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Correspondances

Nouvelles Recherches sur les Fondements de la doctrine musulmane duodécimaine et sur l'Imamat Général

Lettres échangées entre le grand maitre, Sheikh Salim Al-Bishri, Sheikh de la mosquée d'Al-Azhar et l'Imam Sharafeddine Al-Amili

«Si quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de Science, dis : "Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes: nous ferons alors une exécration réciproque en appelant la Malédiction d'Allah sur les menteurs."» (Sourate Âle 'Imrân, 3: 61)

Au nom d'Allah le Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux

Ce livre est un dialogue entre deux éminents et distingués savants, entre Cheikh Salim Al-Bishrî, malékite, autrefois cheikh d'AI-Azhar, et Allâma Al- Sayed Abdel Hussein Sharafeddine, l'un des grands savants Imamites duodécimains du Liban. Dans un souci commun de combattre le confessionnalisme méprisable, de clarifier les questions obscures, source de bien de séditions et d'ambiguïtés, et notamment entre les principales écoles de l'Islam, le Shiisme et le Sunnisme, et en vue de favoriser l'unité du monde musulman, les deux savants éminents ont décidé d'entamer un dialogue franc et ouvert. Ce dialogue a pris la forme de questions formulées par le cheikh Al-Bishrî auxquelles répond Sayed Sharafeddine. C'est ainsi que se déroula, entre le 6 dhil Qi'da 1329 (29 octobre 1911) et le 2 Jamâdi Al-Awwal 1330 (avril 1912) ce dialogue passionnant et profond entre les deux hommes, tout au long de ces 112 correspondances.

Cette correspondance forme la matière de ce livre qui représente un trésor scientifique inestimable dans la pensée islamique. Deux décennies plus tard, cette correspondance fut regroupée et publiée en un seul volume sous le titre "Al-Murâj'ât" que nous avons traduit par "Correspondances". La première édition fut assurée par Al-'lrfân, à Saïda en 1355 (1936). Réédité des dizaines de fois et traduit en anglais, urdu et perse, ce livre devint rapidement une référence incontournable pour connaître les principes de l'école des Ahlul-Bait, celle des Shiites duodécimains. Il est également précieux dans le domaine des livres biographiques (kutub al-rijâl) et reste un ouvrage inestimable dans les domaines de la langue et de la littérature arabes. En considération de son importance scientifique, nous avons aujourd'hui l'honneur de proposer au lecteur la traduction en langue française de cette œuvre imposante. Nous avons utilisé l'édition non datée (des années 70) de l'Assemblée Mondiale pour Ahlul-Bait (The Ahl Ul Bait World Assembly) dont le siège se trouve dans la république islamique d'Iran. Les notes numérotées et l'annexe ont été préparées par Cheikh Hussein Al-Râdî.
Jamâdi Al-Awwal 1413
Octobre 1993

Biographie des deux éminents auteurs

Le Cheikh Salim Al-Bishrî Né au village Bishr dans la province Al-Buhayra en 1248 H. (1832) en Egypte. Il fit ses études à Al-Azhar dont il fut plus tard, à deux reprises, son principal: la première fois de 1317 H. (1900) jusqu'en 1320 H. (1904) et la seconde fois en 1327 H. (1909) jusqu'en 1335 H. (1916). Il fut l'auteur de plusieurs ouvrages, la plupart étant des annotations et des commentaires des œuvres anciennes. Parmi ses ouvrages: - Annotations de "Tihfat al-Tollâb bi-sharh risâlat al- adâb" en littérature. - Annotations de "Risâlat al-Sheikh Ali", en sciences de l'Unicité. - Commentaire de "Nahg al-barada" en littérature. - "Al-lsti'nâs fî bayân al-i'lâm wa asmâ' al-ahbâs", livre consacré à l'étude de la grammaire, et largement utilisé par Al-Azhar pour l'enseignement. Il est mort, qu'Allah lui accorde Sa miséricorde, en 1325 H. (1916).

