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LA PHILOSOPHIE DE L’OCCULTATION

Avec le désordre qui règne sur la terre privée (pour ne pas dire dépourvue) d’un guide, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi L’imam a été mis en occultation au moment ou sa présence aurait sûrement résolu beaucoup de problèmes. Divers avis et traditions ont été rapportés pour soutenir la philosophie de l’occultation de l’imam du temps. Toutefois, avant de donner une moindre réponse à la question posée ci-dessus, nous laissons observer que nous avons la certitude qu’Allah le créateur de l’univers n’accomplit rien sans dessein ni sagesse. Peu importe que l’objectif de ces œuvres bénéfiques soient perçu ou non par les humains. Tous les êtres vivants, petits ou grands s’épanouissent dans la marge de norme que Dieu a fixée pour chaque espèce ; l’occultation d’imam Mahdi  en est un exemple palpant. D’où on peut déduire aisément que l’événement de l’occultation de l’imam du temps- dont la compréhension nous échappe- demeure conforme à la sagesse et au principe de bienfaisance divine. Imam Sâdiq (a.s) dit :

   «Point de doute au sujet de l’occultation de l’imam du temps. Ceux qui n’ont pas les sens du discernement se laisseront prendre au piège du doute »[37]. Rawa, une fois de plus, demande à l’imam les motifs de l’occultation. L’imam répond :

   «L’occultation porte un secret que je n’ai pas le droit de t’expliquer… C’est un secret parmi les secrets divins. Mais, puisque nous savons qu’Allah le Très-Haut est le Sage par excellence, que ses œuvres frisent toujours la sagesse et la perfection, nous admettons cela quand bien même sa réalité nous échappe »[38].

  Evidemment, en dépit du fait que beaucoup de personnes ont foi en la sagesse d’Allah dans Ses œuvres et s’en soumettent, rien ne les empêche de se lancer dans les investigations scientifiques pour essayer de comprendre la philosophie de ces phénomènes afin d’avoir un cœur plus serein. Nous prenons prétexte sur ce principe pour procéder à des analyses sur la sagesse qui sous-tend l’occultation d’imam Mahdi (a.s).

HABITUDE SOCIALE

Chaque fois que la communauté méconnaît non seulement la valeur d’un prophète et d’un l’imam, mais désobéit aussi à leurs ordres et manque aux devoirs qui l’incombe, Allah la prive de ces guides afin qu’elle réalise le rôle capital qu’ils jouent auprès d’eux. Ainsi, l’occultation de l’imam Mahdi (a.s) est un bienfait qu’ignore parfois la communauté. Il est rapporté d’imam Bâqir (a. s) :

   «Chaque fois que Dieu constate que notre présence parmi les gens leur semble gênante, Il nous enlève »[39].

INDEPENDANCE ET AUTONOMIE

Ceux qui se préparent pour une révolution se voient très souvent dans l’obligation et les risque de prendre des engagements qui leur permettront d’évoluer plus vites vers leurs objectifs. L’engrenage de la future révolution pour la justice universelle de Mahdi est un événement incompatible avec le moindre régime tyrannique. Conformément aux hadiths, cette révolution est une machine programmée pour combattre et anéantir les oppresseurs et les pervers. Raison pour laquelle l’occultation est un moyen pour mieux  préparer le guide promis à n’offrir aucune possibilité de trêve ou de compromis avec l’adversaire. Ce hadith d’imam Reza (a.s) confirme les motifs de la dissimulation mahdiste :

   «Car ce temps, où l’on combattra les armes en mains, personne ne jouira d’aucun sermon d’allégeance de sa part »[40].

EXAMEN SOCIAL

Allah le Sage a l’habitude de soumettre les gens à d’épreuves. Il éprouve de plusieurs manières ses serviteurs afin de montrer le degré de leur engagement pour sa cause. Réellement, Il connaît d’office le résultat de l’examen. Mais, Il impose ce test à ses créatures dans l’intérêt de les rendre parfaits et leur permettre de réaliser la valeur de leur existence. Imam Kâzim dit :

    «Prenez garde de votre religion afin que personne ne vous pousse à l’apostasie lorsque mon 5ème descendant entrera en occultation. Le sceau de la wilaya connaîtra une longue occultation qui conduira les gens vers l’abandon de la foi. C’est un examen à travers lequel Allah veut éprouver Ses créatures »[41].

