Back Index Next

Dieu achève de nous convaincre - Il «jure»! - que Son Livre est «codé» et que «seuls les purifiésle touchent».

Certains traducteurs du Coran - notamment Muhammad Hamidoullah et Yûssuf ‘Ali - ont utilisé «bien gardé» à la place de «codé».Cependant ce dernier mot traduit mieux en effet le terme arabe «mak-nûne» qui signifie que le Coran est certes un Livre donc physique mais qu’Il est surtout une Subtilité Divine à la compréhension profonde de laquelle ne peuvent avoir accès que des Privilégiés. Lesquels Privilégiés sont les Purifiés, Al Moutaharouna. La même expression, Al Moutaharouna, est utilisée pour désigner les membres de la Famille du Prophète (P) dans le verset de la Purification P2. S’agirait-il d’une coïncidence ?!

Rappelons-nous, pour répondre à cette question, du verset P1 où Dieu nous dit:«Demandez aux Gens du Zikr si vous ne savez pas.» Ainsi donc l’on comprend que les Ahlul-Bayt ont été purifiés par Dieu et sont de ce fait les seuls en mesure de porter à notre entendement les méandres du Livre codé qu’est le Coran. Le lien entre ces trois versets - P1, P2 et P6 - est clairement établi. Il ne s’agit point de coïncidence mais d’un lien étroit et explicite.

Aussi est-il évident qu’il ne s’agit pas ici d’un simple toucher physique comme l’ont souvent mal interprété certains exégètes. Car c’est Dieu Lui-même qui assure que seuls les purifiés peuvent toucher ce Livre. Or on sait que n’importe qui peut s’emparer d’un livre, fut-il le Coran, et donc le toucher au sens physique. Et même pire que cela, des gens ont brûlé le Coran d’autres L’ont déchiré et malgré tout Il est encore là et sera toujours et au delà des jours là.

Par ailleurs il relève du simple bon sens que tout musulman doit se purifier avant tout acte cultuel - pas seulement lors du toucher du Coran - et même si possible en permanence. Le Prophète (P) a de tout temps réservé une place de choix dans ses enseignements à l’hygiène et à la propreté.

II-2-2 Concernant l’Imam Ali

P7 « Et avertis ton clan le plus proche.» (Al-Chu’arâ, 26: 214)

C’était aux premiers temps de l’Islam à la quatrième année de sa mission. Lorsque le Prophète reçut cet Ordre de Dieu d’avertir ses proches parents, il invita les enfants de Abdoul Mouttalib à un entretien dans ce but.

Une première rencontre eut lieu. Le Prophète (P) demanda à l’Imam Ali (P) de préparer le repas pour une quarantaine de personnes avec seulement deux kilogrammes et demi, soit un sâh, de farine de blé et un gigot de viande. L’Imam Ali (P) s’exécuta et non seulement tout le monde mangea à sa faim mais la nourriture resta. Ce miracle fit dire à Abou Lahab que le Prophète (P) les avait ensorcelés. Suite à cette déclaration les hôtes du Prophète quittèrent les lieux sans avoir attendu l’objet de la réunion.

Une deuxième rencontre fut alors convoquée par le Prophète dans les mêmes conditions d’organisation et avec le même miracle. Cette fois-ci on l’écouta.

Le Prophète dit ceci :

«Ô fils de Abdul Muttalib, je jure par Dieu que je ne connais pas un jeune dans le monde arabe qui a amené quelque chose de meilleur que ce que je vous ai amené car je vous ai amené le meilleur qui soit dans ce monde et dans l’Au-delà. Dieu m’a ordonné de vous appeler à Cela.

Dieu n’a jamais envoyé de Prophète sans qu’Il ait désigné son successeur parmi ses propres parents. Qui va m’assister dorénavant dans ma noble tâche et être ainsi mon frère, mon héritier et mon successeur? Il sera pour moi ce que fut Harun pour Moïse.»

Devant le mutisme teinté d’incrédulité et de railleries de l’assistance, le jeune ‘Ali (P) se leva aussitôt et se porta volontaire avec véhémence pour une telle mission. Cependant, afin de laisser la possibilité à d’autres candidats de se proposer, ce ne fut qu’au troisième appel que le Prophète accepta l’unique proposition venant de ‘Ali (P).

Le Prophète l’entoura de ses bras et portant haut son bras, dit :

«Voilà mon frère, mon lieutenant, mon successeur, mon Khalife sur vous. Ecoutez-le tous et obéissez-lui.»

