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L’une des difficultés que les shiites de l’époque d’occultation connaissent est le fait de se sentir éloigner de ce Joseph unique du temps. Le vent d’occultation est venu les placer en situation d’une attente qu’ils supportent péniblement dans l’espoir que ce réveil tant attendu se produira un jour et leur offrira la joie de voir enfin leur imam. Evidemment, ils savouraient le plaisir d’une manifestation approximative de l’imam sur ses ambassadeurs au cours de la petite occultation. Mais avec la grande occultation, les rapports se sont progressivement distendus si bien que ceux qui pouvaient avoir l’honneur d’obtenir une audience prés de son éminence se virent priver de cette opportunité. Seul un nombre très réduit de personnes aujourd’hui parviennent encore à rencontrer cet astre brillant dans de conditions très particulières. Les récits des grands érudits tels Sheikh Moqaddas Ardebilî, Sayyed ibn Tâoussî… ont été compilés dans des livres pour servir de témoignage à la génération d’après. Il est intéressant de rappeler que les rencontres avec imam Mahdi (a.s) s’opèrent dans les situations de nécessité inéluctable ou de guérison de personnes ou de façon normale. En d’autres termes, les rencontres d’imam s’opéraient dans des situations où quelqu’un nécessitait du secours. Pendant le pèlerinage à la Mecque, un égaré pouvait retrouver son chemin grâce à l’imam ou l’un des ses compagnons.
Dans les cas des rencontres de secours, des personnes entraient en contact avec l’imam en fonction de leur rang élevé et de leur piété. Notons qu’on ne saurait admettre de n’importe qui une quelconque histoire prétentieuse de rencontre avec l’imam. Par ailleurs, des aventuriers tout au long de la grande occultation, surtout à notre époque clament haut qu’ils ont rencontrer imam Mahdi, afin d’avoir une renommée dans la communauté et dérouter une partie des shiites. C’est ainsi qu’ils recommandent la lecture de certaines invocations et d’assister à certaines séances impudiques d’imprécations mystiques qui aboutiraient à une soit disant rencontre avec imam Mahdi (a.s), rendant ainsi vulnérable la grandeur de la rencontre avec ce grand personnage. Alors qu’Allah l’a mis en occultation et ne laisse accès à lui qu’à ceux qu’Il juge méritant. Enfin, L’imam ne rencontre certaines personnes méritantes que si la nécessité d’une situation importante l’exige. Si jamais on fournit des efforts pour voir imam juste par amour, il ne faudrait pas désespérer si le résultat s’avère vain ou interpréter cela comme un manque de considération de la part d’imam. De même, celui qui a eu le prestige d’une rencontre avec l’imam ne doit pas s’enorgueillir pensant que c’est grâce à son degré de piété et de perfection qu’il a eu cet honneur.
Nous concluons que rencontrer imam zamane et s’entretenir avec lui illumine l’âme. Mais, nos imams, et en particulier imam Mahdi, ne recommandent pas à leurs shiites de se peiner au point d’aller dormir dans le désert espérant les rencontrer. Adresser des invocations pour l’anticipation de son apparition suffit pour les shiites afin que le monde entier puisse un jour l’admirer. Imam dit : «Priez beaucoup pour la précipitation de mon apparition, car cette apparition ne profitera qu’à vous»[61].