PROTECTION DE LA VIE DE L’IMAM

Allah a souvent usé de la mise en retraite comme solution pour protéger la vie d’un messager chaque fois que des menaces de mort pèsent sur sa personne, pour lui permettre de mieux se préparer pour reprendre sa mission aussitôt que les conditions seront favorables. C’est ainsi que lors de l’émigration du Prophète (ç) de la Mecque pour Médine, il reçut l’ordre de se cacher pendant trois jours dans une grotte afin de faire diversion et tromper la vigilance de ses assaillants. L’occultation d’imam Mahdi (a.s) dans les hadiths se justifie ainsi que le présente imam Sâdiq (a.s) :

    «L’imam l’attendu, restera invisible avant son mouvement révolutionnaire, afin que sa vie soit hors de danger »[42].

  Quel que soit le désir ardent des élus de Dieu à vouloir goûter la mort par le martyr, le principe de martyrisation ne donne un sens complet que s’il se produit sur la scène sociale pendant la propagation de la religion. Cependant, du moment où l’assassinat de quelqu’un rime avec inanité ou déficit pour les objectifs de la religion, prendre des précautions pour protéger sa personne se justifie rationnellement. L’hypothèse de l’assassinat d’imam Mahdi équivaut à la chute de la Ka’ba et de l’espoir de tous les prophètes et privilégiés de Dieu. Et par conséquent la non réalisation de la promesse divine à savoir la formation d’un gouvernement universel pour la justice.

   D’autres facteurs (que nous nous réserverons de citer ici) justifiant les raisons de l’occultation d’imam Mahdi, apparaissent dans les hadiths. Certes, il est important de retenir que la problématique de l’occultation fait partie des secrets divins qui ne se dévoileront une fois que l’apparition d’imam Mahdi s’accomplira. Tout ce qui a été démontré ci-contre sont juste des facteurs influents pendant l’occultation.

Chapitre II

GENRE D’OCCULTATION

Comme nous l’avons déjà souligné dans le chapitre précédent, le caractère impératif de l’occultation d’imam Mahdi (a.s) se justifie dans le respect d’une tradition divine qui offre l’opportunité aux savants shiites afin qu’ils préparent le terrain pour la révolution universelle de fin de temps. L’occultation d’imam Mahdi, bien avant sa naissance, fut évoquée dans les propos des infaillibles et leurs fidèles adeptes. A partir d’imam Hâdî les relations des shiites avec leur maître s’étaient rompues. Les va-et-vient se faisaient sous le contrôle des agents abbassides qui empêchaient  à tout le monde l’accès vers le guide sous surveillance. Seuls quelques délégués particuliers soigneusement choisis par les imams eux-mêmes étaient chargés de porter les communiqués des imams auprès de la communauté, et recueillir les questions et préoccupations des gens pour les acheminer auprès de l’imam. Le contact a pu ainsi être maintenu grâce à l’action de ces grands savants qui jouaient pratiquement le rôle d’ambassadeurs.

LA PETITE OCCULTATION

L’investiture d’imam Mahdi (a.s) prit effet dès le martyr de son père imam Hassan Askarî (a.s). Cet événement marque en même temps le début de la petite occultation qui dura jusqu’en l’an 329 H (environ 70 ans). Le point important à noter pendant ce temps et l’action des ambassadeurs particuliers nommés par l’imam en personne. Leur fonction protocolaire permit d’assurer les relations entre l’imam et sa communauté. Mais il arrivait parfois qu’un shiite convaincu et intègre puisse avoir l’honneur d’obtenir une audience sollicitée pour voir l’imam. Ces délégués, tous des savants érudits se classent comme suit :

- Ousmane ibn Saïd Amrî, tout premier à jouer le rôle d’ambassadeur dès le début de la petite occultation jusqu’à l’an 265 H, date de son décès. Il fut tour à tour délégué d’imam Hâdî (a.s), puis d’imam Askarî (a. s)

- Mouhammad ibn Ousmane, fils de l’autre, a accédé à ce rang de la mort de son père jusqu’à son décès en 305 H.

- Houssein ibn Rouh Noûbakhtî qui, après 21 années de diplomatie protocolaire passa de vie à trépas en 326 H.

- Ali ibn Mouhammad Samourî, avec son décès en 329, marque la fin des représentations et de la petite occultation.

