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Le récit commence ainsi:

«A cause du pacte des Quraych;

De leur pacte concernant la caravane d'hiver et d'été!

Qu'ils adorent le Seigneur de cette Maison;

IL les a nourris;

IL les a préservés de la famine;

IL les a délivrés de la peur».  

Ce qui nous intéresse maintenant dans ce récit, c'est sa portée idéologique, ayant déjà expliqué sa signification artistique.

Ce récit a été formulé alors que les Quraych traitaient d'une manière vile avec le Message de l'Islam, mobilisant toutes leurs forces et toutes leurs ressources pour combattre Mohammad (P) et son Message.

La signification de ce récit est dans ce contexte tout à fait claire. Il rappelle tout d'abord aux Quraych un événement qu'ils avaient vécu à une époque pas très lointaine, puisque l'invasion abyssine avortée eut lieu la année même où naquit le Prophète Mohammad (P), ce qui signifie que les vieillards des Quraych se souviennent parfaitement de cette invasion. Il fait revenir à leur mémoire, ensuite, le sort abominable que les ennemis d'Allah ont connu après qu'ils eurent essayé de s'attaquer à la Maison d'Allah.

Ainsi, le récit engendre dans l'esprit des Quraych et des Musulmans, contemporains du Message, des suggestions claires: il vise à dire aux Quraych: le Ciel qui avait envoyé contre les envahisseurs des bandes d'oiseaux, peut, à n'en pas douter un instant, faire la même chose contre le nouvel ennemi: les Quraych.

Et il veut dire aux Musulmans: le Ciel qui avait anéanti l'ancien ennemi, peut annihiler le nouvel ennemi aussi, ce qui rassure les Musulmans et éloigne d'eux l'inquiétude qui pourrait les habiter relativement aux complots des Quraych contre l'Islam et ses tenants.

Mais il est à remarquer que de même que le récit a mis l'accent sur deux phénomènes à cet égard: la nourriture et la sécurité: «Qu'ils adorent le Seigneur de cette Maison; IL les a nourris; IL les a préservés de la famine; IL les a délivrés de la peur», de même il a mis l'accent sur un point particulier: «la caravane d'hiver et d'été» en le liant à la nourriture et à la sécurité.

La question qui se pose maintenant est de savoir quelle est l'explication de ce soulignement (du voyage d'hiver et d'été, la nourriture, la sécurité)?

Selon les psychologues qui étudient les motivations ou les pulsions de la personnalité, la motivation de la nourriture et la motivation de la sécurité figurent parmi celles dont la satisfaction ne supporte aucun ajournement.

En effet le besoin de nourriture se place en tête des besoins vitaux et le besoin de sécurité occupe le premier rang des besoins psychologiques (de l'âme).

Cela signifie que le récit a choisi la plus forte motivation de la personnalité (la recherche de nourriture) et la plus forte motivation psychologique (la recherche de sécurité) pour en faire un rappel à ceux qui courent, en haletant, derrière la satisfaction de leurs motivations, et qui ignorent que les plus importantes de celles-ci, c'est-à-dire celles dont la satisfaction est impérieuse et inévitable, sont satisfaites effectivement. Pourquoi courir donc?

Sans doute, c'est la course effrénée vers l'obtention de ce qui dépasse le besoin (ou la satisfaction d'un besoin purement personnel qui n'a rien à voir avec les besoins d'autrui ou les besoins définis par des principes) qui explique la conduite de ces gens anormaux qui cherchent en fait la domination, la supériorité, la possession, les plaisirs immédiats en général.

La caravane d'hiver et d'été à laquelle le récit fait allusion constitue un indice artistique qui sert à rappeler les bienfaits célestes accordés à ces gens qui ont pris une position négative vis-à-vis de leur Bienfaiteur: le Ciel.

