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LE DIVORCE

Lorsque nous étudions la relation conjugale telle qu'elle se présente dans la législation islamique, nous trouvons que l'Islam la considère, du point de vue des dépenses matérielles, comme relevant des responsabilités de l'homme. C'est qu'il n'est pas possible pour la femme de prendre, tout seule, cette responsabilité, dans la mesure où la nature particulière de la femme, nature représentée par la grossesse, l'accouchement, l'allaitement et la maternité en général l'empêchent de prendre les responsabilités de la vie conjugale et, en plus, des devoirs qui lui sont consécutifs et qui pourraient peser sur son corps et sur toute sa vie. La maternité pèse sur le corps de la femme et ce en plus du temps et de l'énergie qu'elle dépense alors que la paternité ne pèse ni sur le corps de l'homme ni sur son temps.

D'où, il n'est normal que la femme prenne sur elle la responsabilité de la vie conjugale. Il n'est pas réaliste, ni pratique non plus que la femme prenne sur elle, au nom du partage ou de la participation, la responsabilité d'une partie des charges de la vie conjugale. La raison est que toute femme n'est pas capable de travailler comme l'homme peut le faire. Ainsi, c'est l'homme qui est chargé de la responsabilité des dépenses conjugales, c'est-à-dire de ses propres dépenses, de celles de sa femme et de celles de ses enfants. Et il est naturel que celui qui prend la responsabilité absolue de la vie conjugale soit celui qui prend aussi la responsabilité de sa rupture, car c'est lui qui subit les conséquences nuisibles de sa rupture. Il est normal aussi que la femme, qui n'est nullement responsable de la vie conjugale, même pas de un pour cent de cette vie, il est normal qu'elle ne perde rien avec la rupture de cette vie. Nous le disons ainsi lorsque nous parlons avec sang froid et sans prendre en considération les circonstances particulières et imprévues qui peuvent intervenir au niveau de l'homme et de la femme car la législation ne légifère que pour la tendance générale. C'est pour cette raison que le divorce appartient à l'homme.

Il y a une autre question à caractère général mais qui a des exceptions: il s'agit de la dimension affective de la personnalité de la femme qui peut la pousser à se précipiter vers le divorce d'une manière affective et non réfléchie. De son côté, l'homme réfléchit beaucoup avant de divorcer dans la mesure où le divorce le met face à beaucoup de responsabilités et le prive de beaucoup de moyens et d'occasions d'organiser sa vie publique et privée.

Il se peut que certains hommes ne soient pas capables de se montrer responsables de leur décision et de l'exercice de leur droit de divorcer. Il se peut aussi que certaines femmes se montrent capables de réfléchir avec sérénité et d'une manière convenable dans ce domaine. Mais la tendance générale reste la même et c'est elle qui est concernée par la législation. Cela peut être confirmé par la parole divine disant: "Les hommes sont responsables des femmes en vertu de la préférence que Dieu leur a accordé sur elles et à cause des dépenses qu'ils font pour assurer leur entretien"

La supériorité est située dans le domaine des caractéristiques subjectives et c'est elle qui donne le droit de contrôler la maison conjugale, de gérer ses affaires et de décider du divorce. La supériorité ne touche pas d'autres domaines car Dieu ne soumet pas la femme à l'homme en dehors du cadre de la vie conjugale et des sphères en liaison avec cette vie.

 

LE DIVORCE: LE LICITE LE PLUS DÉTESTABLE

Cette question ne possède pas en Islam des limites légalement obligatoires, mais plutôt des limites morales. Quand nous lisons la Tradition prophétique disant: "Le divorce est le licite que Dieu déteste le plus", nous constatons que le sens qu'elle inspire est la nécessité pour l'homme qui veut exercer son droit de divorcer, de l'exercer en s'ouvrant à Dieu, en désirant qu'il soit aimé par Dieu. Si Dieu a permis le divorce dans l'intérêt des humains, l'homme ne doit pas le prendre et l'exercer au gré de ses caprices. Car même si le divorce est licite, il est un licite détesté par Dieu et, de ce fait, il est répréhensible et, avec son caractère répréhensible, il s'approche de l'illicite. Il va de soi que l'homme qui cherche à ce que Dieu soit satisfait de lui et à ce qu'il soit aimé de Dieu et proche de Lui ne divorce pas par caprice ou au gré de ses fantaisies. Il est nécessaire, avant de divorcer, d'étudier la question d'une manière rigoureuse et profonde pour n'agir qu'après avoir épuisé tous les moyens susceptibles de sauvegarder la relation conjugale dans sa continuité, dans sa clarté et dans sa force. Il est nécessaire d'agir tout comme s'il s'agissait d'une opération extrême qui n'intervient qu'une fois le problème ou la maladie arrivés à la limite du danger. Il va de soi aussi que toute loi ne peut se protéger qu'à travers la personne qui l'applique: à supposer que, du point de vue de l'Islam, le divorcer est conditionné et soumis à des règles précises et bien déterminées, les hommes peuvent toujours contourner les règles pour s'installer dans la situation de permissivité qu'ils désirent.

Nous remarquons, par exemple, que Dieu ne permet pas à l'homme de récupérer, sans droit, la dot qu'il avait payée à sa femme. Il ne lui permet non plus de la soumettre à des pressions dans ce domaine. Mais certains maris peuvent se comporter vis-à-vis de leurs femmes d'une manière inacceptable du point de vue moral, ou perverse du point de vue légal. Ils peuvent être poussés à la faire sous la pression de leurs caprices et passions dans le but d'obliger les femmes à tout abandonner pour obtenir le divorce. En se comportant ainsi, l'homme ne fait que contourner l'interdiction légale en suivant la voie qui oblige la femme à accepter l'abandon de ses droits.

