La
femme en Islam
Le Paradis est sous les pieds des
mères
La maternité : Une cime de dévouement et d’affection
Dès ses débuts dans le Noble Coran et la
sainte Sunna prophétique, l’Islam a donné à la mère un statut distingué par
rapport à celui du père pour ce qui est du dévouement, d’affection et de
charité. Car pour donner la vie à l’enfant, la mère met la totalité de l’effort
et porte la totalité du poids. Il existe une différence entre la paternité et
la maternité. La première ne constitue pas une fatigue corporelle pour l’homme
qui ne met en œuvre que son instinct et son désir, alors que la seconde
constitue une tâche lourde et expose la mère au danger. C’est elle qui
entretient l’enfant, qui le nourrit de tout son corps et aux dépens de sa
santé, qui s’expose au danger lors de l’accouchement et de l’allaitement, ce
qui entrave la liberté de la mère et réduit l’espace de son mouvement.
Dieu, le Très Haut, a parlé des peines
de la mère beaucoup plus que celles du père : ((Et nous avons enjoint à l’homme
la bienfaisance envers ses parents. Sa mère l’a péniblement porté et
péniblement accouché. Grossesse et sevrage en trente mois, puis quand il a
atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il a dit : ‘Ô Seigneur
! Dispose-moi pour que je rende grâce du bienfait dont Tu nous a comblé, moi et
mes parents’)) (Coran XLVI, 15).
D’autre part, le père a le mérite de
travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Pour cette raison, Dieu
considère le père et la mère comme égaux dans la responsabilité à l’égard de
l’enfant et dans le devoir de bienfaisance de ce dernier à leur égard. Cette
égalité est signalée dans beaucoup de versets coraniques, mais la mère a
beaucoup de mérites en raison de ses peines dans la grossesse et
l’accouchement.
Dans ce sens, la Tradition Prophétique
dit que « Le Paradis est sous les pieds des mères ». D’autres Traditions disent
que si la mère enceinte est décédée lors de l’accouchement, elle aura la même
rétribution que les martyrs, ces derniers protégeant la terre de la nation et
sa dignité, alors que la mère donne naissance aux martyrs, aux combattants, aux
savants, aux dirigeants et aux réformateurs.
Dans l’Epître des Droits, l’Imâm Zayn
al-‘âbidîn (p) adresse à chacun de nous les paroles suivantes : « Le droit de
ta mère revient au fait qu’elle t’a porté là où personne ne supporte personne,
qu’elle t’a donné du fruit de son cœur ce que personne ne peut donner à
personne, qu’elle t’a protégé par la totalité de son corps sans se soucier de
sa faim pour te donner à manger, de sa soif pour te donner à boire, de son
dépouillement pour t’habiller, du soleil brûlant pour t’ombrager, d’avoir des
insomnies pour te procurer le sommeil. Elle t’a protégé de la chaleur et du
froid et il n’est dans ton pouvoir de la remercier que par l’aide de Dieu ». Il
est clair que ce que la mère procure à son enfant ne peut être procuré par
personne à quiconque d’autre.
Apprécier les dons de la mère
On rapporte qu’un homme a dit au
Messager de Dieu (P) : « Je donne à manger à mes parents, je les porte sur mon
dos et je les lave. Ai-je ainsi accompli mes devoirs envers eux ? ». - « Non !
a répondu le Prophète (P), car tu les sers tout en attendant qu’ils meurent,
alors qu’ils t’avaient servi en ne pensant qu’à ta vie ». D’après l’Imâm
al-Bâqir (p) « Mûsâ Fils de ‘Imrân (Moïse) (p) a dit : ‘ Seigneur ! Fais-moi
une recommandation !’. Dieu a répondu : ‘Je te recommande de ne pas M’oublier’
et Il l’a répété trois fois. Moïse (p) a demandé une deuxième fois : ‘Seigneur !
