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LES APPELS À LA LIMITATION DES NAISSANCES

La question de la limitation des naissances suit une ligne variable en fonction des différentes conditions des Musulmans. Il y a des situations où le monde islamique connaît une démographie galopante. La situation économique peut arriver, dans certaines conditions difficiles, à la limite de la chute. Il peut être nécessaire, dans ce genre de situations, de recourir à la planification de la reproduction comme solution faisant partie intégrante d'un plan pour l'organisation de l'économie ou des autres ressources qualitatives de la force dans la société islamique. Les Musulmans peuvent passer à d'autres situations où il leur est nécessaire d'être quantitativement nombreux lorsque, par exemple, ils se trouvent aux prises avec des défis qu'ils ne peuvent confronter qu'au moyen de la supériorité numérique. La limitation des naissances devient dans de pareilles situations le contraire de la valeur à respecter et la reproduction massive devient l'équivalent même de la valeur positive. C'est à partir de cette dernière situation qu'on peut comprendre les paroles du Prophète (P) disant:

"Mariez-vous et reproduisez: je me vanterai, au Jour de la Résurrection, de chacun d'entre vous et même de l'avorton".

Il évoque ici le besoin, pour les Musulmans, d'être nombreux pour pouvoir faire face, en tant que tels, aux autres nations à un moment où la multitude constituait un élément de force. Il va de soi que le Prophète n'appelle pas à s'intéresser au nombre et à la quantité aux dépens de la qualité, mais il est à signaler à ce propos l'importance de la question spirituelle dans les affaires de la foi… Lorsqu'il est question de planifier dans le but d'organiser la réalité vécue dans le monde musulman, on ne doit pas être matérialiste dans notre vision des choses c'est pour cette raison que Dieu dit:

"Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté. C'est nous qui leur accordons leur subsistance et à vous aussi. Les tuer est une faute grave" Coran "al-Isra’" (le Voyage Nocturne), XVII 31.

Cela veut dire que l'homme doit prendre en considération la générosité de Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- et Sa miséricorde imprévisible dont parle le verset qui dit:

"… A celui qui craint Dieu, Dieu trouve une issue favorable. Il lui accorde des dons (qui arrivent) par où il n'e s'y attendait pas" Coran, "al-Talaq" (le Divorce) LXV 2-3.

LES RELATIONS SEXUELLES ET LE MARIAGE

Il va de soi que la recherche du mariage, de la part de l'homme ou de la femme, répond à deux besoins: un besoin charnel, naturel, et un besoin spirituel, psychologique, social et vital dont l'objet est de constituer la première cellule sociale, de fonder la maison conjugale et de préparer l'atmosphère de la quiétude spirituelle et de la tranquillité assurées par la fusion de deux êtres humains d'une manière qui brise toutes les barrières. Il est ainsi naturel, pour l'homme dont le besoin sexuel ne trouve pas une satisfaction suffisante dans le mariage, de ne pas être à l'aise dans l'atmosphère de sa vie conjugale. Cela peut menacer la tranquillité dont parle le Coran en évoquant cette question de "sakan" qui signifie la quiétude et le calme spirituel, alors que la satisfaction sexuelle assure un état de tranquillité et d'apaisement des tensions corporelles qui peut conduire, à son tour, à la quiétude spirituelle. Nous ne prétendons pourtant pas que la réussite des relations sexuelles donne plus de chance de réussite au mariage. Car il existe, comme nous venons de le dire, d'autres besoins qui constituent des éléments essentiels pour la vitalité de la vie conjugale. Nous imaginons seulement que la dimension sexuelle est très importante dans la réussite ou l'échec de la vie conjugale, dans son évolution positive ou négative.

LA RELATION SEXUELLE ET LA POLYGAMIE

Certains hommes peuvent avoir des problèmes dans leurs vies conjugales à cause de la frigidité de leurs femmes, à un moment où ils se sentent envahis par le désir d'animer la relation et de lui donner plus de vitalité. Alors, il arrive que l'homme cherche à satisfaire son désir auprès d'autres femmes qui répondraient positivement à son besoin, en cas d'impossibilité de rupture avec sa femme et le mariage avec une autre. Il peut y avoir aussi des hommes dont les relations avec leurs femmes ne manquent pas de la vitalité en question, mais qui désirent la diversité, à l'instar de ceux qui ont dit: "Nous ne supporterons pas une seule et même nourriture". Dans ce cas, il ne s'agit plus d'un besoin en rapport avec l'impossibilité de la satisfaction à l'intérieur de la relation monogame, mais d'un besoin, pour ainsi dire, supplémentaire. C'est pour répondre à ce genre de situations que l'Islam a institué la polygamie dans le but est de donner des solutions à ce problème du désir de la diversité.