   L’ensemble des ambassadeurs choisis par les imams était présenté au peuple à travers une lettre d’accréditation signée des imams. Sheikh Toûsî dans son livre Al Ghayba rapporte dans un hadith : 

  «40 shiites se présentèrent en compagnie d’Ousmane ibn Saïd chez imam Askarî (a.s). Ce dernier, solennellement leur présenta son fils : « Cet enfant sera votre imam après moi. Obéissez-lui et sachez que dès ce jour vous ne le verrez plus, jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la maturité. Croyez en ce que vous dira Ousmane pendant son occultation. Suivez ses ordres car il est son représentant auprès de vous et toutes les charges lui reviennent. »[43] 

  Sheikh Toûsî rapporte : Par ordre d’imam Askarî(a.s), Ousmane ibn Saïd vint enregistrer des biens qu’avait apportés un groupe de shiites yéménites pour l’imam. Le groupe témoigna ainsi l’attitude d’Ousmane auprès d’imam, «Par Allah ! Ousmane fait partie de tes shiites les plus dévoués. Son rôle auprès de toi pour nous est évident.» ; imam répond, «En effet, Ousmane est mon représentant, et son fils Mouhammad sera le délégué de mon fils auprès de vous après  moi»[44]

 Ce hadith remonte encore à l’époque préoccultation. L’ambassadeur suivant choisi par l’imam était immédiatement présenté aux shiites comme remplaçant   avant le départ du précédent. Ces intermédiaires entre l’imam et le peuple étaient des hommes de qualité et descendance noble jouissant, d’une compétence découlant de leur dévotion pour la cause de Dieu, du  Prophète (ç) et des Ahl-ul-bayt (a.s). Digne de confiance aussi bien en actes qu’en parole, ces ambassadeurs, véritables trésoriers, avaient le sens de l’intégrité, de l’humilité, de la discrétion, de l’obéissance et de la patience. Dans les circonstances particulièrement agitées qui ont marqué l’entrée en fonction d’imam Mahdi, ils sont toujours demeurés soumis et fidèles à leur engagement. Les membres de la famille du prophète (ç) ont toujours eu confiance en eux, car certains dès l’âge de 11 ans étaient sous l’ombre de l’éducation des imams qui les ont permis d’atteindre le degré de perfection escompté, en consolidant en eux la foi, la science et la pratique. Ils tiennent une bonne réputation dans l’histoire  grâce à leur capacité exceptionnelle à supporter les difficultés et leur loyauté à leur maître à qui ils obéissaient quelles que furent les conditions. Et pour terminer, ils avaient une compétence en gestion qui leur permettait d’accomplir aisément leurs tâches. De par leur force d’appréhension, de lucidité et de renseignement, ils ont pu guider triomphalement les shiites de cette époque sensible de la petite occultation sur le droit chemin. Une étude précise de l’époque de la petite occultation laisse apparaître le rôle que les «quatre ambassadeurs» ont joué dans cette étape importante de la vie d’imam Mahdi. Cette relation pendant la petite occultation justifie l’effectivité de la naissance  d’imam Mahdi et le spectre du doute qui maintenait l’ennemis dans l’idée qu’il ne serait pas né un fils d’imam Askarî(a.s) qui était sous surveillance permanente. L’action intermédiaire des ambassadeurs a préparé le terrain pour la grande occultation au cours de laquelle avoir une quelconque relation avec le 12ème imam relève d’un certain nombre de conditions pouvant réunir une tierce personne, dans une ambiance de certitude incontestée de la présence bénie du Guide du temps.

LA GRANDE OCULTATION

Le quatrième ambassadeur, dans les derniers moments de sa vie reçut une lettre d’imam Mahdi (a.s) :

  «Au nom de Dieu, le Tout miséricordieux, le très miséricordieux. Ali ibn Mouhammad Samourî, dans la douleur du regret de ton décès inéluctable dans les six jours qui suivent, je pris Allah de t’accorder le mérite des services que tu as rendus à l’islam. A cet effet tu as encore du temps pour finir tes dernières volontés. Surtout, ne laisse pas de testament concernant ton héritier car la période de l’occultation complète (grande) est arrivée. Dès maintenant, je ne serai plus présent pour vous pendant une longue durée, jusqu’à nouvel ordre de Dieu qui viendra quand la terre sera noyée dans les difficultés, la perversité et l’injustice »[45]

   Ainsi, Avec le décès du dernier représentant du 12ème imam en 329 H, la grande occultation commença et continue à nos jours, et jusqu’au jours où les nuages de l’occultation seront levés pour que ce soleil de justice brille sur terre pour toujours. Cependant, contrairement à l’époque de la petite occultation, les shiites se référeront de manière générale aux Marâji shiites répondant à certains canevas préalablement fixés dans cette lettre écrite par l’imam et communiquée par le deuxième ambassadeur particulier :

