Les principes de l’éducation dans l’enfance musulmane

 

Concepts islamiques, no. 11, présenté par Fondation El-Balagh)

 

 

Avant Propos
Chapitre premier : Définition de l’éducation 3
Chapitre deux : Importance de l’éducation en Islam
Chapitre trois : Une formation équilibrée
Chapitre quatre : L’enfant et son environnement La volonté
L’environnement
L’environnement naturel
L’environnement social
La famille
L’Ecole
L’enseignant
Les méthodes d’enseignement
1) L’aspect éducatif
2) L’aspect scientifique et culturel
3) Développement des dispositions naturelles dans les domaines littéraires, artistiques, physiques et intellectuels
Les élèves
La vie sociale scolaire
Chapitre cinq : L’éducation morale et psychologique
Chapitre six : L’éducation spirituelle et religieuse
Chapitre sept : L’éducation coranique
Les étapes de l’enseignement du Coran
Chapitre huit : L’éducation scientifique et intellectuelle
Principe de formation du raisonnement chez l’enfant musulman
Chapitre neuf : L’éducation physique
L’éducation et les interdits corporels
Chapitre dix : L’éducation sociale
Chapitre onze : L’éducation économique
Chapitre douze : L’éducation artistique et esthétique
Chapitre treize : Les principes généraux de l’éducation féminine
L’éducation islamique des filles
Les lignes générales de l’éducation des filles
Chapitre quatorze : L’enfant et l’éducation visant à faire de lui un individu capable de diriger et de guider autrui
Chapitre quinze : Les rapports de l’éducation avec l’Etat et les lois
Chapitre seize : L’éducation et l’Histoire
Pourquoi étudier l’Histoire ?
Chapitre dix-sept : L’éducation et les mass-média

Avant Propos

Louange à Allah, Seigneur des Mondes ; et que la paix et le salut soient sur le Maître des envoyés Mohammad (s) ainsi que sur sa sainte famille.

Allah le Très-Haut dit : « Lis ! Ton Seigneur est le très Noble, qui a enseigné par la plume, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Coran, 96 : 3-5)

L’Imam Ali ibn Abî Tâlib rapporte du Prophète (saw) : « Le cœur du jeune enfant est semblable à une terre vierge, tout ce qu’on y dépose y pénètre facilement. »

La question de l’éducation est sans conteste l’une des questions les plus importantes au point de vue des connaissances théorique de même qu’au niveau pratique.

L’homme naît semblable à une page blanche, neutre, capable de prendre toutes les formes qu’on lui donnera, à se développer et à acquérir des comportements, conduites multiples et des expériences diverses.

L’étape de l’enfance est à cet égard déterminante dans la formation de la personnalité de l’être humain et elle constitue la trame sur laquelle se tissera la vie future de toute personne.

C’est sur la base de cette constatation que l’Islam attache une grande importance à l’éducation de l’enfant et notamment à la construction d’une personnalité saine et équilibrée, dénuée de tout travers et de tout complexe ; et qu’il vise à mettre l’homme à l’abri de toutes maladies psychologiques et de toutes mauvaises habitudes.

Sur la base de ces principes et de ces valeurs islamiques, construire la personnalité de l’enfant en Islam revient en réalité à construire la société dans son entier ; c’est en d’autres termes un travail de préparation à la construction d’une vie, de lois, d’un Etat et même d’une civilisation qui soient fondés sur une assise saine pour la réalisation d’un seul but : le bonheur humain.

Sachant donc que la réalisation de cet objectif dépend de l’éducation, il est de notre devoir de consacrer la plus grande partie de nos efforts et de notre temps à éduquer nos enfants et à les préparer à devenir des êtres humains équilibrés, aptes à vivre dans le cadre de lois basées sur la justice et le bien de toutes la collectivité.

Chapitre premier : Définition de l’éducation

Du point de vue linguistique arabe, les lexicographes et les rédacteurs de dictionnaires ont défini l’éducation comme suit : A la base du mot éducation (tarbiyya) se trouve le mot (rabb) qui signifie : créer une chose étape par étape jusqu’à se réalisation complète. On dira par exemple : rabbahu, rabbâhu, rabbayhu… soit : « Il a éduqué l’enfant : il en est le tuteur et le responsable : c’est lui qui doit le nourrir, l’aider à grandir et lui donner une bonne éducation. »

Si donc, l’éducation se définit ainsi, en Islam, l’éducation sera l’opération consistant à construire l’être humain et à l’orienter en vue de former sa personnalité selon les méthodes et les buts que l’Islam a posé pour la vie de l’humain.

L’éducation est donc en fin de compte le fait de construire et de former une personnalité, opération qui vise à amener cette personnalité à la perfection et à lui faire acquérir ses traits de caractères distinctifs.

Chapitre deux : Importance de l’éducation en Islam

Il a été scientifiquement établi qu’à la naissance, l’humain est semblable à une page blanche, vierge, dénuée de toute orientation ou constitution particulière ; il est simplement porteur de potentialités telles que la capacité d’apprendre, de s’informer et de former sa personnalité suivant une ligne de conduite déterminée.

C’est pourquoi le Coran enseigne à l’humain cette vérité (à savoir qu’il est une page blanche) et lui rappelle les bienfaits de la science, de l’enseignement et de la guidance (hidayya) :

« Allah vous a fait sortir du ventre de votre mère, dénués de tout savoir. Il vous a conféré l’ouïe, la vue et le cœur (l’intelligence) afin que vous soyez reconnaissants. » (Coran)

L’Imam Ali a traduit cette vérité pratique en ces termes : « Le cœur du jeune enfant est semblable à une terre vierge qui fait fructifier tout ce qu’on y sème. »

Le savant Allamé al Hilli a décrit les étapes du processus de connaissance chez l’enfant comme suit : « Allah le Très-Haut a créé l’âme humaine par sa nature innée, dénuée de tout savoir quelqu’il soit – par nécessité – de même qu’Il la créé apte à recevoir tout savoir également par nécessité ; cela est particulièrement remarquable chez l’enfant.

Allah le Très-Haut a ensuite créé pour l’humain des moyens qui lui permettent d’appréhender le monde environnant, qui sont les facultés des sens : l’ouïe, l’odorat, la vue, le toucher et le goût. Ainsi, l’enfant est capable dès la naissance d’entrer en contact avec le monde environnant par l’intermédiaire du toucher, de l’odorat, de l’ouïe et du goût ; puis dans un deuxième temps, il devient capable de reconnaître à la vue ses parents et autrui.

Peu à peu ses capacités s’accroissent et il parvient, par ses facultés sensorielles – qui lui permettent d’appréhender le particulier – de passer à une appréhension plus globale de la réalité ; il commence ainsi à utiliser des concepts comme ceux de différence et de ressemblance ; il parvient à comprendre par la raison des éléments nécessaires et plus généraux en s’aidant de ses perceptions sensorielles ; ensuite, au fur et à mesure que sa faculté de raisonner s’affine, il parvient à maîtriser la faculté de la parole et peut comprendre au moyen des connaissances indispensables, les sciences acquises.

Il ressort donc de tout ce que nous avons dit que les sciences acquises ne sont en réalité qu’une branche des connaissances nécessaires et globales et que ces dernières ne sont que les dérivés des perceptions sensorielles. »

Cette explication du sens du verset cité nous permet de délimiter la théorie de la connaissance en Islam et de comprendre le processus de formation de la connaissance chez l’humain depuis ses débuts en le rattachant aux normes coraniques.

C’est à partir de cette compréhension et sur ces bases scientifiques (qui permettent à l’humain de recevoir le savoir et de constituer sa propre personnalité) que se construit la théorie de l’éducation en Islam. Cela nous permet également de saisir toute l’importance de la responsabilité qui échoit aux parents et le rôle qu’ils ont à jouer vis-à-vis de leurs enfants en vue de les préparer à devenir des adultes et de leur prodiguer une éducation tant affective, qu’intellectuelle.

L’éducation, dans un premier temps (de 0 à 7 ans) consiste à donner à l’enfant des habitudes et à lui apprendre à acquérir des comportements quotidiens ; c’est par le biais de ses sens que l’enfant va recevoir de ses parents cet apprentissage et c’est également par eux qu’il va acquérir une morale, se constituer des habitudes et apprendre comment se comporter dans ses rapports avec autrui.

C’est dire toute l’importance que revêt durant cette période le comportement des parents, l’atmosphère familiale et l’environnement culturel et social dans lequel baigne l’enfant.

Tous ces facteurs influent grandement sur la personnalité de l’enfant et sur ses orientations futures.

L’éducation, dans un deuxième temps, sera ce qu’on appelle couramment « l’enseignement ».

L’enfant, à cette étape (entre 6 et 18 ans), va apprendre à développer ses facultés intellectuelles et à utiliser son raisonnement ; pour se faire, on va le mettre en contact avec différents types de connaissances et lui enseigner des matières multiples qui lui permettront de penser correctement et de se constituer un capital culturel de base.

Cela contribuera également à former l’identité culturelle de sa personnalité.

C’est pour cette raison que le saint hadith suivant énonce : « Tout enfant naît doté d’une nature innée ; ce sont ses parents qui le font dévier de cette nature en en faisant un chrétien ou un juif. »

L’Islam attache une grande importance à l’éducation ; c’est elle en effet, qui va contribuer à former des personnalités saines, dénuées de complexes et de comportements inadéquats. C’est elle qui sera responsable du bonheur ou du malheur de l’humain dans cette vie et dans l’autre. C’est elle enfin qui va jouer un rôle déterminant dans la société : sur son avancement culturel, ses progrès scientifiques et sa prospérité économique.

C’est pourquoi l’Islam a tant insisté sur l’importance à attacher à l’enfant. Ses parents doivent s’en occuper au mieux, surtout durant les premières années de sa vie.

L’éducation, comme nous y avons fait allusion précédemment, a une grande influence au sein de la société : sur la garantie de l’ordre public, sur l’environnement naturel, sur la production économique, sur la stabilité politique, sur le progrès scientifique et le niveau de civisme.

Ainsi, à titre d’exemple, l’enfant qui a été habitué à la paresse et à l’indolence ne pourra devenir un homme productif capable d’organiser et de gérer son temps, d’accroître son rendement et d’utiliser au mieux ses capacités ; un tel enfant ne pourra jamais espérer acquérir de hautes qualifications dans les domaines scientifiques et expérimental.

Il est pratiquement impossible à l’enfant ayant grandi dans l’indocilité et le vagabondage, suite aux mauvais traitements de ses parents ou à l’influence négative de l’école ou des autres instances gouvernementales, de devenir un être humain engagé, respectueux des lois et de la stabilité politique et sociale de sa ville ou de son pays.

L’enfant qui aura vécu dans un milieu dépravé ou bien qui aura reçu une éducation avilissante gardera toute sa vie les traces de cette éducation au sein de ses comportements et deviendra peut-être même un individu criminel, torturé dans cette vie et malheureux dans l’autre.

Les statistiques établies par les chercheurs ont démontré l’influence incontestable de l’éducation sur l’individu et la société, et elles corroborent tout à fait les observations faites par l’Islam et sont en parfait accord avec ses conclusions scientifiques.

Nous en citons quelques-unes :

1) La grande majorité des études entreprises tant en Occident que dans le monde arabe affirment que c’est au cours des premières années de la vie que la personnalité de l’enfant se forme et que s’épanouissent ses dispositions individuelles.
Ainsi, l’enfant, suite à des contacts avec le milieu dans lequel il vit, acquiert des réactions et des réflexes face aux diverses influences extérieures qui l’entourent ; si bien que la moitié de ses réactions vont dès cette période s’installer et se stabiliser jusqu’à la fin de sa vie.
Il est bien évident que les valeurs comportementales positives ou négatives qui imprègnent le milieu familial jouent un rôle actif et déterminant dans la manière dont l’enfant va entretenir ses rapports avec autrui.
2) Les études menées dans le domaine de l’éducation établissent que l’image de soi que se constitue l’enfant depuis sa plus tendre enfance influe le regard qu’il portera sur lui-même durant toute sa vie. Ainsi, s’il se constitue une image négative vis-à-vis de ses capacités et sa place au sein de la famille – par exemple s’il ressent qu’il n’a aucun rôle défini à jouer dans le cadre familial ou qu’il n’attire pas l’attention de personne ou bien encore que son existence ou son inexistence est équivalente pour les autres – il va se forger une image négative de lui-même au sein de la société. Il va donc en conséquence affirmer son existence en utilisant des moyens compensatoires, comme la violence, la hargne ou en ayant des comportements inadéquats.
Par contre, si au sein de la famille, il reçoit une attention vigilante, de l’affection et si on le considère et le respecte comme une personne à part entière, et enfin si on l’encourage, il va se constituer une image positive de lui-même. Et par la même occasion, ses potentialités et ses qualités vont s’épanouir. Il va alors ressentir en lui-même une énergie qui va rayonner sur toute sa personnalité et qui va lui permettre de jouer un rôle actif au sein de la famille, puis à l’école, et plus tard dans sa vie professionnelle et sociale.
3) Le rapport établi par Calman a fourni des conclusions sur ces recherches en matière d’éducation, confirmées par les recherches du conseil central consultatif pour l’éducation en Angleterre. Elles sont les suivantes :
- 50% de l’intelligence des adolescents âgés de 17 ans se forme entre la période de formation du fœtus et l’âge de 4 ans ;
- 50% des acquisitions scientifiques chez les jeunes de 18 ans s’effectuent dès l’âge de 9 ans.
- On peut dès l’âge de 2 ans pronostiquer 33% des capacités mentales, comportementales et affectives de l’enfant ; ce pourcentage atteint 50% à l’âge de 5 ans.
4) Une autre étude complémentaire de celle-ci ajoute que la manière de parler avec les enfants au sein de la famille influe dans une grande mesure sur leur compréhension des notions de récompense et de châtiment et les différentes valeurs comportementales ; elle influe également sur les concepts qu’ils utilisent sur leur morale et sur la façon dont ils voient leur propre rôle.

C’est pour toutes ces raisons que l’Islam a entouré l’enfant d’une grande vigilance et que dès les premiers jours suivants sa naissance, il est recommandé par exemple de prononcer la profession de foi dans les oreilles du nouveau-né, de l’habituer à glorifier Allah, à accomplir la prière pour se rappeler Ses bienfaits et à Le remercier.

Tout ceci afin que sa personnalité se forme et se constitue religieusement, qu’il parvienne à une certaine stabilité du point de vue comportemental et que se constituent les bases intellectuelles de sa raison et de son âme.

On rapporte de l’Imam Sadiq (s) cette parole du Prophète (s) : « Que celui d’entre vous qui a un nouveau-né fasse l’appel à la prière dans son oreille droite et l’Iqama dans son oreille gauche ; cela constituera pour lui une protection contre Satan le réprouvé. »

Avoir un enfant bon et pieux jouissant d’une personnalité équilibrée et ayant des comportements convenables est considéré par l’Islam comme l’un des acquis les plus importants de l’humain dans cette vie, comme il est rapporté du Prophète (S) :

« Un des éléments du bonheur de l’humain est d’avoir un enfant bon et pieux. »

« L’héritage que le croyant laisse pour Allah après sa mort est un enfant bon et pieux qui implore le pardon de Dieu pour lui. »

L’Islam s’est préoccupé des jeunes générations et a encouragé à aimer les enfants.

La preuve de l’étendue de la responsabilité des parents en matière d’éducation et l’importance qu’attache l’Islam à cette dernière est exprimée dans cette parole d’Allah le Très-Haut : « Ô vous qui croyez ! Préservez vos personnes et vos familles d’un feu dont le combustible sera fait d’humains et de pierres. » (Coran, 66, 6).

Dans ce verset de portée générale, on peut trouver entre autres, l’affirmation de la responsabilité des parents envers leurs enfants, de même qu’y est établie leur responsabilité envers eux-mêmes. Ce sont les parents qui sont responsables de l’éducation de l’enfant, qui doivent lui inculquer la doctrine de l’unicité, les valeurs morales, l’attitude à avoir envers Allah – qu’Il soit glorifié – afin de le protéger de l’égarement, du malheur et de la déviation.

Chapitre trois : Une formation équilibrée

Afin de nous faire une idée claire du point de vue islamique de la formation d’une personnalité équilibrée, lisons les versets coraniques suivants, qui en dégagent les valeurs et les principes :

« C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté équilibrée, afin que vous soyez témoins à l’encontre des autres, et que le Prophète (S) soit témoin à votre encontre. » (Sourate 2, verset 143).

« Et ceux qui, lorsqu’ils dépensent, ne gaspillent point ni ne se montrent avares, mais qui se tiennent entre ces deux extrêmes. » (Sourate 25, verset 67)

« Et recherche dans ce que Allah t’a donné la demeure dernière ; et n’oublie pas ta part en ce monde, et sois bon comme Allah a été bienfaisant envers toi ; et ne recherche pas la corruption sur terre ; car Allah n’aime point les corrupteurs. » (Sourate 28, verset 77)

« Et qui (les) préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. » (Sourate 59, verset 9)

« Sois constant comme tu en as reçu l’ordre, ainsi que ceux qui se sont repentis avec toi, et ne vous révoltez pas. » (Sourate 11, verset 112)

A la lecture pondérée de ces textes et d’autres, nous pouvons relever les points forts de cet équilibre nécessaire :

1. Equilibre entre ce monde et l’autre.
2. Equilibre entre les besoins corporels, sentimentaux, intellectuels et spirituels.
3. Equilibre et modération dans nos comportements, nos pratiques et dans notre façon de réagir face aux différentes situations qui se présentent à nous.

L’Islam, en effet, a bâti son appel sur l’équilibre, la modération et la juste mesure, dans tous les domaines de l’existence humaine, loin de toute excès ou manque.

Le Coran, en effet, appelle l’humain à rechercher l’équilibre entre ce monde et l’autre (Coran, 28, 77) ; bien plus, Allah a fait de ce monde un lieu de passage obligatoire pour l’au-delà, et il n’y a guère de séparation entre l’action de ce monde et celle de l’autre ; tout ce qui est accompli par l’humain en ce monde est relié à l’au-delà.

C’est la raison pour laquelle Allah a interdit la vie monacale et a interdit à l’humain de refuser tous les bienfaits dont Il lui a autorisé la jouissance. De même, Il a tracé pour l’humain une méthode d’adoration visant à la perfection qui intègre l’humain dans le cercle de l’adoration d’Allah le Très-Pur, et qui le connecte avec l’autre monde dans tous ses actes afin d’éviter qu’il ne s’immerge dans les plaisirs de ce monde et néglige de se préparer pour l’autre.

Parmi les manifestations de cet équilibre et de cette modération concernant les valeurs, les principes et les jugements islamiques, nous pouvons citer l’équilibre entre les différentes tendances de l’âme et ses besoins, de même qu’entre les forces qui doivent être utilisées afin de les satisfaire.

Ainsi, l’Islam a invité l’humain à satisfaire ses besoins corporels et ses instincts, comme par exemple les besoins de manger, de boire, d’assouvir les besoins sexuels, etc. sans excès, dans un sens ou dans l’autre. Parallèlement à la satisfaction de ces besoins corporels, l’Islam invite l’humain à respecter la raison, c’est pourquoi il lui a accordé une attention toute particulière ; il a encouragé l’humain à accueillir favorablement les besoins de la raison en matière de connaissance et de savoir.

En effet, l’Islam a ouvert le champ libre aux raisonnements et à la réflexion productive et a jalonné son chemin par les limites de l’engagement et le respect de principes bien précis. Il a également imposé à la raison un rôle à jouer dans le processus de la pensée, de la compréhension et de la déduction ; de même qu’il a assigné à l’expérience et aux connaissances sensibles un rôle effectif dans la vie de l’humain.

