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La vie sociale -qui est le facteur le plus déterminant dans la constitution de la personnalité humaine,- ne doit pas se borner à rassembler les corps, mais à tisser un réseau de rapports psychologiques qui reflèteraient la solidarité et l’affinité des esprits.
Et quand la société est unie dans sa forme et dans son fond, les relations entre les individus seront axées toutes sur la solidarité, et elle ne saurait perdre sa pureté et son attirance.
Dans nos fréquentations, il nous arrive souvent d’éprouver le devoir de "fermer les yeux", de faire preuve d’indulgence envers les fautes et les bévues d’autrui. C’est là un comportement dicté par la nécessité de la vie collective.
Le meilleur calme s’obtient par des relations conciliantes avec les autres, et par une affabilité envers eux.
Il ne faut pas perdre de vue ce point que nul sur cette terre n’est exempt de défauts et d’imperfection. Et très rares sont les personnalités impeccables. Même les plus éminentes ne sont pas à l’abri de l’erreur.
Pour cette même raison, chacun devra, dans une certaine mesure, supporter les évènements contraires à son attente, et passer l’éponge sur les erreurs et les maladresses d’autrui, parce que la paix et l’entente solides ne peuvent, dans la plupart des cas, s’instaurer que par la voie de la clémence et du pardon.
Chaque homme a sa propre spécificité imputable à son éducation morale et psychologique. Le pardon et l’indulgence sont les manifestations les plus lumineuses de maîtrise de soi et de grandeur, et aussi des formes de noblesse d’âme et de courage.
L’homme authentique pardonne par magnanimité et, acquiert en contrepartie sa sérénité et une pureté que rien n’égale en prix. La mansuétude cultive l’âme. Elle est une grâce qui fait jaillir la source de douceur et de bonté, et par laquelle l’homme peut se libérer de tout égoïsme.
Bien que fermer les yeux sur les erreurs et les faux pas d’autrui ne soit pas chose aisée au début, plus on s’exercera dans cette voie, moins on ressentira l’agitation intérieure.
Il est établi que l’indulgence a un impact positif même sur l’ennemi et entraîne forcément un changement en lui. Et combien de relations se sont dé tendues grâce à la bonne compréhension mutuelle! Et combien de ressentiments, de rancunes et d’inimitiés se sont dissipées, cédant la place à la sincérité et à l’affection réciproque?
Que peut un ennemi agressif devant une personne équipée de cette arme puissante de l’indulgence, et d’un cœur animé de nobles sentiments, sinon se rendre et s’incliner devant la supériorité?
Un savant a dit:
«L’une des facultés les plus grandes de l’homme, et dont sont dépourvues les animaux est celle de pardonner et d’oublier les fautes des autres. Quand une personne vous nuit, elle vous donne en même temps une bonne occasion qui est celle de lui pardonner, et de jouir ainsi du plaisir qu’offre le sentiment de l’indulgence. On nous a toujours dit: pardonnez à vos ennemis, mais cela n’empêche pas de pardonner aussi aux amis.
Quand vous vous vengez sur votre ennemi, vous devenez son semblable, mais en lui pardonnant, vous devenez son supérieur. Et il se verra fautif devant votre indulgence.
Quand nous voulons nuire à autrui, il se peut que nous échouions dans notre entreprise. Mais le pardon est la meilleure vengeance. Par lui, nous pouvons vaincre nos ennemis sans coup férir, et les faire s’incliner humblement devant notre puissance. Par conséquent, la meilleure attaque est celle où l’on refuse l’inimitié et la rencontre de l’ennemi; car la défaite de celui-ci y est assurée.
Quand les autres agissent en mal, nous devons agir en bien. Opposer le bien au mal est une politique céleste grâce à laquelle se perpétue la tranquillité sur terre.»
Aucun mal parmi les maux qui s’abattent sur les hommes, ne pèse autant sur leurs épaules que celui de l’inimitié.
La rancune ravage le repos, et procède des forces pernicieuses de la colère, rompant l’équilibre psychique de l’homme.
Après son accès de colère l’homme s’assagit et croit avoir éteint le feu qui a causé son emportement. Mais souvent, sous la cendre couve la braise qui menace de détruire son bonheur et son calme.
Tout comme le pardon est un signe de noblesse, d’équilibre de la personnalité, et un facteur de paix et d’entente, le ressentiment, cette manifestation de la concupiscence a pour conséquence la division.
En laissant éclater sa colère, l’homme trouve un exutoire à son bouillonnement intérieur; il ignore ce faisant que la nuisance provenant d’autrui est de loin inférieure en intensité à celle qu’il s’impose en répondant au mal par le mal. Car le tort causé par autrui est appelé à s’éclipser après quelque temps quelle que soit son intensité. Alors que le ressentiment enraciné en lui corrodera son cœur et sa conscience, et lui infligera une peine irrémédiable. Outre cela, l’inimitié ne disparaîtra pas pour autant; elle creusera la blessure et l’élargira.
