Comment j'aiété guidé

Mohamed Tijani Smaoui

DEDICACE

Mon livre est un témoignage, le récit d'un voyage, l'histoire d'une découverte an sein de l'Islam et dans ma foi.

Puisque toute découverte est basée sur l'esprit saint, et c'est la raison qui distingue l'homme des autres créatures. Je voudrais dédier ce livre à tout esprit éclairé qui sait discerner la vérité de l'erreur, à tout esprit animé du désir de compréhension.

Je dédis ce livre à tout être sachant comparer les idées et théories, et qui est capable de reconnaître ce qui est logique de ce qui ne l'est pas, et ce qui est authentique de ce qui est douteux et improbable.

Allah le tout puissant a dit : «Ceux qui écoutent le discours et en suivent le meilleur. Ce sont ceux-là que Dieu a bien guidés et ce sont ceux-là les gens doués de cerveau.» Azzoumar -18.

A ceux-là je dédis mon livre, en espérant qu'Allah Loué soit-Il éclairera nos esprits avant nos yeux, pour nous guider et illuminer nos cœur, pour qu'il nous montre la bonne voie afin d'aller à lui, et la mauvaise voie à éviter, Daigne t-Il, nous accepter parmi ses serviteurs fidèles, car Il écoute et Il exauce.

Mohamed Tijani Smaoui

INTRODUCTION

Louange à Dieu, Seigneur de l'Univers, Il créa l'homme de la terre, et le façonna de la meilleure façon. Il l'a élevé au-dessus de toutes les créatures, Il ordonna à Ses Anges de se prosterner devant Lui.

Il lui fit don de l'esprit qui apporta la foi, Il le dota de yeux pour voir, d'oreilles pour entendre et de moyens pour s'exprimer.

Il lui envoya Ses Messages pour lui annoncer de bonnes nouvelles, pour l'avertir, pour l'alerter et l'empêcher de s'égarer en suivant le diable maudit.

Il lui interdit d'adorer Satan son ennemi. Il lui ordonna de n'adorer qu'Allah et de suivre le chemin droit avec conviction et compréhension. Et Il lui défendit de suivre les croyances de ses ancêtres, de ses amis ou de ses parents qui ont toujours suivi les croyances de ses prédécesseurs sans raisonner.

«Qui donc a meilleur parler que celui qui a appelé à Dieu, qui a agi dans le bien, et qui a dit :"je fais partie des musulmans». Foussilat, Verset 33.

Que les bénédictions, les salutations et la paix soient sur Son Messager Mohammed, qui apporta la grâce. Celui qui fut, le soutien des faibles et des opprimés, Sauveur de toute l'humanité de l'ignorance et des ténèbres, qui les guida sur la voie illuminée, celle des fidèles et des bienfaisants.

Que la bénédiction et les salutations d'Allah soient sur notre maître Mohammed Ibn Abdallah, le Prophète. Egalement sur sa descendance purifiée, qu'Allah a choisi parmi tous les fidèles comme exemples et guides à tous les croyants. Dieu nous incitait dans le Coran à les suivre, car Il les purifiait et les rendait infaillibles. Il a promis que quiconque montera sur leur vaisseau sera sauvé, et quiconque s'en abstiendra périra.

Que les bénédictions et les salutations soient sur les honorables Compagnons qui ont soutenu et honoré le Prophète et sa noble descendance, et se sacrifièrent pour la victoire de l'Islam. Ils ont connu la vérité et lui ont été fidèles avec conviction et sont restés sur le bon chemin, car ils étaient reconnaissants.

Qu'Allah les récompense pour leurs services rendus à l'Islam et aux musulmans. Que les bénédictions et les salutations soient sur leurs successeurs, et tous ceux qui demeurent et progressent sur le chemin droit, guidés jusqu'au jour du jugement.

O Seigneur, exauce mon vœu, Tu connais tout et Tu entends tout.

O Seigneur, ouvre mon cœur, c'est Toi qui nous conduis à la vérité absolue. Je te prie ô Seigneur de m'aider à mieux m'exprimer, car Tu octroies la Sagesse à quiconque parmi Tes fidèles adorateurs.

Je Te prie Seigneur de me prodiguer Ta connaissance et de me permettre de joindre Tes Serviteurs vertueux.

BIOGRAPHIE SOMMAIRE

Je me souviens encore, comment mon père m'a emmené avec lui à la Mosquée locale pour les prières rituelles, "Tarawih" pendant les nuits du mois de Ramadan. J'avais alors dix ans. Il m'a présenté aux hommes qui priaient là et qui ne pouvaient cacher leur étonnement.

Je savais d'avance que le Meddeb (enseignant du Coran) avait tout arrangé pour que je dirige les prières de "Ashfâa" pendant deux ou trois nuits.

J'étais habitué à la prière avec les enfants du quartier derrière lui, et j'attendais que l'Imam (dirigeant des prières) arrive à la sourate de Maryam, l'autre moitié du Coran.

Mon père veillait à nous apprendre le Coran aussi bien à l'école Coranique qu'à la maison. Un parent aveugle qui connaissait le Coran par cœur, nous donnait des leçons privées.

Voulant montrer sa bonne influence sur moi le "Meddeb" m'a appris les "Rakâa" (génuflexions) appropriées pendant les prières, il était fier que je puisse réciter le Coran dès le bas âge, et dut me tester plusieurs fois pour s'assurer que je comprenais bien toutes ses instructions.

Après avoir dirigé les prières et récité le Coran, comme je devais le faire, tous les hommes présents félicitèrent mon père et remercièrent mon "Meddeb" pour ses efforts, ils louèrent Allah pour la grâce de l'Islam.

Ces souvenirs me poursuivent encore maintenant car on m'admirait beaucoup et ma réputation s'était étendit au delà du quartier et jusqu'à la ville entière.

Ces nuits de Ramadan ont laissé leurs influences religieuses sur moi jusqu'à nos jours, et à chaque fois que je traverse une période de confusion, je sens un pouvoir mystérieux qui m'attire vers la bonne voie; et chaque fois que je sens la faiblesse de mon âme et la futilité de la vie, ces souvenirs s'élevant en moi et m'élevant spirituellement et en éclairant dans ma conscience la flamme de la foi pour me permettre d'assumer mes responsabilités. La charge qui me fut confiée par mon père et mon "Meddeb" (diriger la prière en bas âge) m'a fait sentir que je n'excellait pas, ou du moins que j'étais au delà de ce qu'en attendait de moi. C'est pour cela que j'ai passé mon enfance et mon adolescence dans une rectitude relative, mais pas sans jeux innocents et une avidité de connaître et d'imiter.

Pendant cette période que je fus entouré par la grâce divine de telle sorte que je fus tenu à l'écart des actes immoraux (sans en avoir le mérite puisque cela était la grâce de Dieu).

Je n'oublierai de mentionner que ma mère, qu'Allah bénisse son âme, avait une grande influence sur moi. Elle a ouvert mes yeux en apprenant les courtes "sourates" du Coran, ainsi que les prières et les prescriptions de la pureté rituelle. Elle m'entourait de soins particuliers parce que j'étais son premier fils et peut-être trouvait-elle une joie en m'éduquant, car elle partageait le foyer avec l'autre épouse de mon père et ses enfants.

Le nom de "Tijani" qui me fut donné par ma mère, avait une signification particulière chez la famille Smaoui. Elle s'est adhérée à la confrérie soufie des "Tijanis" depuis que l'un des fils du fondateur de l'ordre en Algérie a visité Gafsa, ma ville natale, où les familles éduquées et aisées contribuaient à l'expansion de la "Tijaniyya". A cause de mon nom : "Tijani", je devins très populaire dans la famille Smaoui et ailleurs, surtout chez ceux qui étaient rattachés à l'ordre "soufi". C'est pour cela plusieurs vieillards parmi les "prieurs" présents aux prières nocturnes de Ramadan venaient féliciter mon père, puis embrasser ma tête et ma main en disant :" C'est la grâce de notre maître le "Cheikh Ahmed Tijani"".

A noter que l'ordre "Tijani" est largement répandu au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Soudan, en Egypte et surtout au Sénégal, et que ceux qui s'y rattachent sont parfois fanatiques, ils ne visitent pas les tombeaux d'autres saints et prétendent que tout les saints s'étaient communiqué leur Sagesse, tandis que leur "Cheikh Ahmed Tijani" avait reçu la sienne directement du Prophète - paix soit sur lui- bien qu'il naquit treize siècles après la mort du Prophète.

On racontait que le Cheikh Ahmed Tijani communiquait souvent avec le Prophète - paix soit sur lui- en lui parlant directement et non en rêve. Egalement que la fameuse invocation formulée par le Cheikh Ahmed Tijani vaut mieux que quarante récitations du Coran entier.

Mais je m'abstiendrai de m'étendre ici sur l'ordre Soufi des Tijanis et j'y reviendrai brièvement par la suite.

Ainsi j'ai grandi dans la croyance comme la plupart des jeunes de chez nous. Nous étions tous, Allah soit loué, des musulmans sunnites appliquant le rite de l'Imam Malek ibn Anès, l'Imam de la " Médina".

En Afrique du nord, nous sommes répartis en plusieurs ordres Soufis. Rien qu'à Gafsa seulement existent la "Tijaniyya", la "Kadiriyya", la "Rahmaniyya", la"Soulaïmyya" et la "Issawyya".

Chaque ordre mentionné à ses propres fidèles et sympathisants, qui récitent son "Dhikr"; ses poèmes dans tant de cérémonies particulières, telles que mariages, circoncisions et tant d'autres.

Mis à part leurs aspects négatifs, ces ordres Soufis ont joué un rôle important dans la préservation des rites religieux et pour le maintien du respect pour les Saints.

PELERINAGE A LA MECQUE

J'avais alors dix-huit ans quand l'organisation nationale des scouts Tunisiens a décidé de m'envoyer comme l'un des six représentants Tunisiens à la première conférence des scouts arabo-musulmans qui eu lieu à la Mecque.

J'étais le membre le plus jeune du groupe et certainement le moins instruit, car parmi nous, il y avait deux directeurs d'école, un professeur à la capitale, un journaliste et un cinquième dont j'ignorais la profession. Mais j'ai appris plus tard qu'il était un proche parent du Ministre de l'éducation national de cette époque.

Le voyage ne fut pas direct, notre première escale fut Athènes où nous sommes restés trois jours, la deuxième fut Amman capitale de la Jordanie où nous passâmes quatre jours. Puis nous sommes arrivés en Arabie Saoudite où nous participâmes à la conférence et accomplîmes les rites du "Hajj" et "Omrâ" Pèlerinage et visites des lieux Saints.

Je ne saurais décrire mes sentiments quand j'entrais dans la maison d'Allah pour la première fois. Mon cœur battait si vite qu'il faillit percer ma poitrine juste pour voir le symbole du monothéisme, puis les larmes coulèrent abondamment de mes yeux.

C'était comme si les Anges me haussaient au-dessus des autres pèlerins et m'élevaient sur le toit de la "Sainte Kaaba" d'où je répondais à l'appel d’Allah : "O Allah me voici, Ton serviteur vient à Toi pour Te servir". Ecoutant d'autres pèlerins, j'ai compris que la plupart d'entre eux ont attendu longtemps et ont fait tant d'économies dans leur vie pour pouvoir venir à la Mecque et réaliser le pèlerinage.

Dans mon cas le voyage fut rapide et je ne m'y étais point préparé.

Je me rappelle mon père, dès qu'il vit le billet d'avion et s'assura que j'allais réellement au pèlerinage, il eut les larmes aux yeux. En me disant adieu il m'embrassa et me dit chaleureusement : "Félicitations mon fils, Allah a voulu que tu fasses ce pèlerinage avant moi, tu es le fils de "Sidi Ahmed Tijani" ; prie Allah pour moi sitôt dans Sa maison, qu'il me pardonne, et que je puisse visiter aussi Sa maison en pèlerin".

J'ai senti qu'Allah Lui-même m'appelait, qu'Il prit soin de moi et m'amena dans le lieu que tous les musulmans désirent tant visiter.

J'ai tant apprécié cette occasion, ainsi j'ai accompli avec tant de zèle et de ferveur mes prières et mon "Tawaf" (cicumbulations autour de la Kaaba).

J'ai bien but de l'eau de Zamzam, et gravis la montagne "Annour", où les gens s'aventuraient à atteindre la grotte de "Hiraa". Voulant être le premier, je fus devancé seulement par un soudanais, ainsi je fus le deuxième à cette course.

Quand je fus entré dans la grotte je me suis roulé par terre comme si j'étais au sein de la prophétie, sentant le souffle du Prophète, oh quels sublimes souvenirs ! Ils m'ont si profondément marqué et impressionné qu'ils sont restés inoubliables.

Dieu eut soin de moi de plusieurs manières, tous ceux que j'ai rencontrés dans la conférence m'ont aimé, plusieurs d'entre eux m'ont demandés mon adresse pour correspondre.

Quant à mes compagnons Tunisiens, qui m'ont regardés d'un regard méprisant depuis notre première rencontre à Tunis, lors de l'élaboration du voyage.

Je compris leur attitude mais je fus patient, car j'ai toujours su que les gens du nord n'appréciaient pas beaucoup les gens du sud tunisien, et les considéraient comme arriérés, mais bientôt leur opinion commença à changer.

Pendant le voyage, la conférence et le pèlerinage, je me montrais digne de leur respect, grâce à ma connaissance de la poésie, j'ai gagné plusieurs prix. Ainsi je suis revenu dans mon pays avec plus de vingt adresses de pèlerins, de différentes nationalités.

Nous sommes restés en Arabie Saoudite vingt-cinq jours pendant lesquels je rencontrais plusieurs Savants musulmans et j'écoutais leurs conférences, j'étais influencé par quelques croyances des "Wahhabites", (secte dominante en Arabie Saoudite) et j'espérais que tous les musulmans les suivraient.

Je pensais qu'ils étaient l'élite choisie par Allah parmi Ses adorateurs pour protéger Sa maison, car ils étaient les plus purs et les plus savants sur la terre. J'ai cru qu'Allah leur avait donné du pétrole pour qu'ils servent l'Islam et prennent soin des pèlerins, les hôtes d'Allah le Miséricordieux.

Après le pèlerinage je suis retourné dans mon pays portant le costume saoudien. Je fus surpris par l'accueil que mon père avait préparé pour moi. Beaucoup de gens étaient venu à ma rencontre, ils étaient conduits par les Cheikhs des ordres "Issawiyya", "Tijaniyya" et "Kadiryya" avec leurs tambours de cérémonie. Ils firent le tour de la ville en chantant en ma compagnie, et chaque fois qu'ils passèrent devant une mosquée, ils s'arrêtaient pour un moment. Pendant que les gens (particulièrement les vieux), venaient me féliciter les larmes aux yeux, exprimant leur désir de voir la maison d'Allah, et visiter le tombeau de son Prophète. Beaucoup de gens me regardaient comme s'ils n'avaient jamais vu un jeune pèlerin de mon âge à Gafsa.

J'ai vécu les jours les plus heureux de ma vie pendant cette période, et beaucoup de gens, y compris les notables de la ville, venaient me rendre visite et me féliciter.

Ils m'ont souvent demandés de réciter la "fatihaa" (chapitre inaugural du Coran) avec des prières en présence de mon père, ce qui me gênait.

Chaque fois qu'un groupe de visiteurs quittait la maison, ma mère venait vers moi et brûlait de l'encens, et récitait quelques versets du Coran pour chasser "le mauvais œil".

Pour célébrer cet événement mon père a donné une fête pendant trois nuits au centre de l'ordre "Tijanyya", où il a égorgé un mouton chaque nuit pour le banquet. Les gens me posaient toutes sortes de questions, et la plupart de mes réponses étaient des éloges des Saoudiens.

Bientôt on commença à m'appeler "Hajj" (le pèlerin) et dans la ville le titre se rapportait à moi. Peu à peu je devenais célèbre parmi des groupes différents de musulmans et particulièrement chez les frères musulmans.

Je faisais le tour des mosquées, donnant des conférences sur des sujets religieux exhortant les gens à ne pas embrasser les tombeaux, ni toucher les mausolées pour la grâce parce que c'était surtout signe de polythéisme. Mes activités se multipliaient. Je donnais des leçons religieuses tous les vendredis avant le prêche de "l'Imam" à la mosquée "Abi-Yaaâcoub" ; la grande mosquée.

Les leçons religieuses du dimanche étaient surtout écoutées par mes élèves du secondaire du collège où j'enseignais la technologie et l'initiation technique. Ils appréciaient mes efforts. Je leur consacrais beaucoup de mon temps, essayant de les aider à être moins ignorants et mieux armés face aux athées et certains professeurs communistes.

Les étudiants avaient l'habitude de m'attendre avec impatience et voulaient rejoindre nos cercles religieux. Quelques uns parmi eux venaient à la maison, car j'apportais avec moi bon nombre de livres sur l'Islam. Je leur lisais ces livres avec méthode afin de pouvoir répondre à toutes leurs questions.

L'année même où j'ai accompli le pèlerinage à la Mecque je complétais l'autre moitié de mon devoir religieux en me mariant. C'était le désir de ma mère de me voir marié avant de mourir, car elle avait assisté aux mariages de tous mes demi-frères. Allah lui a donc attribué ce qu'elle espérait, car je me mariais avec une jeune fille que pourtant je n'avais jamais rencontrée auparavant.

Ma mère mourut après qu'elle eut assisté à la naissance de mon premier fils et de mon second enfant.

Mon père décéda deux ans avant elle. Mais avant sa mort, il put accomplir le pèlerinage à la Mecque, il se tourna vers Allah et devint le plus pieux.

La révolution Libyenne connut une certaine popularité à cette période où les arabes et les musulmans se sentaient humiliés après la défaite de la guerre de six jours. Le leader libyen, parlait au nom de l'Islam et dirigeait les prières parmi son peuple exhortant les croyants à la libération "d'Al-koods" (Jérusalem).

Je fus engagé à ses idées, comme beaucoup de jeunes musulmans et arabes. Et par la suite, nous avons organisé une visite éducative en Libye. C'était un groupe de quarante enseignants, nous visitions le pays du début de la révolution, et quand nous sommes revenus chez nous, nous étions très optimiste. Nous espérions un futur meilleur pour les musulmans dans le monde.

Pendant les années précédentes j'avais correspondu avec quelques amis, mon amitié se renforça avec quelques uns parmi eux, ils m'avaient demandé de leur rendre visite, ainsi je préparais un voyage pour les vacances d'été qui durera trois mois.

J'avais l'intention aller en Libye et en Egypte par voie terrestre, et de là, je voulais me rendre au Liban, par voie maritime, puis en Syrie, en Jordanie et en Arabie Saoudite pour y accomplir la "Omra" (petit pèlerinage), et aussi pour renouveler mon allégeance à la secte des Wahhabites, car j'en faisais la propagande parmi mes étudiants et dans les mosquées fréquentées par les frères musulmans.

Ma réputation se répandit de ma ville natale aux autres villes environnantes, car quelques visiteurs qui assistaient aux prières du vendredi, en entendant mes leçons ils firent ma réputation, qui atteignit "Ismaîl El-Hadifi", Leader de l'ordre Soufi très connu à Tozeur, capitale du Djerid et lieu de naissance du fameux poète Tunisien "Aboul Kacem-Chabbi".

Le Cheikh Ismaîl influençait de nombreux disciples en Tunisie et à l'étranger particulièrement parmi les émigrés Tunisiens de France et d'Allemagne.

J'ai reçu une invitation de sa part par l'intermédiaire de ses agents à Gafsa, qui m'avaient écrit une longue lettre, me remerciant pour les services que je rendais à l'Islam et aux musulmans.

Dans cette lettre, ils ont prétendu que les services que je rendais ne me rapprochaient pas d'Allah, car je n'avais pas de "Cheikh" (un maître qui me guide) et ils disaient: "celui qui n'a pas de "Cheikh" a le diable pour maître. Tu dois avoir un Cheikh pour qu'il te montre la voie, autrement la moitié de ta connaissance est vaine".

Ils m'ont informé que Cheikh Ismaîl lui-même, m'avait choisi parmi tous les autres affiliés pour être l'un de ses adeptes les plus proches. Je fus absolument enchanté en apprenant ces nouvelles.

Je pleurais pour cette grâce Divine qui m'a élevé jusqu'aux cimes et aux meilleurs lieux, tout simplement parce que j'étais sur la voie de "Sidi Hadi Al-Hafine" qui était aussi un Cheikh Soufi connu pour ses miracles. Et je devins l'un de ses partisans les plus proches, et comme j'étais l'ami de "Sidi Salah Essayaah" et "Sidi Jilani" et d'autres Leaders soufis, ainsi j'ai attendu impatiemment cette rencontre.

Lorsque j'entrais dans la maison de "Cheikh Ismaîl" je regardais curieusement les visages, le lieu était envahi de ses adeptes et fidèles disciples, parmi lesquels se trouvaient les vieillards portant des habits blancs immaculés. Après la cérémonie de salutation, le Cheikh Ismaîl apparut et chacun se leva et lui embrassa les mains avec grand respect, son député me fit signe : "c'est lui le Cheikh !". Mais je ne montrais pas mon enthousiasme, car je m'attendais à quelque chose de totalement différent de ce que je voyais. En face de moi avançait un homme sans prestance ni charisme particulier et l'obséquiosité qui l'entourait me semblait sans commune mesure avec l'allure de sa personne. Cependant, il m'accueillit à son tour chaleureusement et me fit asseoir à sa droite, et m'offrit de la nourriture.

Après le dîner de la cérémonie rituelle, commença le colloque, son délégué à Gafsa m'a présenté à lui de nouveau. Il m'a demandé de faire acte d'allégeance au Cheikh et chacun des présents se réjouissait d'avance de cet honneur qui m'était attribué.

Plus tard j'ai réalisé ce poids qui me donnait ma relative célébrité, ce qui m'encouragea à questionner librement le Cheikh; je ne ressentais aucune gêne à intervenir et parfois à m'opposer aux réponses que je trouvais peu convaincantes. Certains n'appréciaient pas mon comportement révérencieux à l'égard du Cheikh.

Le Cheikh a senti l'atmosphère tendue, il a essayé de calmer la situation en utilisant son esprit, il dit : "celui qui commence par une rencontre brûlante, finira par une vie brillante". Le public considéra comme une grâce de la part du Cheikh.

Le Cheikh était intelligent et très expérimenté, il ne m'a pas laissé continuer mon intervention souvent provocatrice, il a raconté le conte suivant :

"Un jour, un homme Savant assiste à une conférence donné par le sage pieux, l'homme pieux demanda au Savant d'aller se laver; le Savant est allé se laver, après quoi il revint à la classe, l'homme pieux répéta sa demande "Va et lave-toi", le Savant partit se laver pour la deuxième fois, pensant qu'il ne s'était pas lavé correctement, quand il revint en classe, l'homme pieux lui demanda de se laver de nouveau, l'homme Savant se mit à pleurer, et dit: "Maître, je me suis lavé de tout mon savoir et de tous mes actes, et il ne me reste que ce qu'Allah va m'octroyer par tes mains". A ce moment- là, l'homme pieux dit : "Maintenant tu peux t'asseoir"."

Je me rendais compte alors que j'étais visé par le Cheikh et chacun des présents le comprenait également. Ils m'ont demandés de garder le silence, et de montrer plus de respect en présence du Cheikh, afin de ne pas échouer dans ma vie. Ils basaient leurs arguments sur le verset coranique suivant :

"O vous qui avez cru ! N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète, et ne lui parlez pas sur le ton que vous employez entre vous-même de peur de voir vos œuvres annihilées sans que vous sous en rendiez compte." Al-Houjourat, Verset 2.

Alors j'ai reconnu mes limites, j'ai obéi à leur ordre et le Cheikh m'a gardé auprès de lui, durant trois jours, pendant lesquels je lui posais beaucoup de questions, dont quelques unes pour tester ses connaissances.

Le Cheikh savait cela, et il me répondait qu'il y avait deux interprétations, et deux significations du Coran. L'une révélée apparente, et l'autre caché à un septième degré. Il a ouvert son coffre personnel, qui contenait la chaîne traditionnelle des pieux et des Savants sages qui le reliait avec l'Imam Ali Ibn Abi-Taleb, et à travers beaucoup de Saints tel que "Abdoulhassen-Chadhili".

Il faut remarquer ici que ces réunions faites par le Cheikh étaient des réunions spirituelles, et elles commençaient par quelques poèmes suivis par des chants et des récitations sur l'ascétisme, la piété et le renoncement à la vie d'ici-bas et l'avidité de chercher l'au-delà.

Tous les disciples contribuaient, chacun à leur tour en commençant par la droite du Cheikh, en récitant tout au moins un verset coranique. Peu à peu la confrérie se penchait à droite et à gauche, effectuant un balancement sur le rythme des chants. Le Cheikh se leva, et les disciples se levèrent à leur tour pour former un grand cercle autour de lui et ils commencèrent à dire : "Ahh-Ahh-Ahh-Ahh !", ce qu'ils appellent l'invocation de la poitrine. Le Cheikh se tournait à chaque fois vers un disciple, l'atmosphère se modifiait, les danseurs commençaient à sursauter en criant dans un rythme organisé mais irritant.

Après cette activité éprouvante, le calme revint peu à peu. Le Cheikh récite son dernier poème, alors que les disciples lui embrassent la tête et les épaules avant de s'asseoir.

J'ai participé à leur rituel mais sans conviction, car cela contredisait mes croyances qui m'interdisent d'attribuer des associés à Allah et tout intermédiaire entre l'homme et son Créateur.

Je m'effondrais en pleurant, mon cœur et mon esprit étaient déchirés entre deux tendances contradictoires.

La première était l'idéologie soufie d'après laquelle l'homme traverse une expérience spirituelle, basée sur le sentiment de la crainte, sur l'ascétisme et sur l'effort pour se rapprocher de Dieu par l'intermédiaire de Ses Saints Serviteurs, Ses Savants et Sages.

La deuxième était l'idéologie des Wahabites qui m'ont enseignés que tout cela n'était que polythéisme qui ne sera jamais pardonné par Dieu.

Si le Messager d'Allah, Mohammed Lui-même, ne peut pas aider ou intercéder en faveur des gens, alors comment pourraient-ils le faire eux les Saints et les Pieux qui sont venus après Lui ?

Malgré la position qui me fût conféré par le Cheikh, car il me désigna comme son délégué à Gafsa. Je n'étais pas convaincu. Bien que je sympathisais parfois avec l'ordre soufi que je respectais pour l'amour d'Allah et de Ses Saints. J'avais en mémoire le verset :

"N'invoques avec Dieu aucun autre dieu. Il n'y a de dieu que Lui." Al Kassas, Verset 88.

Parallèlement au verset :

"O croyants ! Craignez Dieu et cherchez un moyen intermédiaire." Al Maaida, Verset 35.

Les Oulémas Saoudiens m'ont enseignés : "le moyen et l'intermédiaire n'est que la bonne action."

Mon esprit était troublé, mais les disciples du Cheikh venaient chez moi de temps à autre pour célébrer les rituelles nocturnes et "l'invocation de la poitrine" telles que je les ai décrite.

Mes voisins étaient gênés par les brouhahas de nos voix : "Ahh-Ahh-Ahh !" Ils se plaignaient auprès de ma femme par l'intermédiaire de leurs épouses, quand je l'ai su, je demandais aux disciples de célébrer leur récital ailleurs, et je me suis excusé auprès d'eux en les informant que je partais en voyage pour une durée de trois mois, ainsi j'ai dit adieu à ma famille, à mes amis, et j'ai imploré la protection d'Allah.

LE VOYAGE EN EGYPTE

Je suis resté à Tripoli, la capitale libyenne, afin d'obtenir le visa pour l'Egypte grâce à quelques amis que Dieu les récompenses pour leurs efforts.

La route pour le Caire était longue, trois jours et trois nuits durant lesquelles je partageais une "voiture de louage" avec quatre égyptiens qui travaillaient en Libye et qui rentraient chez eux, pendant le voyage je bavardais avec eux, et je leur récitais le Coran. Ils m'ont appréciés et m'ont invités à descendre chez eux en Egypte. J'ai choisi parmi eux Ahmad qui n'était pas loin de mes idées et qui était pieux, il m'offrit une très grande hospitalité, que Dieu le récompense.

Je suis resté au Caire vingt jours durant lesquels j'ai rencontré le célèbre chanteur Farid El-Atrache dans son immeuble sur le Nil. Je l'admirais pour sa modestie, son humilité et sa générosité, j'ai réussis à le voir pendant vingt minutes seulement car il allait prendre l'avion pour le Liban.

Puis j'ai visité le fameux psalmodieur du Coran le Sheikh Abdul Bass et Mohamed Abdoussamad dont j'aimais beaucoup la voix, je suis resté chez lui trois jours durant lesquels j'ai discuté avec ses proches et ses amis, ils m'appréciait pour mon enthousiasme, ma franchise et mes connaissances, s'ils parlaient de l'art je chantais, s'ils parlaient de soufisme et de l'ascétisme je m'identifiais de l'ordre de "Tijanyya" et "Madanyya", s'ils évoquaient l'Occident je parlais de mes visites à Paris, Londres, Belgique, Hollande, Italie et Espagne pendant les vacances d'été. Et s'ils parlaient de pèlerinage, je les surprenaient en parlant de la Mecque, je leur parlais des endroits que j'avais visités, encore inconnus de bien des pèlerins, tels que la grotte de Hira, la grotte Thaor, la place du sacrifice d'Ismaïl etc. S'ils parlaient de sciences et technologie, je trouvais toujours le vocabulaire adapté et enfin en politique, je leur exprimais mes points de vue en disant : " que Dieu bénissent l'âme de Naceur Salaheddine Ayoubi, qui s'est privé de sourire, et lorsque l'un de ses proches l'a critiqué en lui disant que le Saint prophète souriait souvent, il répondit : "Comment voulez vous que je souris pendant que la mosquée de Jérusalem est occupé par les ennemis d'Allah. Non par Dieu, je ne sourirais jamais avant sa libération."

Quelques Savants d'Al Azhar qui assistaient à ces discussions ont beaucoup appréciés et aimés ce que je récitais du Coran et de la Sounna du Prophète, ils étaient impressionnés par mes arguments solides et m'ont demandés, de quelle université je venais, je répondait fièrement : l'université Ezzeitouna qui était fondé avant Al Azhar du Caire, j'ajoutais que les Fatimides qui ont construits Al Azhar venaient de Mahdia de Tunisie. Aussi à l'université d'Al Azhar j'ai rencontré plusieurs Savants et accepté beaucoup de livres qui m'étaient offerts.

Un jour pendant que j'étais dans le bureau d'un responsable officiel des affaires d'Al Azhar, un membre du conseil du commandement de la révolution égyptienne vint pour l'inviter à une réunion de masse qui regroupe les musulmans et les coptes dans l’une des plus grande compagnie de chemin de fer du Caire.

Le responsable m'a invité chaleureusement à venir avec lui, ma place était à la tribune d'honneur entre le Savant "Azhri" et le père de "Chenouda".

On me demanda de faire un discours dans cette réunion, ce que je fis comme j'en avais l'habitude dans les mosquées, et les comités culturels de mon pays.

Je commençais à me sentir important et j'avais une grande confiance en moi, je pensais que j'étais vraiment un homme Savant. Comment ne pas ressentir ce sentiment, quand un grand nombre d'Oulémas m'incitaient à le croire et me proposaient d'enseigner à Al Azhar.

On m'a permis de voir quelques reliques du Saint Prophète, un officier de la mosquée de l'Imam Hussein (as) au Caire m'a emmené dans une pièce privée, il a ouvert une cassette, et en sortit la chemise du Saint Prophète me l'a présenté et m'a permit de l'embrasser, puis il m'a montré d'autres reliques appartenant au Prophète.

En sortant de cette chambre je pleurais et j'étais touché par ce geste rare, car l'officier m'a laissé entendre que le Prophète Lui-même m'avait autorisé de voir ses reliques. Je l'ai cru d'autant plus qu'il a refusé de prendre de l'argent, enfin et après mon insistance il en prit une petite somme, et m'a félicité d'être l'un de ceux que la grâce du Saint Prophète a honoré.

Sans doute cette visite a laissé une trace profonde sur moi, je pensais pendant quelques nuits à ce que disaient les wahàbites saoudiens à savoir que le Prophète comme toute autre personne et que son influence est vaine, et son rôle est terminé, je n'aimais pas cette idée et j'étais convaincu qu'elle était erronée. Surtout si, le prouve le Coran, le martyr qui meurt en guerre sainte, n'est pas réellement mort :

"Ne prend surtout pas ceux qui ont été tués sur le chemin de Dieu pour des morts mais plutôt des vivants recevant des leur subsistance auprès de leur Seigneur." (Alé Imràne : verset 169)

Alors que dire de notre Prophète Mohammad qui est la miséricorde de tout ce monde et le parfait exemple à suivre.

Je devenait de plus en plus clairvoyant en comparant les doctrines wahàbites et soufis, je m'interrogeais sur ces confréries qui confiaient toute leur réflexion au bon vouloir d'un Sheikh, qui dirigeait entièrement la vie des ses adeptes.

Mais ne m'avait-on pas appris un hadith Koudoussi :

" Mon servant, obéis tu seras comme moi - tu diras à la chose soit et elle deviendra réelle. "

La lutte intérieure commençait à me miner, mais à ce moment là mon voyage en Egypte touchait à sa fin, j'ai visité pendant les derniers jours un grand nombre de mosquées de l'imam Malek et celle de l'imam Abou Hanifa, de l'imam Ahmad ibn Hanbal et de l'imam Chafey, ainsi que la mosquée de Saida Zainab et de l'Imam Hussein, j'ai prié dans toutes les mosquées, j'ai aussi visité le "Zaouya" de l'ordre Soufi "Tijanyya". J'aurais d'histoires à raconter concernant ces visites, mais je préfère être concis.

