Les Lieux Saints

Al Quds (la Ville Sainte occupée)

      Je suis la Ville Sainte, la Pure, la Purifiée, évoquée dans tous les Livres Célestes, qui a eu l’honneur d’accueillir la plupart des Prophètes.

C’est chez moi que la mère du Prophète ‘Issa, la sainte Mariam, a été élevée avant de donner naissance à l’ « Esprit de Dieu » !

C’est sur ma terre bénie que Dieu a fait descendre la « Table servie » et c’est chez moi que Dieu a sauvé Son Prophète ‘Issa de la trahison de son entourage en l’appelant à Lui !

C’est chez moi que le Sceau des Prophètes Mohammed (que Dieu prie sur lui et sur sa famille) prit pied pour monter aux Cieux les plus lointains après avoir quitté, une nuit du mois de Rajab, la Maison Sacrée de Dieu, la plus pure, la plus grandiose et être venu à la Mosquée al-Aqsâ !

Cette nuit, l’Univers s’était illuminé de la Lumière de l’Eternité et de l’Infini. Le temps et l’espace s’étaient dérobés devant l’Amour et la Miséricorde. Cette nuit, l’éternité était entrée (ou plutôt s’était éveillée) dans mon cœur et m’avait laissée dans l’attente…

Dans l’attente de celui qui me délivrerait vers cette félicité perpétuelle.

Les années ont passé..

Et mes yeux ont pleuré de sang, mon cœur a tremblé en entendant les complaintes des cieux et de la terre sur le petit-fils de ce cher Prophète. Son martyre, dans cette contrée pourtant éloignée, laissa cependant en moi un profond espoir et me confirma la Promesse..

Et puis… Et puis… Et puis… Et puis… Et puis…

Et puis… je n’ai plus trouvé cette étincelle d’éternité…

Et puis… il y a eu l’occupation par ces mécréants aux cœurs plus durs que la pierre…

Et les jours devinrent de plus en plus noirs…

Jusqu’au jour où, après maintes trahisons, des voix s’élevèrent !

Le dernier vendredi du Mois béni de Dieu me fut offert pour me rappeler aux cœurs du monde entier et raviver la flamme de l’Islam …

Hier, des combattants se sont dressés au Liban, le Coran à la main et dans leur cœur, la Lumière de la bonne Direction et le désir de la rencontre de Dieu, pour repousser les attaques meurtrières israéliennes, répondant à l’appel de leur chef, le chef de toute la nation islamique.

Et aujourd’hui, dans les rues de Gaza, des hommes, des femmes et des enfants résistent aux agressions barbares sionistes terroristes, ne connaissant pas la peur, progressant vers Al-Quds, s’en remettant à Dieu !

Le  glas du mensonge, de l’hypocrisie, de la corruption et de l’incroyance a sonné !

L’appel de la Ville Sainte a retenti de Téhéran à Beyrouth, de Syrie en Palestine !

Point de divinité autre que Dieu !

Dieu est plus Grand ! Dieu est plus Grand ! Dieu est plus Grand ! 

Les Maisons de Dieu

« Mes Maisons sur terre sont les mosquées, alors bienheureux le serviteur qui se purifie chez lui puis Me rend visite dans Ma Maison ! N’est-ce pas un devoir pour Celui qui est visité d’honorer celui qui Le visite ! »

« La terre a été rendue pour moi un lieu de prosternation («  mosquée ») pur » a dit le Messager de Dieu(s). Ainsi, la mosquée pour les Musulmans et selon la parole du Messager de Dieu(s) est chaque endroit propre, se dressant sur la pureté, spécifié pour la prière et l’adoration. Et c’est selon ce principe que les premiers Musulmans édifiaient leur mosquée sur un morceau de terre en la délimitant par un fossé creusé autour. Ils en avaient interdit l’accès aux gens en état d’impureté et aux animaux et avaient recouvert le sol de petits cailloux purs et propres et de nattes.

La première chose que fit le Prophète(s) quand il arriva à Médine fut de construire une mosquée fondée sur la piété (at-taqwâ), dans un endroit indiqué par sa chamelle, sur ordre de Dieu Très-Elevé. Elle fut construite par les Emigrants (venant de La Mecque) et les Ansars (originaires de Médine). C’est alors que ce verset fut révélé : {Car une mosquée fondée dès le premier jour sur la piété est plus digne que tu t’y tiennes. S’y trouvent des gens qui aiment se purifier et Dieu aime ceux qui se purifient.} (108/IX)

Et Dieu interdit à Son Prophète(s) de se tenir dans la mosquée de {ceux qui ont pris une mosquée pour faire du mal, ne pas croire et semer la division entre les croyants, et comme lieu d’observation pour ceux qui auparavant avaient combattu Dieu et Son Envoyé. Ils jurent : « Nous ne voulions que le bien ! » [ceux-là], Dieu atteste qu’ils mentent. Ne te tiens jamais dans cette mosquée.} (107-108/IX)

Il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) le tenant de son père (al-Bâqer(p)) qui dit que le Messager de Dieu(s) a dit : « Dieu (qu’Il soit Béni et Exalté) dit : « Mes Maisons sur terre sont les mosquées qui brillent pour les habitants du ciel, comme les étoiles brillent pour les habitants de la terre. Alors, bienheureux celui pour qui les mosquées sont ses maisons ! Bienheureux le serviteur qui fait ses petites ablutions chez lui puis Me visite dans Ma Maison. Celui qui est visité ne doit-il pas honorer le visiteur ! La lumière éclatante le Jour du Jugement n’est-elle pas annoncée à ceux qui marchent dans les ténèbres vers les mosquées ! » »

De l’Imam ‘Alî(p), le Messager de Dieu(s) disait : « A ceux qui fréquentent les mosquées, arrive une de ces huit choses : un frère acquis dans la Voie de Dieu, un savoir unique, un signe clair, une miséricorde attendue, une parole qui l’éloigne du mal, une parole entendue qui lui indique la bonne direction, ou l’abandon d’un péché par infamie ou par honte. »

L’Imam as-Sâdeq(p) conseillait aux gens de prier dans les mosquées « dans différents endroits, car chaque endroit témoignera pour le prieur le Jour du Jugement Dernier. »

Le Prophète(s) informa Abû Dhar : « Tant que tu es assis dans la mosquée, Dieu te donne, pour chaque respiration effectuée à l’intérieur, un degré au Paradis et les Anges prient sur toi… »

Même ! « Celui qui marche vers une des mosquées de Dieu, reçoit, pour chaque pas effectué jusqu’au retour à sa maison, dix bienfaits ; dix mauvaises actions lui sont effacées et il est élevé de dix degrés » disait le Prophète le plus noble(s). « Celui qui se rend à la  mosquée de Dieu, n’a pas posé le pied sur le sol, humide ou sec, sans que se prosterne pour lui la terre, jusqu’aux sept terres. » disait de son côté l’Imam as-Sâdeq(p).

Mash’hed en Iran

Mash’hed, la deuxième plus grande ville d’Iran, située au nord-est d’Iran, à 900 km à l’est de Téhéran. Elle était à l’origine un village situé à 24km de Tûs, nommé Sanabad et elle est devenue la capitale de la Province de Khurasan.

« Une partie de moi sera enterrée à Khurasan » (L’Imam ar-Ridâ(p))

« Il va venir un temps où, dans un endroit de Khurâsân, vont se succéder les Anges : un groupe d’Anges ne va cesser de descendre et un autre de monter jusqu’au Jour où l’on soufflera dans les trompettes ». Ils demandèrent : « Ô fils du Messager de Dieu(s), quel est cet endroit ?  » « C’est la terre de Tûs. Elle est, par Dieu, un des jardins du Paradis.» (L’Imam ar-Ridâ(p))

« Celui qui me visite malgré l’éloignement de ma demeure, je viens à lui le Jour du Jugement dernier dans trois situations, pour le sauver de ses affres : quand les Livres voleront à droite et à gauche, au moment de passer sur la Voie (sirât) et au moment de la Balance. » (Imam ar-Ridâ(p))

« Celui qui a un besoin à demander à Dieu, qu’il aille visiter la tombe de mon Grand-père ar-Ridâ(p) à Tûs, après avoir fait la douche rituelle. Il prie deux raka‘ats au niveau de la tête, évoque son besoin durant le Qunût de la prière. Son besoin sera satisfait, sauf si c’est un péché, une rupture de lien de parenté.  (l’Imam ‘Ali an-Nâqî(p))

A la question de savoir s’il est préférable de faire un Hajj recommandé ou de visiter l’Imam ar-Ridâ’(p) à Mash’hed, l’Imam Mohammed at-Taqî(p) répondit : « Bien sûr ! Se rendre à Khurâsân pour saluer mon père est préférable. Et que cela ait lieu durant le mois de Rajab. »

Mafâtîh al-Jinan Trad. Ed. BAA p1534-1535 et p1559

« Un des endroits sacrés de Dieu »

La tombe de l’Imam al-Hussein(p) à Karbalâ’

 Des jours avaient passé et je n’avais pas vu mon Maître au visage lumineux. Il était tout pour moi. Je l’aimais plus que mon frère, même ! plus que moi-même. Je rencontrai Mohammed fils de Hamzeh. Après l’échange de salut, il me demanda de mes nouvelles. Je lui dis que j’étais inquiet parce que je n’avais pas vu l’Imam ‘Alî al-Hâdî(p) le 10è Imam depuis plusieurs jours.

-Comment ! Tu ne sais pas ? Tu dis qu’il te manque et tu ne sais pas ?

-Il lui est arrivé quelque chose de grave ?

-L’Imam(p) est très malade, il est alité depuis deux jours. Il a beaucoup de fièvre. Tu devrais lui rendre visite.

-Tu crois ? J’y vais tout de suite. Je me  précipitai vers la maison de l’Imam(p) et  attendis devant sa porte l’autorisation d’entrer.

Après quelques minutes, l’Imam m’appela : « Abû Hâshem ! 

-Oui, mon Maître !

-Si je te demande de faire quelque chose pour moi, tu le feras ?

-Oh ! Bien sûr ! Avec plaisir !

-Je veux que tu demandes à l’un des compagnons qu’il aille au Sanctuaire de l’Imam al-Hussein(p) pour y implorer ma guérison. Je lui paye le voyage. »

Et il(p) sortit de dessous son coussin une petite bourse qu’il me remit. Je fus surpris par sa demande. Je ne savais pas quoi dire. Je pris la bourse et me retirai.

En chemin, je rencontrai ‘Alî fils de Bilâl. Je l’informai de l’affaire et lui demandai d’aller à Karbalâ’ pour y prier et implorer la guérison de l’Imam(qa).

Il me répondit : «  Je suis prêt de tout mon cœur et de tout mon esprit. Mais l’Imam(p) n’est-il pas lui-même plus grandiose que le sanctuaire de l’Imam al-Hussein(p) ? Il est de la famille du Messager(s) et il est certain que sa prière sera exaucée alors que la mienne… Je ne suis qu’un humble serviteur de Dieu au visage noirci par les péchés. Pourquoi veut-il(p) cela ?

-Je ne sais pas. Tu es prêt à y aller ou pas ?

-Bien sûr que si ! »

Je lui remis la petite bourse et lui demandai de ne pas m’oublier dans ses invocations et de visiter l’Imam Hussein(p) pour moi, et m’en allai.

