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Pour ce second point de vue la longévité extraordinaire du Mahdi (P) est scientifiquement envisageable car il suffirait de mettre le corps à l’abri de ces facteurs extérieurs permettant ainsi aux tissus du corps de parvenir à vivre, à survivre au phénomène et à le vaincre définitivement.

«Pour le premier point de vue, poursuit Baqer Sadr, rien ne nous empêche d’envisager que cette loi est flexible car dans notre vie ordinaire nous constatons des cas de personnes âgées possédant des membres en état de jeunesse. Ce qui a d’ailleurs amené des savants à profiter de cette flexibilité de la loi de la vieillesse pour prolonger la vie de certains animaux des centaines de fois leur longévité ordinaire, en créant des conditions et des facteurs qui retardent l’effet de la loi.»

«Même s’il reste vrai que l’expérience scientifique n’a pu à ce jour s’appliquer à l’homme, on peut conclure que la prolongation de la longévité humaine de plusieurs siècles est possible logiquement et scientifiquement, bien qu’elle ne le soit pas encore sur le plan de l’application, mais que l’application scientifique s’achemine vers la réalisation de cette dernière possibilité à long terme.»

Dés lors «l’étonnement et l’interrogation que soulève la question de l’âge du Mahdi (P) n’ont aucune raison d’être car ce n’est pas dans ce domaine seulement que l’Islam dépasse le mouvement scientifique.»

«Le rôle exceptionnel de Sauveur Attendu dévolu au Mahdi (P), chargé qu’il est de transformer le monde et de reconstruire sa structure de civilisation, est à la hauteur des phénomènes extraordinaires et inhabituels qui l’accompagnent.»

Baqer Sadr note d’ailleurs une surprenante «coïncidence: les deux seuls hommes chargés de vider l’humanité de son contenu corrompu et de la reconstruire sont dotés d’une longévité sans commune mesure avec la nature. Le premier, c’est Noé à propos de qui le Coran dit qu’il prêcha «mille moins cinquante ans» (donc il vécu plus longtemps) parmi son peuple et qu’il a pu grâce au Déluge reconstruire le monde. Le second, Al Mahdi (P), a vécu jusqu’à présent plus de mille ans parmi son peuple et devra également reconstruire le monde.»

Pourquoi accepter l’un et refuser l’autre?

Enfin, il nous rappelle encore que «lorsque Ibrahim fut jeté au feu: «Nous dîmes: «Ô feu, sois sur Abraham, froidure et sécurité»; et il en est sorti indemne. Beaucoup d’autres lois naturelles ont été suspendues pour protéger la vie des prophètes et des apôtres de Dieu sur la terre. C’était le cas lorsque Dieu a fendu la mer pour Moïse, ou lorsqu’il a fait croire aux Romains qu’ils avaient arrêté Jésus alors qu’ils ne l’avaient pas fait, ou lorsqu’il a sorti le Prophète Muhammad (P) de sa mission à l’insu de ses ennemis Quraychites qui cernaient cette maison et le guettaient avec vigilance, en attendant le moment propice pour l’attaquer.

Tous ces exemples traduisent la suspension des lois naturelles en vue de protéger quelqu’un dont la Providence veut préserver la vie.

Que la loi de la vieillesse soit rangée parmi ces lois.»

Après l’unanimité (basée sur des hadiths du Prophète) qui existait sur la question d’Al-Mahdi (P) jusqu’à la fin du 3e siècle de l’Hégire, les penseurs musulmans se sont divisés en deux groupes face à la question: ceux, heureusement largement majoritaires, qui croient fermement qu’Al-Mahdi (P) réapparaîtra le moment venu. Ils se fondent sur des hadiths du Prophète, celui-ci étant un homme véridique dont les paroles sont certitudes. Pour eux point n’est besoin de preuves ou d’arguments pour y croire, il s’agit d’une certitude à laquelle ils croient comme si elle se réalisait sous leurs yeux.

A l’opposé, il y a ceux – très minoritaires, Dieu merci – qui renient tout simplement ce prodige ainsi que d’autres prodiges similaires. Pour ces incrédules, matérialistes à souhait, qui croient à une partie du Livre en en rejetant l’autre, seule compte la logique de leur propre raison. Ils ignorent qu’il existe une autre raison plus puissante: la raison de Dieu ou raison canonique selon l’expression du Dr Hamid Afni Daoud [38]; elle qui a la faculté de marier l’instrumental (qui relève des textes sacrés) et le rationnel.

