LES PRATIQUES

Les principaux actes obligatoires d’adoration acceptés aussi bien par les Musulmans Sunnites que les Chiites sont:

1. Les prières quotidiennes:

Chaque musulman dès qu’il atteint l’âge de la puberté doit accomplir cinq prières quotidiennes (Calât). Avant de commencer la prière, on doit d’abord accomplir l’ablution rituelle (Woužou) dans la forme prescrite. Puis on doit se tenir debout face à la Mecque et formuler l’intention d’accomplir la prière spécifique du temps dans le but d’atteindre la proximité de Dieu. Cette intention doit être maintenue durant toute la prière. Si quelqu’un oublie ce qu’il est en train de faire ou prie pour montrer aux autres ou pour tout autre raison égoïste, sa prière devient invalide. La vrai prière débute quand la personne prononce: Allàhou Akbar (Dieu est Le Plus Grand). De ce fait, il entre dans l’état formel de la prière et y reste jusqu’à la fin de sa prière.

;Chaque prière comprend en deux ou quatre unités (rak’ah). [1] Chaque unité comprend:

1- La récitation du chapitre d’ouverture du Coran et un autre chapitre tel que Tawhîd ou Qadr [2]

2- L’Inclinaison (roukou’) et les louanges et glorifications de Dieu dans cette position.

3- L’accomplissement de deux prosternations (Sadjdah)

4- et les louanges et glorifications de Dieu.

La prière se termine par l’attestation sincère que Dieu est UN et n’a aucun associé et que Mohammad est Son serviteur et messager avec les salutations sur lui et les gens de sa maison (tashahhoud) et en adressant la paix au prophète, tous les gens religieux et tous ceux qui accomplissent la prière (taslîm).

La prière quotidienne est la forme la plus importanted’adoration et de souvenir du Seigneur. Le Coran dit:

«Récite ce qui t'est révélé du Livre et accomplis la Salat. En vérité la Salat préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d'Allah est certes ce qu'il y a de plus grand. Et Allah sait ce que vous faites » (29:45)

2. Le Jeûne.

Le deuxième acte d’adoration est le jeûne (Sawm) durant le mois de Ramadan (Ramadân), le neuvième mois du calendrier islamique. Dans ce mois, les musulmans s’abstiennent de manger, boire et de rapport sexuel avec leur épouse depuis l’aube jusqu’au crépuscule. [3] Comme tout autre acte d’adoration, le jeûne doit être accompli avec une intention pure, c’est-à-dire, uniquement pour plaire à Dieu et pour s’approcher de Lui. En plus de l’approche de Dieu et Son plaisir, le jeûne a beaucoup d’autres bénéfices, telles que le renforcement de sa détermination, le rappel aux gens des bénédictions de Dieu dont ils profitent, par ex. la nourriture dont ils jouissent tous les jours, le rappel de la soif et de la faim du Jour du Jugement, aider les riches à sentir ce qu’endurent les pauvres dans le but de réveiller leur sens de solidarité et de sympathie, atténuer les appétits de chacun et contrôler les désirs et permettre le développement de la compréhension rationnelle et la conscience spirituelle. Le Coran dit:

«O, vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés, pour que vous vous protégiez (du mal) (2:183).

3. Pèlerinage à La Mecque

Chaque musulman qui a atteint l’âge de la puberté, et qui a les moyens financiers et physiques, doit accomplir une fois le pèlerinage à la Mecque (hajj) au mois de Zilhajj, le douzième mois du calendrier islamique. La Mosquée la plus importante pour les Musulmans du monde entier s’appelle Masdjid al Haram, qui est le sanctuaire de la Kaaba qui se trouve à la Mecque.