Le récit de Hajj Ali BAghedâdî, une pieuse personne de son époque, mérite d’être conté brièvement :
Cet homme pieux et vertueux avait l’habitude de se rendre à Kâzimeyne visiter imam Jawâd et imam Kâzim (a.s). Il raconte, «j’avais en ma possession une quantité de biens provenant du khoms. Je donnai à Sheikh Anssârî, Sheikh Mouhammad Houssein Kâzimî et Sheikh Ayatollah Mouhammad Shouroûqî 20 toman (monnaie iranienne). Puis je décidai garder pour Ayatollah Alpi Yâsin 20 toman que je devais lui remettre une fois de retour de Bagdad. Je retournai de Bagdad jeudi et allai adresser mes salutations à mes deux imams qui reposent là-bas en paix. Après je me rendis chez Ayatollah Alî Yâsin pour lui remettre le reste d’argent qui lui revenait en guise de droit législatif que je devais moi-même payer. Puis, avec sa permission, je lui remis le reste afin qu’il le remette à qui de droit. Il voulut que je sois son hôte. Je lui présentai mes excuses car j’avais d’autres affaires à régler. Je repris la route pour Bagdad. En plein chemin je croisai le grand Sayyed, en compagnie de Waqârî, portant un turban vert sur la tête avec un grain de beauté noir sur la joue. Il se rendait du coté de Kâzimeyne pour rendre visite aux imams locataire des lieux. Il s’approcha de moi et m’adressa ses salutations de paix, me tendit une main chaleureuse et m’étreignit dans sa poitrine en me souhaitant la bienvenue : «heureux sois-tu ! Où vas-tu ainsi ? J’ai fait ziarat et je suis en route pour Bagdad, répondis-je. Ce soir c’est la nuit de vendredi. Retourne sur Kâzimeyne et passes y la nuit recommanda-t-il. Je ne peux pas, dis-je. Retourne-y, insista-t-il, afin que j’atteste que tu es un épris du prince des croyants et que tu fais partie de nos amis. Et Sheikh aussi attestera. Allah dit : «prenez à témoin deux personnes» (S2 ; 282)
Hajj Ali Bagdâdî continue : «avant cela j’avait sollicité à Ayatollah Yâsin d’écrit une pièce faisant foi que je suis un shiite et un épris de la famille du Prophète (ç), afin que je puisse l’infiltrer dans mon linceul. Je demandai à Sheikh, « comment m’avez-vous reconnu et comment allez-vous fournir ce témoignage ? Comment l’homme ne reconnaître-il pas celui qui respecte son droit ? Quel droit, interrogeai-je ? Ces droits que tu as laissés a mon représentant. Qui est ton représentant, demandai-je encore ? Sheikh Mohammad Hassan. Il est ton représentant réagis-je ? Oui ! Confirma-t-il».
Tellement je fus surpris que je réalisai qu’il existe une vieille amitié entre lui et moi, et que je l’ai seulement oublié. Dès la première rencontre, il m’a interpellé par mon nom. Je pensais qu’il voulait que je lui donne une somme du khoms parce qu’il était de la descendance du Prophète (ç). Je dis alors, «ô descendant du Prophète (ç), j’ai avec moi une somme d’argent relevant de vos droits, dont j’ai obtenu la permission de m’en servir. Il sourit et dit, «en effet, tu as versé une partie de nos droits à nos représentants à Najaf. Dieu est-Il satisfait de mes actions, demandai-je ? Oui ! Me rassura-t-il. Je revins à moi pour essayer de comprendre pourquoi ce Sayyed considérait les savants contemporains comme ses représentants. Une fois de plus je me laissai prendre au piège de l’insouciance. Je dis, « ô maître est il vrai que celui qui rend visite à imam Houssein la nuit de vendredi sera préservé des supplices de l’enfer ? Oui, répondit-il. Je vis à l’instant des larmes coulées de ses yeux. Je ne sais comment, mais je réalisai subitement que nous sommes dans le saint mausolée de Kâzimeyne sans avoir eu à parcourir la moindre distance que ce soit. Nous nous arrêtâmes devant l’entrée et il m’ordonna de lire la ziarat (invocation de salutations qu’on lit lors des visites des saints