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Chérif Mohammed Aly Aidara, né au Sud du Sénégal est comme son nom l’indique est un descendant du Prophète de l’islam (P). Il a été élevé dans la pure tradition soufie par son père, Cherif Al Hassan Aidara, un grand cheikh de l’ordre soufi de la Tijaniyya. C’est à l’âge de dix sept ans qu’il quitte son village natal à la quête de la connaissance de soi et du monde, dans de multiples voyages de plusieurs années qui le mèneront dans les cinq continents. Grand spécialiste de l’Islam et de la spiritualité il nous apporte ici dans un style limpide et objectif un aperçu global de ce qu’il appelle «l’islam originel».
L’Islam est l’unique religion que Dieu a bien voulu agréer pour nous. Nous glorifions le Tout-Puissant pour une telle largesse à l’endroit de ses humbles créatures que nous sommes:
«Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée l'Islam comme religion pour vous.» (Al-Mâida, 5: 3)
«Et quiconque désire une religion autre que l'Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l'au-delà parmi les perdants.»--(âle 'Imrân, 3: 85)
Cela n’exclut pas cependant la tolérance vis à vis des adeptes d’autres religions, notamment nos frères des religions révélées, les gens du Livre, dont les textes ont été abrogés par le Coran. Cette tolérance et le devoir de protection qui en résulte sur les plans physique, social et cultuel, reviennent comme un leitmotiv plusieurs fois dans le Livre de Dieu:
«Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites: "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons".» (Al-Ankabout, 29: 46)
Cette religion est une, indivisible et immuable. Elle a l’avantage sur bien d’autres religions d’avoir une référence à la fois matérielle, donc relative, et absolue. Nous voulons parler du Saint Coran.
Son aspect matériel réside évidemment dans sa présentation sous forme de livre, d’écritures. Ces écrits sont restés inchangés depuis qu’ils ont été révélés par Dieu au Sceau des Prophètes (P) [1].
Le caractère absolu du Saint Coran réside quant à lui dans ce qu’Il est la Parole de Dieu, un miracle des plus extraordinaires. Ceci n’est plus à démontrer car ceux-là mêmes qui sont les plus friands de preuves, les scientifiques, ne cessent de découvrir par des moyens de plus en plus récents et sophistiqués des vérités déjà affirmées dans le Livre de Dieu il y a de cela plusieurs siècles à une époque où on revenait tout juste des ténèbres de la Jahilia [2].
Aucune erreur scientifique n’a été décelée dans le Saint Coran, encore moins une contradiction quelconque. L’illettré [3] qu’était le Prophète Muhammad (P) ne pouvait en être l’auteur. D’ailleurs, la splendeur littéraire et la perfection numérique de ses vers et de sa structure enlevaient aux tenants de cette thèse tout mérite d’être ne serait-ce qu’écoutés. Il en est de même de ceux qui ont voulu attribuer la paternité du Livre à quelques prêtres, pasteur, rabbin ou autre savant chez qui le Prophète (P) aurait séjourné.
Jusqu’au jour d’aujourd’hui pas un seul homme n’a su être en mesure de produire une œuvre à la hauteur du Saint Coran ne serait-ce que sur le plan littéraire. Ce ne sont donc pas des inspirateurs qui auraient pu influencer ou dicter un illettré (!) afin qu’il arrive à produire une telle œuvre. L’Auteur authentique du Livre leur a même lancé un défi qui ne sera à jamais relevé:
«Dis: "Même si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s' ils se soutenaient les uns les autres"».(Al-Isrâ ou Le voyage nocturne; 17: 88)
D’ailleurs Dieu a voulu donner suffisamment de preuves pour que Sa Parole ne soit pas mise en doute. On a parlé des découvertes scientifiques qu’on y trouvait, de la splendeur littéraire (et linguistique) et de la perfection numérique. Mais également le Coran fait allusion à d’innombrables prophéties dont quelques unes sont déjà réalisées conformément à ce qui avait été prédit.
Il est aussi important de noter que le Tout-Puissant n’a tenu à ce que Son Livre ne soit pas altéré ou changé. Il l’a codé et l’a protégé de toutes modifications jusqu’à la fin des temps. Une protection matérielle (les codages numérique et littéraire) et immatérielle (l’Histoire le montre à travers l’immuabilité du Coran malgré la perversion des hommes). Il l’affirme en ces termes:
«En vérité c'est Nous qui t’avons révélé le Rappel édifiant et Nous veillons à son intégrité.» (Al-Hijr, 15: 9)
Le Coran, Œuvre de Dieu et livre, est donc absolu et relatif. Cette dualité de la nature de notre référence ultime devait, doit et devra constituer pour l'Umma islamique un facteur d’union et d’unité.
