Le mot tajwid vient de la racine arabe [Jawwada] qui signifie "rendre meilleur", ou "améliorer". En tant que terme, il signifie chez les spécialistes de la lecture du coran la science qui permet de réciter le coran correctement, en prononçant chaque lettre convenablement avec son makhraj et sa sifa qui conviennent, naturellement et sans forcer, conformément à ce qui a été transmis du prophète .
Le but de l'apprentissage du tajwid est de préserver le lecteur de commettre des erreurs dans sa récitation du coran afin de plaire à Dieu le très-haut.
Le premier qui a instauré cette science de manière pratique est
notre prophète et envoyé Muhamed (صلى
الله عليه واله وسلم), qui l'a reçu de l'archange Gabriel,
qui lui-même l'a reçue de Dieu exalté soit-il. Le coran a été en effet révélé
avec une récitation qui lui est spécifique, et qui se lit différemment de tout
autre texte.
Quant aux premiers qui ont établi les règles théoriques, ce sont les savants de
la langue arabe tels al-Kalil ibn Ahmed al-Farahidi et son élève Sibawayh.
La science du tajwîd se divise en deux parties:
* 'Ilm at-tajwîd an-nazarï : c'est-à-dire la connaissance des
règles théoriques du tajwîd, de ses normes, de ses conditions et de ses
appellations, telles ahkâm al-madd (les règles de l'allongement), les règles du
nûn as-sâkina wa at-tanwîn, et autres. La connaissance de cette science incombe
à la communauté islamique mais non à chaque musulman (fard kifâya). En d'autres
termes, il suffit que quelques musulmans connaissent cette science pour que le
reste de la communauté soit épargné du péché.
* `Ilm at-tajwîd al- `amalî : c'est la connaissance pratique de ces règles.
C'est la manière correcte et juste de la récitation du Coran, comme l'a récité
le Prophète de Dieu (صلى
الله عليه و اله وسلم). Cette connaissance est obligatoire
à tout musulman ou musulmane qui désire lire ou apprendre quelques versets du
Coran (fard 'ayn), dans la mesure de ses possibilités. Les preuves de son
caractère obligatoire sont nombreuses :
Dieu dit : « Et récite le Coran, lentement et clairement». Les Compagnons ont
reçu cette récitation directement du Prophète (صلى
الله عليه و اله وسلم) qui l'accentuait par une lecture
particulière et singulière. Ce dernier a reçu cette manière de réciter de l'ange
Gabriel, qui l'a lui-même reçue de Dieu - exalté soit-Il. Il est donc
obligatoire de réciter le Coran de cette manière.
Dieu dit: « Ceux à qui Nous avons donné le Livre, qui le récitent comme il se
doit, ceux-là y croient. »
Ceux, donc, qui ne récitent pas le Coran conformément à la manière dont il a été
révélé ne le récitent pas comme i il se doit.
L'imam Ibn al-Jazarî dit dans sa Muqaddima : « La connaissance du tajwîd est
une obligation, celui qui récite le Coran sans tajwîd commet un péché. Certes
Dieu l'a révélé ainsi, et c'est ainsi qu'il nous est parvenu. »
Il y a trois niveaux de lecture différents qui font partie
intégrante du tartîl :
*At-tahqîq : C'est donner à chaque lettre ce qui lui revient de droit tel
l'allongement (al-madd), la prononciation correcte de la hamza, des voyelles
brèves, le respect de la ghunna, en lisant lentement et sereinement. Cette
lecture est particulièrement recommandée aux professeurs lors de leur
enseignement.
* Al-hadr : C'est une lecture rapide du Coran tout en respectant les règles du
tajwîd.
* At-tadwîr : C'est un niveau intermédiaire entre at-tahqîq et al-hadr.
Remarques
1. Lorsque le lecteur lit selon at-tahqîq, il ne doit pas tomber dans l'excès en
allongeant de manière anormale certaines lettres.
* Al-lahn al jaliyy (erreur considérable, évidente) : c'est une erreur qui va en
opposition avec les règles essentielles de la langue arabe, elle peut ou non
changer le sens de la phrase. On l'appelle jaliyy (évidente) car c'est une
erreur qui paraît évidente aussi bien pour les spécialistes du tajwîd que pour des non-initiés.
Changer par exemple un طا en تاء ou prononcer
أنعَمتَ parأنعَمتُ
est une erreur dite jaliyya (évidente).
Celui qui commet un lahn jaliyy commet un péché.
* Al-lahn al-khafiyy (erreur dite latente ou imperceptible) :
c'est une erreur qui n'est pas en opposition avec les règles de la langue arabe,
elle ne change pas non plus le sens, mais elle intervient lorsqu'elle est en
désaccord avec une règle spécifique au tajwîd. Elle est appelée khafiyy car
seuls les initiés au tajwîd peuvent percevoir cette erreur.
Ne pas faire la ghunna lorsque cela l'exige ou bien allonger (madd) une lettre
qui ne fait pas l'objet d'un allongement est considéré comme un lahn khafiyy.
