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Telle est la troisième différence entre "l'amour d'Allah" et "l'amour pour Allah" d'une part, "l'amour de soi" de l'autre. Telle est aussi la signification de l'autorité de "l'amour pour Allah" sur les relations sociales et les penchants du cœur du Musulman, tout comme l'autorité de "l'amour d'Allah" sur les sentiments d'amour et de haine dans la vie du croyant.

Cette autorité de "l'amour pour Allah" sur les relations et les penchants du croyant s'exerce de deux façons:

1- L'autorité de "l'amour pour Allah" doit s'exercer positivement et négativement, en émettant un jugement négatif contre tout ce qui ne concorde pas avec "l'amour pour Allah", et un jugement positif qui approuve et confirme tout ce que requiert et commande "l'amour pour Allah".

En effet "l'amour pour Allah", tout comme "l'amour d'Allah", appelle d'autres sentiments d'amour et de haine, et le Musulman ne sera sincère dans son amour pour Allah que lorsqu'il en aura fait le juge et l'autorité dans toutes ses relations et penchants, et qu'il aura accepté de se conformer à tous les sentiments d'amour et de haine qui découlent de cette autorité, car les prolongements et les ramifications de l'amour pour Allah dans les relations de l'homme, ses rapports et les penchants de son cœur sont illimités. Et du moment où le croyant accepte "l'amour pour Allah", il n'aura d'autre choix que de suivre les sentiments d'amour et de haine qui en découlent, quelque étendue que soit la chaîne de relations sociales et familiales, impliquée.

Sans doute le célèbre Hadith du Prophète, rapporté aussi bien par les sources chiites que sunnites, et décrétant l'obligation faite aux Musulmans d'aimer les Ahl-ul-Bayt, subséquemment à leur obligation d'aimer Allah, pour Ses bienfaits, et d'aimer le Prophète par amour pour Allah constitue la meilleure illustration de l'autorité du principe de "l'amour pour Allah" sur tous les sentiments et les relations du Musulman, et de l'enchaînement des obligations, en matière de sentiments d'amour, d'amitié et de haine que suscite ce premier maillon d'une longue chaîne d'obligation, qu'est "l'amour pour Allah. Voici le texte dudit Hadith, tel qu'il est rapporté par le célèbre Compagnon, Ibn 'Abbas qui témoigne: Le Messager d'Allah (P) dit:

«Aimez Allah pour les bienfaits dont Il vous nourrit, aimez-moi par amour pour Allah, et aimez mes Ahl-ul-Bayt (Ahlu baytî =les gens de ma maison) par amour pour moi».(103)

Nous avons déjà expliqué que le principe de l'autorité de "l'amour pour Allah", tout comme celui de l'autorité de "l'amour d'Allah", entraîne l'obligation d'une attitude positive et d'une attitude négative de la part du croyant dans ses relations et ses sentiments. Attitude positive, le croyant doit aimer, par amour pour Allah, tout ce qu'Allah aime et ordonne d'aimer; attitude négative, il doit détester tout ce qu'Allah déteste ou ordonne de détester. En fait, cette attitude négative est une question de principe dans la vie du musulman, bien qu'elle puisse lui coûter cher et entraîner la haine, la rancune et même la guerre, parfois. Cependant, sans cette attitude négative, le croyant ne sera pas sincère dans son amour pour Allah. Car cet amour serait chose facile, s'il n'entraînait pas de telles conséquences sur la vie du croyant, sur ses relations, ses penchants et ses rapports, et s'il ne requérait pas de tels sacrifices dans ses relations, ses sentiments et inclinations personnels.

Le Hadith que nous venons de citer illustrait surtout l'attitude positive que l'amour pour Allah entraîne. Nous allons à présent citer quelques hadiths qui illustrent l'attitude négative que le croyant se doit d'adopter vis-à-vis des ennemis d'Allah par application du principe de l'autorité de "l'amour pour Allah":

- Selon Zayd Ibn Arqam, le Prophète (P) dit à 'Ali, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussain: «Je suis en guerre contre quiconque est en guerre contre vous, et en paix avec quiconque est en paix avec vous».(104)

- Barâ' Ibn al-'Âzib, rapportant le Hadith al-Ghadîr, témoigne: Le Prophète (P) a tenu la main de 'Ali et dit:

«De quiconque je suis le Maître, 'Ali que voici en est le Maître (aussi). Ô Allah! Sois l'ami de quiconque est son ami, et l'ennemi de quiconque est son ennemi».(105)

- Selon une version légèrement nuancée du même Hadith, rapportée par Zayd Ibn al-Arqam, le Prophète (P) dit:

«Ne savez-vous pas que je suis plus responsable de tout croyant que lui-même?» Ils (les gens présents) répondirent: "Si!". (Le Prophète dit alors): «Alors, de quiconque je suis le Maître, 'Ali en est le Maître. Ô Mon Dieu, sois l'ennemi de quiconque est son ennemi, et l'ami de quiconque est son ami».(106)

Ainsi, "l'amour pour Allah" constitue donc un axe gouvernant la vie du croyant. Il entraîne l'obligation d'aimer et de détester, d'être ami ou ennemi.