L’Islam, en accordant à ces deux sortes de connaissances – la connaissance expérimentale et la connaissance théorique – une valeur égale, leur a assigné un champ d’application scientifique propre à chacune d’entre elles, leur permettant de déboucher sur des découvertes et des applications scientifiques.

Quant à la dimension psychologique de l’humain, l’Islam ne se borne pas à considérer l’humain comme un simple ensemble d’appareils et de rouages mécaniques, purement matériels et organiques. Il considère l’humain comme étant une entité porteuse d’émotions, de sentiments, comme l’amour, la colère, la satisfaction ; il prend en compte son sens de l’honneur et des valeurs qu’il s’est choisies pour vivre.

L’Islam a donc invité l’humain à satisfaire tous ses besoins physiques, psychologiques, intellectuels… d’une façon équilibrée afin d’éviter que certains sentiments, réactions ou émotions ne l’emportent sur d’autres, ce qui affecterait l’évolution normale de l’âme et des comportements humains.

Il a, par exemple, invité l’humain à instaurer en lui-même, un équilibre entre les sentiments de colère et d’amour ; il a régulé ses émotions et ses prises de position en les basant sur son engagement à respecter certaines valeurs.

Le but étant toujours le même, à savoir : faire évoluer l’humain dans toutes les dimensions de son existence, dans le cadre de la modération et de la rectitude psychologique.

C’est ainsi que l’Islam a posé des principes pratiques afin de mettre en action les différents éléments dont est doté l’humain : la raison, l’âme, la conscience et le corps. Il a par exemple rejeté, en matière de dépense, l’avarice comme le gaspillage ; en matière de nourriture, la gloutonnerie comme le sevrage alimentaire ; en matière de travail, il a appelé à lui accorder la place qui lui convient, ni trop ni trop peu ; ainsi que dans les autres domaines comme les rapports sexuels et le sommeil par exemple.

Cet ensemble de méthodes préconisées par l’Islam permettant de parvenir à un équilibre adéquat n’ont d’autre but que de permettre à l’humain de se réaliser pleinement et de se former une personnalité – entité unique – à plusieurs branches : biologique, psychologique, idéologique, physiologique et spirituelle qui se complètent les unes les autres.

Après avoir définit les principes de base nécessaires à l’élaboration d’une personnalité équilibrée sur le plan personnel, l’Islam s’est tourné vers la réalisation d’un équilibre entre les droits et les devoirs respectifs de l’individu et de la société, afin d’harmoniser au maximum les aspirations individuelles et l’intérêt social.

L’humain, en effet, ne vit pas comme une entité vivante séparée de ses pairs ; il doit vivre au sein d’un cadre social retirant et échangeant avec les autres des bénéfices par le biais de la construction de relations qui vont donner naissance à des droits et des devoirs réciproques.

C’est à la loi et à la morale que reviennent la responsabilité d’organiser ces droits et devoirs, ainsi que de définir la fonction sociale de l’humain.

C’est à cette fin que l’Islam a encouragé l’humain à se sacrifier, à s’efforcer d’éduquer ses propres penchants et faire passer l’intérêt social avant ses propres intérêts.

Allah le Très-Haut a décrit les croyants engagés en ces termes : « Ils préfèrent les autres à eux-mêmes, quand bien même seraient-ils dans la gêne. » (59, 9)

Le Prophète (s) à son tour, en parlant du perfectionnement de soi-même et de l’importance à attacher aux intérêts sociaux a dit : « Tu peux reconnaître les croyants aux signes distinctifs suivants : ils sont compatissants les uns envers les autres ; ils se vouent une réelle affection et nourrissent des sentiments d’amour très solides ; semblables à un seul corps qui lorsque l’un de ses membres est soumis à la douleur, ressent en sa totalité la fièvre et l’insomnie. »

Dans cet autre hadith aussi : « Le croyant ne peut se prétendre tel tant qu’il ne désire pas pour son frère ce qu’il désire pour lui-même. »

Ou encore : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le plus utile aux autres. »

Et enfin : « Celui qui ne se sent pas concerné par le sort de ses frères ne peut se dire musulman. »

Tous ces textes nous éclairent bien sur l’équilibre que l’Islam tend à réaliser entre les pulsions individuelles et les pulsions sociales et visent à éveiller en l’humain une conscience sociale.

L’éducation doit se faire un devoir d’inclure ces principes dans son programme et des méthodes afin de donner à la société des personnalités équilibrées tant au niveau de leurs pulsions que de leurs rapports avec les autres.

Chapitre quatre : L’enfant et son environnement

Parmi les principes essentiels de l’éducation, il en est un qu’on ne peut ignorer ni même minimiser : c’est celui de l’influence du milieu, influence puissante et active sur la formation de la personnalité de l’individu.

L’enfant à la naissance est déjà réceptif aux influences extérieures qu’il enregistre et face auxquelles il réagit ; c’est ainsi qu’il commence à constituer son capital de connaissance. Il emprunte au milieu dans lequel il vit différents types de comportements, de manières d’agir, de façon de vivre, de convictions ou bien de comportements déviants.

Les parents et la famille jouent un grand rôle dans la fixation de la personnalité de l’enfant et la détermination de sa configuration. L’instituteur, les amis, la société et les différents moyens intellectuels qu’elle utilise pour la transmission des idées, les mass-médias, les habitudes et les coutumes ont à leur tour une emprise importante sur la formation de la personnalité de l’enfant (comportements et manière de penser.)

Il faut cependant noter un point important à cet égard, qui émane de la philosophie générale de l’Islam : à savoir que le monde extérieur, malgré son influence démesurée, ne peut influer d’une façon décisive et définitive sur le devenir de l’humain et de sa personnalité.

C’est à la volonté et aux forces intérieures que reviennent le rôle le plus important quant à la délimitation des comportements et des croyances.

La volonté

Le rôle essentiel reconnu à la volonté découle de l’attention que porte l’Islam à l’humain lui-même : ce dernier est un être libre et possédant la faculté de choix ; il peut donc choisir ses propres positions et délimiter lui-même ses manières d’agir.

Cette volonté, bien sûr, croît au fur et à mesure de la croissance de l’enfant jusqu’à atteindre son point d’épanouissement parallèlement à l’épanouissement de la personnalité dans son ensemble. Cependant, durant l’enfance, le monde extérieur a une influence très importante dans la formation du moi de l’enfant et jouera un rôle important allant dans le sens soit d’une destruction ou d’un affaiblissement de la volonté ou soit au contraire de son affermissement..

Il est évident que l’influence du milieu – maison, école, société – ne se limite pas uniquement à la période de l’enfance, non. Tout ce dont l’enfant va être témoin, la manière dont il va être influencé, dont il va écouter, dont il va souffrir, tout cela va avoir une portée et une signification profonde qui vont se déposer progressivement dans son inconscient. Tous ces différents courants vont influencer et amoindrir la volonté dans le futur ou bien au contraire la renforcer si l’enfant a vécu dans des conditions favorables.

Le monde extérieur peut donc soit assigner à l’humain une bonne conduite, soit le détourner du droit chemin et le mener à des comportements déviés et anéantissants.

C’est pour cette raison que, dans l’éducation islamique, l’accent est mis sur les valeurs morales et les principes religieux comme étant des vérités indépendantes supérieures aux influences de la réalité ; et ceci, afin de protéger l’enfant des déviations et des influences pernicieuses.

C’est également pour cette même raison qu’il est porté un soin tout particulier au renforcement et l’entraînement de la volonté étant donné le rôle qu’elle joue dans la vie de l’individu, des peuples et des nations.

C’est par une volonté détaché de toutes influences du milieu, engagée par des principes et des valeurs supérieures à la réalité du monde ambiant qu’ont pu se distinguer des guides, des penseurs et des réformateurs qui ont appelé leur contemporains à une révolution contre cette sombre réalité en vue de la changer. Ils ont ainsi réussi à créer un nouveau milieu social, au moyen de la volonté et de la pensée pure.

C’est cette revalorisation étayée par la logique de l’histoire et le cours de ses événements qui va donner à l’humain des valeurs réelles, et lui donner une place positive dans la société. Or, c’est précisément l’Islam qui lui a apporté tout cela, comme le dit clairement ce verset :

« L’humain verra alors clairement ce qui le concerne, même s’il a des excuses à présenter. » (75, 15)

Le Prophète (s) a dit également : « Ne sois pas comme un estomac en te disant : je suis les autres ; si les autres me font du bien, je leur fais du bien ; et s’ils me font du mal, je leur fais du mal. Agis plutôt comme cela : si les gens te font du bien, fais-leur du bien, et s’ils te font du mal, garde-toi du mal qu’ils te font. »

L’environnement

Parallèlement au soin que l’Islam apporte à la volonté ou, en d’autres termes, à l’identité intérieure de l’humain et à sa faculté de choix, l’Islam se préoccupe également du milieu environnant.

En effet, il constitue l’un des instruments qui prolongent le moi de l’humain en lui apportant des images et en provoquant en lui des réactions multiples qui vont enrichir sa personnalité – cet apport se fait au moyen des cinq sens. C’est pourquoi l’intérêt accordé au contenu de ce qui fait la nourriture de l’humain (pris dans un sens général : les connaissances acquises) comme partie prenante dans la construction du moi s’avère une nécessité absolue et une des méthodes pour protéger la personnalité et la réformer.

L’éducation a donc pour fonction d’éloigner l’enfant de toute influence néfaste et de lui fournir une atmosphère favorable lui permettant de grandir sainement et le protégeant de l’apparition de complexes et de perversions que l’environnement social ou naturel pourraient provoquer.

Les phénomènes naturels ont une influence active et décisive sur l’enfant, de même que les conditions sociales ; tous deux ont un impact très fort et laissent une empreinte sur la personnalité et les relations qu’elle va nouer avec autrui.

Afin d’éclairer cette idée, nous allons évoquer les influences respectives de ces deux milieux.

L’environnement naturel

La règle qui va prévaloir dans ce domaine sera d’instaurer un rapport entre l’enfant et la nature qui repose sur la compréhension mutuelle, la sérénité et le respect.

Il faudra donc éloigner l’enfant de tout ce qui pourrait provoquer sa peur, et attirer son attention sur la beauté que renferme ce monde et sur l’harmonie et la sérénité qui y règne.

Dans le but d’une part de protéger l’enfant de réactions psychologiques douloureuses et néfastes, et d’autre part, de le diriger vers la nature pour qu’il recherche en elle l’inspiration qui le conduira à trouver le sens de l’amour, de la beauté et de la joie ; et à faire naître en lui le désir de la recherche, de la connaissance et de la découverte.

Allah le Très-Haut a dit : « Ne regardent-ils pas vers la royauté des cieux et de la Terre, considérant tout ce qu’Allah a créé… »

Il est bien clair que l’enfant subit les influences du milieu et qu’il réagit face à elles notamment sous formes de questionnements. L’enfant nous pose d’innombrables questions sur ce monde qui le fascine et l’étonne ; par exemple sur des phénomènes comme l’éclair, les animaux, l’aboiement du chien, l’eau, etc.

Toutes ces choses peuvent causer la peur en lui, engendrer son angoisse et le rendre méfiant de celles-ci qu’il considère alors comme des dangers potentiels ; si l’enfant est ainsi laissé à lui-même, cette peur va augmenter au fur et à mesure de sa croissance ; elle va se sédimenter dans son inconscient et donner naissance à une personnalité angoissée, hésitante et craintive en proie à de nombreuses frayeurs.

Mais de même que ces phénomènes peuvent engendrer des réactions négatives, ils ont également une influence positive et bienfaisante sur la psychologie de l’enfant. Par exemple, l’enfant, à la vue de la pluie, devient joyeux et excité ; son intérieur se remplit de joie et de soulagement quand il regarde les prairies et les jardins agréablement ornementés ; il se délecte à l’écoute du chant des oiseaux et à la vision d’un parterre de fleurs.

Les éducateurs ont donc le devoir de tout mettre en œuvre afin d’instaurer un rapport d’amour et de joie entre l’enfant et la nature.

Ce travail a pour but de l’habituer à affronter les diverses situations dont il a peur, de l’apaiser, de l’entourer de confiance et d’affection afin d’éliminer les frayeurs qui se trouvent en lui, de même que l’esprit de repli sur soi-même et la tristesse. Cela se fera par exemple sous la forme d’une promenade en commun au cours de laquelle on lui fera ressentir les manifestations de la beauté et de la joie, en lui donnant ainsi un espace de liberté suffisant et en répondant à toutes ses questions. Ce faisant nous cultivons en lui l’esprit de curiosité, le désir de connaître, l’amour de la nature avec toutes les merveilles qu’elle recèle.

Ainsi, l’enfant s’attache peu à peu à elle, sait qu’elle est la place qu’il occupe en son sein et prend également conscience de la grandeur de son Créateur et de l’origine de la puissance et de la création originale.

Ceci aura pour résultat que l’enfant va se tourner vers la nature en toute sérénité et humilité, le cœur rempli d’amour et du sentiment du bien.

L’enfant va donc avoir une conception scientifique et doctrinale du monde, à savoir que la nature dans tout ce qu’elle renferme a été établie et créée afin que l’humain en jouisse, en tire profit, et utilise ses propres forces et capacités pour l’adapter à ses besoins ; s’appuyant en cela sur les directives du Coran :

« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la Terre. »

Cela a permis à l’humain d’adapter les forces de la nature et d’utiliser ses ressources pour le profit humain, en accord avec les principes qu’il a forgé au cours de son contact prolongé avec la nature, comme : l’amour, le bien, le beau et la paix.

La science va constituer à cet égard un instrument actif permettant à l’humain de découvrir les forces contenues dans la nature et les lois cosmiques qui peuvent être mises au service de l’homme.

L’environnement social

Le milieu social est un tissu vital qui forme des relations humaines multiples, qui se constituent suite aux interactions et rapports qui se forment entre les individus ; cette situation sociale exerce une influence incontestable sur les individus dès leur naissance ; c’est elle qui va, dans la plupart des cas, leur imprimer son cachet particulier et leur donner ses caractéristiques.

Lorsque nous parlons de contexte social à propos de l’enfant, nous entendons par là l’atmosphère au sein de laquelle il est élevé et qui agit sur lui tout au long des cycles de son développement, comme les croyances, les coutumes, les habitudes, la façon de penser, etc…

Nous allons ci-après passer en revue les éléments primordiaux constituant le milieu social :

1. La famille
2. L’Ecole

La famille

C’est le premier milieu social dans lequel l’enfant est élevé ; c’est dans son sein qu’il va grandir et s’épanouir ; qu’il va recevoir les impacts de sa morale et acquérir des qualités, des habitudes et des principes aussi bien par le biais de l’expérience que celui des comportements pratiques des personnes avec lesquelles il vit ; de même, ses acquisitions vont se faire par le biais de ce qu’il voit et entend, ou bien de ce qu’il va apprendre d’une manière indirecte du contexte familial.

L’enfant voit en ses parents – surtout en son père – l’être absolu (l’existence par excellence), et a de lui une image exemplaire. C’est pourquoi les relations qu’il va entretenir avec lui seront des relations d’admiration et de respect d’une part et d’humilité et de crainte d’autre part ; c’est la raison pour laquelle il va essayer de lui ressembler, de s’identifier à lui, de l’imiter et d’obtenir son consentement.

Quant à la mère, elle représente pour lui la source à laquelle il peut satisfaire ses penchants existentiels et psychologiques comme l’amour, la tendresse, et l’attention ; c’est pour cette raison que la personnalité de la mère exerce une grande influence sur sa vision du moi et sur sa conduite future.

En raison de tous ces facteurs, la situation qui prévaut au sein de la famille et ses composantes sociales, intellectuelles, morales et économiques vont laisser leur empreinte et influer profondément sur la formation de sa personnalité. Tout cela, en effet, va se répercuter sur sa façon de penser, sur ses sentiments, sa conscience et sa conduite.

Les rapports qu’entretiennent les parents entre eux, ou bien ceux des frères et sœurs, et des proches, inspirent à l’enfant un type de comportement qu’il va adopter et perpétuer dans le futur ; ces rapports cultivent en lui des concepts, des manières de se comporter et de réagir dans ses rapports avec autrui.

Si donc, les rapports dont il est témoin sont fondés sur l’amour, l’affection et l’entraide, il se familiarisera avec eux et les adoptera aussi bien dans ses rapports familiaux que dans ses relations sociales.

Par contre, s’il vit dans une famille désunie ou dissolue, où règne le climat permanent de disputes, il établira ses relations sur ces mêmes bases : conflits, différents, manque d’entraide et irrespect.

L’enfant qui est traité avec dureté et qui est dévalorisé par ses parents, ses frères et sœurs, ou les autres membres de la famille, et qui ne reçoit pas son dû de tendresse et d’amour deviendra peut-être plus tard un adulte vagabond ou nuisible, souffrant d’insensibilité et d’un sentiment d’infériorité.

Il sera peut-être plein de rancœur, nourri d’un désir de vengeance, ou adoptera toute autre forme de comportements déviés qui nuiront à sa personnalité de même qu’à la société.

C’est pour cette raison que l’attention portée à l’existence de la cellule familiale, son état, les relations qui s’établissent en son sein et à son organisation sont d’une importance vitale et constituent une affaire primordiale et prioritaire dans la vie des nations.

L’Islam attache une importance considérable à la famille. Car c’est elle le premier lieu de formation qui approvisionne la nation en individus honnêtes et éduque une génération saine.

La vie de l’humain au cours de l’enfance est souvent un reflet de sa vie familiale, de l’ambiance qui règne en son sein, de la manière dont il y est traité et des comportements qu’on a envers lui.

L’enfant, par exemple, a qui l’on accorde une attention démesurée, qui est le préféré, qui reçoit un traitement de faveur et qui est chouchouté, deviendra par la suite un individu égoïste et dépendant d’autrui, ayant grandi en nourrissant un sentiment de supériorité.

Si au contraire, l’enfant a été humilié, méprisé ou qu’on préférait ses frères et sœurs, il va entretenir un sentiment d’infériorité et en viendra à détester les autres en général.

La famille, et plus particulièrement les comportements du père, a donc une grande part de responsabilité dans la détermination du futur de l’enfant. S’il est traité avec respect, la confiance va naître en lui, et il aura une forte personnalité, sera doté d’un caractère fort et d’un esprit déterminé grâce auxquels pourront jaillir les sources de la créativité et du génie.

C’est par la façon dont ses parents et les autres vont se comporter avec lui qu’il va se découvrir, comprendre quelles sont ses capacités, et ce pour quoi il est doué ; c’est encore par ses rapports avec eux qu’il va savoir qu’elle est sa valeur, va constituer sa propre personnalité et choisir ses comportements.

L’Islam s’est préoccupé tout particulièrement de l’éducation de l’enfant et notamment de la manière de se comporter envers lui ; le Prophète (S) a en effet dit :

« Aimez vos enfants, et traitez-les avec compassion. »

De même, l’Imam Ja’far as-Sâdiq (S) a dit : « Allah gratifie celui qui embrasse son enfant, d’une bonne action ; et pour celui qui réjouit le cœur de son enfant, Allah mettra à son tour la joie dans le sien le Jour du jugement. »

On rapporte qu’un jour le Prophète (S) était en train de prier ; Al-Hussain, encore petit enfant, était près de lui, et chaque fois que le Prophète se prosternait,, Hussain grimpait sur son dos et agitait ses jambes, en disant : « Allez, hue dada. » Lorsque le Prophète (S) voulait se redresser, il prenait doucement l’enfant et le posait à terre ; lorsqu’il se prosternait à nouveau, l’enfant recommençait et ainsi de suite jusqu’à la fin de sa prière. Un juif qui était présent lui dit : « Vous traitez les enfants d’une autre manière que la nôtre. » Le Prophète (S) lui répondit : « Si vous croyiez en Allah et en Son Prophète (S) vous seriez bons envers vos enfants. » Le juif lui répondit alors : « Je crois en Allah et en Son Prophète (S). » Et il se fit musulman sur le champ.