Fais-moi une recommandation !’ Dieu a répondu : ‘Je te recommande de ne pas
oublier ta mère’. Et comme Moïse (p) demandait encore une recommandation, Dieu
lui a recommandé sa mère trois fois et son père une seule fois ». D’après
l’Imâm as-Sâdiq (p) « Un homme a demandé au Messager de Dieu (P) : ‘Ô
Messager de Dieu ! Avec qui je dois être plus charitable !’. Le Messager de
Dieu (P) a répondu : ‘Avec ta mère’ et il l’a répété trois fois avant de dire
une seule fois : ‘Avec ton père’». A un homme qui s’appelait Abû Muhzam et qui
a parlé durement à sa mère, l’Imâm as-Sâdiq (p) a dit : « Ô Abû Muhzam !
qu’as-tu fait avec ta mère ? Hier, tu as parlé durement avec elle ; ne sais-tu
pas que son ventre est une maison où tu as habité, que son giron est un berceau
qui t’a bercé et que son sein est un abreuvoir d’où tu as bu ? Et comme l’homme
répondait par l’affirmatif, l’Imâm (p) lui a dit : « Ne lui parle pas durement
». Le Noble Coran a recommandé de ne pas maltraiter les parents même par le
plus infime des mots : ((Si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la
vieillesse près de toi ; alors ne leur dis point : ‘Fi’ et ne les repousse pas,
mais dis-leur noble parole. Et par miséricorde baisse pour eux l’aile de
l’humilité et dis : ‘Ô mon Seigneur ! Fais-leur miséricorde comme ils
m’ont élevé tout petit)) (Coran XVII, 23-24). Cette humilité ne rabaisse pas
l’homme mais l’élève car elle est l’humilité de la miséricorde.
Un homme qui a embrassé l’Islam après y
avoir été appelé par l’Imâm as-Sâdiq (p) alors que sa mère n’a pas abandonné sa
religion est venu voir l’Imâm et lui a demandé conseil au sujet de la manière
d’échanger avec sa mère. L’Imâm (p) lui a dit : « Change la manière avec
laquelle tu servais ta mère et tu la soignais lorsque tu suivais encore sa
religion, mais en doublant les services que tu lui rendais ». Remarquant ce
changement, la mère a appris de son fils que c’est en raison de sa conversion à
l’Islam et lui a demandé de lui expliquer l’Islam qu’elle a fini par
l’embrasser à son tour.
Le Commandeur des Croyants (p) marchait
un jour avec un homme de religion juive. Arrivant à un carrefour, l’Imâm (p) a
continué à accompagner le Juif qui lui a demandé s’il a changé de chemin.
L’Imâm (p) a dit : « Non ! Mais le Messager de Dieu nous a recommandé lorsque
nous accompagnons quelqu’un en route de continuer à l’accompagner, sur son
chemin, pour quelque temps par respect du droit de la compagnie ». Apprenant
que cela fait partie des moralités de l’Islam, le Juif a prononcé la profession
de foi de l’Islam. Voilà une façon d’appeler à l’Islam par la bonne parole et
par la belle exhortation et qui diffère de celle où certains le font comme
s’ils tenaient les portes du Paradis dans leurs propres mains, alors que Dieu
dit : ((Dis : ‘Si vous étiez maîtres des trésors de la miséricorde de mon
Seigneur, vous les serreriez, certes, de peur de dépenser)) (Coran XVII, 100).
La question de la maternité est donc
essentielle en ce qui concerne le programme islamique propre à la famille. Ce
que nous avons dit à ce propos nous met face à deux responsabilités : Celle des
parents à l’égard de l’enfant qu’il soit garçon ou fille, d’une part, et celle
de l’époux, d’autre part. Le problème de certains époux est qu’ils ne donnent
pas la juste valeur à la maternité. Ils ne respectent pas les efforts de la
mère et son dévouement. I’un d’eux entre dans la maison et sort comme s’il
était « Antar » !
D’autre part, l’homme doit être
conscient lorsqu’il choisit la mère de ses enfants. Il doit choisir celle ayant
assez de conscience, de bons caractères et de bonne éducation. Il ne doit pas
compter sur le coup de cœur, car la Tradition dit : « Celui qui épouse une
femme pour sa fortune ou sa beauté, Dieu le privera de sa fortune et d sa
beauté », car en vivant dans le cadre de la vie conjugale, on ne vie pas avec
le carnet de chèques ou avec le tableau d’art, mais avec une femme et à travers
sa raison, son humanité et ses bons caractères. « Epouse celle qui est pieuse »
a dit le Prophète (P) à un homme qui lui a demandé conseil à ce propos. Bien
sûr, il ne s’agit pas de la piété formelle, mais de la piété par la raison, par
les sentiments et par toute la vie.