Beaucoup de textes de ziyârah (visite pieuse) rapportés par les Imams d'Ahl-ul-Bayt confirment cette vérité. Ainsi dans la ziyârah du Maître des martyrs, l'Imam al-Hussain, les pèlerins proclament: «Avec vous, toujours avec vous! Jamais avec votre ennemi». Car l'amour de l'Imam al-Hussain (p), un membre éminent des Ahl-ul-Bayt, rendu obligatoire par le principe de l'autorité de l'amour d'Allah et des obligations subséquentes (l'amour pour Allah amour du Prophète amour des Ahl-ul-Bayt), requiert le rejet de ses ennemis et la rupture avec ses adversaires et détracteurs. Sans quoi, sans cette rupture et ce rejet, ledit amour ne revêt pas sa valeur réelle.

Telle est en résumé, la première façon dont s'exerce l'autorité de l'amour pour Allah: elle commande au croyant d'adopter une attitude positive (envers les Amis d'Allah) et une attitude négative (contre les ennemis d'Allah).

2- La seconde obligation qu'entraîne le principe de l'autorité de "l'amour pour Allah", est que le croyant doit appliquer ce principe aux degrés de l'amour et de la préférence, en donnant la priorité d'un type d'amour sur un autre, et la préférence à une chose sur une autre. Ainsi lorsqu'il y a concurrence des penchants, des relations et des inclinations du cœur, il doit donner la priorité au sentiment ou à la relation qui satisfait Allah sur celui ou celle qui le satisfait lui-même, et ce dans le cadre des règles de la Loi islamique, relative à la nécessité de donner la priorité du plus important sur l'important.

Selon Abû Hurayrah, le Prophète (P) dit: «Par Celui Qui dispose de mon âme, aucun de vous n'aura cru jusqu'à ce que je sois plus aimé de lui que ses biens et ses enfants».(107)

Le même Hadith a été rapporté par Muslim selon une version nuancée: «Aucun serviteur n'aura cru jusqu'à ce que je sois plus aimé de lui que sa famille, ses biens et tout le monde».(108)

Selon Târiq Ibn Laylâ al-Ançârî, le Prophète dit: «Le serviteur d'Allah n'aura pas cru jusqu'à ce que je sois plus aimé de lui que lui-même, que ma progéniture soit plus aimé de lui que sa propre progéniture, et que ma famille soit plus aimée de lui que sa propre famille».(109)

Ainsi "l'amour pour Allah" diffère de "l'amour pour soi" islamiquement légitime en ceci que ce dernier est toujours gouverné par le premier. Par exemple, l'amour de la famille et de la patrie est islamiquement permis, tant qu'il reste dans le cadre que l'Islam autorise, mais cet amour ne constitue pas un axe gouvernant ou une autorité sur les relations sociales ou les attachements du cœur du croyant, il est au contraire gouverné par les règles de "l'amour pour Allah" et de "l'amour d'Allah", ce qui veut dire que le croyant n'a pas le droit de suivre son amour de la patrie ou de la famille dans toutes ses exigences et ses conséquences inconditionnellement, ou en d'autres termes, il ne lui est pas permis d'aimer ceux de sa famille ou de ses concitoyens qui soient des ennemis d'Allah et de Son Prophète (P). Car la règle de "l'amour pour Allah" lui impose d'aimer les croyants qui ne font pas partie de sa patrie et de sa famille, et de détester et combattre, au sein même de sa famille et de sa patrie, ceux qui sont des ennemis d'Allah et de Son Prophète.

