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LES QUESTIONS PERSONNELLES DE LA VIE CONJUGALEIl est nécessaire, tout d'abord, d'évoquer un point présent au niveau de tous le rapports humains. A savoir que chacune des parties de la relation humaine doit comprendre que l'autre possède, comme nous, une sphère personnelle qu'il ne faut pas envahir ou violer. Il est donc nécessaire pour chacun de ne pas chercher à supprimer la sphère personnelle de l'autre, dans le but de s'approprier sa liberté de bien s'installer dans sa propre sphère personnelle. Il est naturel qu'en dehors de la vie conjugale, le mari continue à entretenir des relations avec ses parents et ses amis anciens et nouveaux. Il est naturel aussi que la femme continue à entretenir ce même genre de relations. C'est que la personnalité de chacun d'eux et les différences de leurs statuts sociaux et de leurs relations peuvent être à l'origine d'une particularité différente pour chacun d'eux. Les différences peuvent aussi être présentes au niveau de la culture. L'un peut avoir une culture scientifique et l'autre littéraire. Il n'est pas possible, dans ce cas, que l'un d'eux impose sa culture à l'autre en lui supprimant sa propre culture. Sur cette base, il est naturel que, dans certaines phases de sa vie conjugale, le mari se voit prisonnier de ses propres particularités au point que cela donne naissance à une attitude négative vis-à-vis de sa femme, et ce en raison de certaines failles dans les relations de ses parents avec sa femme, ou en raison de certaines failles dans les relations de sa femme avec ses amis… Et il en est de même pour ce qui est de la femme. Les deux parties doivent donc tracer des limites et des frontières fixes entre les sphères personnelles de chacune d'elles, et ce dans le but d'éviter que l'une ne pèse sur l'autre dans ce domaine. Ils doivent, dans le cas où la vie conjugale l'exige, sacrifier certaines de leurs sphères personnelles qu'il est possible de sacrifier si un tel sacrifice ne conduit pas à une situation plus difficile à supporter, comme lorsque la nécessité s'impose de renoncer à certaines amitiés ou à certaines relations occasionnelles sans importance capitale pour la vie conjugale. Quant aux sphères personnelles qui revêtent une importance fondamentale, comme dans la relation du mari, ou de la femme, avec leurs parents, ou entre eux-mêmes, il est indispensable d'étudier toutes les situations afin de s'accorder sur les règles qui empêchent les questions personnelles de l'un de se transformer en un état d'agression sur celles de l'autre. Une telle étude ne peut se faire sans beaucoup de rigueur et de sagesse en raison des sensibilités particulières de certaines relations qui peuvent causer de l'embarras pour le mari ou pour la femme, comme c'est le cas de l'intervention des parents dans les affaires conjugales de leurs enfants. Une telle situation ne peut pas être étudiée dans ses détails et tout ce qui peut se faire est de fixer une ligne générale en vertu de laquelle le mari doit considérer que sa femme n'est pas la femme de tous ses proches parents. De son côté, la femme doit considérer que son mari est son mari à elle seule et, de ce fait, elle ne doit pas permettre à ses proches parents d'intervenir dans la vie de son mari, comme s'ils avaient un plein pouvoir sur lui. Et il en est de même pour le mari. Le père peut avoir de l'autorité sur son fils. Mais cela ne lui donne pas le droit d'avoir de l'autorité sur la femme de son fils. Il peut avoir de l'autorité sur sa fille, mais cela ne veut pas dire que son autorité s'étend au mari de sa fille. Le mari et la femme sont deux personnes indépendantes de leurs parents respectifs et, de ce fait, il ne faut pas mélanger les choses. Mais un peu de courtoisie, de la part du mari ou de la femme, peut parfois être nécessaire pour la protection de la sphère personnelle indispensable, à son tour, pour sauvegarder la sphère commune. Les deux époux doivent donc s'accorder et se comprendre mutuellement sur ces questions pour éviter l'intervention des éléments extérieurs qui pourraient saper, de l'intérieur, les fondements de la vie conjugale. FRAPPER SA FEMME?Toute personne peut avoir la mentalité du fort ou celle du faible. Le fort manifeste très souvent sa supériorité vis-à-vis du faible. Il est facile de remarquer que le père ou la mère frappent leurs