La réunion terminée, l’assemblée se disloqua. Certains, se moquant de Abu Talib (P), lui faisaient remarquer qu’on venait de lui ordonner ainsi d’obéir à son fils.

Cette histoire a été ainsi racontée par plusieurs sources parmi lesquelles on peut citer:

* Ibnul Açir dans Al Kâmil page 24.

* Souyoûti dans Jamoul Jawami tome VI pages 392, 396, 397.

* Al Muharîkh (l’historien) Jorgy Zeïdan dans Tarikhou Tamadoûnoul Islami tome I page 31.

* L’érudit Mohammed Hassanil Haïkal dans Hayyat Mohammed page 104, 1ère édition.

* L’Imam Ahmad dans ses Musnad tome I page 111.

* Le savant Al Kanji Ashaf-hi dans Fil Kifâya page 89.

* Tabari dans ses Fi Tawârikh.

* Ibn Abil Hadid dans Charhou Nahj tome III page 255.

* Également deux occidentaux bien connus dans le monde islamique: l’anglais Georgis dans Makhalatoune fil Islam (Un mot sur l’Islam) et Thomas Carlyl dans Al Abtal (Les Héros).

L’on est en droit de tirer de ce verset P6 que le successeur du Prophète (P) est bel et bien Ali Ibn Abu Talib (P).

P8«Et Ibrahim! ... Quand son Seigneur l’eût éprouvé par de certaines paroles et qu’il les eut accomplies, le Seigneur dit : "Oui, Je vais faire de toi un Imam pour les gens" - "Et de ma descendance ?" demanda-t-il. - "Mon Pacte dit Dieu, ne touche pas les prévaricateurs."» (Baqara, 2: 124)

Le Prophète Ibrahim (P) a eu à subir, nous dit le Tout-Puissant, beaucoup d’épreuves avant d’être désigné par Dieu Lui-même Imam. Parmi ces épreuves on peut rappeler: le supplice du feu, l’épreuve de la lune, du soleil, ses tribulations, sa patience et sa fidélité, la construction du Temple de la Ka’bah, l’épreuve du sacrifice de son fils Ismaël (P).

Ceci vient nous confirmer ce que nous disions plus haut à propos de l’Imamat (§ I-1-2-3) : un Imam doit être une personne exceptionnelle à tout point de vue notamment au plan de la Connaissance et de la Spiritualité - donc la moralité - tant passée que présente. En clair, un Imam doit être infaillible et sans pêché tant dans son passé que dans son présent comme l’exprime le mot arabe «az-zâlimina» qui est tantôt traduit par «les injustes», tantôt par «les prévaricateurs» mais qui va plus loin en dénotant le caractère permanent de cette «injustice» passée ou présente; tout comme d’ailleurs sont différentes une personne condamnée puis graciée et une personne qui n’a jamais été condamnée. Ces deux personnes sont certes libres mais elles n’ont pas aux yeux de la Loi le même statut comme l’attestent leurs casiers judiciaires respectifs.

L’Imam ‘Ali (P) n’a pas eu à pratiquer une autre religion que l’Islam. Son Savoir était immense, ses qualités humaines inégalables et ses vertus morales sans faille et ceci de tout temps. Cela est enseigné par toutes les Écoles de l’Islam. Nous vous renvoyons à ce propos au paragraphe concernant l’Imam ‘Ali (P) { § II-3].

De ce fait on est en droit de nous attendre à ce qu’une telle personne puisse être désignée par Dieu Imam, contrairement à bien de ses contemporains qui ont osé se positionner devant lui pour le Pouvoir tout en lui reconnaissant toutes ses qualités extraordinaires et malgré le Choix de Dieu porté sur lui. D’autant plus que de tous ceux qui pensaient pouvoir prétendre à la succession du Prophète (P) il était le seul à en avoir les arguments intellectuels, moraux, spirituels et divins.

P9«Non, vous n’avez d’autres maîtres que Dieu et Son Messager, et les croyants qui établissent l’office et font la charité cependant qu’ils s’inclinent.» (Ma’îda, 5: 55)

Dés que ce verset fut révélé au Prophète (P), il sortit de chez lui et se dirigea vers la mosquée. Avant d’y arriver il rencontra un mendiant et lui demanda s’il avait reçu de l’aumône et de qui. Le mendiant lui confirma qu’il venait de recevoir une bague de la part d’une personne qu’il désigna. Il précisa que le donneur était au moment du don en position d’inclinaison dans la prière (Roukou).