mausolées des privilégiés de Dieu). Je lui précisai que je ne pouvais pas bien lire ziarat. «Je lis alors, et tu fais ziarat avec moi ? Oui, acceptai-je. Il commença à prie sur le noble prophète (ç) et tour à tour sur les imams infaillibles. Après le nom d’imam Askari (a.s) il se tourna vers moi et demanda, «connais-tu l’imam du temps ? Comment ne puis-je le connaître ? Alors adresses-lui tes salutations, ordonna-t-il. Je commençai : « salue à toi ô preuve de Dieu et imam du temps, fils de Hassan. Il répondit avec sourire : «que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur toi aussi ». Après avoir pénétrer les lieux nous baisâmes le sépulcre. Il me dit une fois de plus, «lis la ziarat. Je répétai que je ne peux pas lire. Comme la première fois il réagit, «je le lis pour toi ? Oui, agréai-je. Il Lut alors la célèbre invocation intitulée Aminoullah. Après il me demanda si je voulais aussi prier pour son grand-père imam Houssein ? Je déclarai, «bien évidemment. Nous sommes vendredi soir et c’est le soir de ziarat d’imam Houssein. Il lut la grande ziaratoul Houssein. L’heure de la prier de maghrib (prière d’après la tombée de la nuit) intervint. Il me demanda de diriger la prière. Après la prière il avait disparu de ma vue. Quelles que soient les recherches que le fis je ne le revis plus.
Je venais à peine de me retrouver que Sayyed m’avait appelé par mon nom. Puis voulut que je retourne à Kâzimeyne. Ce que je fis malgré le fait que je ne le voulais pas. Il a désigné des faqihs comme ses représentants et enfin il est rentré dans la retraite d’occultation. C’est en ce moment que je compris qu’il s’agissait d’imam Mahdi (a.s) que je n’ai malheureusement pas reconnu à temps »[62].
L’une des questions qui se posent le plus dans la vie d’imam mahdi est la durée de l’âge de son éminence en particulier et la théorie de la longévité humaine. En d’autres termes est-il possible qu’un homme puisse avoir une si longue durée de vie, comme l’imam Mahdi qui doit déjà avoir plus de 1140 ans de vie, c’est-à-dire 14 fois plus que la durée de vie d’un homme ordinaire qui a normalement évolué dans la vie étape par étape. Cette problématique relève du fait que l’homme tel que conçu de nos jours ne peut vivre que 80 ou 100 ans au plus. Alors comment accepter à partir de cette base qu’un homme est au-delà du millénaire dans sa vie. Bref selon la raison, il est impossible pour un être humain d’avoir une durée de vie si longue. Mais l’impossibilité ici est prise dans le sens pratique et ne s’applique aucunement avec les recherches scientifiques qui prouvent que l’homme peut avoir une durée d’âge le plus long, tout comme il peu ne pas connaître la vieillesse. Le scientifique Bernard Shaw affirme : «Les biologistes sont tous unanimes qu’on ne peut limiter ou déterminer la durée de vie humaine. De même, la longévité est un problème qui n’accepte pas de limite». Le professeur Hethingerg écrit : «selon moi, l’homme du 21ème siècle peut vivre des milliers d’année grâce aux progrès scientifiques que nous avons réalisés»[63].
Ceci justifie les efforts que fournissent les scientifiques en passant des nuits à essayer, expérimenter et analyser les cellules des êtres vivants pour aboutir à une méthode qui permettra à l’homme de dribler plus longtemps la vieillesse et le spectre de la mort. De résultats satisfaisants ont été notés dans ces initiatives. Selon les conditions naturelles et actions qu’elles mènent, certaines personnes parviennent à vivre au-delà de 150 ans. Il est important de rappeler que les études ont été effectuées au sujet de longévité dans l’histoire de l’humanité. Les livres célestes nous parlent des hommes dont la durée d’âge fut au-delà de ce qu’on imagine de nos jours.