Ils se privent alors des certitudes, par lesquelles Dieu a voulu distinguer notre Umma des autres nations aux dires mêmes du Sceau des Prophètes, Al Mustapha, l’Elu et le Bien-aimé (P):

«Aucune autre Umma n’a reçu autant de certitude que la mienne.»

Avec les éblouissants progrès scientifiques de notre époque moderne, ces tenants d’une certaine idéologie pseudo-scientifique [39] ont perdu encore plus la chance de comprendre encore moins de croire à la métaphysique et à certains événements rapportés tantôt par le Coran tantôt par les hadiths. Quelque puisse être leur niveau de connaissances, ils oublient ou ignorent une vérité essentielle: le réel ne se limite pas à ce que peuvent appréhender nos sens.

Chapitre III:

La Succession

Trois mois avant sa mort, le Prophète de l’Islam (P) venait de parachever notre religion à Ghadir Khom [40] après son dernier pèlerinage à la Mecque, par ce verset:

«Aujourd’hui j’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous mon bienfait. Et il m’agrée que l’Islam soit votre religion.» (Le Plateau servi, 5: 3).

Ainsi après avoir transmis aux hommes la Révélation Divine (le Coran) et effectué son pèlerinage d’adieu à la Mecque, il ne lui restait qu’à désigner le successeur que Dieu Lui-même avait choisi pour poursuivre Son œuvre de Salvation de Ses créatures. Ce qu’il fit à Ghadir Khom avant de conclure par ce fameux verset que nous venons de citer.

Il est donc clair que le Prophète (P) devait quitter ce monde une fois et seulement une fois sa mission accomplie. Et aussi que Dieu, toujours dans Son Amour illimité pour Ses créatures, avait laissé aux hommes la voie libre pour garder le cap vers la Société de l’Unicité Divine en leur désignant les deux poids auxquels il fallait s’accrocher pour ne pas se perdre: le Livre de Dieu et la Descendance [41] du Prophète (P) à commencer par l’Imam ‘Ali Ibn Abi Taleb (P).

Le libre arbitre et la faiblesse de l’homme devant l’attrait du pouvoir vont déjouer ce grand dessein à travers une bataille pour la succession qui n’aura une fin que dans l’éclatement de la Communauté Islamique en une constellation de petits groupes et surtout l’éloignement de la seule Voie que tous reconnaissent comme véridique, celle de la Descendance du Prophète (p).

I- LE TESTAMENT DU PROPHETE:

Recommandation divine

Dieu dit:

«Quand la mort s’approche de l’un de vous, s’il laisse du bien, le testament vous est prescrit en faveur des pères et mères et des proches, selon l’usage. C’est un devoir pour les pieux.

Donc quiconque l’altère après l’avoir entendu, alors le péché pèse sur ceux qui l’ont altéré. Dieu entend, vraiment, Il sait.

Mais quiconque craint d’un testateur quelque injustice ou péché, et les réconcilie, alors, pas de péché sur lui. Dieu est Pardonneur, vraiment, Miséricordieux!» (Baqâra, 2: 180 à 182)

Le Prophète (P), Meilleur des hommes, Reflet de la perfection divine, ne pouvait déroger à la règle, laissant sa Communauté sans testament donc sans successeur, surtout quand on sait l’importance et la valeur de son héritage.

Le Prophète (p) a effectivement laissé des choses que personne n’a laissées et celles-ci exigent un testament. Nous savons qu’il a laissé la religion d’Allah à son premier stade et dans sa première jeunesse, ce qui rend le légataire plus important encore que s’il y avait de l’or ou de l’argent, une maison ou un terrain, un labour ou des bêtes. La nation toute entière a besoin du légataire qui remplace le Prophète (P), qui s’occupe de ses problèmes, qui administre les affaires de ce monde et de la religion et soit le garant de la continuité dans le droit chemin de Dieu.

Il est de ce fait impossible, tant sur le plan de la Loi de Dieu (le Coran) que sur celui de la raison pure et encore moins sur celui de la vérité historique, que le Prophète (p) n’ait laissé un testament à sa communauté.