enfants même quand il ne s'agit pas de les éduquer. Il est facile de remarquer aussi que le gouverneur ordonne qu'on ouvre le feu sur son peuple, ou qu'on l'emprisonne, ou qu'on le pourchasse et le maltraite. Dans tous ces phénomènes, on trouve le même constat: le fort opprime le faible. Pour ce qui est de l'homme et de la femme, la mentalité du premier vis-à-vis de la seconde est celle du fort vis-à-vis du faible. Cela lui donne l'impression qu'il a le droit de frapper sa femme et de le faire à sa guise, sans se soucier du fait qu'il ait ou q'il n'ait pas le droit d'exiger de sa femme ce qu'il lui exige. Il se peut aussi que l'homme maltraite sa femme pour se soulager ou se défouler en réaction à ses heurts avec les autres. La qualification légale est claire à ce sujet: Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- ne donne à l'homme le droit d'exercer son autorité vis-à-vis de sa femme, dans le cadre de la relation conjugale, que dans une seule situation dont nous parlerons tout de suite. La femme épouse est, dans le cadre des relations humaines en général, comme toute autre femme étrangère par rapport au mari. Il n'a aucun droit de l'insulter ni de la frapper ni de la chasser injustement de sa maison. Il n'a pas non plus le droit de la maltraiter ou de lui faire du tort, dans tous les sens de ces mots, et comme si elle était une femme totalement étrangère. Dieu ne donne pas à un être humain le droit de s'imposer sur un autre être humain, dans ces domaines de la vie, que le second ait ou non une relation avec le premier. Il y a une seule situation où l'Islam évoque le fait de frapper: il s'agit de la situation où la femme se révolte et renonce à ses devoirs conjugaux, comme lorsqu'elle l'empêche d'avoir avec elle les rapports sexuels au sujet desquels elle doit toujours avoir une attitude positive, sauf dans les cas où elle ne peut pas le faire pour des raisons impérieuses. Dans ce cas l'Islam propose plusieurs solutions pour mettre fin à la révolte de la femme. Nous en évoquons deux: La première consiste dans les conseils qu'il faut donner à la femme pour lui ouvrir les yeux sur la gravité de l'erreur qu'elle commet et sur les conséquences négatives d'une telle attitude dans ce bas-monde et dans l'Autre-Monde. La seconde consiste dans l'abandon du lit conjugal, ce qui est une punition psychologique. L'homme peut ainsi dormir dans un endroit autre que celui où dort sa femme. Il peut lui tourner le dos, ou faire n'importe quel autre geste de ce genre. Si ces deux solutions s'avèrent inefficaces, le mari peut alors avoir recours au fait de frapper, dans la mesure où il est dans son droit face à sa femme qui se révolte sans raison valable et refuse d'écouter le conseil et de réagir convenablement à l'abandon. Frapper devient donc un droit du mari qui cherche à sauvegarder la maison conjugale et à l'empêcher de s'écrouler avec le divorce. En réalité, la femme qui n'écoute pas le conseil et ne craint pas l'abandon et la punition psychologique est une femme qui ne peut être rendue à la raison que par les coups. La femme sage, posée et équilibrée est celle qui écoute le conseil, qui s'ouvre à la discussion et qui réagit psychologiquement d'une manière qui ne conduit pas à l'abandon, par son mari, du lit conjugal. Quant à la femme qui n'écoute, ni n'entend, ni ne se montre sensible, elle est une femme anormale et le fait de la frapper est la dernière solution, l'opération chirurgicale qui sauve la vie conjugale. L'enseignement indique aussi que frapper la femme ne doit pas aller au-delà de la fonction de correction. Il ne faut ni la blesser, ni lui casser un os, ni le faire sous l'influence d'un problème ou d'un "complexe psychique". C'est donc la seule situation où il est permis de frapper la femme et il faut qu'auparavant, tous les moyens pacifiques soient essayés. Dans toutes les autres situations, le mari n'a aucunement pas le droit de frapper sa femme pour des raisons comme son refus d'allaiter l'enfant ou de préparer les repas… car toutes ces fonctions ne font pas parties des devoirs de la femme envers son mari. C'est ainsi que se présente l'avis de l'Islam en ce qui concerne cette question. Pour cette raison, tous ceux qui frappent leurs femmes, en dehors des limites fixées par Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- sont des personnes injustes et peu importe qu'ils frappent