L’hypothèse fondamentale sur laquelle nous fondons notre appel pressant à travers ce livre à l’unité et à l’union de l'Umma, est que tous les musulmans du monde, par delà leurs sensibles divergences et autres querelles d’écoles, possèdent tous le même Coran avec les mêmes sourates et les mêmes versets. L’Œuvre de Dieu est la même, unique, inimitable et immuable pour tous.
Dès lors, qu’est-ce qui peut expliquer, (mais non justifier), la mésentente, les différences dans les pratiques et même dans les concepts constatées chez les musulmans depuis la disparition de l’Envoyé de Dieu Muhammad (P) jusqu’à nos jours?
A notre humble avis, rien d’autre que la faiblesse de l’homme. Cette faiblesse dont Dieu parle dans Son Livre:
«Dieu veut [ainsi] vous faciliter [les choses], car Il sait que l’homme est faible par nature.» (Les femmes, 4: 28)
Le Livre étant unique et identique chez tous, les divergences ne peuvent provenir que de son interprétation. Les motivations de cette interprétation sont de divers ordres.
L’attrait irrésistible du pouvoir et de ses avantages, la tentation des biens et des plaisirs terrestres et/ou l’erreur sincère mais coupable, constituent les tares de tous ceux qui ont mené – et de ceux qui continuent de mener – la Umma à la division et à l’écartement du chemin tracé par Dieu puis indiqué par Son illustre Envoyé, Al Mustapha (P) l’Elu et le Bien-Aimé.
Il faut dire, à la décharge des exégèses qui ont commis des erreurs d’interprétation sincères mais coupables, que les versets du Coran comportent souvent un sens direct et un sens indirect, similaire en cela à la différence entre la lettre et l’esprit.
Par ailleurs, Dieu nous dit qu’il en est même des versets dont Lui seul connaît le sens:
«C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Allah et ceux qui sont bien enracinés dans la science qui disent: "Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!" Mais, seuls les doués d'intelligence s'en rappellent.» (Ale 'Imrân, 3: 7)
Toutefois, comme dans le droit positif où l’on admet que «nul n’est censé ignorer la loi», il est du devoir absolu du musulman de connaître le Coran. Le père doit l’apprendre à son enfant et l’adulte doit, s’il ne le connaît pas, s’évertuer à s’en imprégner. A chaque niveau de conscience qu’il atteint dans le cours de son évolution, le musulman doit faire une relecture du Coran. Une meilleure compréhension de la Parole de Dieu en résultera nécessairement. Cette relecture est donc indispensable même si le musulman a un maître qui peut l’aider dans sa quête de perfection.
Aussi, si le musulman n’a pas la claire signification d’un verset ou la description satisfaisante d’une pratique ou d’un culte, il est de son devoir de chercher par lui-même la solution à son problème en se référant au Coran, aux hadiths du Prophète (P), à des maîtres, à des livres, ou au moyen de la réflexion logique mais surtout sincère et honnête, en un mot l’ijtihâd.
Cette indispensable quête de la vérité et d’une meilleure compréhension du Coran le mènera assurément un jour à la source intarissable de l’enseignement originel du Prophète de l’Islam (P), détenue par la sainte famille du Prophète (P). Cette descendance à propos de laquelle le Prophète (p) nous avait appelés à nous accrocher en plus du Livre si nous ne voulons pas nous égarer.
Tout musulman sincère doit poser sa petite pierre à la dimension de ses moyens physiques, psychiques et intellectuels, dans l’édifice de la reconstruction de l’unité de la Umma. C’est l’objectif que nous nous sommes assigné en prenant l’initiative d’apporter cette modeste contribution à nos frères intellectuels qui ont la chance de savoir lire et comprendre et qui pourront ensuite l’expliquer aux autres. Ce Livre s’adresse également à ceux qui nous ont manifesté leur inextinguible soif d’approfondir leur connaissance de la religion et qui nous ont d’ailleurs incités, des fois avec insistance, à franchir le pas des hésitations devant cette tâche ardue et ingrate de l’écriture. Nous profitons de l’occasion pour demander au lecteur toute son indulgence.