Dieu dit:

«Ô Messager, communique ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur; - si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son Message. Et Dieu te protégera des gens. Non, Dieu ne guide pas le peuple mécréant.» (Ma’îda, 5: 67)

Ainsi le Prophète (p) avait reçu de Dieu l’ordre de communiquer à son peuple le nom de son successeur. C’est ce qui amena le Prophète (p) à réunir son peuple expressément à Ghadir Khomdans les conditions que l’on sait pour lui annoncer solennellement son successeur et légataire:

«Vous croyez qu’il n’y a de dieu que Dieu, que Muhammad est Son messager et Son Prophète, le Paradis et l’enfer sont des vérités, que la mort et la résurrection sont certaines, n’est-ce pas ?»

Ils répondirent tous :«Oui, nous le croyons !»

Il les informa alors qu’il sera bientôt rappelé par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration :

«Celui dont je suis le Maître ‘Ali aussi est son Maître. Que Dieu soutienne ceux qui soutiennent ‘Ali et qu’il soit l’Ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de ‘Ali.»

‘Umar et Abu Bakr firent partie des premiers à féliciter l’Imam ‘Ali (P). ‘Umar le fit en ces termes :

«Bakhin! Bakhin! (Bravo! Bravo!) Tu es devenu le maître de tous les croyants et croyantes.»

Le testament n’est-il pas le fait de confier certaines de ses affaires à un autre?

Si oui alors le testament fait à ‘Ali (P) par le Prophète (P) ne peut être nié, car il n’y a aucun doute qu’il lui a confié, après lui avoir légué la science et la sagesse, la tâche de le laver, de le préparer et de l’enterrer [42] ainsi que d’acquitter sa dette, d’accomplir sa promesse, de libérer sa conscience, et de montrer aux gens le vrai, les lois et les règlements établis par Allah l’Exalté, lorsqu’ils seront dans la discorde. Il fit savoir à sa nation que ‘Ali (P) est son dirigeant après lui, qu’il est son frère, le père de ses enfants et son ministre. Il est également son proche, son légataire, la porte de sa citadelle du savoir, la porte de sa maison de sagesse, la porte de la rémission de cette nation, sa sécurité et l’arche de son salut [43].

Rappelons-nous que la première fois que le Prophète fit connaître solennellement le successeur que Dieu avait choisi pour lui remonte à l’appel à l’Islam [44] que Dieu lui avait demandé de lancer à ses proches au tout début de la Révélation.

Il n’a cessé, depuis lors, de rappeler ce testament jusqu’à l’heure de sa mort. Il a voulu, à cet ultime instant, écrire son testament à ‘Ali (P) pour confirmer ses promesses verbales. Il dit:«Apportez-moi de quoi vous écrire quelque chose qui vous empêcherait de vous égarer à jamais.» Ils se sont disputés alors qu’il faut éviter de le faire devant le Prophète (p), ils ont dit: le Messager d’Allah délire [45] (yahjur, en arabe) – que cela déplaise à Dieu. Alors même que Allah dit dans le Saint Coran que le Prophète (P) ne délire jamais et que tout ce qu’il dit est fondé et doté de sens (voir chapitre sur l’Assama du Prophète (P).

Il a alors compris, suite à cette parole, qu’il ne resterait trace de cette écriture que la sédition. Il leur ordonna:«levez-vous». On peut se demander si ces compagnons se rappelaient en ce moment-là ce verset du Saint Coran:

«Ô vous qui avez cru! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres, sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte.» (Les Appartements, 49: 2)

A sa communauté le Prophète (P) a plusieurs fois recommandé de s’accrocher aux deux poids [46]: le Livre de Dieu et la Sainte Descendance du Prophète (P). Rappelons à ce sujet le Hadithul thaqalayni:

«Je vous lègue deux poids: le premier c’est le Livre de Dieu dans lequel sont votre Guidance et votre Lumière. Puisez dans ce Livre et accrochez-vous à ce Livre et à ma descendance (Ahlul-Bayt), ma descendance, ma descendance.». D’après Sahih Muslim de Muslim, Tome II à la page 238.

En conclusion, même si le testament n’a pas été rédigé au moment voulu, il est donc connu de tousparce que prononcé par le Prophète (P) en personne à plusieurs reprises et devant témoins.