Je me rendis chez l’Imam al-Hâdî(p) pour me rassurer sur sa santé et l’informer du départ de ‘Alî fils de Bilâl pour Karbalâ’. Je lui racontai également ce que m’avait dit ‘Alî. Il(p) me répondit :

-« Abû Hâshem ! Le Messager de Dieu n’ était-il pas meilleur que la Ka‘bah et la Pierre noire ?

-Si, bien sûr !

-Malgré cela, le Messager de Dieu(s) tournait autour de la Maison de Dieu et embrassait la Pierre noire.

C’est qu’il y a pour Dieu sur cette terre des endroits sacrés où il est recommandé de faire des invocations. Et les pourtours de la tombe de l’Imam al-Hussein(p) sont un de ces endroits. »

La retraite (al-a‘tikâf) à La Mecque (la Maison de Dieu) durant le mois de Ramadan

La Mecque bénie est une ville située au Sud-ouest de l’actuelle Arabie Saoudite, au centre d’une chaîne de montagnes noires, al-Hedjaz, à 65 km de Djeddah non loin de la mer Rouge. C’est là que se trouve l'Honorable Ka‘ba, la « Maison de Dieu » dont les bases ont été établies par le Prophète Ibrahim(p) et son fils Isma‘îl(p), après le Prophète Adam(p), et qui ont été reconstruites par le Prophète Mohammed(s). Dieu en a fait la direction (la Qibla)  vers laquelle se tournent tous les Musulmans de tout temps pendant leurs prières.

C'est dans cette ville sainte que le Prophète Mohammed(s) naquît, reçut la révélation et devint le Prophète et Messager de Dieu pour tous les hommes appelés à adorer Dieu Unique. C’est dans cette « Maison de Dieu » que naquit son Légataire, ‘Alî fils d’Abû Tâleb(p), le Prince des croyants.

C’est là que se rendent, chaque année durant le mois de Dhû al-Hujjah, des millions de Musulmans pour adorer Dieu et accomplir les rites du Hajj tels qu’ils ont été établis par le Prophète Ibrahim(p) et rappelés par notre Prophète Mohammed(s), et à tout autre moment de l’année, pour effectuer le pèlerinage mineur (‘Umrah).

Les faveurs et les récompenses de tout acte d’adoration effectué à l’intérieur de la Mosquée Sacrée sont grandioses. Ainsi, une prière accomplie à l’intérieur de la Mosquée Sacrée vaut cent mille prières accomplies dans une autre.

Aussi la Mosquée Sacrée de La Mecque est-elle le meilleur endroit pour faire la retraite vers Dieu (al-a‘tikâf). Même ! Elle est, avec les trois autres mosquées (celles du Prophète(s) à Médine, de Kûfah et de Basrah) une des conditions de la justesse de la retraite. [La retraite effectuée ailleurs n’est pas sans poser de problème  et dans ce cas, la faire avec «  l’espoir que ce soit demandé ») !

Et le meilleur moment pour effectuer cette retraite d’au moins de trois jours est durant les dix derniers jours du mois de Ramadan. (« Une retraite (a‘tikâf) pendant le mois de Ramadan équivaut à deux  Hajjs et deux ‘Umrah », selon l’Imam al-Kâzhem(p) (in Bihâr al-Anwâr vol.94 p129 H4))

Adorer Dieu, uniquement Lui, dans Son Sanctuaire Sacré, loin des tentations de ce monde (des parfums, des femmes, des transactions commerciales, des discussions vaines et des disputes), dans la privation de nourriture pendant la journée, sans sortir (sauf en cas de nécessité), en vue de Le rencontrer..

 

Une Mosquée pas comme les autres

« Mes Maisons sur terre sont les mosquées, alors bienheureux le serviteur qui se purifie chez lui puis Me rend visite dans Ma Maison ! N’est-ce pas un devoir pour Celui qui est Visité d’honorer celui qui Le visite ! » (d’après un hadith qudsî rapporté par le Messager de Dieu (s))

Son cœur souhaitait construire une mosquée. Chaque jour, matin, midi et soir, il montait au sommet d’un petit minaret, au côté d’une coupole turquoise, sous la voûte céleste, tant son cœur désirait une petite mosquée, pleine de lumières, avec de grandes fenêtres. L’appel à la prière lui manquait. C’est que dans son quartier, il n’y avait pas de mosquée..

Il resta attristé, ainsi, jusqu’au jour où il reçut la visite d’Anges, émus par ses complaintes quotidiennes. «  S’il n’y a pas de mosquée dans ton quartier, lui dirent-ils,  construis-en une ! »

Il sourit : « C’est facile à dire !  Mais je ne possède rien !  Je n’ai ni terre, ni argent, ni force pour la constr­­uire ! »

Les Anges lui répondirent : « C’est une mosquée d’une autre sorte. Toi, prépare les matériaux de construction et nous, nous faisons le reste. Nous la construirons pour toi ! » Il se tut et poussa un long soupir.

Il ne savait pas que, chaque fois qu’il soupirait, qu’il invoquait Dieu, qu’il s’entretenait avec Lui, qu’il versait des larmes, une pierre se posait sur une autre et la mosquée qu’il désirait tant, se construisait.

Et ainsi, les murs de sa mosquée s’élevaient petit-à-petit avec chaque mot, chaque évocation, chaque invocation, chaque soupir de son âme, chaque désir de son cœur.. Une mosquée de lumières et d’émotions ; une mosquée dont le minaret est l’invocation et dont les pierres sont des larmes de sang.

C’était la plus belle des mosquées ! Il pouvait l’emporter avec lui, là où il allait. Sa maison devint une mosquée, son quartier devint une mosquée, sa ville devint une mosquée. Tous les gens sont des constructeurs : de leurs âmes ils construisent leurs mosquées que Dieu a planifiées pour eux avant que ne s’élève l’appel à la prière.

L’hospitalité de l’Imam ar-Ridâ(p) l’étranger de Tûs

Trois jeunes hommes décidèrent de rendre visite à l’Imam ar-Ridâ(p) à Mash’hed au moment de la commémoration de sa naissance le 11 Dhu al-Qa‘adah et d’y rester au moins cinq jours, parce qu’ils avaient lu dans Mafâtîh al-Jinân : « Celui qui me visite malgré l’éloignement de ma demeure, je viens à lui le Jour du Jugement Dernier dans trois situations pour le sauver de ses affres : quand les livres voleront à droite et à gauche, au moment du [passage] sur la Voie (sirât) et au moment de la balance . »

Mais quand ils arrivèrent à Mash’hed, il y avait tellement de monde qu’ils ne trouvèrent pas de place pour dormir. Ils visitèrent l’Imam ar-Ridâ(p) de loin, s’excusant auprès de lui(p) de ne pouvoir rester plus longtemps, déclarant qu’ils reviendraient une autre fois. Puis ils cherchèrent un endroit où terminer leur nuit avant de repartir le lendemain.

Ils trouvèrent un parc non loin du sanctuaire et s’y installèrent pour passer le restant de la nuit, faisant bonne fortune de leur malchance. Avant de s’endormir, ils s’échangèrent quelques mots : « Ma shâ’ Allâh ! le sanctuaire de l’ « Étranger de Tûs » ne se vide pas jour et nuit pendant toute l’année ! Quel est le secret de l’emplacement de sa tombe dans un pays qui sera le premier pays à instaurer un gouvernement islamique suivant les préceptes du Prophète(s) Mohammed et les Imams de sa descendance ? » Puis ils se mirent à plaisanter sur leur sort quand l’un d’eux s’exclama, partant d’un bon fond, sans aucune mauvaise arrière-pensée : « Vraiment, l’Imam ar-Ridâ(p) ne connait pas les bonnes manières avec ses visiteurs ! En tant qu’ « étranger des étrangers », il devrait savoir ce que c’est que d’être loin de chez soi.. » Ils éclatèrent de rire. Un autre voulut dire que  l’Imam ar-Ridâ(p) avait été appelé ainsi parce que son « étrangeté » était réelle par rapport à ce monde en entier, mais ils étaient déjà endormis..

A quelques centaines de mètres de là, dans une vieille petite maison à deux étages, accolée au sanctuaire, Abou ‘Alî, un des gardiens du sanctuaire (de ceux qui ont voué leur vie au service de l’Imam ar-Ridâ(p)) s’apprêtait à s’endormir. Il était épuisé car le nombre des visiteurs n’arrêtait pas de croître ! A peine endormi, il vit l’Imam ar-Ridâ(p) en rêve qui le secouait pour le réveiller et lui demander d’héberger chez lui trois nobles visiteurs qui dormaient par terre dans un parc non loin du sanctuaire. Il(p) les lui décrivit et lui remit un message qu’il devait leur transmettre au moment de leur départ.

L’homme se réveilla. Oubliant sa fatigue, il se leva aussitôt, s’habilla et sortit de la maison, à la grande surprise de sa femme. Avant de partir, il lui demanda de libérer la pièce du haut et de mettre les enfants dans leur chambre. Des invités allaient venir… Il passa devant le sanctuaire, salua l’Imam(p) de loin et arriva au parc. Il trouva effectivement trois jeunes hommes en train de dormir, exactement comme l’Imam(p) le lui avait décrit. Il les réveilla. Les trois jeunes hommes, persuadés qu’on voulait les chasser du parc se mirent à supplier le gardien de leur laisser terminer la nuit, lui jurant qu’ils ne seraient plus là le lendemain.

Le gardien les rassura et leur dit qu’il était venu pour les emmener dormir chez lui le temps qu’ils voulaient. Il les installa dans la pièce du haut et les jeunes hommes y restèrent cinq jours.

Ce n’est qu’au moment de leur départ, alors qu’ils ne tarissaient pas de remerciements pour leur hôte, appelant les Bénédictions de Dieu sur lui et demandant l’intercession de l’Imam ar-Ridâ(p) pour satisfaire ses besoins, que le gardien leur raconta son rêve et leur transmit le message de l’Imam ar-Ridâ(p) : « Non ! Il n’est pas vrai que l’Imam ar-Ridâ(p) ne connaisse pas les bonnes manières ! Il reçoit ses visiteurs avec considération et les honore ! Et si les visiteurs ne peuvent pas venir à lui(p), c’est lui(p) qui vient à eux ! »

En entendant cela, les trois jeunes hommes restèrent interdits, les larmes ruisselant sur leurs joues..

Al-Ghadîr au retour du Hajj

Le pèlerinage à La Mecque, durant le mois de Dhû al-Hujjah est une des haltes les plus nobles dans le voyage vers Dieu Très-Elevé, qui contient des stations bénies et des bénéfices grandioses. Et au retour de ce pèlerinage vers Dieu, il y a la halte à Ghadîr Khom où eut lieu cet évènement grandiose, le jour grandiose d’al-Ghadîr, exhalant de l’arôme du tutorat (al-wilâyat) et la senteur de l’élévation (al-‘ulûwî).   

Cette année, Hajj Hassan décida de se rendre à Ghadîr Khom après avoir accompli les rites du Hajj à La Mecque. Il voulait commémorer ce jour historique qui eut lieu il y a plus de 1400 ans et renouveler à sa façon son allégeance (al-wilâyat) aux Imams de la Justice et de la Permanence de l’Unicité de Dieu.

En effet, le 18 Dhû al-Hujjah en l’an 10 de l’Hégire, le dernier des Messagers de Dieu, le sceau de la Prophétie, avait rassemblé l’ensemble des pèlerins au retour de leur pèlerinage à La Mecque à un croisement de route, à Ghadîr Khom. Qu’avait-il de si important à dire pour retenir ainsi tous ces pèlerins dans un endroit aussi désert, sous un soleil si ardent ?