A partir de ces faits, nous pouvons dire que beaucoup d'affaires, et surtout celles relatives aux relations humaines, ne peuvent être soumises à des règles géométriques qui les mettraient en mouvement en fonction de certains calculs, ou qui les mettraient en repos en fonction de certains autres calculs. Il est nécessaire, à ce propos, que la personnalité islamique morale qui s'incline devant ce qui est permis par Dieu comme elle le fait devant ce qui est interdit par Lui, se manifeste à travers les options morales qui rapprochent l'homme de Dieu.

 

LE DROIT DU JUGE LÉGAL DE PROCÉDER AU DIVORCE

Si un homme abandonne sa femme sans prendre ses responsabilités envers elle en ce qui concerne les dépenses, avec tout ce qui est impliqué par la dépense et par les échanges normaux de la vie commune, le juge légal peut alors procéder à divorcer la femme à sa demande. Le mari doit auparavant choisir entre le divorce ou le retour aux échanges normaux de la vie commune. Si l'homme refuse les deux options, le juge légal peut alors procéder au divorce. Cela se dégage du Livre de Dieu qui fait situer la vie conjugale entre deux lignes en disant: "… Reprenez donc vos épouses d'une manière convenable, ou bien renvoyez-les décemment". Coran, al-Baqara (la Vache), II 229.

Ainsi, si l'homme ne retient pas la femme, en lui donnant sa place à l'intérieur de la sphère conjugale selon les normes reconnues, il doit la laisser partir selon les normes reconnues. Cela veut dire qu'il doit divorcer pour que la femme puisse agir et vivre librement à l'abri de ses pressions. Mais s'il refuse les deux options, le juge légal peut alors procéder au divorce.

 

LES CAS OÙ LA FEMME PEUT DIVORCER ELLE-MÊME

La femme peut dissoudre le contrat de mariage si, après la conclusion du contrat, elle découvre des défauts légaux au niveau de l'homme. Si elle trouve, par exemple, que son mari est sexuellement impuissant, elle peut, conformément à l'enseignement de l'Islam, porter l'affaire devant le juge légal. Celui-ci lui donne le délai d'un an durant lequel sa femme continue à vivre avec lui normalement. Si à l'expiration du délai l'impuissance ne disparaît pas, la femme peut alors dissoudre le contrat de mariage et obtenir, tout ordinairement, sa liberté. On fait de même si l'homme perd ses facultés mentales pendant la vie conjugale.

La femme peut user de ce même droit si l'homme dévoile un défaut physique que sa femme veut garder secret.

Tout cela concerne les situations qui interviennent de manière imprévue. Il existe d'autres situations où la femme peut introduire, dans le contrat de mariage, une condition lui donnant le droit de divorcer elle-même. Les jurisconsultes musulmans ne s'accordent pas sur la formule à suivre.

Pour les jurisconsultes sunnites, la femme peut poser la condition en disant par exemple: "Je me marie avec toi à condition d'user du droit de divorcer moi-même".

Pour les jurisconsultes chi'ites, cette condition est contraire à l'enseignement du Coran et de la Sunna, car la forme normale et naturelle est celle qui donne le droit de divorcer à l'homme et l'homme ne peut pas abandonner son droit pour le donner à un autre homme ou à la femme.

Mais il existe un solution: la femme peut poser la condition d'être elle-même la mandataire de l'homme pour divorcer elle-même en son nom. Ainsi, le mandat ne contredit pas le fait que l'homme continue à être l'ayant droit de divorcer dans la mesure où la femme tire de lui son droit de se divorcer elle-même et dans la mesure où c'est lui qui l'a mandatée pour divorcer. L'homme peut aussi mandater une autre personne ou un savant religieux pour divorcer sa femme. Le mandat ne peut pas être séparé du contrat car il n'est pas issu de la formulation de la procuration, mais de la condition inhérente au contrat. Et comme les Musulmans ne peuvent que respecter leurs engagements, l'homme ne peut nullement séparer la procuration du contrat.

La femme peut donc, si elle sent que des événements imprévus pourraient intervenir à l'avenir de sa vie conjugale et l'obliger de se séparer de son mari, user de ce droit en le fixant sous la forme d'une condition à l'intérieur du contrat de mariage. Cela peut se faire de manière absolue en lui disant: "zawwajtuka nafsi 'ala sharti an akuna wakilatan 'anka fi talaqi nafsi mata aradt" (Je me marie avec toi à condition de me substituer à toi pour divorcer quand je le voudrais), ou en posant des conditions relatives par exemple au mariage de son mari avec une autre femme. La femme peut fixer toutes les conditions qu'elle veut à l'intérieur du contrat. Et de la sorte, l'Islam ne limite pas l'espace de la femme et ne l'enferme pas dans la mesure où il lui donne la possibilité d'user de sa liberté pour mettre fin à la relation conjugale à travers les conditions qu'elle peut fixer à l'intérieur du contrat.

Il est important de remarquer à ce sujet que beaucoup d'hommes s'éloignent –dans leurs relations avec leurs femmes- des moralités de l'Islam et agissent à partir des fausses idées selon lesquelles l'homme peut exercer un plein pouvoir sur la femme qu'il peut frapper, insulter ou chasser de la maison. Dans les conditions actuelles où la déviation est devenue un phénomène social imposant, nous encourageons le fait que la femme use de son droit de divorcer elle-même, pour ainsi freiner l'évolution de l'homme dans le mauvais sens.

