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Cette époque antérieure à l’avènement du Prophète Muhammad (P) où le polythéisme, les guerres tribales, l’infanticide, et toutes les perversions prédominaient dans toute l’Arabie, fut désignée par ce dernier, l’Epoque de l’ignorance ou Asrul Jahilia.

Origines et antécédents des ancêtres du Prophète (P):

Muhammad (P), le Prophète de l’Islam, est un descendant de Ismâ’îl (P), le fils du grand Prophète Ibrahim (P). La ligne suivante le relie directement à Adnân qui est lui-même un descendant d’ Ismâ’îl (P):

Muhammad (P) Ibn (fils de) ‘Abdullah, Ibn ‘Abdul-Muttalib, Ibn Hâchim, Ibn ‘Abd-Manâf, Ibn Quçay, Ibn Kelab, Ibn Morrah, Ibn Ka’b, Ibn Lu’ay, Ibn Ghâlib, Ibn Fihr (Quraych), Ibn Mâlik, Ibn Nazâr, Ibn Kinânah, Ibn Khazima, Ibn Modrika, Ibn Ilyâs, Ibn Modhar, Ibn Nazâr, Ibn Ma’d, Ibn Adnân (P).

Les descendants de Fihr ou encore Quraych, le petit-fils de Kinânah, formèrent une vingtaine de familles ou clans et se faisaient appeler Quraychites ou plus simplement Quraych. Chaque famille ou clan de la tribu des Quraych se distinguait des autres par le nom de son chef. Ainsi les descendants de Hâchim (8ième descendant de Quraych) sont les Banî Hâchim et ceux de Umâyyah (fils du frère jumeau de Hâchim donc 9ième descendant de Quraych) les Bâni Umâyyah.

Nous citons particulièrement ces deux clans parce qu’il y eut entre eux des antécédents qui vont constamment laisser leur empreinte sur l’histoire des premiers temps de l’Islam. Le Prophète (P) puis sa descendance feront face et souvent subiront la rivalité et la jalousie des Umayyades sur les Hâchimites pendant des siècles.

Quelle est l’origine de cette jalousie?

Quçay, grand-père de Hâchim et 6ième descendant de Fihr (Quraych) fut Cheikh de la Mecque et donc investi des privilèges du gardien de la Ka’bah parmi lesquels [13] le droit de fournir boisson et nourriture aux pèlerins, le commandement des troupes en temps de guerre et la présidence du Conseil.

Plus tard, ses petits-fils qui étaient Hâchim, Al-Muttalib, Nawfal et Abd Chams, tous fils de Abd Manâf, héritèrent de ces fonctions. C’est ainsi que Hâchim hérita du droit de fournir la boisson et la nourriture aux pèlerins.

Hâchim s’acquittait de cette tâche avec une réussite qui forçait le respect et l’admiration. Très vite sa charité légendaire et son hospitalité princière firent sa renommée à travers toute l’Arabie. Ses succès commerciaux ajoutés à sa renommée suscitèrent la jalousie de son frère jumeau, Abd Chams et du fils de ce dernier, Umâyyah. Les quatre frères étaient divisés en deux groupes opposés voire rivaux: Hâchim et Al-Muttalib d’un côté, Nawfal et Abd Chams de l’autre.

Malgré tous leurs efforts souvent ostentatoires de ravir la vedette à Hâchim, Abd Chams et Umâyyah, qui étaient certes riches, finirent par paraître ridicules aux yeux des Quraych. Umâyyah devint à la longue si enragé qu’il défia en duel Hâchim. Ce dernier accepta de le relever suite à la pression de la population et malgré sa position d’oncle de Umâyyah et son rang social supérieur. Ce duel consistait à se soumettre à une épreuve de supériorité, une vieille tradition fortement prisée par les arabes à cette époque. Chacun des deux antagonistes devaient faire étalage de ses prétentions devant un arbitre. Le perdant non seulement offrait au gagnant cinquante chameaux mais aussi devait s’exiler pendant dix ans. Hâchim fut déclaré vainqueur. Umâyyah lui remit son dû avant de s’exiler en Syrie. C’était là l’origine de la rivalité entre les clans Hâchimite et Umayyade.

