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Bien entendu, la question qui nous vient alors tout de suite à l’esprit est la suivante: D’où nous vient-il alors de faire la khutba avant la prière?

Après la mort du Calife Usmân, Mu’âwiyah s’était rebellé contre le pouvoir de l’Imam ‘Ali (P). Dans toutes les mosquées qui étaient sous son autorité, il exigeait que l’imam qui y dirigeait la prière du Vendredi, insulte ouvertement l’Imam ‘Ali (P) et sa famille pendant la khutba. Cela, malheureusement pour lui, ne rencontra pas souvent l’assentiment des musulmans qui vouaient à la sainte famille du Prophète (P) un grand amour et un profond respect. Ainsi donc les fidèles partaient systématiquement dés la fin de la prière sans attendre la khutba. C’est alors que, fort de ce constat, Mu’âwiyah décida de renverser l’ordre des choses: la khutba sera alors désormais placée juste avant la prière afin d’obliger tous les fidèles à entendre les insultes profanées sur l’Imam ‘Ali (P) par l’imam officiant de la prière et seul maître à bord en ces moments cruciaux du culte.

Voilà donc l’origine du changement de l’ordre observé dans la cérémonie de prières du Vendredi.

Quant au contenu de la khutba, il est bon de signaler qu’il est souvent dévoyé de son objectif essentiel qui consiste à donner le point de vue de l’Islam sur l’actualité tant sociale, politique qu’économique mais aussi à renforcer la foi des fidèles. Elle doit être prononcée, par conséquent, dans la (les) langue (s) la (les) plus parlée (s) par les fidèles.

En effet certains imams préfèrent lire à la place de la khutba un texte écrit en arabe dont le sens reste mystérieux pour la presque totalité des musulmans qui ne comprennent pas l’arabe. Pour ceux qui en comprennent le sens, la situation est encore pire car ils écouteront tous les Vendredi un discours plat et statique sans aucun lien avec leur époque.

C’est d’ailleurs une des raisons qui renforcent certains dans leur point de vue sur le caractère non obligatoire de la prière du Vendredi sous certaines conditions: ils soutiennent que dans un Etat non islamique, un imam (officiant de la prière) n’est pas suffisamment libre et n’a aucune autorité pour donner et faire appliquer le jugement de l’Islam sur l’actualité.

Les objets accessoires du culte (la tourbal-housseiniya,le chapelet, drap du wazîfa tijane, le bâton de l’imam du vendredi, etc.) :

Les conditions et l’environnement dans lesquels le musulman doit pratiquer ses cinq prières quotidiennes sont généralement bien connus. Il s’agit en gros d’en avoir l’intention, de respecter le temps prescrit de chaque prière, de faire ses ablutions (ou autre purification selon les règles prescrites dans ce domaine), de respecter sans hâte ni lenteur excessive les différentes étapes de la prière dans l’ordre et la description clairement prescrits.

Cependant certains autres aspects liés à notre environnement de prière méritent notre attention. Il s’agit notamment de l’endroit où l’on pose le front lors de la prosternation. Le Prophète (P) a toujours prié sur le sable. A l’époque du Prophète (P), les gens priaient directement sur le sable, même à l’intérieur des mosquées où il était régulièrement entretenu. L’argile et la roche, assimilables au sable pour leur pureté naturelle et originelle, étaient également appropriées. Voilà donc ce que le Prophète (P) nous a légué.

Les Ahl Bayt et leurs adeptes utilisent pour la prière, une pierre plus connue sous le nom de tourbal-housseiniya, sorte d’agrégat solidifié de la terre de Karbala sur laquelle mourut Al Hussein (P), le petit-fils du Prophète (P). Ils portent cette pierre sur eux partout où ils vont afin d’y poser leur front lors de la prosternation.

Evidemment on peut se demander: pourquoi la terre de Karbala et pas n’importe quelle autre terre?

Il faut préciser que ce n’est pas une obligation et le fait d’utiliser le tourbal-housseiniya à la place du sable ordinaire n’est pas considéré comme un acte sans lequel la prière est invalide. D’où, cette pratique ne peut être considérée comme un bidâh.