Lorsqu'on a demandé à l'Imam 'Ali Ibn al-Hussain (p), ce que signifie "l'esprit du corps" ou la solidarité familiale ou tribale ('açabiyyah), il répondit: «L'esprit du corps condamné (par l'Islam) consiste à considérer les méchants de son peuple comme étant meilleurs que les gens pieux d'un autre peuple. Aimer son peuple ne signifie pas esprit du corps, car l'esprit du corps c'est aider ou soutenir son peuple dans l'injustice».(110)

Quant à l'amour de la Ummah, étant donné qu'il découle du principe de l'autorité de "l'amour d'Allah", il a autorité à son tour sur tout ce qui en découle, et implique que le croyant aime obligatoirement tous les Musulmans (qui composent la Ummah), aussi bien ceux appartenant à son peuple et sa patrie que ceux qui n'en font pas partie (mais qui appartiennent à la Ummah), et qu'il combatte obligatoirement tous les ennemis d'Allah et tous les agresseurs, aussi bien, ceux faisant partie de son peuple et de sa patrie, que ceux qui appartiennent à un autre peuple et à une autre patrie.

Par conséquent, le premier amour, "l'amour de la patrie et du peuple ou de la tribu, de la famille" diffère du second, "l'amour de la Ummah" (la nation ou la Communauté musulmane) en ceci qu'il fait partie de la catégorie de l'amour permis, mais soumis aux règles et aux exigences de "l'amour pour Allah", alors que le second est du type gouvernant et a donc autorité sur tous les penchants et relations nationalistes et patriotiques du croyant.

La substance et le sommet du walâ' (amitié ou inféodation) résident dans l'Unicité. Sans l'Unicité, le walâ' perd totalement sa raison d'être. C'est seulement lorsque nous aurons saisi cette vérité que nous comprendrons le vrai sens du walâ'. Autrement notre compréhension de cette notion de walâ' sera superficielle et simpliste, s'appliquant à tout et à n'importe quoi, y compris l'amitié avec les ennemis d'Allah, épousant les contraires et les opposés sans s'embarrasser des contradictions, mettant dans le même registre l'amour d'Allah et de Ses Prophètes, et l'amour de Pharaon et de sa clique. Ainsi, dans son acception simpliste, le walâ' peut réunir l'amour des civilisations zoroastrienne, pharaonique et babylonienne, et l'amour de l'Islam, comme le font les courants nationalistes contemporains. Donc lorsque le walâ' s'abaisse à ce niveau, il se vide de sa substance et de son contenu, et se dévalorise complètement.

Récapitulons, pour mieux exposer les autres implications de l'amour pour Allah: il ressort de ce qui précède que l'amour pour Allah doit donc constituer dans la vie du Musulman l'axe du walâ', dans ses implications positives et négatives, l'axe de l'amour et de la haine, du rapprochement et de l'éloignement, et avoir autorité sur toutes les relations, les orientations et les tendances du croyant. Tout autre amour qui ne soit pas en contradiction avec l'amour pour Allah est permis, à condition toutefois, qu'il soit soumis à l'autorité de l'amour pour Allah. Ceci implique que même lorsque deux groupes de Musulmans entrent en conflit quelconque, le croyant ne peut les réunir dans le même amour, c'est-à-dire continuer à les aimer tous les deux également. Il doit prendre position et orienter son amour et sa haine respectivement vers l'un et l'autre. Ce sont les règles de "l'amour pour Allah" qui dictent l'attitude ou la position à prendre dans de tels cas de figure. Dans une situation semblable, l'Islam ne laisse pas au croyant le soin de prendre position en faveur ou en défaveur de chacun des deux groupes, selon ses inclinations et ses sentiments personnels. Il lui commande, au contraire, d'y soumettre soigneusement ses sentiments et ses penchants aux règles de "l'amour pour Allah", et d'essayer tout d'abord, tout son possible, pour les réconcilier. Si l'un des deux groupes s'avère être injuste, il doit prendre fermement position pour le groupe agressé ou lésé et contre le groupe agresseur ou injuste, sans se laisser influencer par des considérations sentimentales, tribales ou affectives. Et si le groupe agresseur persiste dans son agression, et refuse de rendre justice, il doit lui déclarer la guerre et le combattre côte à côte avec le groupe agressé: «Si deux groupes de croyants se combattent, alors, faites la paix entre eux. Puis, si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, alors combattez celui qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il s'incline devant l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'incline, alors, faites la paix entre eux avec justice, et jugez à la balance. Oui, Allah aime ceux qui jugent à a la balance».(111)

L'amour pour Allah est donc un axe qui gouverne la vie du Musulman. Il lui dessine une carte claire de ses relations sociales et familiales, des endroits (individus, groupes, etc.) respectifs dont il doit s'éloigner ou se rapprocher, et des situations respectives vers lesquelles il doit ou peut orienter sa haine ou son amour. L'un des traits caractéristiques de cet axe est qu'il n'accepte aucun autre axe, quel qu'il soit, à côté de lui.