Le Prophète (P) de l’Islam avait accompli sa mission et Dieu était satisfait de lui, Qui fit descendre peu après la fameuse Déclaration de Ghadir Khom, le verset suivant:

«Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous mon bienfait. Et il m’agrée que l’Islam soit votre religion.» (Ma’îda, V-3)

De retour de Ghadir Khom, le Prophète (P) tomba malade et rejoignit le maître du trône entre 14 et sept jours plus tard – selon les historiens et autres traditionnistes – comme il l’avait prévu et annoncé à sa nation toute entière réunie.

La maladie du Prophète (P) débuta dans le mois de çafar de l’an 12 après l’Hégire. Le lundi qui précéda sa mort, le Prophète fit installer un camp à Jorf à cinq kilomètres de Médine sur la route qui mène vers la Syrie. Il avait nommé à la tête de cette expédition un jeune homme âgé d’environ dix huit ans du nom de Oussama, fils de Zaid.

Zaid était un ancien esclave de Khadija (RA) qui l’avait donné au Prophète (P). Ce dernier l’avait affranchi par la suite et éduqué comme son fils. Il l’avait nommé pour commander l’expédition qui défendit le drapeau de l’Islam à Môu’tâh – derrière Ja’far Ibn Abi Taleb (RA) et devant Abdallah Ibn Rawahata. Al Harîth b. ‘Umar avait été envoyé par le Prophète auprès du Roi de Basra. Il fut intercepté par le chef des romains, Char’habil Ibn ‘Umar qui, après avoir lu la lettre du Prophète (p), le fit exécuter.

Le Prophète fit partir une armée de 3 000 personnes pour aller s’enquérir des raisons pour lesquelles son messager avait été tué. La délégation fut attaquée et en grande partie massacrée à son tour par l’ennemi, les chefs de guerre en premier; et les hypocrites médirent sur la décision du Prophète d’avoir choisi Zaid.

C’est le fils de ce valeureux chef de guerre que le Prophète (P) avait désigné pour «chercher le sang» de son pèreet de tous ceux qui furent martyrs de Môu’tâh, comme le disent les arabes. Certains compagnons refusèrent d’exécuter l’ordre du Prophète (P), contestant la désignation à la tête de l’expédition d’un ancien fils d’esclave, trop jeune et certainement inexpérimenté à leurs yeux pour les commander.

Le jeudi suivant le Prophète (P) se décida à parler à son peuple de façon définitive à propos de l’expédition de Oussama. En effet, les rumeurs de la contestation de son choix de Oussama et du refus de certains de partir à Jorf qui s’en est suivi, étaient parvenues au Prophète (P). Bien que très malade, il tenait à leur communiquer ce message car l’effet de surprise était capital pour la réussite de cette opération comme il l’avait déjà précédemment évoqué. Il se fit aider dans son déplacement par deux hommes: Abbas b. Abdel Muttaleb et l’Imam ‘Ali (P). Ce fut par ailleurs le même ‘Ali (P) et son cousin Fadhl Ibn Abbâs qui l’aidèrent encore à se déplacer lorsque, sur la demande de ses proches, ses femmes se mirent d’accord pour qu’il n’ait plus à se déplacer d’un appartement à l’autre vu l’état de sa santé. Ils l’emmenèrent alors de l’appartement de Maymounah, une mère des croyants, à l’appartement de Aïcha où il resta jusqu’à ce que son âme rejoignît le Tout-Puissant.

Ce jour-là donc, le Prophète (P) monta en chaire et prononça ce discours [47] :

«Ô gens, j’ai appris ce que vous avez dit contre ma désignation de Oussama. Si vous avez récusé et injurié sa tutelle, vous l’avez fait auparavant en refusant la tutelle de son père. Et je jure par Dieu qu’il était digne d’être le chef comme son fils est digne de l’être.»

Il continua:

«Préparez promptement l’armée de Oussama. Qu’Allah maudisse ceux qui restent en arrière.» [48]Il ne retenait que les membres de sa famille qui étaient restés autour de lui: les Ahlul Bayt. IbnKhoutayba en témoigne dans son «Imamat wa Siassah».

Malgré cela certains compagnons revinrent presque aussitôt partis, avertis qu’ils ont été que le Prophète (p) allait de moins en moins bien. Evidemment pour ceux qui s’intéressaient à lui succéder il était essentiel d’être là au moment de la disparition du Guide.