LA POLYGAMIE

Le Noble Coran a évoqué la polygamie au sujet de laquelle il dit:

"…Épousez comme il vous plait, deux trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de ne pas être équitables, prenez une seule femme, ou celles que vous possédez. Cela vaux mieux pour vous que d'avoir à entretenir une grande famille…" Coran, "an-Nisa’" (les Femmes), IV 3.

La monogamie est la forme originelle et essentielle du mariage car Dieu –qu'Il soit exalté et glorifié- a voulu que la vie conjugale soit une cohabitation réciproque et un mouvement humain vers l'établissement d'une relation équilibrée fondée sur le climat de l'amour et de la compassion signalé par le verset qui dit: "Elles sont un habillement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles"… Coran, al-Baqara (la Vache), II 187.

Nous pensons que la monogamie est l'origine, mais il est permis à l'homme de sortir des limites de l'origine pour la polygamie lorsque certaines situations interviennent et certains problèmes se posent devant lui.

Mais la question de la polygamie fait l'objet de certaines interrogations. Nous allons donc les poser et essayer d'y répondre.

LES ASPECTS NÉGATIFS DE LA POLYGAMIE DU POINT DE VUE DES AUTRES:

Comment faire face à la polygamie considérée au niveau de ses conséquences psychologiques, sociales et économiques et à travers ses aspects négatifs que les autres évoquent ici et là au point que la permission législative de cette question est devenue un grand point faible que les ennemis de l'Islam essayent d'exploiter, pour prouver l'arriération de l'Islam et son écart de la justice et de l'égalité dans son projet visant l'établissement d'une famille, stable, solide et tranquille?

Ils disent dans ce sens que l'Islam fait de la femme un simple moyen de plaisir mis au service des exigences de la sensualité de l'homme. Et que l'Islam encourage la tendance charnelle de l'homme en lui procurant l'occasion de la multiplicité des femmes qu'il peut épouser. Et qu'il conduit à se laisser absorber dans ce domaine pour s'éloigner des horizons spirituels qui l'élèvent au-dessus des besoins charnels et de la nature animale qui lui est sous-jacente. Et, à leur avis, tout cela n'est pas compatible avec la spiritualité de la religion qui cherche à polir les instincts humains et à les assouplir pour les mettre au service de tout ce qui satisfait, avec modération, les besoins naturels de l'homme.

Ils disent aussi que la polygamie prive la maison de sa tranquillité et de sa stabilité en nourrissant les haines des épouses qui concurrencent entre elles pour attirer les attentions de l'homme. Ces haines les conduisent au conflit surtout lorsque, sous la pression d'un désir ou d'un sentiment, l'homme se montre attiré par l'une d'elles aux dépens des autres, ce qui peut rendre ces dernières psychologiquement "complexées" vis-à-vis de la première.

Et le complexe peut évoluer et devenir de plus en plus grand entraînant ainsi d'innombrables problèmes généraux et particuliers.

Les problèmes ne se réduisent pas aux épouses. Ils peuvent toucher les enfants qui, à leur tour, peuvent, sous l'influence de leurs mères, se "complexer" les uns des autres et leurs "complexes" peuvent se transformer en sentiments agressifs envers le père qui peut être poussé par sa passion à négliger les enfants dont la mère n'est pas son épouse préférée.

Tout cela n'a rien à voir avec l'amour et la compassion qui constituent les bases de la relation conjugale en Islam et n'est en rien compatible avec l'idée de la cohabitation réciproque qui est considérée par le Coran comme la caractéristique essentielle de cette relation.

Ils disent encore que la polygamie porte atteinte aux finances de la famille dans la mesure où les besoins multiples de chacune des épouses augmentent les charges du budget. En outre, la polygamie contribue à multiplier les naissances et celles-ci affaiblissent les économies de l'individu et de la nation et nuisent à l'éducation des enfants dans la mesure où l'homme, toujours pris par ses nombreuses femmes, n'a pas le loisir de planifier pour éduquer ses enfants et les orienter dans la bonne direction.

Et tout cela ne sert pas les vrais intérêts de l'homme représentés dans sa tendance à vivre dans l'aisance, dans la mesure où les difficultés financières et la pression des besoins peuvent précipiter l'homme dans le gouffre de la déviation en l'éloignant du vrai et du droit. Cela n'est-il pas exprimé dans l'invocation des "Bons Caractères" qu'on trouve dans le recueil de l'Imam as-Sajjad (p) (as-Sahifa as-sajjadiyya) où il dit: "Seigneur!

Protège-moi par l'aisance!

Ne fais pas user mon honneur en vous montrant parcimonieux avec moi!

Car cela me poussera à tendre ma main à ceux qui te tendent leurs mains et à demander à ceux qui sont les pires parmi ta créature.

Car cela me précipitera dans la sédition puisque je louerai celui qui me donne et blâmerai celui qui me prive, alors que c'est Toi qui est, avant eux; Celui qui donne et Celui qui prive!".

Quant à l'éducation, elle est essentielle dans la planification islamique pour le développement de la personnalité de l'enfant dans le sens où Dieu a chargé l'homme de l'obligation de bien soigner son enfant et de le bien éduquer pour le protéger de l'Enfer où brûlent les hommes et les rochers, au moyen de la bonne éducation qui approfondit sa foi et ses bons caractères et le conduit vers le droit chemin.

Il disent tout cela et beaucoup d'autres choses aussi sur les conséquences de ces problèmes au niveau de la vie sociale et publique, car la nature des relations familiales fait qu'elles retentissent au niveau de toutes les autres relations qu'elles soient proches ou lointaines.

