LE ROMANTISME :

ARME DE SATAN

Ils dirent : "Seigneur !

Notre malheur nous a vaincus,

et nous étions des gens égarés."

(Sourate al-Muminune, 106)

HARUN YAHYA

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS

INTRODUCTION

AMOUR LEGITIME ET ILLEGITIME

LE NATIONALISME ROMANTIQUE

LES DIFFERENTES IDEOLOGIES DU ROMANTISME

LE ROMANTISME AU NOM DE LA RELIGION

LA VERITABLE SAGESSE PROVIENT DE LA FOI

LE ROMANTISME : EXEMPLES

L’AMOUR ROMANTIQUE

LES TROUBLES PHYSIQUES CAUSES PAR LE ROMANTISME

CONCLUSION : COMMENT ECHAPPER AU FLEAU DU ROMANTISME

AVANT-PROPOS

[Voici] un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu'ils méditent sur ses versets et que les doués d'intelligence réfléchissent ! (Sourate Sad, 29)

Dans les sociétés où la pratique religieuse décline, il arrive souvent que le vrai soit tenu pour faux et vice versa. Vu qu’elles encouragent et promeuvent un système de croyances erroné et désapprouvé par Allah, ces sociétés considèrent que les vraies croyances forment un système inadéquat à leur mode de vie, voire indésirable. La confusion des valeurs, prendre le vrai pour faux et vice versa, est un phénomène commun à toutes les sociétés incroyantes qui imprègne l’essence même de leurs structures.

Le romantisme fait partie de ces inventions mensongères que l’on tient pour vraies. Dans les sociétés où les gens ne vivent pas en accord avec la religion authentique, le romantisme est dépeint en tant que qualité qui caractérise les gens emplis de compassion. Cependant, comme nous le démontrerons dans chaque partie de ce livre, nous verrons combien il est dangereux de cultiver ces aspirations sentimentales. En effet, l’un des traits les plus essentiels et les plus dangereux du romantisme contre lequel nous devons prendre garde est la répulsion qu’il manifeste à l’égard de la raison, qu’il juge contraire à sa philosophie.

L’objectif de ce livre consacré au romantisme est d’attirer l’attention des lecteurs sur les dangers insoupçonnés du romantisme en dépit de ses apparences inoffensives. Bien qu’il semble faire partie de notre quotidien, notre propos s’attachera à montrer quels risques s’y dissimulent à la fois pour l’individu et la société. Naturellement ce livre entend également montrer qu’il est facile de s’en prémunir, en se tournant vers le Coran, le guide unique qu’Allah a accordé à l’humanité. Nous donnerons plusieurs exemples qui démontrent qu’en suivant le Coran, on ne pourrait pas abandonner la raison pour des principes basés sur des émotions.


INTRODUCTION

"Excite, par ta voix, ceux d'entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses." Or, le diable ne leur fait des promesses qu'en tromperie. (Sourate al-Isra, 64)

Il existe un danger sournois qui écarte les hommes de la religion, les empêche de reconnaître Allah comme leur Seigneur, et les entraîne dans de nombreuses difficultés. Ce danger qu’on trouve dans différents secteurs de nos vies : le poing serré d’un fasciste, l’hymne d’un communiste, ou bien les mots qu’un jeune homme emploie dans sa lettre pour exprimer son amour à sa bien-aimée. Tous ces exemples proviennent de la même source pernicieuse.

L’aspect le plus inquiétant de ce danger est que la majorité des gens ne le perçoit pas ainsi, elle n’est pas non plus consciente qu’il s’agit d’un état d’esprit complètement hostile à la religion. De plus, Elle ne le considère pas comme une grave erreur, mais comme une qualité à encourager et à propager.

Le danger que nous évoquons est cette sentimentalité qui pousse les hommes à vivre selon leurs émotions et non selon leur raison, c’est-à-dire à suivre leurs passions, leurs haines, à succomber à leur vulnérabilité face aux tentations et s’obstiner dans la satisfaction de leurs désirs.

Le sentimentalisme est devenu une partie intégrante de la culture de l’ignorance qui a soumis des millions d’êtres humains à travers le monde à ses lois. Il s’agit en réalité de l’une des armes que satan utilise pour écarter les hommes de la voie de d’Allah, car celui qui tombe dans le sentimentalisme perd toute capacité à utiliser sa raison. Or lorsqu’on ne peut pas utiliser cette dernière, on ne pourra pas apprécier le fait qu’Allah nous ait créés ni être attentif à Ses signes et décrets. Pour vivre dans la vertu et dans la piété, il est indispensable d’utiliser sa raison, car Allah a révélé le Coran "… afin qu'ils méditent sur ses versets et que les doués d'intelligence réfléchissent !" (Sourate Sad, 29)

Si la "maladie" du sentimentalisme n’est pas traitée, elle rend la personne qui en est atteinte incapable de comprendre l’expérience religieuse dans toute la plénitude de sa signification. A défaut de traitement, ce mal la rendra incapable de mettre fin aux discussions injustifiées, aux souffrances insensées, à la détresse et cruauté que les hommes s’infligent à eux-mêmes sur terre.

Cet ouvrage entend aborder la question du sentimentalisme en se penchant sur quelques exemples de cette culture d’ignorance, tirés de l’histoire récente et de notre propre expérience quotidienne. Personne ne devrait se considérer immunisé de ce danger, au contraire chacun de nous devrait se tenir sur ses gardes de la fange dans laquelle satan souhaiterait nous piéger.


AMOUR LEGITIME ET ILLEGITIME

O vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. (Sourate al-Mumtahanah, 1)

Le sentimentalisme, ou autrement dit le désir romantique, est connu en général sous le déguisement de l'amour. Par exemple, comme nous le verrons dans les pages suivantes, les nationalistes romantiques qui clament leur amour pour leur patrie, amour au nom duquel ils font preuve d’hostilité voire d’agressivité vis à vis d’autres nations, ou bien un jeune homme épris d’une jeune fille qui devient ainsi le centre de son existence, ce qui l’amène à lui consacrer des poèmes où il lui déclare son amour, et devient obsédé avec elle au point de suicide, pour la diviniser en lui prouvant ainsi son amour. On pourrait aussi citer l’exemple des homosexuels qui transgressent la loi d’Allah, s’adonnent sans honte à leur perversion et persistent dans le péché, en prétendant eux aussi avoir trouvé l’amour.

La plupart des gens pensent que toute émotion à laquelle on attribue le nom d’amour est nécessairement vertueuse, pure, voire sacrée et que tous les exemples de passion romantique, tels que ceux que nous avons cités, sont parfaitement acceptables.

L’amour est en effet un sentiment merveilleux, qu’Allah a accordé à l’humanité, mais il est important de distinguer l’amour authentique de celui qui ne l’est pas, de voir à qui il s’adresse et sur quels sentiments il repose. Une telle enquête fera apparaître la différence entre le sentimentalisme qui aboutit à un amour pervers et le véritable amour tel qu’Allah nous le révèle dans le Coran.

Telles sont les questions que nous allons étudier dans cet ouvrage. Mais tout d’abord, en guise d’approche préliminaire, voyons la définition de l’amour donnée dans le Coran : l’amour doit être donné à ceux qui le méritent, ceux qui en sont indignes ne doivent pas être objets d’amour. Nous devons nous tenir à distance de tels êtres sur un plan émotionnel et affectif, ou au moins ne pas avoir d’inclination, de sympathie pour eux. Ceux qui méritent d’être aimés le méritent au nom de leur vertu.

Le Seul Etre digne d’un amour absolu, c’est Allah, Qui nous a tous créés. Allah nous a donné l’existence, Il nous a gratifiés de bienfaits innombrables, nous a guidés et promis un paradis éternel. Il nous soulage de toutes nos angoisses et répond dans Sa grâce à toutes nos prières. C’est Lui Qui nous nourrit jusqu’à la satiété, nous soigne quand nous sommes malades et raffermit notre esprit. Par conséquent, celui qui comprend les mystères de l’univers aime Allah au-dessus de tout et aime ceux qu’Allah aime, à savoir ces individus qui consacrent leur vie à agir selon Sa volonté.

En revanche, les transgresseurs qui se rebellent contre Allah, leur Seigneur, ne sont pas dignes d’être aimés. Ressentir de l’amour envers eux est une grave erreur contre laquelle Allah met en garde les croyants par ces mots :

O vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour rechercher Mon agrément, leur témoignerez-vous secrètement de l'amitié, alors que Je connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous divulguez ? Et quiconque d'entre vous le fait s'égare de la droiture du sentier. (Sourate al-Mumtahanah, 1)

Comme l’indique ce verset, les croyants ne doivent éprouver aucune affection pour les rebelles. Il y a un point important ici qui doit être gardé à l’esprit : même si un croyant n’éprouve pas en son cœur de l’amour pour un incroyant qui rejette la religion, il fera tout son possible pour le guider vers la foi et la soumission à Allah. "Ne pas avoir d’affection" pour une telle personne ne signifie pas la haïr ou lui vouloir du mal. Au contraire, celui qui croit en Allah expliquera le sens authentique de la religion à toute personne désireuse de trouver le droit chemin et qui se montre disposée à suivre la guidée. Le croyant qui rappelle à cette personne l’existence du paradis et de l’enfer et la met en garde contre la mort, le jour du jugement et la vie future aura accompli son devoir avec soin et compassion.

Même si un homme rejette la foi, en dépit de ses efforts, cela n’empêche pas le musulman d’agir justement envers lui. A moins qu’on essaie de faire du mal aux croyants ou de provoquer des conflits et des désaccords entre eux, il doit continuer à faire preuve de tolérance envers tous, car Allah a enjoint ceci aux croyants :

Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. (Sourate al-Mumtahanah, 8-9)

Dans les versets susmentionnés, ainsi que dans les versets cités auparavant (Sourate Mumtahanah, 1) Allah, dans Sa grande sagesse, nous fait apprendre quelque chose de grande valeur. Les émotions ne doivent pas guider notre attitude, car elles peuvent nous mener vers de graves erreurs. On doit agir selon notre raison et non selon nos émotions, notre libre arbitre et en conformité avec les commandements divins. Plus encore, on doit contrôler nos émotions de sorte qu’elles se conforment à notre raison et volonté.

Nous pouvons constater l’existence de ce problème chez tous ceux qui sont tombés dans le piège de la sentimentalité. Des centaines de millions de personnes sont asservies aux désirs de leurs cœurs, à leurs ambitions, passions, haines et colères. Elles agissent de façon irrationnelle et justifient leur conduite en prétextant leur impuissance en disant : "Je ne peux pas m’en empêcher. J’aime ça." ou "Je ne peux pas m’en empêcher, je veux ça, j’en ai envie." Mais le fait qu’on ait envie de quelque chose ne signifie pas qu’elle soit bonne ou légitime. Notre âme bestiale nous presse toujours de choisir le mal avec l’incitation de satan qui nous suggère des méfaits encore plus graves. Quand quelqu’un agit contrairement à la volonté d’Allah, et dit : "Je ne peux m’en empêcher, j’en ai envie", son âme bestiale est en fait l’instrument de satan. Dans le Coran Allah évoque de tels êtres par ces mots :


Vois-tu celui qui prend sa passion pour sa propre divinité ? Et Allah l'égare sciemment et scelle son ouïe et son cœur et étend un voile sur sa vue. Qui donc peut le guider après Allah ? Ne vous rappelez-vous donc pas ? (Sourate al-Jathya, 23)

Dans les pages qui suivent nous examinerons divers exemples témoignant d’un romantisme excessif, et qui représentent un certain type de sentimentalisme. Nous exposerons les risques encourus par ceux qui s’adonnent à ce mode de pensée et expliquerons les moyens de remédier à ce fléau.


LE NATIONALISME ROMANTIQUE

Et pendant qu'un fanatisme barbare s'emparait des négateurs, Allah faisait naître de la quiétude dans le cœur du Prophète et dans les cœurs des croyants, en leur inspirant de suivre la voie de la piété dont ils sont les plus dignes et les plus qualifiés. Allah est parfaitement informé de toute chose. (Sourate al-Fath, 26)

En général, on comprend le terme romantisme comme synonyme de romance qui fait référence au courant romantique qui a marqué le 19ème siècle, mais outre ces deux aspects, le romantisme est aussi lié à certains types de visions politiques. Le plus notable d’entre eux est le nationalisme romantique qui est apparu à la fin du 19ème siècle et a exercé une profonde influence sur le monde jusqu’au milieu du vingtième siècle.

Tout d'abord, il faut préciser que notre critique n’est pas dirigé contre le nationalisme en général, mais contre le nationalisme romantique. Il existe en effet une différence non négligeable entre les deux notions.

La fureur fanatique

Le nationalisme, dans son acception commune, fait référence à l’amour qu’un individu porte à son peuple et à son pays. C’est un sentiment louable et légitime. Tant qu’il ne menace pas la religion, il n’a pas de conséquence préjudiciable pour l’humanité. Si l’amour d’un individu pour son père et sa mère est un sentiment légitime, de même l’amour de la patrie est normal : il est naturel qu’il voue de l’affection à cette terre qui a élevé et transmis une foi et une culture commune à tout un peuple.

Mais le sentiment nationaliste devient illégitime lorsqu’il devient irrationnel et excessivement passionné. Si un homme, au nom de l’amour de la patrie, se met à éprouver des sentiments d’hostilité envers une autre nation, ou bafoue les droits d’autres pays pour préserver les intérêts du sien, par exemple s’il confisque leurs terres et leurs biens, alors il a transgressé les limites légitimes du patriotisme. C’est aussi le cas lorsqu’il transforme son amour de la nation en une sorte de racisme, c’est-à-dire lorsqu’il prétend que sa nation est intrinsèquement supérieure aux autres : dans ce cas il a adopté un point de vue irrationnel.

Allah attire notre attention sur ce rationalisme irrationnel dans le Coran. Ce qui est décrit dans les versets suivants comme relevant d’une rage fanatique est une caractéristique des sociétés qui se sont éloignées de la religion :

 

Et pendant qu'un fanatisme barbare s'emparait des négateurs, Allah faisait naître de la quiétude dans le cœur du Prophète et dans les cœurs des croyants, en leur inspirant de suivre la voie de la piété dont ils sont les plus dignes et les plus qualifiés. Allah est parfaitement informé de toute chose. (Sourate al-Fath, 26)


Ces versets évoquent ainsi une rage fanatique qui contraste avec la sérénité qu’Allah accorde à ceux qui croient en Lui. Cette juxtaposition montre que si une personne au nom de son amour pour sa parenté, son clan ou sa communauté, éprouve de l’hostilité envers d’autres groupes, alors son attitude est répréhensible. Au contraire Allah veut que Ses serviteurs jouissent de la paix, de la tranquillité et de la sécurité, en d’autres termes, l'état spirituel qu’Allah désire pour Ses disciples est celui où la raison est dominante.

La rage fanatique ne permet pas l’instauration d’une telle sérénité, au contraire elle dresse les groupes les uns contre les autres à travers des conflits qui ne reposent que sur des différences de couleur, de langage, de tribu ou de clan.

Allah a décrit ce phénomène de rage fanatique il y a plus de 1400 ans et de nos jours encore, nous sommes témoins de ses conséquences aux quatre coins du monde. Ainsi en Afrique des hommes s’engagent dans des luttes à mort pour la seule raison qu’ils appartiennent à des tribus différentes. En Europe, un match de football se réduit vite en combat armé lorsque des hooligans frappent, parfois à mort, les supporters de l’équipe adverse qui ont pour seul tort d’être du côté de l’adversaire. Dans le monde occidental, il existe plusieurs organisations dont la seule finalité est de promouvoir la haine contre les Africains, les Juifs, les Turcs et d’autres minorités, au point d’en faire parfois les cibles d’attentats terroristes.

L’influence de la rage fanatique n’imprègne pas seulement les couches les plus modestes de la société, mais atteint également l’élite de certaines sociétés. Dans de nombreux pays, on peut profiter d’un conflit ordinaire frontalier pour commettre des actes manifestes d’agression. Pour satisfaire leurs penchants belliqueux, certains dirigeants plongent leur pays dans la guerre, persistant avec obstination pendant des années dans leur agression, en entraînant non seulement les habitants du pays ennemi, mais aussi leurs propres concitoyens dans une profonde misère. Les hommes qui prennent des décisions pareilles pour leur pays sont affligés de rage fanatique. Comme l’explique le verset cité, celui qui remplit son cœur de rage fanatique vit dans l’ignorance.

Parmi ces ignorants, nous pouvons mentionner ceux qui furent les instigateurs des deux plus terribles catastrophes du 20ème siècle, la Première et Seconde Guerres Mondiales. Animés par des valeurs aussi erronées et dérisoires que "l’héroïsme germanique"", la "fierté britannique" et le "courage russe"", ils exposèrent leurs propres peuples ainsi que le monde entier à d’horribles souffrances, sacrifiant ainsi le sang de 65 millions d’individus et laissant dans la détresse des dizaines de millions d’handicapés, de veuves et d’orphelins.

La cause de ces désastres était la rage fanatique à laquelle nous nous y référons. comme "nationalisme romantique".

La naissance du nationalisme romantique

L’idée de nationalisme s’est répandue à travers l’Europe au 18ème siècle. Avant cela, les Européens vivaient sous le pouvoir de nombreux seigneurs féodaux. Ensuite, ils furent réunis sous l’égide d’état-nation gouverné par une administration centrale. La France et l’Angleterre furent parmi les premières à adopter cette notion de nationalisme et à se constituer en état-nation. Au 19ème siècle, la plupart des nations européennes avaient réalisé leur unité nationale.

Seuls deux pays ne participaient pas à ce développement : l’Allemagne et l’Italie. Dans ces deux pays le pouvoir des principautés et des petites villes-états se maintint plus longtemps. L’unité italienne fut achevée en 1870 seulement et celle de l’Allemagne le fût un an plus tard, en 1871. En d’autres termes, dans ces deux pays l’adoption et la mise en œuvre de l’idéal nationaliste fut plus tardive que dans les autres pays européens.

Cependant, cette particularité fut la cause du développement d’un courant nationaliste radical plus extrémiste dans ces pays que dans le reste de l’Europe. Selon l’avis répandu des historiens, la naissance et l’accession au pouvoir de formes extrémistes de nationalisme en Italie et Allemagne, à savoir le fascisme est le nazisme, est due à la propagation de sentiments nationalistes fanatiques liés au caractère tardif de l’unité nationale.

