Index Next

La liberté selon l'Imam Ali (as)

Introduction

Cet article compare la liberté séculaire à la liberté religieuse. En d’autres termes, on a comparé la liberté du monde avec la liberté Alawite (liberté attribuée et préconisée par l’Imam Ali ibn Abi Talib (as). La présente étude démontre que ces deux sortes de liberté sont fondamentalement différentes aussi bien dans le contenu que dans le concept. La liberté séculaire provient du matérialisme et d’une philosophie athée ; elle s’est enracinée des banales inquiétudes d’intérêts. D'un autre sens, la liberté s’est enracinée d’une philosophie Divine pour les religieux ou les Islamiques Alawites, se basant sur l’égard porté à l'homme pour sa fin ultime et sa situation dans l'Au-delà.

Pour clarifier les différences entre ces deux types de liberté, cet article examine et analyse tout d’abord le concept de la liberté selon la perspective des cultures occidentales et leur ligne de pensée; puis le concept de la liberté du point de vue de l'Imam Ali (as) sera clarifié et discuté en accord avec son aperçu. De plus, l’étude esquisse la liberté, en tenant compte des autres concepts tel que droits humains, foi, croyance, intellect, intellectualisme, justice et plaidoirie de justice.

La liberté est une des plus grands dons de Dieu. Il a une valeur humaine suprême ([1])

. Il est un principe de la nature humaine. La liberté est le deuxième meilleur don naturel après le don de la vie. Dieu Le Tout-puissant a donné le don à l’homme de vivre ainsi que le don d’être libre. En tant que vertu humaine précieuse, la liberté est le moyen d’arriver à ses fins ; ce n'est pas la finalité en elle-même. Partout dans l'histoire, il a toujours été le sujet de questions controversées et a préoccupé les esprits de beaucoup de savants. A l'époque contemporaine, toutes les nations et les peuples apprécient la liberté, et se considèrent libres et en sont très fiers.

De nos jours, certaines personnes, contents par la devise de la liberté, essaient de préconiser l'idée que les religions et les gouvernements religieux sont contre la liberté. De tels gens proposent l'occident comme un modèle pour les Musulmans. Ils comparent l’Islam au Christianisme, les sociétés Islamiques aux sociétés occidentales du Moyen-âge et les dirigeants Islamiques aux dirigeants Chrétiens de cette époque-là. Ils ignorent les très nettes différences entre l’Islam et le Christianisme.

Les gens se sont intéressés et ont été fascinés par la culture occidentale en croyant que la liberté se trouve à l'Ouest, alors que l’Islam a fait réellement référence à la bénédiction de la liberté de l’homme il y a quatorze siècles.

Par conséquent, la question de la liberté doit être étudiée et analysée même plus qu’avant, car il est le désir le plus désespérément recherché de l'homme moderne. La place de la liberté et ses limitations doivent être esquissées d'après les textes Islamiques.

Dans ce but, une des méthodes est l'étude de la conduite, de la pratique et des discours de l'Imam Ali (as), car ils peuvent mieux clarifier le concept de la liberté en Islam.

Le Concept de la Liberté et sa signification

Quelques concepts ne sont pas tout à fait clairs, même s’ils peuvent paraître évidents en soi, au premier coup d'œil. De tels concepts ont été en principe définis dans des sens différents et par les différents savants. Le concept de la liberté n'est pas sans exception.

Dans beaucoup de cas, une chose qui est considérée un exemple ou un signe de liberté par certaines personnes, peut dénoter l’esclavagisme et le manque de liberté aux autres personnes. Par contre, ce qui est une limite pour certaines personnes peut compter comme liberté aux autres. Pour juger correctement, le premier pas à prendre est de se familiariser soi-même au concept de la liberté. Une enquête critique sur le concept peut clarifier les problèmes sur la question de la liberté de l’homme, des erreurs et des fausses idées.

De la même façon, le sens donné à de nombreux mots changent radicalement avec le temps. Le mot de «liberté» est un de ces mots. D'après Morris Kernston, «la Liberté a une très large distance avec les possibles significations.» ([2])

De la même façon, Aizaya Berlin a dit que plus de deux cents définitions de la liberté ont été proposées ([3])

Pour clarifier la signification de la liberté, au point de vue de l'Imam Ali (as) et pour la juxtaposer avec ses définitions occidentales, on doit d’abord élaborer chaque définition.

En premier lieu, le concept de la liberté devrait être étudié dans le sens de sa compréhension dans la pensée et dans la culture de l’occident ; c’est alors que les points de vue de l’Imam Ali (as) sur le concept devraient être étudiés pour savoir comment il définit et interprète le concept de la liberté.