Des passages coraniques évoquent non seulement des personnes qui ont connu une longévité extraordinaire, mais aussi la possibilité d’une vie éternelle. On peut, par exemple lire au sujet du prophète Jonas (a.s) : « Il serait demeuré dans son ventre jusqu’au jour où l’on sera ressuscité» (S37 : 144). Ce verset montre que pour l’homme et une espèce de poisson il y a une possibilité de longévité, que les biologistes désignent techniquement par « l’infinité de la vie », allant jusqu’au jour du jugement, pour une espèce de poisson (un poisson de 400 millions d’années d’âge a été découvert au large des îles Malgaches) et pour l’homme (comme il aurait dû être le cas pour Jonas).
Une fois de plus, le saint Coran affirme à propos du prophète Noé (a.s) : «Et en effet nous avons envoyé Noé vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années…» (S29 : 14). Ce verset n’a évoqué que la durée de la prophétie de Noé. Certaines sources historiques montrent que Noé a vécu 2450 ans.[64] Ce hadith rapporté d’imam Sajjâd (a.s) confirme : «l’une des dimensions de la vie du prophète Noé (a.s) qui est manifeste dans la vie d’imam Mahdi (a.s) est la longévité». Imam Sajjâd continue au sujet du prophète Jésus (a.s) «Ils ne l’ont pas tué. Dieu l’a rappelé auprès de Lui, car Il est les Puissant, le plus Elevé»[65]. C’est cela qui justifie la conviction des musulmans que le prophète Jésus (a ; s) est encore vivant et se trouve dans les cieux. Il descendra lors de l’apparition d’imam Mahdi et l’assistera. Imam Bâqir (a.s) dit : « Il y a en Mahdi quatre similitudes entre lui et quatre personnalités parmi les prophètes… Le prophète Issah (Jésus) appartient au passé et lui (Mahdi) reste encore présent»[66].
En dehors du saint Coran, la Bible souligne aussi le thème de la longévité. On peut lire dans les passages (Genèse, chap5 ; versets5 à 32) suivants : «ainsi, tous les jours que vécut Adam se montèrent à 930 ans, et il mourût (v 5)…Ainsi, tous les jours d’Enosh se montèrent à 950 ans, et il mourût (v 11)…Ainsi, tous les jours de Qénân se montèrent à 910 ans, et il mourût (v 14)… Ainsi, tous les jours de Methoushélah se montèrent à 960 ans, et il mourût (v 27)…». Ces versets viennent appuyer qu’ils existent bien des personnes dont la durée d’âge est longue.[67]
L’Evangile aussi contient des passages similaires qui montrent que le prophète Jésus (a.s) a ressuscité après la mort et est monté au ciel. Il ressuscitera de nouveau. Ce qui revient à dire, s’il faut tenir compte la chronologie chrétienne, qu’il a plus de 2000 ans de nos jours. Ainsi les juifs et les chrétiens conformément à leurs livres saint doivent croire à l’évidence de la longévité.
Puisque la durée d’âge est rationnellement, scientifiquement et historiquement approuvée, on peut faire une mise en parallèle du sujet avec la Puissance divine infinie. Le front de monothéisme croit que tout l’univers est sous l’autorité de Dieu. Tous les effets et les causes qui s’y succèdent ne se réalisent que selon Sa Volonté. Il est le seul qui peut suspendre la relation d’équivalence qu’il a imposée entre la cause et l’effet. Tout comme il peut produire un phénomène en dehors des normes et de l’ordre naturel.
C’est Lui le Dieu capable de faire sortir des entrailles d’une montagne un chameau, de suspendre la candeur du feu sur Abraham, de fendre en deux la mer pour laisser passer Moïse et ses suiveurs. Peut-on admettre qu’il soit incapable de prolonger la vie de la promesse coranique, celui dont l’espoir de tous repose sur lui ? Imam Hassan Moujtabâ affirme : «Allah rendra étendue la durée de son âge au cours de son occultation. Ensuite, Dieu le fera apparaître sous l’aspect d’un homme âgé de quarante ans, afin de prouver aux gens qu’il est le seul Capable de tout»[68]. Ainsi, la longévité du 12ème imam analysée sous les angles rationnel, scientifique et historique est une chose admissible, car après tout elle relève de la volonté divine.