Dans ces deux pays, et plus particulièrement en Allemagne, ceux qui ont promu l’idée d’un nationalisme fanatique étaient connus comme nationalistes romantiques. Les traits fondamentaux qui caractérisent les nationalistes romantiques sont leur exaltation du sentiment au détriment de la raison, leur croyance selon laquelle leur nation est douée d’un mystérieux "esprit" mystique et que cet esprit les rend supérieurs aux autres nations. Vers la fin du 19ème siècle, le nationalisme romantique connut l’influence des théories racistes qui acquéraient à cette époque une plus grande reconnaissance et qui les amenaient à prétendre que les races européennes étaient supérieures aux autres races existantes et qu’elles avaient le droit de dominer ces dernières.

Le nationalisme romantique se répandit rapidement surtout en Allemagne dans les deux premières décennies du 19ème siècle. Des écrivains tels que Paul de Lagarde et Julius Langbehn soutenaient l’idée qu’il existait un ordre du monde fondé sur une hiérarchie au sommet de laquelle se trouvaient les Allemands, et que c’était à eux de la diriger. Ils prétendaient que cette mission leur était dévolue grâce à la supériorité naturelle de l’esprit et du sang germanique et qu’à cette fin, les Allemands devaient se détourner des religions monothéistes telles que le christianisme pour retourner à leurs croyances païennes.

L’essor des sociétés occultes en Allemagne joua un rôle important dans la diffusion du nationalisme romantique pendant cette période. La vision du monde commune à ces organisations reposait sur quelques idées telles que : l’être humain ne peut atteindre la vérité par la raison, mais seulement par ses sentiments et intuitions, chaque pays possède un esprit national, l’esprit national allemand est un esprit païen. Ces sociétés ont préparé le terrain pour l’avènement d’Hitler et du nazisme. L’écrivain britannique Michael Howard écrit :

La montée d’un mouvement nationaliste pangermanique qui tirait sa force spirituelle de l’occultisme et son idéologie des philosophies ésotériques des sociétés secrètes... Elles ont formé les doctrines racistes extrémistes qui, dans les années 1920 ont donné naissance au national-socialisme.[1]

En effet le romantisme n’a fait que préparer un terrain propice à l’avènement du nazisme, l’un des régimes les plus brutaux et sanglants de tous les temps.


La schizophrénie du nationalisme romantique

Comme les nationalistes romantiques étaient convaincus de pouvoir accéder à la vérité par leurs "sentiments et intuitions" et non par la raison, ils ont adopté une conception confuse du monde qui reflétait la pauvreté de leur condition spirituelle. Le professeur d’histoire américain Gerhard Rempel, dans son article intitulé "Reform, Liberation and Romanticism in Prussia," décrit ainsi l’état spirituel des nationalistes romantiques :

Les romantiques essayaient de s’évader du réel grâce à l’imagination, au sentimentalisme et à l’allégorie. Sur le plan spirituel, ils jouaient avec l’idée de la mort dans les recoins sombres et opaques de la nuit. Novalis (l’un des pionniers du romantisme allemand) a dit : "La vie est une maladie de l’esprit."" Nous avons affaire ici au début du pessimisme esthétique... Le romantisme a dévoilé les plus profondes forces irrationnelles de l’esprit humain. Novalis croyait que tous les mondes et toutes les époques pouvaient être réunis par la magie de l’imagination... A travers la littérature patriotique liée à la guerre de libération, cette "danse de l’âme" a atteint les masses populaires.

Les romantiques allemands ont développé un culte de l’esthétisme qui consistait à la fois en un rejet de la raison et une tentative d’appréhender l’unité et l’immédiateté dans un même acte instantané. Dans cette théorie, la poétique était la réalité absolue.[2]

Le nationalisme romantique reposait sur le sentiment. Cette idéologie fantaisiste a produit des individus qui étaient séparés de la réalité, perdus dans la confusion de leurs propres esprits. Le romantisme, en les asservissant à leurs sentiments les a amenés à perdre tout contact avec la réalité et de ce point de vue il peut être comparé avec la schizophrénie. (Les gens atteints de schizophrénie sont complètement séparés de la réalité et vivent dans un monde né de leur imagination.)

La schizophrénie présente une troublante analogie avec la condition spirituelle qui caractérise le nationalisme romantique, qui se fonde sur des notions aussi chimériques que le sang et la patrie qui sont idolâtrées et deviennent de véritables obsessions. En Allemagne au début du 20ème siècle, l'idée de "Blut and Boden" (Sang et Patrie) a été acquise. Selon cette conception, le sang et la patrie germanique étaient sacrés et les minorités qui vivaient sur le sol allemand et n’appartenaient pas à cette race d’élite étaient considérées comme des tares qui souillaient le sang allemand et la terre allemande. Ce courant de pensée exerça une grande influence sur l’idéologie nazie qui voyait dans les effusions de sang une soi-disant sainte croisade. Au cours de son putsch manqué de 1923 (putsch de la Brasserie), Hitler prit un drapeau du parti souillé de sang nazi et en fit un objet de culte, connu sous le nom de Blutfahne (drapeau de sang). Il fut conservé soigneusement et devint le symbole le plus important des rassemblements nazis. On mit ensuite d’autres drapeaux en contact avec cette relique qui leur communiquait ainsi sa qualité d’objet soi-disant sacré.[3]

Le carnage dans le nationalisme romantique

La vénération du sang et du carnage a été la cause des conflits les plus sanglants de l’histoire humaine. Le courant nationaliste était très actif en Allemagne, mais il exerçait aussi son influence à la même époque dans les sociétés anglaises, françaises et russes et il mena également ces pays sur le chemin de la guerre. Il attisa en effet la flamme du conflit et transforma en guerre des problèmes qui auraient pu être réglés par la diplomatie, infligeant ainsi au monde le sacrifice de millions de vies humaines.

Pour comprendre les conséquences du nationalisme romantique, il est utile d'étudier le déroulement de la Première Guerre Mondiale. Bien que de nombreux pays y aient pris part, seule une poignée y jouait un rôle important. D'un côté il y avait l‘Angleterre, la France et la Russie, de l'autre l‘Allemagne et l'Empire Austro-hongrois. Au début de la guerre, tous les généraux avaient une stratégie commune : il fallait attaquer en force pour percer les lignes ennemies en quelques semaines, et on obtiendrait ainsi la victoire. Cependant la guerre n’apporta la victoire à aucun d’entre eux.

En 1914, l’Allemagne envahit soudainement la France et la Belgique. Après l’avancée initiale, les fronts se stabilisèrent, et dans l’espace de presque trois ans et demi, aucun des deux adversaires ne réussit à gagner du terrain. Chaque armée attaquait constamment l’ennemi en espérant percer le front, mais la situation n’évoluait pas. La fameuse bataille de Verdun qui débuta suite à une attaque allemande fit 315.000 morts du côté français et 280.000 du côté allemand et finalement, la ligne de front ne fut déplacée que de quelques kilomètres. Quelques mois après, les anglais et les français lancèrent une contre-attaque, la bataille sanglante qui fit 600.000 allemands, 40.000 anglais et environs 200.000 soldats français moururent. Néanmoins les lignes allemandes avaient reculé de 11 kilomètres. Fort de leur enthousiasme stimulé par la musique romantique et les poésies émouvantes qui exaltaient "l’esprit allemand", "l’honneur anglais" et "la valeur française", les stratèges et tacticiens militaires prirent des décisions insensées qui aboutirent finalement au massacre de leurs propres peuples. La plupart de ces soldats qui vécurent pendant plus de trois ans dans l’enfer boueux des tranchées, les fameux "Poilus" qui n’avaient même pas la possibilité de se couper les cheveux et qui laissaient pousser barbe et moustache, à cause des bombardements incessants, ont été très marqués psychologiquement par cette expérience traumatisante.

Un terrible exemple de carnage provoqué par le nationalisme romantique lors de la Première Guerre Mondiale fut l’attaque menée contre les lignes allemandes par le général Robert Nivelle en 1917. Avant la bataille, Nivelle avait promis qu’en "deux jours, il diviserait les lignes allemandes et qu’en une semaine il remporterait une victoire décisive". Bien que l’armée allemande fût dans une position stratégique plus avantageuse, l’armée française s’évertua à mettre en œuvre cette promesse déraisonnable et attaqua le 16 avril. Cette attaque, censée durer deux jours dura plus d’un mois et demi sans autre résultat que la mort de centaines de milliers de soldats et l’éclatement d’une mutinerie au sein des troupes françaises.

La même mentalité assoiffée de sang se manifesta encore pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais cette fois-ci ses ravages furent encore plus terribles. Au total, 55 millions de personnes moururent au nom de l’ambition démesurée de psychopathes romantiques tels que Hitler, Mussolini et Staline.

Ce n’est pas seulement à l’occasion de ces conflits mondiaux que le romantisme a manifesté son influence néfaste. Il est aussi à l’origine de nombreuses guerres et agressions survenues entre différents pays, tribus et organisations. Sans une claire compréhension des facteurs en jeu dans la situation qu’ils vivent, des millions de gens, influencés par des slogans affectifs, des fables héroïques, des chants ou poèmes patriotes, ont pris les armes et versé non seulement leur propre sang, mais aussi celui de ceux qu’ils considéraient comme leurs ennemis, plongeant le monde dans la confusion et le chaos.

Au début de ce livre, nous avons montré que le sentimentalisme est une arme utilisée par satan pour détourner l’humanité de la voie d’Allah et la conduire vers la misère et la douleur. Ce piège que satan tend à l’humanité est clairement mis en évidence dans le nationalisme romantique. Dans le Coran, Allah montre comment satan soumet ceux qui sont sous son influence à un état de terreur, de confusion et d’hostilité :

Et [Allah] dit : "Va-t-en ! Quiconque d'entre eux te suivra... votre sanction sera l'enfer, une ample rétribution. Excite, par ta voix, ceux d'entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses." Or, le diable ne leur fait des promesses qu'en tromperie. (Sourate al-Isra, 63-64)

Ce verset montre comment satan utilise les individus qui sont sous son contrôle pour exciter "tous ceux qu’il peut avec sa voix" et "rassembler contre eux sa cavalerie et son infanterie"– qui sont pour lui le moyen de susciter le nationalisme romantique.

Le darwinisme :

le fondement intellectuel du nationalisme romantique

Afin de justifier leur carnage, les nationalistes romantiques ont eu recours à quelques "révélations" philosophiques et pseudo-scientifiques dont le fondement se trouve dans la théorie de l’évolution.

Darwin est un biologiste britannique, auteur d’un livre intitulé L’origine des espèces qui fut publié en 1859. Dans ce livre, Il prétendait qu’une lutte sans merci se produisait dans la nature et que les espèces vivantes et selon leur prise ou non d’avantage dans cette lutte, se développent et de nouvelles espèces apparaissent. En d’autres termes, selon Darwin, la lutte était la clé du développement dans la nature. Dans un autre livre La filiation de l’homme paru en 1881, Darwin développa ses idées de façon plus convaincante et y soutint que certaines races humaines étaient plus évoluées que d’autres, posant ainsi les fondations d’un racisme scientifique. Darwin considérait les races européennes comme avancées tandis que les Africains, Asiatiques, y compris les Turcs, étaient des races primitives encore proches des singes.

Avec la diffusion de la théorie darwiniste, le racisme et le militantisme gagnèrent en notoriété et recueillirent de larges suffrages, au point d’être tenus pour des thèses scientifiques.

Les relations qui unissent le darwinisme et le nationalisme romantique sont donc claires : les nationalistes romantiques justifiaient par le darwinisme leur goût de lutte et leur croyance obsessionnelle en la supériorité de leur propre race sur les autres.

On peut retrouver l’influence catastrophique du darwinisme dans le degré d’inhumanité atteint dans les carnages perpétrés pendant la Première Guerre Mondiale. Sans hésiter une seule seconde, les généraux allemands, français, anglais, russes et autrichiens ont envoyé des centaines de milliers d’hommes à la mort, pour rien. Ils adhéraient à la devise darwiniste qui dit que "les êtres vivants se développent à travers des conflits et que les races accèdent à la prééminence grâce à la guerre". C’est en étant fidèles à cette ligne de pensée qu’ils ont décidé de faire la guerre.

Par exemple, la connexion entre la guerre et la loi de la nature fut soutenue par Friedrich von Bernhardi, un général de la Première Guerre Mondiale. "La guerre", dit Bernhardi, "est une nécessité biologique ; elle est aussi nécessaire que la lutte des éléments de la nature ; elle aboutit à une décision juste sur le plan biologique, puisque cette dernière repose sur la même nature des choses".[4]

Le feld-maréchal de l'armée austro-hongroise, Franz Graf Conrad von Hötzendorf, écrivit dans ces mémoires rédigées après guerre :

Les religions philanthropiques, les enseignements moraux et les doctrines philosophiques peuvent certainement servir à atténuer la lutte des hommes pour l’existence dans sa forme la plus brute, mais ils ne réussiront jamais à la déloger de son rôle de moteur du monde... C’est en accord avec ce grand principe que survint la guerre mondiale comme résultat de forces motrices dans la vie d’états et des peuples, elle fut comme un orage qui déchargea tout.[5]

Kurt Riezler, secrétaire particulier et ami du chancelier impérial allemand Theobald von Bethmann-Hollweg, écrivait en 1914 :

Une inimitié éternelle et absolue est inhérente aux relations entre les peuples, et l’hostilité que nous observons partout... n’est pas le résultat de la perversion de la nature humaine, mais l’essence du monde et la source de la vie elle-même.[6]

Le romantisme encourage une affection passionnée entre ceux qui sont du même rang, mais incite à la haine contre les autres. C’est un esprit qui fonctionne en accord avec le concept darwiniste de lutte pour la survie des races. Quand elle s’applique aux sciences sociales, la théorie de Darwin reçoit le nom de darwinisme social et elle s’est avérée une source de justification fondamentale pour le nationalisme et le racisme romantique. L’écrivain américain Janet Biehl, dans son article intitulé "Ecology and the Modernization of Fascism in the German Ultra-right", dit sur ce point :

Le darwinisme social a de profondes racines dans l’extrême droite allemande. Comme le darwinisme social anglo-américain, le darwinisme social allemand projette les institutions de la société humaine sur le monde animal comme s’il s’agissait de lois naturelles et ensuite il invoque ces lois pour justifier les arrangements de la société humaine. Il a aussi appliqué la maxime de "la survie des plus aptes" à la société. Alors que le darwinisme social anglo-américain conçoit le plus apte à survivre comme entrepreneur individuel dans la jungle capitaliste "aux crocs et griffes sanglantes", le darwinisme social allemand conçoit majoritairement la race la plus apte qui ne survivrait pas, mais devrait le faire en vainquant tous ses concurrents dans sa lutte pour la survie.[7]

En Allemagne le représentant le plus important du darwinisme social fut le biologiste Ernst Haeckel (1834-1919). Il apporta sa contribution au darwinisme en soutenant la théorie résumée dans "l’ontogénèse récapitule la phylogénèse" et qui dit que les mammifères reproduisent le processus de l’évolution dans leur développement embryonnaire. (Quelques années plus tard, on s’aperçut que cette théorie était infondée et que Haeckel avait même falsifié ses chartes et diagrammes.)

Haeckel fonda la Ligue moniste, une association dont le but était la propagation de l’athéisme et qui devint bientôt le foyer du racisme et du nationalisme romantique. Dans les années 20 le mouvement qui se développait sous la direction d’Hitler fut influencé par les idées de Haeckel et de la Ligue moniste. L’historien Daniel Gasman, auteur de The Scientific Origins of National Socialism: Social Darwinism in Ernst Haeckel and the German Monist League (Les origines scientifiques du national-socialisme : le darwinisme social chez Ernst Haeckel et la Ligue moniste allemande), écrit :

... Le darwinisme social d‘inspiration raciste doit presque tout en Allemagne à Haeckel qui en est le principal fondateur. Ces idées ont permis d’unifier dans une idéologie à plusieurs corps, différentes tendances comme le racisme, l’impérialisme, le romantisme, l’antisémitisme et le nationalisme. C’est Haeckel qui apporta ses bases scientifiques à cette doctrine à laquelle le mouvement Völkisch n’avait ajouté que des idées mystiques et irrationnelles.[8]

Gasman écrit également :

On peut dire que le darwinisme en Angleterre était une extension de l’individualisme du laissez faire projeté du milieu social au monde naturel, (en Allemagne) une projection du romantisme et de l’idéalisme philosophique allemands. La forme que le darwinisme social a prise en Allemagne est celle d’une religion pseudo-scientifique fondée autour d’un culte et d’un mysticisme de la nature combinés à des notions racistes.[9]

Dans le même sens, Janet Biehl écrit que "Haeckel croyait aussi en un racisme et un nationalisme mystique, de sorte que le darwinisme social allemand fut dès le départ un concept politique qui conférait au racisme et au nationalisme romantique une base pseudo-scientifique."[10]

Conclusion

Tous les points que nous avons abordés montrent que le romantisme est une disposition psychologique et une vision du monde qui se situe radicalement en dehors de la religion et lui est hostile. Il est évident que le darwinisme, qui est presque synonyme d'athéisme est aussi implicite dans le romantisme.

La relation qui existe entre le nationalisme romantique et le darwinisme et son rôle dans l’essor du mouvement nazi nous révèle cependant un autre fait important : le romantisme exerce une influence très pernicieuse aussi bien sur les individus que sur les sociétés. Ceux qui s’y laissent prendre peuvent être facilement séduits par un mode de pensée complètement opposé à la raison, au sens commun et à une conscience saine. Ils peuvent être amenés par exemple à croire que leur race est supérieure à toute autre, que cela justifie une guerre, d’envahir et d’occuper d’autres parties du monde, et qu’il est légitime pour eux d’anéantir ou asservir d’autres nations.

L’Allemagne nazie a été le premier exemple historique à démontrer le caractère destructeur et cruel du nationalisme romantique. Quand les nazis arrivèrent au pouvoir en 1933, Hitler et son équipe de généraux entreprirent une campagne "pour inculquer les sentiments romantiques" aux allemands et en quelques temps la société allemande adopta les affirmations insensées du nationalisme romantique. A la fin des années 30, une majorité écrasante d’allemands pensait que bientôt un empire allemand (le Troisième Reich) serait fondé, qu’il gouvernerait le monde et durerait mille ans. Afin d’accomplir le destin qui les attendait, les allemands pensaient que leur race devait être purifiée par l’élimination de toutes les minorités qui vivaient dans le pays. Ils croyaient aussi qu’Hitler était un Führer invincible, détenteur de pouvoirs surnaturels qui les mènerait vers une victoire certaine. Lorsqu’ils écoutaient les yeux larmoyants les discours furieux, belliqueux, paranoïaques, discriminatoires d’Hitler, les masses étaient prisonnières d’un envoûtement qui leur faisait perdre toute lucidité.

