorsque nous serons morts, que nous serons poussière et ossements, serons-nous vraiment ressuscités? 48 Est-ce que nos premiers ancêtres...?» 49 Dis: «En vérité, les premiers et les derniers 50 seront réunis à un moment fixé d'un Jour connu». 51 Oui, vraiment, ô vous, les égarés, les négateurs! 52 Vous mangerez les fruits de l'arbre Zaqqoum; 53 vous vous en remplirez le ventre; 54 vous boirez ensuite de l'eau bouillante; 55 vous boirez comme des chameaux altérés. 56 - Tel sera leur partage, le Jour du Jugement -

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La Sourate "L'Echéant", comme son titre l'indique parle, tout au long de ses 96 versets, du Jour de la Résurrection et de ses caractéristiques. Cependant on peut diviser ce sujet principal en huit thèmes secondaires:

1- Les prémices de l'avènement du Jour de la Résurrection et les événements terribles qui les accompagnent.

2- La répartition des gens, ce Jour-là, en trois groupes: Les Gens de la droite, Les Gens de la gauche, Les Premiers arrivés.

3- Description détaillée des "Premiers arrivés" et surtout des récompenses qui les attendent dans l'au-delà.

4- Description détaillée des "Gens de la droite" et des différents bienfaits qu'Allah leur accorde.

5- Description des châtiments horribles que "Les Gens de la gauche" subissent dans l'Enfer.

6- L'énumération des arguments de la véracité de la Résurrection et des preuves de l'existence du Créateur Unique: la création de l'homme à partir d'un sperme insignifiant, l'apparition de la vie dans les plantes, la descente de la pluie, la création du feu etc...

7- La description de l'agonie et du transfert de ce monde vers l'au-delà, ce qui constitue un prélude au Jour de la Résurrection.

8- Vue générale sur la récompense accordée aux croyants et la punition dont sont passibles les mécréants.

Mais selon une autre division thématique et structurale de cette sourate, celle-ci comporte une sorte d'exorde ou de prologue qui couvre les versets 1-11, un finale ou épilogue (versets 88-96), une première partie à trois séquences: versets 12-26 dont le thème est les "Premiers arrivés", versets 27-40 qui décrivent "Les Gens de la droite", versets 41-56 qui mettent en scène "Les Gens de la gauche".

A cette première partie qu'on peut qualifier de description eschatologique, succède une seconde, plus courte (versets 57-74), qui présente selon l'expression de l'orientaliste Jacques Berque[98], un raisonnement naturaliste ou plus simplement l'argumentation de l'existence du Créateur.

Les versets 75-82 répondent aux polythéistes qui mettent en doute la nature divine du Coran en affirmant que ce grandiose Livre d'Allah est une évidence qui ne requiert aucune démonstration, et les versets 83-87 décrivent l'état d'agonie d'un mourant qui s'apprête à effectuer son voyage vers l'au-delà.

* * *

Quelques mots à propos des effets bénéfiques ou des vertus attachées à la récitation de cette sourate. Selon un hadith attribué au Noble Prophète (P): «Quiconque récite Sourate al-Wâqiah ne sera pas inscrit au nombre des inconscients» étant donné que les versets de cette sourate ont la propriété d'éveiller et de mouvoir de telle sorte qu'ils ne permettent pas au lecteur de se cantonner dans un état d'inconscience.

Et selon un autre hadith le Prophète (P) dit: «Les Sourates Houd (11), al-Waqi'ah (56), al-Mursalât (77) et al-Naba' (78) m'ont fait vieillir à cause de la mention qui y est faite (surtout dans sourate al-Waqi'ah) des nouvelles terrifiantes de ce qui se passera le Jour du Rassemblement, lors de la Résurrection, et des châtiments terribles infligés aux polythéistes ou du sort horrible qui avait été réservé aux peuples précédents».[99]

Selon l'Imâm al-Sâdiq: «Quiconque récite Sourate al-Waqi'ah chaque veille du vendredi (la nuit de jeudi à vendredi) Allah l'aimera et le fera aimer de tout le monde. Il ne connaîtra jamais dans sa vie ni misère ni pauvreté ni dénuement ni aucune grave maladie de ce monde. Et il sera parmi les compagnons de l'Imâm Ali (dans l'au-delà)».[100]

Enfin d'après un autre récit hagiographique, un jour 'Othmân Ibn Affân a rendu visite à 'Abdullâh Ibn Mas'ûd, lors de sa maladie qui l'emporta. Il lui demanda alors:

- De quoi souffres-tu?

- De mes péchés, répondit 'Abdullâh.

- Qu'est-ce que tu désires?, demanda encore 'Othmân.

- La Miséricorde de mon Seigneur

- Ne veux-tu pas que je fasse venir un médecin pour toi?

- C'est le médecin qui m'a rendu malade.

- Ne veux-tu pas que j'ordonne qu'on t'apporte une allocation?