  «Compte tenu des événements qui vont se produire dans le futur, vous aurez recours aux faqihs pour continuer à remplir vos devoirs et vos obligations religieuses, car ceux-ci sont ma confirmation auprès de vous et je suis la preuve de Dieu sur eux »[46]

   Cette voie ouverte pour résoudre les problèmes religieux s’articule autour du devoir individuel et social des shiites pendant la grande occultation et donne ainsi naissance à un ordre systématique dans la communauté shiite dont le destin s’avère fixe et déterminé sous l’ombre des guides pieux et spécialistes en religion, chargés de sauver le navire des croyances islamiques pures du vent d’idéologies et de systèmes politiques colonialistes qui dominent menacent l’humanité. Imam Hâdî dans l’importance du rôle des savants érudits de la grande occultation précise :

  «Les gens auraient apostasié si ces savants n’avaient été là pour la communauté vers leur imam, protéger la religion de Dieu avec des preuves et des arguments évidents et sauver les la pensée des Ahl-ul-bayt (a. s) des plans de Satan et ses partisans. Ils détiennent la boussole du shiisme  entre les mains. Ce sont les servants les plus pieux de Dieux »[47]

   Il est à retenir ici qu’un guide doit remplir certaines conditions pour prétendre à la guidée spirituelle et matérielle d’une communauté donnée. Maintenir les objectifs de l’islam et la capacité précise à discerner le vrai du faux doit demeurer la devise cordonnant leurs activités. Les imams infaillibles (a.s), personnalités jouissant des particularités hors de commun pour assurer ces fonctions et  détenteurs de la wilaya des musulmans, (encore appelée «wilayatoul faqih») confirment le rôle des Marâji, comme dans ce hadith d’imam Sâdiq (a.s) :

   «La communauté a le droit d’obéir à celui qui, des faqihs, s’est toujours réservé face aux grands ou petits péchés, qui passe pour être le model et le gardien de la religion tout en étant capable de contenir et contrôler ses passions dans une base de soumission aux ordres d’imam du temps. Seuls certains faqihs  parmi les faqihs shiites ont ces qualités »[48].

Chapitre III

ROLE DE L’IMAM DISSIMULE

  Des centaines d’années se sont écoulées que la communauté islamique s’est vue privée de son dernier guide en occultation. Quelles sont les conséquences de cette longue vie en occultation pour l’humanité ? N’était-il pas mieux que la naissance de l’imam soit un peu proche de son apparition afin d’éviter trop de peines et de souffrances pour ses shiites ? Telles sont des questions qui, par manque de perception de la position de l’imam, se profilent dans les esprits. En réalité comment se présente la position de l’imam dans la société ? Son existence a-t-elle quelque chose à voir avec la manifestation de sa vie en publique ? L’a-t-on seulement fait pour administrer la société ou sa présence profite-t-elle à toutes les créatures spirituellement parlant ?

L’IMAM, LE PIVOT DE L’EXISTENCE.

   Selon les enseignements shiites, l’imam est le centre de la bénédiction divine sur toutes les créatures. Il est l’axe central du système universel. Sans lui, l’univers, l’homme, les djinns, les anges et les animaux n’existeraient. Il a été demandé à imam Sâdiq si la terre survivrait sans l’imam. Il répondit :

   «Tout sur terre serait mirage sans la présence de l’imam »[49].

   L’imam est non seulement le guide chargé d’orienter la communauté, mais aussi le porte-parole de Dieu dont les rayons de la bénédiction couvre toute chose. Dès le commencement, Allah a attribué la charge de la conduite de la caravane humaine vers le bonheur aux prophètes d’abord et aux imams ensuite. Par ailleurs, il ressort des propos des infaillibles que l’imam et le tabernacle de bénédiction qui alimente la survie de la moindre espèce existante. L’imam est le cœur même de l’existence du monde et toutes les faveurs dont jouissent les créatures passent par son canal ; Autrement dit, sans imam la terre aurait déjà été anéantie. Dans les vers de la «ziarat jâmi’oul kabîra», une chronique pour la connaissance des imams on peut lire : «Ô éminents imams !  Par vous Dieu  initia l’univers, Par vous Il va le défaire. Par vous Il fait descendre les précipitations, et par la bénédiction de votre présence Il maintient le ciel en suspension, empêchant volontairement sa chute vers la terre qui provoquera la destruction »[50].

