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«Les personnes intelligentes ont soif de bonne éducation comme les semis ont besoin de pluie.» disait l’Imam Ali.182
Dans son livre «L’éducation des enfants difficiles»183, Gilbert Robin écrit:
«Il est possible que certains s’irritent si j’affirme que la politesse, comme la marche ou la parole, s’acquiert naturellement et involontairement; ou en d’autres termes, elle est la première fonction sociale, ou l’ABC de la civilisation.
Il faut savoir que l’intelligence ne joue aucun rôle dans l’apprentissage de la politesse. Celle-ci s’instaure chez l’homme, bien avant l’éveil de la pensée, et l’émergence de ses signes. La politesse se sert de l’intelligence, sans en procéder. Je suis très navré quand j’entends une maman dire à son enfant: «Quand tu seras grand tu comprendras...», parce que les habitudes qui n’ont pas été prises dès l’enfance ne peuvent pas être acquises plus tard, par la raison. On peut dire que l’éducation est un esprit efficace actif qui nous préserve de l’égarement, et nous ouvre le chemin le plus juste et le plus court pour la réalisation de nos actes.
L’éducation ne permet aucune stagnation ni inertie, et tout comme elle s’oppose à la violence des sentiments et penchants, elle préserve aussi, de l’inimitié et de la haine. Elle rend l’homme sociable, et l’empêche de se désintéresser des autres, et de se replier sur soi-même, comme c’est la tendance générale.
Une personne éduquée connaît évidemment moins de solitude. L’éducation, en ce sens qu’elle est générale, fait de l’homme un être social; elle est donc une question universelle.
Elle est notre première langue vivante sociale, et aussi la cause de l’éveil.»
En dépit de tous les efforts et de toutes les entreprises que nous observons de nos jours dans la mise en place d’une législation sévère pour freiner les agressions lâches, une législation sans cesse remise à jour, et aussi en dépit des vastes organisations juridiques et exécutives suréquipées engagées dans la lutte contre les agents de la trahison, le résultat demeure encore stérile, pendant que s’élargit effroyablement le domaine de la trahison.
L’homme est de par sa nature doté d’aptitudes particulières qu’il éprouve le besoin de faire fructifier avec l’aide et la collaboration des autres. La solidarité est un agent très efficient dans le progrès et le succès de l’individu et de la sociéte.
L’homme a été créé pour mener une vie sociale, il cherche à associer ses semblables à la solution de ses problèmes.
Tant les évènements de la vie que les désirs de l’âme suscitent un certain nombre de problèmes qui font que l’homme, est exposé dans sa vie à certains épisodes amers, tourments et épreuves au cours desquels il ne peut se passer de l’aide d’autrui. Sur la base de cette règle générale de la nécessité, les devoirs des hommes dépassent le cadre de l’individu, et sont répartis entre les différentes couches sociales.
Aussi limitée ou infime qu’elle soit, l’aide que reçoit l’individu est toujours utile au progrès et à l’essor.
Comme la société se reflète dans les individus, qui en sont une représentation miniaturisée, on peut à plusieurs points de vue la comparer à un corps humain. Ce dernier comprend différents organes entre lesquels existent des relations naturelles; et la survie de l’homme dépend de ce que chaque organe accomplisse sa fonction normalement. Il en va de même pour la société dont les divers éléments sont les individus, et sa permanence exige que chaque élément connaisse ses devoirs essentiels, et qu’il consacre toute son énergie au service de la bonne gestion des rouages de la société, dans les limites de ses responsabilités et compétences définies en fonction de son savoir-faire et de ses aptitudes.
Il est possible de généraliser le bien-être matériel, et d’assurer à tous, calme et sérénité si le sentiment de la nécessaire solidarité prévaut dans les rapports mutuels.
Par la solidarité, la vie s’adoucit, les actions se fructifient, et tous les rouages de la société se mettent en branle vers le progrès.
Il est des sentiments subtils qui émanent du fond de l’homme, et dont les fruits sont inestimables, et qui suscitent en lui le désir de servir son prochain et de le secourir.
Ces sentiments dont la meilleure illustration nous est fournie par l’aide providentielle accordée à un pauvre en détresse, sont le privilège sublime de l’homme.
Ce sont eux qui lui font verser des larmes de commisération au spectacle de dénuement et d’indigence de ses prochains et le rendent apte au sacrifice et au renoncement pour réduire les douleurs de ses semblables sans être payé en retour.
Le Professeur Alexis Carrel écrivait dans ses» réflexions sur la conduite de la vie»:
«Le progrès en toute chose demande une sorte de sacrifice et d’abnégation. Rien ne progresse sinon par le sacrifice. La grandeur de l’âme, sa pureté et sa limpidité ne s’obtiennent aussi que par le sacrifice, et le renoncement au monde et à la célébrité et à toute autre chose, pour l’amour du prochain, de la patrie ou de quelque grand dessein.