Al-Sayed Abdel Hussein Sharafeddine Né à Al-Kadhimiya (en Iraq) en 1290 H. (1874). Il fit ses études dans les cercles d'études (al-hawza al-'ilmiyya) de l'Iraq, où il acquit rapidement une réputation de vaste érudition. Il fonda des assemblées d'études à An-Nagaf al-Ashraf et à Samarra. A l'âge de 38 ans, il retourna à Jabal 'Amel, au sud du Liban, d'où il est originaire. Il joua un rôle distingué, non seulement dans le domaine religieux, mais également dans le mouvement de libération contre le colonialisme, en assurant l'éducation sociale et nationale des gens. Ecrivain et poète de renom, il avait noué de vastes relations dans tous les domaines de son activité, que ce soit en Iraq, en Syrie, en Palestine ou en Egypte. il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont certains sont encore à l'état de manuscrits: - "Al-Fusûl al-Muhimma fî ta'lîf al-Umma". - "Abu Hurayra". - "Falsafat al-Mithâq wal Wilâya". - "Thabt al-Athbât fî silsilat al-Ruwât". - "Al-Nas wal Ijtihâd". - Plusieurs ouvrages dont "Al-Harîq wal Tamziq" qui existe à l'état de manuscrit, en 20 versions. - "Sharh al-tabsira fil fiqh" - Commentaire d'"AI-lstî'âb fî rasâ'il al-Sheikh", dans les principes. Il est mort, qu'Allah lui accorde Sa miséricorde, le 8 Jamâdi al-Thânia de l'an 1377 H. (30 octobre 1957). Il fut enterré à Al-Nagaf al-Ashraf.

Correspondance 1

6 dhil qi'da 1329-29 octobre 1911

1- Salutations.

2- Demande d'entamer la discussion.

1- Salut, bénédiction et miséricorde d'Allah sur le noble savant, le Sheikh Abdel Hassan Sharaf Eddine al-Mosawi. Je n'ai pas connu la pensée des Shiites, ni éprouvé leur éthique, n'ayant pas eu l'occasion, ni de converser avec eux, ni de sonder leurs cœurs. J'ai toujours été à l'affût de rencontrer leurs savants, assoiffé de me mêler à leurs masses, de rechercher leurs opinions et de déceler leurs penchants; jusqu'au jour où la volonté divine me mit en présence de votre profond et vaste savoir; ayant à peine bu de votre coupe aidante, Dieu a étanché, par votre eau limpide et agréable, ma soif ardente. Au nom de la ville du savoir divin, -votre ancêtre Al-Mustapha, et de sa porte, votre père Al-Murtada, je n'ai jamais savouré une boisson aussi apaisante pour un assoiffé ni aussi sécurisante pour un souffrant que l'eau pure et limpide qui me fut généreusement donnée. J'ai entendu dire que vous, les Shiites, pensez qu'il faut éviter vos frères Sunnites et vous en éloigner, que vous vous plaisez dans l'isolement et recherchez la solitude, etc... Cependant, j'ai réalisé que vous étiez une personne à la parole délicate, dont la recherche est précise, la prévenance désirable, la discussion solide, l'ironie agréable, la lutte honorable et l'équivoque louable. Pour vous, la concurrence devient acte pieux. Mais, en fait, le Shiite est le myrte de la séance et le désir de tout homme de goût.

2- Je me tiens en face de votre savoir abyssal et vous demande la permission d'entamer ses prémices et de plonger dans sa substance, et si vous le permettez, nous plongerons dans les détails et attaquerons les ambiguïtés qui m'assaillent depuis longtemps. Je m'en remets à vous, car, tout au long de cette démarche, je ne suis ni à la recherche d'une faille, ni à la poursuite d'un défaut, je ne suis pas non plus celui qui tend à dépasser ou à diffamer. Je suis plutôt à la recherche d'une voie perdue, celle de la vérité. Si elle se manifeste, il faut la suivre, car elle le mérite. Sinon, nous serons comme il est dit: "Nous sommes satisfaits de ce qu'a chacun de nous, et nos opinions sont différentes". Je me bornerai, si vous le voulez, à vous questionner à propos de deux questions: l'une concerne la doctrine de l'Imamat, dans ses principes et ses ramifications, et l'autre concerne l'Imamat général, qui traite de la succession du prophète (SAW). Je signerai au bas de mes lettres de la lettre S. et vous signerez SH. Je vous prie d'excuser tout oubli et saluts. S.