Le concept de la liberté en Occident

La plupart des théoriciens politiques divisent la liberté en deux sortes:

1. Liberté négative et

2. Liberté positive.

La liberté négative s’applique à la liberté qui est hors limites et a des obstacles. C'est le thème de la liberté commune à la plupart des nations contemporaines démocratiques de l’occident. Il est le type de liberté que le vrai libéralisme recherche. ([4])

Ce type de liberté a aussi été défini par Frantis Noyman.

Il a dit:

«La Liberté, c’est le manque d’obstacles et de limites. C'est la base d'une vue libérale sur la liberté.» Ce type de liberté peut être appelé la «Liberté Négative» ou la «Liberté Légale». Le mot «négative» dans la «Liberté Négative» ne veut pas dire négatif dans le vrai sens du mot; il veut dire «insuffisant» ([5])

. À propos de l'insuffisance de la liberté négative, Noyman a dit que ce type de liberté est nécessaire mais pas suffisant. Il n'est pas suffisant parce qu'il ne nous dit pas comment faire usage de notre liberté ([6])

. Il ne clarifie pas non plus l'essence et le contenu de la liberté. Quelques savants occidentaux définissent la «Liberté Négative» comme suit:

«Ce type de liberté est relatif à une part d'individualité et de combats sur laquelle les autorités n'ont aucun contrôle. Ils n'ont pas le droit de prévenir des individus de faire ce qu'ils souhaitent ou les forcer de faire ce qu'ils ne désirent pas.» ([7])

Afin de résumer une des significations et définitions de la liberté dans la pensée occidentale, c’est le «manque de limites et d’obstacles.» ([8])

Dans ce sens, elle est appelée la «Liberté Négative» ou de la «Liberté non constructive» et c’est la base du libéralisme. ([9])

Comme quelques philosophes occidentaux l’ont également signalé, le problème de cette définition sur la liberté, c’est qu'elle ne clarifie pas à qui elle appartient. Il ne clarifie pas non plus dans quel but et pour qui cette liberté (d'obstacles) peut être utilisée. ([10])

Par conséquent, il y a deux aspects de faiblesse majeurs pour la définition de la liberté en tant que liberté négative. Une telle définition ne clarifie pas deux points:

- La Liberté de quoi?

- Et la liberté de qui?

Ces incertitudes et ambiguïtés obstruent le chemin de l'usage inexact de la liberté et permettent aux opportunistes et aux incrédules de mal l’employer.

Cependant, il y a aussi une définition positive de la liberté dans la pensée occidentale qui est basée sur la sagesse et l’intellect. De telles définitions positives sur la liberté accentuent le rôle de la sagesse dans la volonté de l'homme et le choix. Les définitions suivantes sont une illustration d'un tel sens sur la liberté :

1- Une personne libre est une personne qui vit d'après les ordres de son intellect (Spinoza).

2. La liberté est la réalité en soi de la sagesse de l'homme (Lybe Nits).

3. La liberté est l'indépendance de tous, excepté des règlements moraux perçus par la conscience ou la pratique de la sagesse. (Kant)

4. La liberté de l'homme est le contrôle de son âme. (Paulsen) ([11])

De telles définitions sur la liberté sont liées inextricablement à l'humanité de l'homme, parce que le trait caractéristique qui distingue l'homme de la bête est sa sagesse. Par ces définitions, si la sagesse ne gouverne pas l'âme de l'homme, il ne bénéficiera pas de la liberté dans le sens de la liberté avec limites et négations. Alors, ce genre de liberté remplira uniquement ses désirs bestiaux et le mettra finalement en perte. Par conséquent, seuls les gens qui sont sages, sont vraiment libres, et la liberté peut être accomplie uniquement dans la lumière de la sagesse.

Ce type de liberté qui est basée sur intellect et la sagesse a été appelée la «Vraie Liberté» par David Robertson. Il a dit, «La liberté en Europe, communément appelée liberté positive ([12]), provient de la pensée Grecque; par la suite, il a été développé dans la philosophie idéalisme Européenne ([13]), telle que dans la philosophie de Hegel et Kant ; plus récemment, il a été étudié dans les travaux des savants Marxistes, surtout dans les travaux des gens comme Marcos».