 

L'EXPÉRIENCE SEXUELLE: EST-ELLE NÉCESSAIRE?

En étudiant l'histoire de l'homme sous l'aspect relatif au mariage, nous trouvons que l'expérience sexuelle avant le mariage ne constitue pas un élément important pour la réussite de la relation. Nous voyons, au contraire, que la plupart des mariages se faisaient sans expérience sexuelle préalable. Nous remarquons, à ce propos, que l'homme acquiert son expérience, par la pratique directe, dans la question nutritive et les autres questions semblables puisque les domaines régis par la nature humaine possèdent, à l'intérieur de la personnalité humaine, des éléments vitaux qui, très rapidement, procurent l'expérience nécessaire à l'homme. On peut même dire que l'expérience sexuelle pré-maritale peut intervenir pour faire échouer la vie conjugale, car l'homme qui, dans le cadre de ses relations, vit une certaine expérience, dans des conditions particulières, peut ne pas trouver leur équivalent dans la relation conjugale.

Cela peut le "complexer" dans sa relation avec sa femme qui se trouve dans l'impossibilité de lui procurer tout ce qu'il avait connu dans ses relations antérieures. Ce phénomène peut être observé chez beaucoup de personnes parmi celles qui agissent à partir de leurs expériences avec les filles de joie, que ces expériences soient menées dans le cadre de la légalité ou non, ou avec certaines femmes parmi celles qui n'adoptent pas une attitude bien déterminée dans la gestion de la relation. Ces hommes peuvent se heurter à des réactions tout à fait naturelles de la part de leurs femmes qui ne possèdent un tel "art" dans la gestion de la relation, ce qui peut pousser l'homme à considérer sa femme d'une manière négative et faire sombrer la vie conjugale, dès ses premiers pas, dans les problèmes. Nous ne sous-estimons pas la valeur et l'importance de l'expérience dans le domaine sexuel, mais nous ne pensons pas que c'est l'expérience qui assure la connaissance nécessaire à la réussite. Nous ne pensons non plus que la connaissance elle-même possède un rôle important et fondamental sur ce plan.

LA NÉCESSITÉ DE LA CULTURE SEXUELLE?

La culture sexuelle liée à la connaissance des débuts de la question sexuelle ainsi que ses conséquences et l'anatomie de l'appareil sexuel et sa physiologie, chez l'homme et la femme, est une question très importante pour l'ouverture des deux époux aux divers horizons susceptibles de mettre la relation conjugale à l'abri de beaucoup de problèmes physiques et physiques et notamment ceux dont peut souffrir l'enfant qui est le fruit de la relation sexuelle. On remarque, à ce sujet, que l'Islam évoque, clairement et franchement, la question sexuelle et les organes sexuels, dans les textes du Coran et de la Sunna, ce qui signifie que l'usage du vocabulaire sexuel n'est pas une chose avilissante ou abjecte dans la culture islamique. Parlant du contrat de mariage, l'Islam arrive même à utiliser le terme de "nikah" (coït ou copulation) qui désigne plutôt l'acte sexuel sous son aspect pratique. Ainsi, nous ne refusons pas la culture sexuelle. Mais nous disons que cette culture doit s'éloigner de l'atmosphère de l'excitation par l'adoption de la terminologie scientifique et non des films pornographiques et des autres méthodes d'excitation courantes.

Il est, pour cette raison, nécessaire que les jeunes soient prudents quant aux publications destinées à l'excitation et non pas à servir les causes culturelles et humaines. Et si certaines personnes profitent de ces publications pour réanimer certaines de leurs fonctions corporelles engourdies, elles perdent, en échange, beaucoup de leur immunité spirituelle et morale ainsi que de leur équilibre psychologique, ce qui les met en contact avec le monde à travers ses aspects sales et non à travers ses aspects propres. Mais l'Islam veut que, dans son matériel culturel, et même dans ce dont il a besoin parmi les éléments d'excitation, l'être humain utilise les moyens qui peuvent satisfaire le désir sans, pour autant, détruire la spiritualité, la moralité et la psychologie saine.