Le lundi du jour de sa mort, le Prophète (P) fit ses dernières recommandations aux femmes en leur rappelant ces versets du Coran:

«Ô femmes du Prophète, vous n’êtes pas comme de quelconques femmes. Si vous voulez vous comporter en piété, alors ne vous abaissez pas en parole, afin que ne vous convoite pas celui au cœur de qui est la maladie. Et tenez un langage décent.

Restez dans vos foyers; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes d’avant l’Islam. Accomplissez la prière et acquittez l’aumône légale et obéissez à Allah et à son Messager.» (Les Coalisés, XXXIII-32 et 33)

Al Bukharî, dans le chapitre sur la maladie et la mort du Prophète (p), mais aussi beaucoup d’autres auteurs de hadiths, rapporte ceci:

A sa fille adorée Fatima Zahra (P), il (P) demanda de s’approcher puis lui chuchota quelques mots dans le creux de l’oreille.Fatima (P) se mit à pleurer. Alors le Prophète (P) refit le même geste qui, cette fois la fit sourire.

Quand on demanda à Fatima (P) ce que le Prophète lui avait confié chaque fois, elle dit que la première fois il lui confia qu’il allait mourir et que la deuxième fois, il la rassura en lui annonçant qu’elle allait être la première à le suivre. En effet, elle mourut quelques six mois plus tard.

Le Prophète prit la tête de l’Imam ‘Ali (P) sous son manteau qui les couvrit tous deux, et ce jusqu’à ce que ‘Ali (P) ait sorti sa tête pour annoncer la mort du Messager de Dieu. [49]

Au matin du lundi suivant vers midi, le Prophète de l’Islam (p) rejoignit son Grand Ami, le Seigneur des Mondes et Propriétaire des Ames.

La tristesse fut immense et la désolation terrible.

Dés que ‘Umar apprit la nouvelle il vint auprès du défunt, s’assura du décès du Prophète (p) puis se dirigea vers la cour pour crier:

«Le Prophète n’est pas mort, il est parti auprès de son Seigneur, comme l’avait fait avant lui Moûssâ, pour s’absenter pendant quarante jours. Il retournera parmi nous encore.» Brandissant son épée, il s’écria:

«Je couperai la tête de quiconque oserait dire que le Prophète est mort.»

C’est alors que Abu Bakr apparut, prit le temps d’écouter ‘Umar puis alla vérifier lui-même l’état du Prophète. Lorsqu’il ressortit de l’appartement, il interpella ‘Umar qui continuait à haranguer la foule. Celui-ci ne l’écouta pas. Il s’adressa alors directement à la foule:

«Avez-vous déjà oublié le verset coranique qui avait été révélé au Prophèteaprès le jour d’Ohod? Et ignorez-vous l’autre verset coranique révélé au Prophète: «Tu vas sûrement mourir, (O Muhammad) et eux aussi vont mourir» (Les groupes, XXXIX – 30) Et Abu Bakr de poursuivre:

«Que celui qui adore Muhammad sache que Muhammad est vraiment mort, mais que celui qui adore Dieu sache que Dieu est immortel: Il est vivant et ne meurt pas.»

Le premier verset dont parlait Abu Bakr était le suivant:

«Muhammad n’est qu’un Prophète; des Prophètes sont morts avant lui. Retourneriez-vous sur vos pas, s’il mourait ou s’il était tué?» (La famille d’Imran, III – 144)

Pendant ce temps, l’Imam ‘Ali, s’occupait, à l’intérieur de la maison, à la préparation du lavage du corps du Prophète (p), en compagnie de Abbâs et de ses deux fils, Fadhl et Qutham, ainsi que d’Oussama et Saleh ou Charqân. Ils enveloppèrent le corps d’un tissu trouvé sur place pour ensuite laisser le soin à ‘Ali (P) de le laver. Comme prévu déjà à sa naissance lorsque le Prophète (P) lui donna son premier bain, ‘Ali (P) avait été désigné par lui (P) pour cette tâche, et personne d’autre, sous peine de devenir aveugle, n’était autorisé à laver le corps du Prophète (p).