Le donneur était l’Imam Ali Ibn Abu Talib (P). Le Prophète (P) convaincu une fois de plus de la position exceptionnelle de l’Imam ‘Ali (P) en tant que son successeur désigné par Dieu, s’émerveilla devant tant de Lumière Divine et confirma ce qu’il dira encore à Ghadir Khom [27] à propos de son illustre second.

Tous les musulmans sont unanimes sur l’interprétation de ce verset quant à son lien avec l’anecdote que nous venons de raconter.

Citons quelques références parmi beaucoup d’autres, ayant trait à cette question:

* Aboul Hassan ‘Ali Nisabury dans Asbabun-nuzul, page 113 de la version arabe.

* Suyûti dans Dûrrul Mansûr, tome II page 293.

* Tabrâni dans Al Awçat.

* Al Kandji Ashafi-hî dans Kifayatou-talib, page 106.

* Fakhrou Razzî dans ses tafsir, tome III page 417.

* Shiblanji dans Nurul Absar, page 105.

* Zamakhchari dans Al Kachaf, tome I page 422.

* Tabari dans Zakhaîroul Oukhba, page 88.

Ce verset à lui tout seul aurait suffi pour démontrer - s’il en était encore besoin malgré toutes les déclarations du Prophète (P) - que l’Imam ‘Ali (P) était le successeur désigné par Dieu, du Prophète de l’Islam (P). Ce verset est clair et limpide comme l’eau de source et son interprétation ne souffre d’aucune contestation pour ceux qui comprennent les signes de Dieu.

P10«Dis :"est-ce qu’ils sont égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?" » (Zumar, 39: 9)

Le Prophète (P) nous a dit dans un Hadith reconnu par tout le monde musulman :

«Je suis la Cité de la Connaissance et ‘Ali en est la Porte».

L’Imam ‘Ali (P) lui-même disait souvent:

«Demandez-moi avant que vous ne me perdiez.Il n’y a pas un seul verset qui soit descendu sans que je ne sache à quel moment et dans quel contexte il est descendu.»

Dés lors, il est évident que l’Imam Ali (P) était le plus savant de ses contemporains. Par conséquent, selon ce verset, il était celui-là même qui méritait avant quiconque de porter le flambeau de la Connaissance de l’Islam après le Prophète (P) et diriger la Umma dans le long chemin qui mène à la Société de l’Unicité Divine.

P11«ô Messager, communique ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur; - si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message. Et Dieu te protégera des gens. Non, Dieu ne guide pas le peuple mécréant.» (Ma’îda, 5: 67)

Le Saint Prophète (P) de l’Islam reçut ce verset pour les uns à Arafat lors de son dernier pèlerinage à la Mecque, pour les autres après ce pèlerinage alors qu’il en revenait et se trouvait à Ghadir Khom.

Toujours est-il que tout le monde islamique est d’accord pour dire que ce verset est descendu peu de temps avant la fameuse halte à Ghadir Khom que demanda le Prophète à ceux qui l’accompagnaient sur le chemin du retour de son pèlerinage d’adieu.

Ghadir Khom est un endroit aride, désertique et très chaud qui a tout pour ne pas être une oasis paisible. D’aucuns disent qu’on pourrait même y griller de la viande sous la seule chaleur du soleil. C’est dans un pareil endroit que le Prophète (P) a demandé à sa suite d’observer une halte pour qu’il leur parle. On imagine alors qu’il avait quelque chose de vraiment important et urgent à leur communiquer.

Le Prophète (P) fit dresser une chaire faite à base de selles de chameaux. Il demanda ensuite à Bilal de faire l’appel (hayya ala khaïril amal = ô gens accourez à la meilleure des actions) pour rassembler les gens aussi bien les devanciers que les retardataires, soit en tout plus d’une centaine de milliers de personnes.

Il tint l’Imam ‘Ali (P) à sa droite, lui arrangea son turban noir et lui souleva le bras droit en tenant ce langage aux gens:

«Vous croyez qu’il n’y a de dieu que Dieu, que Muhammad (P) est Son messager et Son Prophète, le Paradis et l’enfer sont des vérités, que la mort et la résurrection sont certaines, n’est-ce pas?»