Une fois que l’homme choisit sa femme,
il doit prendre sa maternité en considération et reconnaître ce qu’elle fait en
matière d’effort. De son côté, la femme doit prendre son mari en considération,
car si elle a peiné pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement, le
mari peine aussi jour et nuit pour que la vie familiale soit complémentarité
entre l’homme et la femme dans tous les domaines. Ensemble, ils se rapprochent
de Dieu et si tous les deux sont bons avec leurs enfants, Dieu les réunit tous
dans la demeure de Sa miséricorde : ((Les Jardins d’Eden, où ils entreront, eux
et aussi ceux qui font le bien parmi leurs ancêtres, épouses et descendants. De
chaque porte, sur eux, les anges entreront : ‘Paix sur vous, pour ce que vous
avez enduré !’ ; combien meilleure est la demeure finale !)) (Coran XIII,
23-24). Dieu dit aussi : ((Et c’est là que doivent entrer en concurrence les
concurrents)) (Coran LXXXIII, 26).
L'ÉPOUX ET L'ÉPOUSE:
PROBLÈMES ET SOUCIS
LA JALOUSIE CONJUGALE
I- La jalousie du mari
Il existe deux raisons qui peuvent être à l'origine de la
jalousie:
La première consiste dans la puissance des sentiments que
le mari porte envers sa femme, sentiments qui lui font craindre toute autre
personne, qui lui font craindre la possibilité que sa femme ne soit attirée,
d'une manière spontanée, par un autre homme. Avec ces sentiments, il commence à
la harceler par des doutes, par des pressions concrètes ou par des expressions
violentes. Il commence à se conduire vis-à-vis d'elle comme se conduit celui
qui aime quelque chose et qui craint la perte de ce qu'il aime.
La seconde consiste dans la peur des conditions et des
circonstances qui entourent la femme et qui peuvent conduire à la déviation.
Ces conditions peuvent être en rapport avec l'éducation de la femme qui peut
parfois la poser dans une situation proche de la déviation, ou avec les
circonstances issues des contraintes sociales qui poursuivent la femme et la
poussent dans le sens de la chute. Ces contraintes deviennent actives lorsque
l'homme se trouve soumis à une sorte de chantage dans le milieu social et moral
où il vit, surtout si cet homme a déjà connu l'expérience de l'infidélité
conjugale, en étant lui-même le victime ou le bourreau des autres. Dans ce cas,
il peut lui être difficile d'avoir confiance en une autre femme et même s'il
arrive à trouver une femme qui lui inspire la confiance nécessaire, il ne peut
jamais se libérer de la peur de voir cette femme devenir comme les autres qui
dissimulent l'infidélité derrière le voile de la pudeur.
Nous pensons que la jalousie trouve ses racines
essentiellement dans ces deux phénomènes. Il se peut que la manière avec
laquelle la femme vit dans la société, ainsi que la nature de ses relations
avec l'autre sexe participent à susciter le sentiment de jalousie. Par exemple,
la femme de haut niveau de beauté physique peut facilement séduire les hommes
et peut être aussi facilement exposée à la séduction de leur part. Nous pensons
qu'il est du devoir de l'homme d'aider une telle femme à se protéger, de tous
les côtés, des failles ou des brèches qui peuvent laisser la déviation
s'introduire dans sa vie. A ce propos, il se peut que certains hommes –parmi
ceux qui comprennent mal les besoins de leurs femme sur les différents plans de
la communication humaine, morale ou sexuelle- agissent d'une manière qui
provoque chez leurs femmes l'apparition de points faibles que les autres
pourront bien exploiter…
Il se peut aussi que certains hommes agissent d'une
manière qui suscite le doute de la femme et la conduise à perdre sa confiance
en elle-même et, par la suite, à dévier du droit chemin. Certaines femmes
peuvent répondre au doute par la révolte. Elle cherche à s'y affirmer et la
transforme ainsi en une réalité à partir de laquelle elle punit son mari et se
venge de lui.