En outre, il est évident qu’il est assez pratique d’avoir un petit peu de sable avec soi afin d’être partout prêt à prier sans crainte quant à la pureté du sol. En particulier le sol de Karbala est reconnu béni par Dieu pour le sang martyr des descendants du Prophète (P) qu’il a reçu.

Dés lors cette préférence est simplement un acte d’adoration surérogatoire, de recherche de bénédictions. Tout comme beaucoup de musulmans préfèrent utiliser le chapelet et même avec des perles d’une matière bien précise, à la place des doigts pour compter. Tout comme les Imams (dirigeants de la prière) ont la tradition de posséder un bâton de commandement pour la prêche du Vendredi. Les exemples sont nombreux. Il est à noter que le prophète lui-même avait demandé à sa fille Fatima (P) d’utiliser la terre où est enterré Hamza (RA), l’oncle du prophète (P) tué en martyr à Ohud, pour en faire un chapelet pour réciter le tasbih Zahra (34 fois Allahou akbar, 33 fois Al hamdou lillah, 33 fois Soubhanallah).

Par ailleurs, il est impératif pour tout fidèle musulman de porter des effets vestimentaires débarrassés de toute souillure. D’où l’importance qu’il y a à accorder à certains objets qui nous entourent et qui ne sont pas toujours forcément purs:

- la ceinture que nous portons autour de la taille et la montre que l’on a au poignet dont l’origine de la peau avec laquelle elles ont été fabriquées peut être douteuse,

- la peau d’animal ou la natte sur laquelle on prie. Leur pureté doit être vérifiée et recherchée. Sans oublier que la matière dont elles sont faites ne permet pas la pose du front.

Tout doute doit être levé par une séparation d’avec l’objet du doute.

REGROUPEMENT DE DEUX PRIERES:

Il s'agit des deux prières du jour, Zuhr et Açr et des deux prières du soir, Maghrib et Ichâ.

Nous allons examiner les conditions de leur regroupement deux par deux dans les temps qui leur sont impartis. Pour nous éclairer: la lumière d’un verset coranique et celle des saintes pratiques du Prophète Muhammad (P). Sur ce dernier point, nous tiendrons compte essentiellement des témoignages des contemporains du Prophète (P) tels que rapportés par les Ulémas.

Les écoles musulmanes sont tous d’accord sur la légalité du regroupement de Zuhr et Açr; ils appellent ce genre de prière «Djam’ou Taqdimi» c’est à dire «prière avancée». Cela signifie concrètement que la prière de Açr est avancée pour être accomplie juste après la prière de Zuhr. Ils sont également d’accord pour le regroupement de Maghrib et Ichâ qu’ils appellent «Djam’ou Tâjîl» ou «prière retardée». Ce qui veut dire que la prière de Ichâ est accomplie juste après celle de Maghrib qui, elle, est légèrement retardée par rapport à son heure habituelle.

Cependant il n’y a accord unanime entre toutes les écoles sur le regroupement des prières que dans une situation bien précise. A savoir pendant le pèlerinage, à Muzdalifa pour les deux prières du jour (Zouhr et Açr). Comme le pratiquait le Prophète Muhammad (P) sur les lieux saints.

En dehors du pèlerinage, les écoles telles que les Malikites, les Châfiites et les hanbalites acceptent le regroupement de deux prières dans le contexte du voyage mais elles ont des positions divergentes quand il s’agit de faire ce regroupement dans d’autres circonstances: maladies, guerres et intempéries.

Les Hanafi, eux, rejettent toute pratique de regroupement de prières en dehors du cadre du pèlerinage.

Quand aux adeptes des Ahlul Bayt (p), ils paraissent comme les plus modérés et les plus tolérants. Pour eux, la pratique du regroupement de deux prières est légale non seulement dans le cadre du pèlerinage, mais aussi en dehors du pèlerinage. Dans ce dernier cas, elle n’est même pas soumise à conditions préalables comme le soutiennent les autres.

Pour notre part nous allons nous en référer à la Sunna du Prophète (p).