leurs épouses, leurs sœurs ou n'importe laquelle des autres femmes. LE SENS DE LA TRADITION QUI DIT:"CONSULTEZ-LES MAIS FAITES LE CONTRAIRE DE CE QU'ELLES VOUS CONSEILLENT"Il se peut qu'on attribue cette Tradition au Prophète (P). Mais elle a été comprise et bien exploitée pour signifier le mauvais traitement de la femme. Nous pensons que le sens profond de cette Tradition est différent de la signification qu'on lui attribue et ce pour la simple raison que cette signification ne s'accorde pas avec la nature des droits généraux en Islam. Si l'on prend le sens apparent de cette Tradition, nous trouvons que l'homme doit consulter la femme au sujet de toute question avant de décider que le bon choix est le contrarie de son avis, même si cet avis est bon. Mais s'il est vrai que nous accusons certaines femmes d'être trop affectueuses dans les questions qui touchent à l'affectivité, ou d'être affectées paf l'arriération qui les entoure et qui peut influencer leur réflexion, il est vrai aussi que nous ne pouvons pas dire que toutes les femmes sont soumises à l'influence de l'affectivité dans toutes les évaluations qu'elles font des questions intellectuelles ou sociales. Nous ne pouvons pas dire que toutes les femmes sont arriérées. Dans le même sens, on ne peut pas dire que tous les hommes constituent leurs avis à partir de la réflexion rationnelle, car beaucoup d'entre eux le font à partir de l'affectivité. Il arrive même qu'ils soient, dans certaines situations, plus affectifs que les femmes dans leurs façons de gérer leurs vies. Comment donc comprendre cette Tradition? Nous pensons que cette Tradition s'inscrit dans le cadre de la nécessité, pour l'homme, de ne pas se soumettre à la femme et ce du fait que l'élément naturel qui régit leur relation est le rapport affectif ouvert sur l'élément instinctif et sexuel. Il est naturel, comme nous le savons, que cette fusion de l'élément affectif et de l'élément instinctif ait une grande influence sur la personnalité de l'homme. Cela peut le pousser à être attiré par elle de la même manière qu'il peut lui être soumis, de sorte qu'elle peut arriver à lui imposer ses opinions et le pousser, en exploitant sa soumission à son instinct et à son affectivité, à adopter des mauvaises attitudes. C'est ce que nous remarquons dans les méthodes des services secrets qui utilisent les femmes pour obtenir, à travers les relations personnelles et intimes, des secrets militaires auprès des dirigeants militaires ou politiques. La Tradition mentionnée souligne, d'après ce que nous pensons, la nécessité, pour l'homme, de ne pas habituer la femme à le dominer et à lui imposer ses avis dans toutes les circonstances. Une telle attitude peut conduire à sa domination définitive par elle ainsi qu'à l'effacement totale de sa personnalité devant elle. "Consultez-les, mais faites le contraire de ce qu'elles vous conseillent". Veut donc dire: habituez-les à être contredites. Une telle habitude permet à l'homme d'être solide vis-à-vis des exigences de la femme et habitue la femme à comprendre que l'homme peut refuser certaines de ses exigences. Cela s'accorde avec les paroles attribuées à l'Imam 'Ali (p) disant: "Ne leur obéissez pas dans ce qui est acceptable pour ne pas les encourager à prétendre à l'inacceptable". Cela veut dire que l'homme ne doit pas habituer la femme à être absolument obéie, dans ce qui est permis ou acceptable, dans le sens où l'obéissance doit être vouée à ce qui est permis et acceptable et non pas à la femme elle-même. L’obéissance vouée à la femme et qui s'identifie à la soumission peut inciter la femme à vouloir habituer l'homme à accepter l'inacceptable par l'exploitation de ses penchants affectifs et instinctifs. Pour cette raison, la Tradition mentionnée ne parle pas de la valeur de l'opinion de la femme pour dire que l'opinion de la femme est sans valeur. Elle parle plutôt de la nature de la relation entre l'homme et la femme et indique que cette relation doit être fondée sur la prudence dont la fonction est de signaler à la femme la possibilité qu'a l'homme de la contredire, et à l'homme la nécessité de ne pas se soumettre à elle. "Consultez-les, mais faites le contraire de ce qu'elles vous conseillent" ne veut pas dire que l'opinion donnée par la femme, en réponse à la consultation de l'homme, est contraire à la vérité. La Tradition demande aux hommes