En réalité, nous ne dirons ici rien qui n’ait été déjà dit ou pensé. Seulement certains de ces faits ou pensées sont restés longtemps méconnus par une bonne frange de la Umma pour des raisons partisanes. Nous sollicitons d’ailleurs une circonstance atténuante auprès de ceux qui se seraient fait des préjugés basés sur l’environnement ou les origines de l’auteur sans avoir entièrement lu cet ouvrage. Ce sera la circonstance atténuante de la tolérance et de l’acceptation de la différence des modes de pensée. Mais aussi celle du test de raffermissement de sa foi par la confrontation des idées et des discours pour autant qu’ils restent dans les limites de la décence. En somme, celle de notre innocence jusqu’à la preuve de notre culpabilité. Toutes choses recommandées par Dieu et Son Prophète (P).
Le choix des textes et faits rapportés dans ce livre a été guidé par un triple souci:
Ø Donner au lecteur une vue d’ensemble de l’Islam et de ses différents développements
Ø Ouvrir au lecteur la voie vers la recherche personnelle et approfondie sur le sujet général ou les différents thèmes qui y sont traités.
Ø Mettre en exergue les principaux points que les livres d’histoire traditionnels ont négligés volontairement ou involontairement.
Ces vérités sur la succession du Prophète (P) sont nécessaires pour la compréhension et le dépassement des divergences insensées qui divisent aujourd’hui les musulmans et qui n’ont plus aucune raison d’être dés lors qu’on peut retourner à l’essentiel c’est-à-dire Dieu en se basant sur Son Saint Coran et les enseignements du Prophète (P) conservés intacts par sa sainte descendance.
C’est là tout le sens de ce verset que nous vous invitons à méditer:
«Les gens formaient (à l'origine) une seule communauté (avant la descente de la législation divine). Puis, (après leurs divergences,) Allah envoya des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité! Puis Allah, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette Vérité sur laquelle les autres disputaient. Et Allah guide qui Il veut vers le chemin droit.» (Al Baqara, 2: 213)
Il importe de fixer le cadre global dans lequel se déroulent les événements dont il est question dans ce livre. C’est là le but de ce premier chapitre où il sera essentiellement question de décrire brièvement l’Islam, le Coran et la Sunna, puis l’espace géographique et les données culturelles et ethniques de l’Empire musulman à l’aube de l’Islam.
Plusieurs ouvrages auraient été certainement nécessaires pour parler en profondeur de l’Islam. Mais nous aimerions simplement rappeler à travers deux versets du Coran, un hadith du Prophète (p) et une citation de l’Imam Ali (P), quelques éléments clés qui permettent de cerner globalement ce qu’est l’Islam.
Un grand nombre de versets du Livre nous entretiennent sur qu’est l’Islam. Ces versets sont souvent liés au comportement que doit avoir le musulman. Nous vous en citons deux:
«Et luttez pour Allah avec tout l'effort qu'Il mérite. C'est Lui qui vous a élus; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés "Musulmans" avant (ce Livre) et dans ce (Livre), afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la Salât, acquittez la Zakât et attachez- vous fortement à Allah. C'est Lui votre Maître. Quel Excellent Maître! Et quel Excellent Soutien!» (Al-Hajj, 22: 78)
«Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salât, acquittent la Zakât et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage.» (At-Tawba, 9: 71)
Le hadith le plus célèbre se rapportant à l’apparition des anges lors de la bataille de Badr mais également à la définition globale de l’Islam, est celui qu’a cité ‘Umar, d’après Bukharî:
Nous étions, dit-il, assis à côté du Prophète lorsqu’un homme habillé de blanc, aux cheveux tout noirs, arriva. Rien n’indiquait qu’il venait d’un voyage et personne ne le connaissait. Il se fraya un chemin parmi les assistants et vint s’agenouiller devant l’Envoyé de Dieu comme l’un de nous fait dans sa prière. Les Compagnons se regardèrent et dirent: «Nous ne reconnaissons pas l’homme!»
S’adressant au Prophète l’inconnu lui dit:
-Envoyé de Dieu, qu’est-ce que la foi?
-C’est, dit le Prophète, croire en Dieu, en Ses anges, en la comparution devant Lui, en Ses prophètes et en la résurrection.
-Qu’est-ce que l’Islam, dit l’homme?
-C’est, répondit le Prophète, adorer Dieu sans rien Lui associer, faire ses prières, donner la Zakât (aumône légale) et jeûner le mois de Ramadhân.
-Parle-moi de la perfection, dit l’homme.
