Le Saint Prophète, en plus du souci de mémorisation de la Révélation par les gens, ordonna qu’elle fût écrite par un groupe d’environ quarante scribes appelés «Ecrivains de la Révélation» (Kuttab al-wahy), sous la direction de Ali ibn Abi Taleb, paix sur lui, en compagnie de Zayd ibn Thabit, Abdallah ibn Masoud, Muadh ibn Jabal et Ubay ibn Kaab.
Concernant la compilation du Saint Coran après le décès du Saint Prophète, conformément à sa recommandation, elle fut initiée par Ali ibn Abi Taleb.
Le savant sunnite Siyouti écrit qu'Ibn Sirin rapporte qu'Ali paix sur lui, lors du décès du Saint Prophète paix sur lui et sa famille, dit: «j’ai juré de ne porter ma tunique (rida) que pour la prière de vendredi, jusqu'a ce que je termine la compilation du Saint Coran, ce que j’ai réussi à faire».
Toutefois, après le décès du Saint Prophète, le martyr de nombreux mémorisateurs et ré citateurs du Saint Coran lors de la guerre de Yamama (dans le Hijaz), incita le calife Abu Bakr à ordonner à Zayd ibn Thabit de compiler à son tour le Coran. Des différends sont apparus quant à l’écriture et à la lecture du Coran car les extraits avaient été écrits en calligraphie coufique et ne contenaient pas de ponctuation d’où une approximation quant à la lecture correcte du Saint Coran.
C’est pourquoi en l’an 30 de l’Hégire, Osman ordonna la formation d’un comité de douze personnes issus des qurayshites et des partisans (ansars) de Médine, sous la direction de Zayd Ibn Thabit, en vue de réécrire un exemplaire complet unique du Saint Coran, à partir des divers exemplaires existant dans les différentesvilles ainsi qu’en s’appuyant sur un exemplaire qu’Osman avait obtenu auprès de l’épouse du Saint Prophète Hafsa. La version actuelle du Saint Coran correspond à cette dernière version issue de l’ordre d'Osman. On peut donc distinguer trois étapes de compilation du Saint Coran:
-pendant la vie du Saint Prophète
-l’époque d’Abu Bakr
- l’époque d'Osman
La plupart des historiens affirment que c’est Abu al aswad Douli qui le premier, ajouta au texte arabe du Coran, l’accentuation (i’rab) nécessaire à une compréhension juste du texte coranique. Ce dernier était un élève en grammaire (nahw) et en conjugaison (sarf) d'Ali Ibn Abi Talib, considéré comme le père de ces deux matières en langue arabe. Selon Abu Hayyan Tawhidi, quand Ali ibn Abi Talib s’aperçut qu’un ré citateur lisait le Coran de façon erronée, il s’en attrista.
Il convoqua Abu al aswad pour lui proposer de mettre en place les règles de lecture correctes du Saint Coran, à l’appui d’exemples et des lignes directrices à cet égard.
La ponctuation semble avoir existé avant l’Hégire mais ayant disparu depuis, on s’attela à la ponctuation du texte coranique à l’époque du cinquième calife ommayade Abd al Malek ibn Marwan, sous l’impulsion de Abu al Aswad al Douali et avec les efforts de deux de ses élèves, Nasr ibn Asim Laithi Basari et Yahya ibn Yamur Adwani Basari. A la suite de quoi Abu Hatem Sejestani, un lecteur et un grammairien iranien décédé en 248 de l’Hégire, élabora le «tashdid» (insistance).
Lorsqu'Abu Ali Muhammad ibn Ali Ibn Hussein Mugla Ithna Ashari (décédé en 327 de l’Hégire) invente en 310 la calligraphie «Naskh» comportant une ponctuation, la facilité et la clarté de la nouvelle écriture séduisent tant et si bien qu’elle se répandit rapidement pour finir par remplacer l’antique calligraphie coufique.
Le saint Prophète accordait une très grande importance à la mémorisation du Saint Coran par les musulmans et s’assurait de l’exactitude de leur travail, en écoutant ce qu’ils lisaient ou récitaient, corrigeant les erreurs ou oublis. On considère qu’il y avait au moins cent quarante mémorisateurs du Coran du temps du Saint Prophète mais certaines personnes jouissaient d’un crédit plus élevé. Il s’agit de:
- Ali Ibn Abi Talib
-Ubay ibn Kaab
-Abu al Darda
-Zayd ibn Thabit
-Abdullah ibn Masud
-Abu Mussa Ashari
Après le décès du Saint Prophète, ses compagnons enseignaient le Saint Coran aux gens. Puis leurs «disciples» (tabi’in) prirent la relève, puis les «disciples des disciples» (tabi’in al-tabi’in), auxquels succédèrent les «sept lecteurs» (qurra sab’a), qui dirigeaient l’enseignement du Coran entre 50 et 190 de l’hégire. Il s’agit de:
-Nafi’: originaire d’Ispahan, il vivait à la Médine et y mourut en 169 après l’Hégire. Il a appris le Coran auprès de Abu Maimuna.
-Ibn Kathir: il était d’origine iranienne et avait été envoyé par l’empereur perse au Yémen dans la campagne contre l’Ethiopie (habasha). Réputé pour son éloquence, il côtoyait Abdallah Zubayr et Anis ibn Malek.
-Abu ‘Amru: il fut un enseignant très prolixe et eut de nombreux disciples. Certains le considèrent chiite, par ailleurs d’origine iranienne.
-‘Asim: chiite originaire de Kufa, il est le rapporteur de la lecture de Ali ibn Abi Taleb par un seul intermédiaire. C’est pourquoi la version de ‘Asim est considéré comme la meilleure et la plus pure. Parmi ses rapporteurs se trouvent Hafs et Abu Bakr ‘Ayyashi
-Hamza: chiite originaire d’Iran disciple de l’Imam Sadeq paix sur lui. Par ailleurs, il s’employait au commerce des olives à Kufa.
-Kisai: d’origine iranienne, il décède à Tus ou à Rey. Il a étudié le Coran quatre fois auprès de Hamza si bien il est considéré digne de confiance.
-Ibn ‘Amir: il vécut à l’époque de ‘Omar ibn Abd al Aziz et il fut l’Imam de la grande Mosquée de Damas et juge. Il semble avoir vécu 99 ans. Ses rapporteurs sont entre autres Hicham et Ibn Zakawan.