Les fameuses parades de Nuremberg constituent une manifestation éloquente du lavage de cerveau romantique. Les chercheurs américains Michael Baigent, Richard Leigh et Henry Lincoln, ont décrit ces parades comme suit :

Les célèbres parades de Nuremberg n’étaient pas des meetings politiques semblables à ceux qui se produisent aujourd'hui en occident, mais étaient de vraies mises en scènes comparables à celles qui se déroulaient dans les grandes fêtes grecques. Tous les détails : la couleur des uniformes et des drapeaux, la disposition des spectateurs, le choix de l’heure nocturne, l’usage de projecteurs, le sens du timing, tout était calculé. Les enregistrements montrent que les gens s’intoxiquaient eux-mêmes, chantant jusqu’à l’extase, scandant le mantra "Sieg Heil" et adulant le Führer comme si c’était une divinité. Les visages de la foule sont empreints d’une béatitude irréfléchie... Il ne s’agit pas d’une rhétorique persuasive puisque la rhétorique d’Hitler n’a rien de persuasif, elle est le plus souvent banale, puérile, répétitive et dépourvue de substance. Mais son débit est d’une énergie venimeuse, la pulsation rythmique est aussi hypnotique qu’un roulement de tambour, et ces éléments, combinés avec la contagion de l’émotion collective, avec la pression de milliers de gens massés ensemble dans un espace confiné, produit l’hystérie collective dont on est témoin lors des rassemblements hitlériens. C’est cette "altération de la conscience" que les psychologues associent généralement à une expérience mystique.[11]

Pour être plus précis, les parades nazis étaient des séances d‘hypnose collective qui dépossédaient complètement les gens de leur faculté de raisonnement et les faisaient succomber à l'envoûtement du romantisme. Déclenchant la Seconde Guerre Mondiale, cette hystérie romantique coûta la vie à 55 millions de gens.

Le nazisme n’est qu’un exemple parmi d’autres des conséquences destructives du romantisme qui dépossède les gens de leur raison et les asservit au pouvoir de leurs émotions, il peut les faire tomber dans toutes sortes de perversions. C’est pourquoi il est facile de détourner une personne romantique du chemin droit et qui pourra devenir, en très peu de temps, un raciste ou un fasciste fervent si les conditions sont favorables. Dans d’autre cas, on peut en faire un militant communiste qui s’attaquera à des innocents en chantant des refrains léninistes et qui, perdant toute lucidité, sera même prêt à s’immoler pour ce qu’il estime une juste cause. Un romantique peut être rude et cruel un instant et sangloter comme un enfant l’instant d’après. Il n’y a aucune limite au déchaînement furieux qui peut en résulter une fois que la sagesse est mise hors jeu et que l’on devient prisonnier de ses émotions, ou mieux dit, des passions irrationnelles que satan suscite en nous.


LES DIFFERENTES IDEOLOGIES

DU ROMANTISME

... Certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une partie déterminée. Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux ; je leur commanderai, et ils altéreront la création de Allah. Et quiconque prend le diable pour allié au lieu de Allah, sera, certes, voué à une perte évidente. (Sourate an-Nisa, 118-119)

Dans le chapitre précédent, nous avons traité les effets du romantisme dans le cadre du nationalisme romantique. A présent nous nous pencherons sur d’autres manifestations du romantisme, pour nous rendre compte des désastres qui ont apporté sur l’humanité. La première idéologie que nous examinerons est aussi attrayante à première vue comme le nationalisme romantique. Il s’agit du communisme.

Le romantisme communiste

Le communisme est tenu comme une idéologie fondée sur la raison. Ses fondateurs, Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895) étaient adeptes du matérialisme philosophique qu’ils pensaient pouvoir appliquer aux sciences sociales pour expliquer les lois de l’histoire. Marx distinguait diverses étapes dans le déroulement de l’histoire : les pays avancés de l’époque comme l’Angleterre vivaient une phase capitaliste. Il prédisait qu’à cette phase succéderait inévitablement une révolution ouvrière qui marquerait le début de la phase socialiste. Il prévoyait aussi que cette révolution éclaterait spontanément, c’est-à-dire qu’elle serait une initiative des ouvriers eux-mêmes, et qu’elle se produirait en Angleterre et dans les autres pays développés.

Toutefois, les prédictions de Marx ne se sont pas réalisées. Le fait qu’elles ne se réaliseraient pas est devenu évident dans les 30-40 ans qui ont suivi sa mort. Il n’y eut pas de révolution en Angleterre ni dans aucun autre pays industrialisé, au contraire la situation sociale et économique des ouvriers s’améliora.

La prétention du communisme à

la rationalité n’est qu’une fiction

La théorie marxiste doit être considérée comme l’une de ces erreurs historiques commises au nom de la science sociale et de ce fait, elle aurait pu être abandonnée. Mais ce ne fut pas le cas, car un groupe d’individus revendiquant le nom de marxistes essaya, avec difficultés, de concrétiser les prédictions infondées de Marx. Bien que la révolution annoncée par Marx ne se produisait pas, les marxistes cherchèrent à la susciter (alors qu’elle devait se produire spontanément) en mettant en place des organisations, afin de faire la révolution par les armes. Le plus éminent représentant du marxisme, qui essaya de réviser l’interprétation de Marx et de justifier la non réalisation de ses prédictions, fut Lénine.

Lénine affirmait que ce n’était pas dans les pays avancés comme l’Angleterre que la révolution devait se produire, mais dans des pays faiblement industrialisés tels que la Russie. Il pensait que le communisme réussirait à s’imposer en Russie et qu’il pourrait se répandre dans le monde entier. Pour réaliser son rêve, il passa des années, en Russie comme à l’étranger, à préparer la révolution en Russie. La Première Guerre Mondiale lui offrit une occasion inespérée de prendre le pouvoir à cause de la confusion qu’elle généra en Russie.

 Les prédictions de Lénine comme celles de Marx ne se réalisèrent. Le système qu’il fonda ne connut pas de réussite, et le communisme ne se propagea pas dans le monde. Aujourd’hui l’Union soviétique fondée par Lénine appartient au passé et les systèmes communistes qui avaient été implantés de force dans différents pays se sont effondrés. Il est communément admis que le communisme fut la plus terrible et la moins réussie des expériences politiques du 20ème siècle.

Les tares du communisme furent ainsi prouvées, non seulement parce que ses prédictions restèrent lettre morte et que le régime édifié sur cette idéologie s’effondra, mais aussi parce que la philosophie qui en assurait le fondement fut remise en question. Les prémices de la philosophie matérialiste qui constituent la base du marxisme ont été discréditées par les découvertes scientifiques du vingtième siècle. Voici quelques exemples :

1. Le matérialisme prétend que l’univers existe depuis toujours et que la matière n’a pas été créée. Mais la théorie du Big Bang qui s’est imposée au 20ème siècle prouve que la matière et le temps ont été créés à partir de rien. Cette théorie affirme que l’univers vint à l’existence il y a 10 à 15 milliards d’années, apparaissant comme une activité soudaine surgissant du néant. En d’autres termes, le Big Bang montre que rien n’est arrivé par hasard, qu’une activité a surgi du néant et qu’après, la matière et le temps sont apparus. Cette théorie discrédite complètement les assertions matérialistes et prouve que la matière, le temps et la première activité furent créés par Allah.

 2. Le matérialisme soutient que la matière et le temps sont tous les deux absolus, c’est-à-dire qu’ils existent éternellement de façon invariable et stable. Mais la théorie "einsteinienne" de la relativité a démontré que le temps et la matière ne sont pas absolu, mais de simples perceptions sujettes au changement.

3. Les matérialistes prétendent que les fonctions et capacités mentales de l’homme peuvent être ramenées à une explication purement matérielle, mais l’organisation du cerveau a prouvé l’existence de différentes fonctions mentales qui n’ont pas de zones correspondantes dans le cerveau, ce qui montre que l’intelligence humaine ne se situe pas au niveau de la matière, mais elle appartient au domaine de "l’esprit".

4. Les matérialistes affirment que les êtres vivants n’ont pas été créés, mais comme le dit la théorie darwiniste, ils sont le fruit du hasard. Cette thèse a été réfutée par les découvertes scientifiques du vingtième siècle et il est désormais admis qu’une "conception" indéniable des êtres vivants amène à conclure que c’est Allah qui a créé toute vie.

 Si une idéologie prétend être rationnelle, mais que ses prétentions ne résistent pas à l’examen de la raison et de la science et si de plus, l’étude des phénomènes n’apporte pas de preuves de sa validité, alors il faut rejeter les prétentions de cette idéologie. Les partisans de cette idéologie doivent la soumettre à un examen rationnel, ils découvriront alors son invalidité et devront l’abandonner. Si les communistes avaient utilisé leur raison, la logique et le sens commun au lieu de vivre dans leur utopie romantique, le communisme aurait été discrédité plusieurs fois.

Etant donné que les fondements du communisme reposent sur le romantisme, ceux qui continuent à accepter ses thèses ne peuvent le faire qu’en se détournant de la raison et de la science et ne s’obstinent à le défendre que parce qu’ils refusent de voir que c’est une idéologie obsolète. Cette idéologie devait être définitivement mise de côté après avoir constaté que les prédictions marxistes étaient vaines. Mais elle ne fut pas abandonnée, bien au contraire, des groupes révolutionnaires ont apparu à la surface du globe, essayant de faire de l’utopie communiste une réalité en recourant à des méthodes telles que la révolution, la guérilla, la terreur, les attaques terroristes.

L’Union soviétique et le bloc communiste à l’est se sont écroulés, la Chine populaire a opté pour un système économique capitaliste. Néanmoins le communisme n’a pas été totalement abandonné, car de nos jours encore, des organisations communistes continuent leurs activités à travers le monde. Bien qu’ils soient conscients que la révolution n’est qu’une chimère, ils continuent à verser le sang d'innocents pour préserver le communisme. Ils n’hésitent pas à se jeter allégrement dans le feu, tout comme leurs camarades, en fredonnant les chants communistes et ils s’obstinent à suivre leur vieille idéologie dans leur aveuglement romantique. Tout ceci montre que le communisme n’est pas une idéologie fondée sur la raison et que ceux qui l’adoptent ne le font pas sur des bases rationnelles. Beaucoup y verraient un simple fanatisme, une ferveur bigote ou une obsession, une idée fixe, mais une investigation plus approfondie indique que derrière ce fanatisme supposé se cache l’influence pernicieuse du romantisme.

Ce qui veut dire que le communisme tire sa force du romantisme.

Exemples du romantisme communiste

Au début, les gens ne sont pas conscients de l’esprit romantique du communisme, car les communistes parlent toujours en termes de science, de philosophie et de rationalité. Cependant les communistes développent leurs idées à partir d’un fond romantique, car ils rejettent les découvertes scientifiques qui ne s’adaptent pas à leurs buts sous prétexte que celles-ci sont de nature "bourgeoise". Staline en vint même à systématiser ce préjugé en créant une absurde distinction entre la "science bourgeoise" et la "science prolétarienne".

D’un autre côté, si nous examinons attentivement les publications communistes, les poésies ou chansons idéologiques, nous verrons que leur idéologie est étroitement liée au romantisme. Ils ont idolâtré certaines idées en développant un attachement émotionnel excessif. La notion la plus importante est celle de révolution. Pour un communiste, la révolution est la fin de tout mal et le début de tout bien. Ils se raccrochent désespérément à une chimère qui ne se réalisera jamais, ils n’essaient pas d’analyser leur notion de révolution rationnellement ni se posent des questions telles que : "Quel est le but de la révolution ?" "Qu’est ce qui justifie une révolution au nom de laquelle des milliers de gens innocents sont tués et qui vaut des souffrances profondes à l’ensemble de la société ?" "Peut-on améliorer la situation des plus pauvres sans faire de révolution ? Comment la révolution affectera-t-elle l’économie ?"

"Comment le pays sera-t-il gouverné une fois la révolution terminée", "comment résoudra-t-on les conflits internes et se défendra-t-on des dangers extérieurs ?"

Un communiste ne donne pas d’importance à ces questions, car son but est la révolution, s’il doit apporter des réponses à ces interrogations, il aura recours aux phrases typiques tirées directement des livres de Lénine, Staline ou Mao, mais il ne se prêtera pas à une réflexion personnelle sur le sujet. Ce qui l’attache si profondément à l'idée de révolution, ce sont les poèmes émouvants ou les chants idéologiques vibrants qui célèbrent la révolution. La littérature communiste évoque fréquemment "le beau pays couvert de fleurs" et le "soleil rouge à l'horizon". En fait la relation qui unit un communiste à l'idée de révolution est comparable à une romantique histoire d'amour. Il y a des stands communistes dans les universités, les salons de livres et centres culturels. Si vous vous rendez dans ces lieux ou bien dans des cafés ou bars communistes, vous y verrez les nombreux symboles utilisés pour susciter la ferveur des gens envers ce romantisme. Des affiches représentant un prolétariat puissant qui brise ses chaînes, des personnages aux poings serrés, des chants révolutionnaires sur la lutte à mort menée au nom du socialisme sont les symboles les plus communs chez les romantiques communistes.

Ce romantisme se reflète aussi parfois dans l'apparence des communistes. Ainsi un jeune communiste arbore souvent une parka kaki et une casquette style commando pour mieux s'identifier au guérillero communiste cubain Che Guevara, et on trouvera sans doute dans sa chambre, parmi ses affaires personnelles, un poster de "Che". La seule différence entre ce communiste et un autre étudiant obsédé par une pop star est la star elle-même : ce n'est pas un musicien, mais un guérillero.

Un autre trait du romantisme communiste est le plaisir que les adeptes prennent à se martyriser et à susciter la pitié des autres. Par exemple, un militant communiste amorce une grève de faim en prison, prêt à mourir de faim pour atteindre un but dérisoire. D'un côté il éprouve du plaisir dans la douleur que cela lui procure et se réjouit de la pitié que les autres ressentent pour lui, et d'un autre côté, il ressent de la fierté car il est reconnu parmi ses amis comme un héros.

Cette délectation toute romantique dont jouissent les communistes au sein de leur douleur peut atteindre de très hauts degrés. Les communistes ont commis des actes effroyablement sauvages dans le cadre de ces démonstrations de ferveur, certains par exemple sont allés jusqu'à se coucher sur le feu, ont attaché l'un des leurs à des barres de fer, l'ont arrosé de liquide inflammable, lui ont mis le feu et ont entonné des chants communistes tout en le regardant brûler. Pour autant qu'on puisse en juger, les militants qui accomplissent ces actes irréfléchis de sauvagerie sont très semblables aux foules qui assistaient aux rassemblements nazis, ils ont perdu toute conscience et sont prisonniers d'une transe émotionnelle et psychologique.

Un communiste, et vu qu'il est entraîné par son obstination forcenée peut continuer à se dévouer avec ferveur à son idéologie, sachant que ses idéaux ne deviendront jamais réalité. Son engagement aveugle se trahit par des fanfaronnades telles que "Ce n'est pas important si ce qu'on fait est faut, s'il y aura des résultats, je suis un communiste et le resterai jusqu'à ma mort." Il est certain qu'une personne rationnelle ne se comporterait pas de cette façon. Ce dévouement aveugle relève du même genre de folie que celle qui affecte un homme fortement épris d'une femme qui l'a trompé et humilié et refuse malgré tout de cesser de l'aimer.

Nous avons ainsi démontré que le communisme n'est qu'un des avatars du romantisme qu'utilise satan pour déposséder les êtres humains de leur raison et les détourner de la foi en Allah. En dépit de ses prétentions philosophiques et rationnelles, le communisme est répandu d'idées contraires à la raison et à la science. C'est ainsi que pendant un siècle les communistes ont pu s'obstiner à défendre âprement leur idéologie, prouvant ainsi que leur dévouement à cette cause était de nature romantique.


LE ROMANTISME AU NOM

DE LA RELIGION

Et quand ceux-ci commettent une turpitude, ils disent : "C'est une coutume léguée par nos ancêtres et prescrite par Allah." Dis : "[Non] Allah ne commande point la turpitude. Direz-vous contre Allah ce que vous ne savez pas ?" (Sourate al-Araf, 28)

On peut dire que plus d'une idéologie pleinement constituée en soi, le romantisme est une influence, une coloration qui imprègne diverses idéologies en les dotant d'une charge émotionnelle qui leur permet de déposséder les gens de leur rationalité. Il a pu imprégner des idéologies aussi antireligieuses et perverses que le fascisme et le communisme, le romantisme peut exercer son influence sous le masque de la religion.

 Avant d'aborder ce problème, il faut d'abord nous arrêter sur un point important qui doit être compris. Un mouvement qui se réclame de la religion n'est pas forcément religieux. Bien au contraire, au passé, de nombreux individus, groupes ou courants ont prétendu œuvrer au nom d’Allah et de la religion alors qu'ils cherchaient en fait à nuire à la religion et à ses fidèles. Allah nous en fournit des exemples dans le Coran, ainsi celui d'un criminel qui voulait tuer l'un des prophètes d'Allah, le Prophète Salih (psl). Tandis qu'il préparait son plan, lui et ses partisans prononcèrent un serment au nom de Allah:

Ils dirent : "Jurons par Allah que nous l'attaquerons de nuit, lui et sa famille. Ensuite nous dirons à celui qui est chargé de le venger : 'Nous n'avons pas assisté à l'assassinat de sa famille, et nous sommes sincères.'" (Sourate an-Naml, 49)

Ces païens qui s'opposaient aux prophètes accusaient souvent ces derniers "de forger des mensonges contre Allah" montrant ainsi qu'ils s'estimaient pleins de piété et de crainte envers Allah. (Sourate Achoura, 24). Comme Pharaon par exemple, qui poussait la perversité jusqu'à se prétendre un dieu, dit à Moise :

... "Laissez-moi tuer Moïse. Et qu'il appelle son Seigneur ! Je crains qu'il ne change votre religion ou qu'il ne fasse apparaître la corruption sur terre." (Sourate Gafir, 26)

Ceci montre qu'il est possible de penser de façon perverse et de commettre des actes pervers au nom et sous le voile de la religion et que le romantisme est l'une des principales perversités tenues pour religieuses, alors qu'elle n'a aucun lien avec la religion.