Pendant ce temps, l’ennemi fourbira ses armes, et se préparera à la défense par tous les moyens.
Les conséquences de l’inimitié peuvent être très pénibles, et les déséquilibres qu’elles occasionnent demeurent à jamais irréparables. Elles finissent par devenir une charge pesant lourdement sur la conscience tout au long de la vie, lorsqu’elles résultent d’une faute grave engendrée par un ressentiment trop violent, entraînant une catastrophe.
Il est des gens chez qui n’existe pas le moindre atome de générosité et de pardon, qui rêvent toute leur vie de venger la moindre offense. Cet excès de sensibilité les conduits à dépenser le plus clair de leur temps, et la majeure partie de leur énergie, à assouvir des vengeances, dussent-ils se jeter dans les flammes.
Une personnalité faible prête à s’irriter, ne supporte pas la moindre critique, alors que les hommes forts et mûrs savent tirer des critiques, les lecons les plus précieuses grâce auxquelles ils se refondent et s’améliorent.
Un homme de science a dit:
«L’irritation est un symptôme d’immaturité. Il arrive souvent qu’il n’y ait en fait aucune offense ni aucun mépris dans ce pourquoi l’on s’irrite, et que la réaction négative ne soit due qu’à une raison illusoire.
Ou bien encore, il se peut que ce mépris ou cette offense soit involontaire.
Ici aussi il ne convient pas de s’emporter ou de se plaindre outre mesure.
Dans le cas où le mépris est volontaire et délibéré, deux cas se présentent:
S’il est fondé et sanctionne une réalité en révélant un défaut authentique; il ne devrait pas blesser mais plutôt susciter le regret, et éveiller l’attention dans l’avenir.
Dans le cas où l’offense fait état de quelque chose d’infondé, de contraire à la réalité, l’homme raisonnable ne devra pas s’en faire. Car elle ne peut procéder que d’un envieux cherchant à faire une méchanceté, ou d’un rancunier à l’esprit puéril cherchant sa petite vengeance, ou encore d’un ignorantin qui veut se rehausser devant les autres par des paroles offensantes et insolentes. L’homme raisonnable ne doit pas réagir aux paroles d’un ignorant.»
La quête de la vengeance est chez certaines personnes, une manifestation de leur complexe d’infériorité qu’elles traînent depuis leur enfance où elles ont subi violences et réprimandes; et que nourrit leur mauvaise insertion dans las société.
Bref, la vengeance fait partie des moyens auxquels recourent les personnes souffrant du complexe d’infériorité pour compenser leur sentiment d’échec, en cherchant à nuire aux autres par différents moyens, et perpétrant tous les crimes possibles.
Parmi les facteurs concourant à l’affaiblissement des penchants blâmables, figure l’attention exclusivement tournée vers les buts sacrés de l’existence.
En effet celui qui purifie son âme et se fixe un objectif élevé dans sa vie, découvre la petitesse des autres choses et se détourne de la tendance à nuire aux gens. Nous sommes maîtres de l’impact qu’exercent les méfaits des gens envers nous, tout comme nous sommes maître de changer nos opinions, d’adopter une vertu à la place d’un vice. Par conséquent, nous sommes en mesure de réduire par notre volonté l’influence des différents agents sur notre pensée et de faire la réserve d’énergie nécessaire à briser le sens de la vengeance qui imprime ses contraintes sur notre esprit.
Si nous-mêmes sommes indifférents envers notre responsabilité morale, les autres ne pourront nous être d’aucun secours, et ne nous aideront pas à changer ce qu’il y a de mauvais en nous.
Le ressentiment a plusieurs formes. Il arrive qu’une personne conseille à ses rivaux -sincèrement en apparence-de faire telle ou telle chose qu’elle sait pertinemment conduire à des résultats contraires à ceux qu’elle leur proclame.
Un grand écrivain occidental a dit:
«La rancune et l’animosité résultent de la stupidité, surtout quand elles sont dénuées de cause apparente. Beaucoup de problèmes pourraient être résolus à l’amiable s’il n’y avait pas l’égoïsme. Pour un rien, nous éloignons de nous beaucoup de nos chers amis, et bien que nous les sachions innocents, nous continuons à leur en vouloir. A propos, comment pourrions-nous alléger l’injustice dont nous nous rendons ainsi responsables à leur égard?»
Les vies des Saints sont riches en leçons de dignité et d’honneur, d’indulgence, de tolérance et d’humanisme, dont ils furent les incarnations les plus parfaites.
Un jour l’Imam Ali Ibn el Hossein, surnommé Sadjâd, était assis, entouré de ses compagnons. Soudain un homme furieux se présenta et proféra des injures contre sa sainte personne. L’Imam maintint son calme, et demeura silencieux jusqu’à ce que l’importun termina ses propos et quitta la réunion.
