La civilisation évolue sans cesse en raison d'un
grand nombre de facteurs sociaux et culturels. L'éducation joue un rôle
fondamental dans le développement humain, dans sa conduite, sa personnalité, sa
relation au monde et aux autres. Ce qu'il faut noter c'est que les premiers à
être responsables de l'éducation d'un enfant sont les parents. Il est
indéniable qu'une grande partie du développement personnel, culturel et
spirituel de l'enfant dépend des parents qui vont être là pour encadrer,
orienter, corriger et conseiller. Leur influence, bien que grande et
essentielle, n'est pas la seule. En effet, le processus d'éducation est pris en
charge aussi par d'autres institutions ou d'autres groupes : l'école, la
société, l'état, les médias ou même le cercle d'amis auront un impact plus ou
moins important sur le développement d'une personne.
Tous n'auront pas une influence positive et dans ce cas, il incombe aux parents
de garantir et de contrôler la qualité des influences auxquelles sont soumis
leurs enfants. Mais à un moment ou à un autre, lorsque l'enfant acquiert une
certaine maturité, il sera responsable de sa conduite et de ses choix : les
parents pourront toujours le mettre en garde mais l'influence des parents aura
ses limites. Il est donc indispensable de bien encadrer une jeune personne dès
sa plus tendre enfance afin de lui donner toutes les armes pour affronter avec
intelligence et raison l'avenir.
Voyons à présent les différents groupes ou parties qui participent activement à
l'éducation d'un enfant :
La famille est le moule où un enfant
découvrira les premières étincelles de la vie. Et il est connu que la famille
est la chose qui laisse les marques les plus profondes et les plus décisives
sur la personnalité, la pensée, le comportement et la conduite d'un enfant. L'enfance
est une période cruciale où la famille joue un rôle important dans la mesure où
c'est le cercle familial qui initiera, la première, l'enfant aux subtilités de
l'existence. Les parents ont le devoir de donner à son enfant une éducation
propre et correcte au sens islamique du terme et l'Islam a assigné aux pères le
rôle de leader et d'impulsion dans ce processus. Le Coran dit à ce propos : « ô
vous les croyants préservez votre famille et vous même contre un feu dont le
combustible sont les hommes et les pierres… » (66 :6)
Les devoirs des mères en terme d'éducation sont connus et il est inutile de s'attarder
sur cet aspect. Mais ceux des pères sont méconnus voire ignorés. Contrairement
aux idées reçues, les mères ne sont pas les seules responsables de la qualité
de l'éducation de leurs progénitures : elles sont certes le premier « Madressah
» mais pour accomplir pleinement leurs missions, les pères doivent être là pour
garantir le succès de cette éducation. L'éducation selon la vision islamique
est une assurance contre la déviation ou la dégradation et c'est pourquoi l'Islam
considère que la négligence d'un père vis-à-vis de l'éducation de son enfant
est un crime. Si un enfant n'est pas capable de faire la différence entre le
bien et le mal et ou s'il n'est pas armé pour se défendre dans un environnement
corrompu, il faut alors se demander s'il n'y a pas eu de carence dans l'éducation
de l'enfant et surtout c'est peut-être là un signe que le père n'a pas
suffisamment préparé voire entraîné son enfant. Cette responsabilité du père
est confirmée par le fait que le code pénal islamique désigne les pères comme
responsable des fautes de leurs jeunes enfants : ils doivent en assumer les
conséquences. Le jour du jugement dernier, les pères devront répondre de leurs
actes au regard de leurs devoirs vis-à-vis de leurs enfants. Les parents sont
les premiers modèles pour l'enfant : si les parents ne donnent pas le bon
exemple alors il n'est pas étonnant de voir, dans la majorité des cas, les
enfants reproduire les mêmes schémas. Les parents doivent donc comprendre leurs
responsabilités, prendre actes et assumer leurs tâches : la première étape est
dans ce cas de se réformer soi-même pour être à même de transmettre quelque
chose de positif à sa progéniture…
L'école est la seconde institution importante
de la vie d'un musulman. Le système éducatif a une grande responsabilité dans l'accompagnement
de l'adolescent dans l'épanouissement et le développement de sa personnalité.