Il est à noter que ce dernier sens et définition de la liberté est un pas considérable pour une meilleure compréhension du concept de la liberté. Cependant, depuis que l'intellectualisme occidental s’est enraciné dans les philosophies matérialistes et séculaires, il ne peut pas décrire la liberté correctement. En fait, l’humanisme, l’indépendance, la confiance en la sagesse de Dieu, et les interprétations matérielles de la rationalité sont des obstacles pour une compréhension correcte du concept de la liberté dans les idéologies occidentales.

La Signification de la Liberté selon le point de vue de l'Imam Ali (as)

Pour élaborer la signification de la liberté du point de vue de l'Imam Ali (as), on a besoin de considérer les facteurs qui ont été en rapport avec son point de vueet qui sont:

1. La liberté et les Droits de l'Homme

Aussi longtemps que la place et la valeur de la liberté sont concernées, l’Imam Ali (as) croit que la liberté est une sine qua non de l'existence de l'homme et qu'il est un des droits de l'homme. Il a dit :

([14])«لاتكن عبد غيرك و قد جعلك الله حرا»

«Dieu vous a créé libre, ainsi vous ne devriez pas être esclave des autres.»

Il est également rapporté que l'Imam Ali (as) a dit :

([15])«ايها الناس ان آدم لم يلد عبداً و لا امة و ان الناس كلهم احرار»

«Ô! Gens! Adam n'a pas engendré un esclave ni une fille d'esclave; tous les gens sont nés également libre (et personne n’a aucun privilège sur les autres).»

Par les paroles de l'Imam Ali (as) citées ci-dessus, on peut faire la conclusion suivante :

1. La liberté est un droit humain.

2. Ce droit a été donné à l’homme par Dieu.

3. Le droit de la liberté est un sine qua non de la vie de l'homme. Il provient du fait de la création de l'homme. Il faut dire que, basé sur le premier texte, l'homme devrait essayer d'accomplir la liberté morale et spirituelle et de se libérer de ses désirs sensuels pour ne pas devenir esclave de ses désirs charnels. En considérant le deuxième texte, on peut dire que cette liberté politique et sociale est le droit de tous les gens, et qu'ils sont également libres de déterminer leur destin. Dans un autre sens, personne n’a le droit de prendre les autres pour esclaves ou captifs.

4. A partir du fait que Dieu a créé les gens libres, il n'est pas convenable ni désirable pour eux de devenir les esclaves des autres. Ils ne devraient être asservis ni intrinsèquement ni extrinsèquement. La première tradition de l'Imam Ali (as) a été citée ci-dessus pour empêcher toutes formes intrinsèques d'esclavage et le second est pour empêcher toutes formes extrinsèques. Les gens devraient accomplir leur propre actualisation. Ils devraient non seulement se connaître eux-mêmes mais aussi leurs valeurs et mérites pour organiser leurs vies. Ce sont les points qui peuvent être déduits sur les paroles de l'Imam Ali (as).

2. La liberté et la Foi

Partout dans l’histoire, des points de vues différents et quelquefois contradictoires ont été donnés en respectant le rapport entre «Dieu» et «liberté» ou entre «religion» et «liberté». Quelques philosophes et théologiens ont considéré ces deux concepts totalement incompatibles et contradictoires ; alors que d'autres ont envisagé le monothéisme et la liberté comme logiques et conciliables. Ces derniers ont considéré la liberté comme l'essence même du monothéisme.

Le premier groupe croit que la croyance en Dieu et la liberté sont mutuellement exclusives, pouvant être divisés plus tard en deux sous-groupes. Les membres du premier groupe choisissent Dieu au sacrifice de la liberté parce qu'ils croient que les deux ne peuvent pas être compatibles. Cependant, les membres du deuxième groupe choisissent la liberté et ont mis Dieu de côté. Nietzsche, par exemple, croit que le concept de Dieu a été le plus grand ennemi de l'homme. Il argumente que le pouvoir de raisonnement de cet homme, son indépendance, et son espoir pour le futur appelle l’incrédulité en Dieu. ([16])

Une autre illustration de ce point est donnée par Jean Paul Sartre, existentialiste contemporain. Il a dit, «La dénégation d'un Tout Sachant Créateur est la condition préalablement logique et la condition intellectuelle pour la parfaite liberté de l'homme.» ([17])