On rapporte également cette parole du Prophète (S) : « Que celui qui a un enfant se comporte avec lui (qu’il joue) comme un enfant. »

Tous ces textes font ressortir le vif intérêt accordé par l’Islam au rôle joué par la famille et notamment par les parents. Car c’est dans ce milieu que va naître chez l’enfant les sentiments d’amour, de tendresse, de compassion et de prévenance.

C’est dans ce même milieu que vont prendre sens pour lui des notions comme l’honneur, le respect, l’équité, la justice, et l’estime de la personnalité des autres ; c’est encore dans ce milieu qu’il va apprendre les bonnes manières et qu’il va acquérir de bonnes habitudes et un degré de morale élevé.

Ainsi, il va grandir et devenir un enfant sain, sans complexe ni mauvais comportements.

L’Ecole

C’est le deuxième milieu où grandit l’enfant après la maison. Quatre éléments principaux au sein de l’école ont des conséquences sur l’existence de l’enfant :

- l’enseignant
- les méthodes d’enseignement
- les élèves
- la vie sociale scolaire

L’enseignant

L’enfant voit en l’enseignant un modèle presque parfait ; il l’estime beaucoup et essaie même de l’imiter ; les paroles de l’enseignant, sa culture, son comportement, son apparence, sa façon de se conduire avec les élèves, tout cela laisse des traces sur l’enfant. Si donc l’enseignant se comporte vis-à-vis de ses élèves avec l’affection d’un père (ou d’une mère) et que leurs relations mutuelles sont empreintes de respect et de compassion, l’élève aura nécessairement un bon comportement.

Ensuite, l’enfant va apprendre de son enseignant le sens de l’organisation, de la propreté, du soin, la droiture, la bonne façon de parler. Il ressent aussi de sa part un contrôle vigilant, le mettant en garde contre ses erreurs quand le besoin s’en fait ressentir. Ce dernier met en valeur ses prises de positions justes, l’encourage chaque fois qu’il a bien agi et attire son attention sur des points qu’il avait négligé. De même, l’enseignant s’attache à observer dans le temps les capacités de l’enfant, ses dispositions personnelles ; il se charge même de la responsabilité de les découvrir et de les faire mûrir afin d’aider l’élève à jouir de celles-ci et à les exploiter.

Enfin, la personnalité de l’enseignant va influer sur celle de l’enfant dans les domaines suivants :

1. L’enfant va être influencé par son enseignant d’une manière indirecte également ; ceci, au moyen de l’imitation et de l’inspiration sans que l’élève en soit forcément conscient.
2. L’enfant va être influencé aussi par la manière dont l’enseignant va découvrir et faire fructifier ses capacités.
3. De même, le contrôle exercé par l’enseignant sur son élève et les corrections qu’il exige de lui rehausse la responsabilité et le rôle de l’éducateur.

Les méthodes d’enseignement

Elles constituent l’ensemble des connaissances et des principes éducatifs et de lignes de travail qui vont guider l’éducateur pour l’aider à faire fleurir les aptitudes de l’enfant et le préparer à mener une vie sur des bases saines. Pour que ces méthodes soient efficaces, il faudra qu’elles s’occupent de trois principes essentiels et en acceptent la responsabilité :
1) L’aspect éducatif

L’élément fondamental de la première étape de l’éducation est celui recouvrant les aspects éducatifs, à savoir que durant cette étape, la méthode devra viser à cultiver dans l’esprit de l’élève les valeurs, une bonne morale et l’habituer à la vie sociale ; elle devra également le guider sur le droit chemin. Elle aura de même pour devoir de cultiver en l’enfant des qualités comme la patience, l’amour du savoir, l’entraide, le courage, la propreté, la foi en Dieu et l’amour de la patrie, le respect de l’ordre, l’obéissance aux parents, etc…

Cet aspect éducatif aura également pour tâche de corriger les fautes du milieu social et ses déviations, comme par exemple, les coutumes arbitraires et désuètes.
2) L’aspect scientifique et culturel

Il consistera à apprendre à l’enfant les principes des connaissances utiles, que ce soit dans le domaine des sciences naturelles ou sociales ; elles devront en tous cas familiariser l’enfant à l’amour du savoir, à le préparer pour le futur et à acquérir des connaissances d’un niveau supérieur.
3) Développement des dispositions naturelles dans les domaines littéraires, artistiques, physiques et intellectuels

Enfin, le dernier aspect vise à développer des dispositions naturelles de l’enfant dans les domaines littéraires, artistiques, physiques et intellectuels, ce sera par exemple, la calligraphie, le dessin, la couture, le sport, les jeux d’éveils et toutes activités visant à aiguiser chez l’enfant le sens de la créativité et de l’innovation.

Si la méthode est ainsi conçue et mise en application, il y a de fortes chances pour que le but de l’éducation puisse se réaliser ; elle nous aidera ainsi à former des êtres humains compétents et des individus utiles aux autres.
Les élèves

Ils forment un milieu social dans lequel se rencontrent des états, des situations, des traditions, des modes de comportements et des sentiments multiples que les élèves apportent avec eux à l’école par le biais de la famille et de leur milieu social environnant. Les élèves en se rassemblant en ce lieu unique, l’école, vont donc se transmettre des comportements et des traditions par le contact quotidien qu’ils entretiennent.

Il va de soi, donc, que ce milieu sera le réservoir de contradictions aussi bien dans les sentiments que dans les types de comportements, surtout s’il s’agit d’une société hétérogène dans laquelle se rencontrent toutes sortes d’éléments – les bons comme les mauvais.

Il est donc du devoir de l’école de surveiller les comportements des élèves, surtout de ceux qui sont nuisibles aux autres, et de viser à les corriger afin qu’ils ne contaminent pas les bons éléments.

L’école devra également, à cet égard, encourager les bons comportements sociaux ; cela se fera par le biais du développement de groupes dirigés par un instituteur, faisant ressentir à l’enfant la satisfaction dans l’obéissance au règlement ou par son engagement envers les règlements collectifs scolaires pour que l’élève se range sou la bannière du commandement qui est décidé par le groupe et qui vise la réalisation des intérêts collectifs.

De même, par la vie scolaire, l’enfant va s’habituer et s’entraîner à respecter le droit des autres et faire connaissance avec les droits qu’il a vis-à-vis des autres.

La vie sociale scolaire

Si l’élève sent, dès le premier jour de son contact avec le milieu scolaire, que l’école possède des règlements particuliers qui diffèrent de ceux auxquels il était habitués dans sa famille, il va sentir la nécessité de se plier à eux et de s’y conformer.

Si l’organisation de l’école repose sur des bases scientifiques solides, et si elle est bâtie sur des règles éducatives adéquates, l’élève va acquérir un nouveau caractère suite à l’obéissance à cette organisation ; par exemple, l’élève difficile qui empiète sur le droit des autres, ou bien cet autre qui se voit lésé, doivent sentir que le système scolaire ne va pas rester passif face à leurs comportements, et que l’élève transgresseur sera puni ; ainsi, ils auront compris une vérité importante de la vie, à savoir que les lois, le pouvoir et le corps social répriment le transgresseur et le punissent ; ils auront compris d’autre part que la partie lésée est protégée par ces institutions et qu’il n’est donc nullement nécessaire de répliquer personnellement et de se créer par là-même des problèmes.

Ces pratiques scolaires éduquent en l’enfant le respect des lois et le sentiment de justice.

L’organisation suit de près les problèmes de la non exécution des devoirs et celui de l’absentéisme, et tente par la même occasion de les régler. Dans une telle organisation, l’enfant va s’habituer à la ponctualité, à la discipline, et va acquérir le sens de la responsabilité, etc.

De même que l’ordre à des répercussions sur la formation de la personnalité de l’enfant, sur le développement de ses sentiments, sur la formation de son sens des valeurs et sur ses prises de position, la vie collective de l’école va elle aussi laisser des traces profondes sur l’enfant.

L’arrangement harmonieux et la propreté des bâtiments scolaires, l’acceptation par chacun de ses responsabilités ou bien encore la formation de comités en vue d’aider les élèves nécessiteux, de procéder au nettoyage de l’école, ou d’organiser des activités où les élèves participent sur un pied d’égalité ; toutes ces pratiques font grandir chez l’élève des concepts particuliers et impriment à sa vie un cachet déterminé comme celui, par exemple, de l’attention à la propreté ou bien celui du respect de l’ordre, du refus d’ingérence dans les affaires d’autrui, du rayonnement de la vie collective, etc…

C’est pourquoi il est de toute première importance de s’occuper du style de vie communautaire dans l’école et de multiplier les possibilités de créer une atmosphère saine pour l’enfant, dans laquelle il va s’habituer à la vie sociale telle qu’il va la rencontrer plus tard en tant qu’adulte. Nous devons également organiser l’école de la façon la plus parfaite et la plus cohérente possible avec les éléments qu’elle comporte : le programme, les enseignants, l’ordre, l’ambiance scolaire…

Une école qui vise un but unique, qui ait un système de pensée cohérent, afin que l’école soit, avec ces quatre éléments, - outre sont but général d’enseignement – un lieu d’apprentissage de la vie pratique, un lieu de préparation à la vie d’adulte où sont sélectionnés les éléments du mode de vie social en triant et en éliminant les éléments nuisibles et déviés.

Tout ceci vise à ce que l’école fournisse la société en unités humaines qui s’intègrent dans sa structure et s’attachent à provoquer des changements sociaux selon la ligne tracée par l’école islamique et qui vise à l’épanouissement de tous les individus dans le respect de ses besoins et de ceux des autres.

Chapitre cinq : L’éducation morale et psychologique

Une excellente morale constitue la pierre de fondation permettant la formation de la personnalité islamique et de l’organisation sociale. C’est elle la source du bonheur humain et de la stabilité de sa personnalité ; et c’est elle qui forme l’humain équilibré dans sa conduite et ses capacités.

C’est pourquoi l’éducation morale constitue l’un des facteurs les plus importants auxquels s’attache l’Islam et sur lequel il a porté toute son attention.

C’est à travers l’éloge qu’Allah fait à Son Prophète vénéré Mohammad (S) en le décrivant comme suit : « Tu es d’une morale sublime, tu as été envoyé pour parfaire la morale » que l’on peut comprendre toute la valeur que l’Islam reconnaît à la morale.

De même, le Prophète (S) a dit : « Le croyant dont la foi est la plus forte est celui dont la morale est la meilleure. »

Tout comme la perfection de la foi et du bonheur dans ce monde est mis en parallèle avec la possession d’une bonne morale, les souffrances psychologiques et les tourments de la conscience sont mis en parallèle avec la possession d’une mauvaise morale ; c’est pourquoi le Prophète a lancé cette mise en garde : « Celui qui a un mauvais caractère ne fait que se torturer lui-même. »

Ce hadith met en lumière le rapport qui existe entre la constitution interne de l’humain et son bonheur ou son malheur.

Le colérique, le jaloux, le rancunier, l’égoïste, le mécontent, le grognon, le cupide, etc… tous ces individus souffrent de l’amertume provoquée par leurs comportements, et les réactions qu’ils provoquent précipitent leur vie vers la misère et les prépare à vivre une torture psychologique et une angoisse perpétuelle.

C’est pourquoi le critère qui sert en Islam à établir la valeur d’une personne et le secret du bonheur est celui du niveau de morale dont celle-ci jouit et l’équilibre de ses aspirations ; l’éducation morale signifie donc : construire le tissu interne de l’humain sur les bases de valeurs élevées, comme par exemple, celles de : sincérité, miséricorde, justice, fidélité, amour, don de soi, confiance en soi, effort, etc… afin que se constituent en l’humain des traits de caractère qui le poussent à faire le bien et qui entrent en interaction avec les valeurs de la vérité et de l’excellence.

Les études et les expériences menées dans le domaine de l’analyse psychologique font ressortir que la majorité des comportements humains sont l’expression de réponses internes aux stimulis extérieurs ; c’est pourquoi l’attitude que l’humain adopte vis-à-vis des facteurs externes, comme par exemple l’argent, le sexe, le pouvoir, la conscience, ou bien les défis auxquels il est confronté, sont fonction de la nature de ses traits de caractères et de sa psychologie.

C’est donc à partir de ce contenu que va se déterminer son attitude vis-à-vis des facteurs stimulants et de l’amplitude de sa réponse.

Il est intéressant de noter qu’une éducation morale et spirituelle équilibrée a une influence énorme sur la stabilité de la personnalité et contribue grandement à la protéger de l’angoisse et des complexes qui le plus souvent mènent à des comportements plein d’animosité.

L’éducation morale et psychologique influence énormément le bonheur futur de l’enfant, car elle le protège du danger d’acquérir une faiblesse de personnalité. Un comportement équilibré avec l’enfant contribue également activement à faire croître sa personnalité en toute harmonie et à lui donner confiance en lui-même.

Aussi, il importe de prodiguer à l’enfant une quantité suffisante d’amour, de tendresse, de respect, d’intérêt pour lui, et éloigner de lui le spectre de la peur et de la menace, car tous ces facteurs constituent des éléments éducatifs nécessaires à l’épanouissement de sa personnalité et le protégeront du mensonge, de l’hypocrisie, de la perte de confiance en soi ou du repli sur soi.

C’est pourquoi le Prophète (S) vénéré insiste sur l’amour et la tendresse à prodiguer aux enfants : « Aimez vos enfants et montrez-vous cléments envers eux ; si vous leur faites une promesse, tenez-la, car ils vous considèrent comme leurs seuls pourvoyeurs. »

Il a également dit : « Allah le Très-Haut inscrit une bonne action au compte de celui qui embrasse son enfant ; celui qui met la gaieté dans le cœur de son enfant, Allah mettra la gaieté dans le sien le Jour du jugement. Celui à qui les parents auront appris le Coran fera des invocations pour eux et ils seront revêtus dans l’autre monde de parure qui illumineront les habitants du Paradis. »

On rapporte de l’Imam Sadiq (S) cette parole : « Allah se montre indulgent envers le serviteur qui porte un grand amour à ses enfants. »

Tout comme l’enfant a besoin d’amour et de tendresse pour s’épanouir, il a de même le besoin d’avoir à sa disposition des moyens matériels suffisants ; il doit également s’habituer à respecter la propriété et la personnalité d’autrui afin d’éviter des comportements néfastes tels que le vol, la falsification, l’escroquerie, l’agression ou le choix de pratiques illégales pour acquérir de l’argent.

Il doit également s’habituer à se contenter de peu, à se dévouer pour autrui, à être traité à égalité avec ses frères et sœurs, tout ceci a pour but de faire ressentir à l’enfant sa parité avec les autres et à être satisfait de ce qu’il a.

Mais si l’Islam encourage à prodiguer amour et tendresse à l’enfant, il le fait en respectant la juste mesure, car un enfant qui est trop gâté deviendra un individu dépendant et sans consistance.

C’est pourquoi il faut respecter l’équilibre dans notre comportement avec nos enfants, que ce soit dans l’expression de notre amour ou de notre sévérité.

Il est ici un point intéressant à noter. C’est l’attention qui doit être portée à la surveillance de la conduite et de la façon de parler de l’enfant ; il faut corriger ses fautes et l’habituer à certaines pratiques à la maison comme à l’école. Cette surveillance est une opération fondamentale ayant une grande influence pour l’équilibre de la personnalité et l’amendement des comportements.

Un homme se rendit un jour chez le Prophète et lui dit : « Quels sont les droits de mon fils vis-à-vis de moi ? » Le Prophète (S) lui répondit : « Que tu lui donnes un beau nom, que tu lui prodigues une bonne éducation, et que tu lui choisisses une bonne mère. »

Il peut arriver que l’enfant fasse des fautes, commette des actes dangereux, dans ce cas, il est nécessaire de l’en dissuader au moyen de la punition et de lui faire ressentir toute l’ampleur de sa faute en lui demandant de regretter son acte et de ne plus le commettre.

Le recours à la punition corporelle ou psychologique s’avère parfois nécessaire, et compte parmi les moyens éducatifs éventuels ; il ne doit cependant pas avoir pour résultat de porter une atteinte physique ou d’engendrer un complexe psychologique qui, le plus souvent, n’aura pou résultat que de faire fuir l’enfant et de lui faire détester sa maison et ses parents.

Le Prophète (S), grand éducateur, a défini la responsabilité éducative des parents comme suit : « Allah se montre indulgent envers les parents qui aident leurs enfants à se montrer affectueux envers eux. »

Un des principes éducatifs nécessaire pour une éducation saine est de permettre à l’enfant, dans les premières années de sa vie, de s’exprimer librement et d’assouvir ses besoins psychologiques au moyen du jeu ; cette activité, en effet, constitue une expérience par laquelle l’être humain peut s’exprimer, entretenir des rapports avec le monde extérieur, accroître ses capacités imaginatives et acquérir des expériences.

C’est pourquoi l’Islam a, dans ses principes éducatifs, laissé à l’enfant la possibilité de jouer durant les premières années. Il est à cet égard rapporté de l’Imam Sadiq (S) cette parole : « Laisse l’enfant libre de faire ce qu’il veut jusqu’à l’âge de 6 ans, ensuite attache-toi à son éducation durant les 7 années suivantes afin de faire de lui un bon musulman comme toi ; si ton éducation a porté ses fruits et qu’il est devenu un individu bien éduqué, réjouis-toi, sinon, ne t’en préoccupe plus. »

Il a également donné le conseil suivant : « L’enfant pourra jouer 6 ans ; à 7 ans il apprendra le Livre ; et à 14 ans, on lui enseignera le licite et l’illicite. »

Chapitre six : L’éducation spirituelle et religieuse

Les rapports cultuels avec Allah sont à maintes reprises évoqués dans le Coran, de même que les rapports d’adoration des créatures envers leur Créateur. Ceci nous rappelle cette vérité qui est à la base de l’organisation de l’existence sous toutes ses formes : la nature, les végétaux, les animaux, et les êtres humains.

Chaque chose dans ce monde se tourne et se dirige vers Allah avec le désir et l’amour de la perfection. Chaque chose dans ce monde témoigne de Son unicité, de Sa royauté, et de Son existence à travers l’adoration.

