Les régles du noun as-sakina et du tanwin

Le ''noûn sâkina'' : النون الساكنة C'est le noûn dépourvu de voyelle brève. Sa prononciation dépend de la lettre qui le suit. Le tanwîn (La nunation) : التنوين C'est un noûn sâkina ajouté à la fin d'un mot dans la prononciation mais pas par écrit. Il n'est pas prononcé si on s'arrête sur le mot sur lequel il est situé, mais il l'est dans le cas contraire (lorsqu'on ne fait pas d'arrêt).

Son symbole est le doublement de voyelle brève (deux damma, deux fatha ou deux kasra).

Le noûn sâkina du tanwîn suit les mêmes règles de la récitation (tajwîd) que le noûn sâkina. Remarque : si le noûn sâkina et celui du tanwîn sont suivis par un hamza de liaison, ils ne suivent pas les règles de prononciation claire ('izhâr), d'assimilation ('idghâm), de substitution ('iqlâb) ou de dissimulation ('ikhfâ' ) mais ils sont prononcés avec la voyelle brève kasra pour éviter la rencontre de deux lettres surmontées d'un soukoûn. Exception : Dans la préposition( مِن ), pour alléger la prononciation, le noûn sâkina est surmonté d'un fatha et non d'un kasra [et ceci toujours pour éviter la rencontre de deux lettres sâkin]. Signalons que les règles qui concernent le noûn sâkina et celui du tanwîn doivent être appliquées seulement lorsqu'on ne fait pas d'arrêt.

Après un noun as-sâkina ou un tanwin dans le Coran, il faudra appliquer selon le cas, l'une des quatres règles suivantes: la clarification, l'assimilation, la substitution, la dissimulation.

1) La clarification - الإظهار

La prononciation claire : الإظهار Sens du mot ('izhâr): l'apparition, la clarté. Définition technique : Émettre la lettre qu'il faut prononcer clairement de son point d'articulation sans faire de nasalisation.

On applique cette règle quand le noun as-sâkina ou le tanwîn est suivi par l'une des 6 lettres suivantes:

خ غ ح ع ه ء

أخي هاك علما ***حازه غير خاسر

Exemples

1 - Avec la lettre[ء] الهمزةأ(112/4):

وَلَمْ يَكُن لَّهُ كُفُوًا أَحَدٌ

2 - Avec la lettre ha [ح](108/2):

فَصَلِّ رَبِّكَ وَانْحَرْ

3 - Avec la lettre Kha [خ](106/4):

الَّذِي أَطْعَمَهُم مِّن جُوعٍ وَآمَنَهُم مِّنْ خَوْفٍ

4 - Avec la lettre 'Ayn [ع] (1/7):

صِرَاطَ الَّذِينَ أَنعَمتَ عَلَيهِمْ غَيرِ المَغضُوبِ عَلَيهِمْ وَلاَ الضَّالِّينَ

5 - Avec la lettre Ghin [غ] (95/6):

إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ فَلَهُمْ أَجْرٌ غَيْرُ مَمْنُونٍ

6 - Avec la lettre Ha [ه](97/5):

سَلَامٌ هِيَ حَتَّى مَطْلَعِ الْفَجْرِ

2) L'assimilation - الإدغام

L'assimilation : الإدغام Sens du mot : insertion d'une chose dans une autre. Définition technique : c'est la fusion d'une lettre portant un soukoûn avec la lettre qui la suit et qui porte une voyelle brève de manière à ce qu'elles deviennent une seule lettre surmontée d'un chadda. L'assimilation est de deux types, l'une avec nasalisation, l'autre sans nasalisation. Il n'y a d'assimilation qu'entre deux mots. Les lettres de ces deux groupes sont au nombre de six. Elles sont groupées dans le mot( يرملون ).

2-a) Assimilation avec nasillement [idghâm bi ghounna]

Quand une des lettres suivantes: Mim (م), Noun (ن), Waw (و), Ya (ي), suit un noun as-sâkina ou at-tanwîn, il s'ensuit une assimilation avec nasalisation du son de la lettre qui suit le Noun (ن). Le Noun (ن) disparait donc mais on prononce la lettre qui suit avec nasillement [Ghounna].