Pour cette raison, le mari doit faire de telle sorte à ce
que sa femme ait confiance en lui pour qu'elle puisse avoir confiance en
elle-même. Il est indispensable que le sentiment amoureux qu'il a envers sa
femme soit un élément qui renforce sa confiance en elle et non pas son doute.
S'il doute de certains comportements de sa femme, il doit lui en parler avec
franchise, dans le cadre d'un effort de compréhension et d'étude objective des
éléments susceptibles de conduire au doute ou aux soupçons.
C'est ce que nous pouvons dégager de la recommandation de
l'Imam 'Ali (p) à son fils l'Imam al-Hassan (p) où il dit:
"Evite la jalousie là où il ne doit pas y avoir de
jalousie, car celle-ci peut rendre malade celle –d'entre les femmes- qui est
saine. Agis sagement avec elles et, au cas où tu remarques une faille, n'hésite
pas à réprimander les grands, mais aussi, les petits gestes".
Si l'homme essaye de provoquer la jalousie de sa femme ou
d'être jaloux à son égard, dans les situations normales qui ne suscitent ni
crainte ni jalousie, comme lorsque la femme parle avec un homme de sa parenté,
ou avec n'importe quel autre homme parmi ceux auxquels on peut avoir besoin de
parler dans les conditions normales, cet homme peut, avec sa jalousie
injustifiable, pousser sa femme innocente à douter d'elle-même et à tomber en
proie à de graves problèmes psychiques.
Et lorsque la jalousie se pose comme étant un phénomène
normal où l'homme fait face à la question sur la base de la protection de la
femme vis-à-vis de la déviation, d'une manière raisonnée et bien étudiée, la
jalousie peut alors être considérée comme relevant de la foi.
Mais lorsque la jalousie se transforme en un phénomène
morbide, en un "complexe psychique", elle devient un problème pour
l'homme et pour la femme. Elle peut, le plus souvent, constituer une injustice
qu'on exerce à l'égard de la femme et un moyen de la bouleverser et de lui
faire perdre sa confiance en elle-même.
II- La jalousie de la femme
La première cause de la jalousie de l'épouse est l'amour
qu'elle porte à son époux et sa crainte de le perdre. C'est ce que l'Imam
as-Sadiq (p) exprime dans la réponse qu'il donne à une question que lui pose
l'un de ses compagnons disant que "la femme poursuit son mari avec sa
jalousie au point de l'accabler et de le submerger". "C'est le fait
de l'amour!" répondit l'Imam (p).
La femme peut donc être jalouse parce qu'elle aime son
mari et craint de le perdre, de le voir partir avec une autre femme. Cette
crainte est d'autant plus légitime que son mari a le droit de se marier avec
une deuxième ou une troisième femme… qu'il a le droit d'avoir recours au
mariage temporaire… La jalousie peut être considérée, dans ce genre de
situations, comme un phénomène naturel dans la mesure où elle se fonde sur
l'amour que la femme porte à son mari et sur sa crainte de le perdre. Mais en
la considérant ainsi, on fait abstraction du fait que la jalousie peut suivre
une direction extrémiste lorsque la femme se comporte dans un sens contraire à
ce qui est permis par la loi divine…
L'Islam n'intervient pas dans les affaires relatives aux
états psychiques de la femme. Celle-ci peut ne pas regarder d'un bon œil le
mariage, temporaire ou permanent, de son mari avec une autre femme. L'Islam ne
lui reproche pas son mécontentement à cet égard, mais il condamne son
comportement négatif qui peut contribuer à empêcher son mari de jouir de son
droit ou qui peut lui être injustement désavantageux. Ce sont ces
considérations qui permettent de comprendre les paroles du Commandeur des
Croyants, l'Imam 'Ali disant que:
"La jalousie de la femme relève de l'impiété".