Correspondance 2

6 dhil qi'da 1329

1. Salutations.

2. Permission accordée d'entamer la discussion.

1- Salut, bénédiction et miséricorde d'Allah à notre maître le Sheikh al-Islam. Vous m'avez, dans votre aimable lettre, accordé des bienfaits et confié des faveurs que ni les paroles de remerciements sont capables de rendre à leur juste valeur, ni les devoirs de toute une vie ne peuvent combler. Vous m'avez exposé vos espoirs et exprimé vos souhaits, vous êtes le précurseur des demandeurs et la vertu du quémandeur. Je suis parti de Syrie vers vous plein d'espoirs, et j'ai déposé devant vous ce que j'avais apprêté pour le voyage, m'abreuvant de votre science et m'inondant de votre faveur. Je vous quitterai l'espérance vivante, l'espoir puissant, à moins qu'Allah ne le veuille autrement.

2- Je permets la discussion, et à vous d'ordonner et d'interdire, demandez ce que vous souhaitez, dites ce qui vous tient à cœur, à vous la faveur, votre parole déterminera, votre sagesse jugera. Saluts à vous.

SH.

1ère partie: la Doctrine de l'Imâmat

Correspondance 3

7 dhil qi'da 1329

1. Pourquoi les Shiites n'ont pas adopté l'opinion générale?

2. La nécessité de l'unité.

3. L'unité ne peut se faire qu'en adoptant l'opinion générale (Ijma').

1- Je vous demande à présent de nous expliquer pourquoi vous avez abandonné les écoles de la majorité des Musulmans, et plus précisément la doctrine ascharite concernant les principes de la religion, et les quatre écoles concernant les ramifications. Celles-ci furent adoptées par les ancêtres vénérables qui ont considéré qu'elles étaient les plus justes et les meilleures. Ils ont décidé de s'y appuyer en tout lieu et à tout moment. Ils furent unanimement convaincus de l'équité et de l'assiduité de leurs maîtres, ainsi que de leur intégrité, piété et dévotion. La pureté de leurs desseins, la probité de leurs esprits, la perfection de leur vie, ainsi que leur haute capacité de réflexion et d'action sont jugées indéniables.

2- Aujourd'hui, nous avons grandement besoin d'unité, et en adoptant ces écoles, conformément à l'opinion publique musulmane, vous participerez à ce rassemblement, car les ennemis de la religion ont décidé de nous tromper et ont poursuivi toute voie conduisant à notre déchéance. Ils ont dès lors développé leurs idées, suscité leurs efforts alors que les Musulmans assoupis ignorent leur calamité et les aident contre eux-mêmes. Les Musulmans ont brisé et déchiré l'unité de leurs peuples en suscitant l'esprit de corps; ils se sont dispersés, détachés en morceaux, se trompant les uns les autres, se désolidarisant les uns des autres. C'est ainsi que les loups ont réussi à nous dévorer et que les chiens nous ont convoités.

3- Trouvez-vous, qu'Allah vous éclaire Sa voie, d'autres possibilités pour rassembler les Musulmans? Dites et ils entendront, ordonnez et ils obéiront. Saluts à vous.

S.

Correspondance 4

8 dhil qi'da 1329

1-Les preuves légales imposent l'école des Ahlul- Bait.

2- Aucune preuve ne prône la nécessité d'adopter les quatre écoles de l'opinion générale.

3- La population des trois premières générations de l'Islam ne les connaît pas.

4- La recherche assidue est toujours possible.

5- L'unité se réalise en respectant l'école des Ahlul-Bait.