Il faut dire qu’un duel semblable opposera encore plus tard deux membres des deux clans rivaux. Cette fois ce sera entre Abdul-Muttalib [14], l’héritier de Hâchim, et Harb, l’héritier de Umâyyah. Le clan Umayyade, à travers Harb, perdit encore une fois le défi. L’humiliation et l’exil de Harb qui s’en suivirent scellèrent définitivement la haine et le désir de vengeance que les Umayyades nourrissaient à l’endroit des Hâchimites.

Hârith, le fils ainé de ‘Abdul-Muttalib est mort avant son père. De même que ‘Abdullah (P), le père de Muhammad (P). ‘Abdullah (P) mourut à l’âge de vingt cinq ans à Médine au retour d’un voyage d’affaires pour la Syrie. Son père ‘Abdul-Muttalib en fut profondément affligé. Encore davantage le fut l’épouse du défunt, Âminah (P), la mère du Prophète (P). Elle ne put survivre longtemps à sa disparition malgré la seule consolation qui lui restait, l’enfant qu’elle avait eu de leur récent mariage et qui était Muhammad (P).

C’est ainsi qu’à la mort de ‘Abdul-Muttalib, le privilège exclusif de fournir l’eau et la nourriture aux pèlerins passa alors entre les mains de Zubair qui était le plus âgé. Il n’y avait plus de dirigeant Hâchimite suffisamment puissant et riche pour remplacer Abdul-Muttalib. Le privilège passa alors de leurs mains à celles des Umayyades. Après Zubair, ce fut brièvement le tour de Abu Talib (P) puis celui de Al-‘Abbâs. Ce dernier n’en garda que la responsabilité du puits de ZamZam. A l’arrivée de l’Islam, une cinquantaine d’années plus tard, le Prophète (P) l’y confirmera en la transmettant à sa famille.

Le pèlerinage:

La ville de la Mecque, capitale du Hidjâz, a été rendue célèbre par la Ka’bah mais aussi par le fait qu’elle est le lieu de naissance du Prophète (P). Elle est une des plus vieilles – sinon la plus vieille – villes au monde.

La deuxième principale ville du Hidjâz était Médine. Elle tient sa célébrité du fait d’avoir été le lieu de résidence du Prophète (P) et aussi le lieu de son enterrement.

La Ka’bah a toujours été un lieu de grand rassemblement depuis l’époque d’Ibrahim (P) et de son fils Ismâ’îl (P) qui construisirent ce Sanctuaire. Le premier appel à la visiter fut lancé par Ibrahim (P) lui-même. Et depuis lors des gens venaient de toute l’Arabie et des pays voisins pour accomplir un pèlerinage annuel.

Nombreuses sont les preuves que Dieu nous donne dans le Coran et que l’on peut observer [15] qui permettent de classer la Ka’bah au rang de lieu exceptionnel. Une zone, diront peut-être les scientifiques de haute énergie cosmique.

Ce devoir sacré du pèlerinage à la Ka’bah incombe encore de nos jours aux musulmans. La Ka’bah constitue une direction et un lieu de dévotion exceptionnels pour toute la Umma islamique.

Ceci constitue une des nombreuses preuves de la continuité de la Révélation de Dieu à Ses Envoyés. Laquelle Révélation remonte au premier homme sur terre: Adam (P). Comme quoi la source de la Soumission (Islam) se confond avec celle de la Création.

Dieu nous appelle à accomplir ce devoir sacré à travers les versets suivants, entre autres:

«La première Maison qui ait été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l'univers.

Là sont des signes évidents, parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout; et quiconque y entre est en sécurité. Et c'est un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d'aller faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne croit pas... Allah Se passe largement des mondes.» (Al Imrân 3: 96, 97)

Le pèlerinage dont il s’agit ici, Hajj al-Akbar (Pèlerinage Majeur), doit être accompli au mois de Thilhaj, le dernier mois du calendrier lunaire de l’Hégire. Il est obligatoire pour chaque musulman, sauf en cas d’excuse légale. Il s’accompagne d’un détour sur le mont Arafât situé à une quinzaine de km environ de la Mecque.