Le Coran établit ainsi ce principe de l’adoration, de la prière et de l’expression de Ses louanges : « Ne vois-tu pas que tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre célèbre Ses louanges, ainsi que les oiseaux déployant leurs ailes ? Chaque chose a appris comme L’adorer et le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu’ils font. » (Coran, 24, 41)

Et encore : « N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tout ce qui est sur la Terre, le Soleil, la Lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux ainsi que beaucoup de gens. Il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment. Et quiconque Allah avilit ne trouvera personne pour l’honorer, car Allah fait tout ce qu’Il veut. »

Le Coran, en d’autres endroits, affirme que l’adoration est le but de la création et le secret de l’existence humaine. Ainsi, il dit : « Je n’ai créé les humains et les djinns que pour qu’ils m’adorent. » (Coran, 56, 51)

D’autre part, lorsqu’Il parle des débuts de la création et de la formation de l’humain et de son existence, le Coran insiste sur ce point que l’humain a été créé d’une manière spécifique, le faisant pencher instinctivement vers l’unicité et se diriger vers Son Créateur. Allah dit à ce propos : « En suivant la nature qu’Allah a originellement donnée aux humains, pas de changement dans la création d’Allah ; voilà la religion de la droiture, mais la plupart des gens ne savent pas. » (Coran, 30, 30)

L’Imam Sadiq (S) a expliqué le sens de ce verset comme suit : « Il les a créé originellement en leur inspirant le dogme de l’Unicité. »

L’Imam al-Bâqir (S) a rapporté également cette parole du Prophète (S) : « Tout enfant qui naît se dirige instinctivement vers Allah. »

Puis, il l’a expliqué comme suit : « C’est-à-dire qu’il sait qu’Allah est son Créateur. »

L’Imam Sadiq (S) rapporte que Mûsâ ibn Umran, dans une de ses supplications adressée au Seigneur Tout Puissant, disant : « Ô Allah, quelle est la meilleure action à Tes yeux ? » Allah lui répondit : « L’amour des enfants, car ils ont été créés originellement et conformément à l’Unicité et quand Je les fais mourir, Je les introduis de part Ma Miséricorde au Paradis. »

L’étude analytique de ces textes et des pensées qu’ils recèlent ne met pas simplement en lumière les conséquences que l’amour des parents a sur l’âme de l’enfant, elle éclaire aussi les répercussions psychologiques de cet amour sur les parents aimant eux-mêmes.

Ainsi, l’amour de l’enfant pour son innocence et la pureté de sa nature innée font rayonner en lui l’amour de la nature originelle, de la pureté et de l’innocence.

L’amour de ce fait laisse à la fois une empreinte sur l’âme de l’enfant et sur celle de ses parents. Dans le hadith précédemment cité sur la nature originelle des enfants, il est dit que chaque enfant naît doté d’une direction divine ; c’est donc le milieu éducatif dans lequel il vit qui va donner une autre orientation à cet enfant, et c’est dans ce même hadith que le Prophète (S) évoque cette orientation différente : « Il n’est pas un nouveau-né qui ne naisse sans être doté d’une nature originelle le faisant incliner vers Allah ; ce sont ses parents qui le convertissent au christianisme ou au judaïsme. »

C’est donc pour parer à cette éventualité (la déviation de l’enfant par le milieu), que l’Islam a insisté sur l’importance de l’éducation en ce domaine et sur la responsabilité des éducateurs qui ont pour devoir de sauvegarder la pureté originelle et l’intégrité spirituelle de l’enfant ainsi que de veiller à sa perpétuation.

La tâche des éducateurs sera de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires afin de sauvegarder cette nature originelle, de lui conserver son dynamisme et de conduire l’enfant sur le chemin qui le mènera à Son Créateur.

Ainsi, l’enfant naît au sein de la nature qu’il voit fascinante et remplie de phénomènes étranges et singuliers ; il y observe le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, les nuages, la pluie, les arbres, la mer, les fleuves, les différentes couleurs des fleurs et des fruits.

Lorsque son esprit et ses facultés intellectuelles commencent à s’éveiller, il veut comprendre le monde d’une autre manière, d’une manière rationnelle ; aussi, il interroge ses parents, ses frères et sœurs aînés, ou son instituteur sur la formation de toutes les créatures vivantes ou non, sur leur origine, sur leur Créateur.

Il veut comprendre les rapports qu’entretiennent toutes ces créatures entre elles, en recherchant les liens de cause à effet.

Les parents et les éducateurs d’une manière générale ont le devoir de répondre à ces questions d’une manière adéquate qui soit adaptée à la capacité de compréhension de l’enfant. Ils s’aideront pour cela de divers moyens matériels et palpables comme les jouets ou les images pour donner à l’enfant une définition claire et simple des choses. Ils expliqueront aussi comment a été fabriqué ce jouet, dessinée cette image ; ainsi par des exemples tirés de sa vie quotidienne, l’enfant pourra comprendre ce qu’est le Créateur ; cette méthode servira également à générer un lien psychologique entre l’enfant et les manifestations de la nature elles-mêmes, attachées à leur Créateur grandiose.

Ces réponses fournies par les éducateurs à l’enfant lui serviront à mieux comprendre sa relation avec le Créateur de l’existence, mais elles viseront surtout à lui faire comprendre la générosité et la libéralité de Dieu et à l’habituer à Le remercier en lui présentant avec enthousiasme des exemples concrets qui lui feront sentir le remerciement comme une chose obligatoire et allant de soi envers toute personne qui nous fait du bien.

Cet apprentissage du remerciement commencera avec le sentiment bien concret du bien que lui prodiguent les parents, et le droit au remerciement qu’ils sont en droit d’attendre en échange de leur bonté, ce sentiment servira à l’enfant de point de comparaison pour lui faire ressentir également de la reconnaissance et de l’amour envers Allah, qu’Il soit loué.

Dans les premières années de sa vie, l’enfant possède un très grand potentiel de réceptivité et d’acceptation, il est donc du devoir des éducateurs de fournir à l’enfant toutes les informations possibles sur les actes d’adoration : il faudra lui apprendre à faire la Prière, à apprendre par cœur des chants et des histoires qui cultivent en lui les sens profonds de la foi, la relation avec Allah, et lui faire ressentir les qualités divines comme la Justice et la Miséricorde, par exemple ; lui parler du châtiment réservé à ceux qui font le mal, la toute-puissance divine sur les créatures et sur la vie.

Les règles de la psychologie démontrent que les conditions et l’atmosphère qui accompagnent la formation de l’enfant aux cultes d’adoration constituent un facteur dynamisant et stimulant. C’est pourquoi la création d’une atmosphère empreinte de joie et d’amour, alliée à des encouragements donnés à l’enfant pour le féliciter de ses actions, ou le fait de lui offrir un cadeau, ou encore le prendre en photo alors qu’il est en train de prier, tout cela suscite la joie et fait qu’il ressent les pratiques religieuses comme une chose agréable et attrayante, sentiment qui va s’enraciner dans les profondeurs de sa conscience.

A l’inverse, une atmosphère où règne la dureté, où l’enfant est forcé de faire certaines choses, ne va engendrer que le refus intérieur de l’enfant, et par la suite un sentiment de rejet apparaîtra à l’égard des actes d’adoration.

Le recours au 7e art, le cinéma, les films, les images et les dessins animés dans l’apprentissage des pratiques religieuses et leur présentation d’une manière suggestive et directe est une manière qui se révèle très efficace à cet égard.

Cet apprentissage pratique, ajouté à l’amour et à l’attention des parents pour leurs enfants, comme par exemple le fait de l’amener à des fêtes, a une grande influence sur lui.

C’est pour cette raison qu’il est fortement conseillé d’apprendre au jeune enfant le Coran, les pratiques et principes religieux, ainsi que les actes d’adoration d’une manière progressive.

L’Imam Sadiq (S) rapporte du Prophète (S) cette parole : « L’enfant à qui l’on a appris le Coran verra ses parents se faire mander (dans l’au-delà) et là, on leur fera endosser une cape qui éclairera de son resplendissement les visages des habitants du Paradis. »

Le même Imam précise le programme à suivre en matière d’éducation religieuse de l’enfant : « On lui enseignera à 7 as le Livre, et les 7 années suivantes, il apprendra à reconnaître le licite de l’illicite. »

Le Prophète (S) a dit : « Apprenez à faire la prière à vos enfants, et, dès qu’ils atteignent l’âge de la puberté, montrez-vous plus stricts et obligez-les à faire la prière régulièrement. »

On rapporte de l’Imam Ali ibn al Husayn, As-Sajjad (S) qu’il apprenait à ses enfant la prière d’une façon progressive pour ne pas qu’ils la considèrent comme une chose désagréable ou difficile ; par exemple, il leur disait d’accomplir la prière du midi et de l’après-midi ensemble et de faire de même pour les prières du coucher du soleil et de celle du soir. On lui fit des remarques auxquelles il répondit comme suit : cela est plus facile pour eux, et leur permet de s’accoutumer à désirer accomplir la prière au plus vite et en son temps, de même que cela les incite à ne pas la négliger, à ne pas la bâcler, à ne pas dormir quand le temps est venu de faire la prière, et à ne pas lui préférer d’autres occupations. L’Imam n’encourageait ses enfants qu’à faire les prières obligatoires, et disait : « S’ils arrivent à faire la prière, ne les laissez-pas la remettre à plus tard. »
Chapitre sept : L’éducation coranique

« Ce Coran guide vers ce qu’il y a de meilleur. » (Coran, 18,9)

Le Coran est le message divin éternel, le réceptacle de la pensée et de la conscience ; la ligne de conduite droite et la guidance, et le critère de la pureté et de l’authenticité.

Enseigner le Coran aux enfants et aux adolescents contribue à la formation d’une personnalité religieuse et éduque en eux les valeurs morales et la bonne conduite.

L’authenticité et la pureté sont les traits distinctifs de la personnalité et de la façon de pense de l’enfant musulman.

De la même façon, l’enseignement du Coran lui apprend à bien prononcer les mots et donc l’art de l’éloquence ; il lui donnera également une logique saine et augmentera sa mémoire, sa conscience et son savoir.

Dans le cadre d’une planification dirigée à l’encontre de l’Islam et de sa civilisation, l’enseignement du Coran a disparu de l’enseignement public dans la plupart des pays islamiques si ce n’est sous une forme toute primaire et limitée ; cela a été fait dans le but de donner une génération ignorante du Coran, vivant sans rapport avec lui, et sans se conformer à sa ligne de conduite.

Cette ignorance a atteint un tel point que même les enseignants ne savent plus lire le Coran d’une façon correcte et si agréable ; et ils ne ressentent plus ce lien spirituel, psychologique et intellectuel qui les unit au Coran, et ce, même après l’achèvement de leurs études universitaires.

La responsabilité des parents leur fait un devoir incontournable d’enseigner à leurs enfants la lecture du Coran et sa psalmodie et de leur faire comprendre que c’est un Livre sacro-saint.

Cet enseignement du Coran se voit facilité de nos jours par le développement des techniques éducatives que constituent des appareils comme le magnétophone, la télévision, la vidéo, l’ordinateur…

L’existence de Coran psalmodiés et adaptés à l’âge du récitant aide les parents à apprendre à leurs enfants le Coran par cœur d’une façon qui soit juste et harmonieuse.

Les étapes de l’enseignement du Coran

L’enseignement du Coran doit commencer dès que l’enfant est en âge de parler. C’est en effet une période propice à l’apprentissage par cœur, car l’enfant est réceptif et réagit aux connaissances qu’on lui prodigue ; on lui fera donc retenir des petites sourates en l’encourageant, soit lui faisant des éloges ou en lui offrant des petits cadeaux adaptés à son âge et à ses désirs, notamment un cadeau qu’il pourra garder longtemps et qu’il conservera comme un souvenir plaisant. Lui offrir un Coran joliment imprimé augmentera son intérêt pour lui et lui fera ressentir l’amour de ses parents envers lui et l’importance qu’ils attachent au Livre de Dieu et à son apprentissage.

L’enseignement du Coran, que ce soit sa lecture, son apprentissage par cœur ou sa psalmodie, doit être l’objet d’une attention particulière dans les établissements à vocation éducatives, et il importe d’organiser des lieux d’apprentissage tels que des écoles privées, des associations, ou des réunions privées ayant pour objectif l’enseignement et le commentaire du Coran.

Une génération qui grandit au sein d’un environnement social ayant des rapports ténus avec le Coran bénéficiera automatiquement de son influence et attachera une importance psychologique et intellectuelle au Coran et entretiendra des liens forts avec lui.

Découvrir les capacités des enfants débutants, que ce soit dans le domaine de la mémorisation ou de la psalmodie ; favoriser l’attachement et le développement, ainsi qu’encourager ces capacités par l’organisation de compétitions, de conférences, de rencontres, de mise en valeur de la mémorisation du Coran, tout ce travail tient une part importante dans ce projet d’éduquer une génération de lecteurs et de mémorisateurs du Coran.

Le Prophète (S), afin d’intégrer toute sa communauté et de l’ancrer au Livre d’Allah, s’était occupé à former une génération de mémorisateurs du Coran ; les relations rapportées par les narrateurs suffisent à démontrer ce phénomène : 400 hommes parmi les lecteurs du Coran ont trouvé le martyre dans la seule bataille de Yamâma.

La valeur de ce nombre de lecteurs prend toute sa signification si l’on sait que le nombre des habitants de la péninsule arabique à cette époque était infime.

Outre ce témoignage historique qui atteste de l’importance attachée au Coran, nous donnons ci-après un aperçu des directives prophétiques incitant les musulmans à se surpasser et à rivaliser dans la mémorisation et la lecture du Coran ainsi que l’encouragement à faire profiter autrui de ces deux bienfaits.

Le Prophète (S) a dit à ce propos : « Celui qui retient le Coran et en applique les directives se retrouvera avec les ambassadeurs (les anges et les prophètes) honorables et pieux. »

Le Prophète (S) en un autre lieu éclaire l’importance qu’il faut accorder à l’enseignement du Coran pour les jeunes et le rôle qu’il joue dans la formation de la personnalité : « Le jeune croyant qui lit le Coran voit ce dernier se mêler à sa chair et à son sang, et Allah le placera au rang des ambassadeurs. »

Le Prophète (S) encourage également les parent à apprendre le Coran à leurs enfants et a annoncé quelle était la récompense qu’Allah, qu’Il soit exalté, leur a réservé pour cela, afin de les encourager à le faire. Il a dit : « On appellera les parents qui auront appris le Coran à leurs enfants : ils seront alors revêtus de parures dont l’éclat illuminera le visage des habitants du Paradis. »

Les Imams, suivant en cela les traces du Prophète (S), ont également invité les croyants à apprendre le Coran et à lui accorder une importance primordiale : « Il ne convient pas à un croyant de mourir sans avoir appris le Coran ou d’être en voie de l’apprendre. »

Pour toutes ces raisons, nous concluons à l’importance capitale qu’il faut attacher à l’apprentissage du Coran chez les jeunes afin qu’ils reçoivent une éducation coranique, qu’ils soient à l’abri des déviations, des fausses croyances, des superstitions et des préoccupations matérialistes et qu’ils revêtent les caractéristiques d’une génération engagée appelant à la religion du Prophète (S), de son esprit et de sa conscience.
Chapitre huit : L’éducation scientifique et intellectuelle

« Allah élèvera ceux d’entre vous qui auront cru et qui auront reçu le savoir. Allah sait ce que vous faites. » (Coran, 58,11)

« Parmi Ses serviteurs, seuls les savant craignent Allah. » (Coran, 35, 28)

« Dis : Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Seuls les doués d’intelligence se rappellent. » (Coran, 39, 19)

Les savants versés dans la logique ont défini l’humain comme étant un animal doué du pouvoir de la pensée.

An-Nâtiqiyya signifie étymologiquement la faculté de penser et la capacité de s’exprimer.

L’humain est donc cette créature raisonnable, qui pense et qui est capable de percevoir les choses au moyen de sa conscience ; il est cette créature qui est en mesure d’acquérir des connaissances et de rassembler des données provenant de la perception qu’elle acquiert du monde de la nature et des vivants, ainsi que par la réflexion qu’elle opère sur l’univers et l’existence dans son ensemble.

C’est précisément par ce savoir et ces connaissances que l’humain se forge des valeurs humaines et que les nations et les peuples ont pu occuper la place qui est la leur dans le cours de l’histoire ; et c’est ce savoir qui est à la source de l’orientation de l’humanité.

C’est en effet grâce à l’utilisation de sa raison et par la découverte des lois scientifiques que l’humain a pu maîtriser la nature, les animaux et les plantes, pour les utiliser et en tirer profit.

L’Islam considère la recherche du savoir comme une obligation, c’est pourquoi le hadith suivant énonce : « Rechercher le savoir est une obligation incombant à chaque musulman. »

En effet, le savoir est le point de départ de la connaissance d’Allah – qu’Il soit exalté -. Il est ce comportement qui donne aux comportements humains leur rectitude lorsqu’il est bien utilisé ; il est la source de la force des musulmans et de leur honneur et constitue le facteur essentiel qui leur permet de propager l’Islam dans le monde entier et d’en être les guides.

L’intérêt que l’Islam porte à la connaissance et au progrès scientifique a conduit au développement de filières spécialisées afin de pourvoir aux multiples besoins de la communauté ; ainsi se sont développées des sciences comme : la médecine, l’infirmerie, les sciences juridiques, les sciences militaires, l’agriculture, l’astronomie, l’optique, etc.

A noter que le devoir de développer la connaissance est au point de vue légal une obligation reconnue comme incombant à la communauté toute entière.

Suite à cet appel de l’Islam à la recherche du savoir et à l’acquisition de connaissance, les musulmans ont pris en main l’initiative scientifique ; ils ont ainsi assis les bases des sciences et des connaissances, fait construire des universités, des bibliothèques, rédigé de multiples ouvrages et ont construit le palais de la civilisation et de l’urbanisation.

Ils ont de même mis sur pied des méthodes de recherche scientifique dans les domaines des sciences humains et des sciences naturelles. Ainsi, ils se sont appuyés sur la méthode rationnelle dans les domaines scientifiques généraux et sur la méthode expérimentale et la recherche en laboratoire pour les sciences comme la médecine, l’astronomie, la chimie, la physique, la pharmacologie…

Et c’est sur ces bases que la civilisation européenne moderne s’est construite et qu’elle a pu progresser comme elle l’a fait. L’Islam appelle donc à la recherche du savoir et incite les musulmans à se surpasser, à progresser dans le domaine scientifique.

En accord avec cet idéal, il est du devoir des parents, des éducateurs, et des organisations à vocation scientifique, de diriger l’enfant vers cet idéal et de le faire s’intéresser à la recherche scientifique, de lui faire aimer la recherche et la découverte, de lui faire connaître les secrets de la nature et de la vie en l’encourageant à lire et à faire des expériences scientifiques simples.

Le processus de connaissance commence chez l’enfant par rapport aux choses sensibles et concrètes, prises séparément, puis peu à peu, il se trouve à même de comprendre des concepts globaux et des abstractions.

Le désir de l’enfant d’apprendre dès ses premières tentatives découle d’un instinct qui le pousse à rechercher, à découvrir ; suite à ces découvertes, il se produit en l’enfant de l’étonnement, et c’est ainsi qu’il se pose des questions et étend son champ de connaissances par contact direct avec les choses, puis avec les vérités scientifiques ; à cette fin, il s’aide de son imagination comme faculté intellectuelle qui l’aide à créer, innover et inventer.

Mettre à sa disposition des jeux scientifiques et des moyens techniques simples qui augmentent ses capacités de réflexion et son intelligence lui permet de développer en lui l’esprit scientifique et l’amour de la recherche.

Les parents doivent de même manifester à leurs enfants l’intérêt qu’ils portent à leurs progrès scolaires, et doivent leur faire aimer l’environnement scolaire ; de même ils doivent les encourager à se surpasser en leur offrant des cadeaux utiles et constructifs.

On pourra de même mettre à la disposition de l’enfant des revues scientifiques, des illustrés et le suivre dans ses études d’une façon qui l’encourage à faire ses devoirs et à désirer progresser.

Il est bon également de lui raconter la vie des célébrités scientifiques sous la forme d’histoires savoureuses et excitantes et de lui expliquer les tentatives entreprises par ces personnes en vue de découvrir et d’explorer l’inconnu et le monde environnant.