d'habituer les femmes à être contredites dans certaines situations, pour qu'elles ne soient pas tentées par la facilité d'exploiter le côté affectif de l'homme dans le but de l'exploiter, et pour que l'homme, lui-même, se montre assez ferme pour ne pas perdre le contrôle de la situation. Il est donc naturel que l'homme consulte la femme, sur cette base, et de discuter avec elle tout en acceptant qu'elle discute avec lui pour que la discussion soit la base à partir de laquelle il est possible d'atteindre la vérité à travers la conviction. Nous avons dit, au début, qu'il ne nous est pas possible d'adopter le sens apparent de la Tradition mentionnée, car si nous le faisons ainsi, elle signifierait que l'homme qui, par exemple, ne fait pas la prière et qui consulte sa femme pour savoir s'il doit la faire ou non, doit continuer à ne pas la faire si sa femme lui donne le conseil de la faire! Le sens de la Tradition n'est pas celui-là, mais plutôt: "Consultez-les, dans certaines situations et contredisez les, dans certaines autres, et ce pour que la femme comprenne qu'elle ne possède pas l'homme pour prétendre à le dominer et pour que l'homme comprenne qu'il ne doit pas se soumettre à la femme et qu'il doit être prudent dans ce domaine et résister à l'affectivité qui pourrait le conduire vers ce qui ne plaît pas à Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié-". On peut ajouter à tout cela le fait que l'Islam considère la société islamique comme la société de la Consultation. Dieu -qu'il soit exalté et glorifié- dit dans son Livre: "…Ils (les Croyants) décident de leurs affaires par consultation" Coran, "ash-Shura" (la Consultation), XLII, 38. Cela veut dire que les gens doivent se consulter au sujet de toutes les affaires qu'ils ont à traiter et cette consultation permet de profiter de l'expérience ou de la connaissance des uns et des autres. Sur la base de cette considération, la femme qui fait partie de la société islamique est concernée par la consultation. Il existe des domaines où l'homme et la femme ont des responsabilités communes comme c'est le cas de la maison, des enfants et des relations sociales communes. Lorsque la femme possède un niveau culturel, politique et social qui lui assure l'expérience nécessaire dans ces domaines, l'homme doit la faire entrer dans un dialogue avec lui qui représenterait la ligne de la Consultation. Il doit délibérer avec elle au sujet des questions politiques, sociales et culturelles. Et si nous considérons que la consultation ne représente pas une affaire d'obéissance de l'un à l'autre, mais un dialogue où chacun présente son point de vue pour qu'il soit discuté par l'autre, et pour que la discussion s'inscrive dans la ligne de l'échange visant à atteindre une conviction ou une entente commune, nous trouvons alors qu'aucun problème ne peut se dresser pour empêcher la consultation de la femme par l'homme ou celle de l'homme par la femme. Cela est d'autant plus utile que chacune des deux parties est libre d'accepter les propositions de l'autre si elles lui paraissent convaincantes ou de les refuser dans le cas contraire. Il est donc possible de consulter la femme au sujet de toutes les affaires qu'elles connaît, surtout si ces affaires font partie de celles en relation avec sa propre expérience à elle et avec leur responsabilité commune à elle et à lui. Nous aimerions affirmer, encore une fois, que la discussion concerne la sphère de l'expérience du désaccord qui peut intervenir, dans certaines situations, et qui doit s'inscrire dans le cadre de l'équilibre qui doit, à son tour, marquer la nature même de la relation entre l'homme et la femme. LA LUTTE SACRÉE DE LA FEMME ET L'AUTORISATION DU MARIPour étudier la question de la lutte sacrée de la femme et l'autorisation du mari nécessaire pour que la femme puisse sortir pour l'exercer, nous devons, tout d'abord préciser la nature de cette lutte sacrée. Fait-elle partie des activités obligatoires de la femme, du fait que le moment actuel de l'historie de l'Islam caractérisé par la confrontation avec l'impiété et l'istikbar (l’arrogance) a besoin de l'effort de la femme, comme de celui de l'homme, dans les différents domaines de la culture, de la politique et de la guerre? La lutte dans ces domaines est-elle obligatoire pour la femme comme elle l'est pour l'homme du fait que l'intérêt général exige que