Il existe cependant un autre pèlerinage appelé Hajj al-Açghar (Pèlerinage Mineur) ou encore ‘Umrah. Celui-là peut être accompli à tout moment de l’année, mais particulièrement au 7ième mois de l’année hégirienne (Rajab).

Chapitre II :

L’Imamat




I - LES FONDEMENTS DU POUVOIR ET DE SA PASSATION DANS L’ISLAM:

I – 1 KHILAFAT [16] DE L’HOMME SUR TERRE ET TEMOIGNAGE DIVIN:

I-1-1 KHILAFAT:

Dieu a dit:

K1. ...«[Rappelle] quand ton Seigneur dit aux Anges :“Je vais placer sur la terre un Khalife.” “Y placeras-tu quelqu’un qui y sèmera la corruption et y répandra le sang alors que nous, nous glorifions Ta louange et proclamons Ta sainteté ?”.[Le Seigneur] répondit “Je sais très bien ce que vous ne savez point.”Et [le Seigneur] apprit à Adam tous les noms, puis Il fit défiler devant les Anges [les êtres portant ces noms] et Il dit [aux Anges] : “Avisez-moi des noms de ces êtres-ci, si vous êtes véridiques!“Gloire à Toi!” Répondirent-ils “Nous n’avons nulle science excepté ce que Tu nous as appris. Toi Tu es l’Omniscient, le Sage.”

“ Ô Adam ! ”Dit [le Seigneur], “avise-les des noms [de ces êtres] ! ”Et quand [Adam] eut avisé [les Anges] des noms [de ces êtres, le Seigneur] dit : “Ne vous avais-Je point dit que Je connais bien l’Inconnaissable des cieux et de la terre et que Je connais bien ce que vous extériorisez et ce que vous tenez secret ?”»(Baqara, 2: 30)

K2. «C’est Lui qui a fait de vous les Khalifes sur la terre.» (Fâtir ou Malâïka, 35: 39)

K3. «Nous avons proposé de confier le Dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ils ont refusé de s’en charger et s’en sont effrayés, alors que l’Homme s’en est chargé, il fut injuste et ignorant.» (Ahzâb, 33: 72).

Ainsi donc, à travers ces versets et bien d’autres [17] encore il nous est révélé que Dieu a honoré le groupe humain, représenté par Adam (P), en le chargeant de veiller sur l’ordre de l’Univers tout entier, de gérer les affaires de l’Homme et de guider l’Humanité sur la Voie du Khilafat divin.

Dés lors, le Khilafat en Islam est le pouvoir que Dieu a donné à la communauté humaine (Umma) de gouverner ou de diriger le monde et de le promouvoir dans les domaines social, matériel et spirituel

Cette représentation ou Khilafat en tant que principe de gouvernement de la communauté islamique, est cependant différent de celui des régimes démocratiques occidentaux qui privilégient le consensus pour justifier une décision fut-elle préjudiciable à l’intérêt de la Communauté ou d’une de ses composantes; contrairement au gouvernement de la communauté islamique qui a son fondement dans la délégation divine donc davantage de sens des responsabilités et de justice d’où le refus de la tyrannie, de l’exploitation et de l’oppression.

Une petite parenthèse est d’ailleurs nécessaire à ce niveau car la plupart des écrivains musulmans pensent que lorsqu’on est « affaiblis sur terre » c’est-à-dire opprimés par des tyrans il n’y a pas d’autre alternative que d’user de tous les moyens, sous-entendu même la force physique, pour s’en sortir ou d’émigrer.