-C’est, dit le Prophète, adorer Dieu comme si tu l’as en face de toi, car si tu ne Le vois pas, Lui, Il te voit.
-Quant sonnera l’Heure Ultime, finit par dire l’homme?
-Celui que tu interroges, n’est pas mieux renseigné, dit le Prophète, mais je peux t’indiquer les signes précurseurs: lorsque la femme esclave engendre son maître, quand les bergers frustrés, gardiens de chameaux rivalisent de constructions. Il y a cinq secrets que Dieu seul détient, à savoir: (le Prophète récita ensuite ce verset)
«La connaissance de l’Heure du Jugement relève de Dieu, c’est Lui qui fait descendre la pluie et sait ce que portent les flancs de toutes femelles. Nul être ne sait ce que sera demain son acquis en bien ou en mal. Nulle âme ne connaît le lieu de son trépas. Dieu seul est Omniscient et bien informé.» (Loqman, 31: 34)
Sur ce, l’homme sortit.
-Faites-le revenir, dit le Prophète.
-Ils sortirent à sa suite, mais l’homme s’était volatilisé.
-C’est Jibril, dit le Prophète. Il est venu vous enseigner votre religion.
Nous finirons ces citations par celles que nous avons tirées de Nahjul-Balâgha, «la voie de l’éloquence», le merveilleux recueil de discours de l’Imam ‘Ali (P):
«L’Islam est une lampe à partir de laquelle de nombreuses lampes sont allumées. C’est un phare illuminant le chemin d’Allah. C’est un ensemble de principes et de croyances qui satisfont tout chercheur de la Vérité et de la réalité.»
«Croyez-moi! Je ne connais pasde bénédiction aussi grande que le Paradis, cependant ceux qui la recherchent sont si paresseux et si insouciants à son égard; nide punition aussi terrible que l’enfer éternel, cependant ceux qui désirent y échapper ne semblent pas tellement le craindre.»
Le Coran est la Parole de Dieu, révélée au Prophète (P) à partir de l’âge de 40 ans.
La date de la première révélation fut, selon plusieurs historiens [4], le lundi 27 du mois lunaire Rajab de l’an 610 A.J.C. Elle lui parvint dans les conditions suivantes [5]:
Il avait l’habitude de passer le mois de Rajab dans la solitude de la grotte de la montagne de Hirâ, priant, jeûnant et méditant quand soudain une voix l’appela par son nom. Sans que personne n’apparût, la voix retentit à nouveau suivie d’une lumière éblouissante. Ensuite il vit une forme humaine portant un rouleau de soie, s’avancer tranquillement vers lui. L’ange Jibril (P), comme il le confirmera avant de partir, lui demanda de lire ce qui était écrit sur le rouleau qu’il venait de tendre devant lui.
«Que devrais-je lire?», demanda le Prophète (P).
L’ange Jibril (P), se rapprocha et lui transmit la lumière céleste qui illumina l’esprit et les yeux du Prophète (p). Puis il lui répondit:
«Lis au Nom de ton Seigneur Qui a créé. Il a créé l’homme d’un caillot de sang. Lis! Car ton Seigneur est le Très-Généreux, Qui a instruit au moyen du calame. Il a appris à l’homme ce qu’il ne savait pas.» (Al-‘Alaq, 96:1 à 6)
L’ange Jibril (P) termina sa récitation, puis avant de partir il annonça à Muhammad (P):
«Ô Muhammad! En vérité tu es le Prophète de Dieu et je suis Son ange Jibril!»
Muhammad (P) venait de recevoir de manière solennelle l’ordre de promulguer l’Unicité de Dieu.
De retour à la maison, le Prophète (p) demanda à sa femme Khadija (RA) de le couvrir. Après s’être exécutée, la sage épouse s’enquit tendrement de ce qui motivait cette demande inhabituelle de son mari.
Quand Muhammad (P) finit de lui raconter tout ce qui lui était arrivé, Khadija (RA) salua avec une grande joie l’heureuse nouvelle qui la confortait dans sa croyance en un Dieu unique.
Elle alla porter la nouvelle à son vieux cousin Waraqah Ibn Nawfal qui croyait déjà que Muhammad (P) était un prophète. Il connaissait l’hébreu et était versé dans la connaissance des Ecritures tant juives que chrétiennes. Les prophéties qui y étaient faites sur le futur prophète lui étaient parfaitement connues. Aussi vit-il en Muhammad (P) l’heureux Elu. Waraqah confirma ce qu’on lui dit en affirmant que, de même qu’aux époques antérieures Dieu avait envoyé Jîbril(P) pour faire des révélations aux grands prophètes, de même Jibril (P) était envoyé à présent par Allah à Muhammad(P) [6].