Tous les musulmans se dirigent vers la Kaaba dans leurs prières. La Kaaba est le bâtiment cubique construit par le Prophète Abraham et son fils, le Prophète Ismail, dont les fondations originales furent instaurées par le Prophète Adam. En fait dans une certaine mesure, le pèlerinage à la Mecque est une reconstruction symbolique de ce que le Prophète Abraham, le monothéisme par excellence, a restauré dans cet endroit il y a environ quatre milles ans. Après un long voyage, quand Abraham est arrivé à la Mecque, Dieu lui demanda de se préparer pour faire le pèlerinage. Le Coran dit:

«“Ne M'associe rien; et purifie Ma Maison pour ceux qui tournent autour, pour qui s'y tiennent debout et pour ceux qui s'y inclinent et se prosternent. Et fais aux gens une annonce pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné, pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom d'Allah aux jours fixés..» (22:26-27-28).

«La première Maison qui a été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Makka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l'univers. Là sont des signes évidents, parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout; et quiconque y entre est en sécurité. Et c'est un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d'aller faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne croit pas... Allah Se passe largement des mondes. (3:96-97).

Le pèlerinage à la Mecque, est plein d’expériences inoubliables. Dont les plus importantes sont le dévouement, la fraternité, l’égalité et la simplicité. Chaque année, des millions de Musulmans, de différents continents, quittent leur maison, leur famille et leur travail et tout ce qui leur est cher, et se préparent pour leur voyage vers la Mecque qui est dans un désert. Tout le monde doit être présent là, au même endroit, en même temps, portant le même vêtement et accomplissant les mêmes rites. Le riche et le pauvre, le roi et l’homme ordinaire, l’élite et le profane, tous debout épaule contre épaule, portant deux pièces de tissus blanc. C’est quelque chose que chacun doit vivre, au moins une fois dans sa vie, et devrait ensuite en tirer des leçons qu’il doit essayer d’appliquer dans sa vie de tous les jours.

4. L’Aumône.

Le don de la charité est hautement recommandé dans le Coran et la Sounna et la récompense pour les actes charitables est grande. Bien que tout, y compris les propriétés financières de chacun, appartienne en réalité à Dieu, le Coran présente le don de charité comme un prêt à Dieu:

«Quiconque fait à Allah un prêt sincère, Allah le Lui multiplie, et il aura une généreuse récompense. (57 :11).

En plus des dons volontaires, il y a certains types de charité qui sont obligatoires. Par exemple, l’une des aumônes est le Zakat, une taxe de richesse d’un petit pourcentage (habituellement 2,5 %). Payer la Zakat n’est pas un don pour les pauvres, mais plutôt leur droit qui doit être respecté.

«Et dans leurs biens, il y avait un droit au mendiant et au déshérité.(51:19).

Imam Ali a dit aussi:

Dieu, Le Glorifié, a attribué la part du démuni dans le gain du riche. Par conséquent, à chaque fois que les démunis vivent dans la faim, c’est parce que des riches ont refusé de partager leurs parts. [4]

Ceux dont les possessions d’une certaine quantité de blé, d’orge, de dates, de raisins, d’or, d’argent, de chameaux, de vaches et de moutons dépassent un seuil déterminé, doivent payer la zakà’t annuellement aux moins fortunés parmi les parents (famille), les orphelins, les démunis, aux voyageurs etc. La zakà’t peut être utilisée pour la nourriture, l’hébergement des sans logis, l’éducation, les soins médicaux, l’orphelinat ainsi que d’autres services sociaux.

Il faut remarquer, que dans de nombreux versets du Coran, le paiement de zakat arrive immédiatement après l’ordre d’accomplir la Salât (la prière), comme un signe de foi et croyance en Dieu. Payer la zakat est un acte d’adoration, il doit donc être accompli pour le seul plaisir de Dieu. Ainsi, non seulement cela aide les nécessiteux et contribue à l’établissement de la justice et du développement social, mais cela purifie aussi l’âme de celui qui paye. Le Coran dit:

«Prélève de leurs biens une Sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux».(9:103)

Khoums: Les Musulmans chiites croient aussi dans une autre taxe obligatoire, appelée Khoums. En langue arabe, Khoums veut dire littéralement un cinquième. C’est une taxe de 20% sur le bénéfice net réalisé dans l’année. A la fin de l’exercice fiscal, on doit payer 20% du gain final, après déduction des dépenses commerciales et ménagères. [5] L’obligation de payer le Khoums a été mentionnée dans le Coran:

«Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième appartient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons fait descendre sur Notre serviteur (Mohammad).» (8:41)

Les Musulmans Sunnites croient habituellement que ce verset ne concerne que ce qu’ils gagnent dans une bataille (butin de guerre) et le considère comme une sorte de zakat.