Il faudra également lui faire comprendre l’excellence de la science et la supériorité des savants sur le reste de l’humanité. Il sera bon à cet effet de lui faire visiter des musées, de l’emmener voir des expositions scientifiques et industrielles.

Tout ceci constitue un ensemble de moyens qui encouragent l’enfant à rechercher, découvrir et à vouloir se surpasser.

Les éducateurs et les parents ont la responsabilité de rechercher quels sont les dons et les dispositions de leur enfant, de voir dans quels domaines il est le plus habile et ce vers quoi il est attiré ; à ce moment-là, ils devront mettre à sa disposition les moyens nécessaires en lui permettant d’exercer ses facultés créatrices ; il est à cet égard intéressant d’organiser des expositions où sont montrées les créations des enfants, de publier leurs noms dans les journaux par exemple ; ainsi, l’esprit de créativité de l’enfant, suite à la prise en considération de son travail par les autres, va grandir en lui et il ressentira alors combien il est un élément important dans sa vie.

Principe de formation du raisonnement chez l’enfant musulman

Le point le plus important est de poser des principes de base et des concepts fondamentaux nécessaires à la construction de la faculté de raisonnement et de pensée chez l’enfant afin qu’ils lui servent de point d’appui pour former sa raison, organiser sa pensée selon les méthodes islamiques et la manière de pensée civilisationnelle de l’Islam.

Il faut apprendre à l’enfant que toute chose à une cause et que tout être vivant a été créé dans un but déterminé et possède une valeur propre ; que toute chose entretient des relations d’interdépendance avec les autres et que l’humain comme immanquablement des erreurs, mais qu’il peut les corriger. Il faut lui apprendre à travailler en organisant des principes de comparaison des connaissances et que les sens, l’expérience et les observations scientifiques sont les instruments fondamentaux qui servent à organiser et rassembler les connaissances et les données. Il faut de même lui enseigner les principes de la logique et les mathématiques qui vont lui servir à organiser sa pensée.

Toutes ces vérités et ces principes qui sont enseignés à l’enfant, que ce soit au moyen des programmes scolaires, de récits, d’expériences, de pratiques, d’exposition des productions d’autrui, de mise en éveil, de commentaires autour d’observations effectuées sur le terrain, etc… tous ces moyens contribuent activement à construire les prémices et les bases qui vont donner naissance à une raison islamique et à une pensée scientifique productive loin de toutes superstitions, suivisme ou affabulation.

Il n’est pas inutile à cet égard de résumer les principes généraux qui sont à la base de la formation de la raison islamique :
1. Donner au principe de causalité générale une place centrale et l’appliquer correctement à l’existence dans son ensemble et aussi à la nature et à la métaphysique.
2. Savoir que les sens sont à la base de la connaissance et que la raison est l’instrument qui met en œuvre l’opération d’extraction et de déduction ; c’est elle en effet qui permet sur la base de connaissance sensorielles primaires de passer à des connaissances abstraites et globales ; c’est ainsi que l’on peut extraire des lois générales et obtenir de nouvelles connaissances.
3. Les instrument du savoir sont donc les sens et la raison.

Chapitre neuf : L’éducation physique

« Et recherche à travers ce que Allah t’a donné la demeure dernière, mais n’oublie pas ta part en cette vie ; sois bienfaisant comme Allah l’a été envers toi ; ne recherche pas la corruption sur la Terre, car Allah n’aime pas les corrupteurs. » (Coran, 77, 28)

Ce verset béni évoque le principe d’équilibre que l’humain doit respecter dans sa vie, à savoir qu’il doit répondre aux demandes matérielles et aux besoins de son corps en l’entretenant, et en s’intéressant à tous les aspects de la vie d’une manière égale ; ce verset appelle également l’être humain à penser et à agir en vue de l’autre monde, le monde éternel.

Allah a créé l’humain comme une unité vivante, complète et harmonieuse, composée d’instincts, de raison, de volonté, de sentiments et de sensations.

Une éducation adéquate sera donc une éducation qui respectera cette composition humaine dans tous ces éléments à la fois matériels et spirituels, corporels et psychologiques, et qui portera un intérêt particulier aux rapports de cette unité humaine avec l’autre monde.

Ceci, dans le but d’éviter la production de hiatus entre les valeurs spirituelles et physiques, ou de désorganiser l’équilibre de la personnalité. C’est pour cette raison que l’Islam a refusé la vie monacale et les privations corporelles et a, à maintes reprises appelé, à travers la législation et les jugements légaux, au respect et à l’entretien du corps.

C’est ainsi que dans l’Islam, l’humain doit fournir au corps la nourriture, la boisson, le soigner quand il tombe malade, le vêtir, lui procurer un logis, répondre à ses désirs sexuels, etc…

Ce devoir vis-à-vis du corps est basé sur le verset précédemment cité et sur bien d’autres, car l’Islam considère les besoins corporels comme vitaux.

L’éducation islamique vise donc à faire prendre conscience à l’enfant la nécessité de répondre à ces besoins ; les parents, quant à eux, ont la responsabilité de veiller à la bonne santé de leurs enfants.

Cette attention portée par l’islam au bon entretien physique commence dès avant la naissance de l’enfant, alors qu’il n’est encore qu’un embryon ; en effet, les recommandations islamiques invitent la femme enceinte à consommer une nourriture équilibrée et riche afin de donner naissance à un enfant bien portant.

La législation islamique a de même interdit tout ce qui pourrait constituer une nuisance pour la femme enceinte et son enfant, comme l’énonce ce hadith d’expression générale : « Pas de mal, ni de nuisance. »

Pour la femme de notre époque, ce hadith signifie la mettre en garde contre la consommation excessive de médicaments et de certaines drogues qui mettent fin à la grossesse et qui, le plus souvent, conduisent à des malformations du fœtus ; consommer de tels médicaments revient à commettre un crime psychologique ou physique. Causer du tort à l’enfant ou le mutiler sont des actes interdits et sont passibles de peines.

Lorsque l’enfant naît, les parents deviennent légalement responsables de sa protection physique et doivent le protéger de toute maladie.

Beaucoup de parents se montrent négligent ou insouciants à cet égard et ne prodiguent pas à l’enfant les soins nécessaires, ou bien prennent à la légère certains symptômes ; c’est alors que la maladie s’aggrave et devient incurable.

Le père est légalement responsable de la protection de ses enfants vis-à-vis des maladies, et doit les garder en bonne santé en leur procurant la nourriture nécessaire et les médicaments en cas de besoin. Aucune excuse n’est acceptée si ce n’est pour celui qui ne peut financièrement pourvoir aux besoins de l’enfant ; dans ce cas, ce sera aux organisations gouvernementales spécialisées dans l’enfance de répondre aux besoins de celui-ci.

Les parents doivent donner à l’enfant de bonnes habitudes en matière de santé, comme l’Islam l’a recommandé ; par exemple l’habituer à ne pas trop manger, ni trop boire, à ne pas se vêtir au-delà de ses besoins et à ne pas se livrer au gaspillage, comme Allah l’a dit : « Ô fils d’Adam ! Parez-vous quand vous allez à la mosquée, mangez, buvez, mais ne commettez pas d’excès ; Allah n’aime pas ceux qui gaspillent. » (Coran, 7, 31)

Il faut de même habituer l’enfant à l’hygiène et à la propreté corporelle, vestimentaire, à celle de la maison et du milieu dans lequel il vit, et l’habituer à porter des habits soignés et à manger une nourriture pure, car Allah a dit : « Allah ne veut pas pour vous quelque gêne ; Il veut simplement vous purifier et parfaire sur vous Son bienfait ; peut-être serez-vous reconnaissants. » (Coran, 5,6)

« Dis : Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs ? Dis : Elle est destinée à ceux qui ont la foi dans cette vie et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection. Dis : Nous exposons clairement nos versets pour les gens capables de savoir. » (Coran, 7, 32)

L’Islam est la religion de la bravoure et de l’esprit chevaleresque, c’est pourquoi il a demandé aux musulmans de fabriquer et de mettre en œuvre tous les moyens possibles au service de la puissance matérielle et corporelle.

« Et préparez contre eux tout ce que vous pouvez comme force… » (Coran, 8, 60)

C’est pourquoi, autrefois, on attachait une grande importance à l’éducation physique de l’enfant et on lui inculquait l’esprit de chevalerie et le sentiment de force comme principes de base pour préparer et éduquer les jeunes générations et construire la communauté islamique. En outre, inculquer à l’enfant l’esprit de force, de bravoure, de générosité, contribue grandement à le maintenir en bonne santé et à faire grandir sa personnalité, ainsi que cela l’aide à avoir confiance en lui, et à être prêt à faire face aux difficultés.

Le Prophète (S) a encouragé l’éducation physique : « Apprenez à vos enfants la natation et le tir. »

Ce qui est du plus haut intérêt sportif et physique, c’est l’exemple concret que nous donne le Prophète (S) : le Prophète était en effet un jeune chevalier combattant ; de plus, il envoyait son cheval participer aux courses de chevaux ; il gagnait le tournoi et surpassait tous les autres la plupart du temps, bien que sa chamelle perdait parfois le tournoi. Il organisait également des compétitions entre ses compagnons et récompensait les gagnants pour renforcer en eux l’esprit de force, de chevalerie, et l’esprit sportif.

Rukâna, connu pour sa force et ses victoires, combattit avec le Prophète (S) qui, cependant, sortit vainqueur.

Le sommeil est également un des facteurs essentiels, aussi bien dans la vie physique que dans la vie intellectuelle de l’humain. Le respect des moments de repos nécessaires au corps est également capital. Il faut de même habituer l’enfant à se coucher tôt et à se lever tôt : cela lui apprendra à rester en bonne santé physique et psychologique, et à savoir bien utiliser son temps.

L’éducation et les interdits corporels

« Dis : Venez, je vous réciterai ce que vous a interdit votre Seigneur. » (Coran, 6, 158)

« Dis : Allah a seulement interdit les turpitudes, aussi bien apparentes que cachées. » (Coran, 7, 33)

De même qu’il faut habituer l’enfant à acquérir de bonnes habitudes et à ce qu’il les pratique, il convient également de lui interdire la consommation de choses interdites et l’acquisition de pratiques détestables, mais au contraire l’entraîner à délaisser ses mauvaises habitudes.

Le laxisme de la plupart des régimes dans les pays musulmans vis-à-vis des pratiques illicites est une cause d’inquiétude et d’angoisse pour les jeunes générations musulmanes. Citons par exemple des pratiques comme la consommation d’alcool ou de drogues, ou encore les relations sexuelles illégales.

C’est pourquoi la responsabilité des parents est à cet égard de la plus haute importance ; il est de leur devoir d’empêcher les jeunes et les adolescents de tomber dans le piège de ces pratiques malsaines et de les protéger vis-à-vis de celles-ci.

Une des mesures préventives est l’éducation religieuse, la foi et l’approfondissement des valeurs morales islamiques et, d’un autre côté, on s’attachera à exposer aux jeunes, tous les dangers et les effets néfastes que comportent l’adonnement à ces pratiques, comme les maladies en découlant, et la déchéance sociale.

De même, il faudra éloigner les jeunes des mauvaises fréquentations, et surveiller leur conduite d’une façon continuelle. Et même si besoin en est, recourir à la punition verbale ou corporelle afin de les dissuader de retomber dans cet enfer.

Une des mauvaises habitudes dont les parents ne dissuadent pas leurs enfants dans la plupart des cas est l’habitude de fumer, qui porte un coup sérieux à la santé physique et à l’économie. Cette habitude à des causes psychologiques chez le jeune et l’adolescent ; les parents peuvent dissuader leurs enfants de se livrer à cette pratique en leur faisant prendre conscience de ses dangers, en la leur interdisant carrément, mais aussi en ayant vis-à-vis d’eux un comportement positif qui leur fasse ressentir que les adultes respectent leur personnalité.

Chapitre dix : L’éducation sociale

« Ô Humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous vous avons répartis en peuples différents afin que vous fassiez connaissance ; le plus noble d’entre vous au regard de Dieu est celui qui est le plus pieux. » (Coran, 13, 49)

Les humains sont des créatures sociales créées naturellement pour vivre en société ; au plus profond de lui, chaque être humain porte un penchant qui lui fait aimer être en contact avec autrui et à vivre au sein d’un groupe.

Les messages prophétiques sont descendus pour construire à la fois l’individu et la société et pour établir un équilibre entre les droits des deux.

De même que la société permet à l’humain de développer sa personnalité sur le plan scientifique et plus généralement civil, l’individu offre à la société ses efforts et ses expériences ; et se faisant contribue au développement de cette dernière dans les domaines scientifiques, économiques, culturels, etc…

Une société saine donnera naissance à des individus sains ; une société déviée produira des individus déviés ; l’être humain en effet constitue bon nombre de ses pensées, de ses conduites, de ses habitudes et de ses manières de penser à partir de la société ; c’est pourquoi l’Islam a attaché une grande importance à la formation d’un environnement social sain, et a rendu obligatoire le devoir de l’appel au bien et l’interdiction du mal pour réformer la situation sociale, comme Allah le dit : « Que de vous se forme une communauté qui appelle au bien, qui enjoigne les bonnes actions, et proscrivent les mauvaises ; ce sont eux qui triompheront. » (Coran, 3, 104)

Une étude de la morale islamique et de ses règles de politesse et de bienséance nous montre qu’elle comporte une vision sociale : elle vise en effet à construire l’individu par la société. De même, l’étude de la législation et de la jurisprudence nous conduit au même résultat, à savoir que toutes visent à organiser les droits et les devoirs, ainsi que les responsabilités sociales en parallèle avec les affaires privées.

Bien plus, l’Islam s’attache à la formation de rapports sociaux constructifs même dans le cadre des actes d’adoration et des manifestations religieuses comme la prière, le pèlerinage, les fêtes, etc…

Voilà pourquoi une éducation islamique endosse la responsabilité de préparer l’enfant à vivre dans une société islamique afin qu’il connaisse ses droits et ses devoirs vis-à-vis de cette société, ainsi que les droits et les devoirs de la société à son égard ; elle se charge également de le préparer à la vie sociale afin qu’il apprenne à adopter des comportements adéquats avec les autres individus, les organisations, les associations et qu’il participe aux activités de cette société, qu’il la construise et qu’il la réforme.

Ainsi, la responsabilité des éducateurs en général leur donne le devoir de prodiguer aux enfants une éducation sociale afin qu’ils deviennent des individus sociables, créatifs et actifs, participants à la construction de la société et à sa réforme.

Le point de départ essentiel des relations sociales est à rechercher dans la vie familiale et dans les rapports que chaque membre de cette petite cellule entretient avec les autres.

Habituer l’enfant à se comporter en toute égalité à l’égard de ses frères et sœurs, ainsi qu’avec ses aînés constitue le premier pas de la formation de relations sociales. Ainsi, habituer l’enfant à l’amour et au respect, au don de soi, à l’entraide avec ses frères et sœurs, éduque en lui la façon de se comporter socialement et l’affranchit de l’individualisme et de l’égoïsme.

L’encourager à s’occuper de ses petits frères et sœurs, à partager ses jouets ou ses livres, fait grandir en lui un esprit social constructif et l’encourage à aider ses amis, à leur prêter ses affaires personnelles et à participer avec eux dans des associations de bienfaisance pour les jeunes.

Le jeune pourra également être membre d’une équipe sportive et participer à des activités sociales, tout en le mettant en garde contre les mauvaises fréquentations.

Tous ces moyens élargissent son champ d’intérêt social et enracinent en lui l’esprit d’interaction sociale.

On peut citer comme autre moyen d’encourager l’esprit social, la participation aux cérémonies et manifestations culturelles au sein de l’école ou du quartier, tant qu’elles sont compatibles avec les valeurs islamiques.

L’Islam a posé des règles de comportement social comme les formules de politesse, les règles de salutations, l’entretien de bonnes relations sociales, l’entraide, l’encouragement à la réconciliation, la réforme de la société, l’entretien de bonnes relations familiales avec les proches, la visite aux malades, etc…

Il incombe donc aux parents d’habituer leurs enfants à entretenir ce genre de relations et à éliminer en eux toute peur relative aux relations avec autrui et à déraciner en eux le complexe de timidité.

Les parents doivent également s’attacher à les débarrasser de toute aversion ou désir d’isolement, en les encourageant à rendre visite à leurs proches, à offrir des cadeaux à leurs amis et à leurs correspondants ; en leur faisant prendre part aux différentes cérémonies et occasions et dans tout autre domaine d’activité sociale qui soit.

L’enfant élevé dans cette atmosphère sociale deviendra un enfant sociable, apte à apporter sa contribution en se portant au service de la société et à participer à tous les projets charitables.

Chapitre onze : L’éducation économique

L’économie constitue le pilier essentiel dans la construction de la société, de son développement et dans la floraison de ses ressources. L’éducation entretient un rapport étroit avec l’économie de la nation et la croissance économique, tout comme elle entretient des relations étroites avec le développement humain.

La formation éducatrice constitue donc un des éléments de l’opération de la planification de la croissance sociale et de ses progrès dans tous les domaines : scientifiques, comportement des individus, politique, économique, etc.

L’éducation est donc responsable des décisions que prend l’être humain producteur, propriétaire, consommateur et en un mot, de ceux qui font circuler les richesses.

La dimension humaine de l’humain – c’est-à-dire ses dimensions psychologique, instinctive, religieuse et culturelle – a des répercussions évidentes sur la situation de la société envisagée dans ses différentes dimensions économiques : production, distribution, circulation des marchandises, épargne, dépenses, consommation, etc…

L’éducation a donc la responsabilité de préparer l’homme à construire une société islamique de même qu’elle est responsable de l’avenir de la croissance et du développement économique ; c’est pour cette raison que dans son programme éducatif, l’Islam a inclus une partie réservée à la manière d’éduquer l’homme au niveau économique et à la manière d’organiser ses rapports avec l’argent et les richesses ; par exemple, le Coran incite l’homme au travail et à la production : « Aussi, arpentez ses chemins et mangez de ce qu’elle vous procure ; c’est vers Lui que de la terre vous ressusciterez. » (Coran, 67 : 15)

L’Islam réglemente les lois de la distribution afin que les richesses abreuvent le corps social et les services sociaux et vitaux d’une façon équilibrée. Allah a dit à ce sujet : « Une partie de leurs biens revenait de droit au mendiant et au déshérité. » (Coran, 51 : 19)

« afin que ne soit pas attribué à ceux d’entre vous qui sont riches. » (Coran, 59 :7)

La monopolisation, l’usure, la thésaurisation sont interdites en Islam ; cette mesure vise à ce que l’argent circule, impulsant ainsi à la vie économique de la vitalité en faisant que tous les domaines de la vie sociale soient dynamiques. Allah en effet a dit : « Allah a autorisé la vente, mais a interdit l’usure. » (Coran, 2 : 275)

Le Prophète (S) a dit également : « Celui qui fait circuler les marchandises est gagnant, mais celui qui thésaurise est maudit. »

Des centaines de versets et de textes de la sunna prophétique instaurent un lien entre l’aspect psychologique et éducatif avec la situation économique de l’homme.

Ainsi, la paresse, l’inertie, la dépendance et l’oisiveté, qui contribuent grandement au retardement de la production, ne sont autre en réalité que des états psychologiques.

Des pratiques et des phénomènes comme l’avidité, l’injustice économique, l’amour de l’argent, le monopolisme, la hausse des prix, l’usure, ainsi que la privation imposée aux pauvres, ou bien encore les dépenses illégales dans l’alcool, les jeux de hasard et la débauche ; de même que le gaspillage et la prodigalité dont parle le Coran sont toutes des pratiques reposant sur des motivations psychologiques et des penchants interdits en Islam.