L’Imam Ahmed Ibn Hanbal cite dans son livre intitulé Musnad (tome 1, page 221), un hadith rapporté par Ibn Abbâs qui dit«Le Prophète (P) a prié sept et huit, à Médine, sans contrainte aucune, pendant la période où il était sédentaire». Par sept et huit, il faut comprendre le nombre de rak’âts regroupées pendant les deux prières du soir (Maghreb plus Ichâ = 3+4) et pendant les deux prières du jour (Zuhr plus Açr = 4+4).

L’Imam Malick, dans son livre Muwata [91] a rapporté que Ibn Abbas a dit: «Le Prophète (P) a prié Zuhr et Asr dans le même temps, sans être dans des conditions de voyage ni de grande peur» il faut comprendre par là que le Prophète (P) était sédentaire et n’était pas dans des conditions d’insécurité pouvant inspirer la peur.

Muslim, dans ses Sahih [92], a écrit que Ibn Abbas a dit: «Le Prophète (P) a prié Zuhr et Açr dans le même temps, Maghrib et Ichâ dans le même temps, sans être dans des conditions de voyage ni de grande peur.» Dans les mêmes Sahih [93], Muslim répète ce même hadith rapporté par Ibn Abbas. Quand Ibn Abbas demanda au Prophète (P) pourquoi il a regroupé ces prières, le Prophète (P) répondit: «pour ne pas fatiguer ma Umma». Le Prophète (P) avait donc le souci depuis ce temps là, d’alléger le poids du culte pour sa communauté présente et à venir.

L’Imam Bukharî, dans ses Sahih [94], écrit: Adam nous a rapporté que Amru Ibn Dîn a dit:«j’ai entendu Djabr Ibn Zaid qui a entendu Ibn Abbas dire que: le Prophète (P) a prié sept, ensemble; et huit, ensemble». Dans les mêmes Sahih de Bukharî [95], le même Adam rapporte:«j’ai entendu Abba Umamata dire: nous avons prié avec ‘Umar Ibn Abdul Aziz, Zuhr puis on est sorti pour aller chez Annas qu’on a trouvé entrain de prier. Une fois sa prière terminée, j’ai dit: ô frère, quelle était la prière que tu faisais?». Il répondit «C’était Açr, la prière que nous avions l’habitude d’accomplir avec le Prophète». Il apparaît donc à travers ce témoignage que Annas s’est acquitté de la prière de Açr juste après celle de Zouhr, en regroupant donc ces deux prières comme l’a autorisé et pratiqué le Prophète de l’Islam lui-même selon les différents témoignages que nous vous avons rapportés.

Si les prières sont regroupées deux par deux, Zouhr et Açr ensemble, et Maghreb et Ichâ ensemble, cela implique que les prières regroupées partagent le même temps. C’est ainsi que les farîda de Zouhr et Açr partagent le même temps qui commence à partir de Zawal (Zénith) pour finir au crépuscule. Les farîda de Maghrib et Ichâ partagent le même temps qui commence du coucher du soleil jusqu’à tard dans la nuit (aux environs de minuit).

Le farida de Subh commence à l’aube et finit juste avant le lever du soleil. Il apparaît donc un découpage du temps de prières en trois périodes ou moments.

Ces trois temps sont:

- l’aube («quand on peut distinguer le fil noir du fil blanc») pour la prière de Subh,

- la période qui commence dès que le soleil quitte le zénith (votre ombre dépasse vos pieds) et prend fin avec le coucher du soleil ou crépuscule,

- la nuit, période qui commence après le coucher du soleil (les derniers rayons rouges du soleil ont disparu) et se termine tard dans la nuit (autour de minuit).