1- Si nous avons adopté une autre doctrine que la doctrine ascharite concernant les principes, et une autre école que les quatre autres concernant les ramifications, nous n'agissons pas dans un quelconque esprit partisan ou de corps, ni ne doutons de l'assiduité, de l'équité, de la probité ou de la pureté des Imams de ces écoles, ou bien de leur haute capacité de réflexion et d'action. Cependant, les preuves légales nous imposent d'adopter l'école des Imams des Ahlul-Bait, la famille de la prophétie, le dépôt du Message et des différents anges, le réceptacle de l'inspiration et de la Parole. Nous nous sommes référés à eux pour tout ce qui touche aux dérivations et aux fondements, aux principes et aux règles de la jurisprudence, pour connaître la Sunna et le Livre, conformément aux exigences des preuves et des signes, nous vouant à la Sunna du maître des prophètes et des messagers, qu'Allah lui adresse, ainsi qu'à sa famille, Ses prières. Si les preuves nous avaient autorisé à délaisser les Imams de la famille de Mohammed (SAW), ou si nous pouvons obtenir l'intention de nous rapprocher d'Allah le Sublime en suivant une autre école, nous aurions suivi la voie de la masse des Musulmans, nous nous serions tenus derrière eux, pour confirmer notre appartenance et renforcer les liens de la fraternité. Mais les preuves formelles entraveraient le chemin suivi par le croyant et l'empêcheraient de réaliser ce qu'il avait envisagé de faire.

2- Par ailleurs, aucune preuve ne fait pencher la balance en faveur des écoles de l'opinion générale, aucune preuve ne les rend obligatoires. Nous avons étudié minutieusement et recherché scrupuleusement les preuves apportées par les Musulmans sans y trouver ce qui indiquerait la nécessité d'adopter ces écoles, mis à part ce que vous avez avancé concernant l'assiduité, la probité, l'équité et la grandeur de leurs maîtres. Vous devez cependant reconnaître que ces qualités ne leur sont pas exclusivement réservées. Comment est-il donc possible que leurs écoles soient ainsi rendues obligatoires? Je ne pense pas que quelqu'un puisse prétendre que ces maîtres sont plus méritants, dans leur savoir et leur action, que nos Imams, qui sont les Imams de la pure descendance, le navire du salut de la nation, la porte de son absolution, son refuge en cas de discorde religieuse, les phares de la guidance, ce que le prophète a qualifié de précieux, ce qui restera de lui dans sa nation. Il (SAW) avait dit:

«Ne les devancez pas, vous risquez de périr, ne vous en éloignez pas, vous risquez de périr, ne leur donnez pas de leçons, ils sont plus savants que vous», mais la politique, comme vous le savez, s'est ainsi déroulée au début de l'Islam. Je m'étonne que vous disiez que les ancêtres vénérables avaient adopté ces écoles et les avaient considérées comme étant les plus adaptées et les plus justes, qu'ils aient été unanimes à y adhérer en tout lieu et en tout temps, comme si vous ne saviez pas que les générations vénérables, récentes et plus anciennes, des partisans de la Famille de Mohammed, qui forment la moitié des Musulmans, ont adopté l'école des Imams, précieuse descendance du Messager d'Allah (SAW), n'ayant pas trouvé d'autre issue. Ils n'ont cessé de le faire depuis l'époque de Ali et de Fatima, où ni Al Ash'ar ni aucun des Imams des quatre écoles, ni même leurs pères, n'étaient encore là, comme tout le monde le sait.

3- Les Musulmans des trois premières générations de l'Islam n'ont absolument pas adopté ces écoles. Mais qu'en était-il tout d'abord à cette époque qui fut la meilleure? Al Ash'ar naquit en 270 H. et mourut peu après 300 H. Ibn Hanbal naquit en 164 H. et mourut en 241 H., Al-Shâf'î naquit en 150 H. et mourut en 204 H; Malek naquit en 95 H. et mourut en 179 H. Abu Hanîfa naquit en 80 H. et mourut en 150 H. Quant aux Shiites, ils croient dans l'école des Imams des Ahlul-Bait, et ces derniers savent mieux que quiconque son contenu, alors que les non shiites se réfèrent aux écoles des savants appartenant aux générations des compagnons et des successeurs (Tâbi'i-în-s). Qui a donc imposé à tous les Musulmans, trois générations plus tard, de suivre exclusivement ces écoles sans se référer aux autres qui existaient auparavant? Qui leur a permis de s'écarter de l'évidence du Livre divin, de la chose précieuse, de la confidence du Messager d'Allah (SAW), de l'arche du salut de la nation, de sa direction, de son refuge et de la porte de sa Rémission?