Ils évoquent aussi la dimension psychologique de la femme en ce qui touche ses sentiments de persécution et d'oppression qui naissent dans les conditions de la perturbation de la relation conjugale sous la polygamie qui porte préjudice à l'humanité de la femme et la transforme en un être humain opprimé et complexé.

Les considérations en rapport avec la civilisation et le modernisme occupent une bonne place dans le discours de ceux qui attaquent la polygamie pour la considérer comme une déviation vis-à-vis des valeurs de la civilisation, valeurs qui convergent vers la sauvegarde de l'humanité dans le mouvement de la législation pour la vie.

 

LA QUALIFICATION LÉGALE ET LA BALANCE DES AVANTAGES ET DES INCONVENIENTS

Mais nous ne trouvons rien, dans tout cela, qui pourrait signifier la présence d'une faille dans l'attitude de la législation islamique vis-à-vis de la polygamie. Car nous essayons –lorsque nous évaluons une qualification légale- d'étudier les avantages et les inconvénients, les nuisances et les utilités. Si ce qui est avantageux prime par rapport à ce qui est désavantageux, on peut le classer dans la catégorie positive. Si, au contraire, ce qui prime est le désavantageux, on doit le classer dans la catégorie négative. C'est que les qualifications légales sont déterminées, à notre avis, à la lumière des avantages et des inconvénients et il ne suffit pas pour une qualification négative qu'elle soit dans une situation de faiblesse, mais il faut que sa faiblesse soit plus sensible que sa force et sa faiblesse. Cela se dégage de la parole où Dieu dit: "Ils t'interrogent au sujet du vin et des jeux de hasard. Dis: ils comportent un grand péché et un avantage; mais le péché qui s'y trouve est plus grand que leur utilité". Coran, al-Baqara (la Vache), II 219.

A la lumière de cette considération, nous trouvons que l'existence de certains aspects négatifs dans les objets des qualifications n'implique pas la suppression de ces qualifications. Il faut, pour le faire, que les aspects négatifs de l'objet soient plus sensibles que ses aspects positifs.

 

COMPARAISON ENTRE LES ASPECTS POSITIFS ET LES ASPECTS NÉGATIFS DE LA POLYGAMIE

Il est possible de cerner la nature de cette question et de savoir, à travers la comparaison, comment les aspects positifs et négatifs de cette question se rencontrent pour aboutir à la conclusion. Certains chercheurs ont ainsi évoqué plusieurs situations où l'intérêt exige la polygamie.

Parmi ces situations, on peut parler de celle où la polygamie se présente, parfois et chez certaines personnes, comme un besoin avec lequel la monogamie devient une source de déviation. On peut rencontrer des cas de ce genre chez beaucoup de personnes parmi celles qui ont, à côté de leurs relations légales, des relations illégales qu'ils établissent sous le poids du besoin pressant ou sous l'influence d'une situation imprévue. On peut aussi dire que la polygamie représente un fait historique et général présent dans les relations légales et illégales à la fois. Cela nous permet de penser qu'elle est un phénomène humain universel qui se pratiquait et se pratique encore dans les sociétés primitives aussi bien que dans les sociétés civilisées qui récusent la polygamie dans le domaine juridique pour l'adopter dans le domaine pratique.

Quant aux vues disant que la polygamie encourage la sensualité dans le mouvement de l'instinct chez l'homme qu'elle approcherait de l'animalité et l'éloignerait de la spiritualité, ces vues tirent leur essence de l'idéalisme et ne sont pas fondées sur une vision réaliste des choses. Car l'Islam ne veut pas que l'homme étouffe ses désirs et les considère comme des maux, des défauts ou des expressions de décadence. Il veut qu'il les considère comme des besoins naturels semblables aux besoins que nous avons de manger et de boire et qu'il agisse dans le sens de les organiser et de les placer dans leurs limites naturelles. L'Islam ne veut pas que l'homme soit bouleversé et poussé vers les complexes et la déviation. Il veut qu'il vive droitement et naturellement à travers la satisfaction équilibrée de ses besoins. Au-delà de ces limites, il lui laisse la liberté de répondre positivement et de manière réfléchie à l'appel de ses désirs, ou de se contenter du minimum tout en disposant des moyens de réaliser le maximum par les voies légales. En vérité, il y a une différence entre la pression qu'on exerce sur soi à partir d'une situation qui nous oblige à agir ou ne pas agir et celle qu'on exerce à partir d'une situation qui nous laisse le choix d'agir ou de ne pas agir. La différence est que dans la première situation, l'homme se trouve en proie aux sentiments de perplexité et d'étouffement psychique.

Quant aux vues selon lesquelles la femme est transformée en un simple objet de plaisir pour l'homme, ces vues ne résistent pas à la critique dans la mesure où la sexualité est un besoin pour l'homme et pour la femme et dans les deux situations de la polygamie et de la monogamie. Ainsi, si on considère les choses dans ce sens, on doit supprimer la racine même du mariage… En un mot, l'Islam est une religion réaliste qui cherche à résoudre le problème par la logique réaliste et non pas par la logique idéaliste. Il cherche à fonder la solution sur la base du problème tel qu'il se pose réellement pour couper cours aux prétextes avancés par l'homme pour justifier la déviation.

Quant aux vues disant que la polygamie ne sert pas la cause da la stabilité, de la tranquillité, de l'amour et de la compassion dans la maison conjugale, ces vues ne nous posent aucun problème, car tout problème imprévu se posant dans une situation bien déterminée doit être tel qu'il se pose dans la situation opposée qui pose, à son tour, un problème différent. Ainsi, la comparaison des deux situations devient le seul moyen d'opter pour l'une ou pour l'autre solution. C’est donc cette question qui se pose dans ce domaine.