Ils répondirent tous :«Oui, nous le croyons !»

Il les informa alors qu’il sera bientôt rappelé par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration :

«Celui dont je suis le Maître Ali aussi est son Maître. Que Dieu soutienne ceux qui soutiennent Ali et qu’Il soit l’Ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de Ali.»

Omar et Abu Bakr firent partie des premiers à féliciter l’Imam Ali. Omar le fit en ces termes :

«Bakhin! Bakhin! (Soit Bravo!) Tu es devenu le maître de tous les croyants et croyantes.»

Par ailleurs dans ce verset P11 Dieu promet protection au Prophète (P) lorsqu’il aura transmis Son Message. En fait il s’agit de la protection contre ceux qui étaient hostiles à l’Imam ‘Ali (P).

En effet l’Imam ‘Ali (P) avait bien des ennemis dans le rang des compagnons du Prophète. Pour plusieurs raisons :

- En protégeant l’Islam et le Prophète (P) il a eu à tuer lors des différentes guerres défensives auxquelles il a participé, les parents au sens large de certains d’entre eux surtout parmi les notables Quraychs et Mecquois.

- La convoitise autour de l’unique fille adorée du Prophète (P) qu’il épousa.

- La fermeture des portes des maisons qui donnaient sur la Mosquée de Médine sauf celle de ‘Ali (P) et Fatima (P). De plus chaque fois qu’il passait devant leur porte il récitait le verset de la purification P2.

- La guerre sainte de Khaïbar à l’occasion de laquelle il s’illustra héroïquement après l’échec de tous les autres chefs de guerre. Devant le mur quasi infranchissable des ennemis juifs de Khaybar, il fut désigné après une nuit de suspense par le Prophète comme étant «celui-là qui aime Dieu et que Dieu aime et qui sera capable de vaincre cet ennemi.»

C’est ainsi que, le Prophète (P) tardant à transmettre le Message de Dieu concernant sa succession - par souci de se voir reprocher d’être partial en choisissant dans sa famille - se fit rappeler par Dieu de «communiquer ce qui a été descendu vers lui de la part de son Seigneur et que s’il ne le faisait pas il n’aurait pas communiqué Son Message».

Bien évidemment cette interprétation a été magnifiée et transmise par toutes les chaînes de tradition. Donnons ci-dessous quelques références de taille:

- Nisabury dans Assbabul nuzul.

- Suyûti dans Addurul Mansûr, tome V page 215.

- Râzi dans son Tafsiral Kabir, tome III page 636.

- Bukhari dans ses Sahih, tome VI page 12.

- Hâkim dans Mustadrak, tome III page 148.

- Ibn Abdel Bar Al Andaloussi dans Tajridou Tamhid page 185.

- Muhibudin Tabari dans Zakhaioul Akba, page 19

- Annawawi dans Riyadu Salihina, page 455.

A la fin de cette cérémonie d’installation, le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète (P) :

P12 «Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous mon bienfait. Et il m’agrée que l’Islam soit votre religion.» (Ma’îda, 5: 3)

Le Prophète (P) se prosterna en signe de gratitude.

II-3 FATIMA ET LES DOUZE IMAMS AHLUL BAYT (P):

Le Prophète (P), Fatima (P), et les douze imams (P) sont les quatorze infaillibles. Les cinq premiers: le Prophète (P), l’imam ‘Ali (P), Fatima (P), Al Hassan (P) et Al Hussein (p) sont les gens du manteau car un jour le Prophète les avait enveloppés dans son manteau et il lui fut révélé le verset suivant:«Dieu ne veut autre chose, en vérité, que faire partir de vous la souillure, gens de la maison, et vous purifier de purification parfaite.» (Ahzab, 33: 33).

II-3-1 QUI ETAIT FATIMA (P) ?

Fatima (P) était la fille unique du Prophète de l’islam (P) et la mère de toute sa descendance. Elle était infaillible comme en atteste le verset cité plus haut, ainsi les paroles prophétiques authentiques parmi lesquelles: «Le contentement de Fatima (P) est mon contentement et mon contentement est le contentement d’Allah. La colère de Fatima (P) est ma colère et ma colère est la colère d’Allah» ou encore «Fatima est la maîtresse des femmes (sayyidatun nisâ)». Parmi les femmes certaines ont atteint le rang de l’infaillibilité comme le Coran le confirme concernant seyydat Mariam (P) et Fatima (P).