Cela ne veut pas dire qu'elle est identique à l'impiété,
mais qu'elle conduit à certaines manifestations d'impiété, à savoir: considérer
comme illicite ce qui est divinement institué licite. Car la femme peut
prendre, sur le plan de ses sentiments, une attitude négative extrémiste
vis-à-vis du mariage avec une autre femme de son mari, et se comporter comme si
ce mariage est illicite, ou comme si son mari pratiquait l'adultère. Elle peut
exagérer dans la condamnation du geste de son mari, ce qui peut conduire à une
attitude équivalente à la condamnation de la Législation et à la protestation
vis-à-vis de Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- et de sa législation
concernant cette question. En effet, certaines femmes peuvent considérer cette
législation comme injuste et ce, sans se soucier de ses justifications
légitimes et légales.
La seconde raison de la jalousie féminine consiste dans la
nature des comportements de l'homme, surtout lorsque cet homme est brillant et
admiré par les femmes, ou lorsqu'il fait partie de ceux qui vivent pour la
satisfaction de leurs désirs et caprices.
Il se peut aussi que ce phénomène soit issu des
comportements que certaines femmes adoptent dans leurs relations avec leurs
maris.
Nous disons donc à la femme et à l'homme que la jalousie
est un phénomène humain. Tout homme, qu'il soit homme ou femme, connaît
l'instinct d'appropriation. L'homme aime, de son côté, posséder la femme dans
son affectivité et dans sa raison et la femme aime, de son côté, posséder
l'homme dans son affectivité, dans sa raison et dans toutes les affaires de son
existence. Nous devons considérer les relations humaines comme des relations
dynamiques et ouvertes qui ne peuvent pas être soumises à des règlements
rigoureux. L'homme ne peut pas étouffer les horizons de sa femme d'une manière
définitive et décisive et la femme ne peut, non plus, étouffer les horizons de
son mari d'une manière définitive et décisive.
Pour ces raisons, il est nécessaire de se comporter, face
à la jalousie, d'une manière raisonnée, équilibrée et placide. Il en est ainsi
car l'étude minutieuse, par la femme, des dispositions mentales, psychiques et
vitales de son mari, ainsi que celle de ses caprices et de ses différentes
situations est d'autant plus nécessaire que la femme peut être, parfois,
obligée, si elle tient à son mari, de lui laisser une certaine marge de liberté
pour la satisfaction de ses désirs licites. Cela veut dire qu'elle doit
"laisser tomber" dans certaines situations et "demander des
explications", dans certaines autres. Mais cette dernière solution doit se
faire "en douceur", de sorte que l'homme se sente envahi par le feu
ardent du désir amoureux et non pas par celui de la haine et de la rancune.
Qu'elle soit exprimée dans les relations conjugales ou
dans tout autre genre de relations, la question humaine doit être affirmée à
travers le fait que l'être humain est capable de gagner le cœur d'un autre être
humain au moyen de la bonne parole et du comportement convenable. Ces moyens
sont beaucoup plus efficaces que la pression et les autres moyens
contraignants. C'est ce que l'enseignement coranique affirme dans le verset qui
dit:
"Dis à mes serviteurs de dire les meilleures
paroles". Coran, "al-Isra'" (le Voyage Nocturne), XVII 53.
La bonne parole a la valeur de l'aumône. C'est elle qui
ouvre le cœur. Il est donc du devoir des deux époux qui souffrent d'une
jalousie fondée, dans la plupart de ses manifestations, sur un amour profond…,
il est de leur devoir de savoir comment faire face au problème pour le résoudre
de manière à rendre la vie conjugale plus ouverte, plus heureuse et plus
humaine, au lieu de lui faire face d'une manière qui détruit la vie conjugale
et fait tomber ses décombres sur les têtes de tous.