Le récit n'évoque pas la nourriture en général, ni la sécurité en général, mais y fait la mention de la caravane d'hiver et d'été, ce qui laisse concevoir (sur le plan de la structure architecturale du récit) que la caravane est la clé principale de l'explication de tout.

Le récit lui-même n'aborde pas ces détails, se contentant de parler de «la caravane d'hiver et d'été».

L'explication romanesque ou artistique de ce silence que le récit a tissé autour de la caravane d'hiver et d'été comporte un trait esthétique plaisant que la fin du récit lui-même révélera. En effet lorsque le récit réclame l'adoration du Seigneur de la Maison (Lequel a protégé celle-ci contre l'invasion des Abyssins, préservé les Quraych de la famine et les a délivrés de la peur): «Qu'ils adorent le Seigneur de cette Maison ...», le lecteur est invité de nouveau à méditer sur l'allusion faite par le récit au "Seigneur de cette Maison" pour comprendre la profondeur artistique de cette allusion riche en indications que le lecteur peut lui-même déduire.

L'évocation de la "Maison Sacrée" rappelle au lecteur que c'est cette Maison même que les Abyssins avaient tenté d'envahir lorsqu'Allah les a anéantis. La Maison Sacrée rappelle en même temps au lecteur qu'il s'agit de la même Maison à l'ombre de laquelle vivaient ces gens dont parle le récit en soulignant qu'ils bénéficient des bienfaits du Ciel, dont celui qui leur procure la caravane d'hiver et d'été.

Mais la caravane d'hiver et d'été demeure encore entourée de flou dans l'esprit du lecteur. De quelle façon va-t-elle être signalée à l'attention de l'esprit? D'une manière artistique indirecte: le récit se termine par «Le Seigneur de cette Maison», qui «a nourri les Quraych, les a préservés de la famine et les a délivrés de la peur», de telle sorte que le lecteur déduise que la nourriture et la sécurité sont liées à «la caravane d'hiver et d'été».

Donc, la caravane d'hiver et d'été que le récit a rappelée aux Quraych n'est que les données qui lui sont associées: les bienfaits de la nourriture dont ils étaient pourvus et les bienfaits de la sécurité et de la paix qui les mettent à l'abri de la peur.

* * *

Enfin, la mention des détails de la nourriture et de la sécurité ne comporte pas une nécessité romanesque, étant donné que le but romanesque est le rappel des bienfaits et non leurs détails.

De là, ce sont les textes de tafsîr qui se chargent de cette tâche secondaire et ils nous disent approximativement ceci, à ce propos: Le territoire Sacré est une terre stérile. Les Quraych vivent de leur commerce extérieur. Le Ciel a assuré à ce territoire deux caravanes: une pendant l'hiver, à destination du Yémen, à cause du climat chaud de cette région; l'autre pendant l'été, à destination de la Syrie, à cause du climat frais de cette région.

Ceci concernant le besoin en nourriture.

Quant au besoin de sécurité, les textes de tafsîr indiquent à ce propos que le Ciel a insufflé le sentiment de révérence envers la Maison Sacrée dans les coeurs des gens. C'est pourquoi, personne n'osait s'attaquer à ces caravanes dès lors que les responsables de celles-ci annoncent «nous sommes les gens de la Maison d'Allah». Même à l'intérieur de la Presqu'île Arabe, un habitant de la Mecque, s'il est capturé, on le libère et on lui rend ses biens, pour la même raison.

Moralité, le rappel de ces bienfaits (de la façon artistique présentée par le récit) explique la signification du récit, lequel vise à attirer l'attention - non pas d'un peuple en particulier, mais de toute l'humanité d'hier et de demain - que les bienfaits d'Allah sont innombrables et qu'il est nécessaire que les gens les apprécient et les estiment, autrement, Allah a le Pouvoir d'en priver quiconque tente de porter préjudice au Message de l'Islam, et même de l'anéantir, comme furent anéantis avant, ceux qui avaient été plus puissants.

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