‘Ali (P) s’acquitta de cette tâche et ils revêtirent le corps des vêtements dans lesquels il était mort avant de l’enrouler dans deux draps de tissu blanc. Au- dessus de tout cela fut posé un drap de tissu rayé du Yémen.

Puis vint le moment de la prière sur le corps. A la suite de l’Imam, les proches parents suivis par les Partisans et les Compagnons du Prophète (p) entrèrent tour à tour par groupes de dix personnes à la fois pour prier sur le corps.

Il ne restait plus que l’enterrement lorsqu’une discussion portant sur le lieu d’enterrement, s’engagea. ‘Ali (P) [50] trancha la question en affirmant avoir entendu le Prophète lui-même dire que là où un Prophète meurt il doit être enterré.

Les deux fossoyeurs de Médine de l’époque, Abu Obaydah al-Jarrâh pour les Mecquois et Abu Talhah Zaid b. Sahel pour les Médinois, furent sollicités sur ordre de Abbas. Le premier étant absent, il appartint à Abu Talhah de creuser le tombeau du Prophète (P). L’enterrement eu lieu dans la nuit du mardi ou à l’aube du mercredi. L’Imam Ali (P) fut la dernière personne à quitter l’intérieur du tombeau qui fut ensuite, une fois la voûte (ou lahd) refermée, rempli d’une terre légèrement humidifiée.

II- LE KHILAFAT DE L’IMAM ALI (P):

L’action que le nouveau Calife eut à poser dans l’immédiat pour répondre à la demande de son peuple fut la révocation des personnes impies aux agissements et délibérations injustes qui gouvernaient la plupart des provinces de l’Empire.

Concernant Mu’âwiyah , ‘Ali (P) rejeta d’une main la proposition de Abdullah Ibn Abbâs de ne pas le déposer pour l’instant vu sa popularité en Syrie et son refus de se soumettre. ‘Ali (P) s’expliqua par le fait que la Loi de Dieu n’autorise pas les tromperies astucieuses, avant d’assurer qu’il ne devait pas permettre à un impie de rester à ce poste ne serait-ce qu’un jour. Il proposa ensuite à Abdullah Ibn Abbâs d’aller remplacer Mu’âwiyah. Ibn Abbâs déclina l’offre arguant que Mu’âwiyah le tuerait à cause de sa parenté avec ‘Ali (P).

Le Calife tenait à appliquer les réformes que le droit chemin lui imposait de faire et auxquelles Dieu mais aussi son peuple attendait de lui. C’est ainsi que furent envoyés au mois de Muharram 36 A.H.:

1. Ubaydullah Ibn Abbâs au Yémen,

2. Qays Ibn Sa’d Ibn Obâdah en Egypte,

3. Quthâm Ibn Abbâs à la Mecque,

4. Samâhah Ibn Abbâs à Tihâmah,

5. Awn Ibn Abbâs à Yamânah,

6. Usmân Ibn Honayf à Basrah,

7. Ammara Ibn Chahab à Kûfa,

8. Sa’îd Ibn Abbâs à Bahrein,

9. Sahl Ibn Honayf en Syrie.

La plupart des nouveaux gouverneurs que l’Imam ‘Ali (P) avait nommés, ne trouvèrent à leur poste ni prédécesseur ni trésor public.

Qays Ibn Sa’d, le nouveau promu pour l’Egypte réussit à remplacer Abdullah Ibn Sarh en usant de ruse. Ibn Sarh s’était enfui en Syrie, chez Mu’âwiyah, dés la nouvelle de la mort de Usmân. Devant la résistance de quelques opposants Ibn Sa’d feignit d’abord de prendre parti pour Usmân avant de se faire accepter.

Usmân Ibn Honayf, lui, nouveau gouverneur de Basra, y entra sans opposition.

Ammârah apprit sur le chemin vers Kûfa que les gens de cette ville portaient leur choix sur Abou Moûssâ al-Ach’arî qu’ils avaient fait nommer par Usmân. Il rebroussa chemin et fit un rapport à l’Imam ‘Ali (P).

Il en fut de même pour Sahl, le nouveau gouverneur de Syrie nommé par ‘Ali (p) pour remplacer Mu’âwiyah. Avant d’arriver à Damas, des cavaliers rencontrés en chemin lui apprirent que les Syriens n’étaient pas préparés, loin s’en fallait, pour accueillir un homme de ‘Ali (P).