Ces trois périodes sont clairement exprimées à travers ces versets:

«Et accomplis la salât aux extrémités du jour et à certaines heures de la nuit. Les bonnes œuvres dissipent les mauvaises. Cela est une exhortation pour ceux qui réfléchissent.» (Hoûd 11: 114)

«Accomplis la Salât au déclin du soleil jusqu'à l'obscurité de la nuit, et (fais) aussi la Lecture à l'aube, car la Lecture à l'aube a des témoins.» (Al Isrâ 17 : 78)

«Supporte patiemment ce qu'ils disent et célèbre Sa louange, avant le lever du soleil, avant son coucher et pendant la nuit; et exalte Sa Gloire aux extrémités du jour. Peut-être auras-tu satisfaction:» (Tâ Hâ 20: 130)

«Endure donc ce qu'ils disent; et célèbre la louange de ton Seigneur avant le lever du soleil et avant (son) coucher;» (Qâf 50: 39)

Il convient de ne pas prier Subh ni avant l’aube, ni après le lever du soleil; et ce n’est pas légal de regrouper les prières en dehors des regroupements autorisés et pratiqués par le Prophète Muhammad (P) lui même.

Quels avantages nos contemporains peuvent-ils tirer de cette pratique?

Le rythme alternatif (matin et soir) du travail s’adapte parfaitement au regroupement des prières. Subh avant d’aller au travail, Zuhr et Açr pendant la pose de 12h à 15h, Maghrib et Ichâ après la descente (et même la douche) du soir.

Cependant, il n’est pas rare de les voir absorbés par un train de vie infernal tributaire du monde moderne avec tous ses aléas, au point de se laisser prendre à défaut dans l’exercice du culte de la prière. Ils regroupent trois, quatre, voire les cinq prières du jour au moment de se coucher. Cela s’appelle dans le langage populaire consacré en Afrique de l’Ouest «faire la prière en gros». Ce faisant, ils contreviennent aux prescriptions de Dieu et attirent le malheur sur eux comme le dit le Coran:

«Soyez assidus aux Salât et surtout la Salât médiane; et tenez-vous debout devant Allah, avec humilité.» (Al-Baqara 2 : 238)

«il dit: "Oui, je me suis complu à aimer les biens (de ce monde) au point (d'oublier) le rappel de mon Seigneur jusqu'à ce que (le soleil) se soit caché derrière son voile.

Ramenez-les-moi." Alors il se mit à leur couper les pattes et les cous.» (Sâd 38: 32, 33)

«Malheur donc, à ceux qui prient

tout en négligeant (et retardant) leur Salât,» (Al Mâoun 107: 4, 5)

VILES GROUPES EN ISLAM:

«Et cramponnez-vous ensemble au câble de Dieu; et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs; puis par Son bienfait, vous êtes devenus frères.

Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous a sauvés. Ainsi Dieu vous expose Ses signes. Peut-être vous guiderez-vous.» (Al Imran; 3: 103)

«Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues. Car pour eux l’énorme châtiment.» (Al Imran; 3: 105)

«Et voilà en toute droiture Mon chemin: suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers: ils vous détacheraient de Son sentier.» Voilà ce qu’Il vous enjoint. Peut-être vous comporterez-vous en piété?» (Les bestiaux, 6: 153)

«Oui ceux qui font schisme en leur religion et se forment en sectes, tu n’es en rien des leurs. Rien d’autre; leur affaire appartient à Dieu. Il les informera de ce qu’ils faisaient.» (An hâm, Les bestiaux; 6: 159)

«Obéissez à Dieu et à Son Prophète en évitant toute dispute. Des disputes compromettraient votre union et entameraient votre courage. Et soyez patients. Dieu pactise avec les patients.» (Al Anfâl, 8: 46)

«Oui cette communauté vôtre est une communauté une, tandis que Je suis Votre Seigneur. Craignez-moi donc.» (Al mu’ minun, les croyants, 3: 52)

«Et ne soyez pas de ceux qui donnent des associés, de ceux qui ont divisé leur religion, tandis qu’ils sont devenus des sectes, chaque parti exultant de ce qu’il a par-devers lui.» (Rûm, les Byzantins, 30: 31 et 32)

«Et les croyants n’ont pas à sortir tous en expédition. Pourquoi, donc, de chacune de leurs sections, un groupe ne s’en irait-il pas s’instruire en la loi de la religion, afin d’avertir le peuple quand ils rentrent chez eux! Peut-être prendraient-ils garde?» (Le repentir, at tawba, 9: 122)

Ainsi donc, Dieu a plusieurs fois rappelé à Son peuple le devoir impératif d’union et d’unité qui lui incombe. La division des musulmans constitue pour Dieu une déviation de la Voie qu’Il leur a tracée. Et dés lors on peut craindre que Ses faveurs ne leur seront plus accordées tant qu’ils resteront divisés.