tous les efforts soient déployés pour atteindre les objectifs escomptés dans tel ou tel domaine de l'action islamique? Lorsqu'il s'agit d'un devoir que la femme doit accomplir dans les situations imprévues qui changent en fonction du temps, il est nécessaire de poser une autre question: l'obligation de la femme est-elle du genre "'ayni" ou du genre "Kifa'i"? Car les obligations de l'homme ou de la femme peuvent être du genre "kifa'i" c'est-à-dire, elles peuvent relever des responsabilités de tous les sujets responsables de l'application de la loi, mais cessent de l'être du moment où la tâche est parfaitement accomplie par une partie de ces sujets. Mais elle peuvent être aussi du genre "'ayni" où chaque sujet responsable doit accomplir la tâche lui-même et abstraction fait de la participation ou de la non participation des autres à son accomplissent. Cela veut dire que, dans le cas ou, s'agissant de l'obligation "kifa'i", la tâche obligatoire pour la femme est accomplissable par un homme et qu'un homme ait effectivement accompli et perfectionné cette tâche, comme si son auteur était la femme elle-même, l'accomplissement de la tâche cesse alors d'être obligatoire pour la femme. Mais si l'homme ou n'importe quelle autre femme n'accomplit pas la tâche de la femme en question, il est alors de son devoir de l'accomplir elle-même. Les jurisconsultes appellent la distinction entre obligations "'ayni" et obligations "kifa'i" quant à la question de l'autorisation que la femme doit demander, à son mari ou à ses parents, pour pouvoir accomplir certaines tâches. Les avis jurisprudentiels sont à ce propos nombreux et diversifiés. Mais certains avancent que, conformément à l'obligation "kifa'i", l'autorisation du mari est indispensable si la tâche que la femme demande à accomplir est contraire au droit légal du mari. L'autorisation parentale est aussi indispensable dans le cas où des dangers liés à l'accomplissent de la tâche par la fille sont à craindre. Si l'obligation est du genre "'ayni", c'est-à-dire du genre où la tâche continue à être obligatoire pour la femme, qu'elle soit ou non accomplie par une autre femme ou par un autre homme, aucune autorisation n'est nécessaire de la part des parents ou du mari. La femme ne doit donc pas, dans cette situation précise, demander l'autorisation des parents ou du mari. Plus encore: elle doit leur désobéir s'ils cherchent à l'empêcher d'accomplir son devoir. COMMENT RESSOUDER LES DIFFÉRENDS CONJUGAUX?Si un conflit oppose l'homme et sa femme, les parents doivent s'efforcer de les réconcilier. C'est ce qui est prôné par le noble verset coranique qui dit: "Si vous craignez la séparation (des deux conjoints), envoyez un arbitre de sa famille à lui et un arbitre de sa famille à elle. S'ils veulent se réconcilier, Dieu les aidera à le faire". Coran "an-Nisa'" (les Femmes), IV, 35. Et si les tentatives de réconciliation échouent, on recourt au divorce qui devient la solution inévitable, lorsque tous les moyens de sauver la vie familiale s'avèrent inopérants et lorsque la vie commune commence à constituer un danger pour les deux conjoints, ou pour les enfants et la société. Dans ce cas, le divorce devient un moyen naturel de mettre fin à la relation, un moyen semblable à toute autre rupture, dans tout autre genre de relations humaines. Le divorce devient une solution dans les situations où la vie conjugale se transforme en une suite sans fin de problèmes, où la vie devient semblable à un enfer insupportable, où les deux conjoints ne retrouvent plus la paix spirituelle et vitale dans leurs relations l'une avec l'autre. Il devient une solution lorsqu'en même temps, la discorde menace d'avoir des retombées au niveau du développement spirituel naturel des enfants, retombées qui pourraient être à même de détruire leur constitution psychologique et mentale. La discorde peut aussi donner lieu à des problèmes sociaux à travers les rapports des deux époux avec leurs familles respectives, ce qui veut dire que la poursuite de la vie commune sans pour autant mettre fin aux problèmes peut conduire à une discorde aveugle entre les familles des deux conjoints… Dieu a fondé le mariage sur l'amour et la compassion. Si ces deux instances cèdent la place à la haine, à la rancune et à la cruauté, si la réalité ne peut pas être améliorée et si la relation conjugale commence à menacer de se