La première année de la Révélation fut appelée l’année de la Mission (Bi’thah). Quelques temps après la première, d’autres révélations vont se succéder tout au long de la vie du Prophète (P). Le Coran a été donc révélé graduellement au Prophète (P). Dieu le confirme dans Son Livre:
«En vérité c’est Nous qui avons fait descendre sur toi le Coran graduellement.» (Al Insân, 76 : 23)
Certains versets abrogent et complètent ou remplacent d’autres versets. C’est le cas en matière de testament, du nombre de femmes du Prophète (P), de l’alcool [7], etc.
Les révélations parvinrent au Prophète (P) dans diverses conditions: pendant le sommeil, à cheval ou sur le dos de sa mule ou de son chameau, parmi les gens. Souvent dans un état second où il transpirait beaucoup, même par temps de froid, et semblait très éprouvé. Il ressortait épuisé de cet état. L’ange Jibril (P) quant à lui apparaissait au Prophète (P) soit sous une forme humaine, soit sous sa forme angélique. Dans ce dernier cas il restait invisible pour les autres.
Toutes ces révélations furent mémorisées de façon automatique [8] puis récitées par le Prophète (P) à ses Compagnons dans l’ordre que Dieu lui disait de les donner, et qui n’était pas forcément leur ordre chronologique d’arrivée.
La plupart des Compagnons les récitaient par cœur. De sorte que tous les versets ainsi que l’ordre de leur agencement étaient très bien connus et récités dans toute leur originalité et leur pureté. De plus, le Prophète (P), de son vivant, ordonna aux scribes de mettre par écrit le Coran sur des lambeaux de parchemin, des peaux d’animaux, des os et des pierres. C’est ainsi que Dieu protégeait Son Livre, entre autres façons, contre les changements dont Il parle dans le Coran.
C’est l’ensemble de ces révélations qui fut rassemblédu vivant même du prophète (P). Certains Compagnons possédaient leur propre recueil et on peut penser qu’il n’existait pas de différence entre ces multiples manuscrits car les gens les récitaient de la même façon avec les mêmes particularités linguistiques et phonétiques.
Le Coran est donc un ensemble de 114 chapitres ou sourates dont le premier est la sourate Al-Fâtiha, la deuxième Al-Baqara et la dernière An-Nâs. Chacune de ces sourates est constituée par un certain nombre variable de versets allant de 3 (Sourate 103: Al ‘Asr et Sourate 110: An-Nasr) à 286 (Sourate Al Baqara). Ces sourates, toutes descendues à la Mecque ou à Médine, sont généralement réparties dans 30 hizbs, 60 çumuns et 120 quarts ou rubhu.
Cette dernière répartition en hizb, çoumun et rubhu trouve sa justification dans des raisons exclusivement pédagogiques. En effet chaque hizb regroupe un certain nombre de thèmes, et est subdivisé en deux çumuns et chaque çoumoun en deux quarts ou rubhu.
Les hizb se suivent dans l’ordre croissant des sourates sans pour autant que leur début ou leur fin ne coïncident forcément avec ceux des sourates.
Il est évident qu’une telle répartition facilite beaucoup la mémorisation mais aussi la compréhension et l’exégèse du Coran.
La sunna est l’ensemble des traditions du Prophète de l’Islam (P). Ces traditions nous sont parvenues de diverses sources, allant des contemporains du Prophète (P) aux historiens musulmans. Certains de ces historiens ont vécu plusieurs siècles après le Prophète (P). Cela est à la base de bien des réserves que l’on est en droit d’avoir sur les témoignages qu’ils portent sur le Prophète (P). Ce, d’autant plus qu’il y eut bien des motivations qui les portaient à raconter les faits de façon partisane, au point de déformer complètement l’histoire aux fins de justifier et d’embellir les actions de ceux de leur bord et même à la solde de qui ils écrivaient.
Il est vrai qu’il est resté un noyau dur de hadiths considérés comme véridiques parce que présents dans tous les recueils importants de hadiths malgré la différence des interprétations qui en sont données. Mais pour trouver une réponse juste et non partisane à propos de certaines questions, il est souvent nécessaire de faire une étude comparée et raisonnée des différents hadiths. C’est ce que nous nous évertuerons à faire tout au long de ce livre.