 L’action de l’imam ne se résume pas seulement en une présence manifeste, sinon, la vie de toutes les créatures dépend de son existence même occulte. Telle est la volonté divine qui a voulu que la bénédiction et les bienfaits couvrent la terre par l’honneur attribué à l’imam, présent ou dissimulé. Tous profitent de la vie de l’imam.  L’entrée en occultation ne constitue en aucun cas un obstacle à cette règle. Lorsqu’on demandait à l’imam comment s’explique ce profit que tire la création de son existence il dit :

   «Profiter de moi pendant l’occultation est à l’image de tirer profit de la présence permanente du soleil lorsqu’il est sous les nuages »[51].

   Il ressort de cette comparaison (de l’occultation aux nuages et du soleil à l’imam) que le soleil est au centre du système solaire ; Les planètes et les autres astres tournent autour de lui. La présence de l’imam est le centre de rotation de l’univers : « Le monde survie grâce à son existence, la bénédiction de sa présence alimente l’univers et maintient fermement le ciel et la terre dans leurs positions respectives »[52].

  Le soleil ne cesse de couvrir de ses rayons lumineux les créatures qui en fonction des relations interactives qu’elles occupent avec ce dernier. La présence d’imam du temps reste le seul moyen par lequel tous les êtres bénéficient des biens abstraits et concrets qu’Allah fait descendre vers tous ces serviteurs. Et chacun, proportionnellement aux relations qu’il entretient avec son éminence jouit de ses avantages. Si ces rayons solaires n’étaient pas de temps en temps couverts par les nuages la terre fondrait rapidement sous l’effet de la chaleur. Mais, s’il restait couvert pour toujours, la terre gèlerait sous l’effet de refroidissement et des ténèbres. Son éminence, dans une réponse à ses shiites dit :

 «Nous ne vous avons pas abandonnés à vous-mêmes. Nous pensons toujours à vous. Si notre présence parmi vous n’était la effective, la multiplication des difficultés aurait offert une occasion aux ennemis pour vous effacer »[53].

   Ainsi, le soleil de rayonnant d’imam brille sur l’existence et fait pleuvoir diverses bénédictions sur l’humanité, la population musulmane en général et particulièrement la communauté shiite qui par sa foi en lui jouit davantage des mannes de la splendeur de sa présence qui charrie les facteurs suivants :

   - L’espoir qui est un capital indéniable pour la vie, une raison qui motive l’homme et le pousse vers le progrès à travers l’accomplissement de grandes œuvres. L’existence de l’imam fait espérer sur un futur meilleur. Les shiites ont subi pendant prés de 14 siècles toutes sortes d’oppressions. Mais, ils n’ont jamais démérité ni baissé les bras dans leurs efforts pour maintenir le cap sur leurs objectifs car ils espèrent sur l’avènement d’imam Mahdi (a.s) qui viendra faire rayonner le front des croyants et des opprimés. Un futur qui n’est ni  mythe, ni pur mirage. Il est proche, si proche encore parce que le révolutionnaire est vivant et peut d’un moment à l’autre surgir. Alors, toi et moi devons être toujours prêts pour le compte à rebours.

   - La stabilité de l’école Ahl-ul-bayt (a.s) se justifie du fait que chaque société a besoin d’un guide averti pour son organisation et son administration. En restant soumis à ses ordres, la communauté lui permet de mieux l’orienter vers les objectifs qu’elle s’est fixée. La présence d’un guide compétent garantit un système et une organisation sociale cordonnée, à partir d’un passé constant vers un futur fructueux, grâce à un programme conçu pour l’épanouissement de tous. Un guide vivant et actif, quand bien même sa présence en société semble moins manifeste, les voies tracées par lui suffisent pour éviter les déviations inopportunes.

 Même étant en occultation, l’imam du temps et un facteur qui garde l’école doctrinale shiite constante et résistante contre tous les différents complots tissés par les ennemis. La marge de pensée shiite sert de sentinelle qui déjoue tous les plans et les ruses de l’ennemi qui, au moyen de différentes sortes d’armes, cherche toujours une lanière pour s’infiltrer dans la clarté de la philosophie shiite protégée par ses grands penseurs. En guise d’exemple, nous avons ce discours d’imam, rapporté par Allama Majlisî, soutenant les shiites du Bahreïn :