Lorsque les nuages obscurs ont couvrent le soleil, privant ainsi les savanes et les steppes de ses rayons vitaux pour les fleurs, que reste-t-il à faire ? Que peut-on faire, du moment où l’âme de la création, la conjugaison du bien et du beau reste cambrée dans l’horizon de l’occultation, empêchant les créatures de savourer sa présence ? Les fleurs du jardin ont ouvert leurs pétales pour savourer la clémence et la fraîcheur de leur jardinier. L’âme de ses suiveurs, pleine d’affection plonge vers le néant espérant la proximité de son assistance. C’est à partir de là que l’attente prend forme. Oui ! Tous demeurent en situation rebondissante d’attente afin que la splendeur du bonheur s’exprime dans l’univers. Qu’est-ce qu’elle peut paraître attrayante une attente au bout de laquelle la joie se manifestera !
Plusieurs sens ont été accordés au terme «attente» et l’important est de passer l’expression à l’étude pour y dégager la connotation adéquate. Attendre signifie avoir l’œil pointé sur l’horizon pour la venue de quelqu’un ou quelque chose. Cet œil reste éveillé en fonction de la valeur que représente l’hôte attendue. En plus d’être une disposition interne, l’attente se manifeste sur l’aspect extérieur de celui qui est en situation d’attente. Raison pour laquelle l’attente est considérée dans les hadiths comme un dynamisme, la meilleure des actions qui jettent à l’œuvre les spectateurs qui à travers d’efforts cherchent à donner une image grandiose à l’être attendu. L’attente ne constitue point s’asseoir les bras croisés, baillant, somnolant et maintenir l’ambiance ainsi morne. L’attente est une plate-forme de mouvement et d’actions permanent qui convergent vers l’événement en question.
Ceux qui attendent un invité par exemple ne restent pas inactif. Ils s’exercent tous à préparer l’atmosphère afin de le rendre appropriée et agréable pour le séjour de l’hôte, écartant toute situation pouvant entraver la présence de l’invité. Combien de fois l’attente de celui qui n’a pas d’égale sur terre, le Guide, le réformateur, le justicier. Celui dont la venue n’a jamais eu de pareil dans l’histoire. L’attente du gouverneur de la justice universelle, Imam Mahdi (a.s), est une réalité dont l’effectivité est mentionnée dans les textes comme «l’apparition victorieuse ». Cette attente est considérée comme la meilleure des actes d’adoration, et plus, le facteur pas lequel les œuvres seront agrées. Le noble Prophète (ç) déclare à ce propos : « La meilleur des acte d’adoration de ma communauté est l’attente de l’apparition (de Mahdi) »[69]. Imam Sâdiq ajoute : «voulez vous que je vous dise quelque chose important sans laquelle aucune œuvre n’est acceptée prés d’Allah ? Oui, réagit l’assistance. L’attestation en l’unicité de Dieu, en la prophétie du Prophète de l’islam, le respect des lois divines, l’acceptation de la willaya, s’opposer à nos ennemis, c’est-à-dire la soumission à nous les imams, la piété, l’effort, la maîtrise de soi et l’attente de l’apparition du Guide»[70]. Ainsi, l’attente a une particularité singulière dont la connaissance incombe à tous, afin que ses faveurs et ses bénédictions- que nous évoquerions plus haut- soient bien appréhendées.