Hajj Hassan loua une range rover et s’en alla, seul, à la recherche de ce célèbre lieu, avec, pour toute compagnie, une carte et une boussole et Dieu...

Qu’espérait-il y trouver ? En chemin, il se rappela les paroles d’or que le Prophète Mohammed(s) prononça à haute voix (car il n’y avait pas de haut-parleur à cette époque-là) devant tout le monde assemblé. C’était son dernier pèlerinage.

Comment oublier ses paroles, ses dernières volontés, son testament légué à sa communauté ? Il avait déclaré en présentant son gendre et cousin ‘Alî : «  Celui dont je suis le maître, alors ‘Alî en est le maître. Ô mon Dieu, sois l’Ami/Allié de celui qui est son ami/allié et l’Ennemi de celui qui est son ennemi, soutiens celui qui le soutient et délaisse celui qui le délaisse, fais tourner la Vérité avec lui comme il tourne ! »

La route, au début asphaltée, devint rocailleuse, puis se perdit dans le sable. Mais il continua, confiant. Il était sûr d’être dans la bonne direction grâce à sa carte, à sa boussole et à..

Après avoir prononcé ses paroles, le Prophète Mohammed(s) avait pris l’allégeance de tout le monde présent là, pour lui et pour ‘Alî. Et par cette allégeance (al-wilâyat), sa religion s’est achevée et le bienfait s’est complété. Dieu révéla ce verset : {Aujourd’hui, J’ai rendu votre religion parfaite, J’ai parachevé Ma Grâce sur vous et J’agrée pour vous comme Religion l’Islam.}  

Soudain, sa voiture s’arrêta.. Il essaya de repartir mais elle refusait d’avancer. Il y avait pourtant de l’essence dans le réservoir, de l’eau dans le radiateur.. et il avait tout vérifié avant de partir. Il essaya à nouveau de démarrer mais en vain. La voiture restait sur place. Il ouvrit le capot. Tout était en ordre… Qu’est-ce qui se passait ? Enlisement ? Un grain de poussière dans le moteur, dans la pompe à essence ? Que pouvait-il faire ? Il n’avait pas de téléphone, son portable ne fonctionnant pas dans ce pays..

Il n’avait pas imaginé que cela  pourrait lui arriver. Il regarda à droite, à gauche, devant, derrière.. Rien ! le désert à perte de vue.. que du sable.. Sans remarquer l’absurdité de ce qu’il faisait, il se mit à appeler au secours, comme si quelqu’un pouvait l’entendre dans cet endroit désert !

C’est alors qu’ il vit devant lui deux hommes. D’où venaient-ils ? Il ne les avait pas vu arriver et il n’y avait rien autour de lui à part le désert.

Il leur demanda manifestant sa surprise : D’où venez-vous ? Que faites-vous ici ? 

-Nous sommes venus à ton aide, lui répondirent-ils.

-Comment avez-vous su ?                     

-Nous avons entendu ton appel, alors nous sommes venus. 

-Vous m’avez entendu ? dans ce désert ? Mais j’ai regardé et il n’y avait personne à perte de vue !

-En cet endroit, quiconque appelle est entendu..

Salâh les regarda, encore plus intrigué, son regard trahissant son incrédulité.

-Tu ne nous crois pas ? Eh bien ! Tu vas voir. » Et les deux hommes s’éloignèrent de lui, très loin au point de ne plus être vus de lui. Ils se mirent à parler entre eux et il entendit leurs voix. C’est qu’à Ghadir Khom les voix peuvent s’entendent de toutes parts..

Le Messager de Dieu(s) avait choisi un lieu où quel que soit l’endroit où l’on se trouve, on pouvait l’entendre. Allez-y, vous pourrez le constater vous-mêmes !    (C’est une histoire vraie..)

Témoignage d’une visite au sanctuaire de l’Imam Hussein(p) à Karbala

Karbala, ville de martyrs, est située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Bagdad, « Karbala la Sublime ». L’origine du nom de la ville comporte de nombreuses versions. Selon certains, il proviendrait des mots arabes « karb », signifiant le chagrin et la tristesse, et « balâ’ » faisant référence aux notions d’épreuve et de difficulté.

Les mois qui ont suivi la chute de Saddam Hussein en 2003 ont vu un véritable raz de marée de visiteurs, venant à pieds, en voiture, en autobus.. par tous les moyens possibles, les larmes ruisselant sur les joues, leurs cœurs brûlant de désir de visiter l’Imam al-Hussein(p) malgré  l’occupation américaine.   

Dans le sanctuaire de l’Imam Hussein, les fidèles commencent souvent par se recueillir à l’endroit où la tête décapitée de l’Imam serait tombée et où a été édifié un petit mausolée argenté irradiant une lumière rouge.

Ils se dirigent ensuite vers son tombeau. Là encore, l’ambiance y est surnaturelle. Le visiteur se trouve bercé par le murmure des prières et des sanglots qui se perdent dans le bruissement incessant de la foule et des salutations adressées à l’Imam : "Que la Paix soit sur toi, ô héritier d’Adam, de Noé, et d’Abraham, que la Paix soit sur toi, ô héritier de Moïse, Jésus, Mohammad et Ali..."

Le fait de pleurer n’est pas seulement considéré comme un moyen d’exprimer le deuil et la douleur mais surtout de se rapprocher de l’Imam et des vérités qu’il défendait ; verser des larmes pour la tragédie de Karbala permet d’oublier quelques instants son égo et d’établir un lien intime avec les idéaux spirituels qui y furent défendus. L’acte de pleurer, dans la tradition chiite, permet la réalisation d’un véritable « acte de présence » à des mondes spirituels supérieurs permettant ainsi à l’âme de se libérer quelques instants de l’emprise du monde sensible.

D’autres tombeaux se situent à proximité de l’Imam, dans le sanctuaire de l’Imam,  notamment ceux de deux de ses fils, de son fidèle compagnon Habib ibn Muzhâhir al-Asadi, mort en martyr lors de la bataille, et celui des 72 martyrs de Karbala.

Après avoir salué le tombeau, les fidèles restent souvent quelques heures dans le sanctuaire pour prier, lire le Coran ou réciter diverses invocations à l’Imam. L’ambiance générale demeure au recueillement, malgré l’ampleur de la foule et les allées et venues incessantes des visiteurs. Et durant la période d’Achoura, l’affluence atteint des sommets ; la ferveur des visiteurs ne semble en rien entamée par les nombreux attentats qui ont pu toucher cette ville au cours des dernières années.

 

Le quarantième jour au sanctuaire de l’Imam Hussein(p) à Karbala

Regardant comme à son habitude les informations sur l’Irak depuis l’invasion de ce pays par l’armée américaine, il vit pour la première fois un autre visage  de l’Irak  : un spot télévisé de 30 secondes montrant des milliers et des milliers d’hommes, de femmes voilées de noir et d’enfants, venant d’horizons différents, marchant vers Karbala, les yeux rivés vers une unique direction, comme attirés par une force magnétique. Il y avait là quelque chose d’intense. « Qu’est-ce qui attiraient les gens vers Karbala ? » Les réactions de cet étranger à la vue de ce spot me poussa à me rendre à Karbala, ma terre ancestrale, pour voir par moi-même pourquoi ces scènes paraissaient si captivantes.      

Toutes les routes menant à Karbala étaient bondées de visiteurs se dirigeant à pieds vers cette ville sainte : des gens de tout âge, des vieillards, des jeunes, même des bébés dans des poussettes, sous une chaleur atroce la journée et un froid glacial le soir. Des gens de tout milieu – des paysans, des commerçants et aussi des médecins, des ingénieurs, des professeurs, de riches chefs d’entreprise – passaient par des routes et des terrains cahoteux, de dangereux marécages, ignorant les forces armées d’occupation, sans agrément de transport. Le plus frappant était ces hommes et ces femmes en chaises roulantes, ou s’appuyant sur des béquilles, ces pères ou ces mères portant leurs enfants handicapés. Imaginez marcher pendant 620 kms. Et maintenant imaginez pousser une chaise roulante ou porter un enfant sur vos épaules pendant 620 kms !

Les visiteurs n’avaient aucune provision avec eux si ce n’est leur amour incommensurable pour leur « Maître », des drapeaux et d’énormes banderoles avec des citations écrites en grosses lettres pour rappeler au monde, et à eux-mêmes, la raison de leur voyage : « Nous répondons à ton appel, ô Hussein ! » « A bas l’oppression ! » « La victoire du sang sur le sabre ! »

Les villageois limitrophes avaient installé sur la route des milliers de tentes équipées de cuisines et d’antennes médicales pour accueillir les visiteurs. Ils se mettaient sur la route, hélaient les visiteurs, les priaient de faire une pause chez eux, les suppliaient de se rafraîchir et de se nourrir chez eux. Ils disaient : « S’il vous plaît, honorez-nous de votre présence. Que Nos Maîtres nous  bénissent par votre accep-tation ! ». Et après avoir nourri et désaltéré leurs invités, ils s’empressaient de laver leurs pieds et d’embrasser leurs mains et leur front avant de faire leurs adieux.

Pourquoi tous ces gens marchaient-ils des centaines de kilomètres juste pour se rappeler un douloureux et atroce évènement qui s’est produit il y a des siècles de cela ? Même les attentats criminels, trois jours plus tôt, n’avaient réussi à refroidir leur ardeur !

Ils arrivaient, portant le deuil, s’arrêtaient face au mausolée pour réciter une « Ziyârah » à l’adresse de l’Imam Hussein – qualifié  d’ « héritier de Noé, Abraham, Moise et Jésus » –, puis entraient dans le sanctuaire en pleurant, en se lamentant et en se remémorant le drame de Karbalâ’. C’était comme si chaque individu avait un lien personnel avec l’Imam Hussein. Tous lui parlaient… l’appelaient par son nom… s’agrippaient à ce qui entoure la tombe… embrassaient le sol menant au sanctuaire… touchaient les murs et portes comme l’on touche le visage d’un ami perdu depuis une longue date… flamme vivante dans leur cœur que rien ne peut éteindre et qui les fait se dresser contre l’oppression.

Des mots fusèrent de certains endroits, peut-être de  ma tête : « Tous les jours ‘Ashûrâ’, toutes les terres Karbalâ’ ».

Visite au Messager de Dieu(s) à Médine

La  ville de Médine est située à plus de 500 kilomètres au Nord-ouest de La Mecque en Arabie Saoudite. Elle est la ville d’adoption du Messager de Dieu où il(s) put diffuser le Message divin et le mettre en pratique. Visiter le Messager de Dieu, c’est aller chez lui(s), dans sa maison où il fut enterré. Sa maison, il l’installa à côté de la seconde mosquée qu’il construisit à Médine (la première étant celle de Qubbâ, fondée sur la crainte de Dieu, mentionnée dans le Coran). C’est Dieu qui en avait déterminé l’emplacement  en mobilisant son chameau en cet endroit. Huit piliers, à l’origine des troncs de palmier, marquent encore l’emplacement de la mosquée originelle.             

Tout autour de la mosquée, il plaça sa famille, Fâtimah(p), ‘Alî(p) et ses compagnons, de sorte que chaque habitation avait une porte donnant sur la mosquée. Puis, le Messager deDieu(s) ordonna de fermer toutes les portes à l’exception de la sienne et de celle de ‘Alî(p).