La polygamie est issue, comme nous l'avons dit, d'un besoin du sujet. Si on néglige ce besoin, on aboutit à l'une des deux situations suivantes: se contenter de la monogamie et souffrir l'état psychologique complexé inhérent à cette situation, ou avoir des relations multiples dans le cadre de l'illégalité. Dans les deux cas, nous nous trouvons face à l'angoisse, aux complexes, à l'instabilité psychique et à la précarité de la relation conjugale qui ne peut que subir les différents réactions à ces situations fondées sur des bases non réalistes et instables. Mais la polygamie fondée sur des bases légales reste, avec tous les problèmes qu'elle pose, un moyen qui garantit le contrôle des besoins limités dans leur cadre réaliste et qui cerne le problème dans un cadre limité dans l'intention de le résoudre à la lumière des moralités de l'Islam qui, d'une part, réduisent les retombées négatives du phénomène et, d'autre part, permettent de continuer à échanger avec le fait accompli qui habitue l'être humain à cohabiter avec le problème et à l'intégrer…

Il est peut-être possible de traiter la question sous un autre angle: la moralité des deux époux reste l'élément essentiel dans la confrontation avec les problèmes de la vie conjugale, même dans la situation de la monogamie. Il se peut que, sous la monogamie, la vie se complique et se bouleverse dans le cas où la moralité est négative alors que, sous la polygamie, elle pourrait se stabiliser dans la droiture et la solidarité dans le cas où la moralité est positive. La monogamie et la polygamie sont considérées comme faisant partie des aspects extérieurs de la relation, ce qui fait de leur examen une question pouvant avoir plus d'une seule solution.

Quant aux difficultés de la réalité économique dans le cadre de la polygamie, elles ne sont pas présentes dans toutes les situations et avec toutes les personnes. Certains peuvent être assez aisés pour répondre aux besoins de la polygamie. Certains autres peuvent aller, sans embarras, vers le développement de leurs ressources économiques pour servir un tel objectif. Cela pourrait même aboutir à la prospérité économique à travers la diversification de la main d'œuvre qui en résulte dans les conditions où la famille en éprouve le besoin. La polygamie pourrait aussi sauver la famille des difficultés économiques occasionnées par les dépenses illimitées des relations illégales qui prennent ordinairement la place de la polygamie légale. Si l'on ajoute le fait que l'Islam favorise la tendance à se contenter de la monogamie, dans les conditions économiquement difficiles qui font des dépenses que nécessite la polygamie une chose insupportable et empêchent l'homme d'être juste dans la répartition des dépenses, on arrive à la conclusion décisive qui place l'affaire dans son cadre normal et naturel où la vie se déroule dans l'aisance et non pas dans les conditions de la difficulté économique…

Quant à la question des naissances illimitées et ses influences sur la réalité économique de la famille et de la communauté, elle doit prendre en compte le mouvement de la réalité. La communauté peut avoir besoin, dans certaines conditions, d'un taux de naissances élevé alors que d'autres conditions peuvent l'obliger à réduire le taux des naissances. Un troisième genre de conditions peut aussi intervenir pour imposer un état d'équilibre entre les deux situations précédentes. Le taux élevé des naissances n'est pas une valeur universellement négative et le taux réduit n'est pas une valeur universellement positive. Les deux valeurs sont soumises, comme toutes les autres valeurs qui tirent leurs raisons d'être de la réalité extérieure, aux conditions objectives qui animent le milieu extérieur. C'est exactement cette question qui se pose à notre époque actuelle où certains Etats, même dans les pays les plus civilisés, accordent des privilèges économiques aux familles nombreuses selon l'abondance des ressources économiques et le besoin du développement démographique de la nation, alors que certains autres Etats, parmi ceux qui connaissent des situations économiques graves, déclarent une sorte de guerre contre les taux élevés de naissance, dans le but d'éviter l'effondrement de leurs économies.

Deux points doivent être posés au sujet de cette question:

Lé premièr: la polygamie n'es pas liée aux taux de naissances élevés car ces taux peuvent toujours être élevés dans la monogamie si les naissances ne sont pas limitées. Si nous prenons en considération les divers moyens légaux pouvant être utilisés pour l'organisation de la famille dans ce domaine, nous trouvons alors qu'il est possible de maîtriser la situation et de résoudre le problème dans les deux situations de la polygamie et de la monogamie.

Le second: il existe dans la croyance de l'homme de foi une dimension suprasensible qui permet de rencontrer Dieu qui donne à qui Il veut sans que l'homme ne sache par où le don pourrait lui parvenir: Dieu accorde le don en fonction du besoin. La question n'est donc pas liée aux seuls calculs matériels, car il existe plus d'une dimension suprasensible qui ouvre la réalité à plus d'une solution dans le cadre de la clémence de Dieu.

Quant à la question de l'éducation qui pourrait être, dans les condition de la famille à nombre d'enfants réduit, plus profonde qu'elle ne pourrait pas l'être dans la conditions de la famille nombreuse, elle diffère quant à ses conséquences positives ou négatives en fonction des conditions personnelles. On peut effectivement noter une déviation éducative chez un enfant unique en face d'une droiture éducative chez les enfants des familles nombreuses. C'est que les moyens personnels de l'homme, comme l'effort, la fortune, la notabilité ou la situation générale, peuvent l'aider à orienter l'éducation d'une manière qui peut ne pas être possible dans des conditions différentes. De ce fait, la question est liée aux dispositions extérieures qui entourent l'homme dans les conditions de la réalité objective.