    «Autrefois, un gouverneur nommé Nâsibî régnait sur la contrée du Bahreïn. Il était assisté d’un ministre qui détestait farouchement les shiites comme s’ils lui avaient dérobé un bien précieux. Un jour, le ministre vint voir le gouverneur pour lui remettre une grenadine sur laquelle étaient écrites les expressions : « Point de divinité à part Dieu, et Mouhammad (ç) est Son messager, et Aboubakr, Oumar, Ousmane et Ali sont ses Califes ». Le gouverneur ne put contenir sa stupéfaction et déclara au ministre, «ceci est une preuve efficace et tangible pour justifier l’invalidité de l’école de doctrine shiite. Qu’en pensez-vous monsieur le ministre ? Mon avis à ce sujet est clair votre excellence, répondit le ministre d’un air innocent. Je vous propose de réunir ici tous les shiites afin de leur montrer ceci. S’ils acceptent renoncer à leurs croyances c’est tant mieux. Par contre s’ils restent intransigeants, nous leur soumettrons  trois options auxquelles ils devront choisir. Soit ils trouvent un contre argument pour cette grenadine, soit ils   acceptent payer l’impôt que les non musulmans vivant en territoire islamique doivent verser en guise d’assurance et de redevance sur les profits qu’ils prélèvent de l’exploitation des terres musulmanes, soit nous massacrons leurs hommes, emprisonnons leurs épouses et leurs progénitures et confisquons tous leurs biens.

  La proposition du ministre fut approuvée et le gouverneur fit réunir dans son palais tous les savants shiites à qui il montra la soit disant grenadine miraculeuse et menaça : «si vous n’avez pas une preuve justificative contre ceci nous serons obligés de vous liquider tous, de capturer vos femmes et vos fils ou alors vous accepter payer l’impôt des non musulmans vivant sur le territoire islamique. Les savants shiites sollicitèrent trois jours de réflexion. Après de longues consultations, ils aboutirent à cette conclusion qu’il fallait sélectionner dix croyants pieux parmi lesquels trois doivent être choisis et au bout duquel un sera retenu. Ils recommandèrent à la dernière personne retenue, «rends-toi ce soir dans le désert et fait les imprécations pour solliciter l’assistance d’imam Mahdi (a.s) afin qu’il puisse nous sortir de ce dilemme car c’est lui notre guide. L’homme respecta les consignes, mais, malheureusement ne réussit pas à avoir la réaction d’imam. Une deuxième personne fut envoyée la nuit suivante mais n’eut pas de réponse. La troisième personne, Mouhammad ibn Issah, il implora le secours d’imam du temps. Puisque c’était le dernier jour, il entendit une voie s’élever à l’horizon qui disait : «Ô Mouhammad fils de Issah ! Pourquoi es-tu dans cet état ? Qu’est-ce que tu es venu chercher en plein désert ? Mouhammad supplia l’homme de le laisser en paix. Il répondit, «Mouhammad ! C’est moi imam zamane. Dis-moi ce qui ne va pas». Mouhammad réagit, «si tu es l’imam cela signifie que tu n’a pas besoin que je m’exprime afin  que tu comprennes ce qui me préoccupe à l’instant. C’est vrai, approuva imam Mahdi (a.s). C’est à cause de ce malheur que tu te trouves ici ? Oui, confessa Mouhammad. Tu sais dans quelle situation nous sommes coincés car tu es notre imam, notre protecteur. «Ô Mouhammad ! Dans la maison de ce maudit ministre est planté un grenadier. Lorsque l’arbre venait d’avoir des fruits, il prit le soin de concevoir une moule, en forme de grenadine divisée en deux tranches dans laquelle il fit préalablement  graver la double attestation et la phrase diffamatoire de la fin. Puis il fit une greffe sur une petite grenadine en pleine croissance. Une fois la grenadine mûre, elle prit la forme de la moule qui avait laissé clairement graver sur sa peau du fruit les phrases blasphématoires. Tu te présenteras chez le gouverneur demain et tu lui diras que tu lui donneras la réponse a sa question chez le ministre. Tu pénétras dans telle pièce avant le ministre. Tu y trouveras un sac blanc dans lequel est cachée la moule. Montre-le au gouverneur et dit lui qu’il y a une autre réponse prodigieuse : si vous divisez la grenadine en deux, vous y verrez la fumée et la cendre. Mouhammad ibn Issah, ému par ce dénouement revint auprès des siens tout fier. Le lendemain il se rendirent tous majestueusement chez le gouverneur et agirent tel que leur guide leur avait recommandé. Convaincu par cet événement miraculeux, le gouverneur se soumit au shiisme et en fit la religion de l’île. Il prononça la peine capitale pour le ministre qui fut exécuté aussitôt»[54].