Fatima (P) est née en l’an 6 de la mission prophétique, de la mère des croyants Khadîdja bint Khuwaylid (RA).Elle épousa l’imam Ali en l’an 2 de l’Hégire et mourut entre trois et six mois après la mort du Sceau des prophètes à l’âge de dix huit ans. Elle consacra sa vie entre les travaux ménagers, qu’elle partageait à tour de rôle avec sa servante la sainte Fidha, l’éducation de ses enfants et l’adoration nocturne. Elle proposait souvent des solutions aux problèmes des femmes et aidait les nécessiteux du produit de la vente des récoltes de son verger nommé Fadak qu’elle avait reçu du Prophète (P) sur l’ordre d’Allah. Elle était très assidue dans la préservation de la sunna de son père dont elle écrivait les paroles sur une peau qu’elle gardait jalousement. Un jour n’ayant pas retrouvé une de ses précieux objets elle affirma à sa servante que ces écrits lui étaient aussi précieux qu’Al Hassan (P) et Al Hussein (P). Elle était également de très fort caractère ce qui est attesté par le discours qu’elle prononça après la mort de son père (P) dans la mosquée du Prophète (P) et devant tous les musulmans. Fatima (P) était un modèle pour tous les musulmans et musulmanes et cela est reflété par cette parole du Prophète (P): «Fatima (P) est une partie de moi».

II-3-2 QUI ETAIT L’IMAM ‘ALI (P)

L’Imam ‘Ali (P) naquit à la Mecque 23 ans avant l’Hégire, exactement le 13 du mois de Rajab alors que le Prophète avait 30 ans.

Il est le fils de Abu Talib (P) qui lui-même est le fils de Abdul Muttalib. Ce dernier est le père de Abdallah (P) lequel est le père du Prophète Muhammad (P). L’Imam ‘Ali (P) était le cousin direct du Prophète (P). Sa mère est Fatima Bint Assad (RA). Donc l’Imam Ali (P) est né d’un père et d’une mère tous deux Hachimites.

A la suite du décès précoce - dés leur enfance - des deux fils du Prophète (P), Qaçîm (P) et ‘Abdallah (P), Fatima Bint Assad (RA) qui portait alors l’Imam dans son ventre s’était promis de confier en signe de compassion son futur enfant à Muhammad (P).

C’est pendant qu’elle faisait le Tawaf (circumbulation) elle fit une prière à la suite de laquelle la Ka’bah se fissura en un endroit du côté de Al Mustadiaar par lequel elle s’introduisit dans la Ka’bah pour donner le jour à son illustre enfant, l’Imam ‘Ali (P).

Le Prophète (P) fut la première personne qu’il vit dés sa naissance. L’Envoyé de Dieu remercia le Tout-Puissant, lava le nouveau-né et prédit qu’à sa mort c’est l’Imam Ali (P) qui fera son bain mortuaire. Cette prédiction se réalisera de façon effective.

L’Imam ‘Ali (P) grandit entre sa mère et le Prophète (P) jusqu’à l’âge de cinq ans puis vécut ensuite en permanence avec le Prophète (P). Il aimait beaucoup l’odeur du Prophète (P) avec qui il partageait le même lit.

Il avait neuf ans lorsque le Prophète de l’Islam (P) qui en avait 40, reçut le Message de Dieu. Le jeune ‘Ali (P) le crut aussitôt sans avoir eu à pratiquer une quelconque autre religion ou croyance. Et cela à un âge où ses actes ne sont pas encore comptabilisés auprès de Dieu. Ainsi donc on peut affirmer qu’il est né musulman.

De plus en tant que premier élève et disciple du Prophète (P), il eut le privilège d’apprendre auprès de son éducateur « 1000 portes de connaissances qui ouvrent 1000 autres portes» [28]. On peut alors comprendre ce Grand Homme lorsqu’il dira plus tard à son peuple:

«Demandez-moi avant que vous ne me perdiez.Il n’y a pas un seul verset qui soit descendu sans que je ne sache à quel moment et dans quel contexte il est descendu.»

Le Prophète (P) en personne confirma cela en disant dans un hadith célèbre que nous avons déjà cité:

«Je suis la Cité de la Connaissance et ‘Ali en est la Porte».