L'ÉGOЇSME DANS LA VIE CONJUGALE
Lorsque nous parlons d'une vie conjugale raisonnée et
équilibrée, nous parlons de deux époux normaux et non pas de deux époux
anormaux qui éprouvent de la répulsion l'un pour l'autre. Nous parlons de deux
époux qui ont, en eux-mêmes, le sens humain et non pas le sens de l'égoïsme qui
pèse sur les conditions de l'autre et se heurte à son propre égoïsme qui pèse,
à son tour, sur ses propres conditions. Nous parlons de deux époux dont la vie
de chacun d'entre eux se fond dans la vie de l'autre. Nous ne parlons pas de
deux individus dont chacun ne sent que soi-même, qui pense qu'il n'a d'autre
rôle que d'affirmer sa particularité aux dépens de l'autre. Nous parlons d'une
situation où le mari sent de la compassion envers sa femme lorsqu'il témoigne
des peines et des efforts qu'elle déploie au service de la famille. D'une
situation où la femme se sent solidaire de son mari qui peine et passe tout son
temps dans des situations dures et difficiles qui l'obligent à souffrir de
l'humiliation et de l'oppression des conditions de travail et des patrons pour
lui assurer, à elle et à ses enfants, une vie noble et honnête. L'épouse doit
comprendre ces situations ainsi que le besoin qu'a son mari de se reposer. Elle
doit lui assurer l'atmosphère de tendresse et de chaleur qui lui manque dans
ses rapports avec les patrons et dans les dures conditions de travail qui
l'oppriment et entament son humanité.
Elle doit sentir le besoin d'être, sur le plan
affectif, comme la mère de son mari et se représenter l'image de la mère et son
attitude vis-à-vis de son fils, elle doit savoir comment le couver dans sa
douleur et dans sa fatigue pendant le jour comme durant la nuit pour compenser
ce qu'il perd, ou pour alléger ses peines. Elle doit vivre cette expérience
pour connaître ce que veut dire le sacrifice et le don charitable et pour se
représenter le sens conjugal qui fait entrer chaque partie de la relation dans
l'âme de l'autre pour ouvrir sa vie au grand espoir et à l'immense vie. De son
côté, le mari doit répondre à l'affection par l'affection et à l'amour par
l'amour. Nous pensons que chacun de nous retient en lui, et jusqu'à sa vieillesse,
sa personnalité d'enfant: il sent donc le besoin de la maternité et de la
paternité même dans sa vieillesse, la femme peut, de son côté, sentir le besoin
de vivre le rôle de mère, vis-à-vis de son mari, et ce pour lui procurer
affection et tendresse. L'homme peut, de son côté, sentir le besoin d'être le
père de sa femme pour lui procurer ce dont elle a besoin en matière d'affection
et de tendresse. Et ce parce que toute personnalité ne meurt pas en nous, mais
reste vivante au profond, où elle respire et éprouve le besoin d'assouvir sa
faim qui peut demander à être satisfaite durant toutes les phases de la vie
humaine. La nature de ces phases que nous traversons affirme, elle-même,
l'existence profonde de ce besoin. Ce besoin n'est pas simplement une chose
quelconque dans notre histoire, mais la base même au-dessus de laquelle
s'élèvent les autres phases dont chacune n'est rien d'autre que la base de la
phase suivante.
C'est pour cette raison que l'homme peut être enclin à
jouer à l'âge de soixante ans. Il peut sentir le besoin de s'ébattre et de
s'amuser comme les enfants. Beaucoup de pères récupèrent leur enfance à travers
l'enfance de leurs enfants et vivent avec eux comme s’ils étaient eux-mêmes des
enfants. C'est peut-être de ce phénomène que le Prophète (P) parlait lorsqu'il
disait:
"Que le père d'un enfant se comporte avec lui
comme s'il était lui-même un enfant".
A ce propos, l'éducation de bonne qualité est celle où
l'éducateur entre dans la peau de la personne éduquée. Il ne s'agit pas ici
d'un artifice où on joue le rôle de l'enfant. Cela peut être le cas au début de
l'expérience. Mais au fur et à mesure de l'évolution de la situation, l'enfance
de l'adulte se réveille et le plonge totalement dans le rôle qu'il joue au
point qu'il oublie pour un instant, le fait qu'il est un vieillard ou un jeune
homme et non plus un enfant…
L’homme qui ne vit pas son enfance dans
son âge adulte et qui ne vit pas sa jeunesse dans sa vieillesse est un homme
qui ne fait que tuer les éléments fondamentaux de sa personnalité au profit
d'autres éléments. Un tel homme vit comme un "complexé" qui s'étouffe
dans la phase actuelle de sa vie se privant ainsi des phases antérieures qui
ont la vertu de lui procurer une ambiance chaleureuse et des états de fraîcheur
nécessaires pour adoucir la vie dans les phases à venir.