Il est donc du devoir de l’éducation, à la maison, à l’école ou par la voie des mass-média de réserver dans leur programme et leurs directives une partie consacrée à préparer les enfants à assumer correctement leurs responsabilités économiques pour en faire des individus actifs, conscients de la valeur qu’ont l’argent et les richesses : dans une ligne de conduite et de vie islamique et enfin les relations que l’homme doit entretenir avec ces dernières (les richesses) :

« et vous voici venus à Nous, tout comme Nous vous avions créés la première fois, abandonnant derrière votre dos tout ce que Nous vous avons accordé ? » (Coran, 6 :94)

Il sera bon de préparer depuis leur plus jeune âge l’enfant et l’adolescent à devenir des individus actifs détestant la paresse et de cultiver en eux la confiance en eux-mêmes et de les habituer à instaurer de bons rapports avec la nature et les animaux. Cela se fera en leur donnant un début de formation agricole, soit par le biais des jardins de l’école si elle en a, soit dans le jardin familial ou dans une ferme ; on lui montrera comme on élève les animaux, on l’emmènera dans les laboratoires et sur les chantiers, on s’attachera au développement de ses aptitudes pratiques en l’encourageant à produire des choses ; à lui faire aimer le travail, en lui faisant prendre conscience de ses bienfaits et en le formant à cette fin ; en accordant de l’importance à la manière de mettre en application ce qu’il aura appris, etc…

Toutes ces mesures feront assurément de lui un être humain aimant le travail et la production.

Il faut de même lui apprendre à être économe et à ne pas faire de gaspillage dans ses dépenses quotidiennes ; on l’encouragera pour cela à épargner en constituant une caisse familiale ou en lui ouvrant un compte en banque.

On pourra aussi l’encourager à participer à des œuvres charitables en versant une partie de son argent à une caisse d’œuvres charitables qui serait située dans la maison. De même, on pourra lui proposer d’aider ses amis en leur prêtant des affaires ou bien d’aider des gens dans le besoin et également l’accompagner pour visiter des expositions d’associations charitables ; on pourra de même l’emmener visiter des membres de la famille versés dans les œuvres charitables.

Il faut l’inciter à faire le bien en lui faisant acquérir une prise de conscience religieuse reposant sur l’amour en Allah et lui dire qu’il y a pour tout le bien qu’il fera une récompense et une compensation ; il faudra également approfondir en lui le sentiment de douleur à l’égard de ceux qui sont démunis et qui souffrent. Il faudra de même faire grandir en lui les sentiments de miséricorde et d’affection ; tous ces moyens sont des pratiques éducatives qui enracineront en lui l’amour du bien, de la dépense pour autrui et endigueront la cupidité et l’amour de l’argent.

Chapitre douze : L’éducation artistique et esthétique

« Ils vous paraissent beaux quand vous les ramenez le soir et aussi le matin, quand vous les relâchez pour le pâturage. » (Coran, 16 :6)

« Nous avons rendu beau tout ce qui est sur la Terre, Nous les éprouvons ainsi pour savoir qui agit le mieux. » (Coran, 18 :7)

« Dis : Qui a interdit les belles choses que Allah a produites pour ses serviteurs ? » (Coran, 7 :32)

Le Prophète (S) a dit : « Tout homme qui meurt en ayant dans le cœur de l’arrogance, ne fusse que de la grosseur d’un atome de grain de moutarde, n’entrera pas au Paradis. » Sur, ce, un qoraïchite qu’on nommait Abû Rayhan, a dit : « Par Allah, ô Prophète d’Allah, j’aime la beauté et la désire, même jusqu’au fourreau de mon épée et à la lanière de ma sandale. » Le Prophète (S) répondit : « Ton amour n’est pas blâmable et ne s’apparent pas à de l’arrogance, car Allah est beau et Il aime la beauté ; l’arrogance est le fait de prendre les manifestations de la Vérité à la légère et de dévaloriser les autres. »

L’Islam accorde une grande importance à la beauté, et au développement du sens et du goût artistique.

Le Coran évoque les parures et la beauté et attire l’attention de l’homme sur la beauté et les splendeurs que renferment le monde des créatures ; de même, il appelle à découvrir ce que ce onde recèle d’artistique et de génie créateur, afin que toute cette beauté soit une preuve pour celui-ci de la puissance et de la grandeur divine.

On peut mesurer toute l’ampleur de l’importance que la pensée islamique accorde aux valeurs esthétiques à la lecture du Coran et à la façon dont Allah s’est décrit Lui-même comme étant le Créateur des cieux, Celui qui donne forme à toute chose, le Créateur qui a prodigué à toute chose la beauté de l’apparence et une parfaite harmonie.

On trouve également dans les éloquents propos du Prophète (S) et son comportement pratique une explication grandement convaincante de l’importance qu’accorde l’Islam à la beauté et à l’éducation du sens artistique ; en effet, le Prophète (S) décrit Allah – qu’Il soit béni – comme Beau et aimant la beauté ; ainsi, la beauté absolue est hissée au plus haut degré de l’existence et à la plus sublime vérité vers laquelle toutes les créatures brûlent de désir et vers laquelle tous leurs efforts sont tendus.

Le Prophète (S), quant à lui, est le modèle humain le plus élevé en matière de pureté, de beauté et de raffinement.

L’éducation esthétique éduque en l’humain le raffinement qui se matérialise dans les manières de se comporter, dans les relations sociales, de même que par rapport aux choses et objets faisant appel aux sens.

Sous cet angle, elle ouvre des horizons psychologiques et rationnels relevant de la conscience humaine ; elle le lie à la source des créatures et de la beauté dans cette vie, à savoir Allah, qu’Il soit loué.

Ainsi, la beauté et l’éducation esthétique sont un chemin qui mène à la connaissance de Allah et sont une preuve de Sa grandeur et du rapport intellectuel et existentiel que l’humain entretient avec Lui.

L’univers, de part les splendeurs, la beauté et l’harmonie qu’il renferme constitue un tableau artistique séduisant, une source d’inspiration artistique et esthétique, et éduque en l’homme son goût et ses sentiments, de même qu’il en corrige les travers.

Les études philosophiques ont démontré les valeurs humaines suprêmes (le vrai, le bien, le beau) et en ont fait le but sublime de cette existence, but vers lequel l’homme doit tendre et sur les bases duquel il doit asseoir son existence.

Les théologiens et les spécialistes des fondements du droit se sont eux aussi livrés à une étude scientifique approfondie de la beauté sous les titres du « beau et du laid », tant au niveau des actes humains qu’au niveau des choses.

Ils ont nié l’existence de tout acte laid de la part d’Allah en prouvant qu’Allah agit toujours bien ; sur la base de ces prémices, ils ont établi des valeurs et des concepts ainsi que des principes législatifs afin d’organiser les conduites individuelles et les rapports sociaux ; de même qu’ils ont fait du beau le principe constructeur de la vie.

A partir de cette prise de position de l’Islam par rapport au beau et à la beauté, il est du devoir des parents et des éducateurs d’approfondir en l’enfant ces sentiments et de cultiver en lui l’amour de la beauté.

Une éducation reposant sur ces valeurs revient à éduquer en l’enfant le goût et le sens esthétique et à corriger ses comportements et sa morale, ainsi que son sens des valeurs ; cette éducation lui permet également de distinguer entre le beau et le laid et à savoir comment réagir face à la beauté matérielle et spirituelle.

Il faut donc éduquer l’enfant dès son plus jeune âge à la pureté en lui montrant le soin que met la famille aux apparences de la beauté et de la pureté ; on devra donc l’habituer à ranger ses affaires scolaires et à soigner son apparence ; il doit également pouvoir être témoin des manifestations de la beauté dans la maison : dans la façon par exemple dont elle a été construite et arrangée, ses couleurs, ses jardins, ses jardinières. On pourra par exemple orner le mur de tableaux, lui faire regarder à la télévision, dans les revues, dans les illustrés, dans les albums de famille des images belles et chatoyantes. Le jardin est également un lieu adéquat, où peut s’exercer le sens de la beauté ; même l’art d’arranger la table à manger ou les fruits dans le saladier, ou bien encore les pots en verre exposés dans la vitrine, tout cela contribue à développer le sens artistique de l’enfant.

Un autre moyen est de l’emmener en voyage afin qu’il contemple les beautés de la nature, ses paysages ravissants et de l’éveiller aux diverses manifestations de la beauté.

Les parents peuvent aussi exprimer en mots ce qu’ils ressentent à la vue d’une belle scène, d’un beau spectacle, louer l’enfant pour le soin qu’il prend à son apparence, qu’il apporte à ses affaires et pour sa belle écriture.

Ils peuvent également l’encourager à dessiner, à faire de la calligraphie ou de la photographie, ou bien le diriger vers des travaux manuels et artistiques simples, comme composer des bouquets de fleurs, modeler des formes avec de la pâte à modeler, faire des compositions avec des feuilles de couleurs, du carton, de la céramique, du bois, etc…, en lui laissant le choix de s’habiller tout en le guidant dans ses choix.

Toutes ces observations, encouragements et conseils font croître en lui le sens esthétique et la capacité d’être artistiquement créatif.

Pour cultiver en l’enfant un esprit critique on pourra se livrer devant lui à la critique de scènes laides et lui faire ressentir de l’aversion pour tout ce qui est dépourvu de beauté.

Cela enracinera également en lui son aversion pour tout ce qui est laid, et lui fera aimer tout ce qui est beau et bon ; que ce soit des paroles, des actes ou des choses.

On prendra soin de faire comprendre à l’enfant que la beauté se matérialise dans les valeurs : ainsi, elle se matérialisera dans une bonne parole, dans une logique saine, dans la politesse du langage, dans les bonnes relations, les actes pieux, le respect de la vérité, etc…

On lui dira aussi qu’elle se manifeste dans les objets et tout ce qui est matériel : l’apparence humaine, le vêtement, le parfum, les champs de fleurs, l’architecture de la maison, l’urbanisme, les tableaux artistiques… toutes ces pratiques feront grandir l’enfant au sein de ces valeurs, et il utilisera la beauté pour réformer ses comportements et raffiner son goût.

Ces principes visent donc à édifier la beauté et le soin qui y est apporté en tant qu’objet ayant pour résultat l’art, l’élévation de l’âme, du goût, des sentiments et qui fait rayonner la beauté et la joie.

Chapitre treize : Les principes généraux de l’éducation féminine

« Ô vous les gens ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peules et en tribus afin que vous fassiez connaissance. Le meilleur d’entre vous est celui qui est le plus pieux. » (Coran, 49, 13)

« Ô vous les gens ! Craignez votre Seigneur qui vous a créé d’un seul être, puis de celui-ci a créé sa partenaire, et qui, de ce couple a répandu sur la terre un grand nombre d’hommes et de femmes. Craignez Allah de qui vous vous réclamez dans vos sollicitations mutuelles, et craignez de rompre les liens du sang. Certes, Allah vous observe parfaitement ! » (Coran, 4,1)

« Parmi Ses signes, Il a créé pour vous, de vous, des êtres complémentaires, afin que vous trouviez l’apaisement auprès d’elles et il a établi entre vous l’amour et l’affection ; il y a certes en cela des signes pour un peuple qui réfléchit. » (Coran, 30, 21)

«Comportez-vous envers elles convenablement. » (Coran, 4, 19)

« Elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. » (Coran, 2, 228)

Lorsque le Coran parle de la femme, de l’homme et de l’être humain en général, il parle en réalité d’un genre humain unique ; l’homme et la femme ne sont que deux espèces de ce genre qui remplissent leurs fonctions sur la base de la perfection, de la complémentarité et de l’organisation conjugale générale dans le monde de la nature et de la vie.

Le Coran parle ainsi : « Nous avons créé toutes choses en couple ; peut-être vous rappelerez-vous. » (Coran, 51, 49)

Dans le verset suivant le Coran réaffirme cette grande vérité mondiale, à savoir l’unité du genre humain : « Nous vous avons créés d’un seul être. », « Il a créé de lui son être complémentaire (époux,se) », « Et a répandu nombre d’hommes et de femmes. », « a créé de vous, pour vous, des êtres complémentaires. »

Le Coran parle ensuite de la nature des rapports humains qui unissent l’homme et la femme ; il ressort de ces versets que ces rapports se créent sur la base de la stabilité, de l’amour, de l’affection, de la bienséance et de l’égalité dans le respect des droits et des devoirs qui leur sont afférents.

Le Coran parle ainsi : « Pour qu’ils trouvent la quiétude en elles. », « Il a instauré entre vous l’amour et l’affection », « Comportez-vous envers elles convenablement », « Elles ont des droits équivalents à leurs obligations. »

En ce qui concerne l’éducation des filles, les points qu’il faut éclaircir ne sont autres que ceux avancés par la science d’une part, et ceux que le sens commun reconnaît en matière de différence entre l’homme et la femme d’autre part.

La constitution de la femme est différente de celle de l’homme, tant au niveau psychologique que physique ; de même, la femme a des fonctions vitales propres comme la maternité, qui la fait passer par les stades de la grossesse et de l’allaitement ; de même, la femme est porteuse de l’instinct maternel et de penchants féminins ; c’est pourquoi l’éducation des filles doit s’harmoniser avec leur constitution physique et psychologique et avec les fonctions qu’elles doivent remplir.

Dans l’éducation des filles se trouve une partie commune aux deux sexes, et une partie qui est propre à chaque sexe ; c’est pourquoi il faudra prodiguer une éducation respectant ces deux aspects.

Dans les études menées par les scientifiques sur l’éducation, on trouve cette affirmation de différence entre les deux sexes, posée comme principe à la base de toute méthode d’éducation.

Ces différences ne reposent pas sur un quelconque penchant en faveur de l’un des deux sexes, elles ont simplement pour but de former la nature humaine selon le but visé – masculin ou féminin – et de donner une croissance spécifique en accord avec le genre afin que l’éducation et la formation s’harmonisent avec la nature.

Les études spécialisées dans la psychologie, la médecine et la sociologie ont démontré que l’existence de ces différences de genre entre l’homme et la femme entraînent des différences de comportement, et cela au cours de tranches d’âge différentes.

Une éducation réussie sera donc une éducation qui aura su tenir compte de ces différences physiques et psychologiques.

L’éducation islamique des filles

L’éducation islamique a apporté un soin tout particulier à la manière de s’occuper des filles en insistant sur le fait de les traiter à égalité, de leur prodiguer le même amour et de les traiter d’une manière qui leur fasse ressentir leurs qualités humaines en parité avec l’homme, humainement parlant.

Sa’ad ibn Sa’ad al Ash’arî a dit : « Il se peut qu’un homme aime ses filles plus que ses fils. » L’Imam dit : « Les filles et les garçons sont sur le même pied d’égalité. Pour le reste cela dépend seulement de ce que veut Allah le Très-Haut. »

Hudhayfa ibn al Yaman rapporte ce propos du Prophète (S) : « Les meilleurs de vos enfants sont vos filles. »

Et l’Imam Baqer a dit : « On annonça au Prophète (S) la naissance d’une fille ; il regarda alors les visages de ses compagnons, et y vit du désappointement ; il leur dit : C’est une fleur embaumante dont je respire le parfum et dont Allah a assuré la subsistance. »

Le Prophète (S) fut l’heureux père de plusieurs filles. On rapporte encore du Prophète (S) cette parole : « Allah – qu’Il soit loué, se montre plus indulgent envers les filles qu’envers les garçons ; Allah le Très-Haut, le Jour du Jugement, fera entrer la joie dans le cœur de tout homme qui aura mis la joie dans le cœur d’une femme avec laquelle il est mahram. »

L’Imam Sadiq (S) a dit : « Les filles sont des bienfaits et les garçons des faveurs. Allah récompense pour les bienfaits qu’Il répand, et demande des compte pour les faveurs qu’Il accorde. »

Ainsi, l’Islam encourage les parents à aimer leurs filles et à les respecter afin qu’elles ressentent ce sentiment d’amour et pour que leurs frères ressentent qu’ils sont tous sur le même pied d’égalité ; les filles grandiront ainsi dans une atmosphère qui les préparera dans le futur à la vie sociale afin qu’elles se comportent avec les autres à la lumière du respect accordé à leur féminité.

Les lignes générales de l’éducation des filles

D’après les principes, concepts généraux et islamiques vis-à-vis de la femme, ainsi que les rapports et les responsabilités que celle-ci a au sein de la société, les méthodes éducatives en rapport avec l’éducation des filles devront tenir compte des points suivants :

1. Préparer l’enfant de sexe féminin à devenir une mère, une épouse et une maîtresse de maison. C’est là une chose nécessaire et imparable à laquelle toute fille doit être préparée.

2. A cet effet, la fille devra posséder des connaissances solides et des aptitudes pour faire face à ces responsabilités ; elle devra donc étudier la psychologie infantile et les principes de l’éducation, notamment ceux qui touchent à la santé et l’hygiène, ceci afin de former ses enfants sur des bases scientifiques au point de vue psychologique et physique et de donner à la société des membres dotés de vitalité et de force, capables de se comporter raisonnablement et généreusement.

La société se doit de bien définir cette vérité scientifique, à savoir : que le don que fait toute femme en donnant à la société un élément humain sain est meilleur que le don qu’elle fait en participant à la production matérielle du pays ; en effet, c’est l’élément humain qui est la cause du bonheur et du bien dans la vie, car l’être humain est l’élément ayant le plus de valeur dans l’existence.

En effet, le profit et la production matériels seuls ne suffisent pas à procurer le bonheur à l’être humain ; les biens matériels ne sont que des moyens au service de l’humain ; bien plus, s’ils ne sont pas utilisés à bon escient, c’est-à-dire s’ils ne contribuent pas au perfectionnement de l’humain, ils peuvent au contraire constituer un danger et nuire à ce dernier ; mais cela n’est pas tout.

Une éducation saine contribue à la croissance matérielle et à l’augmentation de la production.

La décomposition de la famille, du fait du travail de la femme à l’extérieur de la maison, à l’instar de l’homme, constitue un réel danger pour l’éducation des enfants et leur équilibre comportemental ; les recherches psychologiques font foi de ceci ; que le manque d’amour, d’affection, de tendresse ressentis par les enfants, et l’absence d’une personne qui leur prodigue une attention soutenir entraîne des troubles psychologiques graves qui font de l’enfant un être dur et indifférent, en proie à des sentiments d’infériorité.

Il n’est pas non plus sans intérêt de relever que la présence de la femme dans son foyer et sa sollicitude à l’égard de ses enfants n’a pas uniquement des répercussions éducatives sur ces derniers ; elle a également des conséquences psychologiques directes sur le bonheur de l’époux et sur la stabilité de la famille en général.

Elle joue aussi un rôle positif dans la capacité productive de l’homme, comme le montrent les statistiques et les études scientifiques quand elles étudient le rôle joué par les facteurs psychologiques sur l’augmentation de la production.

Ainsi, l’individu qui est content, serein et heureux produit plus que l’individu qui ressent de l’ennui et du désespoir et qui endure des souffrances.

Personne mieux qu’une femme vertueuse ne peut procurer à l’homme ce côté positif, par sa présence réconfortante et apaisante.

De la même façon, la femme peut rendre un service à la société et mettre tous ses efforts au service de l’enseignement de ses enfants. Ainsi, une femme cultivée ayant reçu une formation spécialisée peut être l’enseignante de ses enfants en leur donnant des leçons – par exemple, les 3 premières classes – en accord avec le programme étatique en vigueur. Arrivés à ce stade, les enfants peuvent passer des examens pour suivre des cours à leur niveau.