Quand il partît, l’Imam dit à ses compagnons:
«Vous avez vu et entendu cette personne. Je voudrais que vous vous leviez et m’accompagniez afin que voussoyez témoins de la réponse que je vais lui donner.»
Ses compagnons le suivirent.
Arrivé au seuil de la maison, l’Imam se fit annoncer. L’homme sortit, prêt à la querelle. L’Imam Sadjâd lui adressa alors ces paroles:
«Ô mon frère, toutes les choses que tu m’as attribuées, je m’en repens auprès de mon Seigneur, si elles sont vraies. Mais si elles sont fausses, alors que Dieu te pardonne à toi!,»
Celui-ci bouleversé par la situation ne put que reconnaître:
«Oui, j’ai dit des choses fausses à ton sujet, qui s’appliquent plutôt à moi!»
Les paroles de l’Imam eurent un tel effet sur l’âme de cet homme, qu’elles effacèrent chez lui toute sa haine et le ramenèrent au repentir. On vit se vérifier une fois de plus le pouvoir miraculeux de la longanimité, du pardon et du renoncement.
L’Emir des Croyants, Ali Ebn abi Taleb- que la paix soit sur lui- a dit:
«Ne pas être enclin au pardon est plus rebutant que tout, et la hâte à se venger est une faute irrémissible.»131
Les hommes nobles ne s’attardent pas sur les fautes de leurs frères, et leur pardonnent.
L’Emir des Croyants a dit aussi:
«L’empressement à pardonner est une des qualités des nobles.»132
Ces paroles rejoignent bien entendu celles du Coran qui est la source de la morale islamique, et qui recommande aux musulmans:
«Qu’ils pardonnent et passent! N’aimez-vous pas que Dieu vous pardonne, cependant que Dieu est pardonneur, miséricordieux?»133
Dieu dit aussi:
«Or, bien et mal ne sont pas égaux. Défends-toi par ce qu’il y a de plus beau, alors celui avec qui tu étais en inimitié deviendra comme s’il était ami chaleureux.»134
Pardonner quand on est en position de supériorité, est une vertu si chère que l’Imam Sadeq -que la paix soit sur lui- la considère comme une vertu.
«Des Prophètes et des Saints.»135
D’après l’enseignement du premier Imam, le Commandeur des Croyants, le pardon est une arme efficace pour se prémunir contre les complots des méchants.
«Châtie ton frère en lui faisant du bien, et repousse son mal en le comblant de faveurs.»136
L’Imam a encore fait des observations remarquables au sujet du ressentiment.
«Le cœur le plus enchainé est le cœur du rancunier.»137
Un psychologue dit:
«Le rancunier est prompt à la colère, impitoyable, prêt à faire feu de tout bois. Même d’apparence douce, calme et polie, il est intérieurement habité par un volcan qui contient à peine les flammes immenses du ressentiment et de la revanche qui se déchaînent au premier prétexte et mettent le feu à tout, aux amis comme aux ennemis.»138
Le rancunier, comme dit l’Imam Ali, vit un calvaire, et voit redoubler ses peines.»
Dale Carnégie écrit dans son ouvrage "Comment se faire des amis":
«Quand nous nourrissons une haine contre nos ennemis, nous les rendons maîtres de notre manger, de notre boire, de notre sommeil, de notre santé et de notre joie, et même de notre sang et de notre tension artérielle, nous leur donnons plein pouvoir sur nous dans toutes ces choses.
Notre ressentiment ne leur nuit en rien, alors que nous transformons notre vie en un enfer insupportable.»
De nos jours les psychologues diagnostiquent les maladies psychiques dans l’inconscient par l’enquête expérimentale, puis entreprennent leur traitement. Mais bien avant cela, l’Emir des Croyants avait coutume de dire à ses compagnons:
«C’est au moment où l’on s’amende qu’apparaissent les chaînes qui nous retiennent.»139
Le rancunier ne connaît guère de repos tant qu’il n’a pas assouvi sa fureur.
Un psychologue a dit:
«L’homme du ressentiment impose aux autres de se taire, de se plier à ses ordres, par la menace, la réprimande et la violence. Cette méthode paraît légitime, normale et nécessaire aux yeux des revanchards qui s’en voudraient beaucoup s’ils venaient à avoir la faiblesse de pardonner un jour.
Je connais un officier ayant fait des études supérieures, qui un jour au volant de sa voiture a renversé un cycliste, brisant deux brocs de lait qui se trouvaient fixés sur le porte-bagages. La chaussée était devenue blanche du liquide qui s’était vite répandu et la roue arrière avait été complètement tordue par la violence du choc.