La pureté (la sincérité) de l'amour d'Allah

"La pureté de l'amour d'Allah" se situe à un degré supérieur par rapport au principe de "l'Unicité de l'amour", principe qui n'annihile pas tout autre amour que celui d'Allah, mais confère à ce dernier l'autorité, la priorité et la prééminence sur tout autre amour: «Les croyants sont les plus ardents en l'amour d'Allah»,(112) et il constitue une des conditions de la Foi, et une des branches de l'Unicité.

En revanche, "la pureté de l'amour" renie tout autre amour que l'amour d'Allah, à l'exception de celui qui se situe dans le prolongement de l'amour d'Allah (aimer pour Allah et détester pour Allah), et à la différence de "l'Unicité de l'amour", elle ne s'apparente pas à la Foi, ni à l'Unicité, mais fait partie du domaine des véridiques et de leurs positions rapprochées d'Allah, Lequel accorde à Ses serviteurs dévoués la capacité de chasser de leurs cœurs tout amour autre que le Sien.

L'Imam al-Sâdiq (p) professe à ce sujet: «Le cœur est la Maison Interdite (Haram) d'Allah. Ne fais donc pas habiter quelqu'un d'autre qu'Allah dans la Maison Interdite d'Allah».(113)

Donc, à la différence des sens qui se meuvent et se déplacent dans la vie de tous les côtés qu'Allah a permis et autorisés, le cœur à cette particularité d'être l'Enceinte privée d'Allah, dans laquelle il n'y a pas de place pour aucun autre sentiment ou attachement que l'amour d'Allah.

Dans le Hadith que nous venons de citer, la définition du cœur comme étant une "Maison privée ou interdite", est une définition très précise et expressive, car la Maison interdite ou privée est une zone sûre et fermée à tout étranger. Ses habitants sont à l'abri de l'insécurité et de la peur. Aucun étranger n'y pénètre, tout comme le cœur, qui est la Maison protégée d'Allah, dans laquelle aucun autre amour que l'amour d'Allah ne doit entrer, et aucun autre amour ne doit déranger ni concurrencer l'amour d'Allah. C'est pourquoi, les véridiques, les serviteurs pieux d'Allah se dévouent entièrement à l'amour d'Allah et n'y adjoignent aucun autre, quel qu'il soit, sauf celui qui se situe dans son prolongement (de l'amour d'Allah).

Dans le munâjât suivant de l'Imam al-Sajjâd (p), il n'est pas difficile de ressentir le tourment de l'amour et la sincérité du dévouement dans l'amour:

«Ô mon Maître! Vers Toi s'oriente mon désir, de Toi est ma crainte, en Toi sont placées mes espérances! Mon espoir m'a conduit vers Toi, sur Toi j'ai concentré, ô l'Unique, ma pensée, c'est Toi le motif de mes sincères espoir et crainte, mon amour s'est plu à Toi, c'est vers Toi que j'ai tendu la main, et c'est par Tes souvenirs que mon cœur a vécu».

Ainsi, l'Imam lie ici tout son espoir, sa crainte, son désir, sa pensée, etc. à Allah.

Dans un hadith, le Prophète (P) dit: «Aimez Allah de tous vos cœurs».(114)

Dans un Do'â', l'Imam al-Sajjâd (p) supplie Allah: «Ô mon Dieu! Je Te demande de remplir mon cœur de Ton amour, de Ta crainte, de foi en Toi, de croyance en Toi, de désir de Toi».(115)

Si le cœur du serviteur est rempli de l'amour et du désir d'Allah, il est normal qu'il n'y reste aucune place vacante pour un autre amour, sauf d'un amour qui émane de l'amour d'Allah, ce qui revient au même.

Dans le Do'â' à l'occasion de l'arrivée du mois de Ramadhân, l'Imam al-Sâdiq (p) dit: «Ô mon Dieu! Prie sur Mohammad et la Famille de Mohammad, et occupe mon cœur à la glorification de Ta Grandeur, remplis-le de Ton amour afin que je Te rencontre avec le sang jaillissant dans mes veines jugulaires»,(116) langage métaphorique qui exprime le dévouement dans l'amour d'Allah, lequel devient l'obsession du cœur et son souci tenace.

L'attachement jaloux d'Allah à Son serviteur

Allah aime Son serviteur et en est jaloux, car la jalousie est le propre de l'amour. Il veut que le cœur du serviteur se dévoue à Son amour, et qu'il ne laisse y entrer aucun autre.