LEs TROIS CHOSES DE VOTRE VIE…

Nous trouvons beaucoup de Nobles Traditions Prophétiques allant dans le sens que nous venons d'évoquer. Parmi ces Traditions, on note celle qui dit:

"Dieu –Qu'Il Soit exalté et glorifié- m'a fait aimer trois parmi les choses de votre vie: le parfum, les femmes et celle qui procure la plus grande satisfaction, la prière"

Le Messager de Dieu (P) nous montre, avec ces paroles, qu'il est naturellement ouvert à ce besoin charnel. Il veut même nous dire qu'il est un homme ordinaire, comme les autres. Qu'il a comme nous des désirs dans la mesure où tout homme a des besoins, des espérances et des souhaits qu'il aime voir se réaliser. Le Prophète (P) voulait ainsi exprimer l'état naturel de son humanité semblable à celle de tous les autres hommes et signaler que sa prophétie ne l'empêche pas de s'ouvrir positivement à ses besoins physiques tout comme il le fait vis-à-vis de ses besoins spirituels. Ces derniers besoins sont représentés par la prière qui est supérieure aux deux autres dans la mesure où elle constitue sa plus grande satisfaction et son ascension spirituelle vers Dieu ainsi que l'un des moments privilégiés de sa rencontre avec Dieu.

Mais nous trouvons, en même temps, d'autres Traditions qui appellent à ne pas se laisser entraîner par l'amour des femmes ou par la sexualité. Ces Traditions ressemblent aux autres Traditions qui invitent l'homme à ne pas exagérer en mangeant ou en buvant au point de se voir asservi par ces besoins qui peuvent devenir comme des drogues dont il ne pourra plus se débarrasser au moment où ses engagements et ses responsabilités l'inviteront à s'en libérer. Ces Traditions évoquent l'équilibre qu'il faut respecter dans les domaines mentionnés, alors que la Première Tradition évoque l'attitude naturelle et normale vis-à-vis de ces questions.

LE PROBLÈME DU CÉLIBAT PROLONGÉ

Le célibat prolongé peut être une conséquence des conditions difficiles que pose la femme à l'homme prétendant au mariage. Une telle attitude de la femme peut être issue de certaines situations qui la pousse à des pareilles conditions en se disant par exemple: "Cet homme est moins cultivé que moi; il ne représente pas l'homme qui me convient des points de vue de sa taille, de sa personnalité ou de sa beauté; cet homme est issu d'une famille inférieure à la nôtre… et ainsi de suite. Le célibat prolongé peut aussi être la conséquence d'une situation où la femme vit des complications qui l'incitent à refuser tous ceux qui se présentent pour la demander en mariage prétextant qu'ils n'ont pas le profil de l'homme de ses rêves, profil qui peut souvent être plus proche de l'imaginaire que du réel. Les choses peuvent donc commencer de la sorte et continuer par la suite de la même manière… Mais nous savons que lorsque la femme atteint un certain âge, les coutumes sociales font de son âge une barrière qui empêche les hommes de vouloir se marier avec elle.

La difficulté peut aussi provenir des coutumes des parents qui demandent une énorme dot que le prétendant ne peut payer ou qui posent des conditions exorbitantes comme lorsqu'ils exigent qu'il leur plaise plus qu'il ne plaise à leur fille, ou qu'il ait une situation sociale équivalente à la leur. Et il existe d'autres considérations où le tempérament des parents ou les coutumes sociales interviennent pour marquer la conscience des parents, ce qui peut compliquer l'affaire en les poussant à refuser le premier, le deuxième et le troisième prétendant jusqu'à finir par précipiter leur fille dans la gouffre du célibat prolongé.

Le phénomène peut être aussi en rapport avec des conditions sociales particulières, comme lorsque la fille vit dans une ambiance où personne, de ceux qui pourraient se marier avec elle, ne peut faire sa connaissance… ou lorsque d'autres conditions externes ou internes interviennent pour aboutir au même résultat.