Ceux qui prônent la polygamie peuvent signaler à ceux qui prônent la monogamie un grand nombre de problèmes réels, comme:

1- Les statistiques montrent que le nombre naturel des femmes est supérieur au nombre des hommes, ce qui prive une partie des femmes de leurs chances au mariage dans la situation de la monogamie.

2- Les victimes des guerres sont beaucoup plus nombreuses aux rangs des hommes car ce sont les hommes qui se chargent de la guerre, dans la plupart des cas, alors que les femmes travaillent, même pendant la guerre, dans des conditions plus sûres et moins dangereuses. Cela fait que la guerre devient une grande source des problèmes issus de la monogamie. On a dit, à ce propos qu'un député allemand, a demandé au parlement de son pays d'introduire la législation de la polygamie pour faire face aux conséquences désastreuses de la deuxième guerre mondiale au niveau de la baisse du nombre des hommes comparé à celui des femmes.

3- Dans le cas de la stérilité de la femme et au moment où le mari sent le besoin de la paternité sans vouloir se séparer de sa femme avec laquelle il se trouve en état de parfaite entente, la polygamie se présente comme la meilleure solution possible.

Il existe plus d'une situation réelle parmi celles qui posent des problèmes pour la monogamie et font de la polygamie une solution normale et plus proche de la nature humaine soumise à des pulsions et des besoins physiques et spirituels dont la satisfaction est indispensable pour l'homme qui cherche l'harmonie avec l'état d'équilibre psychique qu'impose le besoin de la stabilité.

 

POURQUOI L'HOMME A-T-IL DROIT À LA POLYGAMIE ET NON PAS LA FEMME?

Cette affaire peut être posée à travers une question qui se pose à l'esprit, à savoir : pourquoi l'Islam a-t-il permis à l'homme de prendre plusieurs épouses et n'a-t-il pas permis à la femme de prendre plusieurs époux?

La réponse comprend deux points:

- La première est que le régime familial patriarcal fondé sur la personne du père en tant que représentant original de la famille est un régime fondamental en Islam. Il se peut aussi qu'il soit fondamental dans la réalité humaine. Si l'histoire avait connu, dans certains de ses épisodes, le régime matriarcal, c'est-à-dire ce régime gouverné par la mère et dans lequel le père est subordonné à la mère dans ses fonctions familiales, cela ne peut être considéré que comme un écart et non comme une norme. L'Islam a adopté ce régime patriarcal pour considérer l'homme comme responsable de la famille et de ses affaires vitales et comme source de sa généalogie. Cela ne veut pas dire que le rôle de la mère et sa généalogie sont annulés. Ils sont seulement secondaires de ce point de vue, et à la lumière de ces faits, il n'est pas possible d'accepter la polygamie dans la mesure où elle pose le problème de l'appartenance généalogique des enfants.

- La seconde est que la législation ne peut que résulter d'un besoin d'engagement dans la vie. Et nous avons déjà parlé des fondements de la législation concernant la polygamie et qui ont leurs raisons dans la réalité aussi bien que dans l'appel de la nature. Nous avons même adopté l'idée voulant que l'histoire de l'homme est celle de la pluralité des relations sexuelles de l'homme, que ces relations soient légales ou illégales, ce qui donne à penser que la monogamie ne peut aucunement donner une solution au problème et que, de ce fait, elle doit être dépassée pour une autre option.

Pour ce qui est de la polyandrie, elle est un état historiquement anormal, même chez les tribus primitives qui n'ont pas connu l'évolution de l'historie. Il n'est donc pas besoin pour la législation de s'arrêter devant cet état pour lui instituer des lois et des qualifications. En considérant les raisons de la polygamie, nous trouvons les situations de guerre où les victimes sont beaucoup plus nombreuses au niveau des hommes qu'au niveau des femmes. Cela fait du nombre plus élevé de femmes et du nombre plus réduit d'hommes un état naturel qui impose la pluralité des relations de l'homme et non pas celle des relations de la femme, et ce dans le but de résoudre les problèmes sexuels et spirituels de la femme qui cherche à avoir une relation normale avec l'homme.

… Il existe un autre point qui mérite d'être traité: l'instinct de l'homme appelle la pluralité plus que l'instinct de la femme car l'excitabilité de l'homme est plus intense et plus rapide que celle de la femme. La femme a plus besoin que l'homme d'une préparation psychique et physique pour répondre positivement aux éléments excitateurs de l'instinct. Il est connu que l'homme atteint son orgasme avant la femme et cela conduit à des problèmes psychiques et physiques pour la femme dans la mesure où elle ne se sent pas aussi satisfaite que l'homme. On peut dire à partir de ce fait que l'excitabilité de la femme n'est pas aussi positive que celle de l'homme. On peut même remarquer dans la vie quotidienne que c'est l'homme qui, attiré par l'appel de l'instinct, poursuit la femme et lui prépare l'atmosphère de la déviation, alors que, dans beaucoup de situations, la séduction de l'homme par la femme est occasionnée par des facteurs économiques ou par d'autres facteurs extérieurs.

Certains pays européens et américains ont connu des situations semblables à la polygamie et à la polyandrie dans ce que l'on appelle l'opération du mariage collectif où plusieurs hommes et plusieurs femmes cohabitent ensemble dans une vie conjugale commune. Mais la réalité a prouvé l'échec de cette expérience, car elle leur a occasionné plus d’un problème sans pour autant leur procurer la satisfaction psychique et le bonheur, surtout pour ce qui est de la femme.