Pour comprendre comment le romantisme peut être confondu avec la religion, il faut d'abord comprendre la notion de "sincérité" qui consiste à agir en recherchant exclusivement l'agrément d'Allah. Si l'acte est fait avec sincérité, il est compté comme une adoration faite pour Allah. Par exemple, prier, jeûner, faire l'aumône, travailler pour la cause d'Allah et les autres types d'actes seront considérés comme des actes d'adoration à condition d'être accomplis en vue de satisfaire Allah. Sinon l'adoration accomplie sans cette visée sera invalide et ce selon le commandement suivant d'Allah dans le Coran :

Malheur donc, à ceux qui prient tout en négligeant (et retardant) leur salat, qui sont pleins d'ostentation. (Sourate al-Maun, 4-6)

Cela apparaît aussi dans les paroles du Prophète Mohammed (pbsl), qui a dit :

Allah accepte les actes accomplis pour Lui et qui sont destinés à rechercher Son agrément.[12]

C'est de cette façon que le romantisme s'y prend pour détourner la religion. Il oriente la religion vers un autre but que l'agrément d'Allah, il la présente comme une expérience affective où les gens peuvent combler leurs besoins émotionnels, mais qui n'est pas pratiquée en vue de plaire à Allah.

En éliminant cette distinction subtile mais capitale, le romantisme entraîne les hommes vers une mauvaise compréhension de la religion qui aboutit au mysticisme. Quand les gens cessent de concevoir la religion comme une soumission à Allah et commencent à y voir une "exaltation psychologique" ils se mettent à chercher des pratiques mystiques et s'enfoncent encore plus profondément dans cette approche faussée.

Quand nous comparons l’approche romantique de la religion à la religion qu'Allah a révélée dans le Coran, nous pouvons constater de nombreuses différences non négligeables :

1. Dans le Coran, Allah enjoint aux hommes de faire usage de leur raison, de méditer la création divine et d'accéder ainsi à la foi, mais l'approche romantique exclut la raison, donc elle n'encourage pas les gens à l'utiliser, au contraire elle les incite à ne pas réfléchir du tout.

2. Selon la notion romantique de la religion il est recommandé de s'infliger des mortifications. Ainsi, certains chrétiens pensent se rapprocher de Jésus en se faisant crucifier. Dans certaines soi-disant religions orientales telles que le bouddhisme, s'affamer, dormir dans un lieu inconfortable et pratiquer d'autres formes d'auto immolation permettent d'accéder à la sainteté. Or dans le Coran il n'est pas écrit que l'on doit s'infliger volontairement des souffrances. Ce verset coranique décrit succinctement la conception faussée du romantisme : "En vérité, Allah n'est point injuste à l'égard des gens, mais ce sont les gens qui font du tord à eux-mêmes." (Sourate Yunus, 44)

En bref, selon la vision pervertie des romantiques, la religion encouragerait les tendances d'idolâtrer des individus, à se montrer irréfléchi, nostalgique, nul et à se comporter de façon auto-destructive. Or, c'est un système erroné, composé de croyances et pratiques totalement étrangères à la religion véridique.

Au lieu d'apprendre ce qu'Allah attend d'eux, et de vivre selon ces principes, les gens préfèrent conserver l'approche, les comportements et les modes de pensée stéréotypées que leur ont légués leurs ancêtres. Ils n'analysent pas d'un point de vue rationnel leur situation, mais se raccrochent aux vieux schémas traditionnels en matière de pensée et comportement. C'est une perversité contre laquelle Allah nous met fortement en garde dans le Coran. En voici quelques exemples :

Et quand on leur dit : "Venez vers ce qu'Allah a fait descendre (La Révélation), et vers le messager", ils disent : "Il nous suffit de ce sur quoi nous avons trouvé nos ancêtres." Quoi ! Même si leurs ancêtres ne savaient rien et n'étaient pas sur le bon chemin... ? (Sourate al-Maidah, 104)

Et quand ceux-ci commettent une turpitude, ils disent : "C'est une coutume léguée par nos ancêtres et prescrite par Allah." Dis : "[Non,] Allah ne commande point la turpitude. Direz-vous contre Allah ce que vous ne savez pas ?" (Sourate al-Araf, 28)

Et quand on leur dit : "Suivez ce qu'Allah a fait descendre", ils disent : "Nous suivons plutôt ce sur quoi nous avons trouvé nos ancêtres." Est-ce donc même si le diable les appelait au châtiment de la fournaise ! (Sourate Luqman, 21)

Conclusion

Afin de pratiquer la religion comme Allah le souhaite, il faut d'abord échapper à l'emprise du romantisme. Comme Il dit dans ce verset, "C'est ainsi qu’Allah est Lui le Vrai… " (Sourate al-Hajj, 62), Il est le Réel, et pour Le comprendre, il faut donc être "réaliste". Ceux qui sont prisonniers des idéaux romantiques sont influencés par des idéologies perverses comme le nationalisme et le communisme romantiques, perdent tout sens de la mesure et de la sincérité à cause de leur approche romantique de la religion, ou bien encore ils sont affectés par la conception romantique de l'amour que nous traiterons dans les prochains chapitres.

 Même si les individus affectés par ce mode de pensée se mettent à pratiquer la religion, il leur manquera la stabilité mentale nécessaire pour persévérer à cause de l'état spirituel défaillant que leur confère le romantisme. Il y a de nombreux individus qui commencent à pratiquer la religion sous l'influence des idées romantiques, mais qui y renoncent bientôt et retournent à une existence dépouillée de toute religion.

Or Allah commande ceci aux êtres humains :

Il est le Seigneur des cieux et de la terre et de tout ce qui est entre eux. Adore-Le donc, et sois constant dans Son adoration. Lui connais-tu un homonyme ? (Sourate Maryam, 65)


LA VRAIE SAGESSE

PROVIENT DE LA FOI

… Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d'Allah ! Par ceci (le Coran), Allah guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit. (Sourate al-Maidah, 15-16)

Dans les chapitres qui suivront, nous examinerons les effets du romantisme dans notre vie quotidienne. Avant de se pencher sur cette question, nous devons expliquer la notion de sagesse que nous avons souvent évoquée.

 On ne perçoit pas toujours la différence qui existe entre une personne sage et une personne intelligente. C'est une grave erreur. Le mot "intelligence" se rapporte habituellement dans notre société à la simple acuité intellectuelle, ce qui est très différent de la sagesse.

La sagesse est ce qui caractérise le croyant apte à reconnaître les subtils signes d'Allah qui sont présents dans tout ce qu'Il a créé, et lui permettent de comprendre le monde qui l'entoure. Toute tentative d'appréhender ces phénomènes en se fondant sur la seule capacité du cerveau qui relie la cause à l'effet nous condamne à une perception mécanique et étriquée de la réalité. La sagesse est une qualité propre au croyant, qui a une foi très ferme en Allah et mène sa vie en conformité avec les enseignements contenus dans les versets du Coran. L'intelligence est une caractéristique commune à tous avec des degrés divers, tandis que la sagesse est l'apanage des croyants. Ceux qui n'ont pas la foi ne peuvent accéder à la sagesse.

La sagesse permet au croyant d'employer de façon appropriée ses capacités mentales, sa faculté de jugement, son sens de la logique, et donc de faire le meilleur usage de son potentiel. Un individu dénué de sagesse, quel que soit son degré d'intelligence, est condamné à avoir sur certains points des raisonnements erronés ou des erreurs de jugement. Si nous examinons l'exemple des philosophes incroyants qui ont jalonné l'histoire, nous constaterons qu'ils ont avancé des thèses très différentes et parfois très opposées entre elles sur le même sujet. Bien qu'ils fussent des gens d'une grande intelligence, ils n'avaient pas la foi, donc ils n'avaient pas suffisamment de sagesse pour accéder à la vérité. Certains ont entraîné l'humanité dans d'innombrables erreurs. Nous pouvons en trouver maints exemples dans l'histoire récente : Des philosophes, idéologues et hommes politiques comme Marx, Engels, Lénine, Trotski, qui, en dépit de leur très grande intelligence, ont été la cause de catastrophes pour des millions de gens, parce qu'ils étaient incapables de faire usage efficace de leur raison. La sagesse en revanche apporte la paix, le bien-être, le bonheur et indique le chemin à suivre pour y arriver.

L'intelligence nous permet entre autres de réfléchir, de former des jugements, de focaliser notre attention, et de nous engager dans des activités pratiques. En outre, une personne sage a une compréhension plus profonde des choses, compréhension qui n'est pas accessible à la seule intelligence, et grâce à laquelle elle peut distinguer le vrai et le faux. De ce fait une personne sage possède une perspicacité beaucoup plus supérieure à celle d'une personne simplement intelligente.

La source de la sagesse, comme nous l'avons dit auparavant, réside dans une foi et une crainte en Allah profondément ancrées chez l'individu. Ceux qui craignent Allah, observent Ses commandements et interdictions, acquièrent naturellement cette acuité qui est un bienfait d'Allah. Mais bien que cette vertu puisse s'acquérir aisément, peu de gens sont dotés de sagesse. Allah évoque cette situation dans le Coran "… La plupart d'entre eux ne raisonnent pas" (Sourate al-Maidah, 103) qui s'explique par le fait que les gens n'ont pas une foi authentique et n'ont pas laissé de place au Coran dans leurs vies.

La sagesse qu'Allah octroie à ceux qui Le craignent et vivent selon les principes du Coran, rend le croyant supérieur à l'incroyant dans de nombreux domaines. Les composantes fondamentales de cette sagesse sont : que le croyant est conscient qu'Allah contrôle toute chose -tout le temps- jusqu'aux moindres détails, ce qui arrive est ce qu'Allah a prédestiné, et qu'il sait qu'il est avec Allah à chaque instant. En outre la sagesse permet au croyant de s'adapter facilement aux changements de situation.

L'acuité de la perception des croyants et de leur compréhension, leur conscience et leur attention, la supériorité de leur capacité d'analyse, leur bonne morale, leur forte personnalité et leur sagesse se manifeste en acte comme en parole, toutes ces qualités sont les fruits naturels de la sagesse.

Imaginez si ces caractéristiques extraordinaires s'appliquaient à toute une société, pensez aux bienfaits dont jouirait une société composée d'êtres qui utilisent leur raison dans chaque parole qu'ils profèrent, chaque action qu'ils accomplissent, chaque décision qu'ils prennent et dans chaque problème qu'ils cherchent à résoudre, pensez au type d'environnement qui existerait dans une société formée de tels membres... En effet nous avons tous besoin de gens sages auprès de nous qui nous apportent le bien-être, la sécurité, la santé et la paix de l'esprit, car l'existence d'individus doués de sagesse est indispensable pour prévenir le chaos, la confusion et l'anarchie et pour trouver la solution aux problèmes qui naissent de ces fléaux. Quand on prend ces choses en considération, le besoin de la sagesse, clé de tous les problèmes, devient évident.

Sans aucun doute, la sagesse est la qualité la plus importante qu'une personne puisse avoir, car elle devient un membre utile à la communauté, vu la moralité que la foi insuffle, le plus important est de gagner l'approbation d'Allah. Tout au long de sa vie, une telle personne manifeste les qualités décrites dans le Coran : Elle protège les opprimés, s'occupe des sans-logis, se sent concerné par l'application correcte de la justice et ne tolère pas de voir des gens mourir de faim, sa sagesse lui permet d'appliquer ce qu'elle a appris du Coran dans sa propre vie et de développer un véritable sens de responsabilité par rapport à son rôle social. Nous cherchons tous des gens qui utilisent leur raison pour trouver des solutions aux problèmes, qui prennent des mesures appropriées, donnent des conseils et des recommandations judicieuses, et font preuve de sagesse dans leurs paroles et leurs écrits. Par conséquent, on tire beaucoup d'avantages des paroles et actions d'une telle personne.

Une fois que nous avons reconnu l'importance de la sagesse, il n'est pas difficile de percevoir la gravité du danger que représente son contraire. Ce danger menace aussi bien les individus que la société en général et il ne sera pas inutile d'examiner les problèmes dus au manque de sagesse.

L'un des plus grands obstacles à la sagesse est la corruption spirituelle que nous évoquions dans le chapitre précédent : le romantisme, qu'on appelle aussi sentimentalisme.


Le sentimentalisme commun

Le sentimentalisme est défini comme le fait d'agir selon ses émotions et non pas selon les vérités perçues par la sagesse et la raison. Le sentimentalisme est une maladie spirituelle latente en chaque membre des sociétés païennes ou athées, même si elle les affecte différemment, certaines personnes sont plus touchées que d'autres. Il est impossible à celui qui ne s'intéresse pas au Coran, ne vit pas selon les valeurs de la religion, d'échapper aux griffes du romantisme. Le sentimentalisme ne peut être éradiqué que par une conduite sage, c'est à dire une conduite conforme aux enseignements du Coran. Car comme nous l'avons dit, une personne qui ne mène pas sa vie de façon conforme au Coran ne peut faire usage efficace de sa raison.

Même s'il s'agit d'une maladie spirituelle, le sentimentalisme apparaît néanmoins comme une mesure pour déterminer la valeur d'une personne dans les sociétés ignorantes. Il a affecté la majorité –bien que la majorité non informée – de la société, jusqu'au point de considérer une personne qui ne se laisse pas facilement toucher par des sentiments romantiques comme impitoyable et insensible.

Le sentimentalisme est-il aussi inoffensif et innocent qu'on le pense généralement ? Si nous nous penchons sur la question et tâchons d'y répondre de façon réaliste, nous verrons que le sentimentalisme peut avoir des conséquences extrêmement graves. Dans les chapitres précédents nous avons vu les ravages dont il est responsable dans la sphère sociale, mais son action est tout aussi néfaste dans la vie quotidienne. Le sentimentalisme est à la source de maintes complaintes exprimées par des gens qui, confrontés à des situations difficiles, échouent à trouver une solution.

Mais, comme la solution de tous les problèmes se trouve dans le Coran, les individus ou les sociétés qui en font leur guide auront tous les avantages que procure la sagesse ; en d'autres termes ils vivront dans les bienfaits de la sagesse :

... Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d'Allah ! Par ceci (le Coran), Allah guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit. (Sourate al-Maidah, 15-16)

Depuis notre enfance, nous avons l'habitude de voir des gens pleurer pour n'importe quoi, aussi bien devant le récit d'une injustice relatée dans les journaux qu'en regardant un malheureux affamé à la télévision. Quand nous les voyons exprimer leur peine pour autrui, nous les croyons doués d'une nature saine alors que des réactions émotionnelles de ce type, si elles se limitent à verser quelques larmes et jeter le blâme, ne sont en réalité d'aucune utilité. En effet, ces réactions ne sont pas le signe d'une implication active ou d'un intérêt profond pour le bien-être de ceux qui souffrent, ce type de personne prend plaisir à pleurer et à avoir pitié de ceux qui souffrent, mais ne fait rien pour résoudre le problème. Inconsciemment, ces gens-là préfèrent continuer à vivre dans un état de sentimentalisme abstrait. Il est intéressant de voir que ces personnes sont souvent enclines à sombrer dans le pessimisme, le désespoir, le chagrin, la dépression et toutes sortes de sentiments négatifs vers lesquels satan essaie d'entraîner les hommes en utilisant le sentimentalisme en tant qu'instrument sournois.

Un autre point mérite d'être souligné : Si on suggère à ces gens qu'au lieu de verser des larmes devant la télévision, il vaudrait mieux se lever et agir, ces conseils resteront sans effet. Ils essaieront en effet de s'en sortir par des excuses telles que : "Mais que peut-on y faire ? Que puis-je faire tout seul ?"

Les gens émotifs contribuent à augmenter le pessimisme en prétendant que les problèmes sont toujours difficiles à résoudre ce qui pousse les autres à adopter le même désespoir.

Beaucoup de qualités morales perdent leur vertu à cause du sentimentalisme, au point d'en devenir même dangereuses. Par exemple, la compassion est un sentiment moral encouragé par Allah dans le Coran, mais une personne émotive aura tendance à en abuser : éprouvant ainsi de la pitié pour un oppresseur, elle se montrera indulgente envers ses crimes et tolérera sa conduite impitoyable. Au contraire, une personne sage ne voit aucune justification à une attitude, un comportement ou une pensée mêlée de sentimentalisme, car tant qu'on nourrit le tempérament émotif de l'âme, ses aspects plus insidieux peuvent se manifester à chaque instant en fonction des circonstances et de l'environnement.

Maintenant, il est nécessaire de bien cerner la différence entre le fait d'être sensible et empathique, et celui d'être émotif. Dans le Coran, Allah affirme clairement qu'être sensible, empathique est une qualité qui fait partie de celles qui caractérisent un prophète. Le sentimentalisme est opposé à l'attitude recommandée dans le Coran. Les croyants ne sont pas émotifs, mais font preuve d'empathie et d'humanité. En d'autres termes, ce sont des êtres sobres, d'une sagesse supérieure, qui possèdent de très grandes qualités morales. Dans le Coran, Allah parle du bon caractère moral qui distinguait le Prophète Ibrahim (psl) : "Abraham était, certes, longanime, très implorant et repentant." (Sourate Hud, 75)

On ne doit pas oublier que les gens émotifs se contentent d'avoir pitié des autres ; ils ne font aucun effort pour essayer de résoudre leurs problèmes. Mais celui qui est doué de qualités empathiques recommandées par le Coran fera tout son possible pour aider à autrui, et prendra toutes les mesures nécessaires pour le sortir de ses difficultés. Tels sont la vraie compassion, le véritable amour.

Comment le sentimentalisme

obscurcit-il la sagesse ?

Tout homme a été créé pourvu de sentiments comme l'amour et la compassion, la pitié et la crainte. Posséder ces sentiments, c'est être un humain. Ce que nous voulons souligner ici, c'est que pour avoir une vie spirituelle saine et équilibrée, il faut savoir maîtriser ses émotions et les orienter selon la foi et la sagesse. Par exemple, l'amour a été accordé à l'humanité pour être voué en priorité à Allah qui nous a créés, nous a fournit notre subsistance, nous accorde des bienfaits et nous promet une vie éternelle remplie de bonheur. L'amour est aussi une émotion qui doit être orientée vers ceux qui aiment Allah et sont aimés, à savoir les croyants. Une personne est aimée pour sa proximité avec Allah, sa crainte d'Allah et son souci de défendre Ses prérogatives. Toutes ces formes d'amour sont directement orientées vers Allah et envers les objets dans lesquels se manifestent Ses attributs. En fait, il est interdit à un croyant d'éprouver de l'amour pour les ennemis d'Allah et de Sa religion.