Selon la jurisprudence chiite, la moitié du Khoums appartient au douzième imam, le survivant de la famille du Prophète et son successeur, et l’autre moitié aux descendants pauvres du Prophète, appelés «sayyids». Le Khoums doit être utilisé sous le contrôle des autorités religieuses chiites (marji’ al-taqlid), c’est-à-dire le grand juriste (Ayatollah) qui est suivi en matière de pratiques religieuses. C’est pour s’assurer que cela est utilisé de telle sorte que l’Imam Mahdi en est satisfait. La portion appartenant à l’Imam est en général utilisée pour les séminaires islamiques et autres projets éducationnels tels que la publication de livres utiles, ou construction de Mosquée, centre islamique et écoles.

5. Lutte dans le sentier de Dieu.

Chaque Musulman doit lutter dur et s’efforcer de son mieux pour le seul plaisir de Dieu de différentes manières pour améliorer la vie de l’homme en général et sa vie individuelle en particulier. Le Coran dit:

«Il vous a crée sur la terre et vous a demandé de la développer» (11:66)»

Etre indifférent aux catastrophes humanitaires ou être paresseux dans sa propre vie est sévèrement condamné. Par ailleurs, celui qui travaille dur pour faire vivre sa famille et améliorer sa condition est considéré comme un héros dans son effort dans la voie de Dieu, comme un moujahid. Un des cas très important et vital de cette lutte dans la voie de Dieu est la défense des droits humains telle que la liberté, l’équité, ainsi que les valeurs humaines et islamiques comme la justice, la dignité et l’intégrité de la nation islamique. Le Coran dit:

«Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) - parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les secourir - ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, - contre toute justice, simplement parce qu'ils disaient : “Allah est notre Seigneur”. (22:39-40)

Et qu'avez vous à ne pas combattre dans le sentier d'Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : “Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur”(4:75)

Bien sûr, le jihad comprend aussi des cas personnels ou moraux dans lesquels la propriété ou la réputation de sa famille est en danger, ou usurpée ou endommagée. Selon les traditions islamiques, celui qui est tué en défendant sa famille ou sa terre a la même position que le soldat qui est martyrisé au front.

Le jihad doit continuer jusqu’à ce que la juste cause soit atteinte. Le Coran dit:

«Combattez les agresseurs jusqu’à ce que l’oppression s’arrête» (2:193)

Naturellement, dans une large mesure, le jihad réel a toujours existé depuis l’aube de la création de l’humanité, entre le bien et le mal, la vérité et le faux, et entre les partisans de Dieu et ceux de Satan. Cette guerre continuera plus ou moins jusqu’à la fin des temps quand la terre sera remplie de justice sous le gouvernement du Mahdi.

Le jihad, qu’il soit par la plume, la langue, les armes, ou tout autre moyen est un acte d’adoration, et doit être accompli avec une intention pure, c’est-à-dire, seulement pour le plaisir de Dieu et pour une cause juste. Personne n’est autorisé à se battre ou lutter pour des raisons matérielles, une gloire personnelle ou la gloire d’une tribu, d’une race, d’une nation ou pour tout autre cause oppressive telle qu’occuper la terre des autres pour en devenir plus riche ou plus puissant. En vérité, le jihad commence d’abord dans le fort intérieur d’un moujahid (celui qui lutte). Pour s’assurer qu’on peut gagner dans une guerre externe contre le mal, on doit d’abord lutter contre ses propres désirs et plaisirs bas, libérer son propre cœur des emprises sataniques, et regagner la dignité et l’honneur que Dieu le Tout-puissant a accordés aux êtres humains. Le Coran dit:

«Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agrééeentre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis» (89:29-30)

Selon la célèbre tradition, un jour, le Prophète Mohammad (que la paix soit sur lui et sa famille) a dit à un groupe de ses compagnons qui avait gagné une bataille:«Bravo! Bienvenue à ces gens qui ont accompli le jihad mineur (Al jihad al asghar) et sur lesquels le jihad majeur incombe encore.» Etonnés, les compagnons qui avaient défait leurs ennemis et qui étaient préparés à offrir leur vie pour la défense de l’islam, ont demandé«Qu’est ce que le jihad majeur?» Le Prophète Mohammad a répondu: «Le jihad majeur est la lutte contre soi-même (contre votre propre âme)». [6] Ainsi, résister contre ses propres envies, et retenir son âme du mal, et se purifier intérieurement est le jihad le plus grand et le plus difficile.

Terminons en nous référant à quelques unes des mérites pour ceux qui luttent pour le seul plaisir de Dieu, comme expliqué par Dieu Lui-même:

«Ceux qui ont cru, qui ont émigré et qui ont lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier d'Allah, ont les plus hauts rangs auprès d'Allah... et ce sont eux les victorieux. Leur Seigneur leur annonce de Sa part, miséricorde et agrément, et des Jardins où il y aura pour eux un délice permanent, où ils demeureront éternellement. Certes il y a auprès d'Allah une énorme récompense» (9:20-22)

6. Encourager le bien et interdire le mal.

Encourager le bien (al-amr bi al-ma’rouf) et interdire le mal (al-nahy ‘an al-mounkar) sont deux actes d’adoration que tout musulman mature doit accomplir, quand c’est possible. Aucun musulman ne peut être indifférent à ce qui se passe autour de lui dans le monde. Une partie des responsabilités sociales de chaque musulman est d’observer les valeurs humaines et religieuses, et à chaque fois que ces valeurs sont délibérément ignorées ou violées, il doit conseiller et indiquer à ces responsables de s’interdire le mal et les actions répréhensibles et appliquer le bien. Voir coran (3:103,109,113; 7:199; 9:71,112; 22:41).


Note:

[1]La prière du matin (fajr) qui est accomplie entre l’aube et le lever du soleil comprend deux unités, celle du midi (zohr) et de l’après-midi (‘asr) comprennent quatre unités chacune, celle du crépuscule (maghrib) comprend trois unités et celle de la nuit (‘ishà) comprend quatre unités.
[2]Dans les prières de trois ou quatre unités, la troisième et quatrième unité commence par la récitation du chapitre d’ouverture du Coran ou sinon par une récitation spécifique (dhikr) appelé les quatre glorifications (tassbihàté ‘arbah), puis l’inclinaison et la prosternation. Dans ces prières, l’affirmation de l’Unicité de Dieu, que Mohammad est Son Prophète et l’accomplissement des salutations sur le Prophète et les gens de sa maison sont reprises aussi bien dans la deuxième que la dernière unité après la prosternation.
[3]Plusieurs groupes de personnes en sont exemptés, tells que malades ou en voyageurs
[4]Nahj al-Balāghah, édité par Fay* al-Islam, Les paroles sages 320.
[5]Il y a d’autres cas mentionnés dans la jurisprudence chiite dans lesquelles le paiement de Khoums devient obligatoire. Ce qui est énuméré ci-dessus est les cas le plus général.
[6]Al-Kafi, Vol. 5, p. 12, no 3 et Al-Amali par al-Sadouq, Session 71, p. 377, no 8. Pour une approche plus élaborée du sujet, voyez “Combat with the Self by Muhammad b. al-Hasan al-Hurr al-‘Amili, traduit par Nazmina Virjee (London: ICAS, 2003).