Cette sorte d’enseignement procure une grande marge de liberté et de tranquillité, et pare aux problèmes qui se posent pour l’enfant dans sa petite enfance.

Toute société contemporaine organisée se doit donc de tracer un programme éducatif pour la femme dans lequel soient pris en compte tous les problèmes relatifs à la famille et à ses problèmes, les rapports de la femme avec son mari de même que leurs droits et devoirs respectifs ; elle devra en outre tracer dans son programme tout ce qui touche à la culture féminine proprement dite, qui englobera à la fois les aspects techniques et esthétiques ; en effet, ils ont des conséquences sur la vie familiale ; comme l’art d’embellir la maison, le dessin, la couture, l’art culinaire, l’économie ménagère, l’organisation domestique, etc…

3. Avec le progrès de la vie citadine et sociale, la société humain a besoin de la contribution des femmes au niveau scientifique dans divers domaines, comme la médecine et l’enseignement par exemple.

Toute planification en matière d’enseignement devra donc prendre en compte cette donnée et lui accorder toute l’importance qu’elle requiert.

4. Enfin, l’Islam n’établit aucune discrimination entre l’homme et la femme en matière d’enseignement ; il en va de même quant à la nature du savoir qu’ils peuvent acquérir ; tous les domaines de recherche leur sont également ouverts, par exemple, la médecine, l’ingénierie, l’astronomie, les mathématiques, l’agriculture, etc…

Notons néanmoins que si l’entrée des femmes sur le marché du travail prend la même ampleur que celle des hommes, il aura des conséquences négatives sur la famille et la société, comme nous y avons précédemment fait allusion.
Chapitre quatorze : L’enfant et l’éducation visant à faire de lui un individu capable de diriger et de guider autrui

« Ainsi, Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu pour que vous soyez des témoins contre les humains, et que le Prophète soit témoin contre vous. » (Coran, 2, 143)

L’éducation islamique doit accorder une grande importance à cet aspect de l’éducation visant à former des personnes responsables afin d’aider à s’épanouir les capacités et les dispositions pour devenir un être responsable ; cette éducation se doit également de former une génération d’individus responsables possédants une forte confiance en eux-mêmes et bravant les obstacles qui surgissent sur le chemin de leur nation.

Ainsi éduquée, cette génération acquiert la fermeté et la capacité de lutter. Elle se trouve en possession des qualifications nécessaires pour défendre l’essence de la communauté, la faire croître et s’élever ; et mettre en pratique ses assises doctrinales et civilisatrices en l’éloignant de la dépendance, de la dissolution ou de l’anéantissement.

La formation d’une telle génération, avertie et consciente, étant capable de diriger correctement la société repose en premier lieu sur les parents, puis sur l’école et les éducateurs ; la pratique et l’épanouissement des dispositions et des capacités germe en tout premier lieu dans l’atmosphère familiale, entre les parents.

Les éducateurs doivent concentrer leurs efforts durant cette formation de personnalités responsables, sur le développement de la confiance en soi et la capacité à prendre des décisions, outre la formation naturelle constituée par la nature propre à chaque individu.

Il existe différents moyens pour développer en l’enfant la confiance en lui-même et lui permettre de prendre des responsabilités de direction dans le futur, comme par exemple gérer des projets, diriger des groupes politiques, des organisations professionnelles ou sociales ou bien jouer un rôle de conseiller pour autrui ou gérer des affaires.

Parmi ces moyens, citons :

- Faire croître la confiance de l’enfant en lui-même à travers des petits travaux et des activités simples.
- Réduire sa dépendance à l’égard de ses parents en l’habituant à s’occuper de lui-même de ses affaires personnelles et en pourvoyant lui-même à ses besoins de première nécessité.
- L’habituer à prendre lui-même ses décisions en lui laissant le choix de la liberté de décider comme il l’entend.

A l’instar de la famille qui sème les premières graines dans la formation d’une personnalité digne de pouvoir diriger, l’école est semblable à une exploitation agricole au sein de laquelle s’épanouissent les potentialités. L’éducation possède de multiples méthodes et moyens tant techniques que scientifiques pour découvrir les capacités à diriger qui se cachent chez l’enfant et l’entraîner à diriger des groupes et à les conseiller ; ces moyens sont à titre d’exemples :

- L’habitude à concevoir des projets, à mettre sur pied des activités entre les élèves
- Le charger de certaines responsabilités dans la limite de ses capacités, comme par exemple être dirigeant d’un comité, chef d’un projet scolaire
- Organiser des colloques et des débats.
- Diriger des activités de groupes comme l’organisation de compétitions sportives ou bien le charger de la responsabilité de la propreté et de l’ordre dans l’école.
- Superviser des voyages.

Dans tous les cas, l’éducation devra respecter les points suivants :

1. Apporter à l’enfant la confiance en lui-même, récompenser ceux qui se distinguent dans leur domaine d’activité et se garder de dénigrer l’élève qui a échoué ou éviter qu’il ne se sente inférieur ou impuissant ; au contraire, il faut discuter avec lui du sujet qu’il a choisi afin qu’il sente que sa personnalité est digne d’être prise en compte et qu’il découvre en même temps ses erreurs ; de même, il faut qu’il soit constant dans l’accomplissement de ses devoirs afin de s’habituer à la patience et à la persévérance.
2. Ne pas lui demander de faire ce qui dépasse ses capacités, afin qu’il n’ait pas à faire l’expérience d’échecs successifs, ce qui aurait pour résultat de lui faire perdre sa confiance en lui-même.
3. Développer l’esprit de responsabilité chez l’enfant en évoquant pour lui la vie des grandes personnalités, en montrant le respect qu’on leur porte et en les louant, de même qu’en lui expliquant le secret de leur célébrité et le point de force de leurs capacités.
4. Surveiller l’enfant, veiller à ce qu’il ne tombe pas en proie à l’arrogance, ou à l’orgueil suite à ses succès, à ce qu’il ne se sente pas supérieur du fait des actes méritoires qu’il a accomplis ; ceci, afin que ne grandisse pas en lui le complexe de supériorité.

Ces recommandation sont surtout valables durant les premières années de la vie scolaire.

Après cela, l’étudiant doit prendre conscience des activités à entreprendre et des responsabilités afférentes à tout responsable, tant au niveau des grandes personnalités qu’au niveau national. Il doit commencer à exercer sa réflexion, en particulier au lycée et à l’université, sur la place tenue par chaque nation et du rôle qu’elle a incarnée dans le passé et quelle est leur place dans le présent et le futur. En effet, les principes les plus importants selon lesquels doit être édifiée la structure d’un programme adéquat – dans tous les domaines de recherches et les cycles d’études – afin d’organiser la conscience de l’étudiant et ses capacités de compréhension, sont les suivants :

1. Créer une ligne de pensée doctrinale engagée reposant sur les préceptes et les conceptions islamiques dans le domaine de la responsabilité ; cela se fera par le biais de la formation d’une idéologie aux contours bien définis qui nourriront la conscience de l’étudiant et sa faculté de réflexion.
2. Développer l’esprit de responsabilité en développant l’esprit d’indépendance vis-à-vis des autres civilisations et détruire l’esprit d’imitation et de dépendance vis-à-vis de ces dernières ; pour parvenir à ce but, on rappellera le rôle de direction joué par notre communauté tout au long de son histoire humaine florissante.
3. Mettre en lumière les menaces qui pèsent sur la communauté islamique et développer l’esprit de résistance en s’appuyant sur la confiance en soi pour avoir une place dans le champ civilisationnel en tant que communauté responsable capable de donner et d’être partie prenante.
4. Mettre en évidence les causes réelles de l’arriération de la nation islamique et les erreurs commises par une comparaison avec l’histoire du déclin des nations, ainsi que la façon dont elles ont procédé à leur renaissance ; montrer le pouvoir que possède une communauté vivante islamique à dépasser les handicaps de la décadence.
5. Faire disparaître la défiguration apportée à la direction de notre civilisation et éliminer le désespoir et le sentiment d’infériorité que les ennemis de notre nation se sont appliqués à faire naître et à semer dans l’esprit des jeunes générations et dans leur personnalité-même.
6. Mettre en évidence les différents points forts et les nombreuses possibilités de renaissance dont jouit notre communauté islamique.
7. Détruire le mythe de la supériorité de certaines nations sur d’autres ou celui de l’arriération inévitable de certaines d’entre elles ; ceci se fera en exposant la marche de l’histoire et en montrant les causes du déclin et de l’essor des nations.

Telles sont les principales idées sur lesquelles il faut s’appuyer dans toute planification du programme scolaire et lors de la mise en place de ses fondements au sein d’une société islamique qui prend en charge la formation des jeunes générations et qui veut corriger leur mentalité en l’asseyant sur les bases de la pensée philosophique éducative islamique.

L’Islam a voulu que l’homme musulman puisse remplir un rôle d’avant-garde, en conduisant l’humanité sur le chemin du bien, de l’amour et de la paix et finalement de parvenir à satisfaire Allah. En effet, Allah dit : « Vous êtes la meilleure communauté qui a été donnée aux humains ; vous ordonnez le convenable et interdisez le bien. »

Et : « Ainsi, Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu pour que vous soyez témoins contre les humains et que le Messager soit témoin contre vous. »

Et encore : « Ceux qui disent : Notre Seigneur, accorde-nous la fraîcheur des yeux en nos épouses et notre descendance et fais de nous des guides pour les pieux. »

L’invocation des Imams d’Ahl-al-Bayt traduit bien ce rôle éducatif et directionnel de la communauté islamique : « Ô Allah ! Nous te demandons d’instaurer un Etat noble dans lequel l’Islam et ses habitants soient honorés mais l’hypocrisie et ses partisans humiliés ; nous Te demandons de nous placer parmi ceux qui invitent à suivre Tes lois et qui guident vers Ton chemin et nous Te demandons de nous accorder l’honneur dans ce monde et dans l’autre. »

Ainsi, il ressort de tout ce qui précède que l’Islam veut former une communauté dirigeante et pionnière sur le chemin du bien et de la civilisation, porteuse d’un message humanitaire et d’un modèle de vie incomparable ; c’est pourquoi la philosophie de l’éducation en Islam se devait d’accompagner la ligne de pensée générale de l’Islam et remplir son devoir de formation des jeunes générations sur ces mêmes bases.

Chapitre quinze : Les rapports de l’éducation avec l’Etat et les lois

En définissant l’éducation et en délimitant ses buts, nous avons pu percevoir l’étendue de la responsabilité qui lui revient et l’étendue des répercussions qu’elle peut avoir sur l’individu comme sur les groupes.

Si le rôle de l’éducation est de former un humain sain, celui de l’Etat et des lois est de mettre tous les moyens en œuvre pour préserver les acquis de cette éducation en protégeant les individus qu’elle a formés, en garantissant leur tranquillité et en travaillant à leur bien-être. L’Etat doit de même organiser les rapports entre les individus et les groupes sur les bases de valeurs et de principes énoncés par l’Islam, ainsi, l’éducation est la première opération qui offre un programme adéquat pour la vie ; viennent ensuite l’Etat et les lois en tant qu’instruments et forces coercitives qui endossent la responsabilité de protéger ce programme et d’assurer son application ; le succès de l’Etat et des lois est fonction du succès de l’éducation.

L’éducation islamique est donc celle qui facilite la mission de l’Etat islamique, elle fait de lui une vérité respectable que les gens craignent et qu’ils reconnaissent en tant que doué du pouvoir d’exécution et de contrainte.

Cette éducation permet aux autorités de mettre en vigueur leur politique, ainsi que leurs programmes de réforme et de développement. Il doit exister une harmonie et un accord entre les lois et l’éducation quant aux principes et point de départs pour que les lois puissent organiser les divers groupes humains et coordonner les différents domaines vitaux.

En d’autres termes, le rôle de l’éducation est d’ériger des principes de pensées, tandis que celui des lois est de veiller à leur application et à leur sauvegarde ; c’est dans un tel cas que les lois accueillent des entités humaines préparées à entrer dans le cercle de ses activités et à s’engager à suivre son esprit dans le but d’affermir ces principes au plus profond d’eux-mêmes afin qu’ils deviennent une partie intégrante.

Les individus dans cette situation ne rencontrent aucune difficulté et ne se trouvent confrontés à aucun désagrément ni en proie à une lutte psychologique lors de leur engagement et de leur obéissance aux lois.

En effet, les lois pour ces individus sont devenues le régulateur et l’organisateur qui agit en accord avec leurs buts et leurs motivations.

L’Etat, quant à lui- qui est l’entité politique suprême, l’ombre spirituelle de la personnalité de la communauté et la volonté de toutes ses parties – est cette sphère qui possède le droit de disposer des individus et d’appliquer les lois en s’appuyant sur la nature de sa responsabilité et sur la justification de son existence pour être au service de toute la communauté et protéger les principes de vérité, de justice et du bien. L’Etat étant cette puissance qui symbolise la fore coercitive qui s’exerce sur les individus et qui s’attache à faire appliquer les lois, les individus et les groupes se trouvent par rapport à lui dans une position déterminée et émettent des opinions ; ainsi, lorsque ces individus et ces groupes sont élevés selon des principes étatiques sains ainsi que sur des valeurs justes vis-à-vis de la vie, ils considèrent l’Etat comme le protecteur de leurs intérêts et le modèle de leurs opinions, qui fusionne avec leur être entier – dans le cas bien sûr où l’Etat se comporte avec rectitude et agit en toute légalité.

C’est à ce moment-là que les individus reconnaissent l’Etat comme le centre de la direction, lui accordent toute leur confiance et lui reconnaissent par essence un droit de supervision et de libre exécution.

Au contraire, si l’Etat se détourne de ces principes et prend une direction opposée aux valeurs islamiques, il doit faire face à la résistance et à la confrontation et se doit de répondre de ses actes et rendre à l’ensemble de la communauté un pouvoir de surveillance et fait d’elle un instrument actif de critique et de surveillance de l’Etat.

Si la ligne éducative diverge de celle de l’Etat islamique et des lois, l’insubordination et la lutte, ainsi que le manque de respect vont faire obstacle à la bonne conduite des individus et aux positions des groupes ; c’est peut-être cela la cause profonde du malaise politique actuel qui embrasse tous les peuples et leurs gouvernements.

D’un autre côté, les bévues de l’éducation et son manque de précision conduisent à bien des exagérations ou a des insuffisances dans la reconnaissance de la corruption étatique ou bien de l’insubordination et du manque d’obéissance à l’égard des autorités législatives de même que les tentatives de désordre dans la bonne marche de l’Etat.

Les études psychologiques exposent une vérité que nous ne devons pas perdre de vue dans ce domaine, à savoir que la nature de l’éducation et la manière dont les individus ont été éduqués dans leur enfance a une influence capitale sur leurs manières de prendre position vis-à-vis de l’Etat et dans leurs rapports avec les lois ; par exemple, un enfant qui a été aimé outre mesure qui a grandi dans un trop plein de douceur ne peut devenir à l’âge adulte qu’un individu recherchant sa propre tranquillité et ayant un comportement frivole et inconstant.

Au contraire, un enfant ayant vécu dans une atmosphère inhumaine et de violence et qui n’aura reçu aucune attention ni marque d’amour deviendra dans le futur un individu violent, fugueur et rebelle donnant du fil à retordre à l’Etat ; il constituera une menace potentielle pour la société et cherchera à attenter au prestige de l’Etat des lois même si ces dernières étaient justes et contribuaient à faire régner la justice.

Tous ces phénomènes négatifs et ces contradictions, ce manque d’harmonie et ces excès sont à présent flagrants dans les sociétés modernes surtout en Amérique et en Europe ; ces Etats en effet, doivent faire face à l’insubordination, aux insurrections, aux gangs et aux crimes et se montrent impuissants à endiguer ces phénomènes.

Ces phénomènes ont pour cause le caractère arriviste que les écoles ont contribué à faire naître dans leur nouvelle politique éducative, en ignorant l’existence de valeurs et de principes qui devaient, se trouver à la base de toute éducation saine. Ce mal s’est aussi répandu dans les familles ; ainsi, l’éducation familiale elle aussi a dévié de ses buts ; les parent ont démissionné face à leurs responsabilités et ont livrés leurs enfants à l’anarchie et à la délinquance aussi bien à la maison qu’à l’école.

La personnalité de ces enfants s’est construite et s’est affirmée sur ces bases corrompues et ils se sont révoltés contre les lois en piétinant toute valeur. Les lois et la société sont en proie à de nombreuses difficultés pour contrôler de tels individus et les punir ; ainsi, les crimes ont proliféré et les délits parmi les jeunes sont devenus monnaie courante ; ces problèmes de société sont devenus plus nombreux et les malheurs de l’homme sont devenus encore plus complexes.

L’éducation islamique, elle, accorde une extrême importance à établir une harmonie entre l’Etat, les lois et l’éducation.

Le message islamique s’appuie d’abord sur l’éducation de l’individu qui doit être préparée mentalement, spirituellement et psychologiquement sur la base des principes et des valeurs islamiques de sortes que cette éducation devienne un terrain fertile sur lequel les lois vont pouvoir s’épanouir. L’individu musulman grandit tout en faisant l’expérience d’un mode de vie islamique tant au sein de la famille qu’à l’école ou dans la société.

Il grandit pleinement conscient que les lois sont les principes auxquels il croit et sur lesquels il règle sa vie car elles sont l’expression du message sacré qu’il aime respecter ; de même, il sait que l’Etat dont l’existence repose sur ces principes et dont le rôle est de veiller à leur juste application, est l’autorité qui représente sa propre volonté individuelle et qui protège ses aspirations. C’est pourquoi il respecte les lois et offre sa coopération à l’Etat ; il sent qu’il est responsable devant Allah en agissant ainsi, de même qu’il l’est face à la punition et à la récompense divine pour ses actes.

Ce sentiment de responsabilité est le fruit d’une éducation basée sur la doctrine islamique durant laquelle il s’est accoutumé à la morale islamique et a agi en accord avec elle si bien qu’il est devenu un être humain mûr participant à la construction de la société tout en sachant que sa doctrine lui impose un devoir sacré envers l’Etat et les lois.

« Ô vous qui croyez ! Obéissez à Allah, à Ses Messagers et à ceux qui détiennent l’autorité. » (Coran, 4 : 59)

De même que cet individu se sent responsable face à l’Etat, il ressent également qu’il a le devoir de réformer cet Etat s’il venait à dévier de la ligne islamique et que même, il ne devrait pas lui obéir dans le cas où il continuerait à bafouer les droits des gens et à faire peu de cas de la doctrine islamique. Il est en effet écrit dans le Livre de Dieu : « Ne penchez pas vers ceux qui commettent l’injustice, sinon le feu vous toucherait. » (Cora, 11 : 113)

De même, on peut lire dans le message prophétique sur la façon de se comporter vis-à-vis des autorités : « Point d’obéissance dans la désobéissance à Allah. »

En lisant ces recommandations, l’individu musulman comprend qu’il a devant lui un chemin droit et unique qui le conduit vers le bien et le bonheur. Ce chemin, c’est l’Islam qu’il a compris et en lequel il croit en toute conscience et conviction : « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de sa voie. »

Cet individu demande à Allah dans ses prières et ses adorations qu’il Lui accorde l’engagement et l’attachement aux lois et règlements islamiques ; il implore Son Seigneur et demande dans ses prières : « Guide-nous sur le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblé de bienfaits, ce ne sont pas ceux qui ont encouru ta colère ni ceux qui sont égarés. »

Chapitre seize : L’éducation et l’Histoire

Le début de l’Histoire humaine remonte à des époques reculées et révolues ; son commencement coïncide avec le premier pas qu’a fait l’homme à la surface de cette Terre.