L’homme qui fait abnégation de soi est comme un soldat de l’avant-garde qui s’avance volontairement sur les champs de bataille effroyables de cette vie. C’est l’esprit de sacrifice qui commande à un Noguchi de quitter le bureau de sa clinique privée à New York pour se rendre seul, en Afrique et traiter l’épidémie de fièvre jaune avant d’en être victime à son tour.
Le sacrifice est la voie de ceux qui ont appréhendé la beauté de la vérité, et qui croient de toute leur âme au Dieu Unique.
Ceux qui renoncent à eux-mêmes pour faire triompher la justice, l’amour et la concorde dans le monde entier.
Les sentiments et non la raison élèvent l’homme à l’apothéose de sa perfection.
L’âme s’exalte par le désir et la souffrance, plus que par le raisonnement. Elle s’élève même au-dessus de l’intelligence, la devance, pour révéler sa vrai essence qu’est l’amour.
Que chacun emprunte cette voie qui le mènera au-dessus des nuages, au faîte de la clarté.»
Au tréfonds de l'homme se dissimile des fois un mal qui brûle les racines de l’affection et de la conscience, et le prépare à l’abandon de toutes les vertus: l’avarice est la contradiction même de tous les engagements de la morale et de la conscience, et expose l’homme à l’humiliation et au mépris, et lui réduit son horizon de vue. L’esprit de l’avare tourne autour de l’axe de la matière, et est concentré sur la richesse. Il se frustre de la liberté de pensée nécessaire à la compréhension des réalités et des valeurs morales et spirituelles.
La richesse matérielle n’est qu’un moyen pour se garantir les besoins vitaux et n’en est pas la fin. Une fois les besoins fondamentaux assurés, l’accumulation des biens perd de son importance, car elle ne présente plus d’intérêt pour calmer les tourments et les douleurs psychologiques.
L’avare est hanté par la crainte illusoire de la pauvreté, et n’arrive jamais à se débarrasser de l’inquiétude et du chagrin qui planent au-dessus de lui. Malgré sa richesse immense, il ne connaît guère de repos et vit constamment dans le désarroi.
«Les hommes, disait le penseur anglais Avibury, désirent la richesse, et ne désirent rien d’autre, comme si rien d’autre qu’elle n’était digne d’être désirée.
Il existe beaucoup d’hommes pour qui le savoir et la connaissance ne fournissent aucune jouissance; ils se privent de repos et de sommeil, et se consacrent nuit et jour à l’acquisition de la fortune. Ceux qui veulent vivre pour amasser de l’argent s’éloignent des vérités, et semblent ignorer que la richesse est un moyen de la jouissance, non la jouissance elle-même.
L’argent est comme un pont qui nous permet d’éviter le gouffre de la misère matérielle. Combien malheureux sont ceux sui passent leur temps à consolider ce pont.
Il faut que l’argent soit à notre service et non que nous soyons au service de l’argent.
A force de quêter la richesse, on ne récoltera que fatigues et peines, et l’on éprouvera le besoin d’une seconde vie pour jouir de la fortune. Mais le temps qui passe ne revient plus, comme s’envole une parole.»
Il semble qu’il existe une corrélation directe entre la richesse et l’avarice, puisque nous voyons que beaucoup de possesseurs de richesses sont avares.
Un examen succinct des questions sociales éclairera ce point que c’est la classe moyenne, non celle des opulents, qui pourvoit aux dépenses des indigents et des déshérités.
Les opulents avares qui font l’objet du ressentiment et de la haine des pauvres, sont la cause de nombreux maux sociaux. Car les pressions résultant des frustrations et des complexes pesant sur eux constituent un facteur de propagation de la corruption et des déviations sous toutes leurs formes. Nul ne conteste le rôle que jouent ces complexes dans l’augmentation de la criminalité et de la délinquance.
Nombreux sont les riches qui abandonnent tout scrupule moral et tout sens humain du fait de la forte propension à l’accumulation des richesses, et qui aggravent leur injustice en foulant aux pieds les droits des pauvres, en abusant de la force que leur confère leur avoir, comme si tout sentiment humain s’était éteint en eux.
La générosité et l’altruisme servent le progrès, et manifestent la profondeur et l’enracinement du sentiment humain. Ils reflètent la stabilité, l’assurance de soi, et la grandeur d’âme. L’altruisme est une vertu éminente.
La figure légendaire de Hâtam Tâï continuera de rayonner tout au long de l’histoire de mériter les éloges et les hommages des hommes pour sa philanthropie et ses libéralités.
Il va de soi que la générosité et l’altruisme méritent, encore plus d’estime quand ils visent à l’obtention de l’agrément divin et à l’allègement des peines des souffrants, et qu’ils sont dépourvus de toute ostentation et de toute publicité.