Citons d’abord les versets qu’ils interprètent à ce propos (Nissâ, 4: 97 et 98):

«Oui, ceux qui sont injustes envers eux-mêmes, les anges les achèvent en disant : où en étiez-vous ? - Nous étions affaiblis sur terre, disent-ils. - Alors les anges: la terre de Dieu n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ? - Voilà bien ceux dont le refuge est la Géhenne, et quelle détestable fin ! Sauf pour les impuissants, hommes, femmes, enfants, incapables d’aucun moyen, et qui ne trouvent aucune voie ».

Selon ces paroles divines, non seulement il existe des exceptions à la règle mais en plus s’il faut émigrer vers d’autres cieux encore faudrait-il que "ce que l’on y gagne vaille ce que l’on y perd" car il est difficile voire impossible de nos jours de trouver un modèle irréprochable de gouvernement islamique. De plus parmi les moyens dont on dispose figure en bonne place, plus efficace que la force physique et avec des effets plus durables et plus profonds, le combat intellectuel par les écrits, les conférences, les débats d’idées, la formation des jeunes, en un mot l’éducation des masses en matière islamique.

Ainsi pour fermer la parenthèse, deux vérités simples s’imposent à notre entendement : on est plus utile à sa cause vivant que martyr et ... la nature trouve toujours son chemin.

Adam ayant été le premier représentant de ce Khilafat, les Anges se sont prosternés devant lui et toutes les forces de l’Univers visible et invisible lui ont été soumises.

Ce “Dépôt” (Amàna) si gigantesque et si effrayant même pour les forces de la nature, fut confié à l’Homme malgré la liberté que lui a accordé son Créateur de faire le bien ou le mal à travers le libre-arbitre : «Nous l’avons dirigé sur le chemin droit, qu’il soit reconnaissant, ou qu’il soit ingrat.» (Dahr ou Insân, 76: 3)Et c’est certainement cette inconstance dans le comportement humain qui suscita la réticence des Anges à l’égard de ce Khilafat. Cependant Dieu, dans son Omniscience, apprit à Adam (P) tous les noms montrant ainsi aux Anges qu’Il soumettait l’Homme à une Loi autre que celle du déterminisme mécanique qui gère le mouvement de l’Univers - des atomes aux astres.

Cette Loi complémentaire à celle du Khilafat, qui se charge d’éduquer et de guider ce Khalife à la Lumière d’un Texte révélé, est celle du Témoignage (Chahada). Elle est concrétisée par un témoin divin qui porte aux hommes la «guidée» de Dieu et les éloigne de l’égarement. Le Saint Coran en parle à travers les versets qui suivent et bien d’autres [18].

I-1-2 TEMOIGNAGE:

I-1-2-1 GENERALITES

T1. «Nous dîmes : “Descendez d’ici, vous tous ! Si jamais, ensuite, une guidée de Moi vous vient, alors, quiconque suivra Ma guidée ... pour eux, nulle crainte, et point ne seront attristés.”» (Baqara, 2: 38).

T2. «Ainsi Nous avons fait de vous [croyants !]Une communauté éloignée des extrêmes (wasatan), pour que vous soyez témoins à l’encontre des Hommes et que l’Apôtre soit témoin à votre encontre.» (Baqara, 2: 2).

T3. «J’ai été témoin à leur encontre, tant que je suis demeuré parmi eux .Quand Tu m’as eu rappelé (Tawaffa) à Toi, c’est Toi qui as été le surveillant, à leur endroit car, de toute chose, Tu es témoin.» (Ma’ida, 5: 117)

T4. «Nous avons, en vérité, révélé la Torah où se trouvent une Direction et une Lumière. D’après elle, et pour ceux qui pratiquaient le Judaïsme, les Prophètes qui s’étaient soumis à Dieu, les maîtres divins (Rabbaniyten ) et les docteurs (Ahbar) rendaient la justice, conformément au Livre de Dieu dont la garde leur était confiée et dont ils étaient témoins .» (Ma’ida, 5: 44).

Dieu connaît bien Sa créature :

«Et très certainement, Nous avons créé l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère.» (Qâf, 50: 16).