En fait d’où vient cette division des musulmans?

L’on pourrait tout de suite penser que nous sommes en train de reprendre l’objet essentiel de ce livre c’est-à-dire la réunification de tous les musulmans autour des valeurs essentielles du Chemin de Dieu. Ce ne serait pas faux. En effet, nous voulons parler ici d’un aspect spécifique qu’on n’a jusqu’ici pas encore abordé. Il s’agit des origines de la division de la Umma en groupes et autres confréries.

Ces versets n’auront pas besoin d’être commentés car ils nous semblent suffisamment explicites sur les exigences divines d’union et d’unité de la Umma. Cependant quelques hadiths, authentiques ou non, nous ont été rapportés à ce sujet. Ce qui est surprenant, voire renversant, c’est que certains de ces hadiths prennent le contre-pied des susdits versets du Coran et alors démontrent par-là même leur caractère non authentique. D’autres, par contre, mal compris ou interprétés, nous semblent authentiques et en phase avec le Coran, référence ultime et inaliénable des recommandations de Dieu. Citons-en quelques-uns:

H1: «La divergence de ma Umma est une miséricorde» [96]

H2: «Mes compagnons sont comme des étoiles. Si vous vous faîtes guidé par n’importe lequel d’entre eux, vous serez assurément bien guidés.» [97]

H3: «Je vous recommande ma Sunna et la Sunna des Califes guidés et qui guideront après moi.» [98]

H4: «Ma Umma s’éclatera jusqu’à soixante treize (73) groupes et tous iront en enfer sauf un.» [99]

Si les trois autres hadiths nous apparaissent comme authentiques, le deuxième hadith est totalement contradictoire avec la réalité historique et même avec le simple bon sens et la réalité céleste.

En effet dans H1, le Prophète parle plutôt de brassage, d’apports de connaissances islamiques venant de diverses origines. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt du dernier des versets de Coran cités plus haut (qui ressemblait à un cheveu dans la soupe à côté des autres versets) cités ci-dessus:

«Et les croyants n’ont pas à sortir tous en expédition. Pourquoi, donc, de chacune de leurs sections, un groupe ne s’en irait-il pas s’instruire en la loi de la religion, afin d’avertir le peuple quand ils rentrent chez eux! Peut-être prendraient-ils garde?» (Le repentir, at tawba, 9-122)

Ce verset recommande effectivement aux musulmans d’aller s’instruire et de revenir échanger avec les leurs.

Par ailleurs, le mot ikhtilâf, qui est traduit dans le hadith H1 par divergences, signifie plutôt échanges, apports mutuels. C’est d’ailleurs le même mot ikhtilâf qui est cité dans les deux versets ci-dessous et qui y est traduit par le mot alternance:

«Dans l'alternance de la nuit et du jour, et aussi dans tout ce qu'Allah a créé dans les cieux et la terre, il y a des signes, certes, pour des gens qui craignent (Allah).» (Yûnous, 10 - 6)

«Et c'est Lui qui donne la vie et qui donne la mort; et l'alternance de la nuit et du jour dépend de Lui. Ne raisonnerez-vous donc pas?» (Al mou’minûn, 23 - 80)

Seule cette compréhension reste possible; et on peut le démontrer par l’absurde comme suit:

S’il était possible de penser que les divergences étaient positives pour l’Islam alors l’union lui serait certainement défavorable or Dieu exige de Son peuple l’union. Donc, les divergences ne peuvent être positives pour l’Islam. Cette vision est indéfendable.

Quant au 2ième hadith (H2), il est tout simplement inexact car d’abord toutes les étoiles du ciel ne servent pas à orienter le berger. Mais en plus, nous savons que bien des compagnons du Prophète se sont entretués ou ont été maudits par Dieu. Eux tous, peuvent-ils alors être des guides?

