La question de savoir qui doit
détenir le pouvoir dans la société musulmane a dès l'origine été des plus
controversées. C'est cette question qui a divisé les musulmans, après la mort
du Prophète.
Chacun se déclarait prêt à assumer la grande charge de diriger la société
musulmane et de prendre "l'affaire" en main. Voyons à présent ce que
l'on entend par le mot "affaire" et à qui doit être confiée
"l'affaire".
Lorsque Abou Obeyda ibn al-Jarrâh s'est rendu auprès de Ali après l'investiture
d'Abou Bakr et lui a conseillé de confier "l'affaire" (le amr)
aux plus âgés qui ont plus d'expérience de la vie, et une meilleure
connaissance des affaires, il n'entendait rien d'autre par le mot
"affaire", que la dignité de commandement, et de chef de la
communauté musulmane.
Le Coran ordonne aux Croyants :
"Ô vous qui croyez ! Obéissez à Dieu, au Prophète et à ceux
d'entre vous qui détiennent le commandement ! Et si vous divergez au sujet
d'une chose, renvoyez-là à Dieu et au Prophète; si vous croyez en Dieu et au
jour Dernier. C'est préférable et meilleur comme interprétation.
Ce verset désigne l'autorité de
référence authentique des musulmans en matière religieuse et sociale.
En premier lieu, il donne l'ordre aux croyants de se soumettre au Créateur du
monde, car Il est le principe de toute chose, Celui dont émane, et dont dépend
le pouvoir. Cette obéissance institue la souveraineté divine absolue. Le rôle
du Prophète ne sera en conséquence que celui de recevoir la révélation, et de
transmettre les ordres divins.
Le verset ordonne, en second lieu,
d'obéir au Prophète, qui est le représentant de Dieu parmi Sa création, et qui
est préservé de l'erreur, dans la parole et dans l'action.
Outre sa mission consistant à transmettre une série de commandements divins, le
Prophète possède aussi la capacité de mettre en pratique ces commandements, de
définir une politique pour résoudre les questions sociales, sans quoi il est
impossible de gouverner.
Car, il va sans dire, que dans ce
domaine, il appartient au chef suprême de déterminer les bons choix, à savoir
ceux qui servent l'intérêt de la communauté, dans le respect des conditions prévalentes.
Il agit en cela, par délégation divine.
De ce qui précède, il ressort que l'obéissance au Prophète est une sorte
d'obéissance à Dieu; s'opposer à lui revient à s'opposer à Dieu. Le Coran le
dit explicitement :
"Quiconque obéit au Prophète obéit aussi à Dieu..."
En troisième lieu, le verset appelle
les croyants à obéir "à ceux d'entre vous qui détiennent le pouvoir"
(ûli-l-amr minkumn) et qui sont placés sur le même plan que Dieu et Son
Prophète.
Leur action s'inscrit donc dans le prolongement de celle du Prophète. Elle ne
saurait aller à son encontre.
La question qui importe est de savoir quels sont ceux qui sont visés par le Coran dans l’expression : "Ceux qui détiennent le pouvoir (à savoir les uli-l-amr)".
Est-ce que tout homme qui
s'emparerait de la direction politique des musulmans doit être obéi, quelle
qu'ait été son action, et quels que soient ses défauts ? Lui doit-on
obéissance malgré son injustice, son irrespect pour les principes religieux,
ses vices, son manque de caractère et de compétence, etc...?
Si tel était le sens à donner à l'expression coranique, sa contradiction serait
flagrante avec le début même du verset qui ordonne d'obéir à Dieu. Faudrait-il
obéir à Dieu, ou à des "détenteurs du pouvoir" dont l'action même est
contraire à la volonté divine ? On ne peut concilier les deux.
Donc, l'interprétation de
l'expression de uli-l-amr, comme désignant tout homme qui parviendrait à la
direction politique des musulmans est inacceptable pour un esprit sain.
Dieu ne peut pas d'une part ordonner au Prophète de réformer les sociétés, de
les conduire au bien, et d'autre part ordonner aux hommes de suivre tout
dirigeant, fut-il le plus corrompu qui soit.
Comment peut-on prêter à Dieu une telle chose, dénuée de sagesse et de bonté ?
On peut certes affirmer qu'il ne faut
obéir à ces "détenteurs du pouvoir" que dans le cas où leurs
comportements et leurs ordres sont conformes aux critères divins, et qu'il faut
leur désobéir à chaque fois qu'il en irait autrement.