La coupole verte sur le toit de la Mosquée indique l’emplacement de sa tombe. Depuis la mosquée connut des agrandissements, éloignant notamment la partie réservée aux femmes, loin du sanctuaire. Elle est considérée comme la meilleure des mosquées après celle de La Mecque. Elle est une des quatre mosquées où l’on peut prier une prière complète.

En vous approchant, vous êtes ébloui par la blancheur du marbre qui brille sous les effets du soleil ou de la lumière des réverbères. Mais plus de traces des maisons anciennes, du vieux marché aux petites boutiques enchevêtrées.. Vous essayez d’imaginer, sous ces plaques de marbre blanc aseptisant le passé, le chemin que parcourait le Prophète(s) :  là il(s) avait posé ses pieds, là il s’était assis, là il avait parlé, encouragé les gens à suivre la prière avec lui, là il avait exhorté au combat.

Alors l’émotion vous gagne. Un moment d’hésitation avant d’entrer dans la mosquée. Non pas que vous doutiez de lui(s) mais : « Suis-je digne de le(s) voir ? M’autorisera-t-il à entrer ? Est-ce que j’entre, ô Messager de Dieu ? Est-ce que j’entre, ô Argument de Dieu ? Est-ce que j’entre, ô les Anges proches de Dieu qui sont dans ce sanctuaire ? » « Ô mon Maître, autorise-moi à entrer.. Si je n’en suis pas digne, Toi, Tu en es Dignecar Tu es le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux. »

Des larmes ruissellent sur les joues sans que vous en rendiez compte, le cœur bat fort dans votre poitrine alors que vos jambes restent immobiles, attendant un signe de l’Elu(s) de Dieu, quand vous vous trouvez près de sa tombe...

Vous ne pouvez pas la toucher, mais la lumière et la sérénité qui se dégagent vous suffisent. Transportés dans un autre monde, la langue se délie : vous vous mettez à parler au Messager de Dieu(s) comme s’il(s) était devant vous. Il entend ce que vous dites et vous répond si vous êtes à l’écoute. Le Prophète n’est-il pas prioritaire/plus proche des croyants qu’ils ne le sont eux-mêmes avec eux-mêmes ? Vous vous laissez emporter dans un sentiment de plénitude, imprégnée de foi intense.

Quand les yeux retombent sur le tombeau. La séparation est dure. D’une voix sanglotante, vous murmurez : « Seigneur, prie sur Mohammed et sur la famille de Mohammed, le choisi, l’élu, l’honoré, le rapproché, de la meilleure de Tes Prières et bénis-le de la plus complète de Tes Bénédictions et fais-lui Miséricorde de la plus accomplie de Tes Miséricordes ! »

Les yeux continuent leur ballade et tombent sur la chaire, à 22m de la tombe, que le Prophète(s) fit construire à la demande de ses fidèles qui voulaient le voir quand il(s) parlait. C’est là que  le Prophète(s) fit ses sermons aux premiers Musulmans qui buvaient ses paroles, les retenaient par cœur pour les mettre en pratique ou les conserver intactes dans leurs mémoires.. Vous  vous demandez :  « Et moi, quelle est ma relation avec le Coran ?

Là, que le Prophète(s) a prié, s’est prosterné.. Vous tombez prosternés par terre puis vous vous levez pour accomplir une prière qui sera exaucée avec la Volonté de Dieu. De toute façon, vous n’êtes pas perdant : une prière en cet endroit équivaut à 1000, 10 000, 50 000 prières faites ailleurs. Vous êtes enveloppé par la Miséricorde qui englobe toute chose, la Toute-Miséricorde de Dieu, de Son Prophète(s).

Selon un hadîth du Prophète(s), il y a, entre sa maison (sa tombe) et la chaire, un des jardins du Paradis (rawdat al-Jinna). La Miséricorde divine y descend en permanence. Quel secret recèle cet endroit ?    

Le Prophète(s) a dit : « Celui qui me visite durant ma vie ou après ma mort a visité Dieu Très-Elevé. » et « J’intercèderai le Jour du Jugement Dernier en faveur de celui qui me visite durant ma vie ou après ma mort. »

Le tombeau du Prophète Ibrahim(p) à al-Khalîl (Hébron) en Palestine occupée 

Le tombeau (familial) du Prophète Ibrahîm(p) (Abraham), l’Ami Intime de Dieu (Khalîl Allâh), le père des Prophètes Isma‘îl et Isa‘ac, dont se revendiquent les trois religions (juive, chrétienne, musulmane), se trouve en Palestine occupée dans la ville d’al-Khalîl (Hébron), située à une trentaine  de kilomètres au sud de Jérusalem.

A l’origine, c’était une grotte naturelle où le Prophète  Ibrahim(p) déposa la dépouille de sa femme Sarah. Puis y furent déposées la sienne, celles de ses descendants avec leur femme,  le Prophète Isaac(p) avec Rebecca et le Prophète Ya‘coub(p) avec Léa.

La muraille que l’on voit fut construite – à l’exception des créneaux et du minaret qui datent de l’époque de Salah ad-dîn (Saladin) au Moyen-Age – sur la grotte à l’époque de l’empereur romain, Hérode le grand, pour encercler ce lieu rocheux sous forme de colline. Elle est une enceinte de pierres de taille (certaines pouvant aller jusqu’à 7,5 m de large), de forme rectangulaire, mesurant 34m sur 59m avec 18m de hauteur et 2,65 m d’épaisseur, à ciel ouvert. Une mosquée fut édifiée par la suite sur les lieux.

Deux ouvertures scellées d’une grille décorée, située sous un vaste dôme pour celle située près du sanctuaire du Prophète Ibrahim(p), fermée par une grosse pierre pour celle située près du « minbar », indiquent l’accès à cette grotte par deux puits, qui, selon la description qu’en ont faite deux moines augustins au XIIe siècle, présenterait deux salles reliées entre elles par un étroit couloir, avec des jarres dans un coin contenant les ossements.

Des tombeaux commémoratifs (« cénotaphes » dans la mesure où les ossements sont sous terre) indiquent symboliquement l’emplacement des dépouilles. Ces constructions en pierres rouges et blanches disposées de sorte à former des rayures horizontales, datent du Moyen Age.

Après l’occupation de la Cisjordanie en 1967, le sanctuaire fut divisé en deux : les trois cinquièmes du monument dans sa partie au nord-ouest furent placés sous le contrôle sioniste, à la disposition de leurs rabbins, et les deux cinquièmes restants constituant la salle de prière de la mosquée, furent laissés aux Musulmans.

Ainsi le tombeau du Prophète Ya‘coub(p) (Jacob) (avec celui de sa femme Léa) se trouva dans la partie sous contrôle sioniste au nord-ouest du sanctuaire.

Le tombeau du Prophète Isaac (p) (avec celui de sa femme Rébecca) se trouva à proximité du centre de la salle de prière des Musulmans.

Et le tombeau du Prophète  Ibrahim(p) (Abraham) (avec celui de sa femme Sarah) se trouva entre les deux parties, accolé à la mosquée, accessible de façon exclusive à l’une ou l’autre selon le calendrier religieux, maintenu fermé par des  grilles en dehors des fêtes religieuses.

Une entrée pratiquée dans l’enceinte au sud-ouest permet l’accès direct à la mosquée pour les Musulmans.

Après le massacre effectué en 1994 par un colon sioniste qui ouvrit le feu sur les Musulmans en prière, dans le sanctuaire du Prophète Ibrahim, un jour du mois de Ramadan, tuant 29 personnes et en blessant des dizaines d’autres, les forces d’occupation sionistes prirent le contrôle du sanctuaire, matérialisant leur présence par de gros blocs de bétons. Et, aujourd’hui, en inscrivant ce sanctuaire, pourtant bien entretenu, sur la liste des sites enregistrés au patrimoine archéologique en vue de soi-disant bénéficier de mesures de restauration, l’entité occupante sioniste fait un pas de plus vers la colonisation (la « judaïsation ») des lieux saints en Palestine occupée.

Visite à S. Zeinab (à Damas en Syrie)

A sept kilomètres de la capitale de la Syrie, dans la banlieue sud ouest de Damas (Shâm), en se dirigeant vers l’aéroport, on peut apercevoir la coupole dorée du sanctuaire de Sayyidat Zeinab(p), la fille de l’Imam ‘Alî(p), le prince des croyants, et de Fâtimah az-Zahrâ’(p), la fille  du Prophète Mohammed(s), la sœur des Imams al-Hassan(p) et al-Hussein(p), la mère des malheurs !

Sanctuaire superbement restauré avec sa coupole dorée, ses deux minarets turquoise et jaunes, son esplanade, ses places et bâtiments attenants permettant le rassemblement de nombreux visiteurs et la tenue de la prière en groupe quotidienne, il est devenu un des plus beaux monuments de Damas.

De modestes portes donnent sur une façade d’entrée, joliment décorée de fioritures iraniennes. Le visiteur,  attiré par la lumière des lustres de cristal intérieurs, ne tarde pas dans les corridors attenants et entre en confiance dans le sanctuaire, comme s’il rendait visite à un parent cher.

Mais à la vue de sa tombe, il est saisi par l’émotion : les larmes surgissent, les images du drame de Karbalâ’ défilent devant lui. C’était elle, Zeinab,  qui était présente à Karbalâ’ le jour de ‘Ashûrâ’ en l’an 61H et qui  révéla la vérité au monde musulman : les hommes de la famille du Prophète(s) assassinés, ses frères l’Imam Hussein(p) et Abû Fadel al-‘Abbas, ses fils, ses cousins, ses neveux, les têtes décapitées..

Les soldats de Yazîd pénétrant dans les tentes des femmes et des enfants, qui furent violentés, emmenés captifs, enchaînés.. les tentes brûlées..

C’est Zeinab qui protégea toutes les femmes et les enfants de la famille du Prophète(s), qui défendit le fils de l’Imam Hussein(p), l’Imam Alî Zein al-‘Abidîne(p), alité pour cause de maladie pendant tous les combats, quand il fut découvert par les sbires de Yazîd.

Comment a-t-elle pu supporter tout cela ? Comment a-t-elle pu porter tout cela ?

Comment a-t-elle pu affronter ‘Obeidullah fils de Ziyâd et plus tard Yazîd à Shâm, défendre l’honneur de l’Islam et de la famille du Prophète(s), répondre la tête haute à la question « Comment vois-tu ce que Dieu a fait de ton frère et des membres de sa famille ? » : « Je ne le vois pas autrement que joli. »

Comment a-t-elle eu cette force de répondre aux habitants de Kûfa pleurant sur leur sort ?

Où a-t-elle puisé ce courage et cette puissance pour rétablir la vérité de cette tragédie, d’une voix claire et éloquente, aux habitants de Kûfa et du pays de Shâm (la « grande Syrie » d’alors) en fête, et dénoncer le massacre sauvage perpétré par les soldats de Yazîd contre la famille du Prophète(s) ?

Elle fut le témoignage éclatant de la foi invincible en Dieu, en Son Messager(s) et en Ses Légataires(p), de la confiance en Dieu dans ce qu’Il a décidé. Elle représente toujours un exemple de la détermination de la femme musulmane et de sa conscience. Sa tombe à Shâm, en reste la preuve vivante.

« Rawdat al-Janna » (à Médine)

« Entre ma maison (ou ma tombe) et ma chaire, il y a un des Jardins du Paradis, disait le Prophète Mohammed(s). Et ma tribune est à une des portes du Paradis. » La Miséricorde y descend en permanence. Quel est le secret de cet endroit  à l’intérieur de la noble Mosquée du Prophète(s) à Médine ? La Rawdat comprend également une petite alcôve – le lieu de prière du Prophète(s) – et la maison de Sayyidah Fâtimah az-Zahrâ’(p).