Il est naturel de penser, lorsqu'on se trouve face à des situations de ce genre, à l'attitude de l'Islam qui s'efforce de faciliter les affaires du mariage. La Sainte Tradition Prophétique dit à ce propos:

"Si un homme, parmi ceux dont la piété et le bon caractère sont acceptables, se présentait pour vous demandez votre fille en mariage, répondez positivement à sa demande. Sinon la discorde et la grande corruption s'installeront sur terre".

Cela veut dire que le bon caractère et la piété sont fondamentaux pour la relation conjugale. La candidate au mariage ainsi que ses parents ne doivent pas refuser le candidat présentant ces deux caractéristiques, sous prétexte d'une situation sociale prétendument négative en raison de l'appartenance du candidat à une classe sociale inférieure. L'Islam considère la dot exorbitante comme quelque chose de funeste pour la femme. Il considère également que la complication de la vie conjugale à cause de la situation économique comme répréhensible. Cette attitude de l'Islam se dégage du Noble Verset coranique suivant:

"Mariez les célibataires qui sont parmi vous, ainsi que les honnêtes parmi vos esclaves, hommes et femmes. S'ils sont pauvres, Dieu les enrichira par sa faveur" Coran, "an-Nour" (la lumière), XXIV 32.

Le verset veut dire que l'argent n'est pas pris en considération en tant que condition en rapport avec la date du mariage dans la mesure où Dieu- qu'Il soit exalté et glorifié- peut leur accorder des richesses comme Il le fait avec les autres.

Il est maintenant devenu nécessaire de changer d'attitude vis-à-vis de cette question. Il faut apaiser les conditions et les entraves du mariage et essayer de donner à la jeune fille et au jeune homme la liberté de se marier et de vivre ensemble à leur guise. Ils pourraient opter pour la location d'une chambre pour y vivre avant de finir leurs études, par exemple, et sous des conditions bien déterminées.

Ils pourraient, par exemple, vivre chez leurs parents dans le cas où ces derniers l'acceptent. Ils pourraient se contenter de tout endroit qui correspondrait à leurs possibilités. De la sorte, et en allégeant les conditions de la vie conjugale, en améliorant les traditions liées au mariage, en apaisant les exigences peu réalistes et peu humaines qu'on impose au candidat accepté par la fille, le mariage pourrait devenir beaucoup plus facile et beaucoup plus aisé.

Il existe aussi quelque chose admis par l'Islam mais que la société ne peut tolérer. L'Islam donne à la fille le droit de chercher et d'agir pour trouver son mari. Il lui donne le droit de demander à un homme de se marier avec elle, tout comme le fait l'homme en demandant à une femme de se marier avec lui. Nous devons changer les mœurs pour que le fait, pour une fille de demander un homme en mariage, ne soit pas considéré comme une atteinte à sa personnalité ou à son honneur ou comme rupture avec sa timidité ou sa retenue naturelle. Le mariage est un besoin pour la femme comme il l'est pour l'homme. Il peut même être, étant donné certaines conditions qu'elle peut confronter dans sa vie, un besoin pour la femme plus qu'il ne l'est pour l'homme. Cette considération peut être inspirée de l'histoire de cette femme qui s'est présentée devant le Prophète (P) assis avec ses compagnons pour lui dire: "O Messager de Dieu, fais-moi marier!. Le Prophète (P) et ses compagnons ne se sont pas scandalisés de cette demande et, de la façon la plus naturelle, le Prophète (P) demanda que l'un de ses compagnons la prenne en mariage. Et comme le seul homme qui a répondu positivement à la demande ne possédait rien à lui donner à titre de dot, le Prophète (P) lui demande: "Connais-tu quelques versets du Coran?". –"Oui, répondit-il!". "Je te la donne en mariage, dit le Prophète (P), contre les versets que tu connais", c'est-à-dire contre l'apprentissage, comme seule dot, de ces versets à la femme.

Cette histoire qu'on trouve dans la Sunna Prophétique nous apprend la nécessité de changer nos vues et nos conceptions.