Le cycliste gravement blessé, tâchait de se relever, mais restait à quatre pattes. La responsabilité de l’accident pouvait certes lui incomber, mais en ce moment son état méritait attention, secours et compréhension, non les injures et les sarcasmes que lui adressait l’officier enragé. Le cycliste blessé ne se retenait pas à son tour de proférer toutes les injures traduisant sa haine et son mépris qu’il avait jusqu’ici contenus devant les représentants des classes opulentes.
Mon compagnon voulut descendre et administrer la punition à ce pauvre marchand de lait qui avait l’audace d’offenser un officier. Je pus l’en empêcher avec l’aide d’un autre ami qui se trouvait avec nous dans la voiture, et il ne se dispensa d’infliger la correction à sa victime qu’à notre prière instante. Mais pendant tout le temps où nous demeurâmes ensemble, il ne cessa pas de nous blâmer et de se blâmer lui-même de n’avoir pas corrigé l’impertinent.
Il ne se pardonna jamais la faiblesse qu’il eut, à cause de nous, de pardonner au pauvre laitier.»140
Ainsi que l’a remarqué l’Imam Ali, le ressentiment fait éclater la colère.141
«Quand le rancunier est déçu dans son attente -même quand celle-ci est irréaliste-il devient la proie d’une violente rage, et n’a de cesse que lorsqu’il aura pris sa revanche sur son adversaire.»142
Et par contre:
«Quiconque se débarrasse du fardeau de la haine éprouve un sentiment de repos dans son cœur.»143
De même, tous les savants contemporains affirment que:
«Si l’homme se retient de tout emportement et de rancune, il se préservera des maladies nerveuses entraînant la perte de l’équilibre psychique »144
Ici aussi l’Emir des Croyants a dit:
«Purifier la poitrine (le cœur) de tout ressentiment est cause de bonheur pour l’homme.»145
Il est à noter que dans certains cas et à propos de certains actes répugnants, l’Islam ne prévoit pas du tout la tolérance.
Notre doctrine, ayant fait de la préservation de l’ordre, un objectif à ne jamais perdre de vue, considère le châtiment comme nécessaire dans le cadre des peines légales (Hodoud). Quand le méfait accompli par un individu est de nature agressive et préjudiciable à la société et à la sécurité des gens.
Deux forces formidables commandent cet univers énigmatique qu’est le nôtre: l’intelligence et la volonté. L’intelligence est comparable à une lumière déterminant le destin de l’homme dans sa vie, et c’est elle qui définit et révèle au mieux sa personnalité réelle, et l’on ne saurait, sans elle, progresser d’un seul pas.
L’homme a la responsabilité et le devoir de dompter les différentes impulsions qu’il ressent en lui-même, de les contenir entre les deux écueils de l’excès et de la répression totale.
Les facultés intellectuelles nous permettent d’appréhender les limites raisonnables dans lesquelles ces impulsions peuvent être libérées à notre avantage, sans nous envahir complètement.
Quand l’intelligence éclaire le champ de nos sentiments, il est tout à fait normal que notre vie reçoive en contrepartie les rayons réchauffant du bonheur.
Mais si nous obéissons aveuglément à nos instincts, et si nous devenons prisonniers de nos sentiments, notre personnalité perdra de sa consistance, et nous connaîtrons échec après échec.
La volonté qui joue un grand rôle dans l’édification morale, et constitue un puissant moyen pour parvenir aux objectifs louables est grandement déterminante du bonheur, car elle maintient l’homme à l’écart du vice.
Une volonté ferme puissante et décisive est la condition sine qua non de la sérénité, grâce à laquelle l’homme tient tête aux vissicitudes troublant sa vie.
Plus nous maîtriserons cette force, qui est l’axe même du succès, et plus nous nous rendrons aptes à l’acquisition des vertus, à nous mettre à l’abri de l’incertitude et à nous assurer le calme intérieur.
A ce sujet, un penseur occidental déclare:
«Il existe une belle définition de l’intelligence prenant en compte la vraie notion de l’équilibre psychique. Elle est celle de "force ordonnatrice". Cette force ordonnatrice est comparable, chez les deux sexes masculin et féminin au système de direction des voitures grâce auquel on évite les accidents et les virages et dont sont équipés de nos jours, la plupart des automobiles spacieuses et luxueuses.
Cet appareillage consiste à éliminer les vibrations violentes résultant du mauvais état des routes ou de chocs imprévus, et permettre aux voyageurs de ne pas ressentir la fatigue, d’être détendus et à l’aise dans la voiture.
Le crime n’est que le miroir reflétant l’image d’une personnalité instable. Quand vous perdez votre faculté intellectuelle, vous perdez en même temps votre libre-arbitre et votre volonté. Un homme privé d’intelligence, outre le fait qu’il cesse d’être un agent positif dans la société, devient un être nuisible et dangereux.
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