«Croyez-vous que Nous vous ayons créés sans but et que vers Nous vous ne serez pas ramenés ?» (Mû-minûn, 23: 115)

Cependant Il lui a confié le “Dépôt” et lui a assigné de grands buts - la construction de la société de l’Unicité Divine, Tâwhid. Dés lors il fallait qu’Il lui donne les moyens de remplir sa mission sans se perdre. Et c’est ainsi que parallèlement à la Ligne du Khilafat, Dieu a tracé la Ligne du Témoignage pour préserver l’homme-Khalife des déviations et le diriger dans sa marche, prouvant encore une fois de plus, s’il en est besoin, tout l’Amour qu’Il porte à Ses humbles créatures que nous sommes.

Le verset T4 ci-dessus nous donne les trois catégories de témoins:

· Les Prophètes.

· Les Témoins divins, qui sont les Imams.

· Les «Docteurs», qui sont les Ulémas.

Ces trois types de Témoignage ont des fonctions communes mais des rôles respectifs différents. En effet tout Témoin, référence intellectuelle et législative (savant et juge), a essentiellement pour fonction de diriger la marche de la communauté, assurant ainsi la conformité avec le Message divin dont il est gardien.

I-1-2-2 LES PROPHETES

D’abord il est important de faire la distinction entre deux catégories de Prophètes :

* Les Prophètes Envoyés de Dieu (Rassûl) [19] qui reçoivent le Message mais ont en plus le devoir de le transmettre et de diriger cette communauté. Cinq d’entre eux apportent un nouveau Code de vie (Chari’a) et sont appelés Ulul-’Azm.

* Les Prophètes porteurs du Message ou Nabi mais qui ne sont pas chargés de le transmettre. Du premier des Prophètes, Adam (P), au dernier, Muhammad (P), 124000 Prophètes (P) auraient été missionnés. Les cinq ulul-Azm est:

* Le Prophète Nuh (P)

* Le Prophète Ibrahim (P)

* Le Prophète Moûssâ (P)

* Le Prophète ‘Issa (P)

* Le Prophète Muhammad (P)

Les Juifs sont les disciples de Moûssâ, les Chrétiens ceux de ‘Issa et les Musulmans de Muhammad (P). Ainsi il fut révélé aux Prophètes :

· Nuh : Sahifa

· Ibrahim : Sahifah

· Moussa : Tawrat

· Dâwoud : Zabûr

· ‘Issa : Injîl

· Muhammad (P) : Al Qur’ân, Qui abroge et annule tous les autres Livres de même que l’Islam abroge toutes les autres religions.

On pourrait alors se demander à quoi pourraient "servir" les Nabi s’ils ne "dirigent" pas la communauté. Tout d’abord il faut savoir que Dieu peut créer ce qu’Il veut sans avoir à S’en expliquer. Ensuite il est certain que la présence d’un être pur contribue à élever, au moins de façon passive, le niveau des consciences individuelles et de la conscience collective, c’est-à-dire tout simplement à purifier son environnement humain.

Dans ce qui suit il est essentiellement question des Rassûl quoique les Nabi puissent être concernés s’ils se retrouvent dans la position de guides.

Le Prophète (P) est désigné par Dieu pour être celui qui reçoit la Révélation et éduque la communauté l’éloignant des faiblesses de la période d’ignorance préislamique ou Jahilia et l’élevant au niveau du rôle du Khilafat. C’est d’ailleurs dans ce sens de faire prendre conscience à la communauté de ses responsabilités vis-à-vis du Khilafat que Dieu a imposé- en Grand Pédagogue qu’Il est - au Prophète de l’Islam (p) de consulter les membres de cette communauté sur les affaires de l’État.(Al-îmran, 3: 159).

En plusieurs endroits le Coran a défini le rôle du Prophète (P):

«Dieu envoya les Prophètes comme Annonciateurs et Avertisseurs, et fit descendre avec eux le Livre avec la vérité, pour juger entre les hommes, sur ce sur quoi ils s’opposèrent.» (Baqara, 2: 30)

«Nous avons fait descendre vers toi l’Écriture chargée de Vérité, déclarant véridique ce qui, de l’Écriture, est antérieur à elle et en proclamant l’authenticité. Arbitre donc entre tous ces gens au moyen de ce que Dieu a fait descendre! Ne suis point leurs doctrines pernicieuses t’écartant de la Vérité venue à toi! A tous, Nous avons donné une règle et une voie.» (Al-Mâ’ida, 5: 48).