Par ailleurs, Allah a enjoint à Ses serviteurs de ne craindre nul autre que Lui, car toute chose et toute personne est soumise à Sa souveraineté. Il n'y a de force ni de puissance qu'en Allah, de ce fait autre que Lui n'est digne d'être craint.

Nous prendrons la colère comme autre exemple. La colère est une émotion qui éveille chez le croyant son sens de responsabilité envers son prochain et l'amène à réagir contre l'injustice, contre les ennemis d'Allah et de Sa religion, et contre l'oppression. Toutefois quand un croyant agit en conformité avec son sens de responsabilité, il le fera toujours avec intelligence, modération et en témoignant d'un bon sens moral. Un croyant n'agit jamais de façon injuste ou impitoyable, ni par vengeance, et comme Allah le commande dans le Coran, il ne répond jamais à l'injustice par injustice ou à la cruauté par cruauté.

En revanche, une personne qui agit en fonction de ses sentiments peut entrer dans une grande fureur si elle rencontre le moindre obstacle, si les choses ne se passent pas comme elle le souhaite ou si quelqu'un agit d'une façon qui lui déplaît, la moindre contrariété suffit à la mettre en colère. A cause de cette colère, son jugement et sa pensée s'obscurcissent et elle peut à tout instant agir de façon impulsive.

Comme nous l'avons vu, un être humain doit orienter les émotions qu'Allah a créées en lui selon la volonté d'Allah. En d'autres termes il ne doit pas cultiver dans son cœur une crainte, une colère ou un amour qui ne soit pas conforme à la volonté d'Allah. S'il le fait, il n'agit pas conformément à la voie qu'Allah a révélée, mais selon la voie que lui dictent ses émotions, qui n'est rien d'autre que de l'idolâtrie.

 Quand ces sentiments innés en l'homme ne sont pas guidés par la sagesse, le fléau du sentimentalisme sévit et essaie d'exercer son emprise sur leurs comportements, conversations, actions, pensées et approches des choses en général. Quand c'est le cas, on quitte alors le sanctuaire de la sagesse pour la tyrannie de l'émotion. Chez de tels êtres, l'émotion bloque l'intelligence et embrume l'esprit.

En oubliant les critères du Coran, ces personnes chérissent excessivement ceux dont elles sont éprises, elles sont prises d'une grande peur face à leur patron, leur conjoint ou quelqu'un d'autre, ou sont envahies par une puissante colère. Bien sûr, on ne devrait pas attendre d'une personne qui se trouve dans un tel état spirituel une conduite sage parce que chez elle la sagesse est assiégée par une émotion débridée.

Le sentimentalisme dépossède l’homme de sa lucidité. L'un des traits les plus révélateurs d'un tempérament émotif est le désir de vivre dans un lieu séparé du réel, on dirait dans un monde de rêves lié par un fil ténu à la réalité. Au lieu de la raison et de la logique, l’individu opte pour l'émotion et à la place de la réalité, il choisit le rêve et la fantaisie. De ce fait, il est impossible d'engager une discussion sérieuse avec lui, il ne peut ni donner ni recevoir de conseils. En fait, le sentimentalisme est une forme atténuée de ce trouble mental que les psychologues appellent "schizophrénie". (Les gens atteints de schizophrénie sont séparés de la réalité et vivent dans leur monde.)

Une personne émotive est semblable à celui qui pleure devant son écran de télévision. Le spectateur est si éloigné de la réalité qu'il peut prendre en pitié et même pleurer pour l'acteur qui feint de souffrir dans le film, même si on sait que cet acteur est payé pour simuler la souffrance et que dans la réalité il se peut que sa vie soit remplie de toutes sortes de dépravations morales. C'est un état dans lequel une personne sage ne tombera jamais, ce qui montre clairement à quel point le sentimentalisme peut séparer une personne de la réalité et l'amener à avoir des pensées insensées qui se reflètent ensuite dans sa vie quotidienne.

Nous avons souvent l'impression que les gens émotifs ont l'air d'avoir les mains liées. Ils se contentent de pleurer et gémir, mais ne font rien pour exorciser leur dégoût de la situation. Par exemple, ils apprennent qu'un proche a eu un accident : au lieu de se dire qu'il y' a un bien en ceci et de chercher le meilleur moyen de se rendre utile, une personne émotive s'évanouira ou se mettra à pleurer. Elle ne demandera pas ce qui a été fait pour la victime, si on a appelé le docteur, si tous les soins médicaux lui ont été apportés. Elle n'essayera pas de trouver ce qu'elle peut faire pour aider, mais voudra être consolée comme si elle était la seule personne à avoir besoin de réconfort.

Ou encore, il peut y avoir une personne assise à côté d'elle qui se sentait mal brusquement : au lieu de lui donner les premiers soins et d'appeler une ambulance, elle commencera à s'agiter en suscitant la panique. Si quelqu'un lui demandait ce qui se passait, elle serait incapable de répondre parce que son émotivité l'empêche de faire usage de sa raison et la sépare du reste du monde.

Autre cas : La personne elle-même souffre de maladie, elle sait que c'est sérieux, mais si elle va chez le médecin, elle craint qu'il lui confirme la gravité de la maladie. Elle ne veut pas être malheureuse et donc ne souhaite pas avoir un diagnostique définitif. En se privant du traitement qu'elle aurait pu obtenir en se comportant avec sagesse, elle perd la possibilité d'être guérie de sa maladie.

Nous pourrions multiplier les exemples relevant de ce type de comportement émotif dénué de sagesse afin de démontrer à quel point une telle irrationalité peut nous conduire à des conséquences graves, et devenir une question de vie et de mort. Ces individus sont si troublés sous l'influence de satan, par les choses ayant l’apparence négative, qui arrivent autour d'eux, qu'ils sont affaiblis et ont besoin d'aide et de réconfort. Cependant, s'ils avaient utilisé leur sagesse et pris des mesures adéquates pour contrôler les événements qu'ils ont vécus, ils auraient pu trouver une solution à leurs problèmes.

Comme nous pouvons le voir, les personnes émotives ne sont pas des gens capables d'utiliser de leur raison. Elles ne peuvent pas guider les gens. Au contraire, elles ont besoin d'être guidées et surveillées et deviennent ainsi un fardeau pour les autres. Par exemple si une personne émotive voit quelqu'un en détresse, au lieu de lui venir en aide, elle ne pensera qu'à gémir et dire "Oh! Comme c'est malheureux!", ou dira une autre expression de ce genre. Dans ce cas, la sagesse est complètement reléguée à l'arrière plan et c'est une erreur d'attendre un acte positif d'une telle personne.

Dans le Coran, Allah révèle la différence entre cette catégorie de personnes et les croyants :

Et Allah propose en parabole deux hommes : l'un d'eux est muet, dépourvu de tout pouvoir et totalement à la charge de son maître ; quelque lieu où celui-ci l'envoie, il ne rapporte rien de bon ; serait-il l'égal de celui qui ordonne la justice et qui est sur le droit chemin ? (Sourate an-Nahl, 76)

Les croyants ne réagissent pas en fonction de leurs émotions sinon par leur sagesse, et dans toute situation, comme le dit le verset cité, ils "recommandent la justice", c'est à dire qu'ils s'assurent que les choses ont été faites comme il faut. Comme ils croient que tout ce qui leur arrive est avec le consentement d'Allah, et qu'en dehors de sa volonté, ils ne sont pas en mesure d'accomplir quoi que ce soit, ils ne se départent jamais de ce sens de mesure parvenant de leur confiance et soumission à Allah. Ils n'agissent jamais brusquement ni se sombrent dans le pessimisme et le désespoir. Ils savent qu'Allah fera sortir un bien de toute situation, même négative.

Si vous essayez d'alerter quelqu'un du danger que lui fait encourir le sentimentalisme pour sa vie spirituelle, il ne vous écoutera pas, il refusera d'admettre cette possibilité. L'esprit d'une personne émotive est fermé à toute suggestion contraire à ses désirs, qu'elle se sentira injustement maltraitée, voire offensée, et commencera à pleurer ou à se fâcher, à se replier sur elle-même. Ainsi, vous ne pouvez communiquer des suggestions ou des conseils à une personne émotive et encore moins la critiquer. Le sentimentalisme a tendance à rendre les gens susceptibles, aussi ils craignent qu'il y ait une signification cachée, ils mal interprètent facilement ou exagèrent tout ce qui leur est dit et en signe de protestation et sans aucune explication ils arrêtent de parler, se replient sur eux-mêmes et boudent comme des gamins. Comme ils sont incapables de penser rationnellement ou de faire face à la réalité, ils ne peuvent faire leur propre auto-critique ou corriger leurs erreurs. Comme nous venons de le voir, les personnes affligées de ce type de tempérament interprètent toute parole proférée à leur égard comme une attaque, se vexent facilement, ce qui les entraîne dans le désespoir et le repli sur soi. Allah évoque dans le Coran ces gens qui se vouent au malheur par leur propre choix :

Quiconque craint (Allah) s'[en] rappellera, et s'en écartera le grand malheureux. (Sourate al-Ala, 10-11)

Etant donné qu'ils n'utilisent pas leur raison et suivent ce que leur dictent leurs émotions, ces gens laissent leur raison s'embrumer jour après jour. S'ils ne remédient pas à cette situation, ils ne peuvent concevoir l'essence de la religion ou vivre selon les principes de celle-ci. Une personne émotive et dénuée de sagesse n'a pas de faculté de jugement saine ni un esprit stable et cohérent. Sur un point qui apparaîtrait très clair à un croyant, nous voyons que la personne émotive ne trouve que contradiction et confusion. Elle lutte avec appréhension. La personne émotive ne peut pas comprendre le Coran, qui est un guide pour les gens doués de sagesse. Elle ne peut pas tirer profit de ses conseils. Elle ne peut pas appréhender Allah dans toute Son ampleur et percevoir la sagesse qui se dissimule derrière l'ordonnancement de l'univers. Elle ne perçoit pas la raison d'existence de l'univers, de l'enfer et du paradis. Elle ne connaît pas le sens de l'attestation : il n'y a de dieu qu'Allah. Chaque idée, chaque pensée, chaque intention et objectif, chaque acte d'un tel être le mène d'une idolâtrie à autre.

C'est l'une des méthodes qu'utilise satan pour détourner l'humanité du chemin d'Allah, Qui, dans le Coran, nous avertit que satan utilisera tous les moyens qui lui sont disponibles pour mener les hommes en enfer : satan, maudit par Allah, a dit :

"Certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une partie déterminée. Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux ; je leur commanderai, et ils altéreront la création d'Allah." Et quiconque prend le diable pour allié au lieu d'Allah, sera, certes, voué à une perte évidente. Il leur fait des promesses et leur donne de faux espoirs. Et le diable ne leur fait que des promesses trompeuses. (Sourate an-Nisa, 118-120)

Celui qui comprend ces versets ne se laissera pas prendre au piège de satan. Il ne cède pas devant l'émotion, mais fait appel à sa sagesse pour voir la réalité en toute lucidité et ainsi agir selon la perception rationnelle des choses, ce qui apparaît confus, contradictoire et inexplicable à quelqu'un dont l'esprit est embrumé par l'émotion et qui est clair, simple et évident pour l'esprit du croyant. Ceux qui se laissent asservir par le sentimentalisme et ont rejeté au loin la raison se sont livrés au gré de satan et s'approchent peu à peu du tourment éternel vers lequel les attire le piège de l'idolâtrie.


ROMANTISME :

EXEMPLES

Et si Nous faisons goûter à l'homme une grâce de Notre part, et qu'ensuite Nous la lui arrachons, le voilà désespéré et ingrat. Et si Nous lui faisons goûter le bonheur, après qu'un malheur l'ait touché, il dira : "Les maux se sont éloignés de moi", et le voilà qui exulte, plein de gloriole. Sauf ceux qui sont endurants et font de bonnes œuvres. Ceux-là obtiendront pardon et une grosse récompense. (Sourate Hud, 9-11)

Le sentimentalisme obstrue l'esprit et rend l'homme vulnérable face à tous les pièges de satan, qui, en utilisant le sentimentalisme peut guider les gens sans religion vers toutes sortes de perversion, au gré de ses désirs. Nous avons étudié quelques exemples des stratégies qu'il adopte dans le premier chapitre de ce livre et nous avons vu comment des idéologies comme le nationalisme romantique et le communisme ont exploité le sentimentalisme pour mener des individus et des sociétés entières sur le chemin de la perdition.

Dans notre vie quotidienne sévissent divers types de sentimentalisme. Dans les pages qui suivent, nous passerons en revue les principaux avatars de ce sentimentalisme.

La morosité et le pessimisme

Les êtres humains ont été créés pourvus d'une nature qui prend plaisir au spectacle de la beauté et aspire à vivre dans le bonheur et le confort. Par conséquent il est tout à fait humain de vouloir se débarrasser des situations désagréables aussi vite que possible ou de vouloir les rendre plus plaisantes. Une âme paisible et un esprit saint sont des facteurs importants pour la santé de l'esprit comme celle du corps. Mais quand les gens réagissent selon leurs sentiments, désirs et passions sans tenir compte des enseignements du Coran, ils deviennent la proie du chagrin, du souci et de la peur. Quand l'homme n'arrive pas à comprendre le destin et ne sait pas s'en remettre à Allah, et se soumettre à Sa volonté comme Allah l'enseigne dans le Coran, il sera condamné à lutter en permanence contre l'anxiété provenant de l'ignorance de son futur ou celui de ses proches. Alors que s'il vit selon les principes de la religion qu'Allah a choisie pour lui et selon les règles morales du Coran, il ne connaîtra jamais l'anxiété ou d'autres souffrances de ce genre. Allah proclame cette vérité à travers Ses messagers quand Il dit :

... quiconque suit Mon guide ne s'égarera ni ne sera malheureux. Et quiconque se détourne de Mon rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne… (Sourate Ta-ha, 123-124)

Comme on le voit dans ce verset, beaucoup de gens se détournent du rappel d'Allah et vivent ainsi une existence agitée et malheureuse. Pire encore, comme ils vivent en pensant que tout est livré au hasard, ils éprouvent du regret quand ils considèrent comme handicape ou malchance ces événements qui pourraient se révéler ultérieurement avantageux pour eux. Les esprits sont continuellement agités par la crainte d'être licenciés, de se retrouver dans la misère, d'être trompés ou de tomber malades. Quand ils espèrent l'adulation, ils craignent d'être ridiculisés, quand ils espèrent la loyauté, ils redoutent d'être confrontés à l'ingratitude. Ils deviennent pessimistes quand ils se disent qu'une mauvaise nouvelle peut tomber à n'importe quel moment ou que quelqu'un pourrait leur tenir des propos désagréables. Mêmes dans leurs moments les plus heureux, ils sont anxieux car ces moments ne dureront pas pour l'éternité, et de fait leur vie devient un vrai cauchemar. Dans un verset, Allah décrit l'état d'anxiété dans lesquels vivent ceux qui négligent les enseignements du Coran :

Et puis, quiconque Allah veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l'Islam. Et quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et gênée, comme s'il s'efforçait de monter au ciel. Ainsi Allah inflige Sa punition à ceux qui ne croient pas. (Sourate al-Anam, 125)

Il est normal que ceux qui vivent en dehors des principes de la religion ressentent une telle peine et ne trouvent pas la paix de l'esprit, car ils passent leurs vies en compagnie de gens dépourvus des qualités morales enseignées par le Coran, comme l'amour, la compassion, l'abnégation, la loyauté et l'humilité. Le fait de vivre dans un système fait de mensonges et de tromperies, où on n'aide jamais personne sans arrière-pensée, où l'amitié se cultive en fonction de l'opportunisme, où la moindre erreur vous vaut une critique acerbe et où chacun traite autrui injustement, en le calomniant et ne lui disant jamais ce qu'il pense de lui, voilà autant de facteurs qui contribuent à rendre malheureuse une personne émotive.

Mais même si une telle personne vivait dans un environnement conforme à ses désirs, il y aurait très peu de changement. Même s'il y'a eu des évènements qui pourraient la rendre heureuse, elle trouverait le moyen d'y voir un aspect négatif. En effet elle a tendance à considérer toute chose comme négatif : qu'il pleuve, vente, qu'il fasse chaud ou froid, tout est bon pour justifier ses complaintes. Nous pourrions développer des exemples sur des pages et des pages pour montrer comment ces gens arrivent à trouver des raisons d'insatisfactions en toute occasion. C'est l'illustration de ce qu'Allah dit dans ce verset, " Qu'ils rient un peu et qu'ils pleurent beaucoup en récompense de ce qu'ils se sont acquis." (Sourate at-Tawbah, 82) Dans un autre passage Il évoque l'incroyant qui "quand le malheur le touche, (il) est abattu." (Sourate al-Maarij, 20)

Une autre raison essentielle qui explique le malheur de ceux qui n'ont pas de foi est que leurs projets n'évoluent jamais conformément à leurs souhaits. Par exemple une femme émotive prépare un repas pour son mari et se sent déçue parce que sa réaction n'est pas celle qu'elle attendait. Elle économise pour faire un cadeau à une amie, mais à nouveau elle s'attriste car elle trouve que cette amie n'a pas été si contente comme elle l'espérait. Elle achète une maison, mais trouve que le peintre n'a pas bien assorti les couleurs. Les raisons d'être malheureux sont innombrables : la défaite de son équipe de football préférée, l'obtention d'une note inférieure à celle qu'on espérait à un examen, arriver en retard au travail, subir un embouteillage, perdre sa montre, tacher son costume préféré dans une fête, tous ces incidents peuvent devenir des excuses pour se sentir malheureux.

Une personne qui analyse une situation de façon superficielle ou réagit émotionnellement est incapable de voir comment un incident apparemment fâcheux pourrait s'avérer bénéfique avec le temps. Imaginons quelqu'un qui serait contrarié d'avoir manqué son bus, mais que dirait-il s'il savait que ce bus fera un accident dans un moment ? Peut-être qu'Allah a décrété qu'il devait manquer ce bus pour éviter cet accident. Prenons un autre exemple : un conducteur manque une sortie qu'il a l'habitude d'emprunter et prend la mauvaise direction de chemin, examinant la situation d'un point de vue superficiel, il s'en veut parce qu'il devra conduire plus, mais pourtant c'est Allah qui lui a fait emprunter ce chemin, cela faisait donc partie de son destin.