Beaucoup de vieilles filles ont sombré dans le célibat à cause d'un complexe en relation avec le profil imaginaire du conjoint, à cause d'idées peu réalistes sur ce qu'il pourrait faire et réaliser, ou à cause de concepts inhumains et non islamiques parmi ceux qui font le contenu de la mentalité sociale. Il est donc nécessaire de se révolter contre tous ces complexes, contre tous ces concepts, et ce pour pouvoir en finir avec le célibat prolongé en tant que phénomène social. Mais on sait bien que la solution d'un tel problème ne peut pas réussir à cent pour cent.

Dans ce genre de situations, la femme doit comprendre que le mariage n'est pas tout dans sa vie. Le mariage est un besoin naturel avec lequel la femme sent qu'elle entre dans une relation de complémentarité avec l'homme. Il est donc naturel qu'elle sente un certain vide tant que le mari n'est pas trouvé. C'est ce fait qui est exprimé par le noble verset qui dit:

"Elles sont un habillement pour vous et vous êtes un habillement pour elles" Coran, "al-Baqara" (la vache), II 187.

De même qu'on se sent nu, lorsqu'on ne met pas un vêtement, la femme et l'homme se sentent nus et vivent l'expérience de manque lorsqu'ils ne se rejoignent pas pour vivre ensemble.

Mais la femme doit considérer qu'il ne lui est pas nécessaire de penser que, dans la vie, le bonheur consiste à obtenir tout ce que nous aimons. Car il y a des choses que nous aimons et que nous n'arrivons pas à réaliser. La femme non encore mariée doit considérer les autres femmes mariées qui, peut-être, connaissent des problèmes plus graves que ceux de celles qui souffrent du célibat prolongé.

Cette femme ne doit pas considérer son célibat comme un châtiment divin et éternel. Elle doit, tout en continuant à chercher les moyens de dépasser sa situation, se consacrer au développement de sa personnalité par les activités culturelles et sociales. Elle doit déployer ses efforts pour mettre en valeur les éléments fondamentaux de sa personnalité, ce qui peut faire d'elle un être humain dont la société reconnaît l'importance et la nécessité plus que ne le fait l'homme.

Pour cette raison, cette femme ne doit pas se soumettre aux sensations négatives et étouffantes. Elle doit s'ouvrir à la vie d'une manière plus ample, car les possibilités de la vie sont immenses et ses horizons considérablement larges.

LE MARIAGE TEMPORAIRE

Si l'on se réfère à l'histoire de la législation islamique, nous trouvons que les Musulmans s'accordent sur le fait que le Prophète (P) ait institué le mariage temporaire dans des conditions particulières. Mais certains Musulmans pensent que ce mariage ait été abrogé ce qui signifie que ce qui été considéré comme licite est devenu illicite. Certains autres Musulmans pensent que ce mariage a été permis deux fois et abrogé deux fois. Mais les sources islamiques chi'ites affirment, en se basant sur des rapports traditionnels, que ce mariage n'a pas été abrogé. Elle soumettent, en même temps, les rapports affirmant l'abrogation de ce mariage, à un examen minutieux, tout en présentant des Traditions affirmant que la prohibition était du genre administratif émanant du deuxième calife 'Umar Ibn al-Khattab qui aurait dit: "Il y avait, au temps du Prophète, deux jouissances qu'il avait permises. Quant à moi, je les défends et je punirai ceux qui s'y adonneront".

Et comme on sait que personne ne pourra interdire ce qui a été permis par le Messager de Dieu (P), on ne peut que comprendre la prohibition en question en tant que prohibition administrative dictée par un intérêt limité à un moment bien déterminé.

Quoi qu'il en soit, la jurisprudence islamique chi'ite part d'une considération selon laquelle la législation concernant ce mariage n'a pas été changée, alors que la jurisprudence islamique sunnite part d'une considération selon laquelle cette législation a été abrogée à partir de l'abrogation de la permission émanant du Prophète (P).

Les jurisconsultes chi'ites citent une Tradition émanant de l'Iman 'Ali qui dit: "Si 'Umar n'avait pas prohibé (le mariage de) la jouissance, personne en dehors des malheureux n'aurait commis l'adultère", ou selon, une autre version, "très peu de gens auraient commis l'adultère".