LA ROUTINE DE LA VIE CONJUGALE
La routine est un phénomène ordinaire qui prend
naissance au niveau de toute relation entre deux personnes qui vivent ensemble
en permanence, dans toutes les situations et pour une longue période, au point
que chacune d'elles perd toute ombre de mystère qui pourrait susciter l'intérêt
de l'autre et l'inciter à tendre vers elle pour la découvrir.
Dans la relation conjugale, le mari ne tarde pas à
être entièrement connu par sa femme et celle-ci à l'être par celui-là. Leur vie
devient alors très commune et sans excitation commune, dans la mesure où ils
administrent leurs relations sociales, leur vie privée, leurs désirs et leurs
affaires domestiques en les enfermant dans un système clos. De la sorte, il ne
reste pas à la disposition de chacun d'eux de quoi intéresser l'autre et
l'attirer. Même les éléments d'excitation qui animaient et vivifiaient leur
relation avant et au début de leur vie commune disparaissent car, lorsque
l'homme satisfait ses besoins sous tous leurs aspects, ceux-ci ne tardent pas à
s'émousser et à se banaliser. Cela n'est pas un phénomène qui caractérise la
seule relation conjugale, mais un fait qui s'étend pour marquer toutes les
relations humaines comme la parenté et l'amitié, etc… Au début de la relation,
les rapports sont normalement dynamiques et énergiques, mais ils finissent,
avec le temps, par tomber sous l'emprise de l'inertie, de la fermeture et de la
routine, ce qui conduit à l'ennui qui peut menacer la relation.
Le même phénomène peut être constaté au niveau de nos
réactions face aux expressions de l'originalité, de la majesté et de la beauté
dans la vie. Ces expressions peuvent parfois ne pas nous sensibiliser. Le
soleil, la lune, les fleuves… peuvent ne pas nous sensibiliser. Même la
nourriture, les vêtements et toutes les autres choses que nous aimons peuvent
perdre leur attrait et cesser de nous intéresser lorsqu'elles nous deviennent
familières à force d'être toujours présentes devant nous.
Il est donc nécessaire, pour les deux époux, de se
mobiliser pour trouver ce qui pourrait renouveler leur activité et leur
dynamisme, même au niveau des petits détails de leur vie au foyer. Il peut être
utile, à ce propos, de changer, de temps en temps, l'ordre des choses dans la
maison et celui même des désirs conjugaux intimes. Il leur est utile, par
exemple, de modifier leurs manières de satisfaire leurs désirs. Il peut leur
être utile, dans le cas où ils possèdent le niveau culturel nécessaire, de
poser et de discuter des questions nouvelles, dans le domaine culturel ou
politique… Cela pourrait introduire quelque chose de nouveau dans leur vie et
affecter, pour les améliorer, leurs discussions, leurs désirs, leurs affaires
domestiques et leurs relations sociales…
Nous pensons que la découverte de la
nouveauté, ou de la création, au sein de la vie conjugale, peut préserver la
vitalité nécessaire pour que cette vie suscite l'intérêt réciproque de l'homme
et de la femme. Et ce à travers le fait que chacun réalise quelque chose pour
l'autre, comble le vide de sa pensée et répond positivement à ses désirs et à
ses besoins de renouvellement. Nous aspirons toujours au nouveau et, de ce
fait, les deux conjoints doivent agir dans le sens du renouvellement de leur
vie conjugale. Il va de soi qu'une telle affaire ne peut se réaliser sans plus
de conscience, davantage de conditions favorables et plus d'ambiances sociales
convenables. Il faut surtout un niveau culturel suffisant pour ouvrir chez
chacun les horizons nécessaires pour constituer le champ du renouvellement
escompté.
LA GESTION DE LA VIE CONJUGALE
Il est évident que c'est la personne la plus consciente
qui doit tenir la responsabilité de la gestion et de la planification. Dans la
vie conjugale, il se peut qu'il y ait harmonie et équivalence des niveaux de
conscience de l'homme et de la femme. Mais il se peut que l'un soit plus
conscient que l'autre. Dans le premier cas, les deux conjoints doivent
s'accorder sur la planification de leur vie et sur la distribution des rôles qu'ils
doivent remplir pour mieux gérer cette vie en tout ce qui touche la
responsabilité de chacun envers l'autre, ou envers leur vie commune.