Autre exemple, quelqu'un d'ignorant qui n'a pas obtenu le travail qu'il voulait, trouve l'occasion de se sentir triste et contrarié. Une telle personne estime que ce poste était incontestablement la meilleure chose qui pouvait lui arriver et que cet échec est donc une très grande perte, alors que celui qui a foi en Allah et le considère comme son Protecteur et Ami y verra un bien et s'y soumettra avec plaisir et satisfaction. Peut-être que l'environnement aurait pu nuire à sa santé, ou peut-être qu'une opportunité plus avantageuse encore lui s'offrira bientôt.

Enfin, si quelqu'un prend sa voiture le matin et constate qu'elle est en panne, il y verra dans sa grande ignorance, une grande malchance, mais si la voiture ne démarre pas, c'est Allah qui l'a décrété ainsi et il est certain qu'un bien se cache derrière cette situation. La personne confrontée à ce fait peut ne pas voir la raison cachée derrière cet incident, mais ce qui importe, c'est de se satisfaire du décret d'Allah.

Les gens aiment parler de malchance quand les choses ne se passent pas comme ils le voudraient, alors qu'il vaut mieux que les choses arrivent ainsi puisque c'est conforme à leur destin. Si Allah leur faisait voir la raison qui se cache derrière cette "malchance" qui les frustre, et le bénéfice qu'ils en tirent, au lieu de ne voir que leur contrariété et irritation, ils se rendraient compte à quel point ils étaient peu sages de se laisser aller à la tristesse et ils seraient plus joyeux. Si une personne pouvait prendre connaissance de la totalité de son destin et voit le rôle qu'y joue ce qu'elle appelle "infortune", elle ne ressentirait jamais de regret pour ce qui lui arrive.

De ce fait, le plus sage est de vivre dans la soumission à Allah. Il faut cependant préciser que nous y vivons tous, que nous en soyons conscients ou pas, mais qu'il est nécessaire que chacun en prenne conscience au cours de sa vie. Les croyants qui sont pourvus de cette croyance vivent dans la paix de l'esprit, observant avec un esprit apaisé le déroulement du destin qu'Allah a déterminé pour eux, aussi paisiblement qu'un spectateur devant un film. Ils savent que comme le Prophète Mohammed (pbsl) a dit : "La richesse ne consiste pas en d‘immenses possessions, mais la richesse consiste à se contenter de ce qu'on a."[13]

La plupart des gens croit qu'à part la naissance, l'heure de la mort et ce qu'Allah a réservé comme subsistance pour les êtres humains, la destinée ne détermine rien dans notre existence. Ils pensent que les événements arrivent par accident ou inadvertance et ne sont pas reliés à la destinée. Cette illusion les amène à se rebeller contre les choses qui ont été déterminées dans le cadre de leur destin et suscitent leur mélancolie. Ils voient en chaque événement une déception contre eux, ce qui les plonge dans un tourment permanent. De ce fait, les moments de bonheur et de joie sont toujours brefs et fluctuants chez les gens émotifs. Alors, quand ils connaissent un instant de joie, ils préfèrent se remémorer quelques expériences douloureuses et retomber ainsi dans leur mélancolie dépressive.

Ces facteurs sont les conséquences naturelles et inévitables d'une vie menée en dehors de la religion. Sans foi, l'homme est asservi à la mélancolie et au regret. De même, ceux qui vivent sur cette terre en toute insouciance, dilapidant leur existence sans se soucier des commandements d'Allah ou Ses proscriptions, connaîtront l'étendue de leur malheur dans l'au-delà :

Ils dirent : "Seigneur ! Notre malheur nous a vaincus, et nous étions des gens égarés." (Sourate al-Muminune, 106)

Il est vrai que dans ce monde Allah peut éprouver une personne en la confrontant à certaines difficultés et soucis. Mais le croyant ne s'abandonne pas à la mélancolie et au pessimisme, quand il doit faire face à de tels soucis, il ne réagit pas de façon purement émotionnelle. Il sait que c'est une épreuve d'Allah pour voir comment il agira devant les difficultés. Par conséquent verser des larmes ou sombrer dans de vains regrets n'est pas une solution, cette dernière consiste plutôt à chercher du secours auprès d'Allah, "N'est-ce pas Lui Qui répond à l'angoissé quand il L'invoque, et Qui enlève le mal." (Sourate an-Naml, 62), de ne s'en remettre qu'à Lui et d'être convaincu qu'Il entend ses prières et exaucera ses requêtes. Telle est la promesse qu'Allah a faite à Ses serviteurs :

En vérité, les bien-aimés d'Allah seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés, Ceux qui croient et qui craignent [Allah]. Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. – Il n'y aura pas de changement aux paroles d'Allah –. Voilà l'énorme succès ! (Sourate Yunus, 62-64)

Bien plus, Allah ne suscite ces moments éprouvants d'anxiété que pour une raison très particulière. Lorsqu'on y regarde avec foi et qu'on voit les raisons cachées derrière toutes les beautés qu'Allah a créées, on est touché par la compassion et notre sens de contentement augmente. Par conséquent la soumission à Allah nous apporte la sérénité de l'âme et la paix de l'esprit.

En revanche, le sentimentalisme dépossède l'homme d'être conscient qu'il est entre les mains d'Allah et l'amène à montrer une joie excessive ou un chagrin démesuré selon les situations. Allah montre dans le Coran que de tels êtres oscillent en permanence entre désespoir et arrogance, à la différence des croyants :

Et si Nous faisons goûter à l'homme une grâce de Notre part, et qu'ensuite Nous la lui arrachons, le voilà désespéré et ingrat. Et si Nous lui faisons goûter le bonheur, après qu'un malheur l'ait touché, il dira : "Les maux se sont éloignés de moi", et le voilà qui exulte, plein de gloriole. Sauf ceux qui sont endurants et font de bonnes œuvres. Ceux-là obtiendront pardon et une grosse récompense. (Sourate Hud, 9-11)

Colère et irascibilité

Le sentimentalisme se manifeste très souvent chez les femmes comme suit : tristesse, pessimisme, crises de larmes et pleurnicheries, alors que chez les hommes il se manifeste à travers la colère, l'irascibilité et l'agressivité. Par exemple, lorsqu'un homme se rend compte que quelqu'un lui a pris sa place de parking, aussitôt il se met à crier et donne un coup de pied dans la voiture de l'intrus. Ou si un passant le bouscule involontairement sur le trottoir il perd tout de suite son calme. Si son fils ou sa fille sort en oubliant la clé à la maison, si le serveur tarde à lui porter l'addition, si la secrétaire le fait attendre au téléphone, si un embouteillage l'agace, il s'énervera et dira ce qui lui passe en premier par la tête. Confronté à des problèmes qu'une personne rationnelle peut régler aisément, même sans occuper son esprit avec les détails, une personne émotive réagit de façon inutilement exagérée et la plupart du temps, elle ne fait que se faire du tort et passer pour ridicule.

Le sentimentalisme chez les hommes se manifeste sous l'orme de la colère et l'irascibilité, considérées comme des qualités d'un "dur", ou d'un "macho". Ce tempérament est un simple mélange de colère et de romantisme, et la plupart de ceux qui en sont affectés sont déséquilibrés et ont tendance à perdre leur sang froid. Dans un moment de rage, ils peuvent blesser voire tuer quelqu'un, même si la victime est un parfait inconnu. Les pages des journaux sont souvent remplies de crimes et délits commis par ce type d'individus. Une soirée qui avait bien commencé tourne mal dès qu'un homme émotif, agacé par quelque chose s'en prend à un ami ou à quelqu'un qui se trouve à coté de lui. Il arrive que pendant qu'il marchait dans la rue, il sortit son couteau et s'en serve contre un malheureux qui l'a regardé de travers, et dans l'espace d'une minute, il se laisse aller à ses pulsions et paie le prix en passant le reste de ses jours en prison. Mais le plus grave est que, s'il tue ou blesse quelqu'un sans raison valable, il aura commis un grave péché vis à vis d'Allah.

 L'émotivité irascible chez un individu est un danger potentiel qui peut éclater à tout instant et avoir de très graves conséquences. Une personne émotive peut se mettre en colère parce quelqu'un a fait un faux mouvement dans la circulation, parce qu'un inconnu la regarde d'une manière qui le rend mal à l'aise ou à cause d'un simple malentendu et elle réagit ensuite de façon qui lui attire toutes sortes d'ennuis.

Un autre exemple éloquent du manque de rationalité qu'entraîne l'émotivité se trouve dans le comportement qu'adoptent certains supporters après un match de football. Ils s'attaquent à des inconnus et essayent de les tuer avec des couteaux de table, des battes, etc. Leurs consciences sont aveuglées par un flot d'émotions qui en font un vrai fléau pour la société. Or Allah commande à l'homme de s'écarter de satan, de faire régner la paix et la sécurité, et non la colère et le conflit.

O les croyants ! Entrez en plein dans l'Islam, et ne suivez point les pas du diable, car il est certes pour vous un ennemi déclaré. (Sourate al-Baqarah, 208)

Le Prophète Mohammed a aussi prêché la sérénité entre les croyants en disant : "Le fort n'est pas celui qu'il l'emporte sur l'adversaire par sa force, mais celui qui se maîtrise dans la colère."[14]

Il est important ici de bien marquer la différence entre le sentimentalisme et la raison. La colère et la haine que l'on ressent devant des actes de cruauté nous rendent plus sensibles aux valeurs de justice, de paix et de bonté et nous exhortent à lutter pour l'éradication et la prévention du mal, et pour la défense des faibles et des innocents. Si le sens de la justice qu'Allah a donné à l'humanité n'est pas contrôlé par la volonté et la raison, il peut être détourné de sa vraie finalité jusqu’à éclater, par exemple, contre les supporters du club de football adverse. Les gens qui n'ont pas une forte volonté ni une grande sagesse sont incapables de maîtriser leurs émotions et peuvent être écartés du droit chemin au gré de satan. Dans un autre verset, Allah met en garde l'humanité contre satan :

O vous qui avez cru ! Ne suivez pas les pas du diable. Quiconque suit les pas du diable, [sachez que] celui-ci ordonne la turpitude et le blâmable. Et n'eussent été la grâce d'Allah envers vous et Sa miséricorde, nul d'entre vous n'aurait jamais été pur. Mais Allah purifie qui Il veut. Et Allah est audient et omniscient. (Sourate an-Nur, 21)

Une compassion satanique

Les gens qui ne se méfient pas des pièges de satan risquent de pervertir leur sens de la compassion qui est un don d'Allah et de l'utiliser de façon inappropriée. Une conception de la pitié qui s'oppose au décret divin est une compassion satanique. Les gens sentimentaux ne se réfèrent pas au Coran pour déterminer le moment de faire preuve de pitié et compassion, mais plutôt à leurs impulsions, ce qui fait qu'ils se fourvoient souvent dans ce domaine.

Par exemple il y a des gens qui sont très affectés par la mort d'enfants innocents ou d'animaux inoffensifs attendrissants. Leur compassion, orientée par satan, les conduit à se rebeller contre Allah et adopter une attitude blasphématoire envers Lui. (Allah est bien au-dessus de ce qu'ils Lui imputent.) Alors qu'une personne qui utilise sa raison pour se libérer d'un tel sentiment sera en mesure de voir la vérité telle qu'elle est.

Pour un enfant ou un croyant, la mort n'est pas une menace oppressante, c'est pour eux un soulagement, et une étape qui les rapproche de la vie éternelle. C'est la porte par laquelle Allah fait accéder Son serviteur à Sa présence. Mais du point de vue de satan et de ses alliés, la mort met fin à leurs passions effrénées, c'est le moment où la porte s'ouvre sur l'éternité de supplices qui leur a été promis. C'est pour cette raison que satan considère la mort comme quelque chose de vil et d'exécrable et la dépeint sous ce jour à ses partisans. De son point de vue, c'est vrai, mais ce n'est pas le cas pour les croyants et les innocents. Pour un être voué à la damnation, la mort est vraiment une chose affreuse, mais pour ceux qui sont destinés au paradis, c'est une promesse de félicité.

La conception satanique de la compassion nous conduit à faire preuve de compassion d'une façon qui ne sera bénéfique à personne et sera nuisible. Les gens qui vivent dans des sociétés athées ou païennes ferment les yeux sur les agissements des autres sans examiner si ces actions leur porteront préjudice dans la vie future. Par exemple ils tolèrent l'immoralité et ne réagissent pas quand quelqu'un commet un acte interdit par Allah. En fait, il arrive même qu'ils encouragent l'acte. Autre exemple : les parents d'un enfant suffisamment âgé pour jeûner qui ne lui permettent pas de le faire, car ils pensent qu'il ne pourra pas résister à la faim, ou encore quelqu'un qui ne s'applique pas à réveiller un membre de sa famille pour la prière de l'aube, tels gens ont une conception satanique de la compassion.

Le croyant évalue la compassion dont il doit faire preuve en fonction du bien qui en résultera dans la vie future. Parfois l'affection et la compassion qu'il ressent pour autrui l'amèneront à se montrer critique envers cette personne ou à la corriger pour son bien. Il critiquera une personne dont le comportement est répréhensible à ses yeux, il peut le dissuader de suivre une certaine voie, ou lui interdire le blâmable comme le recommande Allah. Telle est la vraie compassion. Quand un croyant parle de cette façon, il essaie de délivrer un message que l'autre prendra à cœur et qui l'empêchera de persévérer dans une attitude contraire aux leçons du Coran. Il ne veut pas le voir tomber dans les tourments de l'enfer dans l'au-delà, tourment dont personne ne revient. Pour cette raison, il l'encourage à vivre d'une façon qui est agréée par Allah, et de cette façon, il le prépare au paradis et c'est là, la plus grande marque de compassion. On ne doit pas oublier que le vrai manque de compassion consiste à contempler les mauvaises actions d'autrui sans tenir compte de ce qui l'attend dans la vie future.

Cette compassion satanique va la main en main avec l'injustice. Un croyant sage prend ses décisions en gardant à l'esprit l'idée de justice et la volonté d'Allah, tandis qu'une personne qui agit en se fiant à ses sentiments sataniques de pitié et de compassion a tendance à réagir injustement. Il agira selon l'orientation qui lui est donnée par son âme bestiale, ses sentiments, désirs et passions. Lorsqu'il est témoin d'un incident, il agit sans déterminer qui a droit et qui a tort, sans porter un jugement sage et éclairé, et sans se référer aux commandements du Coran. Il agira en fonction de sa compassion et généralement il s'impliquera et impliquera les autres dans des actions préjudiciables, à cause de ses décisions et méthodes contestables. Il est clair que la pitié qu'il ressent est bien éloignée de la vertu recommandée par Allah dans le Coran.

L'un des traits les plus distinctifs d'une personne émotive est son égoïsme. A première vue, ce type de personne semble agir par abnégation, mais en réalité son action est déterminée par la satisfaction de ses propres émotions. Pour cette raison, on ne doit pas s'attendre à ce qu'une personne émotive agisse de façon juste ou ait un véritable sens de l'équité. Quand elle se retrouve dans une situation qui n'est pas favorable à ses intérêts ou à ceux d'un proche, au lieu d'agir justement, elle prend des décisions injustes et contestables. Si on s'en réfère à elle pour son jugement, elle donnera un avis partial sur un ami ou un proche, ou bien elle portera un faux témoignage. Au contraire, l'une des caractéristiques majeures d'un croyant consiste à agir en toute justice. Dans le Coran, Allah recommande à tous la justice, non seulement vis-à-vis de nos proches, mais aussi envers nos ennemis :

O les croyants ! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l'ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu'il s'agisse d'un riche ou d'un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu'] Allah est parfaitement connaisseur de ce que vous faites. (Sourate an-Nisa, 135)

Dans un autre verset, Allah enjoint aux croyants d'être des témoins justes :


O les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l'équité... (Sourate al-Maidah, 8)

Cependant, il est impossible à une personne émotive d'obéir correctement à ces commandements, car son caractère est fondamentalement égoïste et ses jugements ne sont jamais objectifs. Elle agit toujours selon son intérêt, puis selon celui de sa famille et de ses amis et enfin, selon celui de ceux qui lui sont sympathiques. Elle ferme les yeux devant l'immoralité et même devant des actes qui pourraient être considérés comme des crimes.

Le sentiment de gratitude

L'un des sentiments les plus forts qu'on puisse ressentir est la "gratitude". Un être humain, à chaque instant de sa vie et dès sa naissance, reçoit constamment un flot de bienfaits. Comme ces bienfaits lui parviennent par certaines voies, l'homme tend à diriger sa gratitude vers ces sources. Mais seul Allah mérite cette gratitude. Dans le Coran cette attitude est désignée comme le fait de remercier. Ceci montre que tous les bienfaits, quelle qu'en soit la source, proviennent d'Allah et qu'Il est le seul Dispensateur de la subsistance, c'est une expression viscérale de notre gratitude dirigée exclusivement vers Allah.

Dans le Coran, il est dit que remercier Allah seul et Lui adresser toute notre gratitude est la marque du vrai croyant :

O les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Allah, si c'est Lui que vous adorez. (Sourate al-Baqarah, 172)

Mangez donc de ce qu'Allah vous a attribué de licite et de bon. Et soyez reconnaissants pour les bienfaits d'Allah, si c'est Lui que vous adorez. (Sourate an-Nahl, 114)

D'après ces versets, il est clair que remercier Allah, en tant que le seul Dieu et n'attribuer le statut de divinité à nul autre dans la création est le signe d'une adoration authentique. Une personne qui rend grâce à Allah est consciente que tous les bienfaits proviennent de Lui, que tout est sous Son contrôle et qu'hormis Allah, il n'y a pas de divinité. Une personne consciente que tous les bienfaits viennent d'Allah croit fermement que toute puissance et toute autorité lui appartiennent. C'est l'être idéal décrit et loué par Allah dans le Coran.

Les gens émotifs ont tendance à faire tout le contraire. Ils attribuent les bienfaits qu'ils ont reçus aux conditions matérielles ou aux personnes à travers lesquelles Allah a agi, et c'est auprès de ces intermédiaires qu'ils cherchent secours. C'est envers eux qu'ils éprouvent de la gratitude. En bref, ils suscitent ainsi une foule de faux dieux auxquels ils attribuent un pouvoir divin. Comme ils n'utilisent pas de leur raison, ils ne peuvent pas se rendre compte que c'est Allah qui a créé ce qu'ils vénèrent et que tout ce qu'ils accomplissent est réalisé par Lui et que, sans Son pouvoir et Son commandement, ils n'auraient pas la capacité ni la possibilité de faire quoi que ce soit.