Nous l’avons déjà dit que l’attente est quelque chose d’innée qu’on rencontre dans toutes les cultures. La forme d’attente ordinaire qui s’applique entre les individus dans une société, comparée avec l’attente du Réformateur de l’univers, qui a des caractéristiques idoines, ne représente qu’une infirmité atomique :
L’événement de l’attente d’imam Mahdi remonte à une ancienne époque, c’est-à-dire à la genèse de l’univers, car tous les prophètes et les privilégiés de Dieu en ont parlé, et nos imams précédents, en bons contemporains, avec une espérance d’être spectateur de l’événement, ont martelé des discours sur l’apparition du Justicier universel. Imam Sâdiq dit : «Si j’avais pu percevoir sa réalité, j’aurais sacrifié toute ma vie à son service»[71].
L’attente d’imam Mahdi se distingue par un pacifisme universel, supporté par un gouvernement pour une justice globale et le règne du bien. L’humanité demeure impatiente de voir se concrétiser cette manifestation naturelle incomplète qui l’anime et augmente son sens de l’espérance au jour le jour. Mahdi est l’incarnation de la justice pure, la fraternité, l’amour, l’égalité, la gaieté, la paix et de l’éveil de la pensée humaine. Il est le catalyseur qui fera disparaître l’esclavage, l’impérialisme, la colonisation, la discrimination, la corruption et toute forme de dépravation de mœurs.
L’attente d’imam Mahdi nécessite une préparation préalable des lieux pour qu’aucun mal ne résiste au vaccin du pacifisme prodigieux qui accompagnera ce courant révolutionnaire. Nous devons donc nous préparer à donner un coup de main indispensable à son éminence afin qu’il ne compte pas uniquement sur les miracles pour accomplir vaillamment sa noble mission.
L’attente de la preuve divine accroît une passion dans les cœurs, redonne la vie et exprime la délivrance. Les particularités de l’attente soulignées ci-dessus s’accordent avec l’histoire et l’essence de chaque créature, rendant ainsi invalide toute autre forme d’attente. Il est alors possible de dépasser cette étape et entrer dans les dimensions et les empreintes de ce mouvement pour mieux comprendre le rôle et les mérites des attendeurs.
L’homme a plusieurs dimensions. Il est à la fois un être pensant et intelligent, un animal social qui a souvent tendance à vouloir mener une vie stoïcienne et solitaire. Il est composé de dimensions physique, psychique et spirituelle. Toutes ces dimensions ont besoin d’une norme particulière pour permettre à l’homme de s’épanouir aisément et être l’épargné des turpitudes. Cette norme convenable se trouve dans l’attente du Guide.
L’attente du réformateur a de nombreuses influences dans les aspects de la vie des attendeurs. L’attente agit du point de vue de la pensée et de la conception et maintient l’être dans un couloir de comportement subordonnant l’attente. En d’autres termes, l’attente empêche les déviations idéologiques et orientes toute autre forme de pensée qui doit s’accorder à sa philosophie. Grâce à la lumière de l’attente expectative, les croyants sont immunisés contre les doctrines hérétiques qui essayent de profiter de la durée de l’occultation pour décourager les croyants et les dévier vers les conceptions sataniques. Imam Bâqir avertit : « Il viendra un temps où l’imam de la communauté sera en occultation. Heureux soit celui qui restera ferme et intransigeant en notre willaya»[72]. C’est-à-dire que les shiites s’accrochent sur l’attente de l’apparition de leur maître pour déjouer les plans des déviateurs qui s’emploient, par tous les moyens, à vouloir les faire chavirer les shiites de leur doctrine.
Du point de vue rationnel, l’attente conditionne le comportement du croyant. Les croyants doivent redoubler d’ardeur dans leurs actions en remuant toute la terre par la propagation et permettre aux ondes de l’apparition de vite couvrir la terre. L’auto- perfection et l’éthique sont de solutions individuelles appréciables qui offrent la sérénité spirituelle et donne du tonus au corps pour tenir longtemps au front. Imam Sâdiq affirme : «Quiconque aimerait faire partie des assistants du guide attendue doit se parer de vertus et de piété»[73].