L’Islam accorde suffisamment d’attention aux problèmes de la société, et a recommandé la bonté afin de consolider les bases de l’affection et de la clémence entre les riches et les pauvres; de même, il a fait abhorrer aux Croyants l’avarice.
L’Islam a aussi confirmé et ancré le principe de l’amitié et de l’entente dans la société musulmane par la mise en œuvre d’une éducation favorisant l’épanouissement des sentiments humains entre les Croyants.
Il ne permet pas qu’un musulman aisé et opulent vive dans l’indifférence à l’égard des pauvres, et voue un amour exclusif à l’accumulation de l’argent, car l’avarice et la parcimonie pourraient le conduire à violer les droits des musulmans démunis sur les riches.
Le Coran explicite cette réalité dans ce verset:
«Que ceux qui sont avares de ce que Dieu leur donne de par Sa grâce ne comptent point que ce soit bon pour eux: au contraire c’est mauvais pour eux: bientôt au Jour de la Résurrection, on leur attachera en guise de collier ce dont ils sont avares. A Dieu l’héritage des Cieux et de la terre. Et Dieu est bien informé de ce que vous faites.»184
Les musulmans doivent se soumettre aux principes de l’amitié, du réconfort et de l’entente, et faire reposer leur vie sur les bases de l’entraide et de la solidarité. Leurs cœurs seront aussi toujours animés de bons sentiments. Comme l’abjection et l’avarice constituent des freins à l’épanouissement de ces derniers, l’Islam les combat avec véhémence.
Le Prophète- que la paix et les salutations infinies de Dieu soit sur lui et sur sa Famille- a affirmé:
«Rien ne nuit à l’Islam autant que la mesquinerie.»185
La cupidité est un défaut blâmable qui fait table rase de tout repos et de toute tranquillité.
Le Messager de Dieu Mohammad Ibn Abdollah a dit aussi:
«De tous les hommes, l’avare est celui qui connaît moins de repos.»186
Un savant occidental dit:
«L’homme qui manque d’affection, en souffre généralement, et se reproche ses propres actes dont il n’est pas satisfait. C’est pourquoi beaucoup d’entre nous envient les autres, qu’ils soient riches ou pauvres, ils trouveront toujours un prétexte pour les blâmer et être malveillants à leur endroit.
Cela ne se constate pas seulement chez les pauvres envers les riches, ni inversement. Chacun de nous, trouve motif pour envier les autres. Par exemple, celui qui possède une belle maison, mène un train de vie luxueux avec sa femme et ses enfants, et jouit d’une position sociale élevée, ne s’empêche pas de reprocher à son ami moins favorisé que lui, d’être plus jeune et de mieux s’habiller.
Si son ami est dépourvu de cela, il trouvera encore un prétexte pour se montrer jaloux en lui reprochant cette fois d’avoir la chance et le bonheur de ne pas souffrir de tant de responsabilités, d’être sans enfants et sans bien aucun, et d’être épargné par les tracasseries du rang social.
C’est ainsi que l’homme, privé d’affection, se forge toujours un motif pour se présenter comme humble et méprisable, il souffre de son abjection, et fait preuve de mesquinerie envers les autres.»187
Mohammad- que la paix et les bénédictions divines soient sur lui et sur sa Famille-:
«Que Dieu ait en Sa Clémence tout homme qui retient sa langue de toute parole superflue, et qui distribue aux pauvres le surplus de ses biens.»188
«Abstenez-vous de la pingrerie, car elle a fait périr les peuples qui vous ont précédé, et les a conduit à faire couler le sang et à transgresser les interdits.»189
L’Imâm Ali:
«Je m’étonne du malheureux avare! Il se hâte vers la pauvreté qu’il croit fuir, et manque la richesse qu’il convoite, et mène ainsi dans ce monde une vie de pauvre, et sera jugé dans l’au-delà comme un riche.»190
L’écrivain anglais Avibury:
«Certains sont riches en apparence, mais pauvres en réalité: ils possèdent des biens qu’ils sont incapables de dépenser même à leur profit. Leur richesse est devenue comme un carcan d’or autour de leur cou, et n’en tirent que souffrance et douleur. Les biens sont ici une malédiction, et la richesse une source de perdition.»191
L’Emir des Croyants a aussi porté les jugements suivants:
«Par la générosité, on gagne l’amitié de ses adversaires; par l’avarice on s’attire la haine de ses propres enfants.»192
«La méfiance et le scepticisme sont les fondements de la cupidité et de l’avarice.»193
Le Dr. Farmer:
«Quand la générosité et l’indépendance de caractère, résultant de la confiance en soi et dans les autres, s’allient et s’unissent, elles entraînent le perfectionnement de l’éthique sociale, et une meilleure jouissance de l’ambiance. Sans cela, l’éthique sociale restera inachevée, et les conditions ne seront pas réunies pour une utilisation optimale du potentiel humain.»194
L’Imam Moussa Ibn Jaafar- que la paix soit sur lui- commente ainsi la générosité:
«Le généreux, d’excellent caractère est sous la protection divine. Dieu le garde constamment dans Sa bonté jusqu’à ce qu’il le fasse entrer dans le Paradis. Dieu n’a suscité aucun prophète ou Imam qui ne soit pas enclin à faire largesse. Tous les saints ont été généreux, et mon père m’a recommandé la générosité jusqu’à sa mort.»195
Dès le premier instant où l’homme vient à ce monde, il est confronté à toute une série de besoins qui l’assaillent de toutes parts.