Cette mauvaise gratitude est honteuse pour les gens émotifs. Leur soumission devant le patron, un membre aîné de la famille ou un riche parent les plonge dans la dépression, et cela se reflète dans la façon dont ils parlent et agissent. Ce type de comportement est l'un des nombreux vices qu'engendre le romantisme qui ne convient pas à un croyant.

L'introversion

Chez certaines personnes, le romantisme prend la forme de l'introversion, l'incapacité à communiquer avec autrui. Dans ce type de sentimentalisme, l'individu vit dans son monde, s'immerge dans ses propres problèmes, ne s'intéresse pas au monde qui l'entoure et il est incapable d'agir. Comme il n'a pas la force de caractère recommandée dans le Coran, il n'est pas en mesure de faire face aux réalités extérieures. Il ne cherche pas à régler les problèmes qu'il affronte, et se sent toujours faible, impuissant et inutile. Etant donné qu'il ne s'en remet pas à Allah et ne se fie pas à Son aide indéfectible, il se sent seul au monde, sans allié. C'est pourquoi il redoute de quitter le monde onirique qu'il s'est créé.

La mélancolie ainsi créée par le sentimentalisme peut conduire ce type de personnes à la dépression. Les gens émotifs sont particulièrement exposés à la solitude, au stress, aux crises nerveuses. Ils trouvent toujours des raisons pour expliquer leur chagrin, leur tristesse, leur dépression et envie de suicide. Par exemple une fille qui a été victime de la farce d'une amie trouve normal de passer la nuit à pleurer et à se demander pourquoi son amie a dit une telle chose. Dans d'autres cas, avoir les cheveux grisonnants ou un autre défaut physique suffit à sombrer dans la dépression. "Pourquoi mes yeux ne sont-ils pas d'une autre couleur ?", "Pourquoi ne suis-je pas un peu plus grande ?"… Il y a ainsi des centaines, des milliers de questions semblables qui, chez de tels êtres, sont considérées "graves" et justifient ainsi leur dépression.

Vous trouverez souvent ce genre de personnes assises dans le noir, en train de penser, d'écrire des poèmes mélancoliques, de regarder le mur pendant des heures en rêvassant, ou bien vous les verrez marcher sous la pluie, soupirant profondément, pleurant et parlant avec une voix tremblante. Certaines d'entre elles se mettront à boire ou à fumer pour trouver un soi-disant exutoire à leur chagrin. Ces gens sont victimes du mal-vivre au sein d'un univers qu'ils trouvent sombre et s'abandonnent à une misère physique et morale vu qu'ils ont choisi un comportement et une morale réprouvés par Allah.

 Il est certain, que s'ils le pouvaient, ils passeraient leurs vies recluses dans leurs chambres. Bien qu'ils aient une vie sociale, ils traînent toujours avec eux leur émotivité en public. Ils sont en général assez fragiles et se sentent facilement heurtés. Ils interprètent chaque parole comme une attaque dirigée contre eux, se sentent facilement démoralisés et offensés. A la moindre provocation, leurs yeux s'embuent de larmes et ils se mettent même à pleurer discrètement.

Il est clair que ce genre de comportements se produit parce que les gens ont délaissé la voie d'Allah et ont suivi celle de satan en devenant esclaves de leurs passions et désirs. Allah délivre cet avertissement à l'humanité dans le Coran :

... ne suivez point les pas du diable car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré. Il ne vous commande que le mal et la turpitude et de dire contre Allah ce que vous ne savez pas. (Sourate al-Baqarah, 168-169)

Tous les types de sentimentalisme que nous avons énumérés jusque-là sont présents à un certain degré chez ceux qui ont abjuré la raison au profit de leurs passions. Mais ils prennent des formes différentes selon les personnes et les circonstances. Ainsi une personne irascible et irritable, aussi dure et rude qu'elle paraisse, cherche à cacher son sentimentalisme sous son irascibilité. Une telle personne peut se ridiculiser en versant brusquement des larmes ou en pleurnichant. En bref, celui qui n'a pas la foi, ou n'a pas la sagesse propre au croyant, sera affligé d'une faiblesse de caractère et d'esprit qui résulte de son sentimentalisme. Cette sentimentalité se manifestera à travers diverses manières de comportements déséquilibrés, selon les circonstances, la situation, l'environnement.

On ne trouve pas de sentimentalisme chez les croyants qui ont foi et crainte en Allah, puisque satan n'a aucun pouvoir sur les pieux, il ne peut utiliser l'arme du sentimentalisme contre eux. Allah adresse ainsi ces propos à satan dans la sourate al-Hijr, verset 43 "Sur Mes serviteurs tu n'auras aucune autorité, excepté sur celui qui te suivra parmi les dévoyés." C'est pour cela que les croyants possèdent un caractère renforcé par la foi, la sagesse et leur obéissance au Coran, ils sont forts, sains, équilibrés et ont une acuité particulière dans leurs perceptions.

L'amour romantique est aujourd'hui une des formes les plus communes du sentimentalisme. Ce sentiment est vécu de diverses façons par différentes personnes et se manifeste dans les relations familiales et amicales, néanmoins il concerne surtout la relation qui unit un homme à une femme.

Etant donné que la notion d'amour romantique est la forme la plus répandue et la plus perverse que peut prendre le sentimentalisme, nous lui consacrerons un chapitre entier.

La conception romantique de l'amour

Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d'Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l'amour d'Allah. Quand les injustes verront le châtiment, ils sauront que la force tout entière est à Allah et qu'Allah est dur en châtiment !... (Sourate al-Baqarah, 165)

Avant d'évoquer la conception romantique d'amour, nous rappelons la vraie conception d'amour chez le croyant. Une personne habitée par la conscience et la foi sait qu'Allah est Celui Auquel s'adresse sa foi et Duquel il doit s'approcher avec un cœur plein d'amour, car c'est Allah Qui l'a créé, lui a donné un corps, un esprit, une conscience, ainsi que la foi, et tout ce qu'il possède. Plus encore, quand le croyant se soumet et proclame son obéissance, Allah le comble par la promesse de Son agrément permanent et la grâce infinie de Son amour.

 Tous ces bienfaits sont accordés librement, par Sa grâce et sa compassion. De ce fait, au sens vrai du terme, il n'y a qu'Allah Qui soit digne d'amour. Allah avertit les croyants dans le Coran en leur disant : "Et à ton Seigneur aspire !" (Sourate as-Sarh, 8)

L'amour que les hommes se portent mutuellement devrait aussi avoir sa source en Allah. Celui qui aime Allah éprouve de la compassion envers ceux qui Lui obéissent : l'amour authentique qui naît des qualités d'Allah qui se manifestent chez ces hommes.

Une autre justification de l'affection que nous portons à autrui réside dans l'intérêt et l'attraction que nous ressentons pour les nobles qualités que possèdent l'être aimé. Quand cet intérêt et cet attrait rencontre un écho similaire chez l'autre, la relation devient une affection solide. Mais ce qui importe ici, c'est de déterminer l'origine de ces qualités et de concentrer notre intérêt, notre attrait et notre amour vers cet être, qui n'est autre qu'Allah, source de toute beauté et de toute belle qualité, et les vertus attribuées à Ses créatures ne sont qu'une partie de Ses qualités éternelles. Les serviteurs ne font que réfléchir à Ses nobles qualités.

Dès lors, on peut dire qu'on n'éprouve d'amour que pour Allah. L'amour que nous ressentons pour les objets à travers lesquels Ses attributs se réfléchissent doit être cultivé en son nom, et ne gardant que lui dans notre cœur et esprit. C'est l'un des signes qui prouvent qu'on idolâtre quelqu'un en tant que créature d'Allah, et qu'on considère que cette personne ou chose a une existence ou un pouvoir indépendant de Allah et qu'on aime comme on devrait aimer Allah. (Allah est bien au-dessus de ce qu'ils Lui imputent.)

Il existe plusieurs types d'idolâtrie dans la société qui naissent d'un amour illégitime. Idolâtrer son père, son fils, sa femme, sa famille ou ses ancêtres en dehors d'Allah sont autant d'exemples de formes illégitimes et dévoyées de l'amour.

Dans le verset suivant, Abraham explique comment les païens, au nom d'un amour et d'un respect mutuel entre eux, ont délaissé le culte d'Allah au profit des idoles :

Et [Abraham] dit : "En effet, c'est pour cimenter des liens entre vous-même dans la vie présente, que vous avez adopté des idoles, en dehors d'Allah. Ensuite, le jour de la résurrection, les uns rejetteront les autres, et les uns maudiront les autres, tandis que vous aurez le feu pour refuge, et vous n'aurez pas de protecteurs." (Sourate al-Ankabut, 25)

Allah nous explique dans le Coran comment ces liens d'affection se muent en haine et trahison le jour du jugement. La raison est que lorsque les gens établissent un lien d'amour ou d'adoration inapproprié entre eux, ils s'érigent en idoles les uns des autres, pour leur plus grand malheur. Pour ceux qui reconnaissent Allah comme leur seul Dieu, il est impossible de placer un autre être au même rang qu'Allah ou d'aimer cette chose ou cette personne plus que Lui. Les idolâtres font le contraire, comme le montre ce verset :

Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d'Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l'amour d'Allah. Quand les injustes verront le châtiment, ils sauront que la force tout entière est à Allah et qu'Allah est dur en châtiment !... (Sourate al-Baqarah, 165)

Dans le verset cité, la relation d'amour qui unit les croyants à Allah nous est expliquée. Cependant, on ne peut associer la foi avec quelqu'un qui adore quelque chose ou quelqu'un plus qu'Allah. S'il affirme le contraire, il est clair qu'il n'est pas sincère ou qu'il a une mauvaise compréhension d'Allah et de Sa religion. En effet, la fin du verset indique que ceux qui adorent quelque chose en dehors d'Allah ont une perception faussée et incomplète de Lui.

Comme "ces gens ne savent pas appréhender Allah comme ils le devraient" (Sourate az-Zumar, 64-65), ils dirigent leur affection vers eux-mêmes ou vers d'autres gens : leurs pères, fils, maris, femmes, frères, sœurs, petits amis, les gens qu'ils considèrent comme des exemples ou qu'ils admirent : la liste est longue. Certains vont jusqu'à idolâtrer des choses inanimées ou des concepts abstraits. Ainsi on peut idolâtrer l'argent, une maison, une voiture, une équipe de football ou des valeurs comme le pouvoir, le statut social. En bref, une adoration qui n'est pas guidée par la foi tombe en partie dans l'idolâtrie. Parce que cet amour n'est pas orienté vers Allah, il s'agit d'un amour romantique. Dans le Coran, Allah dit que ce type d'amour n'apporte aucun avantage et que le seul succès consiste à Le retrouver :

On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs ; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près d'Allah qu'il y a bon retour. (Sourate al-Imran, 14)

Nous devons aimer toutes ces choses en tant que créatures qu'Allah nous a accordées comme bienfaits. L'amour humain est notamment un merveilleux sentiment créé par Allah. Dans le Coran, Allah dit qu'Il a créé l'homme dans "la meilleure des formes". Par conséquent il incombe au croyant de nourrir de l'affection pour ceux qui en sont dignes, ceux qui obéissent à Allah et ont un bon caractère. Le véritable amour, celui que ressent le croyant n'a rien de comparable avec l'amour si répandu dans les sociétés athées. C'est un sentiment sublime et bien plus profond.

Dans les pages suivantes, nous examinerons le cas des êtres incapables de connaître ce merveilleux sentiment qui est un bienfait d'Allah et concentrer notre attention sur les relations entre les hommes et les femmes où l'amour tend souvent à dégénérer en idolâtrie.

L'amour idolâtre entre un homme et une femme

Dans la relation qui unit un homme et une femme, l'établissement de liens qui sortent du cadre approuvé par Allah fait partie des facteurs qui mènent le plus inévitablement à l'idolâtrie. Cela se manifeste aussi bien dans le mariage que dans le concubinage qui aujourd'hui est une pratique tout à fait admise.

Dans cette conception romantique de l'amour, "les amoureux" font l'un pour l'autre des devoirs qui ne sont dus qu'à Allah, ils éprouvent l'un pour l'autre des sentiments qui devraient être réservés à Allah, comme s'ils avaient une existence indépendante de Lui. Ces individus, au lieu de vivre dans le souvenir constant d'Allah, ne pensent qu'à eux. Quand ils ouvrent les yeux le matin, au lieu de remercier Allah pour ce nouveau jour qui s'offre à eux, ils pensent à leur amour, cherchent à se plaire mutuellement, et non pas plaire à Allah. Ils sont prêts à se sacrifier l'un pour l'autre, mais pas pour Allah.

En bref, ils deviennent des dieux l'un pour l'autre. De même lorsque nous étudions les manifestations de cette conception erronée de l'amour qui se répand partout dans le monde, nous voyons que ces couples romantiques n'hésitent pas à se déclarer leurs flammes par des expressions telles que "je t'adore, où que j'aille je pense à toi", et autres phrases de ce type. Mais où que l'on aille et où que l'on soit, seul Allah mérite d'être adoré, Lui Qui est le Maître de l'univers.

Comme nous l'avons vu, l'amour romantique apparaît comme quelque chose d'innocent alors qu'il s'agit d'une idolâtrie réprouvée par Allah, mais satan rend les hommes aveugles à la vérité de façon à rendre ses mensonges plaisants et c'est ainsi qu'il mène les hommes sur la voie qu‘il leur montre :

Par Allah ! Nous avons effectivement envoyé (des messagers) à des communautés avant toi. Mais le diable leur enjoliva ce qu'ils faisaient. C'est lui qui est, leur allié, aujourd'hui [dans ce monde]. Et ils auront un châtiment douloureux [dans l'au- delà]. (Sourate an-Nahl, 63)

… Le diable, cependant, leur avait embelli leurs actions, au point de les repousser loin du sentier ; ils étaient pourtant invités à être clairvoyants. (Sourate al-Ankabut, 38)

Allah attire notre attention dans le Coran sur la passion démesurée que l'on peut éprouver pour une femme dans ce genre d'amour romantique. N'importe quelle femme peut devenir le réceptacle de cet amour : une femme, épouse, une petite amie, voire une connaissance éloignée et platonique. Si cet amour nous empêche de nous remémorer Allah comme nous le devrions faire ou rend cette personne plus chère à notre cœur qu'Allah, nous seront conduits à l'idolâtrie. Cette menace concerne les hommes et les femmes.

Les gens qui se laissent absorber dans ce type de relations romantiques ne sont pas conscients des dangers qu'ils encourent par leur propre faute. Comme ils ont suivi, depuis leur enfance, les exemples d'une société dévoyée ignorant que le Coran était leur seul guide sur le droit chemin, ils ne se rendent pas compte que leurs choix de vie sont blâmables au regard d'Allah. Etant donné qu'ils vivent sans connaissance de Lui, ils tombent dans le piège de l'ignorance bien qu'ils croient être sur le droit chemin. Mais comme ils n'ont pas foi en Allah, leur sagesse et raisonnement sont aveugles.

Envahis par cet amour irréfléchi, les hommes et les femmes qui se sont érigés en idoles des uns et des autres en viennent souvent à des actes d'autodestruction. Par exemple un jeune couple d'amoureux peut s'égarer au point d'envisager le suicide. Quand les circonstances s'opposent à leur amour, ils sautent du haut d'un pont, main dans la main, pour immortaliser leur amour et que leurs âmes soient réunies dans l'éternité ou pour quelque autre motif tout aussi déraisonnable. En faisant cela, ils ne voient pas qu'ils sont en train de se jeter dans le gouffre de l'enfer. Ils commettent un acte interdit, sans voir sa gravité, espérant être réunis après la mort et non rejoindre Allah. Ils ne prendront conscience de leur erreur que lorsqu'ils verront l'ange de la mort, au dernier instant de leur vie, mais il sera trop tard. Les journaux fourmillent de lettres désespérées laissées par des gens qui se sont suicidés au nom d'un amour non partagé. Ces exemples montrent clairement à quel point le romantisme obstrue l'esprit et la conscience d'une personne.

Mais quand l'aveuglement cesse et que la personne se rend compte que la promesse du châtiment éternel est bien réelle, elle essayera de se sauver en offrant comme rançon l'être qu'elle chérissait si fort et dont elle avait fait son dieu sous l'influence du romantisme. Ce comportement ultime est décrit dans un verset du Coran comme suit :


Bien qu'ils se voient l'un l'autre. Le criminel aimerait pouvoir se racheter du châtiment de ce jour, en livrant ses enfants, sa compagne, son frère, même son clan qui lui donnait asile, et tout ce qui est sur la terre, tout, qui pourrait le sauver. (Sourate al-Maarij, 11-14)

La même situation est décrite dans un autre verset :

Le jour où l'homme s'enfuira de son frère, de sa mère, de son père, de sa compagne et de ses enfants, car chacun d'eux, ce jour-là, aura son propre cas pour l'occuper. (Sourate Abasa, 34-37)

Ce type d'amour romantique qui mène à l'idolâtrie est devenu tout à fait acceptable dans les sociétés incroyantes où on le qualifie "d'amour innocent, pur", "sentiment authentique". Il est même encensé et encouragé. Habituellement, c'est à leur jeune âge que les gens succombent à l'influence du romantisme qui empêche ainsi le développement de leur esprit et conscience, les maintient dans l'ignorance de la religion, de la foi et du but de la création. Ils ont oublié Allah et ne savent pas ce que signifie L'aimer ou Le craindre. L'idolâtrie est devenue la pratique commune à toute une génération dévoyée.

 La télévision et les films proposent souvent des programmes empreints de romantisme et de sentimentalisme. Ils prétendent que le sentimentalisme est un penchant naturel de l'être humain. La romance est le thème le plus vendu en musique, poésie et littérature. Satan sait très bien que le sentimentalisme est une maladie qui empêche les gens de penser correctement, de voir lucidement la réalité, de se remémorer Allah et de voir le but de la création et de l'au-delà et qu'il détourne les gens de la pratique de la religion en les menant vers l'idolâtrie. De fait, il essaie de dévoyer la société en la bombardant de thèmes sentimentaux.