C'est donc sous cet angle qu'on peut discuter cette question qui constitue un objet de controverse entre les Musulmans et, peut-être aussi, entre les non musulmans. C'est ce que nous avons remarqué lorsque ash-Shaykh Rafsanjani (président de la République Islamique de l'Iran) avait posé la question dans l'un des Discours du Vendredi. Les agences de presse étrangères se sont alors pressées, dans leurs titres et dans leurs analyses, à parler de ce qu'elles ont considéré comme un appel à la libération ou même au libertinage sexuel. Ainsi, l'idée qu'on peut se faire de ce mariage l'identifie à des simples états de licence sur le plan sexuel, licence qui pourrait arriver, dans l'imagination de beaucoup de gens, à la limite de l'anarchie totale. On peut aussi croire que ce mariage entraîne beaucoup de problèmes sociaux dans la mesure où il constitue une affaire particulière et limitée aux deux personnes concernées. Cela peut entraîner maintes problèmes de nature sociale en liaison avec ce que représente les termes de la "libération" ou du "libertinage" sexuels auxquels il pourrait s'identifier au niveau des conséquences et des faits, sans qu'il en soit ainsi sur le plan juridique.

Nous pouvons étudier la question, après l'avoir fondée et justifiée, du point de vue légal, par la référence aux discussions jurisprudentielles compétentes. Il n'est point besoin de dire qu'il ne s'agit pas ici d'une approche jurisprudentielle qui traiterait la question du point de vue de sa valeur positive ou négative… Il s'agit seulement d'envisager la question du point de vue social et de s'interroger: le mariage temporaire constitue-t-il ou non un besoin social nécessaire pour trouver une solution au problème sexuel? Cette question est fondée, bien sûr, sur le fait que le mariage permanent peut constituer une solution à ce problème en raison de ses conséquences positives au niveau de la vie sociale.

Il est nécessaire, pour répondre à cette question, de l'étudier d'un point de vue historique. On constate, à cet effet, que le mariage permanent constitue une institution connue depuis toujours. Mais il allait toujours de pair avec les relations illégales qui ont constitué, elles aussi, un phénomène humain dominant tout comme le mariage permanent, et ce en dépit de la disproportion quantitative relative à l'étendue de chacun de ces deux phénomènes.

La question qui se pose, à ce sujet, est la suivante: pourquoi l'homme a-t-il eu besoin de l'adultère ou des relations illégales tant que les relations légales étaient en vigueur surtout dans les vieilles sociétés où la polygamie constituait un phénomène ordinaire dans la mesure où la monogamie n'est devenue –que tardivement- l'institution légale de la législation civile occidentale influencée par la législation chrétienne dans ce domaine?

Pourquoi ce phénomène a-t-il pris cet aspect?

On peut dire, tout d'abord, que le mariage permanent n'a pas résolu le problème sexuel, car l'homme peut avoir besoin, dans beaucoup de situations, d'aller au-delà du mariage permanent, et ce lorsque ce mariage ne lui permet pas (par exemple, lorsqu'il est en voyage ou dans n'importe quelle autre situation exceptionnelle) de varier ou de renouveler ses relations sexuelles.

On peut donc constater que les relations illégales étaient en vigueur dans les conditions où les possibilités du mariage permanent faisaient défaut, où lorsque certains penchants ou besoins imposaient le recours à des relations en dehors du cadre de ce mariage.

D'où, on peut signaler que la législation, toute législation, doit –lorsqu'elle étudie l'intérêt de l'être humain à travers la confrontation qu'il fait avec ses problèmes- fermer toutes les brèches qui pourraient alimenter ces problèmes et les nourrir. Et si l'on s'accorde sur le fait que l'Islam considère la dimension sexuelle de la vie de l'homme comme un besoin naturel instinctif qui s'ajoute à ses autres besoins naturels sans ornements, sans sacralités, sans sentiments d'infériorité pour ce besoin et sans préjugés le considérant comme sale ou souillé car il est un besoin naturel tout simplement… si l'on s'accorde sur tous ces faits, nous trouvons qu'il n'est en rien nuisible ou humiliant pour la femme et pour l'homme de chercher à satisfaire ce besoin dans le cadre de la Loi.