La maison de Fâtimah az-Zahrâ’(p) se trouvait à côté de la maison du Prophète(s).

Le prophète(s) ne quittait pas la ville de Médine sans la saluer et la première personne qu’il(s) visitait dans sa maison à son retour était Fâtimah(p).

L’Ange Gabriel(p) s’y rendait après avoir transmis au Messager de Dieu, le Prophète Mohammed(s) le Message divin, pour en informer Fâtimah(p) ;

C’était là qu’elle avait pris pour époux son cousin, ‘Alî fils d’Abû Tâleb, le Prince des croyants(p) ; Là où elle(p) avait mis au monde ses enfants Hassan, Hussein et Zeinab.. Là où elle avait pleuré en secret la disparition de son père(s) au point que le Prince des croyants lui construisit la « maison des tristesses » (« Beit al-Ahzân »); Là où elle était … derrière la porte..

Ooh ! Quelle douleur !

La porte ouverte brutalement plaquant Fâtimah contre le mur, avec son bébé Mohsen dans le ventre qui ne put supporter le choc.. les ténèbres commencèrent à s’étendre..

Là où elle(p) serait peut-être enterrée.. dans sa maison, secrètement pendant la nuit…

Seuls quelques proches l’accompagnèrent à sa dernière demeure : l’Imam ‘Alî(p), ses enfants Hassan, Hussein, Zeinab et quelques fidèles comme Salmân, al-Miqdâd, ‘Ammâr, Abû Dhar..

« Serait » parce que nul ne sait où elle(p) fut enterrée..

Aah ! Quelle tristesse …

Dans le « Jardin du Paradis » (Rawdat al-Janna) ? dans sa maison  près de son père(s) ? ou dans al-Baqî‘ avec son fils Hassan(p) et ses petits-enfants as-Sajjâd(p), al-Bâqer(p), as-Sâdeq(p) ?

La tristesse qui s’empare des visiteurs n’est rien comparée à sa tristesse au moment de la disparition de son père(s). « Ô l’éprouvée, Dieu qui t’a créée avant de t’avoir créée [en ce monde], t’a éprouvée, et pour ce que tu as été éprouvée, Il t’a trouvée patiente. »

Il est recommandé de visiter Fâtimah az-Zahrâ’(p) en cet endroit et y prier deux raka‘ats, signe de l’allégeance à elle, la plus grande dame du monde(p), par l’allégeance au Messager de Dieu(s) et à ‘Alî(p) le Prince des croyants pour obtenir ce que Fâtimah(p) a promis : « Mon père m’a dit : « Dieu Tout-Puissant pardonne à celui qui prie sur toi et le fait se joindre à moi où je me trouve au Paradis » ».

Djabal Nour (à La Mecque) – la grotte de Hirâ

Les pèlerins qui se rendent à La Mecque ont l’habitude de se rendre à la montagne de la Lumière (Jabal Nûr) après avoir accompli les obligations du Hajj. Au haut de cette montagne se trouve la grotte d’ al-Hirâ où le Prophète Mohammed(s) se retirait pendant près de 40 ans pour adorer Dieu et où eut lieu  la descente de la révélation: {Lis, par [la grâce du] Nom de ton Seigneur qui créa, créa l’homme d’un caillot de sang ! Lis et ton Seigneur est le plus Noble qui a enseigné par le calame, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. } (1-5/XCVI le Caillot de sang)  

Moment d’émotion de retrouver les traces du Prophète(s) là où le temps n’a rien modifié : une montagne noire, désertique, entourée d’autres montagnes noires. Aucune végétation, aucune âme qui vive. Il(s) gravissait le flanc aride de cette montagne, parcourant d’abord un chemin en lacets puis escaladant des rochers pour enfin arriver au sommet. De là, il(s) redescendait un peu sur le ver-sant face à La Mecque et se retirait dans une petite grotte, la grotte (d’al-Hirâ). A l’intérieur une petite ouverture donnant directement sur la Ka‘abah. Il(s) y pas-sait de longues heures à méditer, à implorer Dieu, à prier.. Sa femme, l’illustre Khadîjeh, parcourait le même chemin tous les jours pour lui apporter à manger..

Encore aujourd’hui l’ascension est ardue : quelques marches en ciment faites par des pèlerins bénévoles sillonnent le chemin en lacet et remplacent en partie l’escalade des rochers. Mais ces marches bien étroites deviennent rapidement des goulots d’étranglement avec l’afflux des visiteurs montant et descendant. Arrivé au sommet, le visiteur contemple le paysage, saisi par un sentiment de grandeur et en même temps de grande humilité, perdu parmi ces montagnes. L’élévation est toujours synonyme de spiritualité, de rapprochement vers Dieu, Le Créateur… loin des habitations et du brouhaha de la ville.

Le cœur se vide de toutes ses apanages, face à la Grandeur divine, la vanité de ce monde, l’effort de l’escalade (vers Dieu) aidant. Les montagnes se succèdent les unes derrière les autres, entourant celle choisie par le Prophète Mohammed(s) pour ses prières et ses méditations, ouvrant l’horizon de l’infini et de l’absolu.

L’âme, humiliée devant ces montagnes noires et désertes, vole sur leurs cimes à la recherche d’une branche où se poser. Mais elle ne trouve rien.. rien que la roche noire. Pas un arbre, pas une fleur. Aucune trace d’eau. Le summum du dénuement et de l’abstraction. Désappointée, elle va se blottir dans sa demeure originelle, soumise, laissant la place libre à la raison et surtout au cœur, qui par la contemplation, la méditation, l’adoration, s’apprête à recevoir les Effusions divines.  

Le souvenir du Messager de Dieu(s) effleure alors l’esprit ; un doux parfum de bonheur, d’intimité, de communion, de plénitude se dégage dans ses montagnes dénudées. Les lumières malakûtiyyah émanent d’un éclat supérieur. Personne autre que le Prophète Mohammed(s) n’est arrivé à ce degré de Proximité avec Dieu. Personne n’a reçu ni ne recevra ce que le Prophète(s) a reçu : la plus profonde des profondeurs, la plus élevée des élévations, la plus abstraite des abstractions et en même temps la plus apparente des manifestations divines, la plus matérialisée (par ses mots et son contenu), rendant le Message (le noble Coran) accessible à tous en fonction de leur capacité de réception (compréhension), régissant ce monde, achevant la preuve (al-Hujjah) envers l’ensemble des gens.

Certes, aucun propos rapporté n’évoque une quelconque recommandation d’aller au sommet de cette montagne de la « Lumière » (Jabal an-Nûr), ni n’encourage l’isolement dans les montagnes pour la méditation et l’adoration de Dieu. Mais marcher sur les traces du Prophète Mohammed(s), le Bien-aimé de Dieu, suffit pour motiver plus d’un pèlerin à gravir le sommet de cette montagne et contempler ce que le Prophète(s) a contemplé.                                         

 

Sâmorâ’ ou Samarra : le « Sirdab »

Emmenés de force à Sâmorâ’ (au nord de l’Iraq) par les califes abbassides qui avaient fait de cette ville leur capitale, les trois derniers Imams(p) y passèrent leur vie en résidence surveillée. Deux y furent enterrés après avoir été empoisonnés par les califes abbassides, les Imams ‘Alî al-Hâdî(p) et Hassan al-‘Askarî(p). Le dernier Imam y vécut quelques années reclus, caché de tous, dans une petite maison située tout près du mausolée de son père(p) et de son grand-père(p).

Cet endroit est aussi un lieu de visite vénéré par les visiteurs qui s’y rendent après avoir visité les tombes des deux Imams(p) et celles de la grande tante et de la mère de l’Imam al-Mahdî(qa), surnommée la « reine de ce monde et de l’Au-delà ».

On reconnait le « sirdab » à sa coupole de couleur bleue qui se dresse au-dessus d’une petite bâtisse. C’est là que l’Imam al-Mah-dî(qa) occulta avant de disparaître aux yeux de tous, dans l’attente du retour, quand il y aura suffisamment de gens convaincus de son message et de sa mission.

De la petite maison, il ne reste plus que le sous-sol, le « sirdab » (sous-sol) que les visiteurs découvrent, après avoir récité l’autorisation d’entrer, en descendant, l’un derrière l’autre, un petit escalier étroit qui aboutit à un petit couloir formant un angle droit, recouvert de marbre blanc sur la partie inférieure et décoré de milliers de petits miroirs à facettes.

Avant de le prendre, il est bon de visiter l’Imam al-Mahdî(qa) de la ziyârat qu’il(qa) a lui-même rapporté pour lui-même : la ziyârat Âli-Yasîn, de vivre un moment d’« intimité » avec lui(qa), de réaliser que l’on va rendre visite à son Maître, son Chef, son Sauveur, de renouveler son allégeance à lui(qa), de demander à Dieu sa protection, d’accélérer son apparition puis faire des invocations pour sa famille, ses proches, ses voisins, soi-même. « J’atteste que Dieu t’a choisi quand tu étais petit puis a complété Ses Savoirs pour toi une fois  devenu grand, que tu es vivant, que tu ne mourras pas tant que les idoles et les tyrans ne seront pas annihilés. »

Puis les visiteurs parcourent le petit couloir et aboutissent à une petite pièce. C’est cela le « sirdab » qui n’a pas changé, « morceau de terre que Dieu a purifié, une cour que Dieu a honorée ».

Il existait sur la gauche une autre petite pièce où, dit-on, l’Imam al-Mahdî(qa) recevait ses ambassadeurs pendant sa petit occultation, qui a été fermée depuis, peut-être pour cause de rénovation. Les visiteurs aimaient y prier, se faire bénir par l’Imam al-Mahdî(qa), présent mais invisible, que certaines âmes pures ont pu entrevoir, de la vision du cœur, qui une main, qui une silhouette..

Maintenant il ne reste plus que cette petite pièce au fond de laquelle une porte ciselée fermée, donnant sur une faïence de toutes les couleurs, indique le lieu de disparition de l’Imam(qa) pour sa grande occultation. Bienheureux celui qui  a prié deux raka‘ts en cet endroit à un moment de non-affluence ou même qui a vu cette petite porte s’ou-vrir et a pu pénétrer dans cette alcôve et y prier : « Louange à Dieu qui nous a dirigés à cela, nous a fait connaître Ses Elus et Ses ennemis.. » 

Ensuite, il faut remonter un autre escalier étroit, ardu, construit à l’emplacement de la fenêtre qui donnait sur la cour, pour refaire surface. Là des tapis ont été disposés pour permettre à ceux qui n’ont pas pu prier en bas de le faire et de terminer l’invocation commencée en bas. « Que Dieu fasse en sorte que cette visite soit acceptée, qu’elle ne soit pas la dernière, qu’elle consacre le renouvellement de l’engagement à l’Imam al-Mahdî(qa) et le renforcement de la détermination à préparer sa sortie. »

 

La ville sainte de Najaf

Najaf est une ville de près d’un million d’habitants à 150-160 km au Sud-Ouest de Bagdad. Grand.  centre d’études théologiques chiites, elle a subi un déclin fatal sous le régime de Saddam Hussein. Les instituts religieux scientifiques (Haouzah) furent détruits et de grands savants religieux comme les deux martyrs Mohammed Baqer Sadr furent assassinés. Depuis l’invasion américaine en 2003 qui entraîna la chute de Saddam Hussein et la diminution de la répression directe à l’encontre des Shi’ites, la ville tente de ranimer ses activités religieuses même si elle n’est pas épargnée par les attentats meurtriers aveugles.