Mais cela ne va pas sans soulever bien des objections :
1- Beaucoup de gens ignorent la règle divine -au moment où elle est transgressée par le détenteur du pouvoir pour pouvoir réagir et le rappeler à l'ordre. Comment des hommes pareils pourraient-ils assumer leur responsabilité face à leurs dirigeants quand ils sont dépourvus eux-mêmes des connaissances religieuses nécessaires ? Comment savoir obéir au détenteur du pouvoir à chaque fois qu'il ordonne conformément au critère religieux, et comment lui désobéir chaque fois qu'il en va autrement ?
En supposant la chose possible,
l'expression "obéir au détenteur du pouvoir" perdrait tout son sens,
puisqu'on ne lui obéirait que parce que ce qu'il a ordonné était conforme à
Dieu.
2- D'autre part, cela reviendrait à ouvrir la porte à toute bande qui
estimerait que ses intérêts sont menacés, pour se révolter, désobéir aux
détenteurs du pouvoir, et discréditer la notion même d'obéissance au sein de la
communauté. Il n'y aurait plus de limite. Les fondements même de la société
seraient ébranlés, et l'on assisterait à une déliquescence de l'autorité.
On ne peut donc pas accepter l'interprétation du verset dans le sens que nous
venons de voir.
Si nous supposions à présent que le "détenteur du pouvoir" soit pris dans le sens d'un chef choisi et élu par voie de consultation de l'opinion publique, l’objection en serait que cela ne peut pas être déduit de l'examen approfondi du verset, car le Coran ordonne d'obéir aux "détenteurs du pouvoir", mais reste muet sur la façon dont ces derniers parviennent à cette charge. De plus, l'objection soulevée dans le cas précédent est aussi valable pour ce cas-ci.
Compte tenu de ces remarques, il faut
abandonner ces deux interprétations, et tâcher de déterminer l'identité de ces
"détenteurs du pouvoir" en suivant une autre voie.
Cette autre voie, consiste à admettre que le dirigeant de la communauté soit
tel, du fait de sa désignation à ce poste par Dieu, et qu'il ait été choisi en
raison de ses vertus, qui sont elles-mêmes du Prophète, non pas en tant que
Prophète, mais en tant que chef de la communauté.
Il est vrai qu'au cours de sa vie, le
Prophète a eu le temps de propager un vaste enseignement dans les fondements de
la religion aussi bien que dans ses applications; il est vrai qu'il a parachevé
la religion, qu'il l'a rendue parfaite, et que les règles générales qu'il a
édictées permettent de dégager les prescriptions divines dont nous avons besoin
jusqu'à la fin du monde.
Mais après lui que devions-nous faire ?
Les croyants n'avaient-ils pas besoin
d'une autorité religieuse qui les éclaire dans toutes les situations, en
particulier celles qui sont tout à fait différentes de celles qui prévalaient à
l'époque du Prophète ?
Le Prophète a consacré treize ans de sa vie à lutter contre les polythéistes de
la tribu de Qoraych, obstinée dans son égarement. Il ne ménagea aucun effort
pour enraciner le monothéisme dans les consciences, et les rendre aptes à
recevoir les riches enseignements qui en découlent.
A Médine, aussi, le Prophète n'eut pas de répit. Il eut à affronter les complots des Hypocrites d'une part, et d'autre part à organiser les guerres contre les nombreux ennemis qui cherchaient à étouffer dans l'oeuf la nouvelle religion. Il prit part en personne à plus de vingt batailles.
N'était-il pas nécessaire, qu'après lui, une personne éminente assume la responsabilité de protéger et de préserver de la falsification les préceptes divins, d'interpréter l'enseignement religieux et de le diffuser ? Le sentiment n'est-il pas fort, chez tout croyant, qu'une telle personnalité doit forcément être tenue à l'abri de l'erreur, et avoir un passé sans tache, capable de refléter fidèlement l'enseignement divin ?
Un "détenteur du pouvoir" que Dieu mentionne juste après Son Envoyé, doit être de cette qualité, pur et parfait. Les "détenteurs du pouvoir" dont il est question, ne peuvent être que les Gens de la Maison du Prophète, ceux que le Coran déclare explicitement qu'ils ont été purifiés par Dieu, débarrassés de toute souillure. Ce sont eux qu'en plusieurs occasions le Prophète a évoqués, appelant les croyants à les aimer, à les suivre, à s'attacher à eux.
Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir juger pertinemment des situations sans cesse changeantes, et de leur apporter la solution conforme à l'islam. Le nombre de versets ordonnant et organisant les préceptes religieux ne dépasse pas 500 versets au total; et les traditions prophétiques qui précisent ces versets où en définit le champ d'applications ne sont pas plus de 200. Quel serait donc cette personne rare, unique, qui serait capable de fournir une interprétation religieuse sûre pour les évènements qui se succèdent par milliers dans l'histoire, et qui sont toujours porteurs de données nouvelles (mustajaddât) inexistantes du vivant du Prophète ? Un tel homme pourrait-il être autrement instruit que par Dieu ?
Seul un "détenteur du pouvoir" divinement désigné peut légiférer; à juste titre, à propos des innovations, sans risque d'être contesté. L'absence de prescriptions claires au sujet des situations différentes qui surviennent au cours des années et des siècles, n'est pas une preuve d'un défaut dans la Loi révélée, mais au contraire une preuve de sa souplesse, de la largeur d'esprit qui l'anime.
On ne peut pas objecter à cela avec
le verset relatif à la perfection de la religion (ikmâl al-dîn) qui
n'est d'aucune pertinence. Car ce verset a été révélé, au Ghadir Khomm, après
l'investiture de Ali, comme Wali, et commandeur des croyants.
Quand on étudie de près les conditions prévalant alors, on mesure le grave
danger qui menaçait la nouvelle religion après la disparition du Prophète.
L'islam ne pouvait pas poursuivre son progrès et demeurer dans la ligne
prophétique sans la présence d'une autorité de référence dont la compétence est
indiscutable, et désignée par le Prophète lui-même de son vivant.
Le verset relatif à la perfection de
la religion, ne signifie pas que toutes les prescriptions et recommandations
divines, relatives à tous les domaines de la vie, ont été données en détail.
Certes, la révélation avait cessé avec la disparition du Prophète, qui avait
reçu de Dieu les règles que nécessitent les hommes jusqu'à la fin des temps, et
l'instauration de la Loi divine avait été achevée.
Mais d'autre part, nous constatons que les prescriptions relatives à toutes les matières légales ne nous sont pas parvenues, et ne se trouvent -de façon explicite- ni dans le Coran ni dans la Tradition prophétique, et que les arguments juridiques existants ne suffisent pas à traiter toutes les questions nouvelles, survenues après la mort du Prophète, et cela comme conséquence naturelle de la brièveté de la période de la prophétie, qui ne laissait pas assez de temps au Prophète pour éclaircir tous les points, et tout enseigner à sa communauté.
Beaucoup de compagnons se contentaient de s'appuyer sur la personnalité noble du Prophète. Tant qu'ils vivaient à son ombre, ils ne ressentaient pas la nécessité d'apprendre les prescriptions religieuses, d'approfondir les sens du Coran. Après sa disparition, ils s'étaient retrouvés-en dépit de leur rang social élevé- dans l'ignorance des préceptes régissant beaucoup de questions relatives aux transactions, à la justice, et d'autres affaires de la communauté.
Ils étaient souvent mal préparés à la
compréhension des différentes situations politiques, et des prescriptions
relatives au califat, c'est-à-dire à la charge de successeur du Prophète.
Il y a de nombreuses traditions dans les ouvrages sunnites qui nous informent
que les compagnons n'avaient pas une représentation claire à propos des
questions de l'héritage, de la fonction judiciaire, des peines légales, des
expirations et du prix du sang, etc...
La sagesse divine requerrait que la communauté musulmane dispose de plus de temps pour s'imprégner totalement des enseignements prophétiques. C'est la raison pour laquelle le Prophète avait pris soin de transmettre à Ali, son calife et son légataire (wassiyy) toute sa science, afin de le préparer à ses charges futures, et s'assurer la pérennité de l'islam, d'asseoir sa culture sur des fondements inébranlables.
Nous disposons de preuves suffisantes
que le Prophète passait des heures et des heures tête à tête avec Ali, lui
enseignant la religion. Le Prophète pouvait-il agir ainsi sans ordre divin ?
Pouvait-il favoriser Ali, et exclure les autres, si l'ordre même d'agir de la
sorte ne venait pas de Dieu, et s'il n'avait pas un but précis ?
Bien sûr que non.
Le Prophète voulait éviter aux
musulmans la honte de transformer un jour leur religion, en un système basé sur
la déduction analogique, l'opinion personnelle, la préférence personnelle, et par
voie de conséquence leurs caprices.
Nous avons dit dans quelle grave ignorance se trouvaient beaucoup de compagnons
après la mort du Prophète.