Dans le hadith H3, qui est reconnu authentique par la plupart des musulmans, chacun veut voir en qui il veut ces fameux "Califes guidés et qui guideront après moi". En réalité il s’agit des douze Imams Ahlul Bayt (P), d’autant plus qu’il y a d’autres hadiths cités par tous les musulmans qui indiquent que les califes sont douze. C’est exactement pareil lorsqu’il s’agit de savoir de quel groupe le Prophète parle lorsqu’il prédit l’enfer pour tous les groupes sauf un. Evidemment chaque groupe est convaincu que le sien sera sauvé. Mais on est en droit de se demander si le groupe de Fatima Zahra (P), la fille adorée du meilleur des hommes, le groupe de l’Imam Ali (P), la porte du savoir et gendre du Prophète, de Hassan (p) et Hossein (p) qualifiés par le prophète (p) de seigneurs des jeunes gens du paradis, si ce groupe là pourrait être parmi les 72? Simple question. Encore faudrait-il qu’il soit authentique.

Pour en venir aux fondements de l’existence des groupes, nous dirons qu’ils remontent, en réalité, à l’origine même de la création: la première rébellion contre l’ordre divin établi est celle de Satan (Iblîss) contre Dieu à travers Adam devant qui il a refusé de se prosterner. En effet Chah’rastâni, comme beaucoup d’autres auteurs, dans al milal wa nihal (tome 1), donne les arguments par lesquels Iblîss tentera de justifier devant les anges sa rébellion. Malheureusement ce genre de récit n’a jamais de source référencée donc nous n’y insistons pas. L’essentiel est que la rébellion, induisant la division en groupes, nous vient de l’origine de l’humanité.

Ensuite, il y eut tout naturellement d’une part les croyants (partisans de Dieu) et d’autre part les non-croyants (partisans de Iblîss). Si dans le premier groupe il n’y a que des athées (matérialistes, nihilistes, etc.; là aussi la subdivision existe!) c’est dans le deuxième groupe qu’il y a matière à trier.

A l’analyse, selon Chah’rastâni une référence en la matière, trois grands types de descriptions se dégagent chez les auteurs sur les groupes religieux:

1 – l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud;

2 – l’Inde, le monde arabe, les non arabes ou «ajam» (africains, perses, turcs, etc.) et les «rum» ou occidentaux (européens, américains);

3 – les majûss, les juifs, les chrétiens et les musulmans.

En fait, le message de l’Islam est descendu avec le premier homme, Adam. Puis il s’est propagé à travers les âges, incarné par les nombreux prophètes qui ont eu à le diffuser. Parmi ceux-ci nous retiendrons les cinq principaux qui ont eu à apporter avec eux des charias (lois) qui se sont successivement substitués et abrogés : Nuh, Ibrahim, Moussa, Issa et enfin le Sceau des Prophètes, Muhammad (P).

Cependant ils ne nous font pas oublier que d’autres religions monothéistes ont existé en dehors des religions révélées. Il s’agit notamment des religions issues du Veda (l’hindouisme avec ses corollaires que sont le brahmanisme, le bouddhisme et le zen, le taoïsme, etc.) et de l’animisme africain avec ses différentes variantes (béninoise, sénégalaise, ivoirienne, etc.). Il faut préciser qu’il est même certain que ces gens ont reçu un message islamique par le biais de prophètes dûment mandatés par le Très-Haut. Dieu dit qu’Il a envoyé un messager des leurs à tous les peuples. C’est dire que ces religions ont été validées à un moment donné avant d’être abrogées et altérées comme toutes celles qui refusent aujourd’hui cet état de fait. L’Islam est de nos jours l’unique religion que Dieu agrée et dont le Message, l’immuable et inimitable Coran, est gardé par Celui-là même qui L’a écrit.