D’autres nominations interviendront par la suite en dehors de celles citées ci-dessus.

Il y eut dans toutes ces réformes de l’Imam ‘Ali (P) au moins deux grands déçus: Talhah et Zubair. Ils se virent refuser par ‘Ali (P) leurs candidatures au poste de gouverneurs respectivement de Kûfa et Basra. ‘Ali (P) leur opposa son désir de les garder à ses côtés en tant que conseillers.

Pour ce qui était de la Syrie, ‘Ali (P) savait ce qu’il lui restait à faire: aller faire entendre raison à Mu’âwiyah et libérer le peuple de Dieu du joug d’un chef injuste, à travers le dialogue d’abord, l’arme des forts, puis la force des armes si l’impie persistait dans l’erreur. En procédant ainsi ‘Ali (P) tenait à rester en conformité avec le Saint Coran comme dans tous ses actes. En effet, Dieu nous dit à ce propos:

«Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle [51] contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allah aime les équitables.» (Al-Houjourât, ID-9)

La bataille de Cifayin:

1-L’établissement de l’Imam ‘Ali (P) à Kûfa:

Quinze jours après la fin de la bataille du chameau, ‘Ali (P) ayant déjà nommé ‘Abdullah Ibn Abbâs gouverneur de Basra, mit en mouvement ses troupes en direction de Kûfa. Le Calife avait décidé de faire de cette ville le siège de son gouvernement. Au moins deux raisons militaient en faveur du choix de Kûfa.

La toute première de ces raisons était d’ordre stratégique. Kûfa se trouvait au centre de l’Empire, à égale distance des principales régions composant l’Arabie ancienne. Ce qui réduisait de beaucoup les charges suscitées par les déplacements de l’Armée de la Umma et augmentait sa mobilité.

La deuxième raison était l’avantage numérique de la population de Kûfa par rapport à celle de Médine mais aussi son plus grand attachement à l’Imam ‘Ali. A Médine l’Imam n’avait pas réussi à lever une armée de plus de neuf cents hommes alors qu’à Kûfa plus de neuf mille hommes s’alignèrent derrière lui.

Cette ville était entièrement acquise à l’Imam ‘Ali et à ses partisans.

2-Les objectifs de Mu’âwiyah en Syrie:

Profitant de l’assassinat de Usmân, Mu’âwiyah avait monté toute une stratégie de propagande contre les assassins du Calife pour, en réalité, renforcer son pouvoir et satisfaire ses ambitions indépendantistes. Son refus de voler au secours du Calife Usmân assiégé participait de cette visée personnelle de Mu’âwiyah.

Malheureusement ses partisans ne parvenaient pas à voir cette réalité qui crevait pourtant les yeux. Toutefois, à la décharge du grand nombre d’umayyades qui avaient quittaient Médine pour se réfugier en Syrie et des Syriens soutenant Mu’âwiyah, il existait trois raisons influentes, quoique insuffisantes, qui les rendaient aveugles à ce point.

D’abord, les umayyades – à l’instar des tribus arabes de l’époque – tenaient coûte que coûte à venger le sang de leur frère Usmân. Cette tradition de vendetta était fortement établie en Arabie et elle se transmettait de générations en générations. Or Usmân avait été tué à Médine par toute une population. Donc n’importe quel bouc émissaire qu’on leur désignait, surtout venant de Médine, devenait l’ennemi à abattre. En particulier le remplaçant du Calife qui devenait ainsi l’assassin virtuel désigné bien que tout le monde sût le rôle de conseil, de médiation pour la paix et de protection que joua ‘Ali (P) pour Usmân avant et pendant toute la durée de ses difficiles négociations avec les révoltés.

Ensuite, une campagne insidieuse était menée par Mu’âwiyah en vue de faire monter la haine envers les assassins de Usmân. Suivant en cela son Conseiller Amr Ibn al-Âç, Mu’âwiyah avait fait accrocher sur la chaire de la Mosquée de Damas la chemise tâchée de sang que Usmân portait lors de son assassinat ainsi que les doigts estropiés de sa femme Naelah [52]. La vue de tels objets pendant de longues semaines ne cessait, comme l’espéraient les exposants, de faire couler les larmes des Syriens et d’accroître leur désir de vengeance [53] contre les auteurs d’un tel acte.

 
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