«C’est Lui qui a suscité parmi les illettrés un Envoyé issu d’eux, Qui leur récite Ses versets, Qui les purifié, et Qui leur enseigne le Livre et la sagesse; bien qu’ils furent auparavant dans un égarement manifeste.» (Al-Jumu’a, 62: 2).

«Et de même, Nous n’avons envoyé avant toi d’Avertisseur en une cité, sans que ses gens aisés n’aient dit:“Oui, nous avons trouvé nos pères sur un chemin et nous suivrons leurs traces.”» (Zukhruf, 43: 34 ).

« [...] leur ôtant le fardeau et les carcans qui étaient sur eux.Ceux qui auront cru en lui, l’auront soutenu, l’auront secouru, et auront suivi la lumière descendue avec lui, ceux - là sont les gagnants.» (A’râf, 7: 157 ).

La responsabilité du Prophète (P) est donc très large: non seulement il doit être un excellent gestionnaire des affaires de l’État mais en plus il doit orienter et guider les hommes dans le chemin de Dieu. Il détient les pouvoirs temporels et spirituels et les exerce à la perfection.

De ce rôle que le Prophète (P) assume découle d’ailleurs sa nécessaire infaillibilité qui est exaltée dans bien des versets [20] du Saint Coran; cette infaillibilité que veulent malheureusement ôter au Prophète de l’Islam (P) certains de nos coreligionnaires victimes d’enjeux et d’intérêts qui, souvent, les dépassent. Nous y reviendrons plus loin, In Challah.

I-1-2-3 LES IMAMS

La construction de la Société de l’Unicité Divine étant une œuvre de longue haleine la durée de vie des Prophètes (P) est d’habitude courte devant le temps que dure la réalisation de cette Œuvre. Chacun d’entre eux - qu’il soit Nabi ou Rassûl - apporte sa pierre à l’édifice.

Cependant Dieu a prévu la préservation de Son Message puisqu’Il dit à propos du Prophète de l’Islam (P) et des autres Prophètes:

«Mohammed n’est qu’un Messager; des Messagers ont vécu avant lui. Retourneriez-vous sur vos pas, s’il mourait ou s’il était tué? Celui qui retourne sur ses pas ne nuit en rien à Dieu.» (Ali-’Imrân, 3: 144).

Ainsi donc Dieu a désigné comme successeurs de Ses envoyés des hommes tout aussi exceptionnels que les Prophètes (P). Il est clair, en effet, que seul un homme doté au moins des mêmes qualités que celles du prophète (P¨) peut lui succéder dans l’exercice des deux pouvoirs temporel et spirituel afin d’assurer la pérennité de l’Islam. Ces successeurs désignés par Dieu Lui-même sont les Imams (P).

Si certains dirigeants de l’Islam, après la mort du Prophète (P), ont échoué, et ont eux-mêmes reconnu leur échec, c’est parce qu’ils ont pris le pouvoir, sans réunir les deux dimensions nécessaires, qui sont indissociables. Leur ignorance des prescriptions (ahkâm dîniyya) a été à l’origine de graves déviations.

L’Imam (p) étant le dépositaire du Message, il détient et exerce des pouvoirs de puissance divine sans toutefois apporter un nouveau Message ou une nouvelle Religion. Citons à ce propos le Coran :

«Nous en fîmes, parmi eux, des Imams qui guident [21] par Notre Commandement, car ils ont enduré, et ont la certitude éprouvée de Nos Signes.» (As-Sajda, 32 : 24)

«Nous en fîmes des Imams qui guident par Notre Commandement.» (Al-Anbiyâ, 21 : 73)

«Le jour où Nous appellerons tous les hommes par leur Imam...» (Al-’Isra, 17 : 71)

«Nous lui avons donné, par surcroît, Isaac et Jacob, dont Nous avons fait des justes. Nous les avons établis comme des Imams (chefs) qui dirigent les hommes selon Notre ordre. Nous leur avons inspiré des œuvres bonnes .» (Al Anbiyâ, 21 : 72 et 73).