  - Dans le saint Coran il est écrit : «œuvrez, car Allah va voir de vos œuvres, de même que son prophète et les croyants» (S9 : 105). Selon les hadiths, les croyants ici fait allusion aux imams  infaillibles (a. s). En effet, les imams sont témoins des œuvres que nous accomplissons. La présence de l’imam du temps est un facteur de motivation pour la perfection de soi. Les gens s’efforcent à accomplir de bons actes car l’imam ne sera pas fies de ceux dont les actes seront exécrables. La présence de l’imam joue un rôle important dans l’éducation des masses car chacun contrôle ses propos et ses gestes sur la scène de vue de son guide.

  - La présence des imams infaillibles dans la communauté est aussi avantageuse dans ce sens qu’ils sont une base pure pour la science et la connaissance. En dépit du fait que l’imam du temps ne soit pas à portée de vue de tous, de multiples moyens s’offrent aux shiites pour recueillir la science et le savoir. La plus part des préoccupations qui se posaient aux shiites à l’époque de la petite occultation trouvaient des solutions dans des lettres signées par l’imam. Imam, en répondant aux questions d’Is’hâk ibn Ya’koûb écrit ;

   «Que Dieu te guide et te maintienne sur le droit chemin ! Quant à ta question concernant ceux qui nous désavouent ainsi que nos aïeux, sache qu’il n y a pas de familiarité entre Dieu et qui que ce soit. Je dénie quiconque me désavoue. Et celui-là connaîtra la fin du fils de Noé…Cependant aussi longtemps que vos biens seront malsains, nous ne les accepterons pas. J’ai accepté les biens du romain que tu m’a envoyés parce qu’ils étaient sains et purs… Quiconque consomme illicitement nos biens aurait avalé du feu en réalité… Je suis l’imam du peuple sur la terre et je suis pour eux comme le soleil derrière les nuages, de même que les étoiles sont les protecteurs des êtres célestes. Ne me demandez pas ce qui ne vous est profitables en rien. Ne  cherchez non plus à  apprendre ceux dont je ne vous ai pas demandés et priez plus pour que mon apparition soit précipitée, Car c’est pour vous que j’apparaîtrai. Que la paix soit avec toi Is’hâk ! Que la paix soit avec celui qui suit la guidance»[55].

  Des savants shiites on eu à poser plusieurs sortes de questions dont ils ont eu les réponses directement après la petite occultation. Mir Allâm, un disciple de Sheikh Moqaddas Ardebillî atteste : «j’était dans l’esplanade du mausolée d’imam Ali (a.s), à  Najaf lorsque je vis au milieu de la nuit une silhouette allant vers le mausolée d’imam Ali (a.s). Lorsque je m’approchai je réalisai que c’était mon maître Mollâ Moqaddas Ardebilî qui progressait vers la porte du haram (mausolée) qui était fermée. Brusquement, la porte s’ouvrit grandement devant lui et il pénétra dans l’enceinte du saint mausolée d’imam Ali (a.s). Quelques instants après il sortit et prit la route de Koûfa. Il me vint une curieuse envie de le suivre jusqu’à l’entrée de la mosquée de Koûfa. Je le vis se diriger vers le mihrâbe où imam Ali (a.s) reçut le coup d’épée fatale d’Abdoullah ibn Mouljam, le maudit qui le propulsa au rang des martyrs. Après il quitta la mosquée et prit la route pour Najaf où il évolua jusqu’à une autre mosquée, celle de Hinâna. Une envie incontrôlable d’éternuer me vint. Il comprit alors qu’il y avait une présence dans les alentours. Il se tourna et me reconnut : « c’est toi Mir Allâm ? Oui, répondis-je. Que fais-tu ici dans la nuit ? Je vous suis depuis le haram d’imam Ali (a.s). Je vous pris de bien vouloir me dévoiler le secret de ces mouvements que j’ai observés ce soir.