C’est pourquoi l’Histoire est la représentation de l’espèce humaine sur cette planète, et relate les épopées de son combat avec la nature et incarne la nature de ses relations avec ses semblables.

L’Histoire est donc cet ensemble de multiples expériences humaines accumulées tout au long des siècles et une découverte pratique des possibilités humaines et des causes possibles de ses succès et échecs.

L’Histoire représente donc à chacune des époques de l’existence humaine un maillon dans la chaîne des événements que l’homme expérimente.

L’Histoire est donc, en d’autres termes, l’expression de l’activité humaine incarnée dans un passé objectif ou bien dans ce qui en a fait une certaine forme de réalité sociale actuelle.

L’Islam dispose pour interpréter l’histoire des méthodes propres d’opinions personnelles, et d’une philosophie pour analyser les événements et interpréter la réalité historique et lui donner ses propres valeurs.

1. L’Islam croit fermement que tout événement historique a des causes et des origines, des précédents et des conséquences ; l’Histoire est donc une science qui étudie la réalité selon une ligne déterminée et une méthode en suivant des principes scientifiques.
2. Les savants islamiques ont élaboré une méthode de recherche historique qui s’appuie sur l’induction et le suivi minutieux des événements, même les plus anodins, ainsi que sur la déduction de résultats et sur une application comparative.
Le Coran a clairement montrée cette méthode par la façon dont il présente les événements et sa manière d’en tirer des conséquences.
3. L’être humain est le pivot et la force motrice dans la production des événements ; ce ne sont pas les conditions et les circonstances extérieures, comme par exemple les conditions naturelles. En effet, c’est la pensée qui provoque les changements et cette dernière n’est pas nécessairement un reflet de la réalité et ne dérive pas toujours d’elle.
4. Les événements historiques ne se produisent pas selon une ligne ascendante et continuelle, d’une façon déterminée, et ne dessinent pas un tournant parfait qui suivrait une forme imposée ; l’Histoire n’est pas l’ensemble d’étapes inéluctables comme le prétendent les marxistes ; de même, l’Histoire ne se répète pas, elle n’est pas constituée de phases d’apogées et de déclin qui suivraient un processus inéluctable comme le prétendent certains ; l’Histoire est liée à un ensemble de causes humaines qui se rattachent à la personnalité-même de l’humain et à sa volonté. L’Histoire est donc une opération volontaire que l’humain dirige et modèle comme il l’entend ; l’humain n’est donc pas déterminé dans ses actes et ses comportements, ou assujetti à une force coercitive extérieure à lui-même ; c’est lui, au contraire, qui choisit et qui construit l’histoire sociale.

C’est donc la force humaine, avec ses facultés intellectuelles, psychologiques et physiques qui met en mouvement l’Histoire.

Les facteurs extérieurs naturels n’étant que des facteurs qui stimulent ce mouvement et l’aident.

Il est faux de penser que l’Islam, à l’instar des marxistes par exemple, est persuadé du côté négatif de l’humain et de son rôle passif et déterminé dans la formation des événements historique ; l’Islam, au contraire, postule que l’humain est libre et a le pouvoir de choisir ; il dénie que l’humain soit un être déterminé agissant selon la volonté d’Allah dans ses actes. Le Coran est là pour nous expliquer cette vérité d’une façon très explicite :

« Bien plus, l’humain sera un témoin perspicace contre lui-même quand bien même il proférerait des faux-fuyants. » (Coran, 75 :15)

« La corruption est apparue sur la terre et sur la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains… » (Coran, 30 : 41)

« Nous l’avons guidé dans le chemin qu’il soit reconnaissant ou ingrat. » (Coran, 76 : 3)

« En vérité, Allah n’est pas injuste envers les humains ; ce sont eux qui se font du tort à eux-mêmes. » (Coran, 10 : 44)

« Eh bien Qu’ils rient peu et qu’ils pleurent beaucoup en rétribution de ce qu’ils se sont acquis. » (Coran, 9 : 82)

Pourquoi étudier l’Histoire ?

C’est une question que l’humain s’est constamment posée ; étudier l’Histoire, est-ce l’assouvissement d’un désir de connaissance insatiable chez l’être humain ou bien est-ce le simple désir aiguisé de connaître le passé en vue d’un passe-temps intellectuel raffiné sans relation avec la vie contemporaine de l’humain et avec son futur ? Ou bien étudier l’Histoire signifie-t-il tout autre chose que cela ?

Il ne fait pas l’ombre d’un doute que d’après le point de vue islamique, l’étude de l’Histoire suit d’autres motivations :

1. L’Histoire est la transmission de l’héritage des nations passées aux générations futures comme instrument de liaison et une attestation de leurs relations communes afin que le présent de ces nouvelles générations soit une continuité du passé.
2. Elle est un moyen de tirer des conclusions et de tirer de conséquences des expériences passées pour délimiter une ligne claire de l’expérience sociale dans ses aspects positifs et négatifs.
3. Cela signifie qu’il existe une vérité intangible et une loi naturelle qui gouverne la vie sociale de l’humain et cela d’une manière scientifique, qui ressort de son expérience et de ses agissements.

Si toutes ces motivations n’existaient pas, l’étude de l’Histoire n’aurait aucun intérêt, et rechercher les erreurs et les aspects négatifs ne servirait à rien ; l’Histoire ne serait tout au plus qu’un amoncellement d’événements obscurs sans lien de cause à effet qui ne vaudraient pas la peine d’être étudiés.

Ecoutons plutôt le Saint Coran qui nous explique ces vérités et insiste sur l’intérêt à porter à l’étude de l’Histoire et au sort des peuples anciens en vue d’en tirer une leçon pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs et expériences négatives ; l’étude de l’Histoire a également pour intérêt de faire entrer l’humain en contact avec le juste et le raisonnable, et de lui procurer une vision claire au moyen de laquelle il peut se guider.

De nombreux versets traitent de cette question, ainsi :

« Bien au contraire, ils ont traité de mensonge ce qu’ils ne peuvent embrasser de leur savoir, et dont l’interprétation ne leur est pas encore parvenue. Ainsi, ceux qui vivaient avant eux traitaient d’imposteurs (leurs messagers) ; regarde comment a été la fin des injustes ! » (Coran, 11 : 39)

« Et vous avez habité les demeures de ceux qui s’étaient fait du tort à eux-mêmes, alors que ce que Nous avions fait vous était parfaitement connu et que Nous vous avions donné des explications. » (Coran, 14 : 45)

*N’ont-ils pas parcouru la terre pour voir ce qu’il est advenu de ceux qui avaient vécu avant eux ? Ceux-là les surpassaient en puissance et avaient labouré et peuple la terre bien plus qu’ils ne l’ont fait eux-mêmes ; leurs messagers leur vinrent avec des preuves évidentes, ce n’est pas Allah qui leur fait du tort, mais ils se firent du tort à eux-mêmes. » (Coran, 30 : 94)

« Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes originaires de cités à qui nous avons fait des révélations ; n’ont-ils pas parcouru la terre et considéré quelle fut la fin de ceux qui ont vécu avant eux ? La demeure de l’au-delà est assurément meilleure pour ceux qui craignent Allah. Ne raisonnez-vous donc pas ? » (Coran, 12 : 105)

« Dis : Parcourez la terre et regardez ce qu’il est advenu de ceux qui traitent la Vérité de mensonge ! » (Coran, 6 : 11)

« N’ont-ils pas vu combien de générations avant eux Nous avons détruites, auxquelles Nous avions donné pouvoir sur la terre bien plus que ce que Nous vous avons donné ?
Nous avions envoyé sur eux du ciel la pluie en abondance et Nous avions fait couler des rivières à leurs pieds ; puis Nous les avons détruites pour leurs péchés et Nous avons fait naître après eux des générations nouvelles. » (Coran, 6 : 6)

Sur la base de cette conception de l’Histoire, les écoles islamiques incluent dans leurs programmes l’étude de l’Histoire, l’Histoire intégrée au cursus d’études comme expérience humaine aidant à orienter les générations futures en leur donnant des modèles et cela leur permet d’éviter de retomber dans les erreurs du passé. C’est pourquoi le programme scolaire implique l’étude de la vie des peuples et des nations anciennes dans toute l’ampleur de son cadre temporel et en montre les aspects négatifs et positifs. Une critique positive est exercée de même qu’une étude des différentes phases historique dans toutes leurs dimensions.

On se gardera d’appliquer une méthode traditionnelle selon laquelle la plupart des recherches historiques se bornent à relater la vie es rois et des personnalités dominantes, en faisant abstraction du rôle des autres acteurs de l’Histoire ; on évitera également de se livrer à l’étude de l’Histoire en se bornant uniquement à glaner des événements frappants et glorieux de l’Histoire, dont se vante l’homme moderne, sans prendre en compte les points sombres qui ont souillé les pages de l’Histoire ou bien en passant sous silence les facteurs et les causes qui ont conduit à ces événements.

Toutes ces méthodes en effet, font tomber celui qui étudie l’Histoire dans la confusion et le désarroi et le font passer à côté de beaucoup de vérités et d’événements intéressants.

En se référant à la philosophie de l’Islam, quant à la compréhension de l’Histoire et à la mise en valeur des événements, l’étude de l’Histoire doit s’appuyer sur les points suivants :

1. Nécessité d’étudier l’Histoire dans toutes ses dimensions, c’est-à-dire en relevant les points positifs et négatifs, afin que l’étude historique permette de se faire une représentation complète de l’étendue de chaque période historique.
2. Respecter une objectivité et une intégrité parfaite loin de tout fanatisme ou intolérance ; présenter clairement les vérités historiques, car il est de notre devoir de chercher la vérité pour elle-même lorsque les événements de l’Histoire vont à l’appui de cette vérité.
3. Se livrer à une critique scientifique et impartiale et au dialogue constructif dans la présentation et la narration des faits historiques afin de former l’enfant et l’adolescent à l’esprit d’objectivité et d’impartialité.
4. Analyser et expliquer les causes, les motivations des événements, en retirer des conséquences et une leçon de sagesse et de morale.
5. Montrer le lien et la concordance de ces vérités historiques et le degré de leurs influences sur notre réalité moderne afin d’établir un lien entre le passé et le présent, puis le présent et le futur, pour que la jeune génération ne soit pas coupée de son glorieux passé et de son héritage.
De fausses croyances et des légendes se sont mêlées à certaines réalités historiques et l’on constate parfois des exagérations dans la présentation des événements ; il est donc nécessaire d’épurer les événements historiques de tous ces éléments exogènes et de présenter une vraie culture historique pour que l’enfant garde une compréhension saine de l’histoire et tienne ses pensées à l’abri des croyances rétrogrades ou des mythes.

Chapitre dix-sept : L’éducation et les mass-média

« Le Miséricordieux, Il a enseigné le Coran, Il a créé l’humain et lui a appris à s’exprimer clairement. » (Coran, 55 : 4)

« Et Allah vous a fait sortir du ventre de vos mères dénués de tout savoir ; Il vous a donné l’ouïe, la vue et le cœur (l’intelligence) escomptant votre gratitude. » (Coran, 16 :78)

Tout ce qui se trouve en l’humain est pour nous objet d’étonnement, et revêt un Créateur miraculeux, car en Lui s’incarne la grandeur du Caractère, de même que Son pouvoir de création à partir du néant ; mais ce qu’il y a de plus étonnant dans cette créature qu’est l’humain, et qui constitue un des signes les plus grandioses d’Allah, est le fait qu’il soit doué de raison, et possède le pouvoir de s’exprimer.

Il est clair pour tout un chacun que les facultés humaines telles que penser, parler, exprimer ce qui est en lui, et enfin, transmettre ses idées aux autres, constituent les facteurs essentiels de la vie, des rapports sociaux et de la formation d’une cité et du tissu civique.

Dans les versets sus-cités, le Coran nous explique que l’humain a été gratifié de la faculté d’acquérir des connaissances au moyen de ses sens, notamment l’ouïe, la vue et la raison ; en outre, il a été doté du pouvoir de transmettre les connaissances qu’il a acquises aux autres ; qui les reçoivent par le biais de la vue et de l’ouïe, ainsi que par d’autres moyens.

C’est ainsi que les humains interagissent les uns avec les autres, se transmettent des informations et arrivent parfois à se convaincre mutuellement.

C’est ainsi que par la vue et l’ouïe, l’humain peut mettre à profit la parole et l’image.

Pour de multiples raisons : dogmatique, politique, économique, psychologique, sécuritaire, militaire, etc… l’humain a le besoin de recourir à la communication et aux mass-médias pour transmettre ses idées, ses projets et ses buts aux autres.

L’humain a d’abord eu recours à l’écriture, aux images et aux discours comme moyens les plus rudimentaires d’expression ; puis, avec le progrès scientifique, le développement des connaissances, des réalisations techniques liées à l’industrialisation, il en est venu à utiliser des moyens plus perfectionnés. La technique informative devint alors une des réalisations les plus performantes dont le développement intéressa l’homme au plus haut point, et cela notamment après que les mass-média furent utilisées comme des instruments essentiels dans la lutte intellectuelle, politique, économique et militaire.

Les mass-média ont fortement marqués l’homme dans toutes les dimensions de son existence, surtout après l’invention du papier d’imprimerie, de la radio et de la télévision, du cinéma, de la vidéo, de l’ordinateur et de l’internet.

On peut mesurer l’ampleur du travail de propagande et son champ d’action et d’influence en prenant connaissance des statistiques publiées par l’UNESCO pour l’année 1980 : il existe un milliard et des centaines de millions d’appareils de radio et 20'000 stations d’émission qui diffusent leurs programmes sur des longueurs d’ondes différentes ; en 1980, le chiffre des stations émettrices pour la TV était de 28412 ; le nombre de postes de télévision de 453'920'500.

On peut sans se tromper prévoir une augmentation et un développement dans cette structure colossale des mass-média d’ici les prochaines années en prenant en compte le développement de la technique en général et l’augmentation des revenus.

Dans le cadre de ce développement, l’Islam est apparu comme un projet civilisateur et comme un appel politique et intellectuel, outre ses dimensions culturelles et dogmatiques, de même que son programme moral en opposition à la civilisation matérialiste, ainsi qu’aux idées et à la vision occidentale, toute armée qu’elle est de son arsenal de techniques, de propagande et d’information.

L’information est une science et un art possédant ses techniques, ses experts et ses spécialistes ; c’est pourquoi l’information repose sur la planification et la mobilisation générale des sciences et des connaissances dans divers domaines : la psychologie, la sociologie, la littérature, l’art, l’esthétique, la physique, etc…

Elle utilise ces sciences pour parvenir à réaliser ses propres buts qui sont de pénétrer au plus profond de l’humain et de faire passer le messager qu’elle contient.

L’humain vit désormais sous les auspices de l’action informative, et ce, durant tout le temps où il est en éveil et en mouvement.

Tous les mass-médias concourrent à un seul but : orienter, diriger la pensée et les sentiments de l’individu, façonner sa personnalité et le convaincre de la justesse de leurs informations, et ceci, en ayant recours à n’importe quel moyen : la radio, la TV, la presse, les panneaux publicitaires, la vidéo, le cinéma, le magnétophone, l’ordinateur, l’internet, ainsi que tout autre moyen faisant appel à la pensée humaine. Tous tentent de l’influencer dans sa façon de penser, son comportement et sa culture.

L’opération informatrice est donc une activité intellectuelle qui est basée sur une croyance et une prise de position politique.

C’est dans ce sens que les mass-média, avec tout leur arsenal de techniques, sont une des institutions les plus influentes en matière d’éducation et d’orientation des masses, et il n’est pas certain que son influence ne dépasse pas celle de la famille et de l’école.

L’enfant et l’adolescent, comme le prouve les rapports et les études sur ce sujet, ont une plus forte capacité de réception et d’acceptation que les autres tranches d’âge. Surtout l’image informative animée et soigneusement étudiée que lui présente la TV, la vidéo et le cinéma, est capable d’interférer sur la conscience du spectateur et ses sentiments, ou encore de lui faire accepter ses objectifs qu’ils soient positifs ou négatifs.

Les mass-médias jouent ainsi dans la société un rôle d’éducation et de formateur de la personnalité de l’être humain ; ils entrent en forte concurrence avec les parents en participant à l’opération d’éducation en parallèle avec la famille, l’école et les autres institutions sociales et politiqes.

Etant donné le rôle joué par les mass-média, il est du devoir de l’Etat et des organismes chargés de l’information de faire des mass-média un moyen au service de la réforme sociale.

Malheureusement, la réalité est toute autre ; les mass-média et surtout la TV qui s’est ajoutée aux membres de la famille et qui a confisqué, dans une grande mesure, le rôle éducatif des parents, visent, dans la plupart des pays du monde islamique, à pervertir la jeune génération musulmane en la détournant des valeurs, de la morale et des comportements islamiques.

Bien plus, les mass-média non-musulmans essaient de modeler la personnalité humaine musulmane selon des prises de position et des postulats philosophiques matérialistes pour extirper l’identité islamique de cette génération ; les parents sont ainsi obligés, pour soustraire leurs enfants à l’emprise de la propagande soigneusement planifiée contre eux, d’exercer une censure sur les programmes de télévision et les films que diffusent les vidéos ou le cinéma avant d’autoriser leurs enfants à les regarder. Ils sont, d’autre part, obligés d’exercer cette surveillance sur les livres, les revues et toute la presse lue par les enfants.

Les organisation islamiques qui veulent diffuser le message de l’Islam, ainsi que les partis, organisations, centres culturels et de presse, tous doivent contrecarrer ces tentatives de perversion de la pensée, dirigées contre l’Islam ; ils doivent donc améliorer leurs techniques de communication et créer leurs propres stations d’émission de télévision dans les pays où on peut être autorisés à posséder de telles stations.

Il faudra également créer des maisons de publication, des sociétés qui participent à la publication de livres et de revues spécialisées pour les enfants, créer des programmes de télévision, des films qui véhiculent les idées et la pensée islamique et ceci, à différents niveaux.

Un point important à souligner est que les publications doivent être vendues à des prix compétitifs et modiques ; il ne faudra pas non plus négliger le moyen que constituent les disques compact, car ils ont une grande influence sur la formation éducative des jeunes. Cette vaste opération informative exige la création d’associations et d’institutions charitables et même commerciales, dont le principal souci sera de publier la pensée et l’éducation islamique.

Le message apporté par l’Islam, par l’intérêt capital qu’il accorde à l’information, s’est attaché à appeler à la réforme en augmentant le pouvoir de réflexion et en éveillant la conscience de l’humain pour réorganiser la pensée et construire sa personnalité, comme le dit le Coran :
« Soyez une communauté qui appelle au bien, qui enjoigne le bien et interdise le mal. »
Ou encore : « Appelle les gens à la voie d’Allah par la sagesse et une belle exhortation ; et ne discute avec eux que de la manière la plus polie. »
Ou bien encore : « Ne vois-tu pas comment Allah propose en parabole une bonne parole : elle est pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure dans le ciel ; il donne à tout instant ses fruits par la grâce de Son Seigneur. Allah propose des paraboles à l’intention des gens afin qu’ils méditent ; et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité. »

Ainsi, à travers ces textes coraniques, nous réalisons toute l’importance de l’information en matière d’éducation et son importance dans la vie, et nous nous trouvons responsables d’orienter l’action informative et de l’harmoniser avec la philosophie de l’éducation islamique et les buts généraux qu’elle s’est donnée pour la vie.

Louange à Allah, Seigneur des mondes.