Par conséquent, ceux qui pensent que l'idolâtrie se limite au culte des faux dieux faits de pierre et de bois devraient faire attention et ne pas se croire à l'abri du danger, ils devraient être certains qu'au jour du jugement ils seront parmi ceux qui diront, "Par Allah notre Seigneur ! Nous n'étions jamais des associateurs." (Sourate al-Anam, 23)

L'amour d'un croyant

En bref, diriger ses sentiments d'adoration vers un autre être qu'Allah est un acte grave qui mène à l'idolâtrie. Quant aux croyants, comme nous l'avons déjà dit, ils n'adorent qu'Allah ; ils aiment aussi leurs congénères et la création toute entière car ils reconnaissent en eux la manifestation de Ses qualités. Ils n'aiment qu'au nom d'Allah. Ils n'aiment rien indépendamment de Lui. Le Prophète Mohammed (pbsl) a également attiré notre attention sur ce point en disant "Celui de vos successeurs qui mourra sans avoir rien associé à Allah entrera au paradis."[15] C'est à la fois la preuve et la condition nécessaire de la foi.

L'amour d'un croyant est pur et limpide et crée une gaité dans son cœur, car Allah est le véritable être digne de cet amour. C'est la raison pour laquelle un croyant ne pleure pas la mort des êtres chers, car leurs qualités n'étaient que le reflet des qualités divines, pas plus qu'il n'est déçu de perdre un bien auquel il tenait. Il sait que le détenteur du bien matériel et spirituel que contenait cet objet d'amour, ainsi que la beauté qu'il y trouvait, était un reflet d'Allah. Or Allah est éternel, indestructible et plus important encore, Il est plus proche de nous que notre veine jugulaire. Par conséquent il n'y a pas de raison pour s'attrister si Allah, afin de nous éprouver, nous retire temporairement cet objet dans lequel il se reflétait. Si nous persistons dans notre foi et notre perception des choses, tout ce que nous souhaitons dans ce monde et dans l'autre nous sera accordé en abondance comme autant de manifestations de beauté divine.

Aussi, il n'y a aucune situation qui devrait causer de la peine à un croyant ou le plonger dans la détresse, car il a découvert le secret et atteint la foi pure. Allah décrit l'état spirituel du croyant en ces mots :

Ceux qui disent : "Notre Seigneur est Allah" et qui ensuite se tiennent sur le droit chemin. Ils ne doivent avoir aucune crainte et ne seront point affligés. (Sourate Ya-Sin, 13)


LES TROUBLES PHYSIQUES CAUSES

PAR LE ROMANTISME

En vérité, Allah n'est point injuste à l'égard des gens, mais ce sont les gens qui font du tord à eux-mêmes. (Sourate Yunus, 44)

En plus des dommages mentaux et spirituels que le romantisme cause, il provoque aussi une détérioration de l'état physique de l'individu. Les plus importants sont ces modifications visibles qu'une personne est incapable de cacher. Il est normal que si une personne qui vit une détresse morale est victime de tensions et de soucis, ces souffrances vont se refléter dans son apparence. Les expressions faciales d'une personne émotive, les gestes de ses mains, le ton de sa voix, tout en elle révèle que sa personnalité est régie par le sentimentalisme.

Chez les gens émotifs nous remarquons les traits caractéristiques que génère une maladie psychosomatique ou mentale. Quand leurs corps perdent leur résistance physique, ils deviennent faibles, leur système immunitaire s‘effondre et ils peuvent être atteints par toute sorte de maladie sans que leur santé ne se rétablisse.

Avec ces maladies surviennent d‘autres changements : on perd ses cheveux ou bien ceux-ci deviennent gris et ternes, la peau perd sa brillance et son élasticité et devient sèche, moins épaisse, ridée, craquelée, ce qui la rend plus sensible aux infections. Plus grave encore, et comme les cellules ont du mal à se régénérer, la personne semble avoir une maladie permanente de peau ; son teint est jaunâtre et ses yeux ternes. De fait il est évident que les gens enclins à souffrir de mélancolie romantique se créent continuellement des problèmes, et vieillissent prématurément. Leurs corps ne peuvent supporter le poids d'années entières de tensions continues, d'éclats de colère émotionnelle et d'agitation mentale. La conséquence en est qu'ils manifestent très tôt des signes de vieillissement et autres formes de détérioration physique.

Ce n'est pas le seul des dommages physiques que le sentimentalisme peut infliger à une personne, de plus, sa tempérance interne et sa mélancolie se reflètent sur son visage et son attitude : tout son dynamisme, son énergie, son entrain pour la vie et l'amour sont sérieusement réduits et cela se répercute sur sa santé physique. A cause de l'éclat morne de son regard, l'aspect terne de ses cheveux et de la tension qui crispe les muscles de son visage, son expression est tendue, sinistre et désagréable. Ce ne sont que quelques exemples des modifications physiques qui peuvent apparaître. Par contre, les gens qui sont joyeux, calmes et pondérés vivent bien plus longtemps que ceux qui sont tendus, stressés et prompts aux larmes et il est scientifiquement prouvé qu'ils sont en meilleure santé.

Ces personnes, confrontés à ces changements physiques, rendent encore plus terrible le cauchemar de leur vie au lieu de penser au caractère éphémère de ce monde, à leur impuissance, et à se soumettre à Allah. Comme ils ne voient aucun bien qui pourrait leur venir en prenant de l'âge, ils désespèrent et sont assiégés par une anxiété permanente. Prisonniers d'un cercle vicieux, Ils subissent un fardeau dont ils sont physiquement incapables de s'en débarrasser. En fait, les médecins ont constaté qu'il y'a beaucoup de maladies qui naissent de la tristesse, de l'anxiété et du stress et que le remède consiste à retrouver la joie de vivre et se montrer plus optimiste.

On a montré qu'un certain nombre de phénomènes : troubles de sommeil et d'alimentation, tension artérielle trop basse ou trop élevée, problèmes cardiaques, hépatiques ou gastriques, asthmes, allergies, eczéma, psoriasis, migraines, cancer et d'autres maux encore puisent leur source dans le stress et la dépression. Quand le corps est confronté au stress, une réaction biochimique se produit et élève la dépense énergétique à son niveau maximum et si le niveau de stress reste élevé, un déséquilibre se produira au niveau des fonctions physiologiques.

Des experts ont écrit au sujet du lien entre le stress et la douleur :

Il y a une corrélation significative entre le stress, la tension et la douleur qui en résulte. La tension issue du stress provoque la contraction des veines et empêche le sang d'atteindre certaines parties du cerveau. D'autre part, le fait de ne pas irriguer un tissu pendant un certain temps est une cause directe de douleur, car le besoin d'oxygène supplémentaire dans les tissus soumis à la tension ainsi que le manque de sang dans ces tissus stimule les récepteurs de la douleur. En même temps, l'organisme secret de l'adrénaline et de la noradrénaline, des substances qui affectent le système nerveux quand il est soumis au stress. Celles-ci augmentent la tension des muscles directement ou indirectement. Ainsi, la douleur cause la tension qui à son tour suscite l‘anxiété qui provoque l‘augmentation de la douleur.[16]

Le stress et les phénomènes liés à la dépression, tels que la perte de mémoire, le manque de concentration, de jugement et de réflexion, les tics nerveux et autres mouvements incontrôlés sont présents chez les gens qui n'ont pas la foi, alors que les croyants sont des êtres physiquement et mentalement équilibrés. Car la vraie paix de l'esprit et la joie durable ne sont atteintes que lorsqu'on se soumet à Allah et qu'on s'en remet à Lui. La joie et la sérénité du croyant ne l'abandonnent jamais, car il s'est soumis à Allah et au destin qu'Il a créé et vit en se fiant à Lui. Par la grâce d'Allah, il ne connaîtra pas le déclin de ses forces physique.

La mélancolie que le romantisme instille chez les hommes est un mal terrible dont on ne peut se débarrasser que par la soumission et la joie que nous apporte la foi. Les croyants en chemin pour le paradis loueront Allah en ces termes :

Et ils diront : "Louange à Allah Qui a écarté de nous l'affliction. Notre Seigneur est certes pardonneur et reconnaissant." (Sourate Fatir, 34)


CONCLUSION :

COMMENT ECHAPPER AU FLEAU

DU ROMANTISME ?

Le sentimentalisme est l'une des tares morales les plus communes chez ceux qui ont adopté un autre mode de vie que celui de la religion. Mais contrairement à ce qu'on pense, ce n'est pas quelque chose avec laquelle on naît et à laquelle on ne pourrait rien changer. C'est un état spirituel que l'on adopte consciemment ou inconsciemment. Ceux qui prétendent que l'introversion, la mélancolie et l'irascibilité ne peuvent être contrôlés par la volonté verront en y réfléchissant bien que leur thèse n'est pas soutenable. Par exemple, si on offre une grande somme d'argent ou un objet de valeur à une personne mélancolique, elle sera aussitôt transportée de joie, ce qui prouve que si on le souhaite vraiment, on peut facilement faire disparaître cette attitude négative. Cela montre aussi que ce sentimentalisme affiché est un manque de considération pour l'entourage et constitue l'exemple typique de se faire du tord à soi-même, comme le dit Allah dans le Coran :

En vérité, Allah n'est point injuste à l'égard des gens, mais ce sont les gens qui font du tord à eux-mêmes. (Sourate Yunus, 44)

Mais les gens sentimentaux ne perçoivent pas cette vérité, car ils sont continuellement plongés dans un état d'esprit mélancolique et désespéré. Peu importe ce qui arrive, ils trouveront toujours une raison d'être tristes et anxieux. En réalité ces gens ne font que se léser eux-mêmes. Allah le prouve dans le verset qui suit :

Et quand Nous faisons goûter une miséricorde aux gens, ils en exultent. Mais si un malheur les atteint à cause de ce que leurs propres mains ont préparé, voilà qu'ils désespèrent. (Sourate ar-Rum, 36)

Afin d'échapper à cet état d'esprit romantique et guérir de cette maladie, il faut être sur ses gardes, en ayant toute sa conscience, et se méfier des promesses et illusions de satan. Seul un homme de foi en est capable.

Un vrai croyant estimera que la faiblesse du romantisme ne sied pas à sa condition. Bien plus, grâce à sa morale supérieure et sa conversation, il est naturellement content. La lumière et l'éclat qui émanent de son comportement vertueux rendent les gens heureux et joyeux, même dans les pires difficultés. Une telle attitude lui offre la perspective d'une vie paisible et honorable en ce monde et une existence pleine de félicité dans l'autre monde. Par conséquent, pour le croyant dont l'état d'esprit et le comportement plaisent à Allah, il n'y a rien qui peut lui apporter tristesse ou anxiété, et rien ne peut le faire sombrer dans le pessimisme. Allah révèle à ce sujet :


Et Allah sauvera ceux qui ont été pieux en leur faisant gagner [leur place au paradis]. Nul mal ne les touchera et ils ne seront point affligés. (Sourate az-Zumar, 61)

Bien plus, pour le croyant, la joie, le bonheur, la paix et la sécurité sont les simples reflets terrestres des conditions de vies qui prévalent au paradis. Ces plaisirs commencent sur terre, et quand ceux qui ont placé leurs espoirs en Allah accèderont au paradis, ils découvriront que ces délices dureront pour l'éternité. Allah décrit dans le Coran la félicité dont jouissent les croyants dans l'au-delà :

Allah les protégera donc du mal de ce jour-là, et leur fera rencontrer la splendeur et la joie, (Sourate al-Insan, 11)

Dans un autre verset, Allah révèle la différence qui distinguera croyants et incroyants au jour du jugement :

Ce jour-là, il y aura des visages rayonnants, riants et réjouis. De même qu'il y aura, ce jour-là, des visages couverts de poussière, recouverts de ténèbres. Voilà les infidèles, les libertins. (Sourate Abasa, 38-42)

Les incroyants dans l'au-delà connaîtront les dures réalités du séjour en enfer qu'ils ont mérité en cette vie en succombant aux tentations de satan ; une vie qui durera éternellement en accroissant leurs souffrances. Les délices des croyants au paradis en revanche perdureront à jamais, pour l'éternité.

Le jour où cela arrivera, nulle âme ne parlera qu'avec Sa permission (celle d'Allah). Il y aura des damnés et des heureux. Ceux qui sont damnés seront dans le feu où ils ont des soupirs et des sanglots. Pour y demeurer éternellement tant que dureront les cieux et la terre - à moins que ton Seigneur décide autrement - car ton Seigneur fait absolument tout ce qu'Il veut. Et quant aux bienheureux, ils seront au paradis, pour y demeurer éternellement tant que dureront les cieux et la terre - à moins que ton Seigneur n'en décide autrement - c'est là un don qui n'est jamais interrompu. (Sourate Hud, 105-108)

Ils dirent : "Gloire à Toi ! Nous n'avons de savoir que ce que Tu nous a appris. Certes c'est Toi l'Omniscient, le Sage." (Sourate al-Baqarah, 32)


NOTES

1- Michael Howard, The Occult Conspiracy: The Secret History of Mystics, Templars, Masons and Occult Societies, Rider & Co Ltd, Londres, 1989, p. 106

2 - Gerhard Rempel, "Reform, Liberation and Romanticism in Prussia,"

http:://mars.wnec.edu/~grempel/courses/germany/lectures/07reform.html

3- Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, The Messianic Legacy, Corgi Books, Londres, 1991, p. 199

4- M.F. Ashley-Montagu, Man in Process, World Pub. Co., New York, 1961, pp. 76-77 ; cité dans Bolton Davidheiser, W E Lammers (ed) Scientific Studies in Special Creationism, 1971, pp. 338-339

5- Hoetzendorff, Aus Meiner Dienstzeit, IV, pp. 128-129 ; cité dans James Joll, Europe Since 1870: An International History, Penguin Books, Middlesex, 1990, p. 164

6- J.J. Ruedorffer (pseudonyme K. Riezler), Grundzüge der Weltpolitik in der Gegenwart, Stuttgart et Berlin, 1914, p. 23 ; cité dans James Joll, Europe Since 1870: An International History, Penguin Books, Middlesex, 1990, p. 164

7- Janet Biehl, "'Ecology' and the Modernization of Fascism in the German Ultra-right", Introduction to Ecofascism, Lessons From the German Experience, Janet Biehl et Peter Staudenmaier, Ak Press, 1995, Ecosse

8- Daniel Gasman, The Scientific Origins of National Socialism: Social Darwinism in Ernst Haeckel and the German Monist League, Londres, Macdonald & Co., 1971, pp. Xxiii

9- Daniel Gasman, The Scientific Origins of National Socialism: Social Darwinism in Ernst Haeckel and the German Monist League, Londres, Macdonald & Co., 1971, pp. xxii-xxiii

10- Janet Biehl, "'Ecology' and the Modernization of Fascism in the German Ultra-right", Introduction to Ecofascism, Lessons From the German Experience, by Janet Biehl and Peter Staudenmaier, Ak Press, 1995, Ecosse

11- Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, The Messianic Legacy, Corgi Books, Londres, 1991, p. 199

12- Hadith d’Abu Dawud et An-Nasa'i sous l’autorité de Abu Umamah, Paroles du Prophète Mohammed, sélections de hadiths, compilés par Maulana Wahiduddin Khan

13- Rapporté par Abu Huraira, Bukhari, Muslim, Ideal Woman in Islam, de Imran Muhammad

14- Sahih Bukhari, vol 8, no. 135

15- Rapporté par Abu Dhar, Sahih Bukhari, Livre 4, no. 445

16- Acar Baltas, Zuhal Baltas, Stres ve Basa Cikma Yollari, Remzi Kitabevi, juillet 1997, p. 162

In societies distant from religion, right is often presented as wrong, and vice versa. Unbecoming behavior which will not please God may be favored and encouraged. Romanticism is one of those wrong sentiments which is assumed to be "right". This book reveals what a serious threat romanticism - which is imagined to be a simple character trait -poses to societies and individuals, and shows how easy it is to eliminate this danger.



[1] Michael Howard, The Occult Conspiracy: The Secret History of Mystics, Templars, Masons and Occult Societies, Rider & Co Ltd, Londres, 1989, p. 106

[2] Gerhard Rempel, "Reform, Liberation and Romanticism in Prussia," http:://mars.wnec.edu/~grempel/courses/germany/lectures/07reform.html

[3] Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, The Messianic Legacy, Corgi Books, Londres, 1991, p. 199

[4] M.F. Ashley-Montagu, Man in Process, World Pub. Co., New York, 1961, pp. 76-77 ;  cité dans Bolton Davidheiser, W E Lammers (ed) Scientific Studies in Special Creationism, 1971, pp. 338-339

[5] Hoetzendorff, Aus Meiner Dienstzeit, IV, pp. 128-129 ;  cité dans James Joll, Europe Since 1870: An International History, Penguin Books, Middlesex, 1990, p. 164

[6] J.J. Ruedorffer (pseudonyme K. Riezler), Grundzüge der Weltpolitik in der Gegenwart, Stuttgart et Berlin, 1914, p. 23 ; cité dans  James Joll, Europe Since 1870: An International History, Penguin Books, Middlesex, 1990, p. 164

[7] Janet Biehl, "'Ecology' and the Modernization of Fascism in the German Ultra-right", Introduction to Ecofascism, Lessons From the German Experience, de Janet Biehl et Peter Staudenmaier, Ak Press, 1995, Ecosse

[8] Daniel Gasman, The Scientific Origins of National Socialism: Social Darwinism in Ernst Haeckel and the German Monist League, Londres, Macdonald & Co., 1971, pp. xxiii

[9] Daniel Gasman, The Scientific Origins of National Socialism: Social Darwinism in Ernst Haeckel and the German Monist League, Londres, Macdonald & Co., 1971, pp. xxii-xxiii

[10] Janet Biehl, "'Ecology' and the Modernization of Fascism in the German Ultra-right", Introduction to Ecofascism, Lessons From the German Experience, by Janet Biehl and Peter Staudenmaier, Ak Press, 1995, Ecosse

[11] Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, The Messianic Legacy, Corgi Books, Londres, 1991, p. 199

[12] Hadith d’Abu Dawud et An-Nasa'i sous l’autorité de Abu Umamah, Paroles du Prophète Mohammed, sélections de hadiths, compilés par Maulana Wahiduddin Khan

[13] Rapporté par Abu Huraira, Bukhari, Muslim, Ideal Woman in Islam, de Imran Muhammad

[14] Sahih Bukhari, vol 8, no. 135

[15] Rapporté par Abu Dhar, Sahih Bukhari, Livre 4, no. 445

[16] Acar Baltas, Zuhal Baltas, Stres ve Basa Cikma Yollari, Remzi Kitabevi, juillet 1997, p. 162