  A condition que tu ne le révèle à qui que ce soit aussi longtemps que je sois en vie. En réalité, chaque fois que je suis en face d’un problème dont la solution m’échappe malgré de longues méditations,  je viens en ces lieux me confier au  prince des croyants afin d’avoir une réponse. Comme cette nuit un problème est apparut, j’ai jugé  mieux venir le lui soumettre. Comme tu l’as constaté, la porte s’est automatiquement ouverte à mon passage. Pendant que je me concentrais dans l’imprécation, une voie s’éleva de la tombe et me dit : «va a la mosquée de Koûfa poser ton problème à Al Mahdi, car c’est lui l’imam de ton temps. Je me rendis alors prés du mihrâbe de la sainte mosquée de Koûfa où son éminence me donna la solution à mon problème. A présent je rentre chez moi satisfait»[56].

  Comme nous l’avons déjà dit, l’imam est un guide choisi par Dieu pour la communauté. A cet effet, il est disposé à orienter toute personne désirant recevoir la lumière de la guidance, afin de lui présenter les consignes à suivre. Parfois il se sert juste des prérogatives de la willaya pour agir de l’intérieur, c’est-à-dire à partir de l’âme du sujet pour le propulser vers l’amour du bien, du beau et le degré supérieur de la perfection humaine transcendantale. Une présence manifeste n’est pas nécessaire ici pour avoir un rapport avec le sujet, sinon, une infiltration à partir du subconscient suffit pour enclencher le processus. Imam Ali élucidant cette action dit : «Seigneur ! Il n’est pas nécessairement impératif que la présence de ta preuve sur terre soit effective pour que nos âmes soient élevées vers Toi. Son occultation n’empêche pas que ses connaissances et ses attitudes soient consignées dans le cœur des croyants»[57].

  La présence de l’imam est un facteur de sécurité garanti contre les catastrophes. La sécurité est un capital dans la vie de l’homme. La succession des catastrophes naturelles menace permanemment la disparition de la race humaine. En dépit du fait que ces catastrophes soient préventives, il faut reconnaître que des manifestations abstraites influencent aussi sur ces événements dévastateurs. La présence de l’imam, tel que le présentent les hadiths, agit considérablement pour maintenir la sécurité et la sérénité sur terre. Imam confirme personnellement : «Je suis un agent garantissant la sécurité pour les habitants de la terre contre les catastrophes»[58].

   L’existence bénéfique de l’imam épargne les gens qui, à cause de la profusion des péchés sont constamment voués aux châtiments divins. Il est écrit dans le saint Coran : «Allah ne fera jamais descendre son châtiment sur eux alors que tu es parmi eux». (S8 :32). Imam Mahdi protége les habitants de la terre des malheurs par la candeur de sa présence. Les shiites, en particulier, jouissent individuellement d’une sécurité de leur guide, même comme ils ne s’en rendent pas compte. Il se définit personnellement : «Je suis le dernier successeur du Prophète (ç). Allah éloigne de les shiites les difficultés, grâce à ma présence»[59].

  L’événement de la révolution islamique d’Iran a connu plusieurs rebondissements surtout pendant la période de la sainte défense contre le front de l’athéisme que représentait Saddam et ses acolytes. L’affection de l’imam Mahdi a permis de déjouer plusieurs fois les complots visant à déstabiliser le nouveau régime islamique shiite mahdiste qui venait de prendre en main le destin de la nation iranienne. La renversement du régime shâhiste le 10 février 1979, sous l’autorité d’imam Khomeiny, la mystérieuse destruction des hélicoptères des forces américaines dans le désert de Tabas le 12 juillet 1980, l’abdication de l’ennemi qui mit fin à la guerre de 8 ans entre l’Iran et Irak, et bien d’autres multiples exemples pareils.

-         Le guide attendu est le pôle d’enrichissement pour les musulmans et les shiites. Son occultation n’empêche pas le soleil de sa clémence de briller sur la vie de ses amants en leurs offrant la joie de vivre et le pain quotidien. Il assiste affectueusement ses shiites, vient au chevet des malades, prend leurs mains pour qu’ils retrouvent la santé, oriente les égarés dans le désert, redonne espoir à ceux qui attendent impatiemment  sa venue. Lui qui est les nuages chargés de pluie de bénédictions divines qu’il fait pleuvoir par les invocations adressées au Tout-Puissant en faveur de ses shiites. L’imam est le dénouement pour les besoins des besogneux, pour toi, pour moi, il répète chaque : « ô Lumière illuminante ! Ô Gérant des actions, le Ressusciteur des morts ! Prie sur Mohammad et sur la famille de Mohammad ! Délibère mes shiites et moi de l’angoisse et des difficultés. Elargir-nous le chemin  de la guidance et dresse devant nous ses voies car Tu es le Seul habilité à le faire pour nous ô Noble des nobles»[60].

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