On peut aussi remarquer que la femme tend à avoir une relation unique plus qu'elle ne tend à avoir des relations multiples. C'est pour cette raison que le phénomène de la fidélité est plus en vigueur chez les femmes et non pas chez les hommes… La femme se sent satisfaite avec une relation unique et naturelle dans la mesure où elle modère son excitabilité, alors qu'un tel sentiment de satisfaction n'est pas présent chez l'homme.

A la lumière de ces considérations, nous nous trouvons face à la vraie réalité qui impose le besoin de la polygamie en raison de l'instinct et des dispositions humaines générales et cela pose une question à la mesure du phénomène que la législation doit confronter en lui proposant des solutions pratiques. En même temps, nous ne pensons pas que cela ne constitue pas un besoin à la mesure de la question et du phénomène tel qu'ils sont enregistrés chez la femme. Tout au plus, nous ne trouvons, chez elle, que des états passagers et occasionnels n'exigeant pas un grand intérêt.

Ainsi, nous trouvons que la législation islamique fait face à la réalité et donne des solutions aux problèmes complexes à partir des besoins naturels de l'homme. Il en est ainsi car l'Islam ne légifère pas pour les anges, mais pour les hommes et la polygamie est une solution naturelle et normale au problème de l'homme et de la femme à la fois et ce du double point de vue sexuel et social.

LA CONDITION DE LA POLYGAMIE, OU LA LIBERTÉ DANS LES LIMITES DE LA LOI: RÉALISER L'ÉQUILIBRE.

Comme la polygamie est permise et non obligatoire, l'homme peut exercer sa liberté à travers ses conditions pour arriver à la réalisation de l'équilibre dans sa vie. Il se peut qu'il trouve son intérêt dans la monogamie, dans la polygamie ou dans le célibat. De cette manière, il mène sa vie et pratique sur la base de la Loi en s'éloignant ainsi des situations illégales dans toutes ses conditions et en confrontant la réalité avec les attitudes positives de la légalité, loin des attitudes négatives de la déviation.

Il est peut-être nécessaire de faire face à l'évaluation intellectuelle et pratique des relations dans la logique des qualifications légales en respectant les pratiques fondées sur ces bases et compatibles avec les moralités de la Loi, même si ces pratiques et moralités sont écartées des traditions sociales d'origines non islamiques. Ces traditions sont en vigueur au niveau de certains aspects de notre réalité vécue actuellement où l'on se laisse influencer par les valeurs chrétiennes idéalistes qui insistent sur la vie monacale (le célibat) et sur la nécessité de s'éloigner des instincts et donnent à ce genre d'attitude le statut des valeurs spirituelles fondamentales en considérant l'homme qui étouffe son instinct comme un saint et l'homme qui obéit à ses instincts, d'une manière naturelle, comme inférieur sur l'échelle des valeurs. A partir de ces considérations, l'attitude chrétienne voit dans la question de la polygamie et de la pluralité des relations sexuelles un état de sensualité indigne de l'homme de foi qui cherche à cristalliser les valeurs spirituelles dans sa vie, avec tout ce qu'elles représentent en matière d'abstinence, de renoncement aux désirs et de dénigrement de la vie matérielle…

De son côté, l'Islam refuse cette logique et n'adopte pas ces concepts. Il considère les instincts déposés par Dieu dans l'entité humaine comme des instances naturelles qu'il doit satisfaire d'une manière équilibrée. Tout instinct a sa faim et sa soif et l'homme a le droit de satisfaire sa faim et d'éteindre l'ardeur de sa soif, exactement comme c'est le cas pour ce qui est des besoins physiques et naturels… Se comporter ainsi n'est pas contraire à la valeur et la sensualité modérée n'est pas mauvaise dans la vie. L'Islam ne la considère pas comme contraire à la spiritualité, car la spiritualité de l'Islam ne consiste pas à s'écarter des besoins physiques. Tout ce que l'Islam demande est que l'homme n'élève pas ses besoins au rang des valeurs fondamentales de la vie et qu'il les considère à partir de son libre arbitre qui peut dire "non" tout comme il peut dire "oui", sans se soumettre aux pressions conduisant à la déviation. De le sorte, la volonté de l'homme n'est pas l'esclave des besoins au cas où la vie met l'homme devant le choix d'agir avec ses principes ou de s'incliner devant la pression de ses désirs.

C'est en cela que consiste le sens réel de l'ascétisme dans tout ce qu'il représente comme sentiments permettant à l'homme de se libérer des liens de l'asservissement par la matière. C'est en cela que consiste la spiritualité intérieure qui permet à l'homme de faire face à la vie à travers sa capacité de maîtriser son mouvement. La faim n'est pas, en elle-même, une valeur spirituelle et le renoncement aux désirs n'a pas, en lui-même, un sens spirituel, sauf dans ce qu'il représente comme mouvement de la volonté consciente vers le refus de ce qui est abominable ou vers l'exercice à le confronter dans l'espoir de se rapprocher de Dieu dans la mesure où cela permet à l'homme d'exercer sa liberté en sa présence.

Sur la base de ces considérations, nous trouvons que la polygamie n'est pas contraire à la valeur et que la monogamie n'est pas la valeur, mais un besoin normal que l'homme peut vivre en fonction de ses conditions intérieures et extérieures. Il peut ainsi opter pour la polygamie ou pour la monogamie… et être proche de Dieu dans les deux cas dans la mesure où il agit à la lumière de la législation qui considère le fait de s'autoriser la polygamie comme un engagement islamique, tout comme le fait de se contenter de la monogamie qui est aussi un engagement dans la saine voie divine.