«Et Nous avons fait une direction pour les fils d’Israël. Nous avons suscité des Imams pris parmi eux. Ils les dirigeaient sur Notre ordre, quand ils étaient constants et croyaient fermement à Nos signes.» (Sajda, 32: 23 et 24).

De même que le Prophète (P), il est Khalife et Témoin. L’Imam (P), successeur du Prophète (P), est alors infaillible car il est le Pôle (Al khoutbou Zamàn ) de jonction des deux Lignes du Khilafat et du Témoignage; il doit conduire le changement sans en être l’objet c’est-à-dire sans être ni avoir jamais été influencé par les normes de la Jahilia qu’il combat. Pur de tout pêché présent ou passé, il est préservé de l’erreur par Dieu et maîtrise la science prophétique - le Savoir et la Connaissance qui permettent de diriger les affaires de la Umma.

I-1-2-4 LES MARJA (sources de référence)

Le Docteur (‘Alim) ou Marji’, lui, doit sa désignation à la communauté après un effort humain intense pour acquérir la connaissance de l’Islam et une piété sans faille. La Marja’iya, fonction remplie par le Marja’, est une décision divine tandis que sa concrétisation en une personne est le fait de la communauté.

Il est évident que ces qualités de justice et de piété ainsi que ces connaissances du Marja’ acquises de haute lutte ne peuvent faire l’objet d’un legs ou d’un héritage comme il est souvent - hélas! - coutume de voir certains descendants de grands Cheikhs le prétendre surtout en Afrique noire mais aussi ailleurs dans le monde musulman.

Et ceci malgré qu’il soit de notoriété publique que la plupart de ces Cheikhs ont refusé de se singulariser dans l’Islam pour ne pas être à l’origine de la division des musulmans en sectes ou confréries dirigées souvent par des gens qui se soucient davantage de leur propre ego que de l’être du monde.

Le rôle des Marja’ est très important aussi bien en présence d’un Imam (P) qu’en son absence. Il est le prolongement des Prophètes (P) et des Imams (P) auprès des populations pour répandre les enseignements et prescriptions du Livre Saint grâce aux écoles et autres universités qu’il contribue à créer, à régénérer et à promouvoir. Et lorsque l’Imam (P), comme c’est le cas pour notre époque, se retire alors les Marja’ ont la lourde tâche d’être les Témoins que Dieu nous a donnés pour nous guider de façon visible tandis que l’Imam (P) poursuit son œuvre de guidance intérieure en attendant le moment opportun pour l’exercer dans toutes ses dimensions.

I-1-2-5 LES DIFFERENCES ENTRE LES TEMOINS

Ainsi une première différence de taille entre d’une part les Prophètes (P) et les Imams (P) et d’autre part les Marja’ est que les premiers doivent être infaillibles (Ma’ssoum) afin d’assister à la perfection le Khalife ou d’être même le point de jonction des deux Lignes du Khilafat et du Témoignage, tandis que les Marja’ se doivent d’être extrêmement justes sans forcément être infaillibles car ils ont besoin eux-mêmes de témoin :

«Afin que l’Apôtre soit témoin à votre encontre et que vous soyez témoins à l’encontre des hommes.» (Hajj, 22: 78 ).

«Ainsi Nous avons fait de vous [croyants!] Une Communauté éloignée des extrêmes, pour que vous soyez témoins à l’encontre des hommes et que l’Apôtre soit témoin à votre encontre.» (Baqara, 2: 143).

C’est cette différence par rapport à l’erreur qui prédétermine l’attitude du musulman vis-à-vis des différents Témoins: il doit être soumis (musulman) aux Prophètes (P) et aux Imams (P) alors qu’il est un disciple (moukhalled) du Marja’.