transformer en un lieu animé par la désobéissance à Dieu, un lieu où la femme désobéit à Dieu à travers sa mauvaise relation avec son mari et où le mari désobéit à Dieu à travers sa mauvaise relation avec sa femme… Il est obligatoire, dans telles situations, de recourir au divorce. Il est naturel que tout homme en relation avec un autre, dialogue avec lui. Cela est d'autant plus nécessaire dans la relation conjugale dont l'influence, positive ou négative, ne touche pas les deux époux seulement, mais va jusqu'à affecter les enfants et le milieu social ambiant. Il est naturel que tout, entre les deux époux, soit fondé sur le dialogue. Le Noble Coran souligne se fait en disant: "Repousse (le mal) par ce qui est bien…!". Coran XXIII, 96. Cela veut dire que l'homme doit toujours imaginer les moyens susceptibles de résoudre les problèmes par l'éclaircissement des zones obscures et ambiguës dans le cas où c'est l'ambiguïté qui est à l'origine de l'incompréhension ou du malentendu, et par la liquidation des complications internes si celles-ci sont possibles à liquider. Il va de soi que l'Islam n'encourage pas le divorce, tout comme il n'encourage pas la rupture de toute autre relation, même au niveau des amitiés personnelles, qu'une fois que tous les moyens sont épuisés de sauvegarder la relation et de l'ouvrir à tous les horizons des causes humaines qui affirment son évolution dans le sens de l'intérêt des personnes concernées. Il est donc nécessaire pour les deux époux d'apprendre la langue du dialogue avant d'entamer leur vie conjugale. C'est ce que nous avons essayé de souligner dans certains de nos discours. Les parents doivent éduquer leurs enfants, les futurs époux et épouses, et leur apprendre à bien accomplir leurs devoirs conjugaux, non seulement au niveau des services que chacun des deux époux doit rendre à l'autre, mais aussi au niveau de la gestion de la vie conjugale à travers la compréhension réciproque, à travers le dialogue et à travers "Repousse (le mal) par ce qui est bien…!", Coran XXIII, 96. Il est indispensable que chacun des deux époux soit éduqué de telle sorte qu'il comprenne qu'il est voué à être le conjoint d'un autre, à ce qu'il comprenne qu'avec le mariage, chacun perd sa vie individuelle pour s'attacher à l'autre dans toutes les instances de sa vie. Il va de soi que chacun cherche les moyens qui sauvegardent la liaison et l'entretiennent dans un état de cohésion semblable à celle des différents membres d'un seul et même organisme. Il est aussi naturel que la relation conjugale –comme toute autre relation- ne soit pas soumise à des repères matériels car ces repères peuvent être facilement manipulés par tous. Ainsi, nous remarquons, par exemple, que beaucoup de parents, ou de femmes, essayent de chercher des garanties à la continuité de la relation conjugale en exigeant une dot élevée, ce qui peut rendre perplexe le mari dans le cas où il se trouve obligé de recourir au divorce. La dot élevée pourrait l'empêcher de divorcer et le pousserait, dans le cas où il est dépourvu de piéter et de vertu, à maltraiter sa femme au point de l'obliger à abandonner la dot et tous ses autres droits. Pour cette raison, nous pensons que les garanties matérielles ne peuvent jamais produire une relation humaine. Elles ne peuvent, non plus, assurer la continuité d'une relation humaine, les seules garanties valables étant la personnalité humaine englobant la morale, la piété et la considération de Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié. Ce sont là les seules instances capables d'empêcher l'être humain de se mal conduire. J'imagine que l'épouse qui découvre un jour, et sous l'influence de telle ou telle circonstance, que son époux s'éloigne d'elle, par son âme et par son esprit, doit songer à se séparer de lui du moment où, ni par ses propres moyens, ni au moyen des autres, elle n'arrive pas à le convaincre et à changer sa posture. Il en est ainsi car l'être humain ne retrouve pas le sens de la vie s'il vit avec un autre être humain qu'il n'arrive plus à souffrir et qui désire ardemment l'abandonner. Nous imaginons que l'épouse ne retrouve ni le bonheur ni le repos du moment où elle sent que son mari n'a plus de vrais sentiments envers elle. Dans cette situation, le divorce constituerait une solution pour son problème, comme il l'est pour celui de son mari. Il est naturel qu'on rétorque, face