Seul le Prophète pouvait, à bon droit, et il était de sa responsabilité,
désigner le successeur qu'il fallait, celui que Dieu agréait; pour éviter que
la religion ne devienne affaire d'opinions personnelles contradictoires.
L'histoire de l'islam porte témoignage que ceux qui ont pris la charge de la détention du pouvoir n'ont jamais été à la hauteur des exigences religieuses; même les mieux intentionnés se sont rendus coupables de graves déviations à cause de leur ignorance des prescriptions (ahkâm dîniyya).
Les compilateurs de tradition
rapportent les faits suivants :
-On amena une femme adultère enceinte devant Omar ibn al-Khattâb. Il ordonna
qu'on la lapidât Ali intervint : "Qu'est-ce qu'on fait avec cette
femme ?" On lui répondit : "On l'emmène pour la
lapider". Alors Ali dit à Omar : "Pourquoi la lapider? Si tu as
pouvoir contre elle, quel pouvoir as-tu contre ce qu'elle porte en son
sein ?" Omar dit alors à trois reprises : "Tout le monde
est plus intelligent que moi"...
-Une femme aliénée mentale fut condamnée par le calife à la flagellation pour cause de fornication. L'imam Ali rappela au calife que ce jugement allait à l'encontre de la tradition prophétique selon laquelle l'aliéné mental n'est pas responsable de ses actes, jusqu'à ce qu'il recouvre sa raison, le dormeur jusqu'à ce qu'il se réveille, et l'enfant jusqu'à ce qu'il atteigne sa majorité légale. Omar renonça à l'exécution de la sentence.
Les docteurs sunnites rapportent que lorsque Omar était embarrassé devant un problème de droit, il le confiait à Ali pour le résoudre, et avait coutume de dire : "N'eût été Ali, Omar serait dans la perdition". Il disait aussi : "Que Dieu ne me laisse jamais seul devant une difficulté sans Abou l Hassan (c'est-à-dire Ali) pour la résoudre."
Dieu permettrait-Il que Ses Lois soient transgressées après la mort de Son Envoyé, ou qu'elles soient remplacées par des fausses lois ? Ou bien, aurait-Il confié les rênes du pouvoir à des hommes avisés, informés de tout ce qui concerne les prescriptions de l'islam dans leurs détails, et chargés de leur bonne exécution ?
Si donc nous admettons comme seule
interprétation valide du verset en question, celle de l'obéissance à ces hommes
qui remplissent les conditions divines, nous aurions écartés toutes les
objections possibles. Le Coran n'autorise pas de suivre des hommes dont la
volonté n'est pas conforme à la volonté divine.
"... N'obéis point à celui qui suit sa passion et dont le comportement
est insolence."
Cela est en outre conforme à
l'évidence; comment la raison peut-elle accepter qu'un jugement contraire à la
volonté divine puisse se concilier avec la religion ?
L'imam Ali a dit :
"L'obéissance est due à Dieu, à Son Prophète et à ceux qui détiennent le
pouvoir. Il a ordonné l'obéissance à ces derniers car ils sont préservés de
l'erreur, purifiés, n'ordonnant jamais Sa désobéissance.
Dans le Tafsir al-Borhân,
al-Bahraynî rapporte qu'Ibn Babewayh a rapporté que Jâber ibn Abdullah
al-Ansâri a dit: "Lorsque Dieu -qu'll soit exalté- a fait descendre sur
Son Prophète le verset: "Ô vous qui croyez, obéissez à Dieu, et
obéissez à l'Envoyé, et à ceux d'entre vous qui détiennent le pouvoir", je
lui ai demandai:
"Ô Envoyé de Dieu, nous avons reconnu Dieu et Son Envoyé, mais qui
sont ces hommes à qui l'obéissance est due au même plan que la tienne?"
Le Prophète répondit :
"Ce sont mes successeurs, ô Jaber, et les imams des musulmans, après moi.