Si le niveau de conscience n'est pas le même, la partie
qui est plus consciente doit se charger de la planification pour la gestion de
la relation conjugale. Elle doit chercher à contenir la pensée de l'autre dans
sa conscience, à l'inciter à participer à la planification et à la gestion à
travers la découverte et le développement des éléments positifs de sa personnalité,
dans le sens de l'intégration et de la complémentarité des rôles dans la
gestion commune.
La question de la planification au sein de la vie
conjugale ressemble à la question de la planification dans la vie sociale. La
planification peut relever des responsabilités de l'élite, comme de celles de
la société toute entière, à travers le suffrage universel qui détermine les
éléments importants pour le présent et pour l'avenir.
Si la femme est plus consciente que l'homme, elle peut
avoir besoin d'étudier la nature des éléments positifs de sa personnalité afin
de ne pas provoquer ses susceptibilités quant à la question du niveau de
conscience. Elle ne doit pas toucher au sentiment, même s'il est morbide, de sa
virilité, sentiment qu'ont les hommes qui imaginent que l'élément masculin est
supérieur à l'élément féminin. La femme doit, dans les situations de ce genre,
essayer de pénétrer dans sa conscience, dans ses sentiments, pour lui présenter
le projet comme s'il était produit en commun. Puis, elle doit passer à l'étude
des détails de la gestion au sein de la vie conjugale pour les partager avec
l'homme. La femme peut arriver, par son tact, par sa finesse et par sa
conscience, à gérer la vie conjugale dans les affaires intérieures, ou aussi,
dans certaines affaires extérieures. Mais cela doit se faire d'une manière qui
respecte l'importance, pour l'homme, de sentir qu'il a raison et qu'il est
important. La femme ne doit pas dépasser les limites au-delà desquelles l'homme
commence à sentir que le mouvement de sa femme devient de plus en plus
étouffant de sa propre personnalité et de son propre sentiment de soi-même.
INTÉGRATION
ET COMPLÉMENTARITÉ
Dans le cas où c'est l'homme qui détient la responsabilité
de la gestion, il est nécessaire pour lui d'avoir un certain nombre de
qualités. Il ne doit pas, par exemple, considérer la femme comme une masse
négligeable dont le rôle se réduit à recevoir les ordres et appliquer les
instructions. Il doit la considérer comme un être humain qui a un rôle en
rapport direct avec le sien, qui a une vie en rapport direct avec la sienne. Il
doit agir dans le sens de sa participation, dans la gestion, à sa propre
manière. Il doit s'efforcer d'élever son niveau pour qu'elle puisse vivre dans
une ambiance qui lui permette d'atteindre plus d'objectifs et d'arriver à plus
de résultats.
Il y a une chose essentielle dans toute situation de
gestion, qu'elle doit celle de la vie conjugale par l'homme ou par la femme, ou
celle de tout autre responsable de ce dont il est responsable. Celui qui est
chargé de la gestion doit être sensible à l'humanité de ses collègues. La
gestion n'est pas une instance inerte régie par des articles juridiques ou pour
des instructions légales ou sociales. Nous devons considérer la gestion comme
une instance humaine qui ne peut réussir que dans la meure où toutes les
conditions humaines se trouvent réunies pour les personnes qui travaillent dans
l'établissement. Pour que cette condition soit remplie, l'homme doit respecter
l'humanité de la femme et la femme doit respecter l'humanité de l'homme. L'un
et l'autre doivent se conduire à partir de ce sentiment de respect pour que la
relation conjugale soit une instance humaine vécue par l'un comme par l'autre.
C'est à cette condition que les sentiments et les idées prennent leur essor et
s'intègrent de sorte qu'aucune des deux parties ne pèse sur l'autre. Si l'une
des deux parties veut soumettre l'autre à sa volonté, elle doit le faire de
manière humaine et non de manière sauvage ou autoritaire.
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