à ces paroles: "S'il en est ainsi pour ce qui est du mari, que diriez vous de la femme qui n'arrive plus à supporter son mari? Que peut-elle faire pour se débarrasser de lui?". Dans une telle situation, le Législateur donne à l'épouse le droit de demander le divorce. Elle peut aussi se réserver le droit de divorcer elle-même et poser cette condition avant le mariage du moment où l'homme accepte qu'elle le représente dans l'opération de divorce. Tel est l'avis de certains docteurs de la Loi contemporains. La chose prend une allure tout à fait formelle lorsque la femme décide, avant le mariage, de se réserver le droit de divorcer elle-même. On peut répondre que le divorce relève de seules prérogatives de l'homme, car le Législateur lui a donné, à lui et non à la femme, le droit de divorcer. On peut dire aussi que cette condition est en contradiction avec le Livre (le Coran) et la Sunna. Mais la vérité est que la femme peut divorcer elle-même si elle pose, auparavant la condition d'être représentative du mari dans l'opération de divorce. Il lui est donc possible, dans le cadre de cette condition, de divorcer elle-même du moment où elle sent qu'elle ne peut plus continuer à vivre et à évoluer avec son mari. Il en est ainsi car le problème de la femme ou son besoin de divorcer peut ne pas être représenté dans l'un des deux facteurs humains ou affectifs, mais plutôt dans le facteur économique. Car, le plus souvent, la femme qui ne travaille pas et qui ne trouve pas des conditions favorables pour une vie honorable perd, en divorçant, l'élément de la sécurité de sa vie économique. Mais lorsque la femme trouve des conditions favorables pour une vie honorable, la question du divorce a moins d'influence sur la mentalité sociale qui pèse sur les sentiments de la femme divorcée et l'expose à maintes accusations, considérations et attitudes agressives peu normales. C'est une affaire relative à la nature de la sociétés et les sociétés changent de mentalités lorsque tout le monde sait que le divorce est rendu licite par Dieu tout comme le mariage qui est rendu licite par Dieu et que le divorce ne constitue pas un "complexe" pour l'homme. Et il est naturel, pour deux personnes qui n'arrivent pas à s'accorder, de ne pas vivre ensemble et de se séparer d'une manière toute naturelle. Nous pensons que, pour résoudre ces problèmes, la femme et tout autre être humain ont le droit de chercher à disposer des éléments de la force pour leurs personnalités, éléments qui les protègent et empêchent qu'ils soient écrasés sous le poids des circonstances imprévues. Nous pensons qu'il est nécessaire pour la femme, mais aussi pour l'homme, d'avoir une profession, une expérience ou une situation dans la vie qui leur permettraient de faire face à toutes les circonstances imprévues qui pourraient les mettre en état de dépendance vis-à-vis des autres. Les gens peuvent être asservis par leurs besoins et Dieu veut que les gens soient libres. Il veut qu'ils vivent la liberté vis-à-vis de leurs besoins pour qu'ils puissent vivre la liberté dans ce qui est humain en eux. LES DIMENSIONS DE LARELATION CONJUGALEL'homme représente cet être vivant qui se comporte à partir de ses instincts qui sont, à leur tour, à l'origine de son mouvement existentiel dans la direction de la réalisation de ses besoins. Il se comporte aussi à partir de sa dimension intellectuelle qui représente les visions constitutives de la conscience qu'il a de l'univers et de la vie. Si l'on considère la relation conjugale sous cet angle, on trouve que l'instinct y est essentiel pour deux raisons. La première est en rapport avec la satisfaction du besoin sexuel qui est aussi le principal moyen d'établir la chasteté dans la vie de l'homme. La seconde est en rapport avec la reproduction du genre humain. Cela signifie que la dimension instinctive constitue un élément essentiel dans le mariage. D'où le grand intérêt réservé par l'Islam aux qualifications en rapport avec la question sexuelle et son importance dans la relation entre l'homme et la femme. Mais le mariage possède une dimension humaine qui s'ouvre à l'instinct pour lui donner le sens de l'amour et de la compassion, et ce pour que l'instinct cesse d'être quelque chose d'animal et de raide qui n'innerve pas les profondeurs des sentiments humains. Il existe beaucoup de Saintes Traditions Prophétiques qui attirent