Le premier d'entre eux est Ali Ibn Abi Taleb; puis Hassan et Hussein, puis Ali
ibn al-Hussein, puis, Muhammad ibn Ali, connu sous le nom de Bâqer (celui qui
fend les sciences). Tu le rencontreras de ton vivant, ô Jâber, et quand tu le
rencontreras transmets-lui mes salutations; puis le Véridique Ja'far ibn
Muhammad; puis Moussa ibn Ja'far, puis Ali ibn Moussa, puis Muhammad ibn Ali,
puis Ali ibn Muhammad, puis al-Hassan ibn Ali, puis celui qui portera mon nom,
Muhammad, et mon surnom, la preuve de Dieu sur la terre, et Son ombre dans Sa
création, le fils de Hassan ibn Ali; celui à qui Dieu accordera la conquête des
orients et des occidents. Il disparaîtra devant ses partisans et ses amis,
pendant une occultation durant laquelle seuls continueront à affirmer son
imamat ceux qui auront été éprouvés par Dieu dans leur foi."De même,
al-Ayyâchî rapporte dans son Tafsîr que Issa Ibn al-Sarîa dit:
"J'ai dit à Abou Abdallah (le sixième imam): "informe-moi au sujet
des fondements de l'islam, sur lesquelles a été construite la religion, ceux au
sujet desquels il n'est permis à quiconque de faire un manquement, et dont
l'ignorance entraîne la corruption de la foi, et le rejet des oeuvres; mais que
celui qui les connaît et y conforme ses actions, accomplit à juste titre sa
religion, et voit ses oeuvres acceptées, sans avoir à subir le préjudice de ce
qu'il ignore.
L'imam répondit :
"(ces fondements) sont l'attestation qu'il n'est de divinité que Dieu, la
foi en Son Envoyé, l'acceptation de ce qu'il a apporté de la part de Dieu,
l'acquittement des droits de l'aumône, l'amitié qu'll a ordonné d'entretenir
envers la Famille de Muhammad -que les salutations divines soient sur lui et
sur ses descendants-.
Le Prophète de Dieu a dit :
"Quiconque meurt sans avoir connu son imam, meurt de la mort
païenne."
L'imam fut Ali, puis al-Hassan Ibn Ali, puis al-Hussein lbn Ali, puis Ali Ibn
Hussein, puis ce fut Muhammad Ibn Ali Abou Ja'far. Les chiites ne connaissaient
pas, avant Abou Ja'far les rites du pèlerinage, ni le licite, ni le péché,
jusqu'à ce que vienne Abou Ja'far.
Il accomplit alors un pèlerinage pour leur enseigner les rites, le licite et
l'illicite, au point qu'ils n'eurent plus à recourir aux autres hommes. Ces
derniers se mirent au contraire à apprendre chez les chiites, après que ces
derniers allaient apprendre auprès d'eux.
Il en va ainsi, et la terre ne peut pas être, sans imam."
En tant que "détenteurs du
pouvoir", les califes omeyyades et abbassides se sont rendus coupables
d'innombrables scandales vis-à-vis de l'Islam et des musulmans, faisant du
califat un centre de corruption, et de vice.
Pour asseoir leur pouvoir politique illégal, ils n'hésitèrent pas à faire
couler le sang d'un nombre incalculable d'innocents, et d'hommes libres et
malgré cela, ils continuaient de se faire appeler "Emirs des
Croyants» !
Si Dieu avait rendu religieusement obligatoire l'obéissance à ces transgresseurs, où en seraient l'équité et la justice, où en seraient alors les droits de l'individu et ceux de la société ?
Beaucoup de traditions sunnites vont
dans le sens de l'interprétation de l'expression "les détenteurs du
pouvoir" par les imams de la Famille du Prophète.
D'autre part, les penseurs chiites et sunnites ont été unanimes à écrire que le
verset 55 de la Sourate La Table Servie (Al-Mâ'ïda), fait allusion à Ali Ibn
Abi Taleb qui a offert, pendant sa prière, une bague qu'il portait au doigt, à
un mendiant qui lui a demandé l'aumône. Voici le verset :
"Votre patron et vos alliés sont seulement Dieu, Son Prophète et ceux
qui accomplissent la Prière, et qui donnent l'Aumône (Zakat) et qui
s'inclinent."
Etant donné que nous n'avons jamais
eu dans l'islam une obligation ni même une recommandation de ce genre
(c'est-à-dire de donner l'aumône même pendant que nous faisons la prière et que
nous nous sommes inclinés devant Dieu), et qu'une telle sorte de charité n'a
été rapportée qu'au sujet de l'imam Ali, il ne reste nul doute que dans le
verset en question : "ceux qui donnent l'aumône et qui
s'inclinent" revient à Ali Ibn Abi Taleb. Surtout que dans plusieurs
autres cas aussi le Coran met le verbe au pluriel quand il ne s'agit d'une
seule personne.
Il ne reste alors plus aucun doute que Ali Ibn Abi Taleb est celui qui a
été choisi par l'Envoyé de Dieu comme son successeur, le représentant de Dieu
sur terre après la disparition du Prophète, le Commandeur des musulmans, l'Emir
des Croyants.