- Tu ne m'as pas accordé une allocation lorsque j'en avais besoin. Tu veux maintenant m'en accorder une alors qu'elle ne me sert plus à rien!

- Garde-la pour tes filles, insista 'Othmân.

- Elles n'en auront pas besoin, elles non plus, car je leur ai ordonné de réciter Sourate al-Waqi'ah, ayant entendu le Messager d'Allah (P) dire: «Quiconque récite Sourate al-Waqi'ah chaque nuit ne connaîtra jamais le dénuement».[101]

C'est d'ailleurs pour cette raison que cette Sourate a été dénommée, selon un hadith, la Sourate de la Richesse (Sourate al-Ghinâ).

* * *

B- Les Récits    

I- Le Récit des Premiers Arrivés

Sourate l'Echéant comprend trois "scènes" ou "paysages" qu'on peut appeler des récits de milieu, c'est-à-dire des récits où prédomine la description du milieu par opposition au récit où prédomine un "personnage", ou celui où prédomine la péripétie ou l'événement.

Ainsi, les récits qui mettent en scène la vie des Saints par exemple, l'élément prépondérant c'est l'hagiographie d'un Prophète (Adam, Ibrâhim, Noé, etc.), de telle sorte que tous les rouages du récit s'articulent autour de ce héros.

Quant aux récits d'événements ou de péripéties, le héros y disparaît, ou presque, au point que même son nom n'y figure pas. Le lecteur se trouve devant une série d'événements qui polarisent son attention et occupent la place centrale du récit.

Enfin, il y a un genre de récit coranique où l'élément prédominant est la description du milieu, lequel peut être un lieu ou un espace géographique particulier, appartenant à ce bas-monde ou à l'Autre monde.

La Sourate "l'Echéant" dont nous traitons ici, fait donc partie de ce dernier genre romanesque, le récit du milieu. Ce milieu est divisé en trois parties.

La première partie, c'est le milieu des "Premiers arrivés", c'est-à-dire l'élite humaine pour laquelle un endroit spécial a été préparé, "Les Jardins du délice".

La deuxième partie, c'est le milieu des "Compagnons de la droite", lesquels sont moins privilégiés que la catégorie précédente, et la place qui leur a été aménagée est différente de celle destinée à ladite catégorie.

La troisième catégorie est le milieu des "Compagnons de la gauche", pour lesquels la demeure choisie est l'Enfer, demeure qui sied bien à leur attitude dans la vie "de la mise à l'épreuve", la vie d'ici-bas.

Arrêtons-nous maintenant sur la première catégorie (celle des "Premiers arrivés"), pour voir de plus près le paysage de leur environnement.

Lisons tout d'abord le texte romanesque les concernant:

«Les premiers arrivés qui seront bien les premiers,

»voilà ceux qui seront les plus proches de Dieu,

»dans le Jardin du délice;

»il y en aura une multitude parmi les premiers

»et un petit nombre parmi les derniers arrivés»[102]

Avant d'aborder la description faite de cette catégorie de personnages, il convient de connaître leurs traits tels que le récit lui-même les a dépeints.

Allah - IL est Très-Haut et Glorifié - les a qualifiés de: «premiers arrivés» et de «les plus proches de Dieu».

Concernant leur nombre, ils ont été décrits comme étant un grand groupe de «premiers arrivés» et un petit groupe de «derniers arrivés».

Il s'agit de savoir maintenant comment cette catégorie de personnages a-t-elle pu obtenir des privilèges (que nous verrons lorsque nous développerons notre exposé sur le milieu qui leur a été préparé) qui les classent comme étant «les premiers arrivés» par rapport aux autres, et comme étant de grand nombre dans un temps antérieur et de petit nombre dans la période ultérieure?

Les textes exégétiques diffèrent quant à l'identification des "premiers à obéir à Allah" et à appliquer le principe de Lieutenance (Khilâfah) sur la terre".[103] Les uns les mentionnent nominalement, d'autres se contentent de les généraliser, d'autres encore donnent plus de détails à ce sujet.

Toutefois, le texte d'exégèse qui affirme que «les premiers» sont les envoyés de Dieu et l'élite parmi la création, et qui est attribué à l'Imâm al-Sâdiq (p), semble concorder avec le privilège accordé aux Envoyés (P) et aux Imâms d'Ahl-ul-Bayt (p) en tant que représentant le sommet du concept de l' "adoration" ou de la "piété", comme on le sait.

Il est naturel que s'ajoutent à cette catégorie (comme le laissent entendre certains textes exégétiques et comme le commande l'apparence du texte romanesque du Coran) les personnes exemplaires qui étaient plus promptes que les autres à croire aux Messages divins, ou les personnes exemplaires qui se sont montrées plus sincères et plus dévouées que les autres dans leurs pratiques religieuses, et ce peu importe que cela désigne de grands nombres de nations précédentes et un petit nombre de la nation du Prophète Mohammad (P), ou un petit nombre parmi les gens des temps ultérieurs par rapport aux premiers temps en général.

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