Mais l'homme peut mal utiliser cette autorisation. Parmi les aspects de ce mauvais usage, on note la polygamie issue d'une disposition capricieuse où, poussé par ses besoins insistants, l'homme part de son désir de diversifier ses relations sans que cela ne soit profondément fondé dans sa vie affective ou dans sa vie en général. Le désir capricieux et occasionnel qui peut être fougueux aujourd'hui pour s'éteindre demain ne doit pas être le fondement de la relation conjugale car cela fait du mariage une question de tempérament et non pas une question de besoin réel. Il se peut que ce fait soit l'une des raisons pour lesquelles l'homme ne doit pas opter pour la polygamie. L'aspect positif dans ce domaine est que la polygamie soit la réponse à un besoin profondément enraciné dans l'âme ou d'un autre besoin aussi profond qu'impose la réalité car c'est cette profondeur qui fait du mariage une responsabilité et c'est elle qui réalise la responsabilité dans le processus de l'équilibre du mariage.

 

ÊTRE JUSTE AVEC SES FEMMES

Une autre question se pose dans ce domine. C'est celle d'être juste avec ses femmes.

Le noble Coran dit: "...Si vous craignez de ne pas être équitables, prenez une seule femme, …". Coran, "An-Nisa’" (les Femmes), IV 3.

Toute relation humaine doit être fondée sur la justice, que cette relation soit conjugale ou autre, car Dieu veut que la vie s'engage dans la voie de la justice. Pour cette raison, la polygamie est conditionnée par la justice que l'homme doit respecter au niveau de ses responsabilités et engagements envers ses femmes. Il ne peut pas les négliger au niveau de leurs droits et au niveau de ses devoirs envers elles. Ce qui est, peut-être, plus proche de la ligne de la piété est que l'homme étudie ses possibilités avant d'entrer dans une telle expérience. Alors, il peut avancer seulement s'il trouve en lui-même la capacité de remplir ses engagements légaux. Mais si, au contraire, il trouve que la question n'est pas assez claire et qu'il risque de ne pas pouvoir être juste en raison de ses conditions générales et personnelles, il lui est préférable de se contenter d'une seule femme, car cela est plus proche de la piété et correspond mieux à ses possibilités matérielles. Il ne doit donc pas se charger d'un fardeau qu'il ne peut pas supporter.

 

LA JUSTICE EST-ELLE UNE CONDITION POUR LA VALIDITÉ DE LA POLYGAMIE?

Une autre question peut se poser : la justice, ou les possibilités de la justice, sont-elles une condition nécessaire pour la validité de la relation polygame, de sorte que le contrat avec plus d'une seule femme n'est pas valide si l'homme craint de ne pas pouvoir être juste, ou bien la justice n'est-elle pas une condition de la validité du contrat, mais seulement une condition de la fidélité à la ligne de la responsabilité légale, sans que cela ne concerne l'aspect juridique du contrat?

Nous disons, pour répondre, que la question peut paraître, au niveau de l'apparence, comme si la justice est une condition juridique pour la validité et l'exécution du contrat… dans la mesure où Dieu n'a pas autorisé la polygamie dans les conditions de la crainte, de la part de l'homme, de ne pas être juste. Mais les savants ont admis la validité du contrat dans toutes les situations et n'ont pas opter pour l'annulation du contrat au cas où l'on se heurte à l'incapacité du mari de verser la pension qui est la condition de la justice. Il se peut que la raison soit dans le fait que la suite du verset "cela vaut mieux que de se trouver avec une famille nombreuse", signifie que la condition a la valeur d'un conseil ou d'une instruction et non pas celle de l'obligation légale et juridique… car se marier avec plus d'une seule femme tout en craignant de ne pas pouvoir être juste expose l'homme à des problèmes légaux dans sa relation et le met dans une situation instable du point de vue économique… et Dieu connaît mieux la vérité de ses institutions.

 

COMMENT TROUVER L'ÉQUILIBRE ENTRE CE VERSET ET CELUI QUI NIE LA POSSIBILITÉ DE LA JUSTICE?

Une autre question peut se poser : la comparaison de ce verset avec le verset qui dit: "Vous ne pouvez pas être justes à l'égard de chacune de vos femmes, même si vous en avez le désir. Ne soyez donc pas trop partiaux et ne laissez pas l'une d'entre elles comme en suspens". Coran, an-Nisa' (Les Femmes) IV 129, nous conduit au résultat suivant: Dieu interdit la polygamie car Il l'a conditionnée à la justice que le second verset considère comme impossible à réaliser, même au cas où l'on tient ardemment à la respecter, ce qui donne à penser que la Législation est entravée d'une manière qui empêche son application en lui donnant l'aspect d'une solution habile qui annule l'autorisation de la polygamie d'une façon indirecte.

On peut dire à ce propos:

Premièrement: nous avons déjà signalé que la condition intervient dans le sens de la prévention liée à la situation légale et économique de l'homme et non pas dans le sens de l'obligation juridique.

Deuxièmement: la justice ayant le statut de condition dans le premier verset est la justice dans le versement de la pension, alors que la justice dont parle le seconde verset est la justice en matière d'amour et du penchant sentimental. Cela se comprend de la parole divine disant: Ne soyez donc pas trop partiaux et ne laissez pas l'une d'entre elles comme en suspens", Coran, an-Nisa' (les Femmes) IV 129, qui représente l'ordre divin interdisant la déviation, au niveau affectif, au point avec lequel l'homme arrive à abandonner sa femme et à la laisser "suspendue", entre le mariage et le divorce. On peut même dire que cette manière de souligner l'envergure que la relation doit représenter un aveu de sa légitimité. La distinction des deux sens de la "justice" dans les deux versets provient des Imams de la Famille du Prophète (que la paix soit sur eux).

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