Les savants de la science du tajwîd considèrent le lahn al-khafiyy comme étant
makrûh (détestable).
1) Sa lecture
Lorsque nous nous apprêtons à lire le Coran, Dieu le Très-Haut
nous a ordonné de Lui demander protection contre Satan.
Dieu dit : « Lorsque tu lis le Coran, demande protection de Dieu contre le
diable banni. » (Coran 16/98)
Les formules de demande de protection (appelées en arabe al-isti `âdha) sont
nombreuses, parmi les plus connues :
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
cette formule est celle citée dans le Coran (16/98). Nous avons aussi :
أعوذ بالله السميع العليم من الشيطان الرجيم
Al-isti `âdha se dit à voix basse dans quatre cas :
* Lorsque le lecteur lit à voix basse, qu'il soit seul ou dans une assemblée.
* Lorsqu'il est seul, qu'il lise à voix basse ou haute.
*En Salât, qu'elle soit à voix haute ou basse.
* Lorsque le lecteur se trouve dans une assemblée où on lit le Coran et qu'il
n'est pas le premier à réciter, ceci afin de garder la continuité de la lecture
commune. Cependant, si la lecture est interrompue pour un motif quelconque et
que l'on souhaite reprendre cette lecture, on récite alors al-'isti `âdha à voix haute.
Il est recommandé de la lire à voix haute dans deux cas:
* Lorsque le lecteur lit à voix haute et que les gens autour de lui l'écoutent.
* Dans le cadre de l'enseignement.
Remarque : Lorsque le lecteur souhaite réciter un passage d'une sourate qui n'est pas le début de celle-ci, il prononce la formule d'al-'isti' âdha. Cependant, il n'est pas recommandé d'enchaîner al-'isti `âdha directement avec le verset si cette liaison directe peut prêter à confusion quant au sens du verset. Prenons l'exemple du verset 255 de la sourate 2, âyat al-kursiyy : Le début est :
الله لا اله الا هو"
Il n'est pas approprié de lier le mot الرجيم au nom de
Dieu, Allâh. Ainsi l'imam ash-Shâtibî ordonnait de lire al-basmala après al-'isti `âdha dans de tels cas.
2)Les différentes possibilités d'enchainer al-'isti`âdha, al-basmala et le début de la sourate
Il y a quatre possibilités d'enchaîner al-'isti `âdha, al-basmala et le début de la sourate :
* Lire l'ensemble sans marquer d'arrêt, comme ceci :
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم بسم الله الرحمان الرحيم الحمد لله رب العالمين
* Lire al-'isti `âdha puis marquer un temps d'arrêt, lire al-basmala puis marquer un temps d'arrêt. Lire en-suite le début de la sourate :
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم ● بسم الله الرحمان الرحيم ● الحمد لله رب العالمين
Lier al 'isti `âdha à al-basmala puis marquer un temps d'arrêt.Débuter ensuite le début de la sourate:
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم بسم الله الرحمان الرحيم ● الحمد لله رب العالمين
* Lire al-'isti `âdha puis marquer l'arrêt. Enchaîner ensuite al-basmala au début de la sourate :
أعوذ بالله من الشيطان الرجيم ● بسم الله الرحمان الرحيم الحمد لله رب العالمين
Ces quatre possibilités sont toutes authentiques et permises.
3) Al-basmala entre deux sourates
Il y a trois façons permises d'enchaîner deux sourates séparées par al-basmala :
*Elle consiste à lire la fin de la sourate, al-basmala et le début de la sourate sans marquer de temps d'arrêt. Exemple :
واما بنعمة ربك فحدث بسم الله الرحمان الرحيم الم نشرح لك صدرك
* Lire la fin de la sourate et s'arrêter. Lire al-basmala puis marquer à nouveau un temps d'arrêt, commencer ensuite à lire la sourate suivante :
واما بنعمة ربك فحدث ● بسم الله الرحمان الرحيم ● الم نشرح لك صدرك
* Lire la fin de la sourate puis marquer un temps d'arrêt. Enchaîner ensuite al-basmala avec le début de la sourate suivante :
واما بنعمة ربك فحدث ● بسم الله الرحمان الرحيم الم نشرح لك صدرك
* Il y a une quatrième possibilité mais qui est interdite ; je la mentionne afin de ne pas commettre l'erreur : elle consiste à lier la fin de la sourate avec al-basmala puis de marquer un temps d'arrêt. Ensuite on lit la sourate suivante.
Les savants ont interdit cette quatrième possibilité car
al-basmala a été établie en début et non en fin de sourate.
Il est recommandé de lire al-basmala au début de chaque sourate à l'exception de
la sourate 9 at-Tawba (le repentir).
Lorsque le lecteur commence sa lecture en cours de sourate, il a le choix de
lire ou non al-basmala. Cependant, s'il désire enchaîner la lecture d'al-basmala
avec le début du verset en milieu de sourate, il doit veiller à ce que le sens
ne prête à pas confusion, comme évoqué auparavant concernant al-'isti`âdha.