L’attente agit doublement sur le plan individuel, en normalisant les rapports sociaux et en offrant un système de fonctionnement général pour la communauté. Chacun, en ce qui le concerne doit fournir des efforts personnels pour maintenir l’ordre social en luttant contre les gangrènes qui minent la société et évoluer ainsi vers une atmosphère propice au gouvernement de la justice universelle. Bref, l’attente est une disposition bénie qui exige l’intervention de toutes les forces pour donner une coloration divine à l’humanité, une coloration religieuse, éternelle et indélébile ; «l’empreinte d’Allah [qui a mis en l’homme la vertu], qu’est-ce qui est meilleur que (d’avoir en soi) l’empreinte d’Allah…». (S2 :138). En réalité, tout ce qui a été démontré ne prendra forme que s’il est teinté d’une marque divine qui s’exprime en chaque être et dans chaque société. Ce facteur, au lieu de rendre les responsabilités de l’attente plus lourdes, drainera plutôt du plaisir pour les croyants attendant. Quelle serait le sentiment que tu éprouverais si tu étais élu comme soldat d’imam Mahdi ? Serait-il nécessaire qu’on te rappelle encore qu’il faut agir comme ci ou te comporter comme ça ? Ou bien tu percevras personnellement ton devoir sans attendre qu’on te le rappelle ?
Les propos et les élocutions des savants présentent clairement les devoirs qui incombent à tout un chacun, et dont nous allons brosser les plus importants :
- Connaître l’imam ; on ne peut se disposer à attendre l’imam si on ne le connaît pas. La fermeté et la patience qu’exige l’attente du réformateur sont conditionnées par une bonne maîtrise de ses caractéristiques. En plus des renseignements qu’on a au sujet de son nom et ses patronymes, il est important de connaître son rang et sa place.
Abou Nasser, l’un des serviteurs d’imam Askari raconte que lorsqu’il se rendait prés du fils d’imam Askari, ce dernier lui demandait : «est-ce que tu me connais ? ». Il répondit oui. Qui suis-je, insista-il ? Tu es mon Maître, fils de mon maître. L’imam protestait, «ce n’est pas ça que j’entend par connaître. Abou Nasser demanda alors ce que l’imam entendait par connaissance ici. «Je suis le dernier des successeurs du Prophète (ç). Allah de par la bénédiction de ma présence épargne de mes shiites le malheur »[74].
Si la connaissance de l’imam se réalise en soi, on se croirait ensemble avec l’imam au front de bataille. On sera tellement motivé à se battre pour protéger la ligne défensive du camp de bataille. Imam Bâqir dit : «quiconque meurt ayant connu son imam, l’anticipation ou le retardement de l’apparition ne le dérangera en rien. Quiconque connaît son imam avant de mourir sera considéré comme s’il était présent prés de lui sous une tante»[75].
La connaissance de l’imam est si impérative qu’il a été rapporté des infaillibles que solliciter l’assistance divine dans cette initiative est recommandé. Imam Sâdiq souligne : «…Les faibles seront pris au dépourvu par le doute pendant la grande occultation d’imam Mahdi (a.s). Zourâra, l’un des serviteurs dévoués demanda ce qu’il aurait fallu faire s’il appartenait à cette époque : «tu liras cette invocation, recommanda l’imam : «Mon Dieu ! Dispose moi à te connaître, car si T ne me fais pas te connaître, je ne saurais connaître ton prophète. Mon Dieu ! Fais moi connaître Ton prophète, car si Tu ne me fais pas connaître Ton prophète, je ne saurais connaître Ta preuve. Seigneur ! Fais moi connaître Ta preuve, car si Tu ne me fais pas connaître Ta preuve, je dévierais de ma religion»[76].
L’imam est non seulement le successeur du Prophète (ç), mais aussi la Preuve divine dur la création. La soumission en lui est obligatoire pour tous, car lui obéir c’est obéir à Dieu. Avoir une connaissance biographique sur les attributs de l’imam offre à la dimension intelligente de l’homme un ensemble de paramètres éthiques qui s’accroît aussi que s’élargit le centre de ses connaissances.