En entrant dans la ville, vous apercevez de loin le dôme du mausolée du Prince des croyants, l’Imam ‘Alî fils d’Abû Tâleb(p)et ses deux minarets recouverts d’or qui scintillent dans les rayons du soleil. C’est là qu’il(p) fut enterré après avoir reçu un coup de sabre meurtrier d’Ibn Muljem dans la mosquée de Koufa et rendu l’âme dans sa maison près de la mosquée. Après avoir été lavé et enveloppé dans un linceul,  il fut emmené en cet endroit désert appelé à cette époque « dhuhr (dos de) Kûfâ », qui fut tenu secret pendant des décennies. Pourquoi ne fut-il pas enterré à Koufa ? Cela fait partie de ces mystères divins. En tout cas, il est rapporté que l’endroit leur fut indiqué par Dieu – une monture laissée à elle-même portant le corps de l’Imam(p) s’y arrêtant – là où furent enterrés Adam(p) et Nûh(p).

C’est l’Imam as-Sâdeq(p) qui révéla par la suite l’emplacement de la tombe de son aïeul à ses proches. Déjà précédemment, l’Imam ‘Alî fils de Hussein, Zayn al-‘Abidine(p) avait emmené Abû Hamzeh ath-Thumâlî de la mosquée de Koufa à pieds en cet endroit qu’Abou Hamzeh avait décrit comme étant « blanc, brillant de lumière ». Il(p) lui avait alors dit : « Ô Abû Hamzeh, voici la tombe de mon grand-père, ‘Alî fils d’Abû Tâleb. » Une mosquée, depuis, a été construite à l’Ouest du mausolée pour évoquer cette visite de l’Imam as-Sajjâd(p) à son grand-père à un moment où personne ne savait où se trouvait la sépulture du Prince des croyants(p).

En vous approchant du sanctuaire, vous êtes impressionné par la majesté de ce mausolée récemment restauré, avec sa grande façade d’entrée dorée, imposante, les murs de l’enceinte rénovés avec, sur le côté méridional, la photo du savant Mohammed Baqer al-Hakim immortalisée dans la pierre de l’enceinte, à l’endroit où il tomba martyr tué par l’explosion d’une voiture piégée en 2003 après l’invasion américaine.

Cette impression de majesté fait écho à l’image que suggère l’Imam ‘Alî(p) : la foi inébranlable, la force, la puissance indéfectible au service de Dieu et de son Messager(s), la sécurité, la loyauté, la sérénité, le courage.

En pénétrant dans la cour intérieure du sanctuaire, vous vous approchez de la façade que vous dévisagez tant elle est belle. « ‘Ali est avec la Vérité et la Vérité est avec ‘Alî » est écrit en épitaphe au-dessus de l’arcade d’entrée. Vous entrez dans un autre monde : le vrai, au-delà des apparences. Le Prophète de Dieu(s) a dit : « Je suis la Cité du Savoir et ‘Alî en est la porte, aussi celui qui veut le savoir et la sagesse, qu’il entre par cette porte. » Aussi, entrer dans le sanctuaire par cette porte, c’est entrer dans le Savoir, dans la Vérité ; c’est refuser le mensonge, l’hypocrisie, l’injustice, l’oppression ; c’est accepter d’en payer le prix pour défendre la Vérité et le Droit ; c’est refuser le clinquant de ce monde illusoire. Les dorures sont comme une allusion aux Trésors réels présents auprès de Dieu, un signe de la Beauté infinie, indescriptible de l’Au-delà.

Vous restez encore un temps à contempler ces ciselures en or, votre esprit vagabondant dans un autre monde, dans l’attente de l’autorisation d’entrer dans le mausolée. Votre cœur s’impatiente, répète : « Est-ce que j’entre, ô mon Maître ? Est-ce que j’entre, Ô Prince des croyants ? » La porte s’ouvre, celle du cœur, de l’âme, de l’esprit.

Vous entrez, sans voir les trois tombes latérales, celles du grand savant Ardibilî, sur votre gauche, et celles d’al-Hillî et de Mostafa Khomeiny, le fils de l’Imam Khomeiny sur votre droite. Que la Miséricorde de Dieu soient sur eux-tous qui ont pris cette porte avant vous !

Tombeau de Dhû al-Kifl (Ezéchiel)

Le Prophète Dhûl-Kifl est l’un des 25 Envoyés de Dieu cités dans le noble Coran. Dieu nous invite de l’évoquer dans Son Noble Livre : {Mentionne Ismaël, Elisée et Dhû al-Kifl : Chacun d’eux se trouve parmi les meilleurs (al-Akhiyâr).} (48/XXXVIII). Et {Et Ismaël, Idris, et Dhû-l-Kifl ! Tous étaient des patients ; Nous les fîmes entrer en Notre miséricorde car ils étaient parmi les vertueux (as-Sâlihîna).} (85-86/XXI)

Il serait, selon certains propos rapportés du Prophète Mohammed(s) et des Imams(p), « Hazqîl » (1)– dans la Tora, le Prophète Ezéchiel qui aurait accompagné l’exil des Juifs en Babylonie en 597av.JC  avec Nabuchodonosor II et qui est connu pour ses visions apocalyptiques – et il(p) est présenté comme jugeant parmi les gens avec justice et comme ne se mettant jamais en colère (sauf pour Dieu), malgré toutes les tentatives d’Iblis.

Il fut appelé « Dhû al-Kifl » pour avoir respecté son engagement au Prophète de son époque de ne pas se mettre en colère. Et selon d’autres propos rapportés, pour avoir sauvé 70 Prophètes de la mort en se portant garant d’eux, déclarant qu’il « est préférable que je sois tué que vous tous. » Quand les Juifs arrivèrent et demandèrent à Ezéchiel où se trouvaient  les 70 Prophètes, il leur dit qu’il ne savait pas où ils étaient partis. Dieu (qu’Il soit Glorifié) protégea Dhû al-Kifl d’eux.(2)

Aussi, la tombe de Dhûl-Kifl située à Al-Kifl, une petite bourgade située à 130 kilomètres au sud de Bagdad, entre Hilla et Nadjaf, est-elle un lieu de pèlerinage pour les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs.

« J’ai visité le tombeau d’Ezéchiel à trois reprises, entre 1998 et 2002. J’avais eu du mal à savoir où il se trouvait, jusqu’à ce qu’un ami me dise de demander où est enterré Dhû-l-Kifl, le nom qui lui est donné dans le Coran. Le lendemain, j’étais en route pour Kifl, gros village situé entre Babylone et Nadjaf.

La coupole du tombeau, de style bouyide, est visible de loin. Après avoir traversé un magnifique souk, charpenté en bois, je pénétrai  dans une esplanade en partie recouverte par les ruines d’une mosquée abbasside. Un magnifique minaret s’y élève toujours, décoré de briques sculptées et de calligraphies en style coufique. Près de la porte du tombeau d’Ezéchiel, se trouve l’entrée d’un souterrain, depuis condamnée, sur lequel courent des légendes extraordinaires.

Le sanctuaire comprend trois salles attenantes. La première est une ancienne synagogue aux murs peints, par endroits, d’extraits en hébreu de la Tora. La seconde est réservée au monument funéraire érigé pour le prophète, devant lequel le calife Ali, gendre du Prophète Muhammad, qui résidait non loin à Kûfa, se serait recueilli. Le dôme du tombeau est recouvert de motifs floraux.

Avant d’entrer dans la dernière pièce, un espace est aménagé pour la prière. Le gardien de l’époque me dit qu’Al-Khidr – « l’imam Vert » – personnage symbolique mentionné dans le Coran, y est apparu. Passé la porte, il me montre cinq tombes alignées, recouvertes de draps verts. Ce sont, me dit-il, celles de disciples d’Ezéchiel, emprisonnés avec lui en 597 av. JC, après le second Exode. Le mausolée aurait été construit sur l’emplacement de leur prison. »(3)

Depuis le début de l’année 2009, l'entretien et l'administration de ce lieu sacré (la tombe du Prophète Dhûl-Kifl(p) et la Mosquée An-Nakhilah) passèrent (à la grande colère de certains(4)) sous l'autorité de l'Association Shiite des Lieux Saints qui entama des travaux de développement et d’embellissement des lieux qui devraient s’achever en 2011.

Que la Paix soit sur Dhû al-Kifl, le pur élu, le patient, le vertueux !

(1)Selon d’autres, il s’agirait de ‘Ûwidiyâ fils d’Idris. D’autres noms sont également évoqués

(2)Selon « Qisas al-Anbiyâ’ » de Tabursî, de Sheikh Sadûq, in Bihâr, vol.13 p384

(3)D’après un témoignage de Gilles Munier

(4)Selon un rapport du 30-1-2009 de Wayne Madsen (ancien officier de renseignement de la Marine américaine), les sionistes auraient des visées sur ces sanctuaires en Iraq, considérés comme faisant partie du « Grand Israël ».

Les trois vœux chez l’Imam Ridâ(p) à Mash’hed en Iran

« Trois vœux, trois de tes vœux les plus chers se réaliseront lorsque tes yeux se poseront pour la première fois sur le dôme doré » m’avaient répété ceux qui avaient appris ma visite à l’Imam Ridâ(p). «Trois vœux, c’est tout ce que tu auras. »

Alors, lorsque nous prîmes l’avion pour Mash’hed, j’espérais ne pas me trouver au hublot. Non pas que la vue des paysages me dérangeait mais parce que je redoutais d’apercevoir le dôme doré du Mausolée de l’Imam Ridâ(p) avant d’être prête.

Je ne peux cacher que ce qui me vint en premier à l’esprit ce fut la lampe magique et les trois vœux qui l’accompagnent. Aussi pour passer outre ce cliché, je me rappelais la Générosité sans limite de Notre Seigneur, me rassurant ainsi que le chiffre n’était que symbolique.

Néanmoins, après une profonde aspiration, je me mis à réfléchir sérieusement à mes trois vœux. Cela peut paraître étrange de passer au-delà de tous ses désirs et de réduire ses souhaits à seulement trois ; cependant, en y pensant un peu, cela n’est plus si étrange. En réalité, ces trois vœux représentent qui nous sommes réellement et ce qui nous importe le plus dans la vie. Cette sélection est sans aucun doute un excellent moyen d’évaluer sa propre personne et ce que nous considérons comme primordial pour notre devenir. A ces moments de vérité, nous nous rendons compte à quel point nous sommes superficiels ou sincères. Pas de tricherie possible. Nous n’aimerions pas gaspiller un vœu pour quelque chose qui ne nous tient pas réellement à cœur. C’est ainsi que l’Imam Ridâ(p) nous comble de ses bénédictions. Pas seulement par ces trois vœux mais aussi par la profonde révélation qu’ils font de nous.