4- Qui a donc déclaré que la porte de la recherche (l'Ijtihâd) était dorénavant fermée aux Musulmans alors qu'elle était largement ouverte aux cours des trois premiers siècles? Ce ne peut être que la certitude de l'impuissance, l'assurance de la paresse, la satisfaction d'être démuni, la conviction dans l'ignorance. Qui accepterait de dire, consciemment ou non, qu'Allah le Tout-Puissant envoya le meilleur de Ses prophètes et de Ses messagers pour transmettre la meilleure de Ses religions et de Ses lois, qu'il révéla le meilleur des Livres, les meilleures pages portant Sa Sagesse et Ses meilleures lois, qu'il paracheva la religion, qu'il rendit toute la grâce à Son prophète, qu'il lui apprit la science du passé et de l'avenir, dans le but de tout faire converger en direction des Imams de ces écoles, qui l'accaparent pour eux-mêmes, empêchant sa transmission par d'autres qu'eux-mêmes, comme si la religion musulmane, son Livre et ses lois, ses évidences et ses signes leur appartiennent en propre, ne permettant pas à d'autres qu'eux-mêmes de les manier sans leur approbation. Furent-ils les héritiers du prophète? Allah a-t-Il scellé, par eux, les régents et les Imams? Leur a-t-Il appris le passé et l'avenir? Leur a-t-Il transmis ce qu'il n'a fait à aucun autre dans ces deux Mondes? Evidemment non, ils furent semblables aux autres hommes, des gardiens de la science, ses auxiliaires et ses prédicateurs, mais ceux-ci auraient honte de clore et d'entraver la voie de la recherche. Ils n'auraient pas emprisonné la raison et l'entendement, ni endormi la sagacité des gens, ni bouché les cœurs, ni assourdi l'ouïe, ni voilé la vue, ni bâillonné la parole, ni enchaîné les mains et les cous, ni attaché les pieds. Ils ne peuvent en être accusés que par ceux qui les dénigrent car leurs paroles confirment ce que nous avançons.

5- En avant pour remplir la mission à laquelle vous m'avez éveillé, qui est de rassembler les Musulmans! Je ne crois pas, pour ma part, que cela dépende du renoncement des Shiites à leur doctrine, ni de celui des Sunnites à la leur; charger exclusivement les Shiites de ce fait équivaut à admettre l'improbable, à préférer le douteux et à leur faire porter au-delà de leur capacité, comme nous l'avons expliqué. Il est évident que le rassemblement et l'organisation de l'unité se feront lorsque vous émanciperez l'école des Ahlul-Bait, lorsque vous la considérerez comme l'une des vôtres, afin que le chafiisme, le hanafisme, le malikisme et le hanbalisme considèrent les Shiites de la famille de Mohammed (SAW) comme ils se considèrent les uns les autres. C'est ainsi que s'organisera leur rassemblement. Les divergences entre les différentes écoles sunnites ne sont pas moindres que celles qui existent entre sunnites et shiites. En témoignent les milliers de documents rédigés à propos des principes et des ramifications de ces écoles. Pourquoi alors reprocher aux Shiites d'être différents des Sunnites, et ne pas reprocher à ces derniers de l'être vis-à-vis des Shiites? Ou même de l'être entre eux? Si l'existence de ces quatre écoles est permise, pourquoi ne seraient-elles pas cinq? Pourquoi serait-il possible de rassembler les Musulmans autour des quatre, mais lorsque s'ajoute une cinquième, l'unité devrait-elle se défaire, et les Musulmans se disperser en mille voies? Que votre appel à nous en faveur de l'unité soit également un appel aux partisans des autres écoles, cela serait d'ailleurs plus facile entre elles. Pensez-vous que les partisans des Ahlul-Bait sont la cause de la désunion et de la dispersion? Que l'adoption des autres écoles soit une nécessité afin de rassembler les cœurs et de regrouper les volontés, même si les écoles et les opinions divergent, et que les penchants et les goûts soient nombreux?

Je ne pense pas que cela soit votre opinion, compte tenu de votre affection pour le rapprochement.

 
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