La relation sexuelle est très naturelle du point de vue islamique. Mais comme elle est en rapport avec la question des rapports relatifs, et des autres relations de ce genre, l'Islam cherche à situer cette relation à l'intérieur d'un cadre bien limité.

On peut penser que l'Islam prend en considération le besoin qu'a cette relation sexuelle d'être stable. Cela est indispensable pour assurer la stabilité des responsabilités de la maison conjugale, sur le plan de la distribution des responsabilités et des droits de chacun de l'époux et de l'épouse. Le mariage permanent est ainsi institué pour répondre à ce genre de considérations.

D'autres part, ce mariage peut ne pas être une solution dans certaines circonstances. Il y a des hommes et des femmes qui ne présentent pas, pour des raisons bien déterminées, le profil nécessaire pour le mariage permanent. Ainsi, et comme la question sexuelle est un besoin naturel de l'homme et de la femme, le mariage temporaire intervient, dans ces circonstances, pour constituer la solution qui leur donne le moyen d'organiser une relation temporaire, dans le cadre de la Légalité.

Cela veut dire que l'Islam leur donne le moyen d'établir une relation sur la base d'un contrat, d'une dot et de certains autres engagements, comme ceux en rapport avec les conséquences et les fruits de ce mariage où l'enfant né de ce mariage est légitime à cent pour cent, sans différence aucune avec l'enfant né du mariage permanent. Cela fait de la relation sexuelle temporaire une relation conjugale où certaines responsabilités comme celles relatives à la pension et aux autres dépenses sont nettement inférieures dans la mesure où la nature de cette relation est différente de celle du mariage permanent dont les problèmes ne sont pas tout à fait les mêmes.

Les paroles de l'Imam 'Ali (P) disant: "Si Umar n'avait pas prohibé (le mariage de) la jouissance, personne en dehors des malheureux n'aurait commis l'adultère" nous font comprendre que l'adultère constituait un besoin dans la mesure où le mariage permanent ne satisfait pas tout ce besoin. Pour cette raison, il était nécessaire d'instituer un autre mariage pour compléter la satisfaction de ce besoin. Ce mariage est le mariage temporaire.

On peut, d'une manière générale, comprendre et justifier la législation de ce mariage qui est, à notre avis, encore en vigueur, du point de vue de l'opinion qui lui est favorable. On peut dire aussi que ce mariage est intervenu pour proposer une solution du problème sexuel dans la vie humaine.

Quant à savoir pourquoi la plupart des gens refusent ce mariage et pourquoi il existe tant de controverses à son sujet, la réponse est qu'il est considéré, par beaucoup de Musulmans, comme une relation illégale. Ainsi, ils le refusent comme ils le font à l'égard de toute autre relation illégale. Ce mariage n'est même pas familier dans les milieux islamiques chi'ites bien qu'ils le considèrent comme légal. Il est naturel pour les sociétés d'envisager beaucoup d'affaires peu familières comme elles le font avec les affaires illégales. Ainsi, les gens, même dans certaines sociétés chi'ites considèrent le mariage temporaire (le mariage de la jouissance) d'une manière plus dangereuse que celle avec laquelle ils considèrent l'adultère. Ils peuvent prendre une attitude mécontente vis-à-vis de l'adultère, alors que, vis-à-vis du mariage temporaire, ils prennent une attitude violente. C'est ce que nous avons remarqué dans les mass medias au début de l'avènement, dans le milieu chi'ite, du mouvement islamique engagé qu'on présente sous le nom de "fondamentaliste" (usuliyya). Les mass médias ont alors longuement évoqué ce mariage et son ampleur. Beaucoup de discours attaquaient le mouvement islamique à travers ce phénomène qui n'était même pas un phénomène, mais plutôt des cas individuels. Nous signalons que ceux qui attaquaient ce phénomène représenté par le mariage temporaire, n'avaient pourtant rien à reprocher aux relations illégales qui se font au nom de la liberté sexuelle. Le mariage temporaire, ou de "jouissance" est une affaire peu commune. Pour cette raison, les gens prennent à son égard la même attitude qu'ils prennent à l'égard de tout autre chose peu commune et peu familière. Mais on y ajoute aussi la part des mass médias qui cherchent, avec leur jeu de l'information-consommation, à marquer des points noirs sur le compte de tel ou tel mouvement ou orientation.

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