De tels commentaires faits par des penseurs occidentaux proviennent des spéciales histoires et cultures occidentales et comme le professeur et Martyre Motahhari (Que la Miséricorde de Dieu soit sur lui) l’a divulgué, c’est que, en Europe, le sens de Dieu a été relevé avec les questions de despotisme politique et de liberté publique au lieu de liberté individuelle. Les occidentaux ont toujours pensé que s’ils croient en Dieu, ils doivent accepter aussi le despotisme de leurs autorités suprêmes, admettre qu'ils n'ont pas de droits, et que leurs souverains n'ont pas de responsabilités. Ils pensent alors que, s’ils croient en Dieu, leurs dirigeants pourront prendre la responsabilité et être responsables uniquement de la relation envers Dieu et non pas de la relation envers les individus. Par conséquent, ils pensent que la croyance en Dieu entraîne l'acceptation de suppressions sociales ou d’autorités sans limites. Ils maintiennent qu'ils doivent nier Dieu s’ils veulent avoir la liberté sociale. C'est pourquoi les occidentaux ont préféré choisir la liberté sociale. ([18])

Cependant, d'après la philosophie sociale de l'Islam, la croyance en Dieu ne veut pas dire l’acceptation au règne absolu de quelques personnes comme résultat. Dans cette philosophie, les dirigeants sont responsables des gens de leur communauté. C’est simplement la croyance en Dieu qui peut apporter des droits aux individus et rendre responsable les dirigeants. Comme l’a dit le professeur et Martyre Motahhari (Que la Miséricorde de Dieu soit sur lui), la liberté est non seulement une question politique en Islam mais elle est aussi une question religieuse, parce qu'un Musulman doit chercher à atteindre la liberté et vivre librement. ([19])

Maintenant, lançons un regard sur le point de vue de l'Imam Ali (as) en ce qui concerne le rapport entre la foi et la liberté. Dans ce sens, l'Imam affirme que le monothéisme, en aucun cas, n’exige l'abandon à la liberté, et la liberté et cette religion-ci ne sont en aucun cas mutuellement exclusive. Il a dit:

«فان الله تبارك و تعالي بعث محمدا (ص) بالحق ليخرج عباده من عبادة عباده الي عبادته و من عهود عباده الي عهوده و من طاعة الي طاعته و من ولاية عباده

([20])الي ولايته»

«Allah, Le Béni et le Tout-puissant a fait descendre Mohammad (as) pour faire sortir ses serviteurs de la servitude et faire entrer ses serviteurs dans Sa servitude ; éloigner ses serviteurs des autres promesses pour rapprocher Ses serviteurs dans Ses promesses ; les éloigner de l'obéissance aux autres pour rapprocher ses serviteurs dans Son obéissance ; et les éloigner d’être les gardiens des autres pour rapprocher Ses serviteurs dans Sa garde.»

La question qui peut être soulevée ici, c’est si l'obéissance et la servitude à Dieu ont pour résultat d’être esclave et de manquer de liberté. Il est vrai que la religion de l'Islam libère l'homme de la servitude aux autres gens. Cependant, il demande la servitude à Dieu. (Est-ce que ce n'est pas de la dénégation à la liberté ?). En réponse, on doit signaler qu’une compréhension correcte du rapport entre l’homme et la Révélation Divine, c’est qu'il n’y a pas de rapport entre l’homme et une autre source externe. En fait, c’est le rapport entre l’homme et son origine, son Moi. La croyance en Dieu n’est aucunement contradictoire et incompatible à l’humanité. Il est, en fait, le parfait point pour l’humanité, et la religion Divine donne la voie à la perfection de l'homme.

Note:

[1]-Imam Khomeiny, Sahifa Nour, vol. 12, p. 91.
[2]-Moris Kirnston, Un nouveau compte sur la liberté, p. 13.
[3]-Qabasat, No 5, 6, p. 76.
[4]-David Robertson, Culture politique contemporaine, traduit par Aziz Kiavand, p. 10.
[5]-Frantice Frayman, Liberté, pouvoir et la loi. pp. 68-69.
[6]-Idem.
[7]-Libéralisme et Démocratie, p. 29.
[8]-M. Rahimi, p. 9.
[9]-David Robertson, p. 10.
[10]-Fantice Noyman, p. 381.
[11]-Morris Kirnston, pp.15-16.
[12]-Liberté positive
[13]-Idéaliste.
[14]-Al-Kafi, vol. 8, p. 69. et Nahj al-Balaghah, lettre 31.
[15]-Al-Kafi, vol. 8, p. 69.
[16]-Fredrick Couplestone, L’histoire de la philosophie vol. 7, p. 394.
[17]-Morris Kirnston, Jean Paul Sartre, p.66.
[18]-M. Mutahhari, Collections, vol. 1, p. 554.
[19]-Piramun Inqilab Islami, p. 5.3
[20]-Bihar-al Anwar, vol. 74, p. 367.
  Index Next