En forçant un peu les traits, on peut voir l'école comme une sorte d'usine qui
produit des générations d'hommes, formant une nation entière et traçant pour
eux les grandes lignes d'une vie possible pour eux. L'enseignement est donc un
aspect auquel il faut porter une grande attention : au delà de l'enseignant et
du savoir acquis au sein d'une institution éducative, c'est l'aspect
disciplinaire, d'ordre, de cohésion, de respect et toutes ces activités annexes
telles que le sport qui sont essentielles au développement d'un individu. On
peut malgré tout déplorer le fait que certaines des valeurs qui font l'âme d'un
système éducatif tendent à disparaître : le respect, la tolérance, la
discipline,… C'est là matière à réfléchir…
Au regard du model de système éducatif proposé par l'Islam, il est indéniable
que l'école doit être un instrument efficace pour freiner ou gommer les
impuretés, les mauvais comportements ou les basses intentions qui peuvent être
transmis par le cercle familial ou par l'environnement de l'adolescent :
parents, famille proche, amis,… Encore une fois, la famille a un rôle important
dans l'éducation d'un enfant mais il existe des gens qui n'ont pas de
conscience, qui ne veulent pas transmettre des bonnes valeurs à leurs progénitures.
D'autres n'y parviennent pas avec succès malgré toute leur bonne volonté. C'est
dans les situations d'échec de ce genre que les systèmes éducatifs ou les
madressah deviennent absolument cruciaux. Rappelons que l'école est l'environnement
adéquat pour acquérir le savoir, pour découvrir ses talents et ses passions et
cultiver les ambitions les plus belles et les plus positives. L'objectif est
avant tout de former des personnes qui soient utiles à un développement sain et
constructif de la société et cela, dans un respect des valeurs universelles
islamiques. Mais cela ne peut se faire sans de solides connaissances
scientifiques et culturelles et une formation ou un entraînement approprié.
Pour finir, l'école devrait être chargée de mettre en œuvre un programme
éducatif conforme à l'Islam. A nous à présent de réfléchir à ce principe : ne
serait-il pas temps qu'une école basée sur les valeurs islamiques voit le jour,
où les sciences, les formations humaines, sociales et culturelles auraient
leurs places de choix supportées par la qualité morale requis par l'Islam ?
La société contribue aussi à l'éducation d'un
individu. Les normes et les tendances sociales, la culture, les concepts, le
mode de vie, la langue et le langage ou même la religion sont autant de
facteurs qui vont contribuer à modeler un individu. C'est pour cette raison que
l'Islam porte les codes et les normes d'une société à même de garantir une
influence adéquate sur l'être humain : les facteurs sociaux et l'éthique de vie
doivent garantir la réalisation de ce principe islamique essentiel : «
commander les bonnes actions et préserver du mauvais comportement… »
Le cercle d'amis a une très grande influence sur une personne durant l'enfance
et l'adolescence, pouvant avoir des effets et des conséquences durables sur la
personnalité. C'est bien pour cette raison, et on ne le répètera jamais assez,
qu'il est recommandé par l'Islam de faire attention aux fréquentations d'un
enfant ou d'un adolescent. Ce sont les mauvaises amitiés et les mauvaises
fréquentations qui conduisent trop souvent une personne sur les pentes
glissantes de l'égarement, surtout dans un pays où il y a un environnement
non-islamique… Même à l'âge adulte cette vigilance doit demeurer : quelque soit
notre âge, il est essentiel de soigner ses fréquentations…Ce danger sera moins
flagrant dans un pays de culture islamique. Mais il existe malgré tout : comme
le célèbre dicton le dit, « il faut de tout pour faire un monde »…Quoiqu'il en
soit, entourer un enfant des véritables valeurs islamiques aura une incidence
bénéfique dans son éducation.