l'attention de l'homme sur la nécessité, pour lui, d'attendre et de faire en sorte que sa femme atteigne l'orgasme. En même temps, nous remarquons que l'enseignement islamique appelle l'homme à "se faire beau" pour sa femme, tout comme il appelle la femme à "se faire belle" pour son mari. C'est que les femmes aiment avoir des hommes ce que les hommes aiment avoir des femmes. Ainsi, l'Islam dirige l'état sentimental et humain qui anime l'interaction de l'homme et de la femme sur le plan de l'instinct et du désir…, le dirige de sorte à ce que l'homme ne soit pas égoïste sur le plan de la satisfaction de ses désirs. Il fait de même pour ce qui est de la femme dans le but d'unir l'homme et la femme et de les intégrer à travers les sentiments d'amour et de compassion qui font que chacun d'eux pense à l'autre et se comporte sur la base de diriger l'instinct et le désir dans le sens d'assurer le calme physique et la tranquillité spirituelle. Il est à remarquer que, dans le but d'assurer cette tranquillité, l'Islam a institué des usages légaux et cultuels spécifiques de la relation sexuelle. Ces mœurs comportent des invocations et des formules à prononcer dont la fonction est de s'intérioriser la légalité de cette relation qui est consacrée par Dieu à travers les paroles divines qu'on adresse à la femme au moment de la conclusion du contrat de mariage. Tout cela signifie que l'Islam s'intéresse à la dimension instinctive sexuelle qui constitue l'élément matériel et aux deux dimensions spirituelles et humaines, et ce pour que la relation conjugale ne soit pas un simple état occasionnel de la dimension physique de l'homme. Cette relation doit être un état multidimensionnel de la personnalité humaine capable d'activer l'amour et la compassion et d'assurer la présence de l'idée divine dans tous les aspects de cette question. A la lumière de toutes ces considérations, on peut dire que l'instinct sexuel est un instinct humain ayant une dimension spirituelle et une autre matérielle et possédant un caractère essentiel et non marginal dans le mariage. Cette idée peut nous conduire à une autre: nombreux sont ceux qui cherchent à séparer la dimension sexuelle de la dimension humaine, ou qui cherchent à considérer le sexuel comme marginal dans le contrat de mariage. Ceux-là partent d'une considération selon laquelle l'acte sexuel est une activité honteuse. Cela peut être en rapport avec les vues chrétiennes qui essayent d'établir, d'une manière inconsciente, une relation entre le péché et l'acte sexuel tout en présentant le mariage comme une affaire spirituelle n'ayant aucun rapport important avec le corps. Contrairement à cette attitude, l'Islam part d'une considération selon laquelle les besoins humains charnels sont en rapport avec des instincts bien déterminés et créés par Dieu et fixés dans le corps de l'être humain pour lui permettre de conduire le mouvement de son existence dans le sens de la construction de sa vie. L'Islam considère ce besoin comme étant tout à fait naturel au même titre que les autres besoins relatifs à la consommation de la nourriture et de l'eau. De même que l'être humain ne trouve aucune gêne à chercher la satisfaction des ses instincts en se nourrissant ou en buvant de l'eau, il n'est en rien problématique, ni gênant, pour l'Islam, d'encourager l'être humain à satisfaire son instinct sexuel en exprimant son besoin, en cherchent le moyen de le satisfaire et en parlant de la manière qui lui permet d'atteindre son but par les voies légales. La sexualité est un état très naturel dans l'existence de la personnalité humaine. Elle fait partie intégrante des profondeurs de son humanité et dans celles de l'étendue de son existence humaine. Pour cette raison, le fait de s'interdire la sexualité n'est pas considéré comme quelque chose de moral en Islam et c'est ce qui explique le refus islamique de la vie monacale et la considération, par l'Islam, du célibat comme contraire à la valeur après avoir été identifiée à la valeur même. Cela veut dire que l'instinct joue un rôle moral essentiel dans la personnalité de l'être humain et l'Islam ne veut pas que cet être humain frustre ou refoule ses instincts. Il veut qu'il les satisfasse dans le respect de la droiture que Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- a ordonnée dans Sa Loi.
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