Parmi les auteurs de hadiths les plus côtés on peut citer:
Al Bukharî, Al-Tabâri, Muslim, Al Suyûti, Tabrâni, Hakim, Ibn Khaldun, Abul Fidâh, Imam Ahmad Ibn Hanbal, Imam Châfi’i, Abu Hanifa, etc.
Mais surtout les héritiers du livre et de la sunna du prophète (P) chez qui on ne trouve aucun écart d’interprétation:
L’Imam Ali (P), les onze Imams (P), et leurs compagnons, etc
Les cinq piliers de l’Islam sont:
1. L’attestation de foi (Chahada): il n’y a de Dieu méritant l’adoration qu’Allah et Muhammad est Son Envoyé (P).
2. La prière (Salât).
3. L’aumône légale (Zakât).
4. Le jeûne du mois de Ramadhân.
5. Le pèlerinage à la Mecque pour tout musulman qui en a la possibilité [9].
Dans l’enseignement des Ahlul Bayt du Prophète de l’Islam (P), les bases de l’Islam sont ses (cinq) principes fondamentaux (uçul al-Din) auxquels il est essentiel de croire. Ce sont:
1- L’Unicité d’Allah (Tawhîd)
2- La justice [10] d’Allah (Al-‘adl al-Ilâhi)
3- La Mission prophétique (Nubûwah)
4- La succession du Prophète (Imâmat)
5- Le Jour du Jugement (Qiyâmah)
Ils distinguent ces Fondements de la Religion des Branches de la Religion qui sont au nombre de dix:
1-La prière (Salât)
2- Le jeûne (Sawm)
3- L’aumône légale (Zakat)
4- Le Pèlerinage (Hajj)
5- L’aumône du cinquième (Khoms)
6- La lutte missionnaire (Djihâd)
7- L’injonction de faire le bien (Amr bil ma’aruf)
8- L’interdiction du mal (nahyi ‘anil mounkar)
9- L’attachement au noble Prophète et aux membres de sa Famille (tawwala)
10- La séparation d’avec les ennemis du noble Prophète et des membres de sa Famille (tabarra).
Les dispositions relatives aux transactions commerciales, au mariage, le code pénal et judiciaire constituent d’autres branches de l’Islam. [11]
Limites géographiques:
L’Arabie est une péninsule située à l’ouest de l’Asie. Elle est limitée au nord par l’Asie Mineure et la Syrie, à l’est par l’Euphrate et le Golfe Persique, au sud par la Mer Arabique et à l’ouest par la Mer Rouge.
Elle comprenait donc à l’époque de la Révélation trois grandes parties: l’Arabie Félix (zone fertile s’étendant le long du littoral et sur les côtes ouest et sud-ouest), l’Arabie Petraea (la partie rocheuse du nord-ouest) et l’Arabie désertique (tout l’intérieur).
C’est dans cette dernière partie que se trouvent notamment aujourd’hui le Hidjâz, le Yémen, le Hadramaout, Oman, l’Arabie Centrale, l’Irak et le Bahreïn.
Le Peuple et sa religion:
Les arabes modernes descendent de deux souches: celle de Qahtân ou Jactân, qui remonte à Nuh (P) et dont les descendants sont appelés le ‘Arab-al-‘Arîb, et celle de ‘Adnân, qui remonte à Ismâ’îl (P), le fils d’Ibrahim (P), et dont les descendants sont appelés les ‘Arab Moustariba. Ces derniers s’établirent autour de la Ka’bah. Muhammad (P), le Prophète de l’Islam est issu de cette souche.
Les arabes croyaient originellement en un Dieu mais l’avaient par la suite échangé contre de nombreuses divinités. De sorte qu’à l’époque de la naissance du Prophète (P), chaque tribu avait son propre dieu. Les idoles tantôt domestiques tantôt publiques étaient adorées, craintes et des hommages déférents leur étaient rendus. Image de granit gris (Al-Lat, idole de la tribu de Thaqif à Tâ’if) et de formes humaines (celles d’Ibrahim (P) et d’Ismâ’îl (P) à la Ka’bah), bloc de granit (Al-‘uzza), formes humaines (Hobal), étaient autant d’idoles vénérées. Mais au-dessus de celles-ci se trouvait de façon assez vague l’idée d’un être suprême appelé Allah au nom de qui les arabes juraient et scellaient leurs accords étant donné que les dieux préférés des uns n’étaient pas forcément ceux des autres et que nul n’acceptait de négliger son dieu devant celui de l’autre.
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