Exemples

1 - Avec la lettre Mim [م] (104/9):

فِي عَمَدٍ مُّمَدَّدَةٍ

2 - Avec la lettre Noun [ن](88/3):

عَامِلَةٌ نَّاصِبَةٌ

3 - Avec la lettre Waw[و](111/1):

تَبَّتْ يَدَا أَبِي لَهَبٍ وَتَبَّ

4 - Avec la lettre Ya [ي] (99/6):

يَوْمَئِذٍ يَصْدُرُ النَّاسُ أَشْتَاتًا لِّيُرَوْا أَعْمَالَهُمْ

2-b) Assimilation sans nasillement [Idghâm bila ghounna]

Quand une des lettres Ra (ر) ou Lam (ل) suivent un noun as-sâkina ou at-tanwîn, le noun (ن) disparait sans nasillement.

Exemples

1 - Avec la lettre Ra [ر](101/7):

فَهُوَ فِي عِيشَةٍ رَّاضِيَةٍ

2 - Avec la lettre Lam[ل] (112/4):

وَلَمْ يَكُن لَّهُ كُفُوًا أَحَدٌ

2-c) Remarques

- Si le noun as-sâkina ou le tanwîn est suivi par l'une des 6 lettres du Idghâm dans le même mot, alors on n'applique pas la règle d'assimilation [Al-Idghâm], mais celle de clarification [Al-Izhâr]. Exemples: [dounya], [Sinwân],[qinwan],[bounian].

- Il est important de bien sortir le son du nez et non de la langue lors du nasillement [Al-Ghounna].

- Attention à ne pas prononcer tout le mot avec le nez, mais juste la lettre concernée.

- Il y a d'autres sortes d'assimilation que nous verrons incha Allâh dans les prochaines leçons.

3) La substitution - الإقلاب

La substitution : الإقلاب Sens du mot : transformer la forme initiale d'une chose. Définition technique : mettre une lettre à la place d'une autre tout en faisant une nasalisation (ghounna) et une dissimulation ('ikhfâ').

Elle a été dénommée ainsi car, au noûn sâkina ou à celui du tanwîn, on substitue un mîm dissimulé par une nasaliation. Il n'y a de substitution que pour la lettre bâ'( ب ).

Exemples

1 - Avec le Noun as-sâkina (104/4):

كَلَّا لَيُنبَذَنَّ فِي الْحُطَمَةِ

2 - Avec le tanwîn (96/15):

كَلَّا لَئِن لَّمْ يَنتَهِ لَنَسْفَعًا بِالنَّاصِيَةِ

Remarques

- Dans certains exemplaires du Coran, pour nous aider, il y a un petit Mim au dessus du noun as-sâkina ou at-tanwîn lorsque l'on doit appliquer cette règle.

- Certaines sourates finissent par le signe du Iqlâb, car elles finissent par Noun as-sâkina ou At-tanwîn, et la liaison se fait avec le Ba de "Bismillâhi r-Rahmâni r-Rahîm" de la sourate suivante.

4) La dissimulation - الإخفاء

La dissimulation : الإخفاء الحقيقي Sens du mot : le fait de cacher. Définition technique : la prononciation intermédiaire de la lettre entre une prononciation claire et une assimilation, sans faire de redoublement, mais en faisant une nasalisation. Elle a été dénommée ''dissimulation réelle'' parce que le noûn sâkina et celui du tanwîn mettent mieux en évidence la dissimulation que les autres lettres. Les lettres qui entraînent la dissimulation sont au nombre de 15. C'est l'ensemble des lettres initiales de chaque mot du vers suivant :

***دم طيبا زد في تقى ضع ظالما صف ذا ثنا كم جاد شخص قد سما

Elles sont donc le sâd( ص ), le dhâl( ذ ), le thâ'( ث ), le kâf( ك ), le jîm ( ج ), le chîn( ش ), le qâf( ق ), le sîn( س ), le dâl( د ), le tâ'( ط ), le zây( ز ), le fâ'( ف ), le tâ'( ت ), le dâd( ض ), et le zâ'( ظ ).

Exemples

1 - Avec la lettre ta [ت](109/3)

وَلَا أَنتُمْ عَابِدُونَ مَا أَعْبُدُ

2 - Avec la lettre tha [ث](101/6)

فَأَمَّا مَن ثَقُلَتْ مَوَازِينُهُ

3 - Avec la lettre Djim [ج](106/4)

الَّذِي أَطْعَمَهُم مِّن جُوعٍ وَآمَنَهُم مِّنْ خَوْفٍ

4 - Avec la lettre dal [د](91/10)

وَقَدْ خَابَ مَن دَسَّاهَا

5 - Avec la lettre dhal[ذ](111/3)

سَيَصْلَى نَارًا ذَاتَ لَهَبٍ

6 - Avec la lettre Zay] [ز](91/9)

قَدْ أَفْلَحَ مَن زَكَّاهَا