Nous nous restreindrons donc ici aux subdivisions islamiques. A elles seules, elles peuvent faire l’objet de plusieurs tomes mais l’on se bornera à les situer dans le contexte de leur émergence. Mais surtout on s’intéressera à distinguer, une fois de plus, cet essentiel qui les unit de ce superfétatoire qui les sépare. Car là est l’enjeu de l’uniformité et de l’unicité de la soumission à Dieu mais également de l’unité de la Umma.

Ces divisions, trouvant leur source originelle dans la rivalité des Umayyades contre les Hâchimites, seront renforcées par la suite par le massacre de Karbala. La particularité essentielle des Ahlul Bayt (as), c’est d’être les dépositaires de la vraie Sunna du Prophète (P) et les plus aptes à l’interprétation du Coran. Car personne ne devrait mieux connaître les traditions du Prophète (P) et son interprétation du Coran que sa propre famille. Logique après tout!

A côté des écoles sont venues s’ajouter les confréries. Il s’agit de groupes qui suivent une voie (tariqa ou la voie). Ces voies consistent en un chef, une technique de méditation (zikr) et un comportement. La quasi-totalité des chefs de confréries affirment avoir reçu leur zikr du Prophète (P). En réalité, l’essence de ces zikrs provient effectivement du Saint Coran. Citons- quelques exemples:

1 – La récitation du mot Astakhfirûllah vient du verset suivant:

«Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur,» (Nouh’; 71: 10)

Dieu nous y demande de dire astakhfirûllah.

2 – La profession de foi La illaha illallah est encore une révélation de Dieu:

«Récite ce qui t'est révélé du Livre et accomplis la Salâ. En vérité la Salâ préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu'il y a de plus grand. Et Allah sait ce que vous faites» (Al Ankabout, 29: 45).

3 – La salatu alan-nabî est une recommandation divine:

«Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez (lui) vos salutations(Al Ahzâb, 33: 56)

Nous citerons un exemple de confrérie où le zikr est conforme à ces trois recommandations. Il s’agit de la Tidjanya du Cheikh Ahmed Tidjane Chérif. La raison de notre choix est que nous y sommes nés et y avons passé une bonne partie de notre plus jeune âge. Le plus important c’est que la ressemblance est frappante entre cette confrérie et bien d’autres confréries à travers le monde musulman et ceci en plusieurs points que vous vous évertuerez à trouver par vous-même. Simples remarques pleines de signification sur le vénéré Cheikh Ahmed Tidjane Chérif, initiateur de la confrérie de la Tidjanya:

1 – Le vénéré Cheikh Tidjane ne cite que la famille du Prophète (P) dans sa version de salatu alan-nabî, omettant à dessein les compagnons. D’ailleurs cette prière sur le Prophète (P), à très peu de nuances près, figure dans un livre de l’Imam ‘Ali intitulé Naghjul Balâgha.

2 – Dans un recueil de prières et zikrs de Cheikh, Ahzâbu Wa Awrâd (Pages 147 à 150), il cite les noms des douze Imams Ahlul Bayt (que bien des adeptes de cette confrérie récitent par cœur d’ailleurs sans savoir qui sont ces gens) et il y écrit clairement avec insistance qu’il leur prête allégeance (tawassûl).

De là à penser que Cheikh était un adepte de l’école des Ahl Bayt il n’y a qu’un pas vite franchi d’autant plus que la dissimulation s’imposait à lui à son époque où la répression politico-religieuse était de rigueur. Dés lors on le comprend aisément lorsqu’il nous dit que sa voie lui vient du Prophète (P), directement ou non.

Finalement tous les groupes qui sont dans le vrai – il y en a malheureusement aussi dans le faux – n’enseignent que les recommandations de Dieu tant pour le comportement que pour le zikr. Mais alors pourquoi tant de rivalité, de concurrence ou de velléité de conflit entre disciples de confréries ou groupes différents?

Pourquoi autant de préjugés irrémissibles les uns sur les autres sans aucune tentative d’échanges, de transactions positives diront les psychologues, de compréhension?

Pourquoi simplement cet attachement excessif à des hommes ou des valeurs de niveau nettement inférieur à celui du Prophète et de ses enseignements encore connus et disponibles?

 
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