Par ailleurs, il a été rapporté de Ibn Abbas ce hadithtrès célèbre:

«Toute la Connaissance a été divisée en dix parties qui ont toutes été maîtrisées par l’Imam ‘Ali (P). Une seule de ces dix parties a été mise à la portée de toute l’humanité et dans cette dixième partie l’Imam était encore le plus savant.»

Dieu décida que l’Imam Ali (P) épousa la fille et combien adorée du Prophète (P), Fatima Zahra (P). Un mariage «lié par Dieu Lui-même et qui était destiné à être à l’origine d’une progéniture illustre qu’on appelle les fils du Prophète (P) qui sont distingués des autres membres de la umma par leur titre d’Imams ou de Commandeurs des croyants et par leur position de successeurs du Prophète de Dieu (P).», selon Sayyed Safdar Husayn dans «Histoire des premiers temps de l’Islam», page 102; ainsi que l'ont également écrit Tabari et Al Tabrâni en citant des hadiths du Prophète.

En effet devant les hésitations de l’Imam ‘Ali (P), dues à la très grande pudeur et au respect immense qu’il nourrissait pour le Prophète , ce dernier (P) appela sa fille Fatima (P) et lui tint ce langage:

«Dieu a élu parmi les plus nobles créatures de la terre deux hommes: ton père et Ali. Dieu a décidé que ma progéniture sortira de toi et lui.»

Dans un autre hadith, qui illustre bien, par ailleurs, ces propos, le Prophète (P) dit:

«Ali et moi, nous étions une seule et même Lumière avant la création de Adam. Cette Lumière se transmit de personne en personne parmi les proches amis de Dieu jusqu'à Abdoul Mouttalib. De là Elle prit deux directions : celle qui mène à Abdallah et l'autre qui aboutit à Abou Talib. La première continue à travers moi tandis que la seconde poursuit son chemin à travers Ali. Ces deux flux se rencontrent à nouveau chez Fatima qui a engendré ma descendance avec sa lignée d'Imams.»

La douce et obéissante Fatima (P) acquiesça et accepta ainsi, après avoir poliment refusé maints autres prétendants, que ‘Ali (P) devint son époux. Remarquons à ce propos qu’à plusieurs reprises Fatima (P) a eu l’occasion de refuser une proposition de mariage devant son père simplement en baissant les yeux; le père comprenait alors et acceptait sans hésiter la décision de sa fille. Une belle leçon à méditer surtout pour ceux qui prétendent souvent au nom d’un pseudo - tradition pour le moins tyrannique, imposer un conjoint non désiré à leur enfant.

Par ailleurs l’Imam ‘Ali (P) et Fatima (P) avaient un destin très lié par delà les seuls liens du mariage. C’est d’abord à propos du prophète. On sait en effet que le Prophète (P) a perdu à l’âge de 50 ans la même année, appelée pour cela ‘amul huzn ou année de la tristesse, son oncle qui l’a élevé - Abu Talib (P) - et sa première épouse – Khadija (RA).. Les deux avaient des fonctions de protection vis à vis du Prophète:

* En tant que notable de la ville et chef de la tribu Banu Hachim, Abu Taleb (P) protégeait le Prophète (P) contre les membres des autres tribus arabes de la Mecque. Pour cette raison d'ailleurs il se fit beaucoup d'ennemis qui finirent par le faire prendre pour ce qu'il n'était pas du tout : un mécréant, mort mécréant. En effet si tel était le cas, comment pourrait-on alors expliquer que le Saint Prophète (P) puisse être affligé à un tel point (Amul huzn) par la mort d'un mécréant, fut-il son oncle, alors que Dieu dit:

«Il n’appartient pas au Prophète et aux croyants d'implorer le pardon en faveur des associateurs, fussent- ils des parents alors qu'il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l'Enfer.» (At-Tawba, 9: 113)

* Dans un autre registre, Khadija (RA) protégeait le Prophète par sa noblesse familiale Qoraych, sa grande sagesse conseillère et sa respectable richesse matérielle - elle était une très grande commerçante.

Heureusement ces fonctions de protecteurs furent poursuivies par ‘Ali (P) à la place de son père Abu Talib (P) et par Fatima (P) à la place de sa mère Khadija (RA).

Si on devait citer et illustrer toutes les vertus de l’Imam Ali (P), il nous aurait fallu plus qu’un seul livre pour les exposer. On ne saurait tout de même ne pas parler de sa foi sans faille en Allah, de son dévouement sans limites au Prophète (P), de son Savoir sans bornes, de son très grand courage, de ses immenses qualités de justice, de générosité, de bonté, et de charité.