Le soleil était presque couché quand nous nous approchâmes du Mausolée. « Que la Paix soit sur toi ô Ali fils de Moussa, ar-Ridâ(p) » était la phrase que je répétais chaque jour après mes prières quotidiennes et cela résumait la relation que j’avais instaurée avec lui(p). Aussi je n’arrivais pas à expliquer pourquoi mon cœur était si lourd quand je marchais en murmurant  « Dieu est plus Grand, il n’y a de dieu que Dieu… » D’où venait cette tristesse ? Pourquoi tant de larmes coulaient sur mon visage pour quelqu’un que je connaissais à peine ? Comment ai-je pu lui appartenir soudainement et oublier tout le reste ? La réponse était simple : pour la première fois, j’avais pu saisir la réalité de l’Imam. L’être impuissant que j’étais s’approchait d’une personne choisie par Dieu ! Il était là, prêt à faire disparaître mes craintes et mes soucis et à m’emmener vers le bonheur que je n’avais cessé de rechercher ! En fait, jusque là je n’étais pas prête pour trouver refuge  auprès de sa grandeur ! Que je regrette de ne pas avoir réalisé cela plus tôt !

Debout à sa porte, je lui demandais la permission d’entrer. A peine mes pieds touchèrent le saint sol du Mausolée que tous mes chagrins disparurent. Une inexplicable joie envahit mon cœur douloureux et un sourire paisible remplaça mes larmes ! J’étais en présence de mon Imam tant aimé !

Nous passâmes de nombreuses portes, nous nous égarâmes même une ou deux fois et je ne cessais de répéter à notre guide « Sommes-nous prêts du dôme ? ». Malgré ses assurances, le stress me faisait réagir comme une enfant. Pas de dôme doré en vue.

A peine entrée, une marée de femmes m’emporta et en peu de temps je me retrouvai face à la tombe sacrée. « Maintenant, demandez à l’Imam ce que vous désirez ! » lança notre guide, qui ne comprenait pas pourquoi je continuais à l’interroger naïvement sur le dôme doré. Je ne vais tout de même pas exprimer mes trois vœux comme cela devant cette énorme foule ! Finalement je n’étais pas si réticente car j’avais l’assurance que seul l’Imam Ridâ(p) pouvait m’entendre.

Mais comment parler à l’Imam Ridâ(p) ? Comme à son bien-aimé ? Avec quelle intonation s’adresser à une âme si clémente et charitable ? Sur le ton de la supplication… de la demande… en murmurant … en pleurant… avec un sourire… ou un sanglot… ? Peut-être avec un mélange unique de tous ces sentiments !

Quand nous passâmes, plus tard, près du dôme doré, je demeurai debout comme hypnotisée par son immense beauté. Que faire de mes trois vœux ? Dois-je les formuler à nouveau, par précaution ? C’est ce que je fis. Mais à ce moment précis, la seule chose que je désirais réellement dire était : « Que la paix soit sur toi Ô mon Imam, Ô Ali ibn Moussa Ridâ(p) ! »

Le mont ‘Arafat près de La Mecque

Situé à quelques 25 kms à l’Est de La Mecque, le mont ‘Arafat ressemble plus à une plaine qu’à une montagne, recouverte de milliers de tentes blanches ou de couleurs, plus ou moins luxueuses, pendant la période du Hajj, et d’arbres verts qui ont poussé au cours de ces dernières années, adoucissant un peu la rudesse de cet endroit.

Lieu de rassemblement de millions de pèlerins mis en état de sacralisation (Ihram) pour accomplir la 1ère étape indispensable du Hajj, il est appelé « ‘Arafat », selon certains propos rapportés, en allusion à la reconnaissance des péchés (du Prophète Ibrahim(p), d’Adam(p) et Eve, de tous les pèlerins selon les propos rapportés des Infaillibles(p)).

La veille du jour de ‘Arafat, le huitième jour de Dhû al-Hujjah, les pèlerins se rendent à ‘Arafat, à pied, en autobus, si les conditions météorologiques le permettent. – Il arrive que des pluies torrentielles empêchent les pèlerins de camper en cet endroit et d’y passer la nuit, pluies que certains qualifient de purificatrices de toute trace d’incroyance et d’associationnisme –.

La station à ‘Arafat exigée dans les rites du Hajj ne commence que le lendemain, le 9 Dhû al-Hujjah, le Jour de ‘Arafat, de midi au coucher du soleil. Car le Jour de ‘Arafat est un de ces jours de fête grandioses durant lequel Dieu appelle Ses Serviteurs à Lui obéir et à L’adorer. Il est le Jour durant lequel Dieu étend, pour Ses serviteurs, des tables servies de Ses Bienfaits et de Ses Largesses ; le Jour durant lequel celui qui demande n’est pas renvoyé les mains vides. Durant ce jour, le démon est humilié, méprisé, banni, très en colère, plus que durant les autres jours.

Il est rapporté de l’Imam as-Sajjâd(p) qu’il entendit, en ce jour, quelqu’un mendier auprès des gens. Il(p) lui dit : « Malheur à toi ! Tu demandes à autre que Dieu en ce jour !? Alors qu’en ce jour, même les fœtus dans le ventre de leurs mères, supplient que les faveurs de Dieu Très-Elevé s’étendent à eux et ils sont heureux [ou exaucés]. » (cf. Faqîh, vol.211 H2182)

Tous les pèlerins se retrouvent en ce lieu et en ce jour, dans leur tenue de l’Ihrâm, de préférence de couleur blanche, les hommes enlacés dans leurs serviettes et les femmes vêtues de ce qui ressemble le plus aux habits de prière.

Rappel du jour où tous les êtres humains sortiront de leurs tombes et seront appelés au Grand Rassemblement pour le Jugement Dernier.

Ainsi, celui qui se trouve à ‘Arafat, le jour de ‘Arafat, ne doit pas perdre une minute entre midi et le coucher du soleil, pour demander le Pardon de Dieu, L’invoquer de ces célèbres invoca-tions des Imams al-Hussein(p) et de ‘Alî fils de Hussein(p), et de demander, en ayant la certitude d’être exaucé, le pardon de tous les péchés, l’exaucement de toutes les prières, l’immunité des Feux de l’Enfer.

Le soleil disparait déjà à l’horizon dans un ciel flamboyant. Les pèlerins plient leurs affaires et quittent ces lieux avec humilité, le cœur serein et illuminé. Ils déferlent tous vers la vallée de Minâ, qui à pied, qui en autobus, pour préparer le jour de la fête du Sacrifice (‘Aîd al-Ad’hâ).

Parfois une douce pluie vient clore cette journée ardente, effusion de la Miséricorde et de la Pureté divines..

Karbalâ’

Karbalâ’ est une ville située à 100 km au sud ouest de Bagdad et à 60 km au nord ouest de Nadjaf, au bord de l’Euphrate ; ville d’affliction et de malheur/épreuve. Terre pure rendue bonne par le sang du Maître des martyrs et des martyrs, parcelle de Paradis pour les croyants, morceau d’enfer pour les incroyants, pour tous ceux qui ont participé au meurtre de l’Imam Hussein(p), jusqu’à ceux qui se sont tus ou s’en sont réjouis, jusqu’à nos jours.

En entrant par le sud de la ville, vous voyez de loin le sanctuaire de l’Imam al-Hussein(p) avec sa coupole dorée et ses deux minarets, également recouverts d’or, qui scintillent dans les reflets du soleil, non pas un mirage mais une réalité qui vous envahit le cœur.

La nuit, des guirlandes de lumières remplacent le soleil, de couleur rouge pendant ‘Ashûrâ’, rouge du sang d’al-Hussein(p).

La première chose qui vous frappe est l’affluence des gens qui tous se dirigent vers le mausolée d’al-Hussein(p), tout au long de l’année, et qui vous entraînent avec eux.

Avant d’atteindre le sanctuaire d’al-Hussein(p), une petite colline sur votre gauche avec un bâtiment aux murs recouverts de faïence bleue entourés de banderoles noires et de guirlandes de lumières rouges la nuit : le Tell Zaynabiyyah. C’est là que Sayyidat Zeinab(p) observait le champ de bataille : en face, le sanctuaire de l’Imam al-Hussein(p) !

Le cœur se crispe puis se met à battre très vite.. trop vite. Ô Hussein !

Après un moment d’hésitation, vous vous dirigez vers le côté droit de la mosquée. Vous vous faufilez parmi les gens, en essayant de maîtriser le galop de votre cœur. Comment entrer et s’approcher de sa tombe s’il ne se calme pas ?

C’est alors que vous vous trouvez devant une vaste esplanade donnant sur une autre mosquée aussi volumineuse : celle d’Abû Fadl al-‘Abbas.. Vous réa-lisez alors que vous êtes sur le champ de bataille : l’entrechoquement des sabres, le galop des chevaux, leurs hennissements font écho dans votre cœur. Les corps abandonnés, décapités, sans sépulture, les cris et les pleurs des femmes et des enfants emmenés enchaînés..

Vous vous asseyez sur un des nombreux tapis étalés par terre pour les visiteurs, pour reprendre votre souffle, les larmes coulant sur les joues, votre cœur saignant. Y a-t-il eu un malheur plus grand que celui là ? Vous êtes là à Karbalâ’, commémorant chaque année le jour de ‘Ashûrâ’, vous êtes en train de fouler de vos pieds cette terre sainte, pure, et instinctivement vous avez ôté vos chaussures.

Devant vous, le Jour du Jugement Dernier, avec d’un côté ceux qui ont répondu à l’appel de leur Imam, al-Hussein(p), ceux qui ont versé une larme pour lui(p), placés sous une protection de lumière, dans un Jardin aux couleurs chatoyantes, bercés par les bruissements de paix ; de l’autre ceux qui ont participé à son assassinat, ceux qui ont laissé faire et se sont tus, ceux qui s’en sont réjouis ou même ont ressenti un sentiment de soulagement, devant un Ange terrible, du feu sortant de toutes parts, les happant de sa langue de feu dans un vacarme assourdissant..

Vision rapidement interrompue par les cris et les lamentations d’un petit groupe de gens venus rendre visite  à l’Imam al-Hussein(p) « Labbayk Yâ Hussein ! Nous sommes venus à toi ô Hussein ! »..

Aaah ! Terre d’affliction et d’épreuve, paradis pour les croyants, enfer pour les ennemis de l’Islam..

Bienheureux ceux qui auront visité l’Imam al-Hussein(p) de leur vivant !

 

 

« La colline de Zeinab » et des rues de Karbalâ’

En arrivant à Karbalà, ville située à à 80km au sud de Bagdad, vous trouvez à gauche du sanctuaire de l’Imam Hussein(p), la « colline de Zeinab », là où Sayyidat Zeinab(p) se dressait pour observer le déroulement des évènements, allant et venant entre ce  « tell » et le campement où se trouvaient les femmes et les enfants. En cet emplacement, un petit sanctuaire a été construit appelé « at-Tellat az-Zeinabiyyah » que l’on peut atteindre en montant quelques marches. La nuit, des néons rouges rappellent la gravité des évènements auxquels Sayyidati Zeinab dut faire face. De son comportement dépendit l’issue de cette bataille : c’est elle qui sauva l’Imam as-Sajjâd(p) des sabres des mécréants, elle qui protégea les femmes et les enfants de la famille du Prophète(s) des sbires de Yazîd, elle qui proclama haut et fort la Vérité dans les rues de Kûfa puis de Damas, dénonçant les crimes abjects de Yazîd à l’encontre des petits-fils du Messager de Dieu(p). « Que la Paix soit sur toi, ô Zeinab, Mère des calamités, Montagne de la patience ! » Combien de calamités as-tu dû supporter ! Les deux fils de l’Imam Hussein(p) tués devant tes yeux ! Quel péché avait fait le nourrisson ‘Alî ‘Abdallah, percé par une flèche à la gorge dans les bras de son père(p) ?