On rapporte que le Prophète Mûsâ (p) s'adressa à son Seigneur dans la Vallée sainte et dit: «Ô Seigneur! Je me suis dévoué dans mon amour pour Toi et j'ai purifié mon cœur de tout autre que Toi». Pourtant, il aimait énormément sa famille. Allah lui dit alors: «Ôte de ton cœur l'amour de ta famille, si ton amour s'est dévoué à Moi».(117)

Le propre de l'amour jaloux d'Allah envers Son serviteur est d'enlever de son cœur tout intrus, lorsque intrus il y a, afin de préserver sa pureté. Dans un do'â' l'Imam al-Hussain (p) dit:

« (Ô Seigneur), c'est Toi qui as enlevé la poussière des cœurs de Tes aimants, afin qu'ils n'aiment personne que Toi!... Qu'a-t-il trouvé celui qui T'a perdu!? Et qu'a-t-il perdu celui qui T'a trouvé!? N'a obtenu que déception celui qui avait accepté un suppléant à Toi».

Aimer pour Allah et en Allah

Mais ici une question se pose qui appelle une réponse: d'aucuns pourraient être amenés à interpréter le dévouement dans l'amour d'Allah, compris de la sorte, comme étant contraire à la nature innée de l'homme, puisqu'Allah a créé l'homme en déposant dans sa nature la tendance à aimer beaucoup de choses. Donc aimer Allah exclusivement en écartant la possibilité de tout autre amour contredirait cette nature innée qu'Allah a créée.

La réponse à cette interrogation est simple: la pureté de l'amour d'Allah ne signifie pas la négation de la nature innée, mais l'orientation des sentiments de l'homme (amour et haine) vers ce qu'Allah aime et déteste.

Car, en fait, Allah ne demande pas à Son fidèle serviteur et interlocuteur privilégié, le Prophète Mûsâ (p) d'ôter définitivement de son cœur l'amour de sa famille, mais seulement d'aimer sa famille à travers son amour d'Allah, afin que cet Amour soit la source unique de tout amour dans son cœur. En d'autres termes, ce qu'Allah commande à son Prophète Mûsâ, c'est de relier tout amour au canal de Son amour; de cette façon, l'amour de la famille devient une consécration et une confirmation de l'amour d'Allah. C'est là une méthode d'éducation sublime dont ne bénéficient que ceux qu'Allah aime, élit. La preuve en est que le Prophète Mohammad (P), qui est le plus pur, le plus dévoué et le plus sincère de l'humanité aimait d'autres choses, puisqu'il répétait: «J'aime de votre vie d'ici-bas trois choses: le parfum, les femmes et la prière qui vaut la prunelle de mes yeux».

Notes:

103."Sunan al-Tamithî" 5/664, h. 3789, éd: Mustafâ al-Chalabî; "Al-Mustadrak 'alâ-Çahîhayn", d'al-Hâkim al-Nîsâbûrî, 1503; "Bihâr al-Anwâr", 70/14; "Al-Amâlî" d'al-Sadûq, 219; "'Ilal al-Charâ'i'", 1/113 etc..
104."Al-Mustadrak 'alâ-Çahîhayn", d'al-Hâkim al-Nîsâbûrî, 3/149.
105."Al-Mustadrak 'alâ-Çahîhayn", d'al-Hâkim al-Nîsâbûrî, 3/149; "Musnad Ahmad Ibn Hanbal", 4/281.
106."Musnad Ahmad Ibn Hanbal", 4/372.
107."Sahîh al-Bukhârî" 1/6, éd.: Dâr al-Tibâ'ah, année 1286.
108."Sahîh Muslim", 1/49, éd.: Dâr al-Fikr, Beyrouth, cité aussi dans "Kanz al 'Ummâl", 1/37, h. 70.
109.Cité par Cheikh 'Abdul-Hussain al-Amini, dans "Siratanâ...". p. 11 ; Al-Hâfidh al-Buhayqî dans "Chu'ab al-Ïmân"; Al- daylamî dans son "Musnad", Al-'Allâmah al-Majlicî dans "Bihâr al-Anwâr", 27/13 etc...
110."Uçûl al-Kâfî", 2/408 ; "Bihâr al-Anwâr", 73/288.
111.Sourate al-Hujurât, 49: 9.
112.Sourate al-Baqarah, 2: 165.
113."Bihâr al-Anwâr", 70/25.
114."Kanz al-'Ummâl", 47/49.
115."Bihâr al-Anwâr", 98/89.
116."Bihâr al-Anwâr", 97/334.
117."Kanz al-'Ummâl", 47/49.
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