Il prouvera plusieurs fois sa foi sans tâche, son dévouement au Prophète de l’Islam (P) et son courage intrépide en posant des actes très explicites notamment - lors des guerres, toutes défensives, auxquelles il a eu à participer, également lors de l’émigration forcée du Prophète (P) vers Médine (l’Hégire).

En effet il a participé à toutes les guerres saintes sauf à celle de Tabuk. A l’occasion de cette dernière, le Prophète (P) lui demanda de rester à Médine. Les Munafikhines (hypocrites) commencèrent alors à médire en faisant circuler l’idée que le Prophète (P) avait laissé son cousin avec les femmes, tout en insinuant de mauvaises intentions à la hauteur de la jalousie qu’ils nourrissaient pour ‘Ali (P).

L’Imam, atteint par de telles médisances demanda au Prophète (P) de lui permettre de participer à cette guerre. L’Envoyé de Dieu lui dit:

«Est- ce que tu ne veux pas être pour moi ce que Haroun était pour Moussa sauf qu’il n’y a pas de Prophète après moi?». ‘Ali (P) comprit alors la stratégie du Prophète (P) qui voulait laisser un homme de confiance derrière lui pour assurer ses arrières c’est - à - dire pour la sécurité des vieillards, des femmes et des enfants ainsi que la protection de la ville de Médine qui était alors la Capitale de l’Islam.

Une autre guerre qui a beaucoup marqué l’histoire de l’Islam de par les difficultés stratégiques rencontrées, et où l’Imam ‘Ali (P) s’illustra par son courage, sa bravoure mais surtout son auréole d’Élu de Dieu, futla bataille de Khaybar.

A l’occasion de cette bataille les Musulmans connurent une tâche des plus éprouvantes qui consistait à attaquer une forteresse bien protégée par un rempart infranchissable.

Précisons tout de suite que le motif de cette bataille était essentiellement la violation par les habitants de Khaybar du traité de protection mutuelle entre Médine et Khaybar au bénéfice d’un rapprochement de cette dernière avec la Mecque. Cette violation constituait une menace pour la sécurité des habitants de Médine et en particulier celle du Prophète qui, rappelons-le, a été chassé de la Mecque. En un mot il s’agissait d’une déclaration de guerre des habitants de Khaybar contre ceux de Médine. De là, la bataille était bien défensive.

Pour en revenir à la bataille de Khaybar proprement dite, le Prophète qui souffrait de maux de tête avait successivement désigné plusieurs de ses compagnons parmi lesquels Abu Bakr Ibn Abi Quhâfah, Khalid Ibn Walid, ‘Umar Ibn Al Khattab, pour mener l’assaut contre le rempart ennemi. Mais ils avaient tous échoué devant l’ampleur de la tâche.

C’est ainsi que le Prophète (P) fut amené à prendre la décision suivante:

«Demain je remettrai mon Drapeau à quelqu’un que Dieu et Son Prophète aiment, un éternel fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos à l’adversaire. C’est par lui que le Seigneur accordera la victoire.» [29]

Chacun des principaux compagnons du Prophète (P) était soucieux d’être le lendemain l’illustre élu. Personne ne pensait qu’il pouvait s’agir de l’Imam ‘Ali (P) d’autant plus que ce dernier était non seulement très malade des yeux et ne pouvait rien voir mais aussi était même absent selon certains hadiths (d’après Al Tabarî et Rawdhat al-Ahbâb entre autres). Quelle ne fut alors la surprise de l’assistance lorsque le lendemain le Prophète (P) fit venir ‘Ali (P) et après avoir appliqué sa salive sur ses yeux le guérissant ainsi définitivement de sa maladie, lui demanda de porter son Étendard contre le front ennemi. On dit que l’Imam ‘Ali (P) ne souffrit plus jamais de maux d’yeux jusqu’à la fin de sa vie.

La suite est connue: l’Imam ‘Ali (P) triompha de ses ennemis et fut chaleureusement accueilli par le Prophète (P). Ce dernier encouragea ses adeptes qui avaient échoué tout en citant en exemple l’Imam ‘’Ali (P) à qui il donna le surnom de «Assadullâh» (Le Lion de Dieu) (Voir Gibbon, D. and F. of Roman Empire, vol. V, p.365)

 
Back Index Next