- Le model ; la connaissance de l’imam suscite l’envie de vouloir faire de lui un model pour soi. Le noble Prophète (ç) déclare : «Heureux soit celui qui réussira à comprendre le dernier guide de ma descendance avant son apparition, de s’inspirer de lui et de ses pères et renier ses ennemis. Ceux-là sont les plus proches de moi et les plus nobles de ma communauté»[77]. En effet, celui qui s’imprègne de foi, de piété, d’humilité, de patience et des nobles caractères copiés de l’imam aura une grande place prés du Prophète (ç). Y a-t-il mieux qu’en situation d’attente le shiite évite les mauvaises choses et s’adonne aux bonnes œuvres ? L’imam avertit ceux qui patinent encore dans les actes exécrables : « rien ne peut nous séparer des shiites si ce n’est les mauvais actes. Nous n’attendons aucunement des shiites de mauvaises œuvres »[78].
Le dernier souhait des shiites doit être avoir une contribution dans la mise en place de son gouvernement et avoir l’honneur d’être en compagnie de cet éminent personnage. Le seul costume approprié pour la circonstance est celui brodé de nobles comportements et de piété. Imam Sâdiq (a.s) rassure : «quiconque aimerait faire partie de compagnons d’imam Mahdi doit en période d’attente se couvrir de piété et de bons comportements»[79].
- Se souvenir d’imam, maintenir les relations avec ce médecin des âmes à travers un souvenir quasi permanent de sa présence donne un coup de main aux croyants. Savoir que l’imam nous a incessamment à l’œil ne procure-t-il pas le désir de rester plus lié avec lui quel que soit le lieu où nous nous trouvons ? Les shiites doivent constamment se rappeler de leur imam, dans leurs prières comme dans leurs invocations. Pour précipiter sa venue, nous devons répéter chaque cette invocation plusieurs fois : «Notre Dieu ! sois pour Ton privilégié, Ta preuve fils d’Hassan (que Tes prières soient sur lui et sur ses pères) à cet instant et à tous les instants, un Maître, un Protecteur, un Chef, un Secours, un Guide, un Gardien, jusqu’à ce que tu le fasse régner sur Ta terre de bon gré et le laisser y jour de la vie, longuement. Par Ta miséricorde, ô le plus Miséricordieux des miséricordieux ! »[80]
Le croyant avant de faire l’aumône doit commencer d’abord par adresser la paix à son imam et doit dans toutes les circonstances s’accrocher à lui et l’espoir de vivre sa brillante apparition ; « c’est pénible pour moi de tout voir sans te voir !»[81]. Le croyant attendant l’imam assiste toujours aux assises organisées en ses honneurs pour renforcer ses liens d’affection avec celui. Le shiite ne doit manquer de se rendre dans les mosquées réputées appartenir à imam Mahdi, telles la mosquée de Jamkarân, de Sahla, et de Sadâb. La meilleur des actes couronnant les œuvres des attendeurs est le fait de réitérer chaque jour son allégeance à lui, à travers les invocations telles que : «Seigneur ! Je réitère auprès de toi en ce jour et à tout moment les engagements et l’alliance qu’il y a en moi pour cette éminence à jamais. Classe-moi parmi ses assistants et ses défenseurs, ses soldats, ses serviteurs chargés de lui obéir promptement, ses employés et ceux qui seront martyrisés entre ses mains»[82].
Celui qui s’exerce à répéter cette imprécation ne faiblira point dans sa foi et s’intègrera dans la préparation du terrain pour l’apparition. Imam Sâdiq (a.s) dit : «Celui qui lit cette invocation 40 fois chaque aube sera des assistants d’imam Mahdi (a.). Et s’il meurt avant son apparition, Dieu le ressuscitera afin qu’il soit des assistants de ce Guide».
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