RENCONTRE A BORD

Je voyageais du Caire à Alexandrie à la date prévue, car j'avais réservé ma place dans un bateau Egyptien de la ligne de Beyrouth. Je me sentais très fatigué physiquement et mentalement, et dès mon embarquement sur le bateau, j'allais me coucher pour deux ou trois heures, lorsque je me suis réveillé j'ai entendu une voix me disant : "Le frère semble être épuisé ?»

J'ai répondu affirmativement : "Le voyage du Caire à Alexandrie m'a épuisé, et pour être à l'heure j'ai sacrifié trop d'heures de sommeil."

J'ai compris à son accent qu'il n'était pas Egyptien et ma curiosité me poussait à faire sa connaissance. Je me suis présenté à lui, et j'ai appris qu'il était Irakien, conférencier à l'université de Bagdad, s'appelait Monem, et venait en provenance du Caire où il avait présenté sa thèse de doctorat à l'Université Al Azhar.

Nous commençâmes une conversation sur l'Egypte et le monde Arabo-Musulman, nous parlions de la défaite des Arabes et de la victoire des juifs, les sujets dans ce domaine sont malheureusement nombreux. J'expliquais que la cause de la défaite était la division des arabes et des musulmans en plusieurs petits pays, ainsi malgré leur population nombreuse, ils n'avaient pas de poids statique.

Nous parlions beaucoup de l'Egypte et des Egyptiens, et nous étions d'accord sur les raisons de cette défaite. J'ajoutais que je considérais cette division comme ayant été aggravée par les puissances coloniales, afin de faciliter notre occupation et notre humiliation.

J'exposais également mon dépit face aux divisions religieuses entre les "Malikites" et les "Hanéfites". Je lui racontais une triste histoire qui m'était arrivé à la Mosquée "Abou-Hanifa" au Caire. Où un homme après la prière, me demanda pourquoi je ne croisais pas les bras en priant, j'ai répondu avec respect et courtoisie que je suis "Maliki" et que les "Malikites" préfèrent détendre les mains pendant les prières, il me répondit brutalement : "Va à la Mosquée des Malikites alors et fais tes prières là bas !".

J'ai quitté la Mosquée avec dégoût et amertume et de plus en plus perplexe face à l'état de ma religion.

Le professeur Irakien a sourit en m'annonçant qu'il était un Chi'ite, j'étais troublé par cette nouvelle et sans réfléchir je lui ai dis : "Si je savais que tu étais un Chi'ite, je ne t'aurais parlé" ; il m'a demandé : "Pourquoi ?".

Je répliquais : "Parce que vous n'êtes pas musulmans ! vous adorez Ali Ibn Abi-Taleb, et les modérés parmi vous adorent Dieu, mais ne croient pas au Message du Saint Prophète Mohammed au lieu de le donner à Ali.

Pendant que je continuais mon argumentation mon compagnon m'écoutait attentivement, souriant quelques fois et montrant son étonnement maintes fois.

Quand je terminais il m'a demandé de nouveau : "Es-tu un professeur qui enseigne à des étudiants ?" J'ai répondu : "Oui."

Il me dit alors gravement : "Si les professeurs pensent ainsi, nous ne pouvons blâmer les gens ordinaires qui ont une éducation modeste."

-"Que veut tu dires ?"

-"Je m'excuse mais d'où as-tu- recueillis ces fausses rumeurs ?"

Je lui exposais mes informations venant des ouvrages célèbres d'histoire, et des gens illustres et des connaissances communes.

Il dit : "Laissons ce que disent les gens, mais peux-tu me citer un seul ouvrage célèbre ?".

Je commençais à mentionner quelques livres tel que Fajr-al Salam, de l'écrivain historien Ahmed Amine et d'autres.

Il répondait toujours calmement : "Depuis quand Ahmed Amine est une autorité sur le Chiisme ? Cela n'est pas une preuve !" Il ajouta : "Pour être honnête, il faut se référer aux sources originelles du sujet."

Je dis : "Pourquoi devrais-je entreprendre des recherches sur un sujet déjà connu de tous ?".

Il répondit : "Ahmed Amine Lui-même a visité l'Irak, et j'étais l'un des professeurs qu'il a rencontré à Nadjaf. Nous lui avons reproché ses écritures sur le Chiisme, il a alors reconnu qu'il ne savait rien des Chi'ites et qu'il en rencontrait pour la première fois. Nous lui avions dit que cette excuse est la pire de toutes, comment pouvait-il écrire des choses aussi calomnieuses sur nous, alors qu'il ne savait rien de nous !

Frère, si nous jugions les juifs et les chrétiens d'après le Coran, certes ils n'accepteraient pas le jugement, en dépit du fait que le Coran est notre preuve absolu, pour cela nous devons montrer leurs erreurs dans leurs livres, la preuve sera plus forte et indiscutable et en accord avec le principe :

"Un témoin de sa famille fit le témoignage."

Ses paroles tombèrent dans mon cœur comme de l'eau fraîche dans la bouche d'un assoiffé, je m'étais déterminé à changer d'attitude et à devenir un vrai chercheur, car je sentais que seule une logique saine peut apporter une preuve solide, je me devais d'écouter attentivement ce nouveau compagnon, je repris la discussion :

-"Alors tu es l'un de ceux qui croient au Message de notre Saint Prophète Mohammed ?"

Il répondit : "Que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur Mohammed et sa descendance. Tous les Chi'ites sont comme moi et croient en son Message. Frère tu ferais mieux de mener des recherches toi-même, ainsi tu n'auras plus de doute sur tes frères Chi'ites, parce que ces doutes peuvent devenir un péché."

Il ajouta :

"Si tu désire vraiment connaître la vérité et la voir de tes propres yeux, alors je t'invites à visiter l'Irak et là tu pourras rencontrer les Savants Chi'ites et les gens ordinaires également, tu vas reconnaître ainsi la vérité du mensonge".

J'ai dis: "ça a été mon désir de visiter l'Irak un jour, et de voir son patrimoine historique célèbre, spécialement l'héritage des "Abbassides", et en particulier ceux de "Haroun Errachid", mais premièrement mes ressources financières sont limités à la "Omra" (visite à la Mecque et Médina). Deuxièmement mon passeport ne me permet pas d'entrer en Irak".

Il dit : "Premièrement, quand je t'ai invité à visiter l'Irak cela veut dire que je payerais ton voyage de Beyrouth à Bagdad "aller-retour", tu seras mon hôte personnel en Irak. Quand au passeport et l'entrée en Irak, laissons cela à Allah qu'Il soit Exalté, s’Il t'a destiné à visiter l'Irak, cela se fera même sans passeport.

Cependant nous allons essayer d'obtenir un visa d'entrée dès que nous arriverons à Beyrouth.

J'étais très touché par cette offre, j'ai promis à mon ami de lui communiquer ma décision le lendemain, s'il plaît à Dieu. Je suis sorti de la cabine, j'étais monté au pont pour respirer l'air frais, les yeux perdus à l'horizon, mon esprit méditait.

Je glorifiais "Allah" Créateur de tout l'Univers, je le remerciais de m'avoir amené à cet endroit, je Lui demandais, Loué Soit- Il, de me protéger du mal et de la faiblesse, et de me protéger contre les erreurs.

Mon esprit vagabondait et présentait devant mes yeux une série d'événements de mon passé, le bonheur que j'ai goûté depuis mon enfance jusqu'à ce jour, je rêvais d'un avenir meilleur.

J'avais l'impression que Dieu et Son Messager me prodiguaient une attention particulière. Je regardais vers l'Egypte dont les côtes apparaissaient de temps à autre sur l'horizon.

Je disais adieu à la terre où j'avais embrassé la chemise du Prophète.

C'était le souvenir le plus précieux que je gardais de l'Egypte. Je me rappelais aussi des paroles du nouvel ami Chi'ite qui avait apporté à mon cœur une grande joie, à la perspective de réaliser un rêve qui me tentait depuis l’enfance : "La visite de l'Irak", le pays qui rappelle le règne fantastique d'Arachide et de Maamoun, les fondateurs de l'Université de Sagesse qui recevait les étudiants occidentaux quand la civilisation islamique était à son apogée.

De plus, l'Irak est le pays du fameux Cheikh Abdoul Kader Jilani dont la réputation a atteint tous les pays, et dont l'ordre soufi est entré dans chaque ville et chaque village, son ardeur et son zèle dépassait tout autre.

Je parcourais une mer d'imagination et d'espoir, je fus réveillé par le haut-parleur appelant les voyageurs pour le dîner. Je me dirigeais vers l'endroit désigné, les gens étaient nombreux, ils se bousculaient comme d'habitude à chaque rassemblement. Chacun voulait entrer le premier, les cris s'élevaient, j'essayais d'entrer par tous les moyens, subitement, le Chi'ite m'a attiré doucement en arrière en disant : "Ne te fatigues pas frère, on mangera plus tard sans bousculade. En faite, je te cherchais partout, Allons faire nos prières, après quoi nous viendrons dîner lorsque la foule sera dispersée."

J'ai apprécié son idée, ainsi je l'ai accompagné dans un endroit isolé, après les ablutions, je l'incitais à diriger les prières pour le tester et observer sa façon de prier. J'avais l'intention de refaire mes prières un peu plus tard.

Dès qu'il commença la prière du "Maghreb" en récitant les versets coraniques et les invocations, mon esprit fût transporté, et je me suis senti alors guidé par l'un des nobles compagnons du Prophète qui craignaient Dieu et que j'admirais tant.

Après la fin des prières, il a récité des invocations que je n'avais jamais entendu dans mon pays, ni dans aucun autre, je me sentais à l'aise à chaque fois que je l'entendais dire des louanges sur notre Saint Prophète Mohammed et sur sa descendance, que la paix d'Allah et Sa bénédiction soit sur Lui et sa Descendance.

J'ai remarqué que les larmes coulaient de ses yeux, je l'ai entendu pleurer en priant Dieu pour qu'il ouvre mon cœur, me donne la clairvoyance et me guide sur la bonne voie.

Nous sommes allés au réfectoire qui était presque vide, il s'assied après moi, il changea mon assiette avec la sienne qui contenait plus de viande, il me traitait comme si j'étais son hôte personnel, avec courtoisie et gentillesse, et il me racontait les dires du Prophète concernant l'étiquette de table.

J'étais impressionné par son moral, et lorsqu'il a dirigé les prières de "Al-Ichaa" qu'il a étendues en récitant plusieurs supplications qui m'ont fait pleurer, j'ai imploré Dieu. Loué Soit- Il., de changer ma suspicion à l'égard de cet homme car certaines conjectures sont un péché, mais que fallait-il penser ?

J'ai dormi cette nuit-là en rêvant de l'Irak, des "milles et une nuit", je me suis réveillé en entendant l'appel de mon ami Chi'ite pour faire les prières de "Al-Fajr", après l'achèvement des prières nous parlions de la grâce de Dieu et de Ses bienfaits envers les musulmans.

Nous nous sommes endormis à nouveau, mais à mon réveil, il était assis sur son lit, rosaire à la main, il récitait les noms d'Allah, ainsi je me sentais plus confiant, mon cœur se rassura, j'ai demandé à Dieu de pardonner ma suspicion.

Pendant le déjeuner, on annonçait l'approche des côtes libanaises et le débarquement dans deux heures s'il plaît à Dieu. Mon ami m'a demandé si j'avais bien réfléchi et quelle était ma décision ?

J'ai répondu si Dieu le veut, et si j'obtiens le visa d'entrée, je ne vois pas d'inconvénient, puis je l'ai remercié pour son invitation.

Nous passâmes une nuit à Beyrouth, et dès notre arrivée à Damas nous étions à l'ambassade d'Irak. Et rapidement j'ai obtenu mon visa avec une facilité incroyable, il me félicita et remercia Dieu pour Son aide.

MA PREMIERE VISITE EN IRAK

Notre voyage de Damas à Bagdad se déroula dans un bus climatisé de la compagnie internationale de "Nadjaf", car la température était de quarante degrés à Bagdad. A notre arrivée, nous nous dirigeâmes directement vers sa maison qui était dotée de l'air conditionné, je me suis bien reposé.

Il apporta des fruits et de la nourriture, pendant que les membres de sa famille entraient pour me souhaiter la bienvenue avec respect et politesse. Son père m'embrassa comme s'il me connaissait depuis longtemps. Quand à sa mère, vêtue de noir, elle me souhaita la bienvenue également.

Mon ami s'excusa pour sa mère qui ne pouvait pas me serrer la main, car cela n'était pas dans leurs habitudes de politesse islamique. Ils témoignaient ainsi à leur façon du respect du aux femmes. J'ai apprécié cela, je me suis dis : ces Chi'ites que nous accusons de dévier la religion, semble l'observer et l'appliquer plus que nous.

Pendant mon séjour en compagnie de mon amie Momeen, j'ai observé ses nobles manières, sa vertu, sa dignité, et sa générosité. J'ai aussi apprécié sa modestie et sa grande pitié que je n'avais pas encore perçu chez une autre personne avant cela. Je ne me sentais pas du tout comme un étranger, mais chez-moi.

Des lits nous ont été préparés sur le toit de la maison, je veillais tardivement "suis-je dans le monde du rêve ou de réalité ? Suis-je vraiment à Bagdad tout près de "Sidi Abdelkader-Jilani ?" "

En écoutant ces propos, mon ami riait et me demandait ce que les Tunisiens pensaient à propos de Abdelkader-Jilani ?

Je racontais les miracles et mystères qui lui étaient attribués. Les confréries qui se construisent en son honneur, et qu'il est pour elles le noyau du cercle, comme le Prophète Mohammed était le sceau des prophètes, ainsi Abdelkader-Jilani est le sceau de tous les saints. De même que Jilani disait : "Tous les gens tournent autour de la "Kaaba", mais elle, tourne autour de moi."

J'essayais de le convaincre que le "Cheikh Abdelkader" venait à ses disciples en état d'éveil pour soigner leurs souffrances. En parlant de "Sidi Abdelkader" j'oubliais où j'essayais d'oublier la croyance Wahhabite.

Lorsque je remarquais le manque d'enthousiasme de mon ami, j'essayais de convaincre mon esprit que tout cela était juste, mais en doute je lui demandais son opinion. Mon ami rit et dit : "Repose-toi cette nuit, demain si Dieu le veut, nous irons visiter le Cheikh Abdelkader", cette nouvelle m'a comblée de joie et je voulais que le jour se lève aussitôt. Mais j'étais si fatigué que je suis tombé dans un sommeil très profond, de telle sorte que je ne m'étais réveillé qu'après le lever du soleil, et l'appel pour la prière était déjà passé.

ABDELKADER – JILANI ET MOUSSA AL - KADHIM

Après le petit déjeuner nous sommes allés à "Bab-Echeikh", où se trouve le haut lieu d'Abdelkader, que j'ai toujours désiré visiter, je me suis précipité dès l'entrée, assoiffé de le voir comme si j'allais me jeter dans ses bras, mon ami me suivais là où je marchais, je me mêlais à la foule des visiteurs qui s'entassaient autour de la tombe comme les pèlerins autour de la "Kaaba", quelques visiteurs lançaient des bonbons, d'autres accourent pour les ramasser. J'en ai ramassé deux, j'ai mangé le premier pour la bénédiction, et conservé le second pour le souvenir, j'ai fait beaucoup de prières et de supplications.

J'ai bu de l'eau comme si je buvais de l'eau de "Zamzam". Avant de quitter j'ai demandé à mon ami de m'attendre un moment, afin d'écrire à mes amis en Tunisie, des cartes postales représentants le Mausolée du "Cheikh Abdelkader" avec sa grande coupole verte, j'ai voulu prouver à mes amis et mes parents en Tunisie mon zèle et mon ardeur qui m'ont amenés à ces lieux qu'ils n'ont jamais pu voir.

Au centre de la ville dans un restaurant populaire, nous avons déjeuné, puis mon ami m'a amené dans un taxi à "Kadhimya" j'ai entendu ce nom lorsqu'il l'a indiqué au chauffeur, à la descente de la voiture nous nous sommes insérés à la foule des gens qui marchaient dans la même direction, hommes, femmes et enfants portants leurs bagages, ils m'ont rappelés l'époque du pèlerinage, je ne savais où aller, jusqu'à la parution des minarets et des coupoles dorées dont l'éclat éblouissait l'horizon.

J'ai de suite compris que c'était là l'une des mosquées Chi'ites car je savais d'avance que les Chi'ites décoraient leurs mosquées avec de l'or et de l'argent, ce que l'islam "interdit formellement".

J'éprouvais quelques difficultés pour entrer dans cette Mosquée, mais vu les sentiments de mon ami, je l'ai suivi malgré moi, je n'avais le choix.

Dès l'entrée j'ai remarqué les vieillards qui embrassaient les portes, je me divertissais par la lecture d'une pancarte sur laquelle était écrit "Entrée interdite aux femmes dévoilées" avec la sentence d'Imam Ali disant : "L'époque viendra où les femmes porteront des habits qui ne cachent rien, etc.".

A la porte du mausolée et pendant que mon ami lisait "La permission d'entrée" je regardais avec étonnement les versets coraniques gravés sur la porte en or massif.

Je rentrais suivant mon ami avec méfiance, mon esprit divaguait dans les fables et les légendes que j'ai lues dans certains livres qui comptent "les Chi'ites" parmi les incrédules.

A l'intérieur du mausolée se gravaient les calligraphies et des ornements fabuleux, j'étais perplexe, je me croyais dans un monde étrange qui m'était inconnu et inhabituel.

De temps en temps j'observais avec répulsion ceux qui circulaient autour du tombeau en pleurant et en embrassant les barreaux et les coins du cercueil pendant que d'autres faisaient leurs prières tout près du tombeau, je me rappelais le "Hadith" du Prophète disant : "Dieu a maudit les juifs et les chrétiens quand ils ont fait des tombeaux de leurs saints un lieu de prosternation".

Je m'éloignais de mon ami qui commença à pleurer dès l'entrée, et pendant qu'il faisait ses prières, je lisais la pancarte qui présentait "l'ordre de la visite" elle contenait des noms qui me sont inconnus, je me suis isolé dans un coin pour lire la "Fatiha" sur l'âme du cadavre contenu dans ce tombeau en disant : O Dieu, donnez lui la grâce s'il était musulman, vous le connaissez mieux que moi".

Mon ami s'approcha de moi murmura dans mon oreille : "si tu veux que Dieu exauce tes souhaits, invoque Le ici, car on l’appelle : portail des demandes". Je ne donnais d'importance à ses propos - Dieu me pardonne- mais je contemplais les vieillards qui portaient sur leurs têtes des turbans blancs ou noirs, sur leurs fronts des empruntes de prosternations, leurs longues barbes parfumées leur donnait tant de prestige, leur regard était perçant et majestueux, aussitôt que l'un d'entre eux entrait au mausolée il éclatait en sanglot, je me demandais : Est-ce possible que toutes ces larmes soient mensongères ? Est ce possible que tous ces vieillards soient dans l'erreur ?

Je sortais de ce mausolée perplexe et étonné, pendant que mon ami sortait en reculent - signe de respect- pour ne pas tourner le dos au mausolée.

Je lui demandais : c'est le mausolée de qui ?

Il dit : c'est le mausolée de l'Imam Moussa Al-Kadhim.

Je lui demandais encore : qui c'est Moussa Al-kadhim ?

Il dit : que Dieu soit loué ! Vous les "Sunnites" vous délaissez le noyau vous vous attachez à l'écorce.

J'ai dit d'un air mécontent : comment avons-nous délaissé le noyau en s'attachant à l'écorce ?

Il m'a calmé en me disant : "mon frère, depuis que tu as mis les pieds en Irak, tu n'as pas cessé de parler de Abdelkader-Jilani, peux-tu me dire qui il est ? Et pourquoi il a tant attiré ton attention ?

Je répondais rapidement avec fierté : "il est l'un des descendants du saint Prophète après Mohammed, cela aurait pu être Abdelkader "que Dieu soit satisfait de lui".

Il me demanda : "frère Smaoui connais-tu l'histoire islamique ? Je lui répondais sans hésiter, oui, mais en vérité je ne connaissais rien de l'histoire islamique, parce que nos professeurs nous empêchaient de la connaître, prétendant qu'elle était complexe et source de problèmes.

Par exemple je me rappelle du professeur de la rhétorique nous présentant l'allocution de l'Imam Ali qui s'intitule "Chakchakia" dans "Nahj-Al-Balagha".

J'étais étonné comme certains élèves en la lisant, j'ai osé lui demander si cette allocution était vraiment les propos de l'Imam Ali ? Il répondit : "certainement, qui pourrait rivaliser en éloquence ? Si cela n'était pas ses propos, les Savants musulmans tel que Cheikh Mahommed Abda le grand mufti de l'Egypte, ne se donnerait pas tant de peine pour son interprétation".

Je dis alors : "l'Imam Ali accuse Abou Baker et Omar d'avoir usurper son droit au Khilafa» ?

Le professeur était outragé, il m'a blâmé et m'a menacé de renvoi définitif si je répétais pareille question, il disait : nous enseignons la rhétorique et non l'histoire, nous ne sommes pas concernés par les épisodes noires de l'histoire et les guerres meurtrières entre musulmans, tant que Dieu a purifié nos épées de leurs sangs, nous purifions nos langues de les injurier (il parlait des compagnons du Prophète).

Je n'étais pas convaincu par ce raisonnement, je restais révolté contre ce professeur qui nous enseignait la rhétorique arabe sans signification, j'essayais à maintes reprises d'étudier l'histoire islamique, mais je n'avais pas suffisamment de références, ni les moyens d'acheter ces livres. Personne de nos Savants s'y intéressait, ils étaient tous d'accord pour tourner cette page sans regard. Personne chez nous ne possède un ouvrage complet d'histoire.

Alors quand mon ami m'a demandé si je connaissais l’histoire ? Je répondais obstinément par oui, mais en vérité je devais dire : "je sais que c'est une histoire sombre et futile, qui ne contient que des dissensions des intrigues et des contradictions."

Il m'a demandé si je connaissais la date de naissance de "Cheikh" Abdelkader-Jilani et son époque ?

Approximativement au sixième ou septième siècle.

- Combien de temps le sépare du Messager d'Allah ? - Au moins six siècles.

- Si nous comptons deux générations par siècle, la généalogie d'Abdelkader Jilani par rapport au Prophète serait de dix ou douze grands-pères au minimum’ ? J'ai dis : oui.

- Alors celui-ci. Moussa Ibn Jaafar Ibn Mohammed Ibn Ali Ibn Hussein fils de Fatima Ezzahra, sa généalogie par rapport au Prophète est de quatre grands-pères seulement en fait il est né au deuxième siècle de "l'hégire", ainsi qui est le plus proche du Messager d'Allah.; Moussa ou Abdelkader ?.

Sans réfléchir j'ai dit : Moussa bien sûr, mais pourquoi on n'entend jamais parler de lui ? - c'est pour cela que j'ai dit - et je m'excuse de le répéter - que vous avez rejeté le noyau en gardant l'écorce, je te prie de m'excuser et de ne pas m'en vouloir.

En marchant notre discussion se poursuivait, nous nous arrêtons de temps en temps jusqu'à l'arrivée dans un "club scientifique" où se rencontraient les professeurs et les étudiants échangeant idées et théories. Quand nous nous assîmes, il cherchait quelqu'un dans l'assemblée; comme si un rendez-vous était prévu.

Un homme est venu nous saluer, de leur conversation j'ai compris qu'il était son collègue à l'université, et qu'un autre collègue allait bientôt venir, c'était bien le docteur qu'attendait mon ami. Entre-temps mon ami me disait : je t'ai emmené dans ce lieu pour te présenter à un Savant spécialiste des recherches historiques, il est professeur d'histoire à l'université de Bagdad, la thèse de son doctorat était sur Abdelkader-Jilani, j'espère "Inchâ-Allah" qu'il sera utile pour toi, car moi je suis pas spécialiste en histoire.

Nous buvions du jus de fruit, lorsque le docteur historien est arrivé, après les présentations, mon ami lui demanda de me donner un aperçu de l'histoire d'Abdelkader-Jilani, puis il nous a laissé seuls.

Le docteur historien m'a commandé une boisson fraîche et me demanda mon nom, mon pays et ma profession, il me demanda aussi de lui parler de la réputation d'Abdelkader-Jilani en Tunisie.

Je lui racontais plusieurs choses dans ce domaine, je disais même que les gens chez nous considèrent que le Cheikh Abdelkader a transporté le Prophète sur ses épaules la nuit de l'assomption lorsque "l'Archange Gabriel" reculait par crainte de se brûler, le saint Prophète dit alors à Abdelkader :

"Mon pied repose sur ton épaule, et ton pied reposera sur les épaules de tous les saints jusqu'au jour du jugement".

En écoutant mes propos, l'historien riait beaucoup, je ne savais pas s'il riait de ces légendes ou du professeur Tunisien qui les lui racontait.

Après une courte discussion sur les saints et les pieux, il m'a parlé de ses longues recherches pendant sept ans à Lahore, au Pakistan, en Turquie, en Egypte, en Grande-Bretagne et dans tous les endroits où se trouvaient des manuscrits attribués à Abdelkader-Jilani.

Il les a étudiés, disséqués et photocopiés mais il n'a trouvé aucune preuve qui fasse d'Abdelkader-Jilani est un descendant du Prophète, tout ce qu'il trouvait c'était un vers de poésie attribué à l'un des petit-fils d'Abdelkader et qui disait : "Mon grand-père le Messager de Dieu".

Quelques Savants l'expliquait par l'interprétation du "Hadith" du Prophète qui disait : "Je suis le grand-père de tout homme pieux".

Il ajoutait que l'histoire véritable prouve qu'Abdelkader-Jilani n'est pas du tout arabe mais d'origine persane, il est né dans un village iranien appelé "Jilane" auquel se rapporte le nom d'Abdelkader. Il a émigré à Bagdad où il a fait ses études il est devenu enseignant à l'époque de la décadence. L'homme était ascète et pieux, les gens l'ont aimé, ainsi après sa mort ils ont établis l'ordre Soufi "Kadiryya" en sa mémoire, comme c'était le cas pour les disciples de chaque maître soufi. Et ajouta : "L'état des arabes est vraiment lamentable de ce point de vue". L'ardeur de l'idéologie Wahhabite s'est alors rappelée à moi, je lui dis : "Donc vous pensez comme les Wahhabites Docteur ? Car ils disent comme vous, il n'y a pas de saints !

Il dit": Non pas du tout, je ne suis pas d'accord avec les croyances des Wahhabites, ce qui est regrettable chez les musulmans, c'est leurs tendances extrêmes, d'excès ou de négligence, ou bien ils croient en toutes les légendes et les fables qui ne se basent ni sur la logique ni sur la loi coranique, ou bien ils dénient toutes choses même les miracles de notre Prophète Mohammed et ses dires parce qu'ils ne coïncident pas avec leurs désirs et leurs croyances, par exemple: Les soufis disent que leur Cheikh Abdelkader-Jilani peut guérir tout malade, simultanément partout dans le monde; ceci est l'excès et l'exagération.

En contre réaction des Soufis, les wahhabites ont déniés tout, même l'influence et l'utilité du saint Prophète en accusant celui qui implore Dieu par l'intermédiaire du Prophète de polythéiste; ceci est l'excès de négligence .

- Non, frère, nous devons être comme Allah le veut, et l'a mentionné dans le saint Coran en disant :

"Nous fumes ainsi de vous la communauté du juste milieu, vous érigeant en témoins vis-à-vis des hommes..." AI -Bakara. Verset 141.

J'aimais beaucoup son raisonnement, je le remerciais, et je lui avouais que je me sentais séduis par sa logique. Il a ouvert son cartable, et m'a offert son livre sur Abdelkader-Jilani, il m'a invité à aller manger chez lui, je me suis excusé, et nous avons discuté de la Tunisie, de l'Afrique du nord, jusqu'à l'arrivée de mon ami Moneem.

Nous sommes retournés chez lui, la nuit après avoir passé toute la journée en visite et en discussion. Je me sentais très fatigué et surmené, et c'est sans retenue que je sombrais dans le sommeil.

Je me réveillais tôt, après avoir achevé mes prières, je commençais la lecture du livre "Abdelkader-Jilani", le présent de l'historien, j'étais déjà parvenu à la moitié avant que mon ami ne se réveille, il m'a demandé plusieurs fois d'aller prendre mon petit déjeuner, je n'acceptais pas avant d'achever le livre qui clarifiait bien des interrogations.

SCEPTICISME ET REQUETE

Je restais trois jours dans la maison de mon ami goûtant le repos et la réflexion, étonné et stupéfait par tout ce que je découvrais.

Pourquoi m'avait on parlé des Chi'ites en termes de honte, d’injures ? Pourquoi je les détestais et éprouvais tant de rancœur à leur égard ? Peut-être ceci remonte aux rumeurs qui nous parvenaient sur eux : "lis adorent Ali, ils considèrent leurs Imams comme des dieux, ils croient à la réincarnation, ils se prosternent pour des pierres plutôt que pour Allah". Après son retour du pèlerinage, mon père nous racontait que les Chi'ites venaient à la tombe du Prophète pour y jeter des ordures souillées, et que les Saoudiens les condamnaient à mort etc. Ainsi on entendait de tout. Dans ces conditions il n'était pas surprenant que les Musulmans haïssent, méprisent et combattent les Chi'ites.

Mais comment pouvais-je encore croire ou justifier ces rumeurs après tout ce que je voyais de mes propres yeux et entendu de mes oreilles, voila déjà une semaine écoulée parmi eux, je n'ai vu ni entendu que logique, raison et piété. Je fus attiré par leur façon de prier, j'aimais beaucoup leurs supplications et invocations, leurs manières de vie et leur respect à l'égard de leurs Savants, j'ai même souhaité être comme eux.

Je me demandais si vraiment ils haïssent le Messager de Dieu ? Alors que chaque fois que je prononçais son nom - (je le faisais souvent pour les tester) - Ils entonnaient tous à haute voix : "O, Dieu bénis Mohammed et la descendance de Mohammed".

Au début j'ai cru à un stratagème hypocrite, mais mon soupçon fût dissipé après avoir lu quelques uns de leurs livres, où j'ai constaté respect et vénération à l'égard du saint Prophète comme je n'en avais trouvé dans aucun livre, car les Chi'ites disent que le Messager d'Allah" Mohammed est infaillible, il est immaculé avant et après le Message, tandis que nous les sunnites disons qu'il est infaillible lorsque il transmet le Coran, à part cela , il peut se tromper comme tous les humains. D'ailleurs on donne beaucoup d'exemples de ses erreurs qui étaient corrigées par ses compagnons. Alors que les Chi'ites refusent catégoriquement cela et n'admettent pas que le Messager d'Allah" soit trompé pour être corrigé par les gens. Alors comment puis-je croire après tout cela que les Chi'ites détestent le Messager d'Allah» ? Comment l’accepter ?

Un jour je discutais avec mon ami Moneem sur ce sujet, je l'implorais de me répondre en toute franchise. Et le dialogue était le suivant :

-Vous. Les Chi'ites. Vous placez Ali (puisse Allah l'honorer) au même niveau que le saint Prophète, car à chaque tris que vous prononciez son nom vous dites : "Que la paix soit sur lui".

- En effet. Lorsque nous prononçons le nom d'Ali où l'un d'entre ses fils nous disons (la paix soit sur lui). Cela ne veut pas dire qu'ils sont des Prophètes, mais ils sont la sainte descendance du Messager d'Allah". Cependant Dieu Lui-même nous a ordonné dans le Coran, de l'invoquer pour qu'Il les bénissent, nous disons donc :

"Que la bénédiction et le salut de Dieu toit sur eux".

- Non, non cher frère, nous ne disons cela que pour le Messager d'Allah" et les Prophètes qui l'ont précédé, mais Ali et ses fils (puisse "Allah" les honorer) n'ont rien de ceci.

- Je te demande et je te prie de lire beaucoup plus pour connaître la vérité.

- Quels livres dois-je lire frère ? Ne m'as tu pas dit toi même que les livres de Ahmed Amine ne sont pas une preuve contre les Chi'ites ? Par le même argument vos livres ne sont pas une preuve contre nous. Ne vois-tu pas que les livres soutenus par les chrétiens mentionnent que Jésus (Paix sur lui) avait dit "Je suis fils de Dieu". Alors le Coran qui est la vérité absolue mentionne la parole de Jésus qui disait :

"Je ne leur ai dit que ce que tu m'as ordonné de dire à savoir Adorez Dieu mon Seigneur et le vôtre !" AI-Maaida, Verset 1 17.

 

- Ce que je te demande c'est d'utiliser l'esprit et la logique et de te référer au saint Coran et à la sainte "Sunna' (les traditions véridiques de notre Prophète) puisque nous sommes tous deux musulmans. – Donc, dans quel livre je trouverai la vérité ? Chaque auteur, chaque groupe et chaque secte prétendent être sur la bonne voie. - Je vais te donner à l'instant une preuve tangible approuvée par tous les musulmans indépendamment de leur croyance et de leur division, mais que tu ne connais pas.

- Que Dieu me dote de plus de connaissance !

- As-tu lu le commentaire du verset coranique :

" Dieu et ses Anges bénissent le Prophète. O vous croyants ! Invoquez pour lui sans cesse la bénédiction et le salut de Dieu." Sourate 33 versets 56.

"Tous les commentateurs Sunnites et Chi'ites ont rapportés que les compagnons du Prophète qui étaient visés par ce verset sont venus dire : "O Messager d'Allah nous savons comment te saluer, mais nous ignorons comment invoquer pour toi la bénédiction de Dieu". Le Prophète leur dit : "Dites, O "Allah" bénisse Mohammed et lu descendance de Mohammed tel que Tu as bénis Ibrahim et la descendance d'Ibrahim Tu es glorieux et digne de louanges.

Et n'invoquez pas la bénédiction incomplète, ils demandèrent qu'est-ce qu'une bénédiction incomplète O Prophète ?