Certains sont des nécessités primordiales pour sa survie, comme le manger, le vêtement et le logement qui sont des besoins naturels que l’on ne peut pas régler une bonne fois pour toutes. D’autres n’ont pas ce caractère d’urgence et sont en constante transformation. Ce sont des besoins vastes et indéterminables, que personne ne peut satisfaire dans leur intégralité, et qui demeurent pour cette raison utopiques.
Chacun s’emploie, selon ses motivations et ses besoins spécifiques, à gagner la richesse, et à confronter selon ses aptitudes, les difficultés et les obstacles. Et comme le confort et les commodités de la vie dépendent entièrement de la richesse, différentes conditions sociales affectent forcément les hommes. Si la subsistance devient difficile et que la situation matérielle subit les contraintes de la pauvreté, l’homme ressent les affres de l’humiliation et de l’impuissance, et se met à essayer par tous les moyens à s’en sortir.
En revanche, s’il est favorisé par la fortune, il s’enfle d’orgueil, comme si l’une n’allait pas sans l’autre. A chaque fois qu’une richesse fabuleuse tombe entre ses mains, l’homme s’enivre, et prête l’oreille aux murmures incessants de la concupiscence.
La vie présente différente faces que chacun envisage de façon propre, selon ses capacités et ses dons intellectuels. Beaucoup ne parviennent pas à un niveau leur permettant d’appréhender les réalités, et de distinguer les zones de salut de celles du danger. Il faut en effet une grande pénétration d’esprit pour s’élever au sommet du bonheur; en particulier une connaissance de soi, impossible hors du cadre de l’intellect et de la logique.
Il faut savoir pourquoi l’on est venu à la vie, puis avec cette connaissance, entamer la quête de la félicité, en choisissant la voie du progrès conformément à ses besoins, et en se prémunissant contre les penchants qui nous en détourneraient.
Le succès ne consiste pas à devancer les autres en matière de possessions matérielles, ni à œuvrer à maintenir cette supériorité. Les valeurs matérielles ne pourraient jamais devenir l’axe principal de la vie, et il n’est pas juste que l’on outrepasse pour les acquérir, les limites de la vertu et de la piété, ni de reléguer aux oubliettes les principes humanistes.
Le Dr. Alexis Carrel, prix Nobel de Médecine en 1940, écrivait:
«Dans l’ambiance intellectuelle créée par le libéralisme, la notion de profit a envahi tout le domaine de la conscience; et la richesse est comme le plus grand don.
Le succès se mesure par l’unité monétaire. La recherche du profit s’est frayé la voie dans les banques, l’industrie et le commerce et dans toutes les autres activités humaines.
Une société qui reconnaît la primauté à l’économie, ne peut pas tendre à la vertu. Car la vertu demande une obéissance aux lois de la vie et quand on se limite aux activités économiques, on cesse totalement de suivre les lois naturelles. Il n’est pas exagéré de dire que la vertu nous conduit à la Vérité, et régit l’ensemble des activités physiques et psychiques conformément à ces lois.
Un homme vertueux est comparable à un moteur fonctionnant normale ment. Les déséquilibres et les agitations de la société contemporaine sont causées par la perte de la vertu.»
L’acquisition des valeurs morales et spirituelles est le but premier de l’existence et le plus important, plus précieux des avoirs. Celui dont l’âme déborde de trésors, ressent moins le besoin de recourir au monde matériel; il réalise une sorte d’indépendance qui ne le quittera qu’avec la vie. Une telle personne ne troquera pour rien au monde sa riche personnalité.
La cupidité est un état de l’âme qui incite à l’accaparement et à l’accumulation des richesses, au point que celles-ci deviennent l’axe et une préoccupation principale.
Cette propension regrettable procède de la concupiscence, et est l’un des facteurs de désarroi et de malheur de l’engeance humaine. Elle entretient - une illusion de bonheur; et un attachement si puissant aux choses de ce monde qu’on lui sacrifie toutes les valeurs.
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