En sortant, au lieu de vous diriger vers le  mausolée de l’Imam al-Hussein(p), vous entrez dans les ruelles sur votre gauche, attiré par un attroupement pleurant et faisant des « latmiyyât » à un coin de rue. Comme ces gens, vous  attendez votre tour pour entrer dans une petite pièce indiquant l’endroit où ‘Alî al-Akbar, fils de l’Imam al-Hussein(p) et de Leila, fut tué, défendant son père(p) et à travers lui(p), l’Islam, ses fondements, ses sources de lumière..

– Vous vous trouvez sur le côté occidental du champ de bataille :  d’un côté les soldats  de  Yazîd   et de  l’autre l’Imam Hussein(p) et ses compagnons défendant le campement des femmes et des enfants, résistant aux assauts de ces mécréants. –

A l’intérieur, une petite alcôve matérialise son martyre, fermée d’une grille avec une inscription et une petite lumière.

Vous poursuivez votre chemin vers le campement, dans les ruelles de Karbalâ’, un berceau attire votre attention. Il évoque l’endroit où le nourrisson ’Alî ‘Abdallah a été assassiné dans les bras de son père l’Imam al-Hussein(p) alors que ce dernier demandait à l’armée de Yazîd de lui laisser donner à boire à ce nourrisson. Voyant son armée se diviser en deux entre ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre, Omar Ben Sa‘ad donna l’ordre de tirer une flèche dans la gorge du nourrisson et de ne laisser vivant aucun descendant de l’Imam(p).. Aââhh ! Quelle catastrophe ! Personne ne fut épargné durant cette bataille ! Le summum de la cruauté, de l’a-humanité et de l’incroyance contre le summum de la patience, de la foi, de l’amour et de la confiance en Dieu.

Tous deux furent par la suite enterrés dans la tombe de leur père, l’Imam al-Hussein(p), l’un au niveau de sa tête et le nourrisson au niveau de ses pieds. Que la Paix soit sur vous deux, ô Martyrs fils de Martyr ! Ô Zeinab ! Comme ta foi était grande pour avoir pu endurer tant de malheurs

 

 

Al-Kâzhimayn

Si vous vous rendez à la tombée de la nuit à al-Kâzhimayn, dans la banlieue nord de Bagdad, au moment de ‘Ashûrâ, votre regard sera attiré par les guirlandes de lumières rouges qui partent des quatre minarets, (eux-mêmes entourés de lumières rouges) vers les coupoles de la mosquée, une dorée (celle de l’Imam al-Jawâd(p)) avec à son extrémité le Nom de Dieu « Allah » placé dans un cercle, l’autre entourée d’un échafaudage pour sa restauration (celle de l’Imam al-Kâzhem(p)). Une lumière jaune au sommet de chacun des minarets est une invitation à l’ascension vers le ciel.

Deux petites tours dorées latérales portent une immense horloge qui marque l’heure et la demi-heure d’un étrange petit carillon.

A l’approche du sanctuaire, votre cœur se met à battre à l’idée de rencontrer les deux Imams(p) – (« Qu’ai-je fait pour qu’ils acceptent de me recevoir ?.. »).. –

Mais votre regard se laisse (peut-être) à nouveau distraire par la beauté de l’aménagement des lieux : l’esplanade carrée autour du sanctuaire, vaste, aux murs décorés d’une faïence multicolore avec une prédominance du bleu et du jaune, dans laquelle se reflètent des milliers de petits miroirs étincelants, et que traversent des bandes horizontales reproduisant des versets coraniques et des appels à la prière sur le Prophète et sur sa famille.

En regardant vers l’extérieur, le mur laisse découvrir une multitude d’alcôves dont les arcades sont marquées par des guirlandes de lumières, également de couleur rouge en période de ‘Ashûrâ’, où certains visiteurs viennent passer la nuit enveloppés dans de chaudes couvertures en hiver.

Côté sanctuaire, un portique entoure le mausolée avec des colonnes drapées de noir durant Moharram et Safar, des lustres de cristal donnant des reflets différents selon la couleur des ampoules placées, blanches, vertes, rouges, des murs décorés de faïences bleues et surtout jaunes.
Des tapis déroulés sur le sol, vite retirés à l’approche de la pluie, vous invitent à vous asseoir, à prier, à réciter des invocations, à méditer, à remercier Dieu de vous avoir gratifié de cette possibilité de rendre visite aux Imams, de vous préparer à leur visite..

Moment de quiétude, de silence, de majesté, de fierté d’appartenir à cette famille divine, par l’allégeance à eux. La sérénité vous envahit : paix intérieure retrouvée dans ce coin du Paradis, imprégnée de crainte et de timidité qui vous rendent hésitant.

« Est-ce que j’entre, ô mon Maître, ô Abû-l-Hassan, Moussa fils de Ja‘far ? »

« Est-ce que j’entre, ô mon Maître, ô Mohammed fils de ‘Alî ? »

Tout d’un coup un signe d’acceptation vous est parvenu, une larme qui s’écoule, une certitude qui dissipe toute hésitation, tout doute.

D’un pas résolu, vous vous levez et vous vous dirigez vers l’entrée du mausolée en disant quatre fois : « Dieu est plus Grand ! »..

« al-Baqî’ » (à Médine)

Après la visite du Prophète Mohammed(s) et de celle de Fâtimah(p) (‘au cas où’) dans la mosquée du Prophète(s), les visiteurs se rendent dans le cimetière limitrophe appelé « al-Baqî’ ». Dans ce cimetière, sont enterrées de grandes figures du début de l’Islam , des compagnons du Prophète de La Mecque (qui ont émigré avec le Prophète) et de Médine (les Ansars), les épouses du Prophète(s) (à l’exception de sayyida Khadîjah).. et d’autres parents de la famille du Prophète  comme son oncle ‘Abbas fils de Muttalib et Abdallah fils de Ja’far at-Tayyâr.

Mais al-Baqî’ est surtout  connu pour être le sanctuaire de quatre Imams(p) de la descendance du Prophète Mohammed (les Imams Hassan al-Mujtabâ(p) fils de ‘Alî(p) et Fâtimah(p),  Alî fils de Hussein as-Sajjâd(p), Mohammed fils de ‘Alî al-Bâqer(p) et Ja’far fils de Mohammed as-Sâdeq(p)).

En allant vers chemin au cimetière et en tournant le dos à la noble Mosquée du Prophète(s), tout est d’un blanc étincelant : marbre blanc, colonnes blanches et dorées (parasols blancs déployés comme des palmiers pour protéger du soleil et de la pluie, réverbères repliés, illuminant le sanctuaire pendant la nuit), murs blancs séparant la mosquée, l’esplanade longeant le cimetière, le cimetière.. le cimetière.

Le cimetière ne s’ouvre que deux fois par jour, après la prière du matin et après la prière de l’après-midi, et que pour les hommes.

Ils peuvent alors marcher dans les allées qui le parcourent et s’ils ont de la chance, longer les « tombes » des quatre Imams(p) mises côte à côte marquées de quatre pierres dans le plus total dénuement. {Certes, nous sommes à Dieu et c’est vers Lui que nous retournons.}

Ils s’imaginent mettre leurs mains, leurs corps sur leur terre bénie, chercher refuge auprès de leurs tombes, demander leur intercession auprès de Dieu pour tout ce qu’ils désirent. Héritiers des Prophètes, ils sont les flambeaux des ténèbres et les enseignes de la piété, les indices sur sa voie. C’est par eux que Dieu fait descendre la pluie, empêche le ciel de tomber, dissipe les soucis, soulage la misère.

Sans eux, la nation islamique n’aurait plus jamais connu la Parole divine ni la Sunna du Prophète, colonnes de lumière reliant la terre au ciel…

Quant aux femmes, accrochées aux grilles de la dernière rangée de l’esplanade derrière le cimetière, derrière la rangée des hommes, derrière, derrière..  pressées de toutes parts par d’autres femmes, elles doivent se contenter d’imaginer ces tombes. Elles peuvent peut-être apercevoir la tombe de Oum al-Banin, la mère d’Abû Fadl al-‘Abbas, le frère fidèle de l’Imam Hussein(p).

Ou bien se contenter de les visiter de loin, le cœur meurtri, les larmes ruisselant sur les joues, la poitrine soulevée par les sanglots étouffés.

 

Mazâr é-Sharîf la grande mosquée bleue en Afghanistan

Mazâr é-Sharîf  est la 4e plus grande ville d'Afghanistan, avec une population de 300 000 habitants. Capitale de la province de Balkh, elle est située à 400km au nord-ouest de Kaboul, non loin de la frontière de l'Ouzbékistan, sur une hauteur de 377m.

Son nom « Mazâr é-Sharîf »  (« mazâr » = lieu de visite (sanctuaire) et « Sharîf » le noble) fait référence à sa superbe mosquée aux carreaux bleu turquoise (dus au pigment mis dans la pierre de faïence), élevée, dit-on ici, sur l’emplacement du tombeau de l’Imam ‘Alî. La fierté régionale.

Une légende, défendue avec force par la population locale, toutes confessions confondues, raconte que lorsque l’Imam ‘Alî(p) (cousin et gendre du Prophète(s)) rendit l’âme à Kûfa et que son corps fut emmené à dos de chameau, la bête ne se rendit pas à Nadjaf comme cela est connu, mais prit la route vers l’est, en direction de l’Afghanistan. Elle  parcourut une grande distance jusqu’à mourir d’épuisement. L’endroit où elle s’écroula fut considéré comme un signe de Dieu et le corps qu’il portait y fut enterré, avec, toujours selon la légende, son sabre « Dhû-l-fikâr ».

La mosquée fut bâtie à partir de 1481 (quand les marchands arrêtèrent de prendre la route de la soie au profit de l’occident) sur une grande place au centre de la ville. Pour y accéder, il faut parcourir une route, au sein d’une chaîne de montagnes là comme pour la protéger, qui longe les berges d’une rivière encaissée au fond d’un canyon. Epargnée jusqu’à maintenant malgré les nombreuses années de guerre, elle reste l’un des plus beaux monuments du patrimoine afghan et est considérée comme un joyau de l’Afghanistan, une des plus belles mosquées d’Asie Centrale.

Chaque année, au nouvel an (solaire hégirien) (Nawrouz), le 21 mars, des foules considérables accourent de partout vers Mazâr-e Charîf, qu’elles considèrent comme un lieu saint, et s'assemblent sur le parvis de la mosquée pour évoquer Dieu, le Prophète Mohammed(s), l’Imam ‘Alî(p). Tous ensemble, ils prient Dieu de leur accorder une année heureuse, prospère et comblée de bienfaits.

La tradition est que l’on célèbre en ce jour la « fête de l'élévation du mât ». Un drapeau, préalablement posé sur le tombeau supposé de l’Imam ‘Alî(p), est hissé par de pieux musulmans. Cette manifestation symboliserait  l’arbre de la vie, le lien entre le ciel et la terre, le lien à Dieu par l’intermédiaire de la wilâyat de l’Imam ‘Alî(p). A cette époque de l’année, celle de la renaissance de la terre, les tulipes et les pigeons sont également au rendez-vous par milliers. La légende raconte que tout pigeon gris ou noir, arrivant en ces lieux, devient blanc dans la demi-heure, soulignant la sainteté de cet endroit. On rapporte aussi des prodiges et des guérisons. Même les carreaux de faïence ornant les façades de la mosquée et les milliers de tuiles sont de la partie en offrant une magnifique gamme de couleurs, notamment au moment du coucher du soleil ! l’effervescence et la dévotion sont alors à leur comble.