Il dit : Quand vous dites seulement "O Allah Bénisse Mohammed" et vous vous taisiez. Pour cela les compagnons du Prophète ainsi que les générations venues après eux ont suivit l'ordre du Prophète ce qu'a incité l'Imam "Chafiy" à dire en l'honneur de Ahlul-Bayt (les gens de la maison du Prophète).

"O : famille du Messager d'Allah" votre amour est un ordre émanant de Dieu dans sa révélation, il vous suffit l'honneur majestueux que Dieu vous a donné toute personne qui n'invoque pas votre bénédiction, sa prière est incomplète et ses invocations imparfaites.

Je l'écoutais attentivement ses paroles pénétraient dans mon cœur et y trouvaient un écho. En effet j'avais lu cela auparavant, mais je ne m'en souvenais plus.

Je lui avouais que lorsque nous invoquions les bénédictions sur le Prophète, nous les invoquions aussi pour sa progéniture et tous ses compagnons, mais nous ne spécifions pas Ali, comme disent les Chi'ites.

- Que penses-tu de Boukhari ? Est-il Chi’ite ?

Je lui dis qu'au contraire, c'est un grand Imam Sunnite, et son ouvrage est le plus véridique après le Livre de Dieu !

Il sortit de sa bibliothèque, Sahih AI-Boukhari, il l'a ouvert à une page particulière et me l'a donné pour lire : "II nous a été rapporté par Ali que la paix soit sur lui ".

Je ne pouvais croire mes yeux, j'étais tellement surpris à tel point que je doutais de l'authenticité du livre, je tournais la page et la reliure, lorsque mon ami se rendit compte de mes doutes, il m'a montré une autre page où s'est écrit : "II nous a été rapporté par Ali Ibn Hussein que la paix soit sur eux".

Ma réponse après cela n'était que : "Louanges à Dieu". Il se contenta de cette réponse, il sortit et me laissa.

Je restais seul, je pensais, je relisais les deux pages, je m'assurais de nouveau de l'édition de l'ouvrage, il était pourtant bien édité par l'établissement AL-Halabi et Fils en Egypte.

"O Mon Seigneur, pourquoi dois-je être si arrogant? Pourquoi s'obstiner et s'entêter puisqu'il m'a donné une preuve tangible d'un livre que nous considérons comme des plus véridique, car certes, Boukhari n'était pas Chi'ite mais un grand Savant Sunnite.

Dois-je me soumettre à cette vérité : Ali est-il digne de bénédiction et de salut ? Mais je craints que cette vérité cache bien d'autres choses, que je me refuse à admettre, mon ami m'a convaincu sur certains points, et je reconsidérais la sainteté de Abdelkader-Jilani au profit de Moussa AI-kadhim.

J'admettais aussi que l'Imam Ali est digne de salut, mais je ne voulais pas d'autres défaites, moi, qui quelques jours auparavant me vantais en Egypte tandis que les Savants d'Al Azhar me comblaient de flatteries je me trouve aujourd'hui battu, et par qui ? Par ceux qui je croyais et que je crois encore dans l'erreur, d'ailleurs le mot " chiisme " m'a été toujours indiqué comme injure.

C’est l'arrogance et l'égoïsme. C’est l'obstination et le fanatisme.

"O mon Dieu je Te prie de m'inspirer la raison. Aide-moi à accepter la vérité même si elle est amère".

"O Seigneur, Daigne ouvrir mes yeux et mon cœur, et guides moi sur ton droit chemin que je puisse tout écouter et suivre le meilleur.

"O Dieu montre-nous la vérité sublime pour la suivre et montre-nous la vanité très sombre pour l'éviter."

Mon ami m'a accompagné à la maison alors que je continuais mes supplications et mes invocations, il dit en souriant : "qu'Allah nous guide avec tous les musulmans" Lui qui nous a révélé dans Son Livre :

" Ceux qui auront combattu pour notre cause, nous leur indiquerons nos voies et Dieu est sûrement avec les bienfaiteurs " AI-Ankabout, Verset 69.

Il m'expliqua que le combat indiqué dans ce verset signifie la recherche scientifique pour atteindre une vérité, et que Dieu "Loué soit IL" guiderait à la vérité quiconque la recherche.

VOYAGE A NAJAF

Mon ami m'avait avisé la veille, que nous devions partir le matin à Nadjaf, je lui demandais : qu'est-ce que Nadjaf ?

C'est une ville scientifique, où se trouve le Mausolée de l'Imam Ali Ibn Abi-Taleb. J'étais surpris qu'il y ait une tombe connue pour l'Imam Ali, car nos Savants ne nous en avaient jamais parlé.

Par les transports en commun nous sommes arrivé à "Koufa", La grande Mosquée est l'un des plus célèbres monuments Islamique, mon ami me montrait tous les lieux historiques, tel que la mosquée de "Mouslim ibn Akil" et celle de "Hani Ibn Ourwa" il me racontait brièvement comment ils sont morts en martyrs.

Il m'a fait visiter aussi le "Mehrab" (Niche de prière) où l'Imam Ali est tombé en martyr, ainsi que la maison qui abritait l'Imam Ali et ses deux fils l'Imam Hassan et l'Imam Hussein, le puits d'où ils buvaient et faisaient leurs ablutions.

J'ai vécu des moments spirituels pendant lesquels j'ai oublié notre monde futile et ce qu'il contenait, pour me plonger dans la piété de l'Imam Ali, sa modestie, sa simplicité de vie, malgré son titre d'Emir des croyants et de quatrième Khalife.

Je ne dois pas oublier la modestie et l'hospitalité que j'ai rencontrées à la ville de Koufa. A chaque fois que nous passions devant un groupe de gens ils se levaient pour nous souhaiter la bienvenue, mon ami y avait des relations, le directeur de l'Institut de Koufa nous a invité chez lui, nous avons passés une agréable soirée avec ses fils, j'avais le sentiment que j'étais parmi les membres de ma famille, à chaque fois qu'ils parlaient des Sunnites, ils disaient: "Nos frères Sunnites", j'ai aimé leur conversation, mais je leur posais quelques questions pour tester leur sincérité.

Le lendemain nous sommes parti à Nadjaf qui est une grande ville située à dix kilomètres de Koufa, dès l'arrivée je me suis souvenu de la Mosquée de "Kadhimya" à Bagdad, puisque les minarets dorés paraissaient entourer une grande coupole en or.

Nous entrâmes au Mausolée de l'Imam Ali après la lecture du "permis d'entrée" comme le veut la coutume des Chi'ites visiteurs.

Les ornements étaient encore plus fabuleux qu'à "Kadhimya" et comme d'habitude je m'arrêtais pour lire la "Fatiha", je doutais que ce tombeau contenait réellement le corps de l'Imam Ali, car la simplicité de la maison où habitait l'Imam m'a laissé croire que l'Imam Ali n'aurait pas accepté ces ornements d'or et d'argent, alors que les musulmans meurent de faim partout dans le monde et surtout que le tombeau est entouré de nombreux mendiants.

J'ai voulu crier et dire :" O ! Chi'ites vous êtes dans l'erreur. vous devez admettre au moins cette faute car le Messager d'Allah a envoyé l'Imam Ali démolir les tombeaux, alors à quoi bon ces tombeaux construits en or et en argent, si cela n'est pas du polythéisme c'est au moins une grave erreur que l'Islam ne pardonnera pas".

Mon ami m'a demandé si je voulais faire mes prières, il me présentait une pièce d'argile sèche, je lui dis avec virulence : nous ne faisons pas nos prière autour des tombeaux ! Il dit : alors attends-moi un moment juste pour faire deux Rakaât.

En l'attendant, je lisais la plaque fixée sur le tombeau, je regardais l'intérieur entre les barreaux d'or, il était plein de billets de toutes les couleurs qui étaient jetés par les visiteurs pour contribuer aux projets d'intérêts commun qui se rapportent au mausolée, vu la grande quantité des billets, j'ai cru qu'elle était récolte de quelques mois, mais mon ami m'a fait savoir que les autorités responsables de la propreté du mausolée ramassent l'argent chaque soir après les prières nocturnes.

Je sortais derrière mon ami, étonné, comme si je souhaitais qu'on me donne une part, ou au moins aux pauvres et déshérités qui sont très nombreux ici.

Je regardais dans tous les sens à l'intérieur de la grande clôture qui entourait le Mausolée là où des groupes de gens faisaient la prière, d'autres écoutaient les prêches d'orateurs. J'ai vu d’autres groupes de gens qui pleuraient en se frappant la poitrine, j'ai voulu demander à mon ami ce qu'ils avaient ? Lorsqu'un convoi funèbre passa devant nous, quelques hommes soulevèrent la dalle de marbre pour enterrer le cadavre, j'ai pensé qu'ils pleuraient pour la disparition de leur cher défunt.

RENCONTRE DES "OULEMAS"

Mon ami m'a emmené dans une petite mosquée qui côtoyait le mausolée, le sol était couvert de tapis, le "Mehrab" était gravé de versets coraniques de belle calligraphie.

J'étais attiré par un groupe de jeunes enfants enrubannés assis à côté du "Mehrab". Chacun d'eux tenait un livre, Ils étudiaient, j'étais impressionné par cette scène qui présentait, des "Cheikhs" en bas âges, Ils avaient entre treize et seize ans. Ils étaient très beaux avec leurs costumes uniformes.

Mon ami, leur a demandé où était le Sayed ? Ils répondirent qu'il dirigeait la prière à côté.

J'ai compris de la causerie, que le Sayed est l'un des grand Savant, j'ai saisi par la suite, qu'il s'agit de Sayed AI-Khouy le grand Savant de l'académie scientifique de la communauté Chi'ite.

Il faut remarquer que le titre de Sayed : Maître chez les Chi'ites, est attribué à ceux qui sont de la descendance du Prophète; le Sayed porte un turban noir s'Il est étudiant ou Savant en théologie les autres "Oulémas" portent le turban blanc et se nomment les "Cheikhs" les autres descendants du Prophète qui ne sont pas Savants portent le turban vert.

Mon ami m'a demandé de m'asseoir avec eux, le temps qu'il aille à la rencontre de Sayed AI-Khouy, Ils m'ont bien accueillis et m'ont entouré d'un demi cercle je regardais leurs visages plein d'innocence et de pureté, je me rappelais les dires du Prophète :

" Toute personne naisse à la disposition naturelle du bon sens, ainsi ses parents feront de lui, un Juif, un Chrétien, un Mage."

J'ai ajouté en moi-même ou feront de lui un Chi'ite.

Ils m'ont demandé de quel pays je venais ?

- De Tunisie

- Avez-vous des académies scientifiques ?

- Nous avons des universités et des écoles; leurs innombrables questions venaient de tous les côtés, elles étaient pertinentes et précises.

Que dois-je dire à ces innocents qui croyaient que le monde musulman était plein d'académies scientifiques où on enseignait les lois islamiques, la jurisprudence, et les interprétations du Coran. Ils ignorent que le monde musulman a évolué, dans nos pays modernes nous avons changé les écoles coraniques en jardins d'enfants sous les auspices des soeurs chrétiennes. Ainsi dois-je leur dire qu'Ils sont trop arriérés par rapport à nous ?

L'un d'entre eux m'a demandé quelle est la doctrine suivie en Tunisie» ? J'ai dit : La doctrine "Malikyya' de l'Imam Malek; quelques uns riaient, je ne prêtait aucune attention.

Ils disent enfin : - Connaissez-vous la doctrine "Jaafaryya' ?

Effrayé j'ai dit : - Qu'est-ce que ce nouveau nom ? Nous ne connaissons que les quatre doctrines, les autres ne font pas partie de l’Islam.

Ils m'expliquèrent en souriant que la doctrine "Jaafari" est l'Essence de l’Islam ! Savez-vous que l'imam Abou-Hanifa était l'élève de l'Imam Jaafar-Assadek ? Et que l'Imam Abou-Hanifa disait lui-même :

"Si ce n'était les deux années d'éducation chez Jaafar j'aurais péri :"

Je restais silencieux sans réponses. Ils me présentaient un nouveau nom que je n'avais jamais connu. Je remerciais. Dieu que leur Imam Jaafar-Assadek ne soit le professeur de l'Imam Malek, pour cela j'ai dit avec fierté :

-Nous sommes "Malikites" nous ne sommes pas "Hanafites".

Ils répondirent que les Imams des quatre doctrines ont profités les uns des autres, Ahmad Ibn Hanbal a tiré profit de Chafey ; Celui-ci a tiré profit de Malek qui lui-même s'appropriait d'Abou-Hanifa qui était l'élève de Jaâfar-Assadek, de tout cela on peut conclure que les quatre sont les élèves de l'Imam Jaâfar Ibn Mohammed qui a fondé la première Université Islamique dans la Mosquée de son grand-père le Messager d'Allah, où il enseigna plus de quatre mille juristes porteurs la tradition du Prophète.

J'étais ébahi par ces jeunes, si intelligents, qui s'expliquaient avec autant d'aisance qu'Ils récitaient le Coran.

J'étais plus étonné encore lorsqu'ils me démontraient quelques références historiques et citaient nombre de volumes et de titres de chapitres, Ils s'élançaient dans la discussion comme des professeurs méthodiques et convaincants. J'ai senti ma faiblesse devant eux, j'aurais préféré sortir avec mon ami que de demeurer avec ces enfants, je n'arrivais pas à répondre à leurs questions concernant la jurisprudence et l'histoire.

Ils me demandaient : à quel Imam je me référais ? J'ai dit : à l'Imam Malek !

Ils disent : "Comment tu te confie à un homme mort depuis déjà quatorze siècles? Si tu voulais lui demander des innovations, te répondrait-il ?"

 

J'ai réfléchi un instant et j'ai dit :

"Toi aussi ton Imam Jaâfar est mort depuis quatorze siècle.'- Oui mais sa parole a porté si loin qu'elle est encore vivante aujourd'hui, et Sayed AI-Khouy nous aide à la comprendre.

Je n'ai pas compris lequel des deux était plus Savant, l'Imam Khouy ou l'Imam Jaâfar-Assadek

J'essayais de changer le sujet de conversation en leur posant des questions pour me dégager de leur emprise tel que : quel est le nombre d'habitants de "Nadjaf'. la distance entre Nadjaf et Bagdad, connaissaient- ils d'autres pays que l'Irak, et chaque fois qu'ils répondaient à une question je leur en préparais une autre afin de les détourer, car je me sentais incapable de faire face à leurs connaissances, je n'admettais pas cet état de fait, même si au profond de mon coeur j'acceptais ma défaite, que toute la gloire et la grandeur, la vanité qui m'ont été attribués en Egypte sont dissipés ici, surtout après la rencontre de ces enfants, je me rappelais alors de la Sagesse qui dit

"Dis à celui qui prétend avoir toutes les connaissances en philosophie : tu as connu une chose, mais tu as ignoré beaucoup de choses ".

J'imaginais que les esprits de ces jeunes enfants étudiants étaient plus ouverts, mieux formés que ceux des Savants d'AI Azhar en Egypte et ceux de nos Savants de Tunisie.

Sayed AI-Khouy est entré avec un groupe "d'Oulémas" respectueux et digne. Tous les étudiants se levèrent, moi aussi. Ils avancèrent pour baiser la main du Sayed, je restais immobile, Sayed AI-Khouy s'est assit après tout le monde et commença à les saluer un par un jusqu'à mon tour.

Mon ami, qui chuchotait à l'oreille de Sayed AI-Khouy m'a fait signe de m'approcher à côté du Sayed, à sa droite après les salutations et les présentations, mon ami me dit : raconte à Sayed tout ce que vous entendez sur les Chi'ites chez vous en Tunisie.

J'ai dit : nous avons des histoires qu'on entend d'ici et delà, l'essentiel pour moi c'est de savoir moi-même ce que disent les Chi'ites et j'ai quelques questions à poser et je veux des réponses franches.

Mon ami a insisté pour que je raconte au Sayed notre croyance vis à vis des Chi'ites.

J'ai dit :" Pour nous les Chi'ites sont plus dangereux que les juifs et les chrétiens à l'égard de l'Islam, puisque eux au moins adorent Dieu et croient au Message de Moïse, alors qu'on nous rapporte que les Chi'ites adorent Ali et le glorifient, quelques uns d'entre eux adorent Dieu, mais considèrent Ali comme Messager de Dieu, je leur racontais l'histoire de la trahison de l'Archange Gabriel qui a donné le Message à Mohammed au lieu de le remettre à Ali".

Sayed Khouy restait silencieux tête baissée pendant quelques temps, ensuite il me regarda et me dit : Nous témoignons qu'il n'y a de divinité qu'Allah" nous témoignons aussi que son Messager est Mohammed que Dieu le bénisse ainsi que sa descendance purifiée. Pour nous Ali n'est qu'un serviteur de Dieu, puis il se tourna vers l'audience et dit : "Regardez comment les rumeurs mensongères détournent ces gens innocents ! Et ceci n'est pas étonnant puisque j'ai déjà entendu pire venant d'autres personnes". Il se tourna vers moi et me demanda si j'avais bien lu le Coran.

J'ai dit que j'en avais appris la moitié par coeur à l'âge de dix ans.

IL me dit :" sais-tu que tous les groupes musulmans indépendamment de leurs doctrines s'accordent sur l'authenticité du Coran ? Et nous possédons tous les mêmes textes" ?

J'ai répondu :" bien sûr que je le sais"

Il me dit : "donc tu as lu les propos d'Allah Exalté Soit-IL» :

" Mohammed n'est qu'un Messager de Dieu avant lequel les messagers sont déjà passés" AI-Maâida, Verset 144.

Dieu dit aussi :

" Mohammed est le Messager de Dieu et ceux qui sont avec lui, sont durs avec les mécréants…" AI Fath, Verset 49.

Et dans un autre verset IL dit :

"Mohammed n'a jamais été le père de l'un de vos hommes, mais le Messager de Dieu est le sceau des Prophètes." AI-Ahzeb, Verset 40.

J'ai dit :» : Bien sûr, je connais tous ces versets" !

IL me dit :" Ou est donc Ali ? Si notre Coran dit que le Messager de Dieu n'est autre que Mohammed, d'où est venu ce mensonge ?

Je me taisais car je n'avais de réponses, et ajouta :" Quand à la trahison de l'Archange Gabriel (à Dieu ne plaise) elle est pire que l'allégation précédente, car lorsque Gabriel apporta le Message d'Allah à Mohammed, celui-ci avait l'âge de quarante ans, tandis que Ali n'était qu'un gamin de six ou sept ans, comment Gabriel pourrait-il se tromper, et ne pas distinguer entre Mohammed l'adulte et Ali le petit garçon.» ?

Il se taisait longuement pendant que je pensais consciemment à ses paroles.j'analysais ses propos logiques qui m'ont touchés profondément et m'ont éclairés. Je me suis demandé pourquoi nous n'avons pas basé notre analyse sur un tel raisonnement logique. Sayed AI-Khouy poursuivit encore en me disant : "Je porte à ta connaissance que les Chi'ites sont les seuls parmi tous les groupes musulmans à croire à l'infaillibilité des Prophètes et des Imams : alors si nos Imams (que la paix soit sur eux) sont infaillibles, que dire alors de "Gabriel" l'Archange que Dieu nommait : "l'Esprit de fidélité".

- J'ai dit : "Alors d'où parviennent ces rumeurs ?"

- Il dit :"de tous les ennemis de l'Islam qui veulent diviser les musulmans en factions pour qu'ils s'affrontent entre eux. Tous les musulmans sont des frères qu'ils soient Chi'ites ou Sunnites, car ils adorent un seul Dieu, sans Lui associer aucune autre divinité, ils ont le même Coran, le même Prophète, la même "Kibla'(direction vers laquelle s'orientent tous les musulmans dans leurs prières) les Chi'ites se diffèrent des Sunnites par des opinions, des convictions, qui ne remettent nullement en cause l'essentiel de ce que je viens de rappeler. Les Sunnites eux-mêmes connaissent des divergences, l'Imam Malek contredit l'Imam Abou-Hanifa, celui-ci contredit l'Imam Chafey, et ainsi de suite".

- Alors, tout ce qu'on raconte sur vous n'est que mensonge ?

- Par la Grâce de Dieu, tu est intelligent, et tu comprends les choses, maintenant que tu as visité le pays des Chi'ites tu t'es promené dans leur milieu, as-tu vu ou entendu quoi que ce soit de ces rumeurs mensongères ?

- Je n'ai entendu et vu que du bien, je remercie Dieu qui m'a permis de connaître le professeur Moneem dans le bateau, c'est grâce à lui que j'ai pu venir en Irak et connu beaucoup de choses que j'ignorais auparavant.

Mon ami Moneem riait en disant :"Parmi ces choses, l'existence d'une tombe pour l'Imam Ali".

Je lui ai fait signe d'arrêter ses plaisanteries. J'ai repris en disant :

- j'ai plutôt appris des choses nouvelles, même de la part de ces jeunes enfants. J'aurais souhaité (si j'en avais eu l'occasion.) venir étudier comme eux ici; à l'Académie Scientifique.

Sayed Al-Khouy m'a dit :" Sois le bienvenu, si tu veux étudier, toute l'Académie est à ta disposition, nous sommes là pour te servir."

Tous ceux qui étaient présents se réjouissaient de cette suggestion, surtout mon ami Moneem dont le visage s'embellit de joie, j'expliquais que j'étais marié et père de deux enfants.

IL dit :" Nous prendrons soin de tous les besoins de la famille, logement, subsistance et tout ce dont vous aurez besoin, l'essentiel c'est de continuer les études."

J'ai réfléchi et je me suis dit; il me semble illogique de devenir étudiant après avoir passé quinze ans de ma vie à enseigner et éduquer de nouvelles générations. Il m'est aussi difficile de prendre une décision aussi rapidement.

Je remerciais Sayed AI-Khouy pour son offre en promettant d'étudier sérieusement le sujet après mon retour de la Mecque si Dieu le veut, mais j'aurais besoin de quelques livres.

Sur l'ordre de Sayed AI-Khouy, quelques Savants m'ont apportés immédiatement plus de soixante-dix volumes, chacun d'eux me disait : " voici mon cadeau'.

Vu que je me rendais en Arabie Saoudite ; qui interdit l'importation de n'importe quel livre, par crainte de propager quelques croyances qui ne coïncideraient pas avec leur doctrine : je ne pouvais donc pas prendre ces livres avec moi. Mais je ne voulais pas négliger ces livres que je n'avais jamais vus.

J'expliquais à mon ami et aux Savants les difficultés que je pourrai rencontrer dans tous les pays arabes par lesquels je devais passer, et qui interdisent en majorité l'entrée des livres. Alors Sayed AI-Khouy m'a demandé de lui laisser mon adresse, et qu’il se chargera de les envoyer chez-moi en Tunisie.

J'appréciais cette idée et je le remerciais beaucoup en lui remettant ma carte de visite.

Quand je l'ai salué pour sortir, Il se leva avec moi en me disant :

"Je prie Dieu qu'Il te protège, si tu arrives devant le tombeau de mon grand-père le Messager de Dieu, tu lui présentera mes salutations :"

Les auditeurs ont été très touchés par ses propos, et moi également, j'ai été profondément touché en voyant ses larmes.

Je me suis dis; "qu'il ne plaise à Dieu" si cet homme soit dans l'erreur ou qu'Il soit menteur. Son état majestueux, sa grandeur, et sa modestie prouvent certainement qu'il est issu d'une noble progéniture, je n'ai pu résister à lui baiser la main. Ils se sont tous levés avec moi pour me saluer, quelques jeunes étudiants qui me controversaient m'ont suivi, et m'ont demandés mon adresse, je leur ai donné.

Nous retournâmes à Koufa sur l'invitation d'une personne qui était à l'audience de Sayed AI-Khouy un autre ami de Moneem qui s'appelait Abou-choubbar.

Nous avons passé toute une nuit chez lui avec un groupe de jeunes étudiants de Sayed Mohammed Baker-Essadr. Ils m'ont conseillés de rencontrer ce dernier, Ils m'ont promis d'organiser cette rencontre le lendemain.

Mon ami Moneem a encouragé cette suggestion, mais il regrettait de ne pouvoir nous accompagner, car il avait une obligation à Bagdad, il était convenu que je reste chez Abou-Choubbar trois ou quatre jours jusqu'au retour de Moneem qui nous a quitté après les prières de l'aube.

J'ai beaucoup profité des discussions avec les étudiants qui veillaient avec moi, j'ai été surpris des connaissances diverses qu'ils étudiaient à l'Académie, car en plus des connaissances religieuses de jurisprudence de "Tawhidi" ils étudient aussi les sciences politiques, sociales et économiques, l'histoire les langues et l'astronomie, etc.

RENCONTRE AVEC SAYED MOHAMMED BAKER-ESSADR

Je me dirigeais avec Abou-choubbar à la maison de Sayed Mohammed Baker-Essadr, en cours de route il me comblait de courtoisie et de gentillesse et me donnait un aperçu des célèbres Savants et du "Taklid" (l'action de se confier et de suivre un Ouléma).

Nous entrâmes dans sa maison, il était entouré par plusieurs étudiants enrubannés, il se leva pour souhaiter la bienvenue. On me présenta à lui et il m'accueillit chaleureusement, me fit asseoir à ses côtés. Il me posa des questions sur la Tunisie et l'Algérie, sur les grands Savants célèbres tel que AI khidr Hussein, Tahar ibn Achour et d'autres.

J'ai été passionné par sa conversation et malgré sa dignité, son prestige et le grand respect qu'il inspire à ceux qui l'entouraient, je me sentais à l'aise avec lui, comme si je le connaissais depuis longtemps.

J'ai beaucoup apprécié cette rencontre qui m'a apporté de nombreuses connaissances car j'écoutais les questions des étudiants et les réponses qu'il leur donnait, j'ai compris à ce moment précis la valeur d'un dialogue de confiance avec ces Oulémas vivants qui peuvent répondre à bien des questions directement et clairement.

Je devins alors convaincu, que les Chiites étaient bien des musulmans adorant Dieu l'Unique, et croyant au Message de notre Prophète Mohammed.

Seulement au début j'avais beaucoup de doutes, un esprit me soufflait et m'inspirait que tout ce que je voyais n'était que du théâtre ou peut-être ce qu'ils appelaient la "Takya", c'est à dire montrer des actes contradictoires aux croyances, mais ces suspicions se dissipaient, les sentiments ont disparus très vite, car il était impossible que des centaines de personnes s'accordent pour me jouer cette comédie, qui suis-je ? En quoi pourrais-je les intéresser pour qu'ils se jouent de moi ? Puis voici leurs livres anciens qui étaient écrits depuis des siècles et ces livres nouveaux imprimés récemment depuis quelques mois, tous professaient le monothéisme et invoquaient la bénédiction sur le Prophète Mohammed, comme j'ai pu le constater moi-même dans leurs introductions et préfaces. Même ici dans la maison du Sayed, le célèbre Savant, connu en Irak et en dehors de l'Irak, à chaque fois que le nom de Mohammed était prononcé toute l'assemblée prononçait à haute voie : » O Dieu que Ta bénédiction et Ton Salut soit sur Mohammed ainsi que sur sa descendance purifiée. "

Pour faire la prière nous sommes allés dans une mosquée mitoyenne, Sayed Baker-Sadr était l'Imam et dirigeait les prières du -Dhohr- et -Asr'. Je me sentais comme vivant parmi les compagnons du Prophète, un jeune qui avait une voix très émouvante récitait des invocations entre les prières pour glorifier Dieu et bénir Son Messager. "Que Dieu bénisse Mohammed et les descendants de Mohammed", tel était le cri de tous a la fin des prières et des invocations.

Après les prières il restait dans le "Mihrab" pour répondre aux questions des fidèles, quelques uns venaient lui chuchoter des confidences, il répondait alors discrètement aux affaires personnelles, la personne qui obtenait la réponse à sa question lui baisait la main avant de le quitter

Je ne pouvais qu'éprouver de l'admiration pour ce Savant si digne, résolvant les problèmes, et vivant les inquiétudes de tous ceux qui s'adressaient à lui.

Je suis retourné avec lui dans sa maison, il m'a comblé de générosité, et d'hospitalité jusqu'à ce que je finisse presque par en oublier ma famille et mes proches. Je sentais qu'il suffisait d'un mois seulement avec lui pour que je devienne Chi'ite à cause de son comportement, de sa modestie et de la distinction de ses mœurs.

A chaque fois que je le regardais, il me souriait et me demandait si j'avais besoin de quelque chose; durant quatre jours je ne le quittais que pour dormir.

Malgré les innombrables visites que lui rendaient les Savants venus du monde entier, j'ai vu chez lui des saoudiens;( je ne savais pas qu'il y avait des Chi'ites au Hijaz, en Arabie) des Savants de Bahrayn, de Katar, des Emirats, du Liban, de Syrie, de l'Iran, de l'Afghanistan, de la Turquie et de l'Afrique Noire.

Il parlait avec eux en plusieurs langues, il affrontait leurs problèmes, ils ne sortaient alors de chez lui qu'avec satisfaction.

Je ne manquerai pas de souligner ici une affaire qu'il a traitée en ma présence. Je la mentionne pour l'histoire, pour que les musulmans sachent ce qu'ils ont perdus en négligeant les lois de Dieu.

Quatre hommes se présentaient devant Sayed Baker-Sadr, j'ai compris à leur accent qu’il s'agissait d'Irakiens.

L'un d'eux a vendu la maison qu'il avait hérité de son grand-père à un homme qui était présent aussi. Un an après la vente, deux frères ont prouvés qu'ils étaient aussi deux héritiers légitimes du défunt.

Tous les quatre étaient assis devant Sayed Sadr, chacun lui présentait ses papiers et documents, après quelques minutes de lecture et de conversations

Sayed Sadr donna son jugement :

Il donna à l'acheteur le plein droit à la propriété, et demanda au vendeur de rembourser aux deux frères leur part de la somme perçue.

Ils se levèrent en baisant sa main et s'embrassèrent.

J'ai été très étonné de la scène, je ne croyais pas mes yeux et j'ai demandé à Abou-Choubbar si l'affaire était achevée.

Il dit "Tout est fini. Chacun a eu son droit". Je m'exclamais alors : "Gloire à Dieu quelques minutes seulement ont suffit pour résoudre ce conflit, et avec cette simplicité ?"

Dans nos pays, un cas pareil, aurait persisté pendant des années sans issu, parfois les plaignants meurent et leurs enfants poursuivent I'affaire et dépensent pour le tribunal et les avocats plus que la valeur de la maison.

Les procès parcourt le tribunal d'instance puis la cour d'appel, la cour de cassation ; mais finalement personne ne sera satisfait; et après une si longue affaire qui aura coûté des dépenses énormes tout ceci ne peut alors que provoquer la corruption en plus de la haine et de l'hostilité entre les familles.

Abou-Choubbar m'a répondu :" de même chez nous ici".

- Comment cela ?

- Quand les gens portent plainte aux tribunaux gouvernementaux, il se passe exactement ce que tu viens de me décrire, mais quand ils se confèrent à un Savant religieux et respectent les lois islamiques, le jugement sera conclu en quelques minutes.

"Et qui a une meilleure justice que Dieu pour un peuple convaincu ?" AI-Maâida, Verset 50.

De plus Sayed Sadr ne leur a prit aucun sou, s'ils s'étaient rendus au tribunal gouvernemental leurs têtes seraient dénudées.

J'ai ri de cette expression, qui est courante chez nous et qui signifie qu'ils se retrouvent dépouillés de tout, j'ai dit :" qu'Allah Soit Loué", si je n'avais pas assisté moi-même à cette scène, je ne croirais jamais cela.

Abou-Choubbar m'a dit : "Mon frère, ce que tu as vu est simple par rapport à d'autres cas difficiles et complexes. Les Savants religieux parviennent à résoudre même des affaires criminelles.

J'ai dit avec étonnement - "Donc vous avez en Irak deux gouvernements, un gouvernement de l'Etat, un autre de clergé ?

Il dit : "Non, nous n'avons qu'un seul gouvernement, mais les musulmans Chi'ites qui se réfèrent aux "Oulémas- n'ont pas de relation avec le gouvernement, "baathiste" et non Islamique, mais ils sont soumis au gouvernement par le droit de citoyenneté par le code civil, les impôts et les statuts personnels.

Si un musulman pratiquant, se disputait avec un autre non pratiquant il serait obligé de porter plainte au tribunal de l'Etat, parce que ce dernier n'accepterait d'être jugé par le clergé. Par contre si les deux adversaires sont pratiquants, l'affaire est réglée; car le jugement du Savant religieux est respecté par tous. Ainsi les procès jugés par les autorités religieuses trouvent leurs solutions le même jour, tandis que les procès jugés par l'Etat attendent des mois et des années.

Cela a éveillé en moi le sentiment de pleine satisfaction face aux lois de Dieu, Loué Soit-Il, et j'ai compris à ce moment là, la signification des versets Coraniques :

"Celui qui ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, ceux là sont les mécréants... " AI-Mâaida, Verset 44.

"Celui qui ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, ceux-là sont les injustes... " AI-Mâaida, Verset 45.

"Celui qui ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, ceux-là sont les dévergondés" AI-Maaida, Verset 47.

De même s'éveillait en moi le sentiment de haine et de révolte contre les incrédules qui changent les lois Divines, avec des lois injustes qu'ils ont inventées eux mêmes; ils se moquent alors des lois divines et les jugent " Barbares et sauvages ", quand il s'agit de couper le main du voleur, lapider l'adultère, tuer le criminel.

D'où viennent ces nouvelles idéologies étranges à notre culture ? Sans doute de l'occident et des ennemis de l'Islam, qui savent que l'application des lois islamiques signifie leur destruction inéluctable, parce qu'ils sont des voleurs, des traîtres, des assassins criminels, ils commettent l'adultère et sèment le désordre sur terre en instituant la barbarie.

Pendant ces quelques jours passés chez Sayed Sadr plusieurs dialogues sont intervenus, je le questionnais sur toutes choses, et particulièrement sur tout ce que j'ai appris en Tunisie concernant les Chi'ites et leurs traditions.

J'ai alors questionné Sayed Baker-Sadr sur la "Wilaya" de l'imam Ali, qu'ils attestent lors de l'appel à la prière ?