Evidemment, la communauté a besoin d’être dirigée. En l’absence physique d’un Imam (P), comme c’est le cas actuellement, les Marja’ sont alors chargés de cette direction et représentent ainsi la Lignée de l’Imamat Général. C’est pourquoi nous devons leur verser un cinquième de nos surplus à titre de khoumous - ce qui revenait au Prophète et à sa Famille - comme le prescrit clairement le verset 41 de la Sourate VIII (Anfâl). Cet argent sert à aider les démunis, à contribuer au rayonnement de l’Islam à travers l’enseignement et tout ce qui le favorise, entre autres.

La seconde différence entre les trois types de témoins réside dans leur mode de désignation et donc de "remplacement" en cas de disparition.

Concernant les Marja’, leur Ligne est tracée par Dieu mais leur choix est fait de façon consciente par la Umma. Les Prophètes (P) sont reconnus à travers les miracles qu’ils réalisent [22] et la Révélation qu’ils reçoivent tandis que les Imams (P) nous sont révélés par les Prophètes (P), les autres Imams ou par des preuves irréfutables.

I-2 LES DETENTEURS DU POUVOIR EN ISLAM:

I-2-1 ULIL-AMR (DETENTEURS DU POUVOIR)

Il est généralement reconnu que les mauvaises œuvres sont le résultat de l’ignorance; plus on connaît, moins on s’expose au risque du pêché ou de la mauvaise action. Le grand nombre de scandales politiques suivis de chutes d’hommes politiques importants dans nos États modernes, qui se voudraient laïques (?) mais sont en tout cas profanes, nous suffit pour prévoir ce qui se passerait s’il s’agissait d’une société qui veut réaliser un projet divin où aucune faute ne serait pardonnée. On comprend dés lors pourquoi on exige de l’Imam (P) la perfection.

Note:

[13] En plus de ces trois privilèges, il y avait la possession des clés et du contrôle du Sanctuaire et le droit d’attacher la bannière à la Hampe et de la présenter au porte-étendard.
[14] Ce fils de Hâchim s’appelait en réalité Chayba al-Hamd. A la mort de son père il était trop jeune pour hériter de celui-ci. Il fut confié conformément au vœu du défunt à son oncle Al-Muttalib. Les Mecquois ne savaient pas au début son lien avec Al-Muttalib. Ils crurent que c’était son esclave et lui donnèrent le surnom de Abdul-Muttalib (esclave de Muttalib). Auparavant il vivait chez sa mère à Médine.
[15] Le miracle du puits de ZamZam (sa découverte; elle ne tarit jamais, ne baisse jamais de niveau malgré son utilisation plus qu’intensive par les pèlerins et toute la ville; l’eau de tous les autres puits environnant est désagréable, etc.), la pierre noire, le makhâma Ibrahim, le survol particulier des oiseaux autour de la Ka’bah et jamais au-dessus, etc. Tout cela démontre que la Ka’bah est une zone de haute énergie dans notre univers.
[16] Le terme arabe Khilafat connote la représentation, le remplacement, mais il est évident que son emploi dans ce contexte est symbolique pour l’homme car Dieu n’est jamais absent.
[17] Ce sont notamment les versets 7: 69, 38: 26, etc.
[18] Notamment : 4: 41, 16: 89, 22: 22, 39: 69.
[19] Ils seraient au nombre de 313: voir al khissal chaykh saduq .
[20] Voir chapitre sur l’infaillibilité (Al Assàma) du Prophète (P).
[21] Il s’agit là de la guidance intérieure des âmes celle qui se rapporte au .
maintien même de l’être du monde (Takwîni) et non celle de la Loi car la guidance extérieure incombe à tout musulman, comme l’ordonne la Loi.
[22] Chaque Prophète a fait des miracles en fonction du niveau de développement des Arts, des lettres et des sciences de son époque. Le Prophète de l’Islam (p) fit beaucoup de miracles dont le important et dont les effets s’étendent à tous les âges est le Coran Lui-même Qui est une Merveille dans tous les sens du terme.
 
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