L'état et plus précisément les instances dirigeantes ont un champ d'action
intéressant dans la société et dans son système éducatif. Les avances
technologiques, organisationnelles permettent d'avoir une efficacité toujours
croissante et de plus en plus large. Les différentes tendances politiques et
écoles de pensées ont toujours influencé les institutions officielles dans leur
manière de gérer la question de l'enseignement et de l'éducation : quelque soit
le système, on tente toujours de préserver ses valeurs et de s'assurer de l'allégeance
des gens au système en place. Il est à noter que le système éducatif de la
plupart des pays musulmans s'inspire des codes et des normes occidentaux. Il
est tout de même regrettable de voir que toute la richesse de l'Islam en termes
d'enseignement, d'éducation et de formation de l'esprit soit si peu, voire pas
du tout, exploitée. Ne serait-il pas temps de penser aux solutions à apporter
afin de mettre en place les structures nécessaires pour garantir d'une part les
meilleures formations pour les générations de musulmans à venir mais surtout
pour les préserver de l'égarement et de la déviation. N'oublions pas que
préserver la foi des générations à venir est l'une des responsabilités de tout
musulman durant l'occultation de notre Imam al Mahdî (as).
Tout individu, lorsqu'il atteint la maturité
physique et intellectuelle, est à même de « s'éduquer » : il possède une raison
autrement dite un libre-arbitre qui lui donne la possibilité et les capacités
de modifier sa situation, ses pensées et ses conduites. Allah commande à ce
propos : « vous les croyants préservez votre famille et vous-même contre un
feu… » (66 :6). L'Islam insiste sur le fait que nous sommes tous responsables
de notre « éducation », de notre préservation de la souffrance et de l'angoisse.
Le Coran évoque ce devoir individuel de la manière suivante : « … » (79 :40 et
41). L'Islam estime que cette démarche permet à un individu de se transformer
et de s'améliorer à condition de faire l'effort d'apprendre, de se questionner
et de progresser dans le sens positif, un « positif » au sens islamique du
terme… Le Prophète (saw) a énormément encouragé ce développement personnel car
c'est un moyen de se rapprocher du paradis : se connaître est nécessaire pour
connaître Dieu et pour pratiquer intelligemment les préceptes de l'Islam.
Notre Imam Muhammad Al-Baqir (as) a relaté ces paroles du Prophète (saw) : «
lorsque le jour de la Résurrection arrivera, un annonceur de Allah proclamera 'où
sont les patients ?' Un groupe de personnes se lèvera et des anges seront là
prêts à les accueillir. Les autres gens demanderont : 'de quelle de genre patience
avez vous fait preuve ?' A cela ils répondront : 'nous avons enduré les
difficultés sur le chemin de Allah et nous nous sommes préservés de sa
désobéissance.' » Le Prophète (saw) dit alors : « un annonceur criera au nom de
Allah : 'mes servants sont véridiques, guidez les vers le Paradis sans les
questionner.' »
Imam Jaafar As-Sadiq (as) racontait que du temps du Prophète (saw) un
détachement fût envoyé vers un champ de bataille. Lorsqu'ils revinrent à
Médine, le Prophète (saw) dit : 'bienvenue aux gens qui ont accompli la plus
petite des luttes tandis qu'une grande bataille les attend.' Quelqu'un lui
demanda : 'ô Messager de Allah, quelle est cette grande bataille ?' Il répondit
alors : 'la combat contre vous-même, contre votre nafs.' »
À la lumière de ces enseignements transmis par nos Imams (as), s'éduquer
n'a de sens que si l'on confronte notre conduite aux enseignements de l'Islam.
L'objectif est d'agir conformément à l'éthique islamique et d'observer avec
intelligence les lois islamiques