Il a répondu :

"Il faut savoir que l'Emir des croyants Ali (Que la paix soit sur lui) a été honoré et choisi par Dieu, pour porter la continuation de la compréhension du Message après le dernier Prophète. Chaque Prophète a désigné un successeur, notre Prophète Mohammed a désigné Ali comme continuateur, si, nous le favorisons devant tous les compagnons du Prophète, c'est parce que Dieu et Son Messager l'ont favorisé. Nous avons des preuves logiques, mentionnées dans Le Coran et la "Sunna"; Ces preuves sont irréfutables, car elles sont universelles aussi bien pour les Chiites que pour les Sunnites, nos Savants ont compilés plusieurs ouvrages à ce sujet. Et comme les intérêts de la Dynastie "Omeyyade" exigeaient l'oubli et la dissimulation de l'histoire authentique; Ils ont obligé les gens à maudire et injurier Ali et ses fils du haut des Chaires des mosquées, alors que les Chi'ites opposants à cette dynastie attestaient que Ali est "Wali Allah" (ami de Dieu) et le musulman ne doit pas insulter et maudire un tel homme.

Ali et ses descendants; les Imams purifiés sont un catalyseur historique pour tous les musulmans à travers les générations, afin qu'ils connaissent la vérité.

Ils doivent reconnaître la juste cause de Ali et la vanité de ses ennemis, il y a beaucoup de choses recommandables dans les rites religieux, tel que la proclamation de la wilaya pour l'appel à la prière, mais qui ne sont pas obligatoires.

Le musulman sera récompensé s'il les accomplit mais il ne sera pas puni s'il les néglige. Et à titre d'exemple il est recommandable d'attester, après le témoignage - que Dieu est Unique et que Mohammed est Son Messager - que le paradis et l'enfer sont des vérités, et que Dieu ressuscite les morts".

J'ai dit :" Nos Savants nous ont appris que Abou-baker Esseddik est le plus favorisé de tous les compagnons et les califes Orthodoxes, ainsi se classent après lui Omar et Othman, tandis que Ali vient en quatrième position (Que Dieu soit satisfait de tous)".

Après quelques réflexions, Sayed Sadr a répondu ;

Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais sans aucune preuve, et de plus ce qu'ils disent est en contradiction avec ce qui est mentionné dans leurs livres qu'ils appellent les "Sihah" : (véridiques).

Plus tard, leurs historiens ont considéré que; le plus distingué et préféré de tous les croyants était Abou Baker, puis Omar, puis Othman, mais Ali ne figurait pas dans la liste, il était pour eux un homme ordinaire". Ensuite je le questionnais au sujet de la pierre sur laquelle ils se prosternent pendant les prières et qu'ils appellent (Torba Hussaînya)

Il répondit : Il faut savoir que nous nous prosternons sur la pierre, et non pour la pierre, comme le prétendent certains diffamateurs. La prosternation est uniquement pour Allah. Ce qui est sûr pour nous et pour les Sunnites aussi, c'est que les prosternations doivent être faites sur la terre ou sur les plantes de la terre non comestibles, le Prophète Lui-même a fabriqué une petite natte d'un mélange de terre et de paille sur laquelle Il se prosternait pendant ses prières. Il a apprit à ses compagnons d'en faire autant, et leur a interdit de se prosterner sur leurs vêtements.

Ceci est 'évident pour nous. Ainsi l'Imam Ali Ibn Hussein Zain-El-Abidine a fabriqué une pièce de terre de "Kerbalaâ"(terre pure et bénite sur laquelle le sang de l'Imam Hussein et des martyrs a coulé), aussi ses partisans ont adoptés cette pratique jusqu'à nos jours.

Nous ne disons pas que la prosternation n'est légale que sur la "Tourba", mais nous disons plutôt qu'elle se fait sur n'importe quelle pierre propre où sur les nattes fabriquées de palmes ou de plantes semblables."

J'ai dis : "A propos, pourquoi les Chi'ites pleurent L'imam Hussein jusqu'à nos jours, ils frappent leurs poitrines jusqu'à la blessure et l'écoulement du sang ce qui est interdit en Islam ? Car le prophète (la paix sur lui) a bien dit"Il n'est pas de ma communauté celui qui frappe ses joues et déchire ses vêtements et appelle aux injures."

Sayed Baker-Sadr a répondu :" Oui la tradition du prophète est sans doute véridique mais n'a aucun rapport avec les funérailles de l'Imam Hussein : Car celui qui appelle à venger Hussein en suivant son chemin, ne profère pas une injure. Puisque les Chi'ites sont des êtres humains : ils ont des sentiments et des émotions qui prévalent à la commémoration de "Achoura"(jour où l'Imam Hussein fût tué en martyr) en se rappelant ce qui est arrivé à lui et sa famille et ses amis. Nous savons que les bonnes intentions seront récompensées, car Allah récompense Ses serviteurs suivant leurs intentions.

J'ai lu moi-même les rapports officiels du gouvernement Egyptien à l'occasion de la disparition de DJamel Abdelkader la semaine dernière, ces rapports enregistraient plus de huit cas de suicide: les gens se jetèrent des hauts des immeubles où sous les passages des trains etc. Sans compter un grand nombre des blessés. Je cite cela comme exemple d'émotions excessives. II n'est pas juste que nos frères Sunnites condamnent leur frères Chi'ites, quand ces dernier pleurent le martyr suprême, eux qui ont vécu la tragédie de l'Imam Hussein depuis sa mort et jusqu'à nos jours. On rapporte même que le Messager de Dieu a lui aussi pleuré sur son petit fils Hussein ainsi que Gabriel".

Je lui demandais :" pourquoi les Chi'ites décorent-ils les tombeaux de leurs saints avec de l'or et de l'argent, ce qui est interdit en Islam"

II répondit : "Ceci n'est pas l'exception des Chi'ites, cela n'est pas illicite, regardez les mosquées de nos frères sunnites en Irak, en Egypte, en Turquie et dans d'autres pays musulmans, elles sont décorées d'or et d'argent. Aussi la mosquée du Saint Prophète à Médina et même la "Kaaba' est couverte chaque année d'un nouvel habit brodé d'or. Alors ceci n'est pas une exception des Chi'ites, il s'agit simplement d'un témoignage d'amour et de respect".

Je lui demandais ensuite quelle était son opinion sur les Savants Saoudiens qui interdisent de toucher les tombeaux et d'invoquer la bénédiction des saints, ce qui est considérés pour eux polythéisme.

Il répondit:" Si on touche les tombeaux en invoquant les morts pour qu'ils agissent, cela est du polythéisme, mais les musulmans sont monothéistes et savent bien que Dieu est Le Seul Tout Puissant. Nous n'invoquons les Imams et les saints qu'en qualité d'hommes proches de Dieu, cela n'est aucunement une forme de polythéisme.

Seuls les Savants Saoudiens Wahhabites que tu as cité y sont hostiles : Ils ont accusé tous les musulmans de blasphème à cause de cela, et ont même fait couler leur sang. Ils frappent les vieillards pendant le pèlerinage tout simplement parce qu'ils disent : "O Prophète que la paix de Dieu soit sur toi".

Ils empêchent toute personne de toucher à la porte de son Mausolée.

Nos Savants ont mené plusieurs débats avec eux mais ils ont persisté dans leur arrogance.

Sayed Charaffeddine. Savant Chi'ite était invité au palais Royal pendant le Pèlerinage parmi les Savants qui présentaient leurs vœux au Roi Abdelaziz Aal-Saoud à l'occasion de la fête du sacrifice.

A son tour le Savant Chi'ite a offert au Roi Le Coran relié en cuir, le Roi comme pour honorer le Coran, il l'a embrassé et le mit sur le front, à ce moment Sayed Charaffeddine lui dit : "O Roi, pourquoi tu embrasses le cuir et tu le Glorifies, ce n'est qu'une peau de chèvre ''

Le Roi répondit : "Mon intention est pour le Coran intérieur et non la peau de chèvre"

Sayed charaffeddine répliqua alors : "Tu as bien dit, car nous aussi en embrassant la porte ou la fenêtre du Mausolée du saint Prophète, nous savons que ce n'est qu'un métal inutile mais notre intention va au delà du fer et du bois, nous glorifions le Prophète lui-même, exactement comme toi lorsque ton intention visait le saint Coran en embrassant la peau de chèvre qui le couvrait".

L'audience était impressionnée et les Savants criaient "Allahou-Akbar" en signe de satisfaction et d'accord.

Le Roi était obligé de permettre aux pèlerins de cette époque de bénir et glorifier les reliques du Prophète mais cela fut interdit par son successeur.

La question n'est donc pas la crainte que les gens deviennent polythéistes, mais elle est plutôt politique. Tout ceci est basé sur un antagonisme, pour opprimer les musulmans afin de consolider le pouvoir et l'autorité Royale sur eux.

L'histoire nous rapporte un grand témoignage de leur oppressions et injustices à l'égard de la communauté "Mohammadienne".

Finalement j'ai demandé à Sayed Sadr son opinion sur les confréries "Soufis» : il répondit :

"Ils présentent des aspects positifs et d'autres négatifs, ce qui est positif c'est l'enseignement spirituel qui incite l'être humain à renoncer à tous ce qui est artificiel ici bas. Ce qui est négatif c'est l'isolation et la fuite devant les responsabilités etc. Mais l'Islam comme nous le savons accepte le positif et rejette tout ce qui est négatif.

DOUTES ET PERPLEXITÉS

Les réponses de Sayed Mohammed Baker-Essadr était claires et convaincantes, mais comment pourraient-elles atteindre le cœur d'une personne comme moi, qui a passé vingt-cinq années de sa vie sur le principe de glorifier les compagnons du Prophète et de les respecter, surtout les Khalifes orthodoxes qui nous ont été recommandés par le Messager de Dieu. Il nous a même ordonné de suivre leur enseignements et en particulier d'Abou Baker "Esseddik" et Omar "El Farouk", dont les noms n'étaient jamais mentionnés depuis mon arrivée en Irak, mais j'ai entendu d'autres noms étranges que j'ignorais complètement.

J'ai entendu parler de douze Imams, et de la désignation de Ali comme successeur du Prophète, désignation proclamée par le Prophète lui-même. Comment pourrais-je croire en tout cela ?

Comment croire que les compagnons du Prophète qui étaient l'élite des gens s'accordent contre l'Imam Ali (Que Dieu soit satisfait de lui). Ils nous ont enseignés depuis notre enfance que tous les compagnons (Que Dieu les glorifient) respectaient l'Imam Ali et connaissaient sa valeur, il était l'époux de Fatima Ezzahra, le père de Hassan et Hussein, et surtout" la porte de la cité du savoir".

L'Imam Ali connaissait aussi la valeur d'Abou Baker "Esseddik" qui était le premier à se convertir à l'Islam, et qui a accompagné le Messager de Dieu dans la Grotte, Allah l'a mentionné dans le Saint Coran. Le Prophète l'a chargé de diriger les prières pendant sa maladie, il a même dit :

"Si j'avais à prendre, quelqu’un comme ami intime ça serait Abou Baker".

Pour tout cela les musulmans l'ont choisit comme Khalife. L'Imam Ali connaissait aussi la valeur de Omar par lequel Dieu a glorifié l'Islam, le Prophète l'appelait "El Farouk" (qui discerne la vérité de l'erreur), il connaissait aussi la valeur de Osman à qui les anges doivent le respect et la pudeur, c'est lui qui a financé toute une armée pour la bataille de `Tabouk", le Prophète l'appelait "le doué de deux lumières".

Comment nos frères Chi'ites peuvent-ils ignorer tout cela, et considérer ces grandes personnalités comme des gens ordinaires qui auraient dévié vers l'avidité de ce monde et qui ont désobéit aux ordres du Prophète après sa mort ?!

Ceux-la même se hâtaient à l'exécution des ordres du Messager en tuant leurs parents et les membres de leurs familles pour la cause de l'Islam, ils ne peuvent alors être impliqués dans les ambitions transitoires de ce monde, pour accéder au pouvoir de Khalife en ignorant les ordres du Prophète !

En effet, c'est pourquoi, je ne pouvais croire à tout ce que disaient les Chi'ites du fait que j'étais convaincu par tant d'autres choses. Donc je suis resté dans un état de doute et de perplexité.

Les doutes que les Savants Chi'ites ont fait naître en moi, puisque leurs idées étaient logiques et pleines de sens, mais je restais tout de même perplexe, puisque je n'arrivais pas à croire et à admettre que les compagnons du Prophète (Que Dieu les bénissent tous) ont pu devenir indifférent au Message de Dieu, et devenir faibles face aux pièges et tentations du monde d'ici bas ?

"O mon Dieu, comment cela a-t-il pu arriver ? Est-ce vrai que les compagnons du Prophète sont descendus à un niveau si bas tel que le décrive les Chi’ites ?».

L'important est que ces doutes et ces interrogations en moi trouvent une réponse, et que je puisse explorer les sujets cachés qui doivent être dévoilés pour atteindre la vérité.

Mon ami Moneern arriva, et nous voyageâmes ensemble vers la ville de "Karbala", C'est là que j'ai appris la tragédie de l'Imam Hussein telle qu'elle a été vécue par ses disciples, j'ai su à ce moment que l'Imam Hussein n'était pas mort, et que son martyr est éternel.

Les gens se rassemblaient autour de sa tombe et pleuraient avec une douleur et une tristesse que je n'avais jamais vue. On aurait pu croire que l'imam Hussein venait juste de mourir.

J'ai écouté les orateurs qui décrivaient l'incident de Karbala avec lamentations et gémissements, à tel point que l'auditeur ne pouvait plus se tenir debout et tombe à terre. Moi aussi j'ai pleuré et pleuré en libérant mon âme, j'ai senti un grand soulagement spirituel que je n'avais pas connu auparavant, comme si j'étais parmi les ennemis de Hussein et que je venais subitement de rejoindre ses amis et ses disciples qui sacrifiaient leurs vies pour lui.

L'orateur récitait l'histoire de "El-Hourr" qui était l'un des commandants de l'armée chargée de combattre Hussein, mais El-Hourr se leva au milieu de champs de bataille en tremblant comme une plume, quand l'un de ses amis lui demanda s'il avait peur de la mort, il a répondu :" Non, par Allah, mais je suis en train de choisir entre le paradis et l'enfer", puis il poussa son cheval vers l'Imam Hussein en lui demandant si Dieu accepterait son repentir ?

Je ne pouvais plus me contrôler à ces propos je tombais par terre en pleurant, comme si je jouais le rôle d'El-Hourr, je demandais à Hussein : "O fils de Prophète puisse Dieu accepter mon repentir. O fils du Messager de Dieu pardonne moi".

La voix de l'orateur était influente, les gens pleuraient en criant, ils se lamentaient, lorsque mon ami a entendu mes cris il m'a pris entre ses bras et me serra contre sa poitrine comme ferait une mère avec son fils, il pleurait aussi et murmurait : "O Hussein, O Hussein".

Je venais de vivre des moments très émouvants, ou j'ai connu le vrai" sens de pleurer", j'ai sentis que mes larmes lavaient mon coeur et mon corps de l'intérieur.

J'ai compris à ce moment la ce sens du -Hadith- du Prophète disant :

" Si vous saviez ce que je savais, vous raieriez peu et pleureriez beaucoup. Je restais déprimé, pendant toute la journée, bien que mon ami essaya de me rassurer et de me réjouir en m'offrant quelques pâtisseries, mais je n'avais point d'appétit.

Je lui ai demandé de me répéter l'histoire du martyr, l'Imam Hussein car je ne savais pas grande chose, tout ce qu'il nous a été dit par nos Savants, c'est que les hypocrites ennemis de l'Islam qui ont assassiné Omar et Osman et Ali, eux-mêmes ont tués Hussein.

C'est tout ce que nous savons. D'ailleurs nous célébrons "Achoura" comme l'une des fêtes musulmanes là laquelle nous distribuons l'aumône de "Zakat", nous préparons les meilleurs plats de cuisine, les enfants allaient féliciter les grands parents qui leur donnaient de l'argent pour s'acheter des bonbons et des jouets.

Cependant il y a d'autres coutumes dans quelques villages, où les gens allument le leu et ne font pas de travaux, ils ne célèbrent pas de mariage et ne se réjouissent pas le jour de "Achoura", mais nous appelons tout cela coutumes et traditions sans aucune explication.

Nos Savants parient souvent de la grandeur de ce jour et nous disent que "Achoura" est un jour de bénédiction et de miséricorde.

C'est vraiment étonnant ?

Nous avons visité aussi le tombeau de Abbas le frère de l'Imam Hussein duquel je n'avais jamais entendu parlé, mon ami me racontait l'histoire de sa bravoure et de son héroïsme.

Nous avons rencontré d'autres Savants pieux, dont les noms en détail m'échappent, mais je me rappelle encore de quelques surnoms, tel que Bahr EI Ouloum et Sayed El-Hakim, Kachef Al-guita, Al-Yassin, Tabatabay, Faïrouz Abadi, Assad-Haydar et bien d'autres qui m'ont honorés de leurs rencontres.

Et pour dire la vérité, lis m'ont tous impressionnés par leur dignité. La population Chi'ite les respecte beaucoup et leur confie la gestion des lieux saints, des écoles, des universités, des maisons d'éditions religieuses. Ceci grâce au un cinquième des revenus de chaque Chi'ite, ils accordent également des bourses aux étudiants. Ils sont indépendants et n'ont aucune relation avec les gouvernants, comme c'est le cas de nos Savants qui ne peuvent faire aucune chose sans l'approbation des autorités qui leurs assurent leurs salaires, les désignent ou les destituent selon ce que bon leur semble.

Pour moi, c'est un nouveau monde que je viens de découvrir ou plutôt que Dieu m'a fait découvrir, je commençais à m'en réjouir et à me familiariser avec ce monde que j'avais tant critiqué. Ce nouveau monde m'avait impressionné, il me poussait à la curiosité et à la recherche pour atteindre la vérité désirée.

Une tradition du Prophète demeurait à mon esprit et me hantait :

" Les fila d'Israël se sont divisés en soixante et onze groupes, les chrétiens se sont divisés en soixante douze groupes et ma nation se diviserait en soixante treize groupes tous iront en enfer sauf un seul groupes ".

Je sais bien que chaque religion prétend détenir la vérité. Mais je suis surpris et même étonné chaque fois que je lis cette traditions ma surprise et mon étonnement ne viennent pas de cette tradition en elle-même, mais des musulmans qui la lisent et la répètent dans leurs discours sans analyses et recherches d'expression.

On peut lire à la fin de cette tradition que le Prophète a dit :

Le groupe qui sera sauvé est celui Qui suivra ma voie et celle de nies compagnons.

On se demande : y a-t-il un groupe qui ne prétend pas adhérer au Coran et à la Sounna ? (Le livre de Dieu et la tradition du Prophète).

Si l'on demandait a l'Imam Malek OU Abou-Hanifa à l'Imam Chafey oi Ahmed Ibn Hanbal, chacun ne prétendrait-il pas qu'il se réfèrerait Coran et à ta Sounna ? Ceci est évident pour les sectes Sunnites, si l'on ajoute les groupe Chiites que je croyais corrompus et déviés, alors qu'ils prétendent aussi, vivre le Coran et !a Sounna véridique transmise par Ahl-al-beyt (la descendance purifiée du Prophète) car les gens de la maison sont les mieux placés pour la connaître.

Est-il possible que tous ces groupes suivent la bonne voie comme ils le prétendent ? A moins que cette tradition soit fausse, cela est à rejeter puisque tradition est authentique chez les Sunnites et les Chi'ites. Ou alors cette tradition n'a pas de sens et de signification !A à Dieu ne plaise que Son Messager ait pu dire des choses qui n'ont pas de sens, lui qui ne prononce rien sous l'effet de la passion, et ne dit que la sagesse.

Donc, il noua reste plus, que de reconnaître qu'il n'y a qu'un seul groupe qui soit sur la bonne voie, tous les autres sont dans l'erreur.

Ainsi cette tradition tend à me rendre perplexe ; elle incite celui qui veut être sauvé à la recherche et à l'étude. C'est pour cela que j'étais envahi de doutes et de perplexité après la rencontre des Chi’ites.

Qui Sait ? Peut-être qu'ils disaient la vérité et qu'ils suivaient la bonne voie ? Pourquoi ne dois-je pas rechercher et comparer, puisque Islam incite les fidèles à la recherche et l'étude d'après le Conan et la Sunna aussi Dieu a dit :

"Ceux qui ont combattu pour notre cause, nous leur indiquerons nos voies" Al-Ankabout, Verset 69.

Il dit aussi :

"Ceux qui écoutent le discours et en suivent le meilleur, ce sont ceux-là que Dieu a bien guidé et ce sont ceux-là les gens doués de réflexion" Azzoumar, Verset 18.

Le Prophète a dit également : "recherchez aussi profondément le sens de votre Religion, au point qu'on vous juge de folie".

Ainsi la recherche et la comparaison sont des obligations religieuses pour toute personne majeure.

Avec cette décision et cette volonté, je me suis promis ainsi qu'à mes amis Chi'ites, de continuer mes études et mes recherches jusqu'au bout, je les embrassais en regrettant de les quitter car je les ai aimé et ils m'ont aussi aimés, j'ai senti que je quittais des amis fidèles qui avaient sacrifié leur temps pour moi, ils l'ont fait non pas par crainte ni par convoitise, mais pour l'amour de Dieu et pour Sa miséricorde. Car Son Messager a bien dit :

"Si Dieu guide un seul être humain, dans la bonne voie par ton aide cela vaudra mieux pour toi que toutes les richesses de la terre."

J'ai quitté l'Irak après avoir passé vingt jours au sein des Imams et de leurs fidèles, comme si c'était un beau rêve en souhaitant ne pas me réveiller avant de l'achever.

J'ai quitté l'Irak avec regret, et les chers amis aux cœurs pleins d'amour pour Ahl-Al-Beyt. Je m'orientais alors, vers le Hijaz, là ou se trouvent la maison de Dieu et la tombe du saint Prophète (que la paix soit sur lui et sur sa descendance sainte et pure).

LE VOYAGE POUR LE HIJAZ

J'arrivais à Djedda, mon ami Béchir est venu à ma rencontre, il était très content de me voir, et m'a emmené chez lui.

Il était très généreux avec moi, il passait son temps à me faire visiter tous les lieux saints, nous avons accompli le petit pèlerinage avec force de piété et d’invocation.

Je lui présentais mes excuses pour le retard de mon arrivée, je lui racontais mon voyage imprévu en Irak et ma nouvelle découverte, et comme il était ouvert d'esprit et bien informé, il m'a dit :

" Oui, je sais que les Chi'ites ont des grands Savants qui ont beaucoup de choses à dire, mais ils ont de nombreux groupes déviés, qui nous causent des problèmes pendant le pèlerinage"

Je lui ai demandé de quels problèmes, il s'agissait.

Il a répondu :" Ils font leurs prières autour des tombes, ils rentrent en groupe aux cimetières de "Al-Bakii" pour se lamenter et pleurer, ils portent dans leurs poches des pierres sur lesquelles ils se prosternent, et quand ils arrivent au tombeau de Hamza à "Ouhoud" ils font un convoi funèbre, ils se battent le corps et se lamentent comme si Hamza venait de mourir, à cause de cela le gouvernement Saoudien leur a interdit d'entrer dans les lieux à visiter".

Je lui souriais et dis :" pour cela tu les juges déviés ?»

Il dit:" Pour cela et pour d'autres choses, puisqu'ils viennent visiter la tombe du Prophète en même temps, ils s'arrêtent devant les tombes d'Abou Baker et Omar pour les insulter et les maudire, quelques uns d'entre eux y jettent des saletés .

Cela me rappelait ce que disait mon père à son retour du pèlerinage à savoir : "Les Chi'ites jettent des ordures sur la tombe du Prophète."

Mon père n'avait jamais vu cela de ses propres yeux, car il disait :

"On a vu des soldats Saoudiens qui frappaient des pèlerins à coups de bâtons, et lorsque nous avons protestés contre cette humiliation, ils nous ont dit qu'il ne s'agissait pas de musulmans mais de Chi'ites, qui viennent ici pour jeter des ordures sur le tombeau du Prophète; alors à ce moment nous les avons maudit et nous avons craché sur eux ".

Et voilà que j'entends maintenant de mon ami saoudien qui est né à la Médine dire que les Chi'ites viennent pour visiter la tombe du Prophète, mais ils jettent des ordures sur les tombeaux d'Abou Baker et de Omar.

Je doutais de ces deux versions car j'ai fais moi-même le pèlerinage, et j'ai vu la chambre sacrée dans laquelle se trouvaient les tombes du Prophète et d'Abou Baker et Omar, qui est toujours fermée, personne ne peut y approcher pour toucher la porte ou les fenêtres, alors que dire de celui qui veut y jeter quoi que ce soit ? Cela me paraissait donc impossible.

Premièrement parce qu'il n'y a pas d'espace entre les barreaux, deuxièmement parce qu'il y a clos; gardes militaires en uniforme qui surveillent strictement les portes et les fenêtres, en frappant avec des cravaches toute personne qui avance et essaye de regarder à l’intérieur.

Mais ce qui est probable, c'est que les soldats saoudiens qui considèrent les Chi'ites incrédules et déviés, les avaient accusés de tout cela pour justifier leur humiliation et inciter les musulmans pèlerins à les frapper et les haïr, ainsi ces derniers propageaient chez eux des mensonges sur les Chi'ites.

Cela ressemble à ce qui m'a été raconté par un homme honnête, qui me disait : "Pendant la circumbulation autour de la Kaaba, un jeune Chi'ite avait eu le mal de ventre par excès de bousculade, il a vomit, les soldats qui surveillaient la pierre noire l'ont battu et l'ont accusé d'avoir apporter des ordures pour Souiller la Kaaba, ils ont témoigné contre lui et il fut exécuté le même jour."

J'ai vu passé toutes ces scènes dans mon esprit, je pensais aux accusations et aux préjugés de mon ami saoudien contre les Chi’ites.

Je me demandais si dans tout cela, il y avait une preuve valable pour accuser d'apostasie ceux qui attestent : Qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et que Mohammed est Son Messager, qui font les prières et acquittent l'aumône, jeûnent le mois de ramadan, font le pèlerinage, et ordonnent le bien et interdisent le mal.

Je n'ai pas voulu contrarier mon ami, ni Soulever avec lui une querelle sans effets, je me contentais de dire :" Que Dieu les guide et nous-mêmes dans sa bonne voie et qu'Il maudisse les ennemis de la religion qui complotent contre l'Islam et les musulmans.»

A chaque fois que je circumbulais autour de la Kaaba pendant le petit pèlerinage et chaque fois que je visitais la Mecque pendant cette période où il n'y avait pas beaucoup de visiteurs, je faisais les prières, en invoquant Dieu de toutes mes forces pour qu'Il me rende perspicace et clairvoyant, et me guide vers la vérité.

Je m'arrêtais sur le Lieu saint d'Ibrahim (Que la paix Soit Sur lui) je me rappelais le verset Coranique

" Luttez, comme il se doit pour la cause de dieu, c'est Lui qui vous a choisi et il ne vous a imposé dans la religion aucune cause de gêne ou d’embarras. Nation de votre père Abraham c'est lui qui vous a nommé les musulmans auparavant. Que le Messager soit en cela témoin contre vous et que vous soyez vous-même témoins contre l'humanité0

Faites donc régulièrement les prières, donnez l'aumône légale et mettez-vous sous la protection de Dieu, c'est lui votre patron protecteur. Quel bon patron protecteur et quel bon soutien''. AI-Haj, Verset 78.

J'ai commencé à parler à notre maître Ibrahim ou notre père Ibrahim comme le Coran l’appelait.

"O père, toi qui nous a appelé Musulmans, après ta mort tes enfants ont divergés, ils sont devenus juif, chrétiens et musulmans, les juifs se sont divisés en soixante et onze groupes, les chrétiens en soixante douze groupes, et les musulmans en soixante treize groupes, d'après ton fils Mohammed ils sont tous dans l'erreur et un seul groupe est resté fidèle à ton serment.

"O père ! Est-ce la destinée comme le disent les "Kadaryas".

Dieu Lui-même a écrit sur chaque âne sa prédestinée et qu'elle devienne juive ou chrétienne ou musulmane ou polythéiste ou athée. Où est-ce l'avidité et l'éloignement des enseignements divins ?

Ces infidèles ont certainement oubliés Dieu, c'est pourquoi Dieu leur a fait oublier leur propre personne."

Mon esprit n'accepte pas la prédestination, qui impliquerait que Dieu aurait prescrit le sort fatal de l'homme. Or, j'ai plutôt un penchant ou presque une certitude que Dieu nous a crée et nous a guidé et nous a inspiré la responsabilité du libre choix, Il nous a envoyé Ses Messagers pour nous éclairer le chemin et nous montrer la vérité de l'erreur. Mais l'homme a Succombé à la tentation de la vie futile, avec son arrogance, son égoïsme, son ignorance et sa curiosité, avec son injustice et sa tyrannie. Il a dévié du droit chemin et a suivit le diable, et s'est éloigné de son Créateur, ainsi il s'est égaré de Sa voie, et Le Saint Coran a exprimé ceci brièvement de et la meilleur façon en disant :

"Dieu ne commet aucune injustice envers les gens, mais ce sont les gens qui sont injustes envers eux-mêmes " Younes, Verset 44.

"O ! Père Ibrahim, on ne peut rien reprocher aux juifs et aux chrétiens qui se sont opposés à la vérité par vanité; voilà la nation, que Dieu a sauvé par ton fils Mohammed, et la sortit des ténèbres vers la lumière, en faisant d'elle la meilleur nation suscité aux hommes, celle-là aussi, a déviée et s'est divisé en groupes qui s'accusent de blasphème.

Le Messager de Dieu les avait prévenus :" Il n'est pas permis à un musulman d'abandonner son prochain plus que trois jours."

Pourquoi cette nation s'est-elle divisé en plusieurs états belligérants, qui s'accusent de blasphème sans se connaître, et s'abandonnent les uns, les autres.

" O, père Ibrahim, qu'est-il arrivé à cette nation qui était la meilleure au monde et qui a commandée la terre de l'Est à l'Ouest, et introduit les peuples vers l'illumination, la connaissance et la civilisation.

Aujourd'hui elle est devenue la plus arriérée de toutes les nations et la plus humiliée. Ses terres ont été violées, ses peuples expulsés de leurs pays, ses lieux Saints occupés par les sionistes et elle est incapable de les libérer.

En visitant nos pays, on voit la pauvreté sordide, la famine, et les maladies, les terres sont arides par la négligence, et il y règne l'immoralité des mœurs. L’injustice et la tyrannie, le déclin technique et intellectuel, sans oublier la saleté qui est devenue la mauvaise de nos réputations.

Il suffit simplement de comparer les toilettes publiques en Europe avec les nôtres. Le voyageur ne peut accéder dans les toilettes, tellement sales, et manquent d'hygiène.

Pourtant Le Prophète nous a enseigné que : " La propreté est un signe de foi, et la saleté vient de Satan» !

Est-ce que la foi s'est réfugiée en Europe et Satan est venu s'abriter chez nous ?

Pourquoi les musulmans ont-ils peur de déclarer leur foi même chez eux, ils ne peuvent pas se laisser pousser une barbe ni porter un vêtement islamique, alors que les débauchés boivent de l'alcool et pratiquent l'adultère, et font des actions déshonorantes, les musulmans ne peuvent même pas les empêcher. Ils ne peuvent ni leur ordonner le bien, ni interdire le mal ?

En effet, j'ai été informé que dans quelques pays Islamiques, comme l'Égypte et le Maroc, les parents envoient leurs filles pour se prostituer à cause de leur pauvreté sordide.

" O, Dieu, pourquoi Tu T'es éloigné de cette nation et Tu l'a délaissé dans les ténèbres".

" Oh ! Pardonne-moi, mon Dieu, c'est elle qui s'est éloignée de Toi et a choisit le chemin du diable.

Avec Ta sagesse et Ta puissance Tu as dis :

"Celui qui se montre aveugle au rappel du Trés-Miséricordieux Nous lui suscitons un démon qui devient son compagnon inséparable." Azzoukhrouf, Verset 36.

Tu as dis aussi :

"Mohammed n'est qu'un Messager avant lequel les Messagers sont déjà passés. Est-ce que, s'il meurt ou s'il est tué, vous tomberiez dans l'apostasie ? Celui qui tombe dans l'apostasie ne nuira jamais en rien à Dieu et Dieu récompensera ceux qui rendent grâce." Aal-Omran, Verset 144.

Il n'y a pas de doute que la détérioration de la nation Islamique, la dégradation à un niveau si bas et le déclin moral et social qu'elle a subit, est une preuve irréfutable de sa déviation du droit chemin.

Il n'y a pas de doute aussi que la minorité qui présente un seul groupe, d'entre soixante - treize ne peut changer a elle seule la conduite de toute la Nation.

Le Messager de Dieu (que la paix soit sur lui) a dit :

"Si vous n'ordonnez pas le bien et vous ne réfutez pas le mal, les malfaisants présideront à votre destinée, ainsi vos invocations ne seront jamais exaucées."

"Seigneur ! Nous avons cru en ce que Tu as fait descendre et nous avons suivi le Messager, inscris-nous donc parmi les témoins" !

"Seigneur ! N’écarte pas nos cœurs du droit chemin après nous y avoir guidés et Fais-nous de Ta part une grâce, c'est Toi certainement le dispensateur des dons".

"Seigneur ! Nous avons été injustes avec nous-mêmes et si Tu ne nous accorde pas Ta grâce et Ta miséricorde, nous seront certainement parmi les perdants."

Je me suis dirigé par la suite vers Médine "El-Mounawara" portant avec moi une lettre de mon ami Béchir à l'un de ses proche parents pour que je puisse habiter chez lui pendant mon séjour à Médine, ce dernier m'a accueillit chaleureusement chez lui .

Dès mon arrivée, je me lavais, me parfumais et mis mes meilleurs vêtements, je me rendais à la Mosquée du Messager de Dieu.

Les visiteurs n'étaient pas nombreux par rapport à la saison du pèlerinage. J'ai pu m'arrêter devant la tombe du Prophète et celle de Abou Baker et Omar, ce que je ne pouvais faire pendant le pèlerinage à cause de la foule. J'essayais vainement de toucher l'une des portes, mais j'ai été réprimandé par l'un des gardiens, car il y avait une sentinelle devant chaque porte.

Lorsque je suis resté un long moment pour l'invocation et les salutations qui m'ont été recommandées par mes amis, l'un des gardiens m'a ordonné de quitter les lieux, j'ai essayé de parler avec l'un d'eux mais en vain.

Je m'installais dans la sainte "Raoudha" où je lisais quelques chapitres du Coran, l'imagination m'a laissée croire que le Saint Prophète m’écoutait, et pour cela j'améliorais ma récitation de mieux en mieux, je me disais "Est-ce possible que le Messager de Dieu soit mort comme toute personne, et si c'est ainsi pourquoi nous faisons nos prières comme s'il était interlocuteur en disant : "Que la paix soit sur Toi, ô Prophète".

Si les musulmans croient que le Saint "AI-Khidr" n'est pas mort et qu'il échange les salutations avec ceux qui le saluent, et si les maîtres de l'ordre Soufis croient que leurs "Cheikhs" tel que Ahmed Tijani ou Abdelkader-Jilani viennent les voir ouvertement et réellement, alors pourquoi refuser cela à l'égard du Messager de Dieu qui est la perfection de toutes les créatures.

Mais ce qui me rassure : c'est que tous les musulmans n'oublient pas les nobles pensées dues au Prophète, il n'y a que les Wahhabites (desquels je commence à m'éloigner, à cause de leurs idées et de leur rudesse des mœurs et leur grossièreté de caractère vis à vis des musulmans) qui se sont écartés de cet hommage.

J'ai visité le cimetière de "AI-baky" je lisais la "Fatiha" sur les âmes de Ahl-Al-Beyt. Un vieillard était près de moi, il pleurait de tout cœur, j'ai compris qu'il était Chi'ite. Il s'orientait vers la Mecque et commençait à faire la prière, et voilà qu'un soldat survint - à croire qu'il surveillait ses mouvements - et le frappa avec ses chaussures alors qu'il était en prosternation. Le coup était tellement brutal que le vieillard s'est renversé sur le dos, inconscient, inerte pendant quelques minutes, le soldat ne s'arrêtait pas de le frapper et de l'insulter.

J'ai eu tant de pitié polir ce vieillard que je croyais mort, que j'ai crié en disant au soldat :" C'est interdit, pourquoi l'as-tu frappé pendant qu'il priait ?"

Il m'a réprimandé en criant : "Occupe toi de tes affaires, sinon tu auras le même sort."

J'ai vu le mal dans ses yeux, alors j'ai essayé de l'éviter, j'étais furieux contre lui et contre moi-même, car j'étais incapable de défendre cet homme qui a été humilié devant mes yeux.

J'en voulais aussi aux Saoudiens qui traitaient les Pèlerins ainsi, (auxquels on se doit guide et respect) sans que nul ne les empêchent. Quelques visiteurs ont assisté à toute la scène, les uns ont désapprouvés, les autres ont dit :" Il mérite cela parce qu'il prie autour des tombeaux, ce qui est illicite."

Je ne pouvais me contrôler en écoutant ces propos, je disais "Qui est ce qui vous a dit que la prière autour des tombeaux est illicite.» ?

Il répondit : "Le Messager de Dieu l'a interdit ! "

J'ai dis alors sans réfléchir :" vous mentez le Prophète ne l'a pas interdit."

Mais par crainte qu'ils se tournent contre moi et qu'ils appellent le soldat pour me punir, j'ai changé de ton et j'ai dis aimablement

"Si le Messager de Dieu l'avait interdit, pourquoi donc des millions de pèlerins désobéissent à son ordre et viennent faire leurs prières autour de sa tombe et celles d'Abou Baker et Omar, ils pratiquent ainsi un acte illicite dans la sainte Mosquée du Prophète lui-même et partout dans le Monde islamique ! Supposons que les prières autour des tombes soient un acte illicite, est-ce avec cette brutalité qu'on peut la corriger ? Ou avec douceur et politesse ?

Permettez moi de vous raconter l'histoire du Bédouin qui est venu uriner dans la mosquée du Prophète, en sa présence et celle de ses compagnons sans crainte ni honte, quelques uns se levèrent et dégainaient leurs épées pour le tuer, mais le Messager de Dieu leur a interdit de le toucher et a dit :

"Laissez-le finir, et versez de l'eau sur son urine pour nettoyer l'endroit, vous êtes appelé à faciliter les choses et non pas les rendre difficiles, vous êtes appelé à prêcher la bonne nouvelle et non pas à la désavouer".

Les compagnons ont obéi à son ordre, le Messager de Dieu a appelé le Bédouin, l'a fait asseoir à son coté, lui a parlé aimablement et lui expliqua que la Mosquée est u Dieu, qu'il ne faut jamais la souiller. Le Bédouin s'est converti à l'Islam et on le voyait venir à la Mosquée désormais avec les vêtements les plus propres.

Dieu a dit à Son Messager :

"C'est par un effet de grâce de Dieu que tu te montrera doux à leur égard. Si tu étais un rustre au cœur dur, ils se seraient dispersés loin de toi." Aal-Omran, Verset 159.

En écoutant cette histoire quelques uns parmi eux ont été profondément touchés, l'un d'entre eux m'a pris à part et m'a demandé d'où je venais ? J'ai dit : "de Tunisie", il me salua chaleureusement et dit :" O. frère par Dieu, je te prie de faire attention et de ne pas dire de telles choses ici, je te le conseille pour l'amour de Dieu.»

Je devenais de plus en plus méfiant et hostile à ceux qui prétendent être les défenseurs des lieux saints et qui traitent les hôtes de Dieu (Les pèlerins) avec autant d'arrogance.

Personne ne peut alors les contrarier en exprimant son opinion, ou en rapportant des Traditions Prophétiques qui ne correspondent pas a ce qu'ils éprouvent.

Je retournais à la maison de mon nouvel ami, dont j'ignorais le nom. Il m'a apporté le dîner et il s'est mis devant moi, je lui ai alors raconté toute mon histoire, après quoi j'ai dis : "Frère, je te dis en toute franchise que je commence à rejeter Le Wahhabisme et à sympathiser avec le Chiisme". A mes propos son visage pâlit, et me dit : "Gare à toi, si tu répètes cela une deuxième fois".

Et il est parti en m'abandonnant seul, sans manger avec moi. Je l'ai attendu longuement jusqu'au sommeil.

Quand je me suis réveillé à l'aube sur l'appel du "Mouazzen" de la mosquée du Prophète, j'ai remarqué que le dîner était intact à sa place. J'ai compris finalement que mon hôte n'était jamais revenu, et j'ai eu peur qu'il soit un membre des services de renseignements, j'ai quitté alors aussi rapidement la maison.

J'ai passé toute la journée à faire les prières et les invocations dans la Mosquée du Prophète, je ne sortais que pour les besoins naturels et les ablutions.

Après la prière de l'après-midi, j'ai assisté à un discours prononcé par un orateur entouré d'un groupe de musulmans.

J'ai appris qu'il était le "Kadhi" de la Médine, je l'écoutais pendant qu'il interprétait quelques versets Coraniques.

Quand il a achevé son discours et voulu sortir, je l'ai suivi et lui ai demandé l'interprétation du verset qui dit :

" Dieu ne veut que vous débarrasser de toute souillure. O. gens de la maison, et veut vous purifier parfaitement". AI Ahzab, Verset 33.

Je lui ai demandé plus précisément quels sont les gens de la maison désignés par ce verset. Il répondit rapidement : " Ce sont les épouses du Prophète car le commencement du verset disait :

"O. femmes du Prophète ! Vous n'êtes pas comme le commun des femmes si vous êtes pieuses..."

Je lui ai dit que les Savants Chi'ites prétendent, que Dieu vise uniquement Mohammed, Ali, Fatima, Hassan et Hussein; et bien sûr que je me suis opposé à leur interprétation en expliquant que le début du verset parlait des femmes du Prophète, Ils m'ont répondu : "Lorsque le verset parlait des femmes, la forme grammaticale était au sens féminin tel que : "Lastounna", "Ittakaytounna", "Takhdhaana", "Wakarna fi bouyoutikounna".

"Mais lorsque Dieu spécifie "Ahl-Al-Beyt" la forme grammaticale est devenue masculine, Il dit :

"Youdh'hiba Ankoum", "Wa youtahhiroukoum".

Le Kadhi enleva ses lunettes, il me fixa, en disant : "Méfie-toi de ces idées empoisonnées, car les Chi'ites interprètent le Coran selon leurs désirs. Ils ont aussi des versets concernant Ali et ses fils que nous ignorons, ils ont même un Coran spécial qu'ils appellent "Moushaf-Fatima", je t'avertis donc de peur qu'ils ne te trompent.

Je lui ai dit :" N'ayez pas peur Monsieur, je suis à mes gardes à leur égard, je connais beaucoup de choses sur eux, mais je voulais me rassurais.

Il dit :" d'où es tu ?'

J'ai dit :" de Tunisie" !

Il dit :" comment t'appelles-tu ?"

J'ai dit " Tijani !"

Il rit avec ironie et dit :" Sais-tu, qui était Ahmed Tijani ?"

J'ai dit :" c'est le Cheikh de l'ordre Soufi, des Tijaniya !"

Il dit :" Il était un agent des forces coloniales françaises, et la colonisation française s'est établie en Algérie et en Tunisie grâce à son aide; si tu visites Paris, tu peux lire toi-même à la bibliothèque nationale, dans le dictionnaire français chapitre A, tu verras que la France lui a donné une Médaille de la légion d'honneur parce qu'il leur a rendu des services inestimables."

Je fus très impressionné par ce qu'il m'a dit, et je le remerciais en faisant mes adieux.

Je suis resté toute une semaine à Médine. Où j'ai fais les quarante prières, j'ai visité tous les lieux sacrés.

Durant mon séjour, j'observais très attentivement ce qui se passait et je devins de plus en plus hostile et opposé au Wahhabisme.

J'ai quitté Médine pour me rendre en Jordanie, où j'ai rencontré quelques amis, que j'ai connu au congrès précédant.

Durant mon séjour avec eux, j'ai remarqué qu'ils éprouvaient une haine violente contre les Chi'ites, encore plus qu'en Tunisie.

Ils racontent les mêmes histoires et les mêmes rumeurs, et à chaque fois que je leur demandais une preuve, ils répondaient : "On entend parler « ! Il n'y avait pas un seul d'entre eux qui ait eut un contact direct avec les Chi'ites, ou quelqu'un qui ait lu un livre écrit par les Chi'ites, ou même qui ait rencontré un seul Chi'ite durant sa vie.

Je suis allé ensuite en Syrie, et à Damas j'ai visité la Mosquée des Omeyyades, prés de laquelle se trouve le Mausolée de la tête de l'Imam Hussein. J'ai visité aussi la tombe de Salaheddine Al-Ayoubi et Saîda Zaïnab (Fille de Fatima-Ezzahra).

De Beyrouth j'ai pris le bateau qui va directement à Tripoli (Libye). Le voyage a duré quatre jours.

Dans mon esprit défilait le film du voyage qui touchait a sa fin, j'ai conclu au fait; que je commençais à éprouver beaucoup de respect et de sympathie à l'égard des Chi'ites et en même temps de l'hostilité à l'égard des Wahhabites car j'ai connu leurs intrigues.

J'adressais des louanges à Dieu pour tout ce qu'Il m'avait prodigué durant ce voyage, pour qu'Il me guide aussi sur la bonne voie, et le chemin de la vérité !

Je suis arrivé chez moi, dans ma patrie, si impatient de rencontrer ma famille et mes amis, Qui étaient tous en bonne santé. J'étais surpris en rentrant dans ma maison, de trouver la chambre pleine de livres, déjà arrivés avant moi, dont je connaissais évidemment l'origine.

En ouvrant les colis de livres; mon respect et ma gratitude furent augmentés à l'égard de ceux qui ont tenu promesse. Je trouvais là encore plus de livres que prévus.

COMMENCEMENT DE LA RECHERCHE

J'étais très content d'avoir reçu ces livres que j'avais arrangé dans une pièce spéciale que j'ai appelé la bibliothèque de Ahl-Al-Beyt".

Après quelques jours de repos, j'ai reçu mon emploi du temps de l'année scolaire en cours, mon travail était de trois jours consécutifs, avec quatre jours consécutifs de repos par semaine.

Je commençais la lecture des livres : "les croyances de l'Imamiya" et aussi "l'origine du chiisme et ses principes".

Ma conscience était alors en repos avec les idées des Chi’ites.

Ensuite j'ai lu "AI-Mourajaat" (Les correspondances) de Sayed Charaffeddine Moussaoui

J'étais attiré par ce livre dès les premières pages, je n'arrivais plus à le quitter, je le prenais avec moi au Lycée. En effet J'étais très surpris de la clarté et de la franchise du Savant Chi'ite qui a résolu tous les problèmes posés pat' le Savant Sunnite : Le Cheikh d'Al Azhar (L'université Égyptienne de Théologie).

Dans ce livre j'ai trouvé mon but, car il n'était pas comme n'importe quel autre livre.

"AI-Mourajaat" s'agit d'un dialogue entre deux grands Savants de Sectes (appartenant à deux écoles différentes chacun d'entre eux examine bien et critique les dires de l'autre et ne laisse échapper aucun sujet. Ils se basent sur les deux références essentielles de tous les musulmans à savoir le Coran et la Sunna véridique approuvée par les Sunnites.

Le livre présentait en réalité mon rôle de chercheur qui désire atteindre la vérité et l'accepter d'où qu'elle vienne. C'était pour Moi une référence exemplaire et non négligeable.

Ce qui m'a étonné le plus c'est de découvrir la désobéissance des compagnons et leur refus d'exécuter les ordres du Messager de Dieu.

Il donnait pour cela plusieurs exemples parmi lesquels; "Razîat Yaoum Al-Khamis (Calamité du jeudi) car je ne pouvais imaginer que notre maître; Omar Ibn AI-Khattab, s'oppose à l'ordre du Prophète et l'accuse de délire, j'ai cru au début que cette histoire n'existait seulement que dans les livres des Chi'ites.

Mon étonnement et ma perplexité furent encore augmentés, lorsque j'ai lu que le Savant Chi'ite rapportait cette histoire de -Sahib Al-Boukhari" et "Shah Mouslim". .

A ce moment là je me suis dis que si je la retrouvais effectivement dans " Sahih AI-Boukhari", je me ferais alors d'autres opinions.

Pour cela je me suis rendu à la Capitale, où j'ai pu acheter : -Sahib AIBoukhari", "Sahih Mouslim" et "Mouatta L'Imam Malek" ainsi que plusieurs autres Ouvrages célèbres.

J'étais impatient de pouvoir les lires tous, je feuilletais alors "Sahih AIBoukhari" dans le bus durant le voyage entre Tunis et Gafsa. Je cherchais "la calamité du jeudi" en espérant ne pas la retrouver, mais malgré moi, elle y était, je l'ai lu maintes et maintes fois. L'histoire était exactement comme l'avait rapporté Sayed Charaffeddine, j'ai essayé de nier entièrement cet incident, car je ne pouvais croire que notre maître Omar puisse jouer un rôle aussi dangereux.

Mais comment pourrais-je dénier ce qui a été mentionné dans nos livres authentiques, qui sont les "Sihahs des Sunnites" auxquels nous croyons fermement ?

Si nous en doutons, ou nous en dénions une partie, cela signifie leur rejet, ce qui implique l'abondance de toutes nos croyances.

Cependant si les Savants Chi'ites se référaient à leurs livres, je ne les aurais jamais cru, mais tant qu'ils se réfèrent aux livres authentiques des Sunnites ! cela nous ne pouvons le défier. Puisque nous considérons que ces livres sont les plus véridiques après le livre de Dieu. J'étais là face à une évidence, obligé d'accepter ces vérités.

Si nous doutons de ces livres cela veut dire qu'il ne nous reste plus de lois islamiques. Car les lois et les règles mentionnées dans le livre de Dieu; sont des concepts généraux, qui sont détaillés dans ces Ouvrages dont le récit est attribué au Prophète.

Comme je me plongeais dans cette recherche si longue et aussi difficile, je me suis promis de me référer uniquement aux traditions (les Hadiths du Prophète) qui sont acceptées par les Sunnites aussi bien que par les Chi'ites, et de rejeter toutes les traditions exclusivement mentionnées par un groupe ou par l'autre.

C'est avec cette méthode que je pouvais m'éloigner de toutes influences émotionnelles, du fanatisme sectaire, et des tendances nationalistes, en même temps je traverserais le chemin du doute pour arriver à la certitude qui est la bonne Voie de Dieu.

DÉBUT DE LA RECHERCHE APPROFONDIE

LES COMPAGNONS DU PROPHÈTE VU PAR LES CHI'ITES ET LES SUNNITES

La recherche la plus importante me semblait être l'étude de la biographie des Compagnons du Prophète, leurs actions, leurs croyances parce qu'ils étaient la base de toute notre histoire, et par leur intermédiaire l'Islam s'est développé.

D'ailleurs plusieurs Savants musulmans convaincus de cette réalité, nous ont devancés et ont mené des recherches dans la biographie des Compagnons, plusieurs livres ont été compilés sur ce sujet tel que : "Ousoud alghaba" et "Al-issabâ" et "Mizan-al-itidal" et d'autres livres qui ont parlé de la vie des Compagnons avec force d'analyses et de critiques, mais de point de vue des Sunnites uniquement.

Mais le problème se résume en deux mots : les premiers Savants et historiens écrivaient généralement ce qui plaisait et coïncidait avec les opinions des gouverneurs "Omeyyades" et "Abbassides" qui étaient connus par leur hostilité et leur opposition à "Ahl-al-beyt" (la descendance du Prophète) et à leurs partisans. Donc pour cela, il n'est pas juste de se baser uniquement sur leurs propos et analyses en délaissant ceux des autres Savants musulmans qui ont été persécutés, pourchassés et assassinés par ces gouvernements, tout simplement parce qu'ils étaient les partisans et les fidèles de "Ahl-al-beyt". Ils étaient la cause des révolutions contre les oppresseurs et les autorités déviées.

Le problème principal fût avec les Compagnons du Prophète eux mêmes, car ils n'étaient pas d'accord avec le désir du Messager d'Allah, celui de leur écrire et assurer la bonne voie jusqu'au jour du jugement.

Ce désaccord a privé la Nation Islamique d'une vertu unique, l'a jeté dans les ténèbres et l'a divisé en plusieurs groupes tombants dans les querelles intestines, ainsi leurs forces furent dissipées.

Ceux qui n'étaient pas d'accord sur la khilafa (succession du Prophète), se sont divisés entre un parti régnant et un parti opposant à ce pouvoir, cette division s'est aggravée par la suite lorsque la communauté s'est partagée entre les partisans de Ali et les partisans de Mouawya.

C'était eux qui ont introduit la discorde sur l'interprétation du Livre Sacré d'Allah (le Coran) et sur les Hadiths de Son Messager, ceci a donc conduit des croyances variées, de groupes et de sous-groupes.

De tout cela on a vu naître plusieurs écoles théologiques et philosophiques, et différentes tendances de pensées inspirées par les ambitions politiques dont le seul but était : obtenir le pouvoir.

Les Musulmans ne se seraient pas divisés s'ils n'avaient été devancés par les Compagnons. En effet, il n'y a qu'un seul Dieu et qu'un seul Coran, et un seul Prophète et une seule "Kiblâ', tous étaient d'accord sur ce point, mais le désaccord entre les Compagnons commença le premier jour après la mort du Messager, dans la "Sakifa de Bani Sayda", et ceci a continué jusqu'à nos jours, et cela continuera sans doute encore longtemps.

D'après mes discussions avec les Savants Chi'ites, j'ai compris que selon eux les Compagnons du Prophète étaient divisés en trois catégories.

La première catégorie comprenant les bons Compagnons qui connaissaient Allah et Son Messager et ont acclamé le Prophète jusqu'au dernier moment de leur vie. Ils étaient vraiment ses amis en paroles et en actions, ils ne l'ont jamais abandonné ; toujours à ses côtés, ils lui sont restés fidèles après sa mort. Dieu le Tout-Puissant les a alors honorés et loué en plusieurs versets de son Saint Livre, ainsi ils étaient bénis également par le Messager de Dieu au cours de plusieurs occasions.

Ce groupe de Compagnons est mentionné par les Chi'ites avec beaucoup de révérences et de respect, ainsi que par les Sunnites.

La deuxième catégorie comprend les Compagnons qui ont embrassé l'Islam et ont suivi le Messager d'Allah par ambition ou par crainte. Ils ont toujours montré leur gratitude au Messager d'Allah, cependant, ils ont tout de même heurté le Messager d'Allah en quelques occasions. Ils n'ont pas toujours suivi ses ordres, ils l'ont même défié et défié les textes clairs du Coran. Aussi, ils ont été avertis par le Messager d'Allah dans plusieurs de ses "Hadiths". Dès lors, Dieu lui-même les a blâmés et démasqué dans divers versets Coraniques en les menaçant.

Cette catégorie de Compagnons est mentionnée par les Chi'ites, seulement pour leurs actes et actions, sans respect ni révérence.

La troisième catégorie de Compagnons, regroupe les hypocrites qui ont accompagné le Messager de Dieu pour le décevoir, ils ont prétendu être musulmans mais insidieusement ils étaient portés aux blasphèmes et déçurent l'Islam et les Musulmans. Allah, pour les dévoiler, a révélé toute une Sourate qui s'appelle : "Sourate AI-Mounafikoun", avertissant ainsi de leurs noms et caractères. Cette catégorie est maudite par les Sunnites et les Chi'ites.

Il y a cependant une autre troupe spécifique de Compagnons qui se sont distingués des autres comme étant les proches parents du Prophète, et ayant été bénis par Dieu et Son Messager. Ils ont eut une vie morale et exemplaire, des vertus spirituelles et des distinctions personnelles qui leur sont reconnues par Allah et Son Prophète. Ces gens sont : Ahl-al-beyt (lu descendance du Prophète) que Dieu a purifié et nous a ordonné de bénir, comme nous le faisons pour le Messager lui-même. II a rendu obligatoire de leur donner le "khoums" (le cinquième de nos épargnes), tout musulman doit les aimer en quitte de récompense du Message Divin.

Ils sont nos Leaders et nous devons leur obéir. Ce sont les gens experts dans la connaissance, ils connaissent l'interprétation du Coran et connaissent aussi bien ses versets décisifs que ses versets allégoriques. Ce sont "Ahlou adhikr" que le Messager de Dieu a mis à pied d'égalité avec le Coran. Ainsi dans sa tradition connue par "Hadith Atthakalain" (les deux legs de grands poids), Il nous a ordonné de les suivre. Il les a comparé à l'Arche de Noé : "Quiconque la rejoint sera sauvé et quiconque s'en éloigne sera noyé".

Tous les Compagnons connaissaient la position de "Ahl-Al-beyt", ils les vénéraient et les respectaient, les Chi'ites les suivent et les placent au-dessus de tous les Compagnons et pour prouver cela ils disposent de textes clairs et preuves irréfutables.

Les Sunnites respectent et vénèrent également "Ahl-AL-beyt", mais n'acceptent pas la classification susmentionnée et ne considèrent pas les hypocrites parmi les Compagnons. Ils considèrent plutôt que les Compagnons du Prophète sont les meilleurs des gens après le Messager de Dieu ; s'ils classifiaient les Compagnons, se serait selon leur ancienneté dans l'Islam et le service qu'ils lui ont rendu, pour cela ils mettent les quatre Khalifes orthodoxes en première place, viennent ensuite les six autres Compagnons parmi les dix auxquels le paradis fût promis d'après eux. De ce tait lorsqu'ils prient et bénissent le Prophète et sa Descendance, ils ajoutent tous les Compagnons sans exception.

Je cite ceci d'après mes connaissances des Savants Sunnites et d'après ce que j'ai entendu des Savants Chi'ites concernant la classification des Compagnons, cela m'a donc obligé à commencer une étude détaillée et approfondie sur la question des Compagnons.

Je promis à Dieu s'il me guide sur la bonne voie, de me débarrasser de tous préjugés émotionnels, d'être neutre et objectif, d'écouter ce que disaient les deux partis et de ne suivre ensuite que le meilleur : basant mes conclusions sur deux preuves

- Premièrement : une démarche logique et saine, c'est-à-dire, je me baserai seulement sur ce qui fait l'accord des deux partis surtout en ce qui concerne l'interprétation Coranique et la tradition correcte du Prophète.

- Deuxièmement : la raison. Car elle est le plus grand don que Dieu a prodigué à l'homme, grâce à elle, celui-ci a été honoré et distingué de Dieu du reste de Sa création. Ainsi lorsqu'Il proteste contre Ses adorateurs, Il leur demande de faire usage de leur raison du meilleur qu'ils puissent. Il a dit : "Ne comprennent-ils pas...? Ne raisonnent-ils pas...? Ne voient-ils pas...?" Etc.

Que mon Islam voit la foi en Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Messager. Mahomet est Son serviteur et Messager, la religion d'Allah n'est que l'Islam (la soumission).

Je ne ferai jamais dépendre ma position sur un Compagnon de sa relation avec le Prophète, car je ne suis ni Omeyyade, ni Abbasside, ni Fatimide. Je ne nuis pas non plus, ni Sunnite ni Chi'ite et je n'ai aucune animosité préconçue contre Abou-Bakr ou Omar, ou Othman ou Ali., même pas contre "Wahchi" l'assassin de Hamza, car il devint musulman, l'Islam bannit tout le passé si le repentir et le pardon sont intervenus.

Comme je me suis engagé dans cette attitude de recherche afin de connaître la vérité, et comme je me suis débarrassé sincèrement de toutes les croyances périmées, je décidais de commencer cette recherche avec la Grâce de Dieu, sur tous les Compagnons et leurs attitudes.

LES COMPAGNONS ET LE TRAITE D'AL-HOUDAIBYA

Pendant la sixième année après "l'Hijra" (l'émigration) du Prophète de la Mecque vers Médine, le Messager de Dieu avec mille quatre cent de ses Compagnons marchaient en direction de la Mecque pour accomplir le Petit Pèlerinage (AI-Omra), ils ont campé à "Dhou-Al-halifa". Le Prophète a ordonné à ses Compagnons de quitter leurs armes et de porter les habits blancs (Al Ihram), notamment de marquer les moutons et les chameaux qui sont destinés aux sacrifices ; tout cela afin que les Koraïchites (les Mecquois) sachent qu'ils ne sont pas venus pour la guerre, mais en tant que visiteurs des Lieux Saints. Malgré cela, les Mecquois étaient enfermés dans leur arrogance et craignaient de voir leur fierté blessée face aux autres tribus arabes. Ils ont donc envoyé une délégation dirigée par "Souheil ibn air-al-amiri" afin de demander au Prophète de faire demi-tour pour cette année ; en revanche, ils pourraient venir l'année suivante durant trois jours. Il posa alors des conditions difficiles qui ont été accepté par le Messager d'Allah, car les circonstances l'exigeaient et cela lui avait été révélé par Dieu.

Toutefois, quelques uns des Compagnons n'ont pas accepté l'attitude du Prophète, et ont montré une forte opposition, "Omar ibn El khattab" vint même lui dire : "Est-tu vraiment le messager d'Allah ?"

Le Prophète répondit : "Oui, je le suis !»

Omar demanda :"N'avons-nous pas raison.

Nos ennemis n'ont-ils pas tort ?"

Le Prophète répondit : "Oui".

Omar dit alors : 'Pourquoi faisons-nous une disgrâce Envers notre religion ?"

Le prophète : "Je suis le Messager d'Allah, je ne lui Désobéirai jamais, Il est mon Soutien !»

Omar : "Ne nous as-tu pas dis que nous allons entrer Dans la maison de Dieu et tourner autour de la Kaaba ?

Le Prophète :"Oui, mais est-ce que j'ai dis que cela se ferait cette année? "

Omar : "Non".

Le Prophète dit : "Alors tu vas certainement y venir et tourner autour de la Kaaba".

Omar se dirigea vers Abou-bakr et demanda "N'est-il pas le Prophète de Dieu ?". II répondit : "Oui !»

Omar demanda à Abou-bakr les mêmes questions qu'il a posées au Prophète, et Abou-bakr fit les mêmes réponses. Ce dernier ajouta : "Il est vraiment le Messager d'Allah, et il ne lui désobéira pas, Dieu est son Soutien. Sois fidèle envers lui !".

Lorsque le Prophète a signé le traité, il ordonna à ses Compagnons d'égorger les bêtes pour le sacrifice, et de se raser la tête. Mais aucun d'entre eux ne le fit, bien que le Prophète le répète trois fois. Et vu que personne ne lui a obéit, le Prophète entra dans sa tente puis ressorti et ne parla à personne. Il égorgea sa bête et demanda à son barbier de lui raser la tête. A ce moment, ils se levèrent, égorgèrent leurs bêtes, et se rasèrent les uns les autres.

Ceci est un résumé du traité "d'AI-Houdaîbya" tel qu'il est mentionné chez les Savants Sunnites et Chi'ites, ainsi que tous les historiens et les gens de la "Sira" (ceux qui rapportent le mode de vie du Prophète), comme Tabari, Ibn athir et Ibn Saad. Et bien d'autres tel que Boukhari et Mouslim.

J'ai du m'arrêter à ce passage, car il m'était impossible de lire de telles choses sans ressentir un choc et de l'étonnement à l'égard des Compagnons et de leur comportement vis-à-vis du Prophète. Aucun homme sensé ne peut plus prétendre que les Compagnons acceptaient corps et âmes les ordres et enseignements du Prophète ; car l'histoire d'Al-houdaîbya le contredit.

Peut-on accepter sans s'interroger le comportement de ces Compagnons ?

Dieu dit :

"Non, par le Seigneur, ils ne seront de vrais croyants qu'autant qu'ils te soumettront leurs différents, accepteront sans rancœur ta sentence et s'y soumettront entièrement." Les femmes 65.

Dans l'histoire d'AI-Houdaîbya, Omar Ibn AI-Khattab s'était opposé directement au Prophète et ne s'était point soumit à lui. Au contraire, il avait entamé une querelle en mettant en cause sa qualité de Messager d'Allah.

S'était-il soumit après les réponses convaincantes du Prophète ?

Pas du tout ! Car il a posé les mêmes questions à Abou Baker, mais ni les réponses du Prophète ni celles d'Abou Baker ne l'ont convaincu.

Dieu Seul et Son Messager Savaient ce que Omar avait fait, bien qu'on ne trouve aucune explication au refus des autres Compagnons à se soumettre aux ordres du Prophète. Aucun d'entre eux ne l'avait écouté, malgré qu'il ait insisté trois fois.

Par Dieu ! Je n'arrive pas à croire ce que je lis !

Les ordres du Prophète peuvent-ils être négligés à ce point par ses Compagnons ?

J'aurais pu rejeter cette histoire si elle avait été rapportée par les Chi'ites, en les accusant de détester les Compagnons du Prophète. Mais cette histoire est tellement avérée que tous les Savants Sunnites l'ont aussi rapporté.

Dès le début de ma recherche, je m'étais engagé à accepter tous ce qui était unanime, je me trouvais donc obligé d'accepter cette histoire.

Que dois-je dire ‘ ? Comment excuser ces Compagnons qui ont vécus une vingtaine d'années avec le Messager d'Allah en constatant les miracles, en écoutant les Paroles Divines nuit et jour, en apprenant comment s'adresser au Messager d'Allah avec beaucoup de respect. Dieu les a menacé de dissiper le bénéfice de leurs oeuvres s'ils élevaient le ton pour couvrir la voix du Prophète.

Il n'est pas loin de croire que c'est Omar Ibn AI-Khattab, ou tout au moins son attitude à l’égard du Prophète, qui a encouragé les autres à montrer leur refus et leur hésitation vis à vis des ordres du Messager d'Allah.

Surtout que ce dernier reconnaîtra plus tard avoir fait des "choses" qu'il ne voudra pas décrire, mais dans d'autres textes il dit : "Je ne cesse de jeûner, de prier et de donner l'aumône. Puisse Dieu me pardonner ce que j'ai dis (1) ". Ce qui laisse à croire que Omar lui-même savait la gravité de son attitude ce jour-là. C'est une histoire vraiment étonnante, mais véridique.

1.    Assira Al Halabia Soulh al-Houdaibya Volume2 Page 706

LES COMPAGNONS ET LA CALAMITÉ DU JEUDI

L'histoire raconte que les Compagnons étaient regroupés dans la chambre du Messager d'Allah, trois jours avant sa mort. Il leur demanda de lui apporter de quoi écrire un message protecteur qui évitera leur égarement.

Mais les Compagnons se sont divisés, quelques uns ont désobéi à son ordre en prétendant qu'il divaguait.

En écoutant leur propos, le Prophète s'était fâché, il les a chassé de chez lui sans rien écrire.

En voici quelques détails

Ibn Abbas raconte : "C'était un jeudi, et quel jeudi ! Le Messager d'Allah était très malade, il déclara : "Approchez-vous, Je veux vous écrire un message qui vous protégera de l'égarement et de la déviation." Omar a dit : "Le Prophète est trop souffrant et il nous suffit de lire le Coran, le Livre de Dieu !".

Les Compagnons se divisèrent en grandes querelles. Les uns disaient "Qu'il nous écrive son message qui évitera l’égarement !" D'autres se rangeaient aux côtés de Omar.

Lorsque leurs voix s'élevèrent du fait de leurs querelles et leurs divergences, le Prophète dit : "Allez-vous en ! Sortez de chez moi".

Ibn Abbas qui rapportait cette histoire, pleurait et disait : "La plus grande calamité et le plus grand malheur se sont produits ce jour-là, car le Prophète a été empêché d'écrire ce qu'il voulait". (1).

Cet événement est certain et ne recèle aucun doute, puisque tous les Savants et historiens Chi'ites et Sunnites l'ont rapporté, donc je dois l'accepter. Mais toujours avec étonnement, et une fois de plus, je n'arrive pas à comprendre l'attitude d'Omar Ibn Al-Khattab à l'égard des ordres prophétiques ? Et de quel ordre s’agit-il ? Un ordre qui protège toute la communauté musulmane de l'erreur et de la déviation.

Ce message devait mentionner des prescriptions nouvelles aux musulmans pour dissiper leurs doutes.

Laissons de côté ce que rapportent les Chi'ites : "Le Messager d'Allah voulait confirmer son successeur en écrivant le nom de Ali, et Omar pressentant cela, l'en aurait empêché"

Ils ne peuvent nous convaincre par leur interprétation inacceptable pour le moment.

Mais trouve-t-on une explication valable à cet événement amer qui a mit le Messager d'Allah en colère au point qu'il chassa les Compagnons de chez lui. Et au point qu'Ibn Abbas pleurait jusqu'à mouiller le gravier de ses larmes, rien qu'en se souvenant de ce jour qu'il appela "la grande calamité".

Les Sunnites qui ne peuvent démentir cette histoire disent : "Omar a eu pitié du Prophète qui souffrait de sa maladie et voulait qu'il se repose".

Cette interprétation est loin d'être juste. J'ai essayé moi même de trouver quelques excuses pour Omar, mais l'histoire ne me l'autorise pas : même en essayant de changer le terme "divaguant" par trop "souffrant", je n'arrive pas à innocenter les propos d'Omar.

Connaissait-il le Coran, plus que le Prophète lui-même ?

Où est-il vrai, que le Prophète ne savait plus, quoi dire (qu'il ne plaise à Dieu) ?

Ou bien, voulait-il, par cet appel, créer le désordre et la division entre eux, (que Dieu me pardonne, de cette idée) ?

Si Omar avait une bonne intention, comme le disent les Sunnites, cela ne pouvait être ignoré par le Messager de Dieu, qui aurait du le remercier et le bénir au lieu de le chasser en disant : "Allez vous-en, sortez de chez moi".

Puis-je demander, pourquoi, ont-ils accepté son ordre de quitter la maison, s'ils croyaient, que le Prophète délirait vraiment, par l'effet de sa maladie.

Mais en pensant seulement, qu'ils ont réussi leur Plan, en empêchant le Prophète d'écrire son Testament, il était donc inutile, par la suite, de rester chez lui.

Donc, l'affaire ne concerne pas Omar uniquement. Car si c'était le cas, le Prophète l'aurait convaincu, évidemment, que le Messager d'Allah ne pouvait pas divaguer, ni délirer, car il est l'Envoyé de Dieu, pour guider les hommes et les protéger de l'erreur.

Mais cette accusation contre le Prophète s'est propagée parmi les Compagnons, et y a trouvé un écho favorable. Il semble même qu'ils étaient d'accord d'avance, et c'est pourquoi, ils avaient crées le désordre en élevant leur voix et en négligeant le Verset Coranique qui dit :

"Croyants ! Ne couvez pas de votre voix celle du Prophète, et n'élevez pas le ton en lui parlant, comme vous le faites entre vous même; vous risqueriez d'y perdre tout le bénéfice de vos oeuvres à votre insu." Al Houjourat : 2

Mais dans cet événement, ils ont dépassé les limites, en se querellant devant le Prophète, et le prétendant délirant. Certes, la majorité écrasante était d'accord avec Omar, ainsi le Prophète a jugé inutile d'écrire son Message. Car si ses hommes n'ont pas respecté la Parole de Dieu, les incitant à ne plus élever la voix en sa présence, ils étaient loin de pouvoir respecter Son Messager.

Par Sagesse, le Messager de Dieu, a renoncé à l'écriture de son Testament, puisqu'il fut l'objet de discordes de son vivant, quelle valeur aurait eu, donc ce Testament après sa mort ?

Certainement, que les opposants, auraient prétendu que le Prophète délirait pendant l'écriture. Certains allaient-ils même, douter de ses commandements lors de sa maladie.

Que Dieu puisse me pardonner ces dires, mais comment pouvais-je convaincre ma conscience que Omar était innocent ? Alors que certains de ses amis présents avec lui, avaient compris la situation, et ont pleuré abondamment, en appelant cet événement : "La grande Calamité pour les Musulmans."

Pour cela, il m'était impossible d'accepter les interprétations présentées par les Sunnites, j'ai essayé par tous les moyens d'ignorer événement ou le démentir pour m'acquitter de cette tragédie, en vain, car tous les historiens l'ont rapporté et tous les Oulémas l'ont inscrit dans leurs ouvrages reconnus.

L'explication de cet événement avancée par les Chi'ites est plus convaincante, je n'oublierai pas la réponse de Sayed Mohamed Baker Sadr lorsque je lui dis : "Notre maître Omar était le plus intelligent de tous les Compagnons, puisque lui seul, avait compris que le Prophète voulait écrire le nom de Ali comme successeur légal, d'après votre thèse !"

Sayed Sadr a dit : "II n'était pas le seul à le savoir ; la plupart d'entre eux le savaient et l'avaient compris, puisque le Prophète avait déjà dit auparavant

"Je vais mourir, mais je laisse parmi vous le Coran et ma Itra (2) si vous les suivez, vous ne serez jamais égarés dans la déviation et l'égarement."

Trois jours avant sa mort il dit : "Je veux écrire un message qui vous évitera la déviation et l'égarement".

Omar ainsi que tous les Compagnons ont bien compris que le Messager d'Allah a bien voulu confirmer par écrit ce qu'il avait dit auparavant à Gadir Khoum, je cite : "Suivez le Coran et ma Itra". Et comme Ali était le maître de la Itra, cela signifie que Ali était le guide à suivre après moi, qui explique le Coran et la Sounna. Le Prophète l'avait mentionné à maintes reprises.

La plupart des Koraïchites ne voulaient pas être guidé par le plus jeune ; et détestaient Ali qui les avait vaincu dans toutes les batailles menées avant la soumission de leurs clans à l'Islam. Mais ils n'avaient pas l'audace de critiquer le Prophète comme l'avait fait Omar pendant Al-Houdaibya. De même, l'opposition au Prophète lors de la prière sur le cadavre de l'hypocrite Abdallah Ibn Oubay et à d'autres occasions mentionnées dans l'histoire.

On constate que l'opposition à l'écriture du testament du Prophète a été encouragée par plusieurs d'entre eux, qui ont semé le désordre et les querelles en la présence du Prophète.

Les propos de Omar rejetaient totalement ceux du Prophète. "Suivez le Coran et la Itra". Omar répliqua : "Le prophète délire, le Coran nous suffit ; nul besoin de la Itra". I1 n'y a pas d'autres explications pour cet événement." Fin de citation de Sayed Sadr.

Si je rejette de mon esprit tout fanatisme et passion, il vaut mieux pour moi accepter la thèse des Chi'ites. Plutôt que de me sentir rejeter Omar, qui se serait discrédité en disant : "Le Livre de Dieu nous suffit."

Si quelqu'un parmi les chefs de gouvernement des pays musulmans refuse la Sounna du Prophète sous prétexte qu'elle contient des contradictions, il n'aura fait que de suivre un précédent historique.

Cependant, je ne considère pas que Omar est le seul responsable des conséquences de cet événement; qui ont privé la communauté musulmane du chemin vers le salut ; et pour être juste, j'accuserais Omar et tous les Compagnons qui ont soutenu une position à l'encontre du Prophète.

Je ne cache pas mon étonnement à l'égard de tous ceux qui lisent les détails de cet événement et restent indifférents comme si de rien n'était.

Mon étonnement est plus fort encore envers ceux qui essayent, par tous les moyens, de sauver l'honneur d'un Compagnon et de justifier son erreur ; même en dépit de l'honneur du Messager d'Allah, et en dépit de l'Islam et de Ses principes.

Pourquoi fuyons-nous la réalité et essayons de la camoufler à chaque fois qu'elle ne coïncide pas avec nos désirs ?

Pourquoi ne pas reconnaître que les Compagnons du Prophète sont des hommes comme d'autres, qui ont eu des désirs et des penchants et par conséquent, pouvaient commettre des erreurs ?

Mon étonnement se dissipe lorsque je lis le Livre de Dieu, qui nous relate les histoires des Prophètes et l'opposition qu'ils ont rencontré chez leurs peuples, malgré les miracles présentés.

"Seigneur, ne fais pas dévier nos cœurs, après nous avoir guidé dans Ta voie, offre-nous de Ta part une grâce, Tu es le Donateur sans limites."

Je parviens maintenant à comprendre l'attitude des Chi'ites à l'égard du deuxième Khalife ; qu'ils considèrent comme étant le responsable de tous les malheurs survenus dans la vie des musulmans depuis "la calamité du jeudi". Ainsi, il a privé la "oumma" du salut et de la bénédiction ; cela est évident : tout homme loyal et juste qui a connu la vérité avant de connaître les hommes, acceptera la raison des Chi'ites. Mais ceux qui ne connaissent la vérité que par l'intermédiaire des hommes, ceux-là ne nous intéressent plus.

(1) Sahih Al-Boukhari Volume I Page 37 et Volume 5 Page 138

Sahih Moudim Volume 5 Page 75.

Moumnid Ahmed Volume 1 Page 355 et Volume 5 Page 116.

Tarikh Tabari Volume 3 Page 193.

Tarikh ibn-athir Volume 2 page 320

(2) ITRA : Les gens de la maison qui sont Ali, Fatima, Hassan. Hossein d'après, l'explication du Prophète lui-même.

LES COMPAGNONS DU PROPHÈTE ET L'ESCADRON DE OUSSAMA

Le Messager d'Allah (salut sur lui) avait organisé une armée pour se défendre des Romains. Deux jours avant sa mort, il avait nommé comme chef d'escadron un jeune de dix huit ans qui s'appelait Oussama Ibn Zaid Ibn Haritha.

L'escadron comprenait la majorité des "Mouhajirins" et des "Ansars" tel que Abou bakr, Omar, Abou-oubeida et d'autres parmi les plus grands Compagnons célèbres.

Certains ont alors refusé avec des propos injurieux l'ordre du Prophète, en disant : "Comment ? II nous désigne sous la tutelle d'un jeune qui n'a pas encore de barbe ?"

Ils ont même exagéré par leur critique, le Prophète était très en colère, il était obligé de sortir de sa demeure tête bandée avec l'appui de deux hommes, il monta en chaire et prononça un discours, il dit : "O gens, j'ai appris ce que vous avez dit contre ma désignation d'Oussama. Si vous avez récusé et injurié sa tutelle vous l'avez faite auparavant en refusant la tutelle de son père, et je jure par Dieu qu'il était digne d'être le chef, comme son fils est digne de l'être". (1)

Après quoi le prophète leur ordonna de se mettre en marche promptement en disant : "Préparez l'armée d'Oussama." Il a répété cela maintes fois, vainement, car ils étaient toujours hésitants à "El-jorf" à quelques kilomètres de la Médine.

Il est de mon devoir de m'interroger et de demander

-Quelle audace envers Dieu et Son Messager ?

Je n'ai jamais pu concevoir, ni moi ni personne une explication valable pour ce refus et cette audace.

Comme d'habitude, en lisant de telles histoires qui dévoilent certains Compagnons et touchent à leur noblesse, j'essaye de réfuter ces événements et de les ignorer. Mais serait-il possible d'ignorer et de démentir ce qui fait l'unanimité des historiens et théologiens, qu'ils soient Sunnites ou Chi’ites’ ?

J'ai promis à Dieu d'être juste et équitable. Je ne me limite pas à une secte, et je ne prends aucune valeur Si ce n'est la vérité. Mais la vérité dans cette histoire est amère. Le Prophète a dit : "Dis la vérité même si elle est contre toi. Dis la vérité même si elle est très amère".

Nous devons supporter la vérité dans cette affaire : Certains Compagnons avaient récusé les ordres du Prophète, cela implique qu'ils ont refusé les ordres de Dieu. Ces ordres étaient pourtant clairs, donc inutile de camoufler la vérité dans le but de sauver l'honneur des Compagnons.

Les gens équitables. Honnêtes et équilibrés rejettent ce camouflage et savent distinguer le vrai du faux.

J'ai souvent essayé de trouver une excuse valable pour ces Compagnons, mais en vain !

J'ai lu ce que disent les Sunnites qui cherchent toujours une issue pour acquitter les Compagnons. Ils disent : "Oussama était trop jeune et n'avait pas d'expériences, il n'avait pas participé aux grandes batailles, telles que "Badr", "Ouhoud" et "Hounain". Par contre eux, ils étaient les plus vieux et chefs de tribus. Et comme l'être humain est de nature orgueilleuse, il refuse donc d'être mené par un plus jeune. Ainsi pour cette raison, ils ont récusé sa tutelle, et ont voulu que le Prophète désigne à sa place l'une des grandes figures parmi les Compagnons célèbres."

C'est une excuse non valable, elle n'est fondée sur aucun critère logique.

Tout musulman connaissant le Coran et ses décrets ne peut accepter de telles excuses, car Dieu Tout-Puissant dit :

"Ce que le Messager vous ordonne, faites-le, et ce qu'il vous refuse, renoncez-y, craignez Dieu." AI-Hachr 7

Il dit aussi :

"Il n'appartient pas à un croyant ou à une croyante de suivre leur propre choix, lorsque Dieu et Son Messager en ont décidé autrement. Quiconque désobéit à Dieu et à Son Messager s'égare de toute évidence." Al-Ahzab 36

Quelle excuse peut-on accepter après ces décrets clairs ?

Que dois-je dire de ces gens qui ont suscité la colère de Dieu, en provoquant celle du Prophète, après avoir élevé leur voix au-dessus de la sienne, ils ont osé l'accuser de délire et de divagation. Au lieu de se repentir et revenir à la raison en demandant au Messager d'Allah son pardon ; de surcroît, ils aggravèrent leur cas deux jours après, en récusant et en injuriant la désignation d'Oussama comme chef d'escadron. Au point que le Prophète fut obligé de sortir de chez lui, appuyé sur deux hommes, gravement malade et ne pouvant marcher.

Il prononça un discours et jura par Dieu que Oussama était digne d'être chef. Le Prophète nous apprend aussi par son discours que c'est eux-mêmes qui ont récusé et injurié la tutelle de Zaid ibn-Haritha auparavant. Nous apprenant également qu'il existe des antécédents prouvant qu'ils n'étaient pas soumis à ses commandements. Effectivement, ils étaient souvent opposés à ses directives ; ils se sont permis de critiquer les ordres, et ont refusé de les exécuter, tout en sachant qu'il s'agissait de Lois Divines.

La preuve de leur rébellion, est le constat que malgré la colère du Prophète, malgré la remise du fanion à Oussama de sa propre main, et malgré son ordre pour qu'ils se précipitent au départ. Nous les voyons très lent, paresseux, refusant obéissance et surtout obstiné, car ils ne partirent point. Le Prophète mourut alors avec une grande amertume et un grand souci dans le cœur.

Etant donné qu'après sa mort, sa communauté allait dévier et tourner le dos à l'Islam. Ainsi elle périra en enfer excepté une petite minorité.

Si nous voulons éclaircir cette affaire (l'escadron d'Oussama), nous découvrons que le deuxième Khalife Omar était l'un des piliers de ce drame, ou plutôt l'élément le plus célèbre, car c'est lui-même qui est venu dire au Khalife Abou Baker après la mort du Prophète qu'il fallait révoquer Oussama et le remplacer par un autre.

Abou Baker lui dit alors : "Je ne peux pas destituer un homme quia été nommé par le Messager d'Allah."(2)

Peut-on demander, comment une telle vérité prononcée par Abou Baker a pu être ignorée par Omar’ ?

Ou bien existe-t-il d'autres secrets que les historiens ont dissimulés pour sauvegarder son honneur, comme ils l'ont déjà fait en essayant de remplacer le mot : "délirant" par "trop souffrant."

Quelle surprise de voir ces Compagnons traiter ainsi le Prophète alors que le Livre de Dieu, dit clairement :

"Dis-leur, si vous aimez vraiment Dieu suivez ma voie, Dieu vous aimera et effacera vos péchés." Al-Amran 31

Ces Compagnons comprennent-ils mieux le Coran, que ne le fait le Prophète lui même’ ?

Les voilà, seulement deux jours après la calamité du jeudi et deux jours avant la mort du Prophète, suscitant de plus en plus sa colère en récusant ses ordres.

Si le Prophète les a expulsés de la maison la première fois, et s'il s'est obligé à sortir la deuxième fois pour faire un discours ; afin de leur rappeler une affaire remontant à quatre ans et dans laquelle ils avaient déjà refusé la tutelle de Zaid (pourtant mandaté par le Prophète), c'est qu'ils n’étaient réellement pas dociles, ni soumis au Prophète.

Gloire à Toi, Seigneur Tout-Puissant !

Comment peuvent-ils rejeter les ordres de Ton Messager ?

Ils n'ont pas accepté le pacte de houdaibya qu'il avait signé. Il avait répété trois fois ses ordres, mais personne ne l'avait écouté. Une autre fois, ils le tirèrent par ses vêtements et l'empêchèrent de faire la prière sur Abdallah Ibn Oubay en lui disant : "Dieu te refuse de faire la prière sur les hypocrites."

-Etait-ce à eux de lui apprendre le sens de la révélation divine ?

Alors Tu as dit :

"Nous t'envoyons ce Livre afin que tu expliques clairement aux hommes ce qui a été révélé à leur attention." L'Abeille 44

Tu as dit aussi :

"Ce Livre, Message de vérité, t'es révélé par Nous, afin que tu puisses juger entre les hommes, selon ce que Dieu t'aura fait voir." Les Femmes 105

Ta parole est la vérité, Tu as dit également :

"De même que parmi vous, Nous avons suscité, issu de vous même un Prophète qui vous communique Nos versets, vous sanctifie, vous enseigne l'écriture et la sagesse, et vous initie à bien des choses que vous ignorez." La Vache 151

Etrange de voir ces gens devancer le Prophète, ils ne respectaient pas ses ordres, ils l'accusaient de divaguer et élevaient le ton en sa présence sans le moindre respect. En surcroît, ils ont rejeté et récusé Zaid ibn Haritha et plutard Oussama ibn Zaid.

Comment les chercheurs pourraient-ils alors douter après cela ; des réserves que prennent les Chi'ites à l'égard de quelques Compagnons. Si ces derniers mettent des points d'interrogation sur l'attitude de ces Compagnons, c'est par grand respect et grand amour envers le Messager de Dieu et sa ltra.

Je n'ai cité que quelques exemples représentatifs. Mais les Savants Chi'ites ont compté plus d'une centaine de cas où les Compagnons se sont opposés aux ordres et lois Divines, ils n'ont mentionné pourtant que les faits reconnus par les Sunnites dans leurs ouvrages les plus connus.

A chaque fois que je pense à l'attitude de ces Compagnons à l'égard du Prophète, à leur désobéissance, je reste stupéfait, non seulement de leur comportement, mais surtout de la position des Savants Sunnites qui nous présentent toujours les Compagnons du Prophète comme étant des êtres modèles, totalement admirables et inimitables loin de toutes critiques. Par ce procédé, ils empêchent le chercheur d'atteindre la vérité.

Pour connaître plus de vérité sur les Compagnons, et mieux comprendre l'opinion des Chi'ites à leur égard, on peut citer quelques exemples.

a) Boukhari rapporte dans son ouvrage le "Sahih" Volume 4 page 47 :

"Une fois où le prophète procédait au partage d'un butin légal, un des Compagnons (des Ansars) a dit : "Je jure par Dieu que le Prophète n'était pas équitable." Lorsque le Prophète a entendu cela, il fût très blessé et outragé dans son honneur, son visage changea de couleur, il dit : "Moïse a été injurié de plus que ça, il s'est pourtant montré constant."

b) Boukhari rapporte dans le même chapitre que Anas ibn malek disait : "Je marchais avec le Messager de Dieu qui était vêtu d'un manteau à manches et col serré, quand soudain un bédouin le tira fortement par ses vêtements, à tel point que j'ai pu voir l'épaule du prophète marquée par l'étirement. II dit : "O Mohamed ordonne qu'on me donne de l'argent qui t'a été offert par Dieu ! " Le Prophète se retourna vers lui et lui offrit un don."

c) Boukhari rapporte encore dans le chapitre de la littérature que Aicha disait : "Le Prophète a permis tous ce que lui-même faisait, quelques uns refusaient cela par arrogance : le Prophète a prononcé une allocution et dit :

"Pourquoi les gens s'abstiennent pour des choses que je fais moi-même ?je, jure par Dieu, que je suis le plus craintif de Dieu et je le connais plus qu'ils ne le connaissent."

Nous constatons surtout dans la dernière histoire que les Compagnons doutaient de l'infaillibilité du Prophète et même de son jugement et sa capacité à diriger et fixer des choix.

Quelques historiens Sunnites veulent justifier les actes des Compagnons quitte à discréditer le Prophète. Ils prétendent ainsi que le Prophète s'était trompé sur le sort des prisonniers de la bataille de Badr et que Omar l'a corrigé.

Ils attribuent au Prophète la phrase suivante : "S'il n'y avait Omar pour nous sauver, la communauté aurait péri."

Quelle incrédulité ! Certes, celui qui accepte cette opinion néfaste et mensongère, est loin d'être musulman. Sa capacité de jugement doit être limitée ou bien son cœur est simplement sous l'emprise de Satan.

Dieu dit :

"Que penses-tu de celui qui érige sa passion en Divinité et que Dieu a égaré en dépit de la science qu'il a reçu, il a mit un sceau sur son ouïe et sur son cœur, et lui a placé un bandeau sur les yeux, qui saurait le guider après que Dieu l'a égaré ? Ne pourriez-vous y réfléchir ?" AI-Jathia 23.

Ceux qui pensent que le Messager d'Allah, dirigé par la passion, pouvait dévier du droit chemin et faire un partage inéquitable. Et ceux qui s'abstiennent de suivre les actes du Prophète, se croyant ainsi plus pieux et plus Savants. Ceux-là ne méritent aucun respect des musulmans.

Par ailleurs, considérer les Compagnons comme des êtres parfaits, et soi-disant les créatures préférées de Dieu après le Prophète, et de cela prétendre que tous les musulmans devraient les suivre uniquement parce qu'ils sont les Compagnons du Prophète est une chose aberrante et contradictoire.

Les Sunnites, pour appliquer cette théorie, lors de l'invocation des prières Divines sur le prophète et sa Itra, ajoutent toujours des prières sur tous les Compagnons, sans exception et sans faire la moindre différence.

Tandis que Dieu, Sachant bien la valeur des Compagnons, nous a ordonné d'invoquer des prières sur Son Messager et sa Itra uniquement.

Pourquoi s'obstine-t-on à les invoquer tous ? Et pourquoi les place-t-on plus que le niveau qu'ils méritent, en les faisant paraître égaux avec ceux que Dieu a préférés ?

On peut supposer cela : Étant donné que les dynasties Omeyyades et Abbassides étaient les pires ennemis de Ahl-al-beyt (le Prophète et sa Itra), car ils avaient tout fait pour les éloigner avec leurs partisans en les massacrant. Ils eurent l'idée ensuite (après qu'ils aient embrassé l'Islam), d'ajouter les Compagnons avec Ahl-al-beyt. Vu que l'invocation des prières sur Ahl-al-beyt était une grande faveur, et que Dieu n'exauce aucune prière d'un musulman sans elle. Alors, ils ont fait cela, dans le but de camoufler la vérité, de laisser croire qu'ils avaient la même valeur que Ahl-al-beyt, et donc de se laver les mains de toutes accusations ou pêchés.

Cette supposition devient réelle ; surtout lorsque nous savons que les grands maîtres qui sont la cause principale de leurs gouvernements, étaient des Compagnons. Ces mêmes Compagnons avaient embauché des corrompus (qui ont évidemment connus le Prophète), pour falsifier les dires du Prophète, répandre de faux "hadiths", raconter des rumeurs et propager des histoires mensongères à son sujet. Dans le but de flatter et favoriser l'image des Compagnons, surtout ceux qui ont gouvernés.

Les faits historiques sont les meilleurs témoins. Car on constate que le Khalife Omar ibn AI-Khattab, qui était très sévère envers les gouverneurs, (il les destituait à la moindre erreur), était plus aimable avec Mouawya ibn abi soufian, celui-ci fut nommé par Abou Baker et confirmé encore par Omar durant sa vie Et malgré plusieurs plaintes contre Mouawya, Omar ne l'a jamais blâmé ou averti. Les musulmans ont dit un jour à Omar que Mouawya portait de la soie et de l'or, chose interdite aux hommes par le Messager d'Allah. Omar répondit alors : "Laissez-le, il est le Chosroês des Arabes."

Le gouvernorat de Mouawya a duré plus de vint ans, sans être ni critiqué ni destitué. Lorsque Othman (son cousin) est devenu Khalife, il lui ajouta l'égide d'autres provinces, ce qui a permit à Mouawya d'accaparer toutes les richesses et de mobiliser une grande armée de mercenaires pour se révolter contre l'Imam Ali et de s'emparer du pouvoir par force. Il a forcé les musulmans à accepter contre leur gré son fils Yazid le débauché et soûlard comme prince héritier. Ceci est une grande histoire que j'évite de raconter dans ce livre, mais ce qui compte c'est d'être conscient de la mentalité de ces Compagnons, qui n'éprouvaient d'intérêt que pour eux-mêmes et pour ce monde matériel et éphémère. Ce sont ces mêmes Compagnons qui ont succédé au Prophète et ont facilité aux Omeyyades de gouverner selon le désir de "Koraïch", qui n'avait jamais accepté que les Hachémites aient ces deux privilèges : la prophétie et la "Khilafa". (3)

Il est donc évident que la dynastie des Omeyyades flatte ceux qui lui ont donné le pouvoir, et embauche pour cela des gens capables de falsifier la tradition du prophète, en créant et propageant parallèlement, des vertus et qualités destinées à élever l'estime de ces Compagnons par rapport à celle de Ahl al Beyt.

Alors que si nous voulions examiner ces vertus et ces qualités contradictoires, elles seraient dissipées à la moindre recherche logique.

A titre d'exemple, on entend beaucoup parler de la justice de Omar ; qui s'est propagée partout, on disait même qu'il a été enterré debout pour sauvegarder la justice... Alors que les historiens nous rapportent que c'est lui qui a inventé un système d'attribution de la pension aux Musulmans en l'an vingt de l'Hégire Ce système fonctionne d'après ses préférences

Il a préféré les premiers convertis à l'Islam, ensuite les Mouhajirins (ceux qui ont fuis la Mecque pour immigrer dans la Médine), après quoi il a préféré les Ansars (les habitants de la Médine qui ont soutenu le Prophète), il a préféré ensuite tous les arabes et en dernier lieu tous les musulmans non arabes. (4)

Il a contredit ce qu'avait fait le Prophète, qui offrait la pension égale pour tous les musulmans sans exception.

Peut-on se demander où est la justice dans le système qu'il a inventé ?

On entend aussi beaucoup parler du Savoir d'Omar ibn AI-Khattab (le Savoir illimité), on disait même qu'il était le plus Savant de tous les Compagnons, et qu'il s'accordait toujours avec Dieu ; lorsque l'opinion d'Omar différait de celle du Prophète, le Coran descendait en sa faveur...

Alors que la vérité historique nous apprend que Omar ne s'accordait pas avec le Coran même après l'achèvement de la révélation. Car un Compagnon lui demanda pendant qu'il était khalife : "O, Emir des croyants, j'ai fait l'acte sexuel et je n'ai pas trouvé l'eau pour me laver, que dois-je faire ?" Omar lui dit : "Ne fais pas de prières." Ammar ibn Yasser qui était présent s'est trouvé obligé de lui rappeler le Tayammoum, mais Omar n'était pas convaincu. Il dit alors à Ammar

"Nous te ferons supporter les charges."(5)

Peut-on se demander où est le Savoir d'Omar par rapport au verset Coranique qui parle de Tayammoum ? Où est son Savoir vis à vis de la tradition du Prophète qui leur a appris la façon de faire le Tayammoum, comme il leur a appris la façon de faire les ablutions ?

Omar lui-même reconnaissait maintes fois qu'il n'était pas Savant, que tous les gens savaient beaucoup mieux que lui, mêmes les femmes. A plusieurs fois, il dit : "Si ce n'était pas Ali, j'aurais péri."

Il est mort avant de connaître la loi du "Kalala"(6) pour laquelle il a porté des jugements différents et multiples, l'histoire en témoigne.

Où est donc son Savoir ?

On entend beaucoup glorifier la bravoure de Omar et sa force inégale, on disait que les tribus de Koraïch ont eu très peur quand il s'est converti à l'Islam et que les musulmans sont devenus très fort en ayant Omar de leur côté.

Et que Dieu a glorifié Sa religion par Omar et même que le Messager d'Allah n'a pu prononcer son appel à Dieu ouvertement qu'après qu'il s'y soit converti...

Alors que la vérité historique ne nous dit rien de sa bravoure ni de sa force, et ne reconnût aucun brave ni même un homme ordinaire qui ait été tué par Omar, que se soit dans un duel ou dans un combat tel que "Badr", "Ouhoud" ou "AI Khandak" etc.Bien au contraire, l'histoire nous rapporte qu'il était parmi les fuyards dans la bataille de "Ouhoud" comme dans la bataille de "Hounain". Et lorsque le Messager d'Allah l'envoya pour la conquête de la ville de "Khaybar", il fût vaincu et est retourné avec une grande défaite.

L'histoire nous rapporte que dans les escadrons dont il était membre, il était toujours mené par un chef, dans le dernier des escadrons il était sous le commandement du jeune Oussama ibn Zaid.

Peut-on se demander où sont donc la bravoure et la force, l'héroïsme devant cette vérité irréfutable ?

On entend même beaucoup vanter la piété de Omar, et sa crainte de Dieu, on raconte qu'il pleurait souvent par peur que Dieu ne le punisse si une mule trébuche en Irak par sa négligence de n'avoir pas pavé les routes...

Alors que l'histoire véridique nous rapporte qu'il était dur et brutal, et qu'il frappait sans crainte celui qui lui demandait l'explication d'un verset Coranique sans aucun motif, et que la femme enceinte rejetait son fœtus en le voyant.

Peut-on se demander où était sa piété et sa crainte de Dieu quand il a dégainé son épée et a menacé de mort celui qui annoncera la mort du Prophète. Il avait juré par Dieu que le Prophète n'était pas mort, mais qu'il était parti dialoguer avec son Dieu comme Moïse.

Pourquoi n'a-t-il pas eu peur de Dieu lorsqu'il a menacé de mettre le feu dans la maison de Fatima Ezzahra et brûler vifs tous ceux qui ne sortent pas pour l'allégeance.

On lui a dit que Fatima (Fille du Prophète) était à l'intérieur, il dit : "Et alors ?"(7)

Il a aussi jugé pendant son gouvernement par des jugements controversés au Coran et à la tradition du Prophète. (8) Mais où sont donc cette piété et cette crainte en face de cette vérité amère ?

J'ai pris ce `grand Compagnon très célèbre comme exemple, et j'ai été très bref, car si je voulais entrer dans les détail, il me faudrait plusieurs ouvrages

Ce que j'ai cité, n'était que peu de chose, mais qui nous révèle la réalité psychique des Compagnons, et l'attitude contradictoire des Savants Sunnites qui nous interdisent de les critiquer ou d'en douter, alors qu'ils rapportent dans leurs ouvrages tout ce qui appelle à la critique et au doute et même à la dégradation.

J'aurais préféré que les Savants Sunnites n'écrivent pas de pareilles choses qui touchent profondément l'honneur des Compagnons et nous incitent à les récuser et à les rejeter.

Je me rappelle ma rencontre avec un savant Chi'ite de Nadjaf qui s'appelle Assad Haydar l'auteur de l'ouvrage intitulé l'Imam Essadek et les quatre sectes", on parlait des Sunnites et des Chi'ites, il me raconta l'histoire de son père qui avait rencontré pendant le Pèlerinage à la Mecque un Savant Tunisien de l'Université "Ezzeitouna", c'était il y a cinquante ans, leur discussion était sur "l'imamat" d'Ali Ibn Abi Taleb et son droit à la succession.

Il raconte : "Mon père comptait quelques preuves (quatre ou cinq), le savant Tunisien lui demanda s'il en avait d'antres. Il dit non. Il lui demanda alors de sortir son chapelet et lui ajouta une centaine de preuves que mon père ignorait."

Assad Haydar ajouta : "Si les Sunnites lisent tout simplement ce qui est écrit dans leurs livres, ils vont dire ce que nous disons, et il n'y aura plus de désaccord entre nous désormais."

Pourtant c'est la vérité évidente ! Si l'homme pouvait se libérer de son orgueil et de son fanatisme en s'attachant uniquement à la logique, la preuve est claire.

(1) : Tabakat ibn Saad Volume 2 page 190

Tarikh Tabari Volume 3 Page 226

Tarikh ibn AI-Athir Volume 2 page 3 17

Assira Al-Halabya Volume 3 pages 207

 

(2) : Tarikh Tabari Volume 3 Page 226

Tabakat al-Kobra ibn Saad Volume 2 Page 190

(3) Pour plus de détail, il faut lire Al-Khilafa wall-moulk de Abou Aala-al Maoudidi et Yaoum al Islam de Ahmed Amine

(4) Tarikh AI-Yacoubi Volume 2 page 106

Foutouh Al-Bouldan page 437

(5) Sahih AI-Boukhari Volume 1 page 52

(6) Kalala : Un défunt qui ne laisse après lui ni enfants ni parent.

(7) Tarikh al-Khoulafa

Al-Imama Wassiyassa ibn Koutayba.

(8) Livre de Abdel Hussein Charaffeddine "Annas Wal-Ijtihad dans lequel l'auteur a compté plusieurs fois, où Omar a jugé par son opinion contre la loi Divine.

LES COMPAGNONS VUS PAR LE CORAN

Avant tout, je reconnais que Le Saint Coran a félicité dans maintes Verset, les Compagnons du Messager d'Allah, qui ont su aimer le Prophète, le suivre, et lui obéir et qui ne se sont jamais opposé à ses commandements, ils ont cherché uniquement la bénédiction d'Allah et de Son messager.

Vu leur comportement et leur attitude honorable à l'égard du Prophète, tous les musulmans les respectent et les glorifient à chaque fois qu'ils prononcent leurs noms.

Ma recherche ne concerne pas cette catégorie de Compagnons qui sont respectés tant par les Sunnites que par les Chi'ites. Elle ne concerne pas non plus les hypocrites, maudits par tous les musulmans; Sunnites et Chi'ites. Mais elle concerne surtout cette catégorie de Compagnons, au sujet de laquelle les musulmans se sont divisés et que le Coran a dénoncée dans quelques passages. Le Messager de Dieu lui même avait mis en garde les musulmans contre le danger qu'ils représentaient.

Le désaccord entre les Sunnites et Les Chi'ites, concerne uniquement cette catégorie de Compagnons, car les Chi'ites critiquent leurs actes et doutent de leurs équité, en revanche ils sont respectés par les Sunnites, malgré tout ce qui a été prouvé de leur désobéissance.

Donc ma recherche vise cette catégorie de Compagnons, pour essayer d'atteindre la vérité ou au moins une partie de la vérité.

Je précise ce point pour éviter que quiconque ne me reproche d'avoir négligé les Versets élogieux à l'égard des Compagnons pour mentionner seulement les versets les critiquant. Et je peux même prouver que j'ai relevé plusieurs Versets apparemment flatteurs qui cachent des reproches dans leur sens profond. Cela n'exige pas de moi une étude approfondie comme c'était le cas pendant les trois années de recherche.

Je me contenterais de quelques exemples, mais j'appelle ceux qui veulent élargir cette recherche à ne pas hésiter à y consacrer leur temps, ainsi leur découverte de la vérité, sera le fruit de leur récolte et de leur clairvoyance comme Dieu nous le demande.

Il est évident que l'approche d'une vérité, en suivant librement son chemin, vaut beaucoup mieux que celle imposée par des influences extérieures.

Dieu dit (en bénissant Son Prophète)

"Tu cherchais la vérité, Dieu t'a bien guidé". Il dit aussi : "Ceux gui fournissent des efforts de recherche, Nous les guiderons dans les droits chemins."

LE VERSET D'ABJURATION

Dieu, qu'Il Soit Loué, a dit dans Son Livre :

" Mohammed n'est qu'un Prophète comme les autres, avant lui sont passés d'autres prophètes. Si jamais, il mourait ou venait à être tué, seriez-vous hommes à renoncer à la Foi ? Ceux qui renonceront ne pourront, en rien nuire à Dieu, Dieu réservera sa récompense aux hommes reconnaissants. "

Al Omran : verset 144

Ce Verset Coranique, est très clair ; il montre que la plupart des Compagnons vont renoncer à la Foi, juste après la mort du Prophète, que la minorité d'entre eux persévéreront dans la Foi, et que Dieu a appelé : " les reconnaissants", (Donc les Compagnons reconnaissants), constituaient déjà une minorité, comme le prouve la parole de Dieu :

"Il en est si peu de mes serviteurs qui m'en sont reconnaissant. "  Saba : 13

Le prouvent aussi, les Hadiths du Prophète qui ont expliqués cette abjuration, et que nous allons citer plus loin.

Certes, les Compagnons qui ont tourné le dos à l'Islam, ne méritent pas la bénédiction et la miséricorde de Dieu, et si Dieu a parlé uniquement de la récompense des reconnaissants, Son Messager l'a explicité dans plusieurs Hadiths que nous allons traiter.

Il n'est pas logique d'interpréter le Verset d'abjuration, par les faux Prophètes tel que "Toulayha" et "Sajah" et "AI Asouad-al-anasi" pour sauvegarder l'honneur des Compagnons. Ceux là ont renoncé à la Foi, et ont prétendu être Prophètes pendant la vie du Messager d'Allah qui les a combattus et vaincus.

Comme on ne peut pas l'interpréter par l'abjuration de "Malek Ibnou Nouayra" et ses partisans qui ont refusé la Zakat (l'aumône) pendant le gouvernement d'Abou Baker pour maintes raisons, parmi lesquelles on peut citer :

a) Qu'ils ont refusé de donner la Zakat à Abou Baker, car ils ont fait le Pèlerinage d'Adieu avec le Messager d'Allah, et au retour, ils ont été appelé par le Prophète à "Ghadir-Khoum", pour prêter allégeance à l'Imam Ali Ibn Abi-Taleb, désigné alors successeur légal, Abou Baker était également parmi les Compagnons qui ont prêter allégeance à Ali.

Ils étaient donc étonnés d'apprendre que Abou Baker était devenu Khalife après la mort du Prophète et leur demande l'acquittement de l'aumône au nom de son gouvernement.

C'est une affaire dont les Historiens ne veulent pas traiter, pour sauvegarder l'honneur des Compagnons, et c'est bien là tout leur problème.

b) Parmi d'autres raisons, Malik et ses partisans étaient des musulmans n'ayant jamais renoncé à la Foi, cela fût le témoignage d'Omar Ibn AI-Khattab et d'Abou Baker lui même, ainsi que d'autres Compagnons qui ont condamné l'exécution de Malik Ibn Nouayra, pur Khaled Ibn AI Walid. L'histoire témoigne aussi que Abou Baker a payé une rançon au frère de Malik sur le trésor public, et s'est excusé auprès de lui pour l'exécution de son frère. Or celui qui renonce à la Foi et combat l'Islam, doit être exécuté, il ne mérite ni rançon, ni excuses.

L'important est que le Verset d'abjuration vise essentiellement les Compagnons qui vivaient avec le Prophète, dans Médine et prévoit leur abjuration après la mort du Prophète, et cela a été explicité par le Prophète lui même dans plusieurs Hadiths qui ne laissent aucun doute et que nous allons citer et expliquer par la suite.

Si nous lisons l'histoire et les événements survenus après la mort du Prophète, nous constatons que peu d'entre eux ont été fidèles à leurs engagements.

 

LE VERSET DU JIHAD (LA GUERRE SAINTE)

Dieu qu'Il Soit Loué dit :

"Qu'avez vous croyants, quand il vous est crié. Partez en compagne ! Combattez dans la voie de Dieu!... Qu'avez-vous à demeurer rivés au sol ? Acceptez-vous ce monde éphémère en échange du Royaume Eternel ? Mais que sont les vains plaisirs d'ici-bas eu comparaison à l'Au-delà ? Bien peu de choses en vérité!... "

"Si demeurant sourds, vous refusez de prendre les armes, Dieu sévira durement coutre vous et choisira un autre peuple pour le servir, votre refus ne saurait en rient l'affecter. N'est-Il pas le Tout Puissant ?" Attawba : 38-39

Ces Versets, montrent clairement que les Compagnons ont refusé de combattre dans la voie de Dieu et ont choisi la vie d'ici-bas, malgré leur connaissance de la vérité, ils ont mérité d'être délaissés pour d'autres croyants sincères.

Cette menace Divine s'est renouvelée plusieurs fois dans d'autres Versets. Ce qui prouve qu'ils ont refusé avec obstination de combattre dans la voie de Dieu,

Dieu dit aussi :

"Croyants ! Si certains d'entre vous sont tentés d'abjurer leur foi, Dieu fera bientôt surgir toute une légion d'hommes qu'Il aimera et qui l'aimeront ! Humbles vis-à-vis des croyants, ils seront fermement résolus contre les infidèles. Ils combattront dans la voie de Dieu et seront exempts de tout reproche. Telle est la grâce de Dieu, qu'il dépense à qui Il veut. Dieu détient la suprême faveur, Il est l'Omniscient !..." Al-Mayda : 54

Si nous voulons étudier minutieusement les Versets Coraniques qui traitent ce sujet et révèlent clairement la réalité de ce dont parlent les Chi'ites vis-à-vis des Compagnons, il nous faudrait compiler tout un volume particulier.

Ainsi le Coran a exprimé tout cela par des expressions éloquentes, telles que :

"Qu'il y ait parmi vous une communauté, qui prêche le bien, ordonne ce qui est décent et proscrit ce qui est blâmable, ce seront eux les bienheureux. Ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et ont divergé après avoir reçu nos preuves décisives. Voilà ceux qu'attend un terrible châtiment. Un jour viendra où certains visages rayonneront de clarté, tandis que d'autres seront voilés de ténèbres. Il sera dit alors à ceux au visage tout assombri : "N'est ce pas vous qui avez rejeté la foi après l'avoir reçue ? Expirez à présent votre renoncement dans les tourments !" Quand à ceux aux visages rayonnants de clarté, ils seront reçus en la Grâce de Dieu, y demeurant pour l'Éternité." Al Imran : 104-105-106.

Ce n'est un secret pour personne que ces Versets Coraniques s'adressent directement aux Compagnons du Prophète, et les mettent en garde contre toutes divisions ou divergences après avoir reçu les preuves de Dieu, Ils les menacent d'un sévère châtiment et les partagent en deux groupes, l'un sera ressuscité aux visages lumineux, c'est le groupe des fidèles reconnaissants qui méritent la grâce de Dieu. L'autre ressuscitera aux visages ténébreux, ce sont les Compagnons qui ont renoncé à la foi après la soumission, Dieu a réservé à ceux-là un terrible châtiment.

Certainement, que ce sont les Compagnons qui ont divergé après la mort du Prophète, ils se sont divisés en semant la discorde et les troubles, ils ont mené entre eux des guerres et des combats sanguinaires qui furent la cause de la décadence des musulmans et de leur soumission à la colonisation.

On ne peut interpréter autrement le Verset susmentionné !

LE VERSET D'HUMILIATION

Dieu qu'Il Soit Loué dit :

"N'est-il pas temps pour les croyants que leurs cœurs soient tous contrits à la pensée de Dieu et de la vérité révélée» ? Ne doivent-ils pas éviter l'exemple de ceux qui avaient reçu des écritures auparavant ? Ils s'en étaient lassés avec le temps. Leurs cœurs s'endurcirent. Bon nombre d'entre eux furent des pervers" Al Hadid : 16

Jalel-eddine Assouyouti, dans son ouvrage célèbre intitulé "Addour Al manthour". Dit :

Lorsque les Compagnons du Prophète se sont installés à la Médine et ont mené une vie aisée, après les privations connues auparavant, ils ont abandonné quelques pratiques cultuelles, Dieu a révélé ce Verset en leur reproche.

Dans un autre récit, le Messager d'Allah disait :

"Dieu à révélé ce Verset pour blâmer les Compagnons émigrants, après dix sept ans d'attente, pour que leurs cœurs soient contrits".

Donc, que reprocher aux derniers convertis des "Coraîchites" qui se sont soumis après la conquête de la Mecque, et trois ans avant la mort du Prophète.

Ces quelques exemples tirés du Saint Coran suffisent comme preuve que les Compagnons ne sont pas aussi justes et équitables que le prétendent les Sunnites.

Et si nous cherchons dans les traditions du Prophète, nous allons trouver beaucoup d'exemples encore.

Mais pour être concis, je ne cite que quelques exemples, et je laisse à ceux qui veulent approfondir la recherche le soin d'en trouver d'autres.

L'AVIS DU PROPHÈTE ENVERS SES COMPAGNONS

1) La tradition de l'abreuvoir

Le Messager d'Allah a dit :

"Pendant que je gardais mon abreuvoir, un groupe de gens que je connaissais, vint vers moi. Un homme se dressa alors entre nous et dit : "Allons venez ! "

Je lui dit :" Où vont-ils ‘ ?»

Il dit : " En enfer (par Dieu !) "

Je lui dit : "Qu'est ce qu'ils ont fait `?"

Il dit : "Ils ont renoncé à la foi, après ta mort." Je ne voyais échapper qu'une petite minorité.))

Il dit aussi :

((J’arriverais le premier à l'abreuvoir, ceux qui passeront auprès de moi, pourront boire, ceux qui boiront n'auront jamais soif. Beaucoup de gens qui me connaissent et que je connais viendront vers moi pour boire mais ils seront séparés de moi. Je dirai : "Ce sont mes Compagnons !'?" Alors j'entendrai dire

"Tu ne sais pas ce qu'ils ont fait après toi." Je dirai alors : "Éloignement à tous ceux qui ont changé après moi.))

Celui qui observe attentivement ces traditions, enregistrées par les Savants Sunnites dans leurs propres ouvrages célèbres, reste sans doute sur le fait que la majorité des Compagnons ont renoncé à la foi après la mort du Prophète, excepté une petite minorité, il est impossible de croire que ces Hadiths ne désignent pas justement des Compagnons proches du Prophète, car le texte dit bien : "Ce sont mes compagnons.

 

2) La tradition de la passion pour la vie d'ici-bas

Le messager d'Allah (bénédiction sur lui) dit

"Je suis le premier à être témoin contre vous et je jure par Dieu que -je vois mon abreuvoir à présent. Dieu m'a offert tous les trésors terrestres, je ne crains pas que vous seriez polythéistes après moi, je crains votre passion pour la vie d'ici-bas." (1)

Le Messager de Dieu avait raison, car la passion pour la vie d'ici-bas les a entraînés dans l'erreur, aux combats, à l'abjuration. On souligne que quelques Compagnons très célèbres accumulaient les trésors d'or et d'argent.

Les historiens tels que "AI-Moussoudi" dans son ouvrage intitulé (Mourouj Edhahab) ainsi que "Tabari" et d'autres, disaient que la fortune de "Zubair" atteignît cinquante mille dinars, mille chevaux, mille esclaves et beaucoup de fermes à Bassora et Kouffa en Egypte. (2)

Ainsi la récolte de "Talha" uniquement en IRAK atteignit mille dinars par jour. (3) Abderrahmen Ibn-Aouf avait cent juments, mille chameaux, dix mille moutons après sa mort. Son héritage a été partagé entre ses épouses qui bénéficièrent chacune de quatre vingt quatre mille dinars. (4)

Othman Ibn-Affan a laissé, le jour de sa mort, cent cinquante mille dinars sans compter le bétail, les terres, les fermes qu'on n'a pu dénombrer. (5)

L'héritage de Zaid Ibn-Thabet, d'or et d'argent a été cassé à coup de pioche jusqu'à la lassitude des gens qui le partagèrent, sans compter les biens et les fermes d'une valeur de cent mille dinars. (6)

Ce ne sont que de simples exemples ; dans l'histoire, il y a beaucoup d'autres témoignages que nous ne voulons pas explorer. Ce qui a été écrit nous suffit pour prouver l'authenticité de la tradition prophétique expliquant combien les Compagnons ont été tenté par la vie d'ici-bas.

(1) Sahih AI-Boukhari. Volume 4  page 100-101

(2)-(3)-(4)-(5)-(6) : "Mourouj Addhahab", "Al-Massouadi", Volume 2 Page 341.

LES COMPAGNONS ENTRE EUX LEURS TÉMOIGNAGES CONCERNANT

LE CHANGEMENT DE LA TRADITION PROPHÉTIQUE

D'après Abou-Said Al-Khoudri, le Prophète (paix sur lui) sortait le jour de l'Aïd à la mosquée, sa tradition était de commencer par les prières, ensuite, il s'adressait aux gens par un discours.

Il raconte : "Les gens suivaient sa tradition jusqu'au jour où je suis sortis avec Marwan qui était gouverneur de Médine, c'était le jour de l'Aïd (Al Fitr ou Adha), Marwan voulait monter en chaire pour prononcer le discours avant la prière, j'ai essayé de l'en empêcher, il monta et prononça le discours avant la prière. Je lui dis : "Par Dieu vous avez tout changé", il dit : "Oui, Abou-Said, il ne reste rien de ce que tu connais". Je dis : "Je jure par Dieu que ce que je connais est meilleur que ce que j'ignore." Il me dit : "Les gens ne restaient pas dans la mosquée après la prière pour écouter notre discours, alors je l'ai prononcé avant la prière."(1)

J'ai cherché pour comprendre les raisons qui ont obligées ces Compagnons à changer la tradition du Prophète. J'ai conclus que les Omeyyades, en majeure partie des Compagnons du Prophète (à leur tête Mouawya Ibn-Abi Soufyan, scribe de la révélation), obligeaient les gens à insulter et maudire l'Imam Ali du haut des chaires dans toutes les mosquées. Ils ordonnaient aux gouverneurs, dans les départements, de prendre comme tradition l'insulte envers Ali, et quand quelques Compagnons refusaient cet ordre, ils furent brûlés vifs et exécutés. De célèbres Compagnons tel que Houjr Ibn-Ouday El Kendy et ses partisans, furent enterrés vifs, leur seul crime était d'avoir refusé d'insulter Ali.

Abou El-Aala El-Maoudoudi, dans ton ouvrage intitulé "El-Khilafa Wal-Moulk" rapporte d'après Hassan El-Basri que Mouawya avait quatre particularités dont l'une d'elles serait simplement suffisante pour le discréditer.

1)- La prise du pouvoir par la force sans la moindre consultation des Compagnons vertueux.

2)- Avoir imposé son fils au pouvoir alors que celui-ci était connu de tous comme un débauché, dépravé et ivrogne.

3)- L'allégation de son nom à Zyad alors que le Prophète disait "Lapidation pour l'adultère, mais l'enfant est innocent."

4)- L'exécution de Houjr et ses partisans. (2)

Certains des Compagnons vertueux fuyaient la mosquée à la fin des prières pour ne pas assister aux discours concluant par l'insulte d'Ali et de Ahlul-Bayt, pour cette raison les Omeyyades ont changé la tradition du Prophète et ont placé le discours avant la prière pour obliger les gens à y assister, car ils ne pouvaient pas quitter la mosquée avant la prière.

"Félicitations" à ces Compagnons qui ne ressentent aucune gêne à changer la tradition du Prophète et même les Lois Divines pour atteindre leurs buts sordides et ignobles en maudissant un homme bénit et purifié par Dieu, pour lequel il fallait invoquer des prières comme pour le Prophète. Le Prophète disait : "Le fait d'aimer Ali est une preuve de croyance. Le fait de le haïr est une preuve d'hypocrisie." (3)

Mais ces Compagnons ont tout manipulé, ils écoutaient mais n'obéissaient pas, et nu lieu d'invoquer les prières sur Ali, de l'aimer, de lui obéir. Ils l'ont insulté, maudit durant soixante années comme le prouvent les livres d'histoire.

Les Compagnons de Moïse ont comploté contre Haroun pour l'assassiner mais ils ne l'ont pas fait.

Alors que quelques Compagnons de Mohamed ont assassiné l'Imam et ont poursuivit ses fils et ses partisans partout dans le monde. Ils ont même interdit à quiconque de porter leur nom. Ils l'ont insulté et maudit et ont obligé les Compagnons fidèles à le faire également.

Personnellement, je suis bouleversé lorsque je lis dans nos ouvrages célèbres tout ce qui a été rapporté de l'amour du Messager d'Allah envers son frère, son cousin Ali, qui le préférait à tous les Compagnons. Il lui disait : "Ali, tu es pour moi comme Haroun l'était pour Moïse : mais Je suis le dernier des prophètes." (4)

Il disait étalement : "Tu es de moi et je suis de toi." (5)

-"Aimer Ali c'est un signe de croyance, le haïr c'est un signe d'hypocrisie." (6)

-"Je suis la cité de la science. Ali en est sa porte. "(7)

-"Ali est le patron de tous les croyants après moi." (8)

-"Quiconque me prend comme patron doit prendre Ali aussi, que Dieu protège ses partisans et délaisse ses ennemis." (9)

Si nous voulions recenser les vertus et les qualités que le Prophète a attribuées à Ali, rassemblées par nos savants. Il nous faudrait un ouvrage complet.

Comment alors peut-on expliquer l'attitude des Compagnons à son égard '' Comment peuvent-ils l'insulter du hauts des chaires et le prendre comme ennemi, et l'assassiner après des combats cruels, comment peuvent-ils ignorer tout ce que le prophète avait dit à son égard ?

J'essaye vainement de trouver une excuse valable pour ces gens. Hélas, je ne trouve que la tentation et l'amour du pouvoir si ce n'est l'hypocrisie et l'abjuration ou la renonciation à la foi ; car ils ne servaient que leurs intérêts et ne pensaient qu'au monde d'ici-bas depuis la Jahilya ?

J'essaye aussi d'attribuer cette responsabilité â quelques Compagnons méconnus ou à quelques hypocrites, afin de trouver à ces Compagnons explications ou excuses.

Malheureusement, ils sont parmi les plus célèbres et considérés comme les plus grands et les plus vertueux. Car le premier qui a menacé de brûler vifs Ali et Ahlul-Bayt, c'était bien : Omar Ibn AI-Khattab.

Les premiers Compagnons qui ont combattu Ali, étaient bien Talha, Zoubair et A'icha (fille de Abou Baker) et sans oublier Mouawya Ibn Abi Soufiane, Amr Ibn AL-Ass et leur clan si nombreux.

De par cela, mon étonnement est grand (j'espère que tout homme honnête le comprend), je n'arrive pas à comprendre comment les Savants Sunnites s'accordent pour dire que tous les Compagnons du Prophète étaient justes et équitables.

Ils invoquent pour eux des bénédictions et des prières sans exceptions, quelques uns ont maudits uniquement Yazid, alors que Yazid n'était que le fruit naturel de cette abjuration.

Si les Sunnites suivaient vraiment la tradition du Prophète comment peuvent-ils bénir des actes aussi immoraux.

Comment peuvent-ils justifier ce qui a été rejeté par le Coran et la Sounna et qui était infidèle et pervers. Le Messager d'Allah a dit : "Celui qui insulte Ali m'insulte. Celui qui m'insulte, insulte Dieu. Et celui qui insulte Dieu, il sombre dans l'enfer."(10)

Cela est la récompense de celui qui insulte Ali, qu'en est-il alors de celui qui le combat ? -Où sont donc nos Savants face à toutes ces vérités ? Leurs cœurs sont-ils fermés ?

Que Dieu me protège de toute influence diabolique !

 

(1) Sahih Al-Bouhhari Volume 1 Page 122 Chapitre : Les deux Fête, (Aïd El-Fitr - Aid ElAdha)

(2) "Al-Khilafa Wal-Moulk" Page 106

(3) Sahih Mouslim Volante 1 Page 161

(4) Sahih Al-Boukhari Volume 2 Page 305

Sahih Mouslim Volume 2 Page 360

Moustadrek Hakem Volume 3 Page 10.

(5) Sahih Al-Boukhari Volume 2 Page 76

Sahih Ettarmidhi Volume 5 Page 300

Sounan Ibn MajehVolume 1 Page 44

(6) Sahib Mouslim Volume 1 Page 61

Sounan Annissay Volume 6 Page 117

Sahib Attarmidhi Volume 8 Page 306.

(7) Sahih Attarmidhi Volume 5 Page 201

Moultadrek Al-Hakem Volume 3 Page 12.

(8) Mousnad Imam Ahmad volume 5 page 25

Moustadrek Al-Hakem Volume 3 page 13

Sahih Attarmidhi volume 5 page 296.

(9) Sahih mouslim volume 2 page 362

Moutadrek Al-Hakem volume 3 page 109

Mousnad Ahmad volume 4 Page 281.

(10) Mowtalrak Al-Hakem Volume 3 Page 121

Khassayes Annissay Page 24

Mousnad Imam Ahmad Volume 6 Page 33 - Manaked Al-Khawarezmi page 81

Arryadh Annidhira - Tabari Volume 2 page 219 - Tarikh Assouyouti page 73.

LES COMPAGNONS ONT CHANGE MÊME LA PRIERE

Anes Ibn Malek qui gardait la porte du Prophète, a dit : "Je ne vois aucune tradition qui existait à l'époque du Prophète." On lui demande : "Et la prière ?"

Il dit : "Vous avez négligé quelques préceptes de la prière !»

Azzouhri rapporte aussi : "Je suis allé chez Anas Ibn Malek à Damas, il pleurait ; je lui demandais : pourquoi pleures-tu ? II dit : je ne reconnais rien de ce que j'ai vécu avec le prophète, y compris cette prière qui a été aussi négligée."(1)

Et pour écarter toute idée, que le changement des traditions prophétiques a été au temps des adeptes des Compagnons après la zizanie et la guerre ; J'aimerai rappeler que c'est bien le Khalife des musulmans Othman Ibn Affan, qui a changé la tradition du prophète dans la prière ; ainsi que la mère des croyants Aïcha.

Dans leurs Sihahs, Boukhari et Mouslim rapportent que le Messager d'Allah a fait deux prosternations dans la prière (à Mina), Aboubaker et Omar aussi, Othman l'a fait pendant une partie de son Khilafa et par la suite il a fait quatre prosternations.(2)

Mouslim rapporte dans son ouvrage Sahih que Azzouhri a dit : "J'ai demandé à Ourwa pourquoi Aïcha se prosterne-t-elle quatre fois ?-Il m'a répondit : Elle a interprété comme Othman l'avait fait."(3)

Omar Ibn Al-Khattab aussi interprétait les lois Divines et les traditions du Prophète comme il le voulait, et il avançait toujours son avis contre les jugements et les décisions de Dieu et de Son Messager. Il dit franchement :

"Deux jouissances se pratiquaient à l'époque du Prophète, moi, je les interdits et je châtierai ceux qui les pratiquent."

Un homme est venu lui demander un jour : "Que dois-je faire si je ne trouve pas d'eau après l'acte sexuel ?" Omar lui dit : "Abandonne les prières" - Alors que Dieu a dit :

"Si vous êtes en état d'impureté et que vous manquiez d'eau, imposez-vous alors les mains sur une roche pure..." Al-Mayda verset 5.

Boukhari rapporte dans son ouvrage le Sahih dans le chapitre (Si un homme impur craint le froid) que Chakik Ibn Salami disait : "J'ai assisté à la discussion entre Abdallah et Abou-Moussa. Il lui demandait si un homme est impur par l'acte sexuel et ne trouve pas d'eau pour se purifier, que doit-il faire ? Abdallah répond : "il abandonne les prières jusqu'à ce qu'il trouve l'eau." AbouMoussa lui dit : "le Prophète a apprit à Ammar comment se purifier par la terre !" Abdallah répond : "Oui mais, Omar n'était pas convaincu de ses propos !" Abou Moussa lui dit : "Laissons à part les propos de Ammar, que dis-tu du verset Coranique ?" Abdallah ne trouvait rien à dire, il reprend : "Si nous leur autorisons cela, il se peut qu'ils abandonnent les ablutions en hiver par crainte du froid et ne se contentent que du Tayamoum". (4)

 

(1) Sahih Al-Boukhari Volume 1 Page 74.

(2) Sahih Al-Boukhari Volume 2 page 154 - Sahih Mouslim Volume 1 page 260.

(3) Sahih Mouslim Volume 2 page 143 (Chapitre : la prière des voyageurs)

(4) Sahih Al-Boukhari Volume 1 page 54.

LES COMPAGNONS TEMOIGNENT CONTRE EUX MEMES

Anas Ibn Malek rapporte que le messager d'Allah a dit aux Ansars :

"Vous allez voir après moi de grandes préférences égoïstes je vous recommande d'être patients et calmes Jusqu'a ce crue vous rencontriez Dieu et Son Messager à l'abreuvoir."

Anas dit : "Malheureusement nous n'étions pas patients !" (1)

Aussi Aala Ibn-Al-Moussayab rapporte que son père a rencontré Al Bara Ibn-Azeb, il lui dit : "Bonheur à toi, tu étais Compagnon du Prophète, tu lui a donné allégeance sous l'arbre." Il dit : "O cousin, tu ne sais pas ce que nous avons fais après sa mort." (2)

Ce Compagnon est l'un des premiers convertis, l'un des grands croyants qui ont prêtés allégeance au Prophète sous l'arbre, et que Dieu a bénit et récompensé. Il témoigne contre lui-même et contre ses amis qui ont tout changé après la mort du Prophète. Ce témoignage concorde avec la prophétie du Messager d'Allah lorsqu'il avait prévu que ses Compagnons allaient renoncer à la fois après sa mort.

Est-il logique après cela de croire que tous les Compagnons sont justes et équitables comme le prétendent les Sunnites ?

Celui qui prétend cela, contredit la logique ainsi que les propos du Coran et du Prophète, et ne laisse au chercheur aucune ouverture d'esprit sur laquelle il se base pour atteindre la vérité.

 

(1) Sahih Al-Boukhari Volume 2 page 135.

(2) Sahih Al-Boukhari volume 3 Page 32 (Chapitre : La bataille de houdaybya).

TEMOIGNAGE DES DEUX CHEIKHS

ABOUBAKER ET OMAR CONTRE EUX MEMES

Boukhari, dans son ouvrage le Sahih (Chapitre : les qualités d'Omar Ibn Al-Khattab) dit : Lorsque Omar, a été poignardé, il souffrait ; pour le calme(' IbnAbbas lui dit : "0 Emir des croyants, Si tu as subi cela, tu étais Compagnon du Prophète, tu lui as tenu compagnie et tu l'as quitté alors qu'il était fier de toi, ensuite tu as tenu compagnie à Aboubaker et tu l'as quitté alors qu'il était fier de toi, puis tu as tenu compagnie à leurs Compagnons et si tu les quitte, ils seront fier de toi."

Omar lui dit : "En ce qui concerne la compagnie du Prophète ainsi que celle d'Abou Baker et leur fierté à mon égard, cela m'est un don de Dieu qu'il m'a octroyé. Mais en ce qui concerne ma peur et ma crainte, cela est à cause de toi et de tes amis, je jure par Dieu que si je possède toute la terre pleine d'or, je l'offrirais pour me racheter du châtiment de Dieu avant de le rencontrer."

L'histoire lui a également conservé ces propos : "Je souhaiterais être le bélier de mes parents, qu'ils me nourrissent très bien pour grossir et quand je deviendrais très gros, quelques visiteurs aimables viendront, ils feront de moi une grillade qu'ils mangeront et évacueront en déchets, cela est mieux pour moi que d'être un homme."

Comme l'histoire a gardé d'Abou Baker ce qui suit : Quand il a vu un oiseau sur un arbre, il a dit : "Bonheur à toi, tu sautes sur les arbres, tu manges les fruits, tu ne subit aucun jugement ni aucun châtiment. Je souhaiterais être un arbre sur la route et qu'un chameau passant me mangerait et me sortirait dans ses déchets, cela serait mieux pour moi que d'être un homme."

Une autre fois Abou Baker disait : "J'ai souhaité que ma mère ne m'ait pas engendrée, je souhaiterai être une paille dans une brique de terre."

Ce sont quelques textes que j'ai tirés de grands ouvrages pour servir d'exemples, car le Livre de Dieu annonce la bonne nouvelle au croyant sincère et dit

"Non en vérité, les alliés de Dieu n'auront plus lieu de s'alarmer, ni n'éprouveront d'affliction, ceux qui ont la foi et sont pieux envers Dieu, un heureux destin leur est annoncé, qui sera leur lot en cette vie et dans l'autre. Rien ne sera changé à la parole de Dieu ; ce sera la félicité suprême !" Younes. Versets : 62-63-64.

Il dit aussi :

"Ceux qui disent : "Notre maître c'est Dieu"puis se comportent avec droiture, verront affluer les Auges du ciel qui leur diront : "Ne craignez rien, ni ne vous affliger ! Recevez plutôt une heureuse annonce celle du paradis qui vous est promis ! Nous sommes pour vous des soutiens en ce monde et le serons dans l'au -delà, où tous vos désirs seront comblés et tous vos vœux satisfaits." Tel sera le généreux accueil d'un Maître absoluteur tout compatissant." Foussil art. Versets : 30-31-32.

Comment alors les deux Cheikhs Abou Baker et Omar peuvent-ils souhaiter ne pas être du genre humain que Dieu a honoré et a préféré parmi toutes Ses créatures.

Si le croyant ordinaire, qui se comporte avec droiture ; aura une heureuse annonce par les Anges, lui garantissant leur soutien dans ce monde avant même d'arriver à l'au-delà. Pourquoi les grands Compagnons du Prophète que nous considérions les plus parfaits après le Messager d'Allah, souhaiteraient ils être des déchets ?

Certes ! Si les Anges leur ont annoncé une heureuse nouvelle, ils n'auront jamais souhaité posséder la terre pleine d'or pour se racheter du châtiment de Dieu avant de le rencontrer.

Dieu (qu'Il soit Loué) dit :

"Il n'est pas une âme chargée d'iniquités qui n'hésiterait un jour à offrir, pour s'en racheter, toutes les richesses de la terre. Face au châtiment qui les attend. Les impies cacheront en vain leurs remords. Ils seront jugés en toute équité, et point ne seront lésés." Younes. Verset : 54.

Il dit aussi :

"Si les injustes pouvaient détenir tous les trésors réunis de la terre, et encore une fois autant, ils les donneraient volontiers, au jour du jugement pour se racheter d’un sort affreux. Ils verront alors apparaître de la part de Dieu ce dont ils ne se doutaient guère. Tout le mal qu'ils auront commis leur apparaîtra. Ils se verront cernés de partout par ces châtiments qu'ils raillaient." Azzoumar. Versets : 47-48.

Je souhaite de tout mon cœur que ces versets ne visent pas des grands Compagnons tel que Abou Baker (Esseddik) et Omar (A1-Farouk).

Mais je m'arrête souvent en lisant ces textes coraniques, et je me rappelle quelques unes de leurs attitudes provocantes envers le Messager d'Allah, et tout ce qui a suscité leur désobéissance et leur refus de ses ordres aux derniers jours de sa vie, cause de sa colère et de son affliction.

Comme je me rappelle aussi les événements qui se sont déroulés après sa mort, avec sa fille Fatima Ezzahra, le mal et l'injustice qu'ils lui ont fait subir, malgré ce que le Prophète disait à son sujet : "Fatima est un fragment de moi, ce qui provoque sa colère : provoque la mienne."

Fatima a dit à Abou Baker et Omar : "Par Dieu, je vous demande; n'avez-vous pas entendu le Messager d'Allah dire : "La satisfaction de Fatima est la mienne, sa colère est aussi la mienne. Celui qui aime ma fille et la satisfait, m'aime et me satisfait, celui qui incite sa colère incitera la mienne."

Ils dirent (tous deux) : "Oui, nous l'avons entendu du Messager d'Allah."

Elle dit :"Dieu et Ses Anges témoignent que vous êtes cause de ma colère et que vous ne m'avez pas donné mon droit. Je témoignerai contre vous le jour où je verrai le Prophète."

Mettons à part ce récit qui afflige notre cœur. Ibn-Koutayba le Savant Sunnite, qui l'a raconté, est l'un des grands historiens (il a écrit plusieurs ouvrages dans tous les domaines scientifiques).

-"Ibn qutaybah se serait convertit au chiisme !", me disait quelqu'un après avoir lu son livre; "Tarikh AI-Khoulafa" (L'histoire des Khalifes), sans être capable de trouver d'autres arguments.

C'est la propagande courante émanée par nos Savants, las et harassé d'essayer de trouver une issue. Donc Tabari est présumé être un Chi'ite, L'imam Annissay qui a écrit un ouvrage sur les particularités de L'imam Ali, serait aussi devenu Chi'ite, et même Taha-Hussein qui est un écrivain contemporain, est supposé s'être converti au Chiisme quand il a écrit "La grande Zizanie", un livre qui ressort l'événement d'El-Ghadir et plusieurs autres vérités.

Alors, qu'en réalité, tous ces Historiens ou penseurs, n'ont jamais sympathisé avec le Chiisme, bien au contraire, ils critiquent beaucoup les Chi'ites et défendent farouchement la thèse disant que tous les Compagnons étaient justes et équitables.

Seulement, si nous parlions des vertus et des qualités de l'Imam Ali, et si nous reconnaissions les fautes et les erreurs de certains Compagnons du Prophète, nous sommes alors rejetés et "soupçonné" d'être un sympathisant Chi'ite avec tout ce que cette connotation comporte de sens péjoratif et de préjugés. Il suffit parfois, de dire simplement : "Que la paix soit sur Mohammad et sur sa descendance, ou que la paix soit sur Ali", alors réapparaît cette nuance péjorative dans le sens du mot "Chi'ite".

Sur ce fait, je ne manquerais pas d'évoquer une discussion avec l'un de nos Savants Sunnites :

-"Que penses-tu de Boukhari ?"

-"C'est l'Imam de la tradition, son ouvrage est le plus véridique après Le Saint Coran, et ceci fait l'unanimité de tous nos Savants !" me répondit-il.

-"Il est Chi'ite !" Il rit avec ironie, en disant :

-"Qu'il ne plaise à Dieu, que l'Imam Boukhari soit Chi'ite." J'ai dis, en souriant :

-"N'as-tu pas dis que tous ceux qui disent "La paix soit sur Ali" sont des Chi'ites ?"

-"Oui, bien évidemment !" Je me précipitais alors, à prendre le grand livre de Boukhari et le présentais à tous les gens présents. En effet, à Chaque fois que Boukhari mentionnait; Ali, Fatima, ou Hussaîn; il ajoutait : "Que la paix soit sur lui", "Que la paix soit sur elle", "Que la paix Soit Sur eux".

Notre ami resta Stupéfait et ne savait plus, que dire.

Je reviens au récit raconté par Ibn Koutayba, qui a expliqué, que Fatima était en conflit avec Abou Baker et Omar.

Si je devais douter de ce récit, je ne pourrais douter de Sahih AIBoukhari, qui est supposé être, l'histoire la plus authentique, et dont, nous en avons fait la référence, seule et unique. C'est pourquoi les Chi'ites peuvent s'en servir comme argument contre nous et cela est très logique.

Voici, ce que Boukhari rapporte dans le chapitre (les qualités de la progéniture du Prophète).

Le Messager d'Allah a dit :

"Fatima est un fragment de moi même celui qui provoque sa colère aura aussi provoqué la mienne".

Il rapporte dans le chapitre (la conquête de Khaybar) que Aïcha rapportait que Fatima, fille du Prophète a demandé à Abou Baker qu'il lui donne son juste héritage du Prophète. Abou Baker refusa de le lui donner, elle s'est fâchée contre lui, et l'a abandonné jusqu'à sa mort.

Boukhari L'avait raconté brièvement, et Ibn Koutayba avec plus de détails.

Mais, l'essentiel pour nous, c'est que tous les deux rapportent que le Prophète, se fâche à la colère de sa fille et que la fille du Prophète est morte, en conflit et en colère contre Abou Baker et Omar.

Puisque Fatima est l'impératrice de toutes les femmes du monde, comme le dit Boukhari dans le chapitre de la permission. Et puisqu'elle est la seule femme (dans la communauté musulmane) qui ait été, de part sa nature, purifiée par Dieu. Elle ne se serait, donc pas fâché futilement, c'est pour cette raison que Abou Baker a eut très peur de sa colère et a voulu abdiquer, quand elle lui déclara q'elle témoignerait devant Dieu contre lui, et à chaque fois qu'elle ferait la prière.

Il sortit, alors de chez elle en pleurant et en disant : "Je n'ai pas besoin de votre allégeance, acceptez mon abdication.

Plusieurs de nos Savants et de nos historiens, reconnaissent le conflit entre Fatima et Abou Baker au sujet de l'héritage et des dons de son père, le rôle de la descendance du Prophète dans la gestion du trésor public, toutes ces demandes ont été refusées par Abou Baker et elle est morte peinée et contrariée par sa cause.

Mais ces événements sont retracés sans analyse ni critique, pour sauvegarder l'honneur d'Abou Baker, tel était devenu l'usage.

Le plus étonnant encore, dans cette affaire; Ce sont les propos d'un écrivain célèbre, qui, après avoir parlé de ce conflit avec détails, dit : "qu'il ne plaise à Dieu que Fatima réclame ce qui n'est pas de son droit, et qu'il ne plaise à Dieu que Abou Baker lui interdise son droit".

Ce Savant a cru avoir résolu le problème par ces deux phrases, alors que ses propos illogiques ressemblent plutôt à ceci " Qu'il ne plaise à Dieu que le Coran puisse raconter des mensonges et qu'il ne plaise à Dieu que les Israélites aient adoré un Veau en or".

Nous sommes en fait les victimes, des "Savants", des antagonistes, qui acceptent une chose et en même temps son contraire. En fait, il n'y a pas trois solutions, la seule logique démontre que l'un des deux ment. Donc, soit on admet que Fatima, fille du Prophète, mente ! (Qu’il ne plaise à Dieu), ou qu'on admette que c'est bien Abou Baker qui lui a causé injustice, et donc l'a offensé et outragé. Cependant les arguments, les preuves textuelles et logiques, refusent et n'admettent en aucun cas que Fatima, la première dame musulmane et fille du Prophète, soit une menteuse. Le Prophète a même dit : "Fatima est un fragment de moi même, celui qui l'offense, m'aura offensé". Par conséquent, il est évident que celui qui ment ne pourrait avoir une telle valeur dans un texte prophétique, car, ceci est une preuve même d'immaculation, ainsi que le Verset de purification, qui a été révélé en sa faveur, en la faveur de son mari et de ses deux fils. (Ce en témoignage de Aicha).

Donc, il ne reste pour un esprit raisonnable qu'à reconnaître qu'elle a été méprisée et privée de ses droits, et que ceux qui ont voulu la brûler vivante dans sa maison, ne pouvaient pas changer les faits. C'est pourquoi, nous la voyons refuser d'accepter dans sa demeure, Abou Baker et Omar. Quand ils ont demandé de la voir, et lorsque Ali, son époux les fit entrer, elle a tournée son regard vers le mur et n'a pas accepté de les voir.

Fatima, est décédée et fut enterrée clandestinement, pendant la nuit, comme elle le voulait dans son testament. Elle disait que personne d'entre eux, n'assisterait à ses obsèques.

Ainsi, la Sépulture de la fille du Prophète reste inconnue, jusqu'à nos jours. Et je me demande bien, pourquoi nos Savants se taisent-ils et ne veulent pas relever de telles questions, ni même en parler !

Est-ce par crainte de dévoiler, ou de reconnaître certaines vérités ?

Ils essayent de nous présenter les Compagnons du Prophète comme des anges immaculés.

Quand nous leur demandons pour quelles raisons a-t-on tué Osman ibn Affan, ils répondent que ce sont les Egyptiens incrédules qui sont venu et l'ont tué, et ils mettent fin par cette réponse à toute question.

Mais quand j'ai trouvé la voie de la recherche et de la lecture de l'histoire. j'ai décelé que les assassins d'Othman, n'étaient autres que les Compagnons eux mêmes, et à leur tête "la mère des croyants"; Aicha qui acclamait sa mort devant tout le monde en disant: "Tuez-le. il est semblable au juif incrédule".

Parmi eux, également; Talha et Zoubayr et Mohamed ibn Abi-Baker, qui l'ont assiégés et interdit qu'on lui apporte de l'eau, pour l'obliger a abdiquer.

Les historiens nous rapportent aussi que ce sont les Compagnons qui ont interdit son enterrement dans le cimetière des musulmans, il a été enterré sans ablutions ni linceul dans une terre juive appelée Houchi kawkab.

Comment peuvent-ils nous dire qu'il a été offensé et que ses assassins n'étaient qu'une bande d’incroyants ?

Cette affaire est aussi troublante que celle de Fatima et Abou Baker.

Soit, Othman fut injustement combattu et dans ce cas, ses adversaires sont criminels d'avoir tué leur Khalife et être allé jusqu'à outrager ses funérailles, ou bien, qu'il était injuste et incrédule et ne peut pas être excusé ni considéré comme bien guidé.

Dans les deux cas, la thèse de l'équité de tous les Compagnons est bannie. Ou Othman est injuste, ou bien ses assassins sont injustes.

Comme ils sont tous Compagnons du Prophète, donc toute notre thèse s'efface, et il ne reste que la thèse des Chi'ites.

On se demande aussi, comment "la mère des Croyants", Aicha, s'est permise de conduire la bataille du chameau, avec emphase, comment a-t-elle pu abandonner sa demeure et désobéir Dieu, qui lui avait ordonné d'y rester.

Dieu qu'Il Soit Loué, a dit :

"O !femmes du Prophète. Restez dignement dans vos foyers ! Ne vous exhibez pas impudiquement, telles des païennes du temps révolu." Al Ahzab : 33

On se demande, de quel droit, Aicha s'est permise de combattre le Khalife des musulmans, Ali Ibn Abi-Taleb, alors qu'il détenait autorité sur, Croyants et Croyantes.

Les Savants Sunnites, avancent toujours la réponse simpliste : "Elle n'aimait pas Ali, parce qu'il a conseillé au Prophète de la répudier, suite à la rumeur mensongère "d'Al-Ifk".

Ils essayent de nous convaincre que cet événement, (s'il est véridique) est un argument suffisant pour qu'elle désobéisse à Dieu, et qu'elle déchire le voile qui lui a été imposé par le Prophète, qu'elle monte un chameau, alors qu'elle avait été prévenue, auparavant par le Messager d'Allah, qu'elle ne devait faire ainsi et "inciter l'aboiement des chiens d'El Hawaii".

Elle a autorisée, le massacre de Croyants innocents, et a mené une bataille contre l'Imam Ali et ses partisans en entraînant la mort de milliers de musulmans.

Elle était sur le chemin de retour de la Mecque, lorsqu'elle apprit l'assassinat de Othman. Elle a alors, exhibé une grande joie, mais à l'annonce du nouveau Khilafaa, revenant à Ali, elle dit :

"Je préférerais que le ciel tombe sur la terre, plutôt que de voir la Khilafa dIbn Abi-Taleb." Elle est alors, retournée à la Mecque et commença à créer la Zizanie pour susciter la révolte contre Ali, dont elle se refusait même de prononcer le nom.

N'a-t-elle jamais entendu ce que le Prophète disait à l'égard d'Ali ? "L'aimer, c'est la croyance. Le haïr, c'est l'hypocrisie."

De telle sorte, que les Compagnons disaient : "Nous ne connaissons les hypocrites que par leur haine envers Ali".

N'a-t-elle pas entendu le Prophète dire : "Ce dont je suis le maître, Ali en est de même". Sans doute, qu'elle a entendu tout cela mais elle a continuée à détester Ali, à tel point, qu'elle s'est prosternée pour remercier Dieu, lorsqu'elle a eu connaissance de son assassinat.

Je voudrais laisser de côté tout cela, car mon but à présent n'est pas d'étudier l'histoire de Aicha, femme du Prophète; mais je voudrais surtout, prouver l'erreur de certains Compagnons qui ont détourné les principes de l'Islam et ont désobéi aux ordres du Prophète, il suffit d'un seul exemple, et qui fait l'unanimité de tous les historiens, qui rapportent que lorsque Aicha a traversé "AI Hawaab", et que les chiens ont aboyés, elle s'est rappelée alors la mise en garde de son défunt mari, le Messager d'Allah; elle pleura et dit: "Je voudrais faire demi tour, et revenir à mon foyer".

Et, à ce moment là, l'Histoire raconte que. Talha et Zoubayr ont fait un don à cinquante personnes, qui sont venues jurer par Dieu, devant Aïcha, que cet endroit n'était pas AI Hawaab. Elle continua son voyage jusqu'à Bassora.

C'était là, le premier faux témoignage dans l'histoire de l'Islam, d'après les Historiens.

Je m'adresse, alors à tous les musulmans clairvoyants et honnêtes, pour leur demander, qu'en est-il donc de tous ces honorables Compagnons que nous respectons tant, face à la gravité du faux témoignage.

La question qui revient donc toujours, est celle de savoir; qui a raison et qui a tort !

L'arbitre loyal ne peut qu'avoir un penchant pour l'Imam Ali, qui n'abandonnait jamais la vérité, et rejeter la zizanie de Aicha et ses partisans, causant une terrible guerre, qui a tellement détruit, et dont nous subissons les conséquences, encore de nos jours. Mais pour plus de détails, et pour être plus certain encore, j'ajouterai que Boukhari dans son Sahih, rapporte

"Lorsque Talha, Zoubayr et Aïcha ont envahit Bassora, l'Imam Ali a envoyé, Ammar Ibn-Yasser et son fils Hassan Ibn-Ali à Kouffa. Tous deux montèrent sur la chaire, Ammar était plus bas. Nous nous sommes regroupés autour de lui, et je l'ai entendu dire; Aïcha est partie pour Bassora, vous savez tous, qu'elle est l'épouse de notre Prophète dans cette vie et dans l'au-delà, mais Dieu, Exalté Soit-II, vous a mis à l'épreuve pour savoir si vous obéirez à Lui où à Aïcha".

Boukhari rapporte aussi, dans le chapitre;( les maisons des épouses du Prophète) que le Prophète avait fait un discours, ensuite il a montré du doigt la demeure de Aïcha et a dit : "c'est ici la zizanie, c'est ici la zizanie, d'ici monte la corne du diable".

Par ailleurs, Il a aussi rapporté, dans son Sahih, d'autres choses aussi étranges et étonnantes concernant le comportement de Aïcha vis-à-vis du Prophète, et de sa maladresse qui avait suscitée la colère de son père, Abou Baker qui l'avait alors frappé. Aussi, lors de sa révolte contre le Prophète, Dieu l'a menacée de répudiation, au profit d'une meilleure épouse.

Après tout cela, comment ne pas se demander d'où vient le respect et l'estime que les Sunnites vouent à Aïcha. Etait-ce parce qu'elle est l'épouse du Prophète ?

Mais les épouses du Prophète étaient nombreuses, et dont quelques unes plus pieuses que Aïcha, ceci d'après le témoignage du Prophète lui-même.

Est-ce parce qu'elle était justement, la fille de Abou Baker ? Ou bien, parce qu'elle s'est farouchement opposée à Ali ? Ou encore, parce qu'elle a combattu ses fils après lui ? Elle s'est même opposée aux funérailles de l'Imam Hassan et a empêché qu'il soit enterré à côté de son grand père, le Prophète, en disant :

"Ne faites pas entrer dans ma maison celui que je hais".

Elle a oublié, ou essaye d'ignorer que le Prophète disait : "Dieu aime celui qui les aimes et déteste celui qui les détestes'".

Ensuite Il s'adresse à eux en disant : "Je déclare la guerre à celui qui vous combat et la paix à celui qui vous aime".

Pour tout cela, elle était l'idole des Omeyyades. Ils l'ont flattée et honorée frauduleusement en rapportant des Hadiths falsifiés, qui ont fait d'elle une référence suprême pour la communauté musulmane, en prétendant qu'elle détient, seule la moitié de la Religion.

Il se peut qu'ils aient attribués l'autre moitié de la Religion à Abou Hourayra qui a satisfait leurs besoins en Hadiths, ils l'ont nommé gouverneur de Médine, lui ont construit le palais d'émeraudes, et l'ont appelé le rapporteur de L'Islam.

Ainsi, les Omeyyades se sont construit une religion sur mesure, qui ne contient du Coran et de la Sunna que ce qu'ils désirent, et que ce qui fait appuyer leur pouvoir et leur dynastie, en falsifiant la vérité et en détournant les musulmans de la lumière. Ils avaient obligés les gens à suivre leur doctrine par tous les moyens. Et les Lois divines sont devenues pour eux; un moyen d'acquérir le pouvoir, donc une mascarade au service de Mouais.

A chaque fois, qu'on demande à nos Savants, les motifs de la guerre menée par Mouawya contre Ali. Cette guerre qui est à l'origine de la division des musulmans, en Sunnites et Chi'ites, jusqu'à nos jours, ils répondent, toujours avec autant de simplicité : "Ali et Mouawya, sont tous deux, des Compagnons honorables, qui ont fournit leurs efforts. Ali avait raison, il aura deux récompenses, Mouawya avait tort, il n'en aura qu'une seule."

Il ne nous est pas permis de les juger, car il a été dit dans le Coran : "Toute cette génération est révolue, ses oeuvres lui seront imputées, et les vôtres portées à votre compte, et point n'aurez à répondre de ce qu'elle faisait"Comment un esprit saint, pourrait-il admettre l'effort de Mouawya et lui octroyer une récompense. Sachant que c'est lui qui a combattu l'Imam des musulmans et qui a massacré des croyants innocents, qui a commis d'innombrables crimes et pêchés, que Dieu seul peut dénombrer ?!!.

Comment nos Savants peuvent-ils admettre que Mouawya est juste, et lui octroyer une récompense, alors que le Prophète l'avait désigné comme Imam à la tête des injustes ?

Ils ont tous rapporté que le Prophète avait prédit que Ammar Ibn Yasser, serait tué par les injustes, et que c'est Mouawya et ses partisans qui le tuerait.

Comment peuvent-ils dire, que Mouawya est juste alors qu'il a tué Houjr Ibn-ouday et ses amis, parce qu'ils ont refusé d'insulter Ali Ibn Abi-taleb. II obligeait les Croyants à insulter Ali et Ahlul-Bayt, descendance du Prophète, et tuait ceux qui s'y opposaient ?

Comment peuvent-ils l'innocenter alors qu'il a empoisonné Hassan Ibn Ali, le petit fils du Prophète?...Et s'est emparé du pouvoir, par la force et a imposé son fils incrédule comme prince héritier, en instaurant une monarchie héréditaire ?

La question se répète sans cesse, lequel des deux groupes a tort et lequel a raison ?

Ou bien, Ali et ses Chi'ites ont tort, et qu'ils sont injustes !

Ou bien, Mouawya et ses partisans ont tort et sont injustes.

Le Messager d'Allah a, en effet, tout éclairci pour nous. Mais dans les deux cas, la thèse de l'équité des Compagnons est impossible, et ne peut être logique.

Il y a, à ce sujet, plusieurs exemples, et si je voulais entrer dans les détails et investir profondément dans la recherche, il me faudrait alors, compiler plusieurs ouvrages. Mais comme je tiens a être concis, j'ai pris quelques exemples pour démontrer l'erreur de nos "Savants", qui ont fermé notre esprit à la réflexion, depuis trop longtemps, et ont interdit la recherche et l'analyse des événement historiques, par la raison, et les concepts Coraniques et Prophétiques.

C'est pourquoi, je devais me rebeller contre ce qui m'avait été imposé; depuis vingt ans d'existence, dans la brume et avec des connaissances traditionnelles, sans fondements et qui scellaient et empêchaient toute réflexion libre. En disant : "Ah, si mon peuple pouvait savoir, et mon Seigneur me pardonnait d'être resté si longtemps loin de la vérité. Ah ! Si ma communauté pouvait découvrir le monde qu'elle ignore et déteste sans connaître."

LE COMMENCEMENT DE LA CONVERSION

Je suis resté perplexe durant trois mois, mon sommeil était perturbé, troublé par le conflit des idées, ballotté par les doutes et les illusions, ayant crainte de chercher et de m'ingérer dans la vie des Compagnons, en m'arrêtant parfois devant les paradoxes étonnants de leur comportement. Car mon éducation, m'appelait à respecter les saints et les amis du Prophète.

J'ai lu auparavant dans l'ouvrage intitulé, "La grande vie des Animaux", qu'un homme à dénigré Omar Ibn AI-Khattab, quand il parti pour uriner, une vipère noire le piqua à mort, lorsqu'on a voulu l'enterrer, on trouvait une vipère noire dans toutes les tombes qu'on creusait pour son corps. Un Sage intervint, alors et dit : "Enterrez-le n'importe où, car si vous creusiez la terre entière, vous trouverez toujours cette vipère noire, puisque Dieu veut le torturer sur terre, avant même le grand Jugement, parce qu'il a dénigré notre maître Omar."

Imprégné, donc de ces traditions et ces idées, j'étais très inquiet en commençant cette recherche, surtout qu'on nous avait inculqué à l'école (Annexe Zaitouna), que le plus vertueux de tous les Khalifes était notre maître Aboubaker (Nommé "Asseddik"), ensuite notre maître Omar Ibn AI-Khattab (le "Farouk"). Dieu a fait distinguer par lui le vrai du faux, ensuite notre maître Othman Bin Affan (nommé Dhi Nourain) que les Anges respectent. Après lui notre maître Ali (nommé porte de la cité des sciences). Après ces quatre-là viennent les six autres

Talha, Zoubayr, Saad, Said, Abderrahman, et Abi Oubayda. Ce sont les dix Compagnons à qui le Prophète avait promis le Paradis, et viennent ensuite tous les autres Compagnons sans aucune distinction ni valorisation.

De ce fait, il est facile de comprendre mes appréhensions à entreprendre une recherche mettant en doute la sincérité de biens des Compagnons.

Durant cette période, j'ai trouvé à travers les discussions menées avec des Oulémas, des contradictions inexplicables, ils m'ont mis en garde contre toute poursuite de cette recherche ; prétendant que Dieu me priverait de tout don pour l'étude. Mais en fait leur opposition à mes recherches ne faisait qu'accroître ma soif de connaissance et me laissait comprendre que ce travail allait atteindre la vérité, j'ai senti qu'une force abstraite me poussait à le faire.

DISCUSSION AVEC UN SAVANT

J'ai dis à l'un de nos Savant : "Malgré que Mouawya ait tué des innocents et ait outragé tout sens de l'honneur, vous dites qu'il fut un homme de mérite trouvant récompense auprès de Dieu. Malgré que son fils Yazid ait massacré la famille du Prophète et ait permit à son armée de faire tout ce qui est illicite à Médine, vous continuez à l'honorer.

Alors pourquoi m'interdire de me lancer dans la recherche et de douter de la sincérité des Compagnons, de dévoiler quelques uns d'entre eux (ceci est incomparable avec ce qu'a fait Mouawya et Yazid à l'égard de Ahlul-Bayt).

Ma recherche a pour seul but d'éclaircir des points sombres de l'histoire.

Le Savant m'a répondu : "O mon enfant la porte de l'Ijtihad (effort de recherche intellectuelle) a été fermée depuis très longtemps."

J'ai dis : "Qui l'a fermé ?"

Il me répondit : "Les quatre Imams des écoles juridiques."

De fait, je pouvais déclarer : "Louange à Dieu, car ce n'est ni Dieu ni Son Messager, ni les Khalifes orthodoxes (que nous devons suivre) qui l'ont fermée, donc il n'est pas interdit de s'y lancer à nouveau."

Le Savant : "Tu ne peux fournir des efforts que si tu possèdes dix sept connaissances parmi lesquelles la connaissance de l'analyse de la langue, l'interprétation, l'éloquence, la tradition, l'histoire, l'explication du Coran etc."

Je lui coupais la parole en disant : "Je ne souhaite pas prétendre montrer aux gens les Lois Coraniques et Prophétiques, ou être le maître d'une école en Islam ; mais seulement savoir, qui était sur le droit chemin et qui était égaré, savoir, par exemple, si Ali était l'homme de vérité ou bien Mouawya. Cela ne demande pas d'avoir dix sept connaissances, il me suffit d'étudier simplement la vie de chacun d'eux."

Le Savant : "A quoi peut te servir tout cela ?",

Dieu dit : "Toute cette génération est révolue, ses oeuvres lui seront imputées, et les vôtres portées à votre compte, et point n'aurez à répondre de ce qu'elle faisait, vous ne demandez pas de leurs oeuvres."

J'ai dis : "Attention, il ne faut pas confondre "ne demandez pas" avec, il ne vous sera demandé" ?

- Oui, Dieu a bien dit, "il ne vous sera pas demandé".

J'ai dis : "Le Coran déclare : "Toute âme assumera le poids de ses oeuvres, nulle âme ne sera chargée des péchés d'une autre."

Le Saint Coran, nous a révélé les histoires des temps passés et des nations précédentes, il nous a parlé des Pharaons de Hamon, le Namroud et Karoun, des Prophètes et de leurs peuples tout cela pour nous apprendre le droit chemin, le vrai du faux. Et si tu demandais; à quoi cela pouvait me servir, je te répondrai; que, premièrement, pour connaître l'ami de Dieu, afin que je le suive, et l'ennemi de Dieu, afin que je m'en écarte, et que je suive ce qui m'a été ordonné par le Coran.

Et deuxièmement, il m'intéresse de connaître les vraies pratiques de la religion comme Dieu le veut, et non comme le voudrait, Malik ou Abou-hanifa et les autres maîtres d'écoles, qui ont chacun son opinion personnel concernant la façon de prier. Et comme la prière est la base de la religion, je ne voudrais pas que la mienne soit rejetée.

Aussi, je trouve une divergence entre Sunnites et Chi'ites, concernant les ablutions, ceux-ci lavent les pieds, les autres les essuient. Alors que le Coran est bien clair encore sur ce point, il est dit : "essuyez vos Têtes et vos pieds." Mais pour quelles raisons, un musulman accepterait-il l'opinion de l'un et récuserait-il celle de l'autre, sans preuves ni arguments solides.

Il dit : - Mais, tu peux prendre de chaque école ce qui te plaira, puisqu'elles sont toutes islamiques et se réfèrent au Messager d'Allah.

J'ai dis : - Je crains d'être de ceux que le Coran dénonce, quand il dit :

"Que penses-tu de celui qui érige sa passion en divinité, et que Dieu à égarer en dépit de la Science qu'il a reçue, il a mis un sceau sur son ouïe et sur son cœur, et lui a placé un bandeau sur les yeux. Qui saurait le guider après que Dieu l'a égaré ? Ne pourriez-vous y réfléchir ?" Al Jathia : 23

Personnellement, je ne crois pas que toutes les écoles sont sur le droit chemin, du moment que les unes peuvent autoriser ce qui doit être interdit par les autres, alors qu'il est illogique que l'une soit licite et illicite en même temps, le Prophète n'a jamais admis de contradiction dans ses lois, puisqu'elles sont issues de la révélation Divine qui dit :

"Si ce livre venait d'un autre que de Dieu, ils y trouveraient maintes contradictions". Annissa : 82

Et puisque, les quatre sectes se contredisent, donc elles ne viennent pas de Dieu, ni de Son Messager, car le Prophète ne contredit jamais le Coran.

Lorsque le vieux Savant se trouvait confronté à mes arguments, il dit :

- Pour l'amour de Dieu, je te conseille quoi qu'il en soit, de ne jamais douter des Khalifes orthodoxes car ils sont les quatre piliers de l'Islam, si tu détruis l'un des piliers, tout ce qui est construit s'écroulera.

J'ai dit : "Que Dieu vous pardonne, s'ils étaient ceux là les piliers de l'Islam, où est donc la place du Prophète ?»

Le Savant répond : "Le Prophète, c'est l’œuvre c'est lui l'Islam entier".

Je souriais de son analyse : "Que Dieu vous pardonne une fois de plus, monsieur le cheikh, car vous dites, sans le comprendre que le Messager d'Allah ne pouvait accomplir correctement sa mission sans l'aide de ces quatre Khalifes, alors que Dieu, Exalté Soit-Il, dit

"C'est Lui qui a envoyé Son Prophète pour prêcher la sûre direction et instaurer la vraie religion, qu'il fera prévaloir sur toute autre. Ne suffit-il pas de Dieu pour en témoigner ?" al Fath : 28 Dieu a envoyé Mohammed avec un Message et ne lui a associé aucun de ces quatre ni aucune autre personne, Dieu dit alors

"De même que parmi vous, nous avons suscité, issue de vous même; un Prophète qui vous communique Nos Versets, vous sanctifie, vous enseigne l'écriture et la sagesse, et vous initie à bien des choses que vous ignorez". Al Bakara : 151

Le Cheikh dit : "C'est ce que nous avons appris de nos grands cheikhs et de nos imams des quatre écoles, notre génération ne cherchait pas les discussions ni la polémique entre oulémas, comme vous le faites aujourd'hui, nouvelles générations, vous doutez de tout, vous doutez de la Religion!? Cela est un signe de la fin du monde, le Prophète avait dit

"L'apocalypse anéantira les gens les plus pervers".

- Mais pourquoi me dire cela ! J'ai crû en Dieu l'Unique et en Ses anges, Ses livres, Ses Messagers, en notre maître Mohammed, Son serviteur et Son Messager, sceau des prophètes. Je suis musulman, pourquoi vous m'accusez ainsi ?

- Je t'accuses de plus en plus, parce que tu sèmes les doutes à l'égard de nos maîtres, Abou Baker et Omar, alors que le Prophète a dit : "Si la foi d'Abou Baker était comparée à celle de toute ma communauté, la foi d'Abou Baker serait plus pesante".

Et a dit à l'égard de Omar

"On avait passé ma communauté devant moi, tous les gens portaient des tuniques, les couvrant jusqu'à la poitrine, seul Omar traînait sa tunique derrière lui". Ils disent : "O ! Messager d'Allah, par quoi tu l'a interprété» ? Il dit : "Par la Religion". Et tu viens aujourd'hui, après quatorze siècles, pour douter de la justice des Compagnons, surtout Abou Baker et Omar, ne sais-tu pas que les Irakiens sont les gens de discorde, ils sont incrédules et hypocrites !

Et maintenant, que vais-je dire à ce cheikh qui prétend à la Sagesse et qui est enflé d'orgueil, qui a changé une discussion paisible en une querelle violente. Je me trouvais, soudain, publiquement accusé, de je ne sais quoi ! devant tous ses disciples, qui devenait aussi agressifs.

Je me précipitais, alors à la maison, et leur apporta sur le champs; l'ouvrage de l'Imam Malek "AI Mouatta", et le Sahih de Boukhari, la tension était encore élevée, quand j'ai dis:

 

((Chers messieurs ! ce qui me permet de douter d'Aboubaker, c'est le Prophète lui même, j'ouvre le livre "AI-Mouatta" et lis : "Malek rapporte que le Messager de Dieu, arrivant devant les tombes des martyrs de Ouhoud, dit : "ceux la, je témoigne en leur faveur!" Abou Baker, lui demande : "O ! Messager de Dieu ! Nous sommes soumis comme eux, n'avons nous pas combattu comme eux ?", le Prophète dit : "Oui mais je ne sais pas ce que vous allez faire après moi !" Abou Baker pleura deux fois et dit : "Nous vivrons après toi !`?»))

Ensuite j'ai ouvert le Sahih de Boukhari et lu

"Omar entra un jour chez sa fille Hafsa, et aperçu Asma bent Oumays. Il dit

"Qui es-tu ?" Elle dit : "Asma bent Oumays." Omar dit : "l'abyssine ?" Asma lui répondit que oui, il dit alors : "Nous étions les premiers émigrés avant vous, et nous avons mérité du Messager de Dieu bien plus que vous." Elle se fâcha et dit : "Non, par Dieu, vous étiez avec le Prophète qui nourrit vos affamés et qui appelle à la connaissance vos ignorants, et nous étions dans la terre lointaine des étrangers, en Abyssinie, pour la cause de Dieu et de Son Messager, et je jure par Dieu que je resterai sans manger ni boire, avant de pouvoir rencontrer le Prophète et lui raconterai cela, je ne mentirai pas et je n'ajouterai rien".

Quand le Prophète arriva, elle lui raconta ce qu'avait dit Omar. Il dit: "Non, il n'a pas de mérite plus important que vous, lui et ses amis n'ont eu qu'une seule émigration, mais vous, vous en avez eu deux". Asma a ajouté que Abou Moussa et ses Compagnons étaient très honorés, et que rien n'était plus cher pour eux que cette parole du Prophète.))

Après la lecture de ces Hadiths, les visages du Savant et de ses disciples avaient changé de couleur, ils s'échangèrent un regard en attendant la décision du Savant. Celui-ci fût choqué et s'exclama : "Que